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samedi 22 février 2025
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Syrie : dans la sinistre prison de Saidnaya

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Prison de Saidnaya
Prison de Saidnaya

Il y a deux mois, le 8 décembre 2024, le peuple syrien fêtait sa liberté recouvrée et la chute de plus d’un demi-siècle de régime criminel et despotique des Assad. Il découvrait aussi la réalité de la sinistre et célèbre prison de Saidnaya libérée, elle aussi, de trente-sept années de tortures et d’inhumanité.  

« Quand on arrivait, il y avait ici une “fête de bienvenue”, c’est-à-dire un interrogatoire musclé et les premiers actes de torture », explique Hadi Haroun au milieu d’une immense salle du hall d’entrée de la prison de Saidnaya. « Ensuite, on était mis pour quelques jours ou semaines dans cette minuscule pièce sans lumière, parfois jusqu’à cinq », poursuit celui qui a été libéré il y a cinq ans. Hadi est grand et est redevenu costaud, il faisait 100 kg en entrant en prison, la moitié moins en sortant. Droit comme un piquet, il marche dans les gravats où règne une odeur de mort. Contourne un énorme escalier en colimaçon, celui-là même qui permettait aux geôliers d’avoir une vision d’ensemble des trois branches de la prison. Aux étages, une enfilade de cellules.

Chacune fait environ 25m2 et pouvait contenir parfois jusqu’à 50 prisonniers, serrés les uns contre les autres. « Lorsque les geôliers ouvraient cette serrure, les prisonniers se préparaient à des heures de torture. Ce bruit de porte me hante encore, c’est le plus terrifiant de Saidnaya. »   

La prison est vide depuis le 8 décembre dernier, mais les stigmates de la terreur sont omniprésents : des piles de vêtements sales, des restes de prothèses, des tas de cheveux tondus… « Dans ces bassines, explique Hadi avec un détachement spectaculaire en ramassant des corbeilles en plastique déchirées, on nous jetait du riz, ou du pain. On mangeait tous dans la même bassine. » « Mais le pire c’est quand il fallait aller aux sanitaires, tout le monde avait peur, on devait se mettre à quatre pattes, les mains sur les yeux », dit-il en mimant la scène et en se rendant au bout du couloir où, dans un étroit réduit, sont situées en enfilade quatre douches minuscules, rouillées, sans porte. « On ne savait pas ce qu’il pouvait nous arriver. On était à trois sous une douche pour quelques minutes. On était frappés constamment. »  

La torture psychologique avant la torture physique   

Jusqu’à sa destruction par les jihadistes de l’EI en 2015, c’était la prison de Palmyre, dans le centre désertique de la Syrie, qui représentait la terreur du régime du clan Assad. Frères musulmans et communistes mais aussi tous les autres opposants politiques y étaient enfermés et torturés.

La prison de Saidnaya, érigée en 1987, récupère l’étiquette de cette terreur dès le début de la guerre en 2011. À la différence près que désormais toute personne soupçonnée d’avoir d’une manière ou d’une autre une once d’animosité envers le régime est incarcérée, femmes et enfants inclus. Le nombre de personnes diplômées y atteint les 75%. Durant la guerre, les murs de la Syrie ont encore plus d’oreilles et d’yeux qu’auparavant. La torture psychologique se pratique avant la torture physique. Et tout ce qui se passe à l’extérieur de Saidnaya a des répercussions sur le traitement des prisonniers dans un lieu où vengeance et représailles sont légion.    

« J’ai été enfermé parce que j’ai participé à des manifestations au début de la guerre, raconte Hadi Haroun. Puis j’ai été libéré, et de nouveau arrêté pour actes de terrorisme ! » Le terrorisme, une inculpation qui, dès le début des manifestations, fait foison auprès des autorités. En vigueur depuis quarante-huit ans, l’état d’urgence est levé en Syrie en 2011, officiellement pour répondre à l’une des principales revendications des protestataires qui réclamaient une libéralisation du régime. Mais il est aussitôt remplacé par des tribunaux anti-terroristes qui verront passer des milliers de Syriens emprisonnés dans l’une des douze geôles du régime durant treize ans.  

Hadi Haroun, lui, a du mal à compter le nombre de prisons par lesquelles il est passé durant huit ans. « Dès qu’il y avait des soupçons sur l’un d’entre nous, ou même sur notre famille, on nous changeait de prison, alors que normalement un prisonnier est incarcéré dans la prison du gouvernorat où il réside. »

Une manière de plus de briser tout lien social et d’exercer une autre forme de torture psychologique sur la population syrienne. Sous Bachar el-Assad, un slogan était omniprésent, et le peuple contraint de le clamer :« Assad ila al-abad », « Assad pour l’éternité ». Un signe de plus que le despote était le maître du temps politique mais aussi de la vie de son peuple.  

« La libération de Saidnaya a révélé la réalité des morts sous la torture »   

« À Saidnaya, j’ai passé deux ans avec mon frère jumeau », poursuit Hadi Haroun. Deux ans durant lesquels il a vu et vécu les pires atrocités dans ce complexe de la mort entouré de mines et de miradors à une trentaine de kilomètres au nord de Damas. Les hommes malades de la gale, de la diarrhée, de la tuberculose, entassés avec les autres prisonniers. La chaleur abrutissante de l’été syrien et le froid glacial et humide de l’hiver. Des cadavres laissés parmi ceux qui vivaient encore, parfois durant deux jours avant d’être empilés dans une chambre de sel. Ramassant une couverture marron sur le sol d’une cellule remplie de pénombre, Hadi explique : « Ça nous servait de lit, et le matin on devait la rouler. C’était interdit de s’allonger et de toute façon il n’y avait pas de place. »  

À Saidnaya, comme dans toutes les prisons sous l’ancien régime, tout s’apparente au pire de ce que l’humain peut imaginer. La totalité des prisonniers subit la torture, tabassage à coup de barres de fer, sévices sexuels, électrocution, etc. Même les moments au parloir se terminent dans la cruauté, par ce que Hadi Haroun nomme les « fêtes de la torture ». Les visiteurs deviennent alors des témoins auditifs de ce que le régime fait consciemment subir à leur frère, père ou enfant emprisonnés quand ils reçoivent des proches. Une manière de les faire culpabiliser et de les faire renoncer à toute autre visite.  

Dès le début de la guerre, ONG et associations alertent sur les conditions subies par les prisonniers. Elles sont directement illustrées en 2014, aussi, avec le rapport César, un document contenant 55 000 photos d’hommes et de femmes torturés à mort dans les prisons syriennes, toutes prises par un photographe militaire ayant fait défection.    

Le 8 décembre dernier, les images des 2 800 prisonniers décharnés, souvent devenus fous, sortant de Saidnaya lors de sa libération, ont permis au monde de se rendre compte d’une réalité souvent oubliée : ce lieu macabre était plus qu’une prison, c’était un centre de concentration et d’exécution. Une cruauté qui sévissait déjà bien avant la guerre civile, mais que cette dernière a décuplé.

Des salles de pendaison étaient présentes à Saidnaya, les bourreaux y emmenaient des prisonniers deux fois par semaine durant la nuit. Les corps étaient ensuite transportés dans des hôpitaux militaires où de faux certificats de décès étaient réalisés par les militaires, puis ensevelis dans des fosses communes autour de la capitale syrienne. À ce jour, les recherches se poursuivent pour trouver les corps. Combien sont-ils ? Le chiffre d’au moins 150 000 est avancé.   

Comprendre le système tortionnaire  

Depuis cinq ans, Hadi Haroun est un membre actif de l’Association des prisonniers et des personnes disparues de Saidnaya, fondée en 2017. « Lorsque la prison de Saidnaya a été libérée, ce n’était pas un moment de bonheur. C’était plutôt triste. Parce qu’elle a révélé la réalité des morts sous la torture. La première chose que nous avons faite a été d’essayer de rassembler les documents contenant la liste des prisonniers et des morts. Nous devons savoir combien de personnes sont entrées à Saidnaya entre 2011 et la libération, et combien en sont sorties, afin de calculer le nombre de personnes disparues. Nous commençons à avoir une idée de l’ampleur de la situation : entre 100 000 et 300 000. »  

L’objectif de l’association est d’aider les prisonniers à retrouver une vie normale, mais aussi de collecter des témoignages, des documents dont beaucoup ont été volés lors de l’ouverture des geôles, de les archiver, de protéger ce qui se trouve toujours dans la douzaine de prisons du pays. Prouver ce que le régime a réalisé durant toutes ces années, établir la vérité sur ce qui est arrivé aux milliers de disparus. Ces documents contiennent des informations cruciales sur la structure de l’appareil de sécurité et de renseignement syrien, mais aussi sur l’identité des détenus disparus.  

Pour ce faire, Hadi explique que les nouvelles autorités ont déjà reçu le soutien de gouvernements et d’organisations internationales. « Nous sommes l’une des organisations qui connaissent le mieux les prisons. Même si des équipes viennent de l’étranger, elles ne peuvent pas se passer de nous. Mais les institutions et organisations internationales disposent de ressources financières et techniques. Pour les fosses communes, par exemple, elles disposent du matériel nécessaire pour les analyses de sang et d’ADN. »  

L’ancien prisonnier de la terreur des Assad espère aussi que la prison de Saidnaya devienne un musée, un lieu de mémoire, de prise de conscience et de recueillement pour que nul n’oublie les centaines de milliers de torturés et de disparus. Et que plus jamais dans la « nouvelle Syrie » de telles atrocités méthodiques et programmées se reproduisent. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, au moins dix personnes sont mortes en détention dans les prisons des nouvelles autorités syriennes dans la province de Homs, entre le 28 janvier et le 1er février.

Avec RFI

Affaire des influenceurs algériens : Doualemn sort de rétention en France

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Doualemn
Doualemn

Doualemn a obtenu gain de cause ce jeudi auprès du tribunal administratif de Melun, qui a annulé l’obligation de quitter le territoire français (OQTF) sans délai dont il faisait l’objet. Saisi en urgence, le juge a « enjoint à l’autorité préfectorale de réexaminer la situation de l’intéressé dans un délai de trois mois et de lui délivrer une autorisation provisoire de séjour durant le temps de ce réexamen », selon un communiqué du tribunal.

Cet influenceur avait appelé dans une vidéo «à faire souffrir» un opposant au régime d’Alger. Il a obtenu une autorisation provisoire de séjour en France, ainsi qu’une indemnité de 1200 euros.

Le ministère de l’Intérieur va « faire appel et continuer la procédure d’expulsion », a indiqué à l’AFP l’entourage du ministre Bruno Retailleau.

Beauvau compte également continuer la procédure d’expulsion, avec une saisie de la Commission départementale d’expulsion des étrangers (COMEX) prévue le 19 février prochain.

Avec AFP

Avec RFI

Projets d’extension des lignes de métro et de tramway d’Alger

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Tram

Le ministre des Transports, Saïd Sayoud, a fait état, jeudi à Alger, de projets prometteurs pour l’extension des lignes de métro et de tramway d’Alger, dont certains sont en cours de réalisation et d’autres prévus dans l’avenir, dans le but d’améliorer le service public et le cadre de vie des citoyens.

Lors d’une plénière consacrée aux questions orales à l’Assemblée populaire nationale (APN), présidée par M. Zerkani Souleyman, vice-président de l’APN, en présence de la ministre des Relations avec le Parlement, Kaouter Krikou, et de plusieurs membres du Gouvernement, M. Sayoud a précisé que la « vision stratégique pour le développement et la modernisation d’Alger », présentée récemment au président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, ainsi qu’aux cadres de l’Etat, inclut les projets du plan blanc pour l’aménagement urbain et la réhabilitation des bâtiments, du plan jaune dédié aux transports et à la mobilité, et du plan bleu portant sur la modernisation de la façade maritime.

Répondant à une question sur l’extension du réseau du métro et du tramway d’Alger vers les communes de Larbaa, Sidi Moussa et Bougara, ainsi que vers certaines communes de la wilaya de Blida, à l’instar de Haouch Rih, le ministre a indiqué que le plan jaune englobe des projets prometteurs dont l’extension des lignes de métro et de tramway à l’avenir, certains étant déjà en cours et d’autres à venir, toujours dans l’optique d’améliorer le service public et les conditions de vie des citoyens.

Le ministre a également souligné que la proximité entre les wilayas d’Alger et de Blida, notamment avec l’expansion des nouvelles agglomérations permettrait une meilleure coordination entre les autorités locales d’Alger et de Blida, afin de faciliter les déplacements entre ces deux wilayas limitrophes. 

Par ailleurs, en réponse à une question liée au parachèvement du projet du Tramway de Ouargla sur un linéaire de 2,8 km, M. Sayoud a indiqué que ses services œuvreront, en coordination avec le ministère des Travaux publics et des Infrastructures de base, à sa réalisation, à travers l’inscription de l’opération au titre des prochaines lois de finances, compte tenu de son importance majeure pour les citoyens.

Concernant l’extension de l’aéroport de Ouargla, le ministre a expliqué qu’une demande d’inscription de l’opération avait été formulée, mais n’a pas encore reçu le feu vert, affirmant que son secteur étudie actuellement avec l’Etablissement de gestion de services aéroportuaires d’Alger (EGSA) la possibilité de prendre en charge le financement de cette opération et de lancer les travaux, en attendant l’inscription d’une partie de l’opération dans les prochaines lois de finances.

Il a également rappelé que plusieurs projets avaient été réalisés et réceptionnés au niveau de cet aéroport, soulignant que ses services s’emploient actuellement à mobiliser les ressources financières nécessaires au parachèvement des travaux.

Avec APS

Ligue 1 Mobilis : l’USMA écrase l’USMK (3-0)

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USMK

L’USM Alger a terminé la première partie de la saison à la troisième place au tableau du championnat de Ligue 1 Mobilis de football, grâce à la large victoire obtenue face à l’USM Khenchela 3-0 (mi-temps : 1-0), mercredi au stade Nelson-Mandela de Baraki, en match comptant pour la mise à jour de la 13e journée du championnat.

Devant des gradins vides, huis clos oblige, l’USMA a ouvert le score sur un penalty, obtenu par Ghacha, et transformé par Belkacemi (34e). Après la pause, le club de Soustara a déroulé en dominant son adversaire de bout en bout. A l’origine du premier but, Ghacha s’est transformé en buteur, en ajoutant d’abord le deuxième but (71e), avant de signer le doublé (78e), mettant définitivement les siens à l’abri.

Après une série de trois matchs sans succès (1 défaite et deux nuls), les hommes de Nabil Maâloul renouent avec la victoire. 

Avec ce résultat, l’USMA rejoint la JS Kabylie à la troisième place au classement, avec 25 points chacun, alors que les « Siskaoua » stagnent à la 8e place avec 20 points, en compagnie de l’ASO Chlef. 

C’est le dernier match de mise à jour du calendrier de la phase aller, avant la reprise de la compétition (phase retour), les 11 et 12 février, avec le déroulement de la 16e journée.

L’USM Alger enchaînera, en recevant le NC Magra, le lundi 10 février au stade du 5-juillet d’Alger (19h00), en match comptant pour la mise à jour des 1/16es de finale de la Coupe d’Algérie.

Dans les autres matchs de mise à jour, disputés cette semaine, le MC Alger, détenteur du titre honorifique de champion d’hiver, a bouclé la phase aller, en ramenant un point en déplacement face à l’ES Mostaganem (1-1), et reste toujours invaincu depuis l’arrivée à la barre technique de l’entraîneur tunisien Khaled Benyahia en décembre dernier.

Le CR Belouizdad, a pris la position de dauphin, grâce à son succès à Oran face au MCO (2-1). Un doublé de l’attaquant Aymen Mahious, a permis au club de Laâqiba de se racheter, après la défaite concédée à la maison face au CS Constantine (0-2).

De son côté, le MCO, invaincu jusque-là à domicile, a concédé sa première défaite à la maison, depuis le début de la saison.

Avec APS

Couscous diplomatique : Algérie, un chef étoilé malgré elle ?

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Sahara occidental

Dans la grande cuisine de la géopolitique méditerranéenne, l’Algérie se retrouve aux fourneaux, bon gré malgré. Non pas par passion gastronomique, mais parce que, lorsque le gaz chauffe et que les tensions mijotent, tout le monde veut goûter au plat du voisin. D’autant plus quand ce voisin dispose d’ingrédients stratégiques qui attirent les plus grands chefs internationaux.

Entrée froide : Maroc, Sahara Occidental et querelle de recettes… Depuis des décennies, l’Algérie et le Maroc se disputent la paternité d’un ingrédient hautement inflammable : le Sahara Occidental. Rabat le considère comme un ingrédient incontournable de son couscous national, tandis qu’Alger refuse de le laisser mijoter en paix. Chaque sommet international se transforme en un dîner de famille où les assiettes volent plus que les poignées de main.

Les récents développements montrent que cette querelle reste bien vive. En octobre 2024, la Cour de justice de l’Union européenne a annulé les accords commerciaux entre le Maroc et l’UE impliquant le Sahara Occidental, confortant la position de l’Algérie et du Front Polisario. Dans le même temps, Rabat renforce ses alliances stratégiques avec Washington et Tel-Aviv, ce qui alimente la méfiance d’Alger.

L’Algérie, quant à elle, mise sur l’Union africaine et ses relations avec la Russie pour peser dans la balance. Cependant, la suspension par le Ghana de sa reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en janvier 2025 montre que la diplomatie marocaine gagne du terrain en Afrique.

Plat de résistance : France, colonisation et indigestion historiqueL’Algérie et la France, c’est une recette qui a trop marqué les palais pour être oubliée. Colonisation, guerre, mémoire, excuses à moitié servies…

Le menu franco-algérien est indémodable, mais souvent indigeste. Paris tente parfois de sucrer la sauce en parlant de « reconnaissance », mais Alger, elle, n’oublie rien. En cuisine, la France cherche encore à imposer son service, notamment au Sahel, où l’Algérie, lassée des plats préparés par l’ancien colonisateur, réaffirme son droit de cuisinière régionale.

Les tensions récentes le confirment. En novembre 2024, l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal à l’aéroport d’Alger a provoqué un tollé diplomatique. En décembre, l’ambassadeur de France a été convoqué après des accusations algériennes de tentatives de déstabilisation.

Dans ce contexte, la France doit revoir ses stratégies si elle veut éviter de se voir définitivement écartée des prérogatives économiques et stratégiques en Algérie, notamment sur le terrain du gaz et de la coopération en Afrique.

Accompagnement relevé : merguez israéliennes et feu palestinien. Pendant que certains normalisent, d’autres carbonisent.

Si le Maroc a troqué sa neutralité pour un deal diplomatique bien huilé avec Israël, l’Algérie refuse catégoriquement d’ajouter la moindre merguez israélienne à son plat national. La cause palestinienne reste le piment qui enflamme toutes les discussions et transforme tout rapprochement avec Tel-Aviv en plat radioactif.

Alger campe sur ses positions et continue de militer pour la création d’un État palestinien. En octobre 2024, elle a accueilli une conférence internationale de soutien à la Palestine, affirmant ainsi son opposition à la normalisation croissante des relations israélo-arabes.

Cuisson lente : le gaz algérien, épicentre des convoitises. Si l’Algérie occupe une place de choix sur la carte des grands restaurants diplomatiques, c’est avant tout grâce à son or bleu : le gaz. En période de crise énergétique, les chefs européens défilent dans sa cuisine, espérant négocier une part plus généreuse du festin.

L’Italie, la France et l’Espagne redoublent d’efforts pour s’assurer un approvisionnement stable. Cependant, la Russie et la Chine, en fins stratèges, surveillent les fourneaux avec gourmandise. En 2024, la Chine a signé un accord de 36 milliards de dollars pour le développement d’infrastructures gazières en Algérie, signe d’une diversification des partenaires.

Par ailleurs, l’Algérie utilise son gaz comme un levier diplomatique. Elle a augmenté les tarifs pour l’Espagne après que Madrid a soutenu le plan marocain d’autonomie pour le Sahara Occidental, tout en réservant un traitement de faveur à l’Italie, devenue son principal client.

Dessert amer : Algérie, l’art de cuisiner seule. Mais au final, l’Algérie cuisine-t-elle pour elle-même ou pour les autres ? Entre alliances éphémères, tensions régionales et repositionnements stratégiques, elle tente de préserver son

autonomie sans se laisser dévorer par des appétits extérieurs.

Sa volonté de jouer un rôle régional indépendant est manifeste, mais son isolement diplomatique face à des alliances solides (Maroc-Israël, France-Maroc, Chine-Russie) pourrait la priver de marges de manœuvre. D’ici là, une chose est sûre : dans cette gastronomie géopolitique, mieux vaut tenir la louche que finir dans l’assiette.

Bon appétit !

Dr A. Boumezrag

Emmanuel Macron invite le nouveau dirigeant de la Syrie

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Ahmad al-Chareh

Le président français Emmanuel Macron a félicité Ahmad al-Chareh, le nouveau dirigeant syrien par intérim, à l’occasion d’un appel téléphonique, comme l’a précisé la présidence syrienne mercredi.

Selon cette source, le président Macron a exprimé ses vœux de réussite pour la prise de fonction de M. Chareh et l’a invité à se rendre en France. Cette conversation s’inscrit dans le cadre des préparatifs pour la conférence internationale sur la Syrie prévue pour le 13 février à Paris, où les ministres des Affaires étrangères se rencontreront pour discuter de l’avenir du pays.

L’Élysée a également souligné que l’appel du président français avait véhiculé un triple message : la nécessité d’un processus de transition qui respecte les « aspirations du peuple syrien », l’intégration complète des Kurdes syriens dans ce processus et l’importance de poursuivre la lutte contre le terrorisme. Selon l’Élysée, cet appel est le premier d’un dirigeant occidental depuis la prise de fonction de M. Chareh.

Le 8 décembre dernier, la coalition de groupes armés islamistes sunnites menée par M. Chareh a renversé l’ancien président Bachar al-Assad. Suite à cet événement, M. Chareh a été nommé président par intérim pour superviser la transition politique en Syrie.

Lors de leur conversation, M. Macron a réaffirmé le soutien de la France à cette phase de transition, insistant sur les efforts de son pays pour lever les sanctions imposées à la Syrie et permettre ainsi une relance économique du pays.

En réponse, M. Chareh a remercié son homologue français pour ses encouragements et pour l’aide apportée par la France au peuple syrien durant les quatorze dernières années. Il a également évoqué les difficultés actuelles auxquelles la Syrie fait face, notamment les sanctions économiques qui pèsent sur elle.

Le président français a souligné l’importance de répondre aux attentes du peuple syrien dans le cadre de la transition, ajoutant que la lutte contre le terrorisme doit se poursuivre pour le bien-être des Syriens, ainsi que pour la sécurité de la France. Cette dernière préoccupation trouve son origine dans la crainte d’une résurgence de l’État islamique (EI), notamment en raison de la présence de combattants français en Syrie.

Actuellement, environ 150 Français, anciennement membres de l’EI, sont détenus dans des prisons ou camps supervisés par les forces kurdes syriennes dans le nord-est du pays. Macron a exprimé la « fidélité de la France » envers les Forces Démocratiques Syriennes (FDS), un groupe militaire kurde, et a insisté sur leur « pleine intégration » dans le processus de transition syrien.

Les FDS ont joué un rôle central dans la lutte contre l’EI et sont soutenues par la coalition internationale, dont la France fait partie. Toutefois, ces forces sont confrontées à des tensions avec la Turquie, qui les accuse de liens avec des groupes séparatistes kurdes actifs sur son propre territoire. Des combats entre les FDS et des groupes proturcs se poursuivent dans le nord de la Syrie, malgré les tentatives de médiation américaines pour instaurer une trêve.

Le climat diplomatique en Syrie s’est intensifié ces derniers mois avec plusieurs visites de délégations internationales à Damas, la capitale syrienne, suite à la chute du régime de Bachar al-Assad. En janvier, Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, accompagné de la ministre allemande Annalena Baerbock, s’était rendu en Syrie pour rencontrer M. Chareh. Barrot avait alors indiqué que certaines sanctions économiques imposées à la Syrie pourraient être levées dans un avenir proche, une annonce qui illustre l’évolution progressive de la position de la communauté internationale vis-à-vis de la situation en Syrie.

Ainsi, la Syrie traverse une période de transition complexe où les acteurs internationaux, tout en soutenant la stabilité du pays, s’efforcent de répondre aux préoccupations sécuritaires et politiques qui en découlent, notamment en ce qui concerne les Kurdes, les sanctions et la lutte contre le terrorisme.

La rédaction avec agence

Tunisie : des agressions racistes au trafic d’êtres humains !  

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Depuis trois ans, les abus systématiques et brutaux commis par les appareils d’État tunisiens à l’encontre des migrants subsahariens sont devenus un scandale d’envergure internationale.

Les rapports accablants et les témoignages se multiplient, pointant du doigt le recours excessif à la violence, les expulsions forcées, les agressions physiques et sexuelles, le tout exacerbé par le discours ouvertement raciste du président Kaïs Saïed.

Le dernier rapport présenté fin janvier 2025 devant des partis de gauche au Parlement européen, le 4 février 2025 (lien de la rencontre) sous le titre «Expulsions et ventes de migrants de la Tunisie à la Libye », lève définitivement le voile sur ce que beaucoup qualifient désormais de trafic humain d’État. (lien du rapport) Ce rapport documente trente témoignages déchirants de migrants expulsés de Tunisie vers la Libye entre juin 2023 et novembre 2024. Les récits révèlent une logistique d’État froide et déshumanisante impliquant la police, la garde nationale et l’armée tunisiennes, qui capturent, brutalisent et vendent les migrants aux milices libyennes à la frontière. Ces victimes, hommes, femmes – y compris des femmes enceintes – et enfants, sont transformées en marchandises humaines négociées pour quelques dizaines d’euros ou contre des paiements en carburant et en drogue. 

La machine étatique du trafic humain Les témoignages collectés dans le rapport décrivent un cauchemar méthodiquement orchestré en cinq phases : La chasse aux migrants noirs : des rafles violentes ont lieu dans les champs, sur les lieux de travail, dans les maisons et en mer. Les migrants sont systématiquement ciblés en raison de la couleur de leur peau, souvent trompés sous prétexte de contrôles de routine, avant d’être battus et dépouillés de leurs biens.

Les camps de concentration à la frontière : une fois arrêtés, les migrants sont regroupés dans des centres de détention improvisés où règnent les violences physiques, sexuelles et psychologiques. Privés de nourriture et de soins médicaux, ils sont entassés comme des animaux.Les ventes humaines à la frontière libyenne : les autorités tunisiennes remettent les migrants aux milices libyennes contre de l’argent, du carburant ou de la drogue. Les femmes, considérées comme ayant une plus grande « valeur marchande », sont vendues à des prix plus élevés pour finir dans des réseaux de traite sexuelle.

Les prisons libyennes : une fois vendus, les migrants sont emmenés dans des prisons en Libye où ils subissent tortures, viols, esclavage et travail forcé, tandis que des rançons exorbitantes sont demandées à leurs familles.

Les profits partagés : des connexions étroites entre les militaires et gendarmes tunisiens, les milices libyennes et les réseaux de passeurs permettent de faire de ce trafic une industrie rentable, financée indirectement par les accords européens sur la gestion des frontières. Des crimes contre l’humanité couverts par l’Etat.

Le rapport est explicite : les faits rapportés relèvent de crimes d’État et de crimes contre l’humanité au sens du droit international. Il documente : Des détentions arbitraires massives sans aucun cadre légal ;Des violences physiques et sexuelles systématiques, y compris contre des femmes enceintes et des enfants ;Un esclavage moderne organisé par l’État, où les migrants sont vendus et exploités comme de simples marchandises ;Un racisme structurel et institutionnalisé : la chasse aux migrants noirs repose sur des pratiques discriminatoires encouragées par les discours officiels. 

L’Union européenne : complice silencieuse de ce commerce odieux  L’ampleur des violations ne serait pas possible sans la complicité directe des gouvernements européens, en particulier l’Italie, qui financent depuis des années la militarisation des frontières tunisiennes sous prétexte de « lutte contre l’immigration clandestine ». En signant des accords avec un régime autoritaire et raciste, l’Union européenne délègue sciemment à la Tunisie la sale besogne d’intercepter, d’enfermer et de livrer des migrants à l’enfer libyen. Plus de 150 millions d’euros ont été versés par l’Union européenne à la Tunisie dans le cadre de la gestion des migrations.

Cet argent a servi à équiper les garde-frontières tunisiens, à entretenir leurs véhicules de patrouille et à renforcer les infrastructures de surveillance côtière. Chaque euro de ce financement contribue à la perpétuation des crimes contre les migrants. Le rapport souligne notamment que la baisse des arrivées de migrants par la Méditerranée centrale depuis octobre 2023 est directement liée à l’intensification des violences et des refoulements en Tunisie. Le discours de KaÏs Saïed : un carburant pour la haine raciale  Le tournant anti-migrants s’est accéléré en février 2023, lorsque Kaïs Saïed a tenu des propos racistes, affirmant que les migrants subsahariens faisaient partie d’un « complot visant à modifier la composition démographique de la Tunisie ».

Ce discours a libéré la parole raciste et légitimé les violences de masse. Les migrants noirs ont alors été pris pour cible par la police, la garde nationale, des milices locales et des groupes de citoyens, le tout sous le regard complaisant des autorités. Criminalisation de la solidarité et des droits fondamentaux : un régime de terreur Les autorités tunisiennes ne se limitent pas à violenter, expulser et vendre les migrants. Elles persécutent également les associations, activistes et citoyens solidaires qui osent venir en aide aux migrants ou dénoncer les exactions de l’État.

Les témoignages rapportés indiquent : Des arrestations arbitraires de militants associatifs : des figures emblématiques de la défense des droits humains, telles que Saadia Mosbeh, Cherifa Riahi, Abdallah Saïd et Mustapha Jammali, ont été arrêtées et accusées de mettre en péril la sécurité nationale simplement pour avoir apporté une aide humanitaire aux migrants.Des poursuites judiciaires instrumentalisées contre les associations de défense des migrants et les journalistes, sur la base de lois vagues et répressives comme le décret-loi 54 de 2022. Ce texte permet de criminaliser toute diffusion de « fausses informations » ou critiques envers l’État.La fermeture de l’espace démocratique : les associations de la société civile, les partis d’opposition et les défenseurs des droits humains sont systématiquement intimidés, leurs activités entravées et leurs membres traqués. Dans cette atmosphère, la solidarité devient un acte de courage punissable. Des militants sont accusés de « complicité avec l’immigration clandestine », tandis que des journalistes sont poursuivis pour avoir osé documenter les violences. La répression généralisée : un outil de consolidation de l’autoritarisme  La criminalisation de la solidarité s’inscrit dans un cadre plus large de répression de toute opposition pacifique. Depuis le coup de force de Kaïs Saïed en juillet 2021, les arrestations de figures de l’opposition politique, les procès truqués et la suppression des libertés de presse sont devenus la norme. 

Plus de 1 700 personnes ont été poursuivies en vertu du décret-loi 54 depuis 2023, dont des journalistes, des militants associatifs et des avocats.Des procès politiques visant les leaders de l’opposition ont été organisés sous des accusations fallacieuses de complot contre la sûreté de l’État. Des figures comme Khayem Turki, Abdelhamid Jelassi, Ghazi Chaouachi, Ridha Belhaj, Issam Chebbi et Jaouhar Ben Mbarek ont été arrêtées pour des raisons politiques sans preuves tangibles.L’opposition pacifique est considérée comme une menace : toute critique de la politique migratoire ou des actions répressives de l’État est assimilée à une atteinte à la sécurité nationale. L’oppression des migrants et des militants : les deux faces d’une même politique de l’Etat  Cette répression des libertés civiles et des migrants n’est pas le fruit d’excès isolés mais s’inscrit dans un processus plus large de criminalisation de la contestation pour renforcer la mainmise de Kaïs Saïed sur le pays. 

Ce mécanisme fonctionne grâce à : La militarisation des frontières et la délégation des tâches de répression aux forces de sécurité tunisiennes, financées par l’Union européenne.La légitimation idéologique des violences par le discours raciste de l’État, qui présente les migrants comme une menace existentielle.Le soutien explicite et implicite des partenaires européens, qui détournent les yeux des abus commis par les autorités tunisiennes tant que celles-ci remplissent leur rôle de « gardiens des frontières » de l’Europe. 

L’impunité ne peut plus durer  Face à cette tragédie humaine organisée, le Comité pour le respect des droits humains et des migrants en Tunisie (CRLDHT) lance un appel urgent à : Lancer une enquête internationale indépendante pour documenter et juger les responsables de ces crimes ;Imposer des sanctions internationales ciblées contre les acteurs étatiques tunisiens impliqués dans le trafic humain ;Condamner fermement la complicité de l’Union européenne, qui doit mettre fin immédiatement à tout financement des appareils répressifs du régime de Kaïs Saïed ;Mobiliser les sociétés civiles tunisienne, européenne et africaine pour contrer cette spirale de violence et empêcher la normalisation du trafic d’êtres humains en Afrique du Nord. 

La Tunisie sous Kaïs Saïed est devenue un espace alarmant de violations des droits humains, où les abus liés aux politiques migratoires s’ajoutent à une répression autoritaire systématique. Sous prétexte de gestion des flux migratoires et avec le soutien de l’Europe, le régime mène une double offensive brutale : la persécution et l’exploitation des migrants subsahariens et la répression ciblée des défenseurs des droits humains, des associations solidaires et de l’opposition pacifique. 

Des actions immédiates et déterminées sont indispensables pour stopper ce cycle de violations graves avant que le trafic humain et la suppression des libertés ne deviennent la règle.

CRLDHT

Ligue de football professionnel : Mesloug élu président de la LFP

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Mohamed El Amine Mesloug

Mohamed El Amine Mesloug, seul candidat à la présidence de la Ligue de football professionnel (LFP), a été plébiscité mercredi, lors de l’Assemblée générale élective de l’instance, tenue au siège de la Fédération algérienne de football, à Dély Brahim (Alger).

 Mesloug a récolté 20 voix, soit autant que le membre du Bureau de Ligue, Mamoun Hamlili, au moment où les deux autres, Walid Boukrouma et Youcef Djerridi ont récolté dix-neuf voix chacun. Mesloug succède à Abdelkrim Medouar qui dirigeait la LFP depuis 2018.

Après son élection, Mesloug a pris la parole pour s’adresser à l’assistance. Parmi les principaux points qu’il a évoqués, son application à faire un travail sérieux, essentiellement dans le but de faire respecter le calendrier de la compétition.

En effet, l’engagement des clubs algériens dans certaines compétitions internationales comme la Ligue des champions et la Coupe de la Confédération a souvent perturbé le calendrier des compétitions nationales, en se répercutant de manière directe sur les programmations des matchs de championnat et de Coupe d’Algérie.

« Nous allons travailler dans ce sens pour qu’à l’avenir, il n’y ait plus de désagréments. Les clubs engagés dans des compétitions internationales devront jouer les matchs des compétitions nationales (coupe/championnat) 72 heures à l’avance » a-t-il commencé par proposer.

« Dans le cas où il ne sera pas possible de disputer un match avancé, il sera toléré de le reporter à une date ultérieure, mais la rencontre devrait se jouer dès la première occasion qui se présente afin d’éviter trop de cumul » a-t-il ajouté.

Mesloug a évoqué d’autres projets, comme la généralisation de l’utilisation de la vidéo assistance à l’arbitrage (VAR), l’organisation de Tombolas à l’occasion de grands évènements, ainsi qu’une collaboration plus étroite avec la DGSN et la Gendarmerie nationale, pour endiguer la violence dans les stades.

« On s’engage à dévoiler le calendrier des compétitions nationales au moins quatre semaines à l’avance, pour que les clubs puissent prendre leurs dispositions. On s’engage également à organiser la Supercoupe d’Algérie chaque année. Cela ne fut pas possible ces derniers temps, pour différentes raisons, mais à l’avenir on compte y remédier » a-t-il promis.

Pour rappel, en octobre 2024, la Fédération algérienne de football (FAF) avait suspendu avec effet immédiat la Ligue de football professionnel (LFP), présidée par Abdelkrim Medouar, pour « violation des lois et règlements en vigueur ».

La gestion de la Ligue 1 professionnelle a été rattachée depuis à la FAF. Un comité dirigé par Mohamed El Amine Mesloug, membre du bureau fédéral a été désigné pour gérer la transition.

APS

De la France en Algérie à l’Algérie en France : continuité ou discontinuité 

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Drapeaux Algérie France

L’histoire, semble-t-il, n’aime pas les points finaux. L’Algérie, 62 ans après son indépendance, se retrouve toujours face à son passé colonial. À croire que, malgré les promesses d’une rupture radicale, la réalité semble nous rappeler qu’une fracture historique, ça se soigne rarement en un coup de plume. Le titre de cette chronique pourrait paraître simple, mais il est en réalité une question infiniment complexe : continuité ou discontinuité ?

Une indépendance qui ne signifie pas « fin de l’histoire »

Si l’Algérie a été « décolonisée » en 1962, elle n’a en aucun cas rompu les chaînes invisibles qui la lient à la France. Après tout, quelle indépendance peut se revendiquer sans une réelle coupure avec l’ancien colonisateur ? L’indépendance algérienne n’a pas été un simple acte administratif ; elle fut un combat sanglant, un cataclysme pour la France, et pourtant, plus d’un demi-siècle plus tard, les Algériens sont toujours là… en France.

Les répercussions de cette relation torturée ne se limitent pas à la mémoire collective : elles ont traversé les océans sous forme de migrations. Des millions d’Algériens, souvent relégués aux marges de la société française, sont venus « pour des raisons économiques » (si l’on peut dire) – mais en vérité, c’était tout sauf un choix. La colonisation, qui a dépouillé l’Algérie de ses ressources humaines et matérielles, continue de tourmenter les trajectoires de ceux qui y sont liés.

Parlons maintenant de cette fameuse réconciliation, toujours promise mais rarement concrétisée. C’est un peu comme la France qui nous assure que l’Algérie fait partie de son « passé », tout en refusant de véritablement affronter ce passé. Des excuses ? Non, ça attendra. Les mémoires ? Elles sont trop conflictuelles. Pourtant, chaque année, une nouvelle génération d’Algériens s’installe en France, apportant avec elle une question non résolue : « Pourquoi, après tout ce temps, la France continue-t-elle à regarder l’Algérie par le miroir ? »

La « discontinuité » s’annonçait comme une page tournée, mais voilà que la réalité fait griller les couvertures. La France dit ne plus être présente en Algérie, mais combien de fils invisibles tirent encore cette relation dans le dos des deux peuples ? Les archives sont ouvertes, les discussions sur les crimes coloniaux s’intensifient, mais ça ne semble jamais suffisant. La vérité historique doit-elle être la monnaie d’échange pour apaiser une histoire toujours vivante ?

La diaspora algérienne : héritage ou aliénation ?

Voyons les choses en face. Si la France en Algérie n’est plus qu’un souvenir douloureux pour les uns, un petit billet d’histoire pour les autres, l’Algérie en France, elle, n’a cessé de se rappeler à nous. Oui, l’immigration algérienne a donné à la France de nombreux talents, mais aussi, il faut le dire, un héritage d’injustices sociales et souvent économiques invisibles. Qui peut dire que la France a véritablement intégré l’Algérie dans son récit national, au-delà de ses besoins économiques temporaires ? Qui peut affirmer que l’Algérie a su effacer des décennies d’influence coloniale en quelques années de migration massive ?

Les banlieues françaises sont les témoins vivants de cette continuité – les enfants des exilés, parfois rejetés, souvent ignorés, mais toujours là. Ceux-ci ne s’accrochent pas aux rêves coloniaux, non, mais à une identité malmenée entre deux rives : la France et l’Algérie. Et si cette identité, bien que multiple, portait une trace indélébile ? Peut-être est-ce là la continuité que l’on n’ose pas vraiment nommer.

Et l’avenir ? Une nouvelle rupture ou un éternel recommencement ?

Alors, quelle conclusion ? Continuité ou discontinuité ? La réponse n’est pas simple. Les liens entre la France et l’Algérie sont bien plus que diplomatiques. Ils sont humains, politiques, économiques et sociaux, et l’histoire d’une nation ne se résume pas à une déclaration d’indépendance. Une fois les batailles militaires gagnées, la guerre des mémoires reste à mener. L’histoire de l’Algérie en France – celle des Algériens en France – n’est peut-être que la prolongation du passé, une guerre qui ne s’est pas encore terminée.

La discontinuité, si elle existe, reste une illusion. Et tant qu’il y aura des enfants d’immigrés algériens se battant pour une place à la table, tant qu’il y aura des mémoires non reconnues, l’histoire, en effet, continue.

Un avenir sous haute tension : la France, le « modèle républicain » et l’Algérie en héritage

On pourrait croire que tout est question de rupture : le passé colonial derrière nous, l’avenir de la France et de l’Algérie devant. Mais la réalité, souvent dérangeante, nous montre un autre visage. La France, fière de son « modèle républicain », continue de traiter l’Algérie comme un parent gênant dans son histoire, un héritage qu’on préfère ignorer ou minimiser. Les symboles d’une « Algérie ancienne » resurgissent dans des débats sur l’intégration, le voile, l’immigration, la laïcité, et autres illusions républicaines.

D’un côté, la France se veut un modèle universel d’égalité et de fraternité, de l’autre, elle cantonne ses enfants d’Algériens dans des ghettos urbains, dans les quartiers périphériques de la République, où les rêves de réussite et d’ascension sociale se heurtent à la barrière invisible du racisme institutionnalisé. Peut-on vraiment dire qu’il y a discontinuité, alors que l’État français, tout en dénonçant les dérives du colonialisme, perpétue souvent des formes de ségrégation sociale plus sournoises ? Si c’est de la continuité, c’est une continuité marquée par une profonde injustice.

L’Algérie, de son côté, n’est pas non plus épargnée par cette spirale de continuité. Dans ses propres murs, les traces de la colonisation sont encore visibles, même si elles prennent des formes nouvelles. L’armée, le FLN, le régime autoritaire, la corruption : des structures héritées de l’époque coloniale ont pris racine dans l’après-indépendance. La jeunesse algérienne, lasse de ce système figé, exprime sa colère par des manifestations comme le Hirak. Mais, au fond, n’est-ce pas aussi une forme de discontinuité avec un passé colonial que de rechercher la démocratie dans un pays qui se veut libre ? Et pourtant, dans cette quête d’une Algérie « nouvelle », la mémoire de la colonisation reste une référence incontournable.

Le retour du refoulé : la mémoire coloniale, entre déni et héritage vivant

L’une des questions essentielles reste : comment faire face à cette mémoire partagée, sans sombrer dans la victimisation ou l’oubli ? Les mémoires coloniales, françaises et algériennes, sont des entités complexes, souvent en décalage avec la réalité contemporaine. La France, en grande partie, continue de refouler ses responsabilités coloniales, trop souvent réduites à des gestes symboliques de reconnaissance. Mais ces gestes ne suffisent pas à réparer un siècle de violence. En Algérie, l’histoire de la guerre d’indépendance est en permanence réécrite pour servir les intérêts politiques du régime. Les « martyrs » de la révolution sont élevés au rang de symboles, mais leur mémoire est instrumentalisée par le pouvoir en place.

Ainsi, l’Algérie en France, cet héritage vivant et parfois lourd de la colonisation, revêt une double dimension : une mémoire refoulée, rejetée, mais aussi une mémoire résistance qui, paradoxalement, continue de lier les deux pays. La lutte pour une reconnaissance pleine et entière de cette mémoire devient alors un point de friction évident. La fracture historique entre les deux nations, loin d’être référée, reste ouverte, nourrie par l’absence de véritables réparations et de réconciliations sincères.

Un dialogue de sourds ? Vers une nouvelle lecture de l’histoire commune

Alors, peut-on espérer un jour une véritable discontinuité dans cette relation franco-algérienne ? Le doute reste permis. L’histoire nous montre que la mémoire, surtout quand elle est douloureuse, ne s’efface pas aussi facilement. Mais peut-être que cette histoire, loin d’être un simple résidu du passé, peut devenir une ressource pour construire un avenir commun, moins marquée par les rancœurs et plus orientée vers la reconnaissance mutuelle.

La France doit accepter qu’elle a laissé des cicatrices profondes sur le corps de l’Algérie, et qu’ignorer cette réalité, c’est entretenir des fractures qui ne se refermeront jamais. Quant à l’Algérie, elle doit apprendre à se détacher des fantômes du passé pour construire une nation moderne, tout en respectant son histoire. En d’autres termes, une rupture symbolique s’avère nécessaire, mais cette rupture ne doit pas ignorer l’immensité du terrain commun qu’ils ont encore à partager.

Si la France et l’Algérie souhaitent réellement tourner la page, elles abandonneront la tentation du déni et se confronter à la vérité du passé. La discontinuité n’est pas simplement un point de non-retour ; c’est une nouvelle manière de lire et de vivre cette histoire commune. L’avenir, aussi difficile soit-il à imaginer, pourrait naître dans ce dialogue sincère, si et seulement si les deux nations parviennent à accepter que l’histoire ne se dissout pas dans un simple effet de levier politique.

Alors, disons-le clairement : l’histoire continue. Et elle continue, encore et encore, tant que la France et l’Algérie ne sauront pas se regarder en face.

Dr A. Boumezrag

Maroc : grève générale de 5 syndicats de travailleurs, une première en dix ans

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Grève au Maroc

Une grève générale de deux jours a débuté mercredi 5 février au Maroc. Les cinq principaux syndicats du pays ont appelé à cesser le travail dans tout le royaume. Plusieurs revendications : le pouvoir d’achat des travailleurs, le taux de chômage, mais surtout cette loi votée par le Parlement il y a deux jours qui encadre le droit de grève.

Une loi « liberticide » pour les syndicats marocains, malgré certaines concessions du gouvernement, qui a notamment interdit au patronat d’avoir recours à des salariés de remplacement en cas de grève. Ça n’est pas suffisant pour Younes Firachine du bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail. 

« Cette loi a donné un pouvoir absolu au chef du gouvernement pour qu’il puisse arrêter une grève. Il y a une double punition, si on peut dire, des travailleurs grévistes. Un contenu qui atteint et qui restreint le droit de grève », affirme-t-il.

Première grève générale en dix ans

C’est la première grève générale depuis dix ans. Elle est plutôt bien suivie dans l’enseignement, dans l’administration publique, mais aussi dans certaines usines, chez Renault à Casablanca et Tanger, ou dans le secteur des mines. 

L’autre grande revendication des syndicats concerne le pouvoir d’achat des travailleurs. « On s’est mis d’accord pour une augmentation des SMIC à 10%, mais malheureusement, la majorité des employeurs ne respectent pas la loi. Et face à la flambée des prix, par exemple, la viande, le poulet, toutes les matières premières qu’utilisent les Marocains d’une manière quotidienne ont augmenté à des prix inacceptables », explique Younes Firachine. 

Le taux de chômage ne cesse de grimper depuis trois ans : il s’établit à plus de 13% et atteint des sommets chez les jeunes. Près de 37% d’entre eux sont sans emploi. 

RFI