Emmanuel Macron a annoncé ce mardi 15 avril sa décision d’expulser douze agents « servant dans le réseau consulaire et diplomatique algérien en France », en représailles à des expulsions similaires décidées par Alger, et de rappeler l’ambassadeur français à Alger « pour consultations ».
La réponse de Paris à Alger n’aura pas tardé. Vingt-quatre heures après avoir annoncé l’expulsion de douze agents diplomatiques français d’Algérie, les autorités françaises ont décidé de rendre la pareille. Dans un communiqué publié ce mardi, Emmanuel Macron indique que la France « procédera symétriquement à l’expulsion de douze agents servant dans le réseau consulaire et diplomatique algérien ». L’Élysée annonce également avoir décidé de rappeler l’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet, « pour consultations ».
« Les autorités algériennes prennent la responsabilité d’une dégradation brutale de nos relations bilatérales », écrit le chef de l’État français, qui rappelle « l’intérêt » pour les deux pays de reprendre le dialogue engagé le 31 mars dernier. Dans son communiqué, l’Élysée exprime sa « consternation » après ce nouveau brusque coup de froid qui intervient quinze jours seulement après un appel entre le président Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, censé relancer les relations après des mois de crise.
Ce nouveau raidissement fait suite à l’arrestation de trois ressortissants algériens, dont un employé consulaire, soupçonnés d’être impliqués dans l’enlèvement sur le sol français de l’influenceur et opposant algérien Amir Boukhors, il y a un an. Les trois ressortissants ont été mis en examen le 11 avril pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire, en relation avec une entreprise terroriste, et pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, et ont été placés en détention provisoire. Dès samedi, le ministère algérien des Affaires étrangères avait dénoncé « l’argumentaire vermoulu et farfelu » du ministère français de l’Intérieur et fustigé une « cabale judiciaire inadmissible ».
« La France défendra ses intérêts et continuera d’exiger de l’Algérie qu’elle respecte pleinement ses obligations à son égard, s’agissant tout particulièrement de notre sécurité nationale et de la coopération en matière migratoire. Ces exigences vont avec l’ambition que la France continuera d’avoir pour ses relations avec l’Algérie, compte tenu de ses intérêts, de son histoire et des liens humains existants entre nos deux pays », poursuit le communiqué de l’Élysée.
Sur le réseau X, le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, qui était personnellement allé à Alger début avril, affirme que « les autorités algériennes ont choisi l’escalade ». « Nous répliquons comme annoncé », ajoute-t-il. « Le dialogue, toujours, mais pas à sens unique », conclut le ministre.
Des experts politiques ont été unanimes à dire que la politique hostile menée par le régime putschiste au Mali contre l’Algérie, sans égard pour le peuple malien, est un «acte suicidaire» et ce après quatre années de gouvernance marquées par l’échec à tenir les promesses faites sur les plans politique, économique et militaire.
L’expert et analyste politique, Mohamed Khodja a déclaré à l’APS que face à l’échec cuisant du régime putschiste au Mali, il est désormais évident que Bamako cherche à passer une thèse d’une «absurdité totale», alors même que des forces étrangères et des mercenaires opèrent à l’intérieur du pays.
Il a attribué cette escalade au rôle joué par les militaires maliens au profit des puissances étrangères qui les manipulent. L’expert, qui est enseignant de sciences politiques à l’Université Alger 3, a souligné que le régime putschiste au Mali a échoué dans son entreprise de développement et s’est embourbé dans un cycle d’insécurité et d’instabilité, en quête de tromper l’opinion publique interne.
Les liens de l’Algérie avec les peuples de la région sont bien plus solides que le discours hostile de Bamako, a rétorqué M. Khodja, soulignant que la situation au Sahel est exploitée par des parties étrangères qui s’appuient sur les régimes putschistes pour s’imposer et spolier les richesses de la région.
«Comment le régime putschiste de Bamako peut prétendre au développement, alors qu’il mène une attitude hostile contre l’Algérie qui lui offre un accès aérien et terrestre», s’est-il indigné, qualifiant cette attitude de «suicidaire».
L’expert en géopolitique et relations internationales, Arslan Chikhaoui, a, quant à lui, souligné que les putschistes au Mali «s’adonnent à un jeu dangereux», et que cet acte hostile fait suite aux multiples attaques verbales lancées par l’ex vice-Premier ministre, Abdoulaye Maiga, lors de la 79e session de l’AG de l’ONU où il s’était livré à des accusations directes et sans précédent contre l’Algérie dans un langage choquant et déplacé.
Rappelant que le régime putschiste au Mali tente de montrer son différend avec l’Algérie dans le cadre d’un jeu manifeste d’alliances aux conséquences incertaines pour ce pays, l’expert a affirmé que cette aventure comporte de nombreux risques, notamment l’isolement diplomatique dans une région où la coopération est indispensable pour relever les défis sécuritaires et de développement.
Compromettre la stabilité des relations entre l’Algérie et le Mali, c’est permettre à des parties étrangères de prendre le contrôle sur les ressources minières indispensables aux industries alternatives à faible empreinte carbone, a-t-il estimé.
De son côté, l’analyste politique Redouane Bouhidel a considéré que la junte putschiste au Mali «poursuit sa politique irresponsable envers l’Algérie sans égard pour le peuple malien, ni pour les bonnes relations historiques liant les deux pays».
L’analyste politique Rachid Allouche a, pour sa part, indiqué que les agissements du conseil militaire au Mali s’inscrivent dans la mise en œuvre d’agendas dictés par des parties extérieures qui cherchent à miner la sécurité et la stabilité dans la région du Sahel.
En cherchant à faire passer l’Algérie comme une menace pour la paix et la sécurité dans la région, il s’agit là d’un «piège» tendu par des puissances étrangères dans la région du Sahel, «oubliant que l’Algérie dispose d’une vision historique envers le Sahel, fondée sur sa crédibilité diplomatique accumulée et des solutions proposées, que ce soit en matière de sécurité ou de développement, en tant que voie incontournable pour résoudre toutes les problématiques de la région», a-t-il ajouté.
Allouche a souligné que la posture adoptée par le régime putschiste au Mali s’explique par son incapacité à définir une politique intérieure pour la société malienne. Ce régime putschiste qui a échoué depuis quatre années à réaliser ne serait-ce qu’une partie des promesses faites dans les domaines politique, économique et militaire, fait désormais appel à des mercenaires.
«La junte militaire au pouvoir au Mali ne saurait tenir de tels discours et adopter de tels postures déshonorantes sans l’impulsion de forces extérieures cherchant à entrainer l’Algérie dans un piège. Ce sont ces forces qui ne souhaitent pas voir la stabilité s’installer dans la région du Sahel», a-t-il fait observer.
A peine l’Algérie a-t-elle rendu publique sa réponse sur la nouvelle démarche de la France consistant à lui transmettre une liste de ressortissants algériens faisant l’objet de décisions d’éloignement du territoire français que le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est précipité sur son compte X pour accuser, encore une fois, l’Algérie de violer ses engagements internationaux.
Cette accusation devenue trop répétitive ces derniers temps, et dont la récurrence n’en fait pas pour autant une vérité, mérite un éclairage particulier pour déterminer, une fois pour toute, qui viole ses engagements internationaux et qui les respecte. A cet égard, cinq données fondamentales méritent d’être mises en exergue :
Premièrement: La partie algérienne était dans son bon droit quand elle a refusé de donner suite à la liste que lui a soumise la partie française.
Cette procédure de transmission de listes n’est prévue ni par les accords liant les deux pays, ni par la pratique que ces deux derniers ont développée de manière concertée depuis plus de 30 ans. Plus encore, le non-respect par la France des procédures bien établies en matière de gestion des dossiers d’éloignement a été aggravé par le recours abusif au langage comminatoire, aux ultimatums et aux menaces de rétorsions et de représailles, en flagrante violation des principes élémentaires du droit international. Contrairement à la lecture biaisée qu’en fait le Ministre français de l’Intérieur, l’Algérie n’a pas opposé une fin de non-recevoir à la liste française. La partie algérienne a rejeté les mesures unilatérales et arbitraires décidées sans concertation, tout en invitant la partie française à respecter la pratique établie et à recourir au canal traditionnel liant les préfectures françaises aux consulats algériens compétents.
Deuxièmement : Au cœur de cette bataille sur les listes et les mesures d’éloignement, l’enjeu principal porte sur l’exercice de la protection consulaire à l’égard des ressortissants algériens se trouvant en France.
Dans cette bataille, il y a un pays déterminé à assumer l’obligation qui lui incombe en la matière, et un autre pays qui, par le truchement de son Ministre de l’Intérieur, cherche à tout prix à l’empêcher de remplir cette mission consacrée par le droit international et les accords bilatéraux. De ce point de vue, il n’est point surprenant que la partie française ait choisi, depuis le début de cette crise, d’éviter toute référence, directe ou indirecte, à la convention consulaire algéro-française de 1974. La raison d’une telle attitude est à rechercher dans la teneur de l’article 33 de cette convention qui fait obligation à la partie française de notifier, dans les délais, toute mesure privative de liberté prise à l’encontre de ressortissants algériens, afin que leur pays d’origine puisse s’acquitter pleinement de son devoir de protection à leur égard.
Troisièmement: Dans ses assauts répétés sur l’Algérie, le Ministre français de l’Intérieur a fait de la Convention de Chicago le bréviaire de ses accusations récurrentes contre notre pays. En refusant l’embarquement de personnes faisant l’objet de mesures d’éloignement et démunies de laissez-passer consulaires, la compagnie nationale « Air Algérie » s’est vue menacée de représailles contre son personnel sur fond de prétendues violations de la Convention de Chicago. Or, cette énième accusation est totalement infondée. La Convention de Chicago ne contient aucune disposition relative à l’embarquement forcé de personnes faisant l’objet de mesures de reconduite aux frontières. Bien au contraire, et au grand dam du Ministre français de l’Intérieur, la Convention de Chicago accorde aux compagnies aériennes le droit de refuser l’embarquement si les documents présentés ne sont pas conformes aux exigences du pays de destination ou de transit.
Quatrièmement : Dans cette même bataille autour des listes et des mesures d’éloignement, le Ministre français de l’Intérieur s’est enorgueilli, à maintes reprises, d’avoir mis en œuvre des mesures restrictives d’accès au territoire français à l’encontre de ressortissants algériens détenteurs de passeports diplomatiques. Or, de telles mesures doivent obéir au préalable à l’obligation de notification consacrée par l’accord algéro-français de 2013. Dans ce cas de figure, la violation d’un engagement bilatéral a été davantage aggravée par l’effet d’annonce dont le Ministre français de l’Intérieur semble tirer une veine gloriole.
Cinquièmement: l’annonce médiatique depuis hier soir relayant une éventuelle suspension de l’accord algéro-français portant exemption de visas au profit des détenteurs de passeports diplomatiques et de service mérite clarification. Il s’agit, d’abord, de l’Accord de 2013 et non pas de celui de 2007 qui a été abrogé depuis presque douze ans. Ensuite, l’Accord de 2013, en lui-même, prévoit les possibilités de suspension et de dénonciation suivant une procédure bien définie. Cette procédure repose essentiellement sur l’obligation de notification qui incombe à la partie initiatrice d’une telle mesure. La partie française est, par conséquent, tenue de se conformer aux dispositions pertinentes de l’Accord de 2013, et non celui de 2007 au demeurant abrogé.
Ces cinq données suffisent, à elles-seules, pour établir, sans nuance aucune, laquelle des parties, algérienne et française, respecte ses engagements internationaux et laquelle de ces deux dernières les viole de manière flagrante et systématique. Le fait de porter en permanence sur l’autre des accusations dont on est pleinement coupable est, dans le cas d’espèce, le paroxysme de l’ironie. Ne dit-on pas en arabe que « le sotte ne lit que ce qui est en lui ».
Il est des spectacles qu’on ne choisit pas de regarder, mais qu’on subit, inlassablement. Celui de la diplomatie franco-algérienne en fait partie. Une représentation à la fois absurde et prévisible, qui se joue depuis plus de soixante ans sans entracte ni renouveau. Toujours les mêmes rôles, les mêmes répliques, et surtout, les mêmes silences pesants.
Acte I : Tango grinçant, postures figées
Ce 15 avril 2025, Paris expulse douze diplomates algériens. Réplique à une mesure similaire prise par Alger la veille, après l’arrestation en France d’un agent consulaire, soupçonné d’avoir trempé dans une sale affaire d’enlèvement. Scandale ? Pas vraiment. C’est une scène de plus dans le long-métrage des crispations protocolaires.
On fait mine de s’indigner, on convoque les grands mots — “atteinte à la souveraineté”, “acte inamical”, “provocation néocoloniale”. La partition est bien connue, et chacun la joue avec l’enthousiasme mou d’un figurant lassé. La vérité ? Il n’y a plus de musique, mais le bal continue.
Acte II : La valse des illusions
Ambassadeurs rappelés, diplomates expulsés, poignées de main filmées à contre-cœur… La diplomatie entre Alger et Paris n’est plus une affaire d’État, mais une chorégraphie de symboles, où les gestes comptent plus que le sens. Et pendant que les chancelleries s’agitent dans le vide, les peuples, eux, baillent.
Les jeunesses franco-algériennes, elles, ne dansent plus. Elles attendent des visas, rédigent des lettres de motivation, ou fuient une binationalité parfois plus encombrante qu’émancipatrice. Le réel, lui, n’est pas invité au bal.
Acte III : La mémoire en playback
Il reste, comme toujours, cette mémoire instrumentalisée. On brandit le passé comme un miroir brisé : chacun y voit ce qui l’arrange. À Paris, on célèbre une “réconciliation mémorielle”. À Alger, on dénonce “l’oubli organisé”. On commémore à moitié, on s’excuse à voix basse, et on cultive la rancune comme un patrimoine diplomatique commun.
Le pire dans tout cela ? C’est que tout le monde sait. Tout le monde sait que cette danse n’a pas d’issue. Mais personne n’ose quitter la piste.
Épilogue : Une piste qui craque
La relation franco-algérienne n’est plus une affaire de diplomatie. C’est une succession de gestes creux, un théâtre d’ombres, un mauvais vaudeville où le rideau ne tombe jamais. Et tant qu’aucun des deux partenaires ne cessera de faire semblant, le bal grotesque pourra continuer.
Mais attention : la piste, elle, menace de céder. Et ce ne seront ni les ministres ni les ambassadeurs qui tomberont les premiers — ce seront celles et ceux qui, chaque jour, subissent le poids de cette hypocrisie entretenue.
Alors que reste-t-il ? Une question. Simple, brutale, presque naïve :
L’Algérie a décidé souverainement de déclarer persona non grata 12 agents exerçant auprès de l’Ambassade et des consulats de France en Algérie, relevant de la tutelle du ministère de l’intérieur de ce pays, avec obligation de quitter le territoire national sous 48 heures, indique lundi un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines.
Cette décision « fait suite à l’arrestation spectaculaire et ostentatoire, sur la voie publique, par les services sous tutelle du ministère de l’Intérieur français d’un agent consulaire d’un Etat souverain accrédité en France, en date du 8 avril 2025.
Ce procédé indigne par lequel le ministre de l’Intérieur voulait rabaisser l’Algérie, s’est fait sans aucune considération du statut consulaire de cet agent, en faisant fi de tous les usages et pratiques diplomatiques et en flagrante violation des conventions et traités pertinents en la matière », précise la même source.
L’Algérie « tient à rappeler que cet acte indigne est la conséquence de l’attitude négative, affligeante et constante du ministre de l’Intérieur français vis à vis de l’Algérie ».
Ce ministre, qui excelle dans les barbouzeries à des fins purement personnelles, est en manque flagrant de discernement politique.
En procédant à une vulgaire arrestation d’un agent consulaire protégé par les immunités et privilèges rattachés à son statut et en le traitant de façon honteuse et indigne tel un voleur, il porte la responsabilité entière de la tournure que prennent les relations entre l’Algérie et la France au moment où celles-ci venaient d’entamer une phase de décrispation à la faveur de l’entretien téléphonique entre les Chefs d’Etat des deux pays, lequel a été suivi par la visite en Algérie du ministre français des Affaires étrangères », note le communiqué.
L’Algérie réaffirme que « toute autre nouvelle action attentatoire du ministre de l’intérieur français recevra, sur la base de la réciprocité, une réponse ferme et adéquate », conclut la même source.
Les autorités algériennes ont demandé à douze fonctionnaires français présents sur leur territoire de quitter le pays, comme l’a annoncé lundi le ministre des Affaires étrangères. Cette décision fait suite à l’arrestation de trois ressortissants algériens en France.
Jean-Noël Barrot a exprimé dans une déclaration écrite adressée aux journalistes : « Je demande aux autorités algériennes de revenir sur ces mesures d’expulsion qui ne sont pas liées à la procédure judiciaire en cours. » Il a également averti que si la décision d’expulser nos agents était maintenue, nous n’aurions d’autre choix que de réagir immédiatement.
Parmi les onze agents que l’Algérie souhaite expulser, certains sont des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, selon une source diplomatique citée par l’AFP.
Vendredi, trois hommes, dont un employé d’un consulat algérien, ont été mis en examen à Paris pour des accusations d’arrestation, d’enlèvement et de séquestration en lien avec une entreprise terroriste.
Le samedi suivant, le ministère algérien des Affaires étrangères a condamné cette nouvelle affaire. Ces déclarations contrastent avec l’annonce faite par le ministre français des Affaires étrangères concernant une nouvelle phase dans les relations entre Paris et Alger.
Après avoir subit la prison et les harcèlements judiciaires, Hmimi Bouider a été condamné à six mois de prison avec sursis et 50.000 da d’amende pour avoir exprimé une opinion divergente de celle que distille la propagande officielle.
Hmimi Bouider n’est nullement une menace, il est juste un militant du FFS qui est convaincu qu’il a le droit à la parole. C’est un père de famille besogneux et passionné par le débat public. Ce qui ne plaît pas aux tenants du pouvoir qui frémissent à la moindre expression libre.
Sales temps pour les activistes ou ceux qui sont jaloux de leur liberté de conscience et de parole. La criminalisation de l’opinion politique divergente est devenue la norme par les grâces d’un système arbitraire qui entend avoir la société à l’usure de la répression.
Il urge chaque jour que l’Etat de droit soit retrouvé dans cette Algérie que dirigent d’une main de fer le clan au pouvoir. Après plus de 62 ans d’indépendance avec toutes les souffrances et les sacrifices consentis, il est temps que le peuple algérien vive en paix dans son propre pays.
Si c’est pour se libérer du colonialisme pour tomber dans l’autoritarisme, pourquoi sont morts les centaines de milliers d’Algériennes et d’Algériens dans la lutte pour l’indépendance !
La quatrième édition du Salon national du livre amazigh de Ouacifs, sud de Tizi-Ouzou (Kabylie), se tiendra du 30 avril courant au 3 mai prochain, a-t-on appris mercredi des organisateurs de cette manifestation culturelle et livresque.
Une trentaine de maisons d’édition, le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), le Centre National Pédagogique et Linguistique pour l’Enseignement de Tamazight (CNPLET), 150 auteurs en tamazight, arabe et français, ainsi que deux associations, Isabelle Eberhardt et Numidia, prendront part à cette manifestation qui sera abritée par la Maison de jeunes des Frères martyrs Houacine Mohand Amokrane et Boukhalfa, de la ville des Ouacifs.
Cette 4e édition sera marquée, comme les précédentes, par l’organisation d’une série de conférences et tables rondes autour de la culture, de l’histoire et du patrimoine, animées, notamment, par les écrivaines Amel El Mehdi et Melha Benbrahem.
Diverses activités culturelles, artistiques et interactives sont également au programme de ce Salon. Une dictée en tamazight pour les dix (10) meilleurs élèves en tamazight de la région des Ouacifs et des soirées poétiques avec la poetesse et actrice Hadjira Oubachir, et le poète Akli Ait Boussad, ainsi qu’une déclamation de poèmes de Taoues Amrouche par la poétesse Nacéra Benyoucef, égayeront aussi la manifestation.
Un hommage sera, également, rendu à l’occasion de cette nouvelle édition à trois écrivains récemment disparus, Ahmed Nekkar, Abderrahmane Yefsah et Youcef Merahi, ainsi qu’à l’enfant de la région, la légende du football national, Djamel Menad, disparu récemment lui aussi et Si El Hocine Sehnouni, écrivain originaire de la région.
Le Salon sera aussi une opportunité pour la projection en avant-première d’un film documentaire du réalisateur Arab Yazid qui retrace le parcours du pionnier du mouvement national pour l’indépendance de l’Algérie, Amar Imache.
« L’esprit et l’objectif du salon demeurent les mêmes, donner de la visibilité à l’écriture et à la production livresque et culturelle, en général, en tamazight, qui malgré les efforts consentis par les auteurs et le répondant enregistré, reste en quête de lecteurs et davantage d’intérêt », a souligné à l’APS le commissaire de la manifestation, Salem Ait Ali Belkacem.
Pour ce dernier, ce rendez-vous « est un carrefour de rencontres entre auteurs, éditeurs, lecteurs et tous les intervenants dans ce créneau et il vise à permettre de créer une synergie entre ces différents acteurs à même de porter encore plus haut le travail qui contribue à la préservation et au développement de notre culture et notre identité ».
Organisée par l’association Lhadj L’Mokhtar N’Ath Said en collaboration avec le comité de village Timaghrass avec la participation de plusieurs organismes locaux, la 4e édition du Salon national du livre amazigh de Ouacifs est dédiée à Abdellah Hamane, moudjahid, homme de culture et écrivain en tamazight disparu en 2018.
L'enlèvement d'Amir Dz en France a percuté les relations algéro-françaises.
Le Secrétaire Général du ministère des Affaires étrangères, M. Lounès Magramane, a reçu samedi, au siège du ministère, l’ambassadeur de France en Algérie, M. Stéphane Romatet pour lui exprimer la vive protestation de l’Algérie suite à la décision des autorités judiciaires françaises de mettre en examen et de placer en détention provisoire un de ses agents consulaires en exercice sur le sol français, indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines.
Cette audience, précise le communiqué, « a eu pour objectif d’exprimer la vive protestation de l’Algérie suite à la décision des autorités judiciaires françaises de mettre en examen et de placer en détention provisoire un de ses agents consulaires en exercice sur le sol français, dans le cadre de l’ouverture d’une information judiciaire sur un supposé enlèvement du voyou Amir Boukhors, dit AmirDZ, en 2024 ».
« L’Algérie rejette fermement, tant sur la forme que sur le fond, les motifs invoqués par le Parquet antiterroriste français, à l’appui de sa décision de mettre en détention provisoire son agent consulaire », souligne le ministère des Affaires étrangères.
« Sur le plan de la forme, l’Algérie rappelle que l’agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique et en flagrante contravention aux immunités et privilèges rattachés à ses fonctions près le Consulat d’Algérie à Créteil ainsi qu’à la pratique prévalent en la matière entre l’Algérie et la France », selon le communiqué.
Il ajoute que « sur le plan du fond, l’Algérie retient surtout la fragilité et l’inconsistance de l’argumentaire vermoulu et farfelu invoqué par les services de sécurité du Ministère de l’Intérieur français durant les auditions, laquelle appuie cette cabale judiciaire inadmissible sur le seul fait que le téléphone mobile de l’agent consulaire inculpé aurait borné autour de l’adresse du domicile de l’énergumène Amir Boukhors ».
« L’Algérie appelle à la libération immédiate de l’agent consulaire placé en détention provisoire et exige que les droits rattachés à ses fonctions, aussi bien dans le cadre des conventions internationales que des accords bilatéraux, soient scrupuleusement respectés en vue de lui permettre de se défendre convenablement et dans les conditions les plus élémentaires », insiste le communiqué.
Selon la même source, « ce tournant judiciaire, inédit dans les annales des relations algéro-françaises, n’est pas le fruit du hasard et que son occurrence intervient dans un contexte bien déterminé et à des fins de torpillage du processus de relance des relations bilatérales convenu entre les deux Chefs d’Etat lors de leur récent entretien téléphonique ».
« Ce tournant, malheureux et malvenu, prouve que certaines parties françaises ne sont pas animées de la même volonté de revitalisation des relations bilatérales et que l’engagement des uns et des autres n’est pas à la confluence de la bonne foi et de la sincérité nécessaires à la réunion des conditions d’une reprise sereine du cours normal des relations bilatérales », poursuit le texte.
« Nous ne pouvons nous empêcher d’être surpris sur le choix cynique fait par les fossoyeurs de la normalisation des relations bilatérales concernant le nervi utilisé comme levain de cette nouvelle action préméditée. L’empressement balourd à utiliser ce voyou comme nouvel étendard de la faconde anti-algérienne qui anime ses instigateurs contraste avec la passivité longtemps affichée dans le traitement des demandes d’extradition émises par les autorités algériennes à l’encontre de cette activiste subversif et lié à des organisations terroristes ».
« Ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises et ne contribuera pas à l’apaisement. L’Algérie n’a pas l’intention de laisser cette situation sans conséquences tout comme elle veillera à assumer pleinement et résolument la protection de son agent consulaire », conclut le communiqué du ministère des Affaires étrangères.
L’audience du 11 avril 2025 s’est déroulée dans un climat lourd, symptomatique d’un procès politique transformé en bras de fer entre le pouvoir exécutif et l’opposition démocratique tunisienne. Tandis qu’à l’intérieur du tribunal les débats judiciaires étaient censés avoir lieu, à l’extérieur, la rue vibrait de slogans dénonçant une mascarade judiciaire.
Dès l’aube, des familles de détenus politiques, figures de l’opposition, militants de la société civile et journalistes se sont rassemblés devant le palais de justice de Tunis pour dénoncer la nature politique du procès. L’accès à la salle d’audience leur a cependant été massivement refusé, à l’exception d’un membre par famille. Ce filtrage discriminatoire s’est doublé de manœuvres policières visant à intimider les manifestants pacifiques, notamment par un quadrillage renforcé des abords du tribunal et des dispositifs d’empêchement physique de l’entrée.
Des cris se sont élevés pour exiger la transparence du procès, l’annulation des comparutions à distance et la libération des détenus. Ce mouvement de protestation a été soutenu par plusieurs leaders politiques, dont Ahmed Néjib Chebbi, qui a dénoncé la volonté du régime de « terroriser l’opposition » et d’imposer une culture de la peur.
Les manifestants ont brandi des photos des détenus, scandé des slogans réclamant un procès équitable, tandis que les avocats ont confirmé leur refus de participer à une audience sans la présence physique des accusés. Les autorités judiciaires ont maintenu le dispositif de comparution à distance décidé dès la première audience du 4 mars.
Une audience entre huis-clos et entraves médiatiques
Les conditions réelles d’accès ont rendu cette audience de fait fermée. Plusieurs journalistes – dont Zied El Heni, Khawla Boukrim, Monia Arfaoui, Lotfi Hajji – ont été empêchés d’y assister.
Les représentants des organisations nationales ont également été tenus à l’écart, tandis que seuls les représentants de chancelleries occidentales ont été autorisés à y assister. Étaient notamment présents des délégués des ambassades de France, d’Allemagne, du Canada, de Belgique, des Pays-Bas et de l’Union européenne. Ce traitement différencié a été largement perçu comme une tentative de contrôle de l’image à l’international tout en muselant les relais locaux critiques.
Refus collectif de la visioconférence et paralysie procédurale
L’audience a été dominée par le refus des détenus politiques de comparaître à distance depuis leur lieu de détention. Les avocats ont unanimement soutenu que cette méthode viole l’article 141 bis du Code de procédure pénale tunisien, en particulier l’exigence d’un consentement préalable du prévenu, d’une motivation écrite et d’une décision judiciaire individualisée, toutes absentes dans ce dossier.
Cette comparution à distance a été qualifiée de « simulacre de procès » relevant plus d’une opération de communication politique que d’un véritable débat judiciaire.
Me Abdelaziz Essid a déclaré à l’AFP : « Nous refusons de plaider dans ces conditions et nous ne voulons pas être les témoins complices de cette parodie. »
Me Ayachi Hammami a ajouté : « Par solidarité avec les détenus, nous refusons également d’intervenir à distance. »
Des accusés à l’étranger réclament à être auditionnés
Deux des inculpés résidant à l’étranger, en l’occurrence Mohamed Kamel Jendoubi et Ridha Driss, traduits sans avoir été auditionnés lors des phases d’enquête et d’instruction, ont demandé à être entendus dans cette audience, en tant qu’accusés mais aussi comme témoins, par visioconférence. Ils ont invoqué l’application de l’article 73 de la loi organique antiterroriste qui permet ce type de procédure si l’intérêt de la justice le justifie.
Situation critique des détenus : grèves de la faim et maltraitance
Un autre moment marquant de cette audience fut la déclaration de Me Dalila Msadek indiquant que cinq détenus à Mornaguia, à savoir Ghazi Chaouachi, Ridha Belhaj, Khayem Turki, Issam Chebbi et Abdelhamid Jelassi, ainsi que Jaouhar Ben Mbarek à Belli (Nabeul), sont en grève de la faim – ce dernier depuis plus de 13 jours – pour protester contre la comparution à distance et l’interdiction de s’exprimer devant leurs juges.
Cette grève de la faim est l’expression ultime de la volonté d’être entendus dans un procès où le pouvoir tente d’étouffer toute voix dissonante. Elle est aussi un cri d’alarme face à des conditions de détention inhumaines.
Un procès sans légitimité judiciaire ni morale
L’instruction du dossier repose sur des témoignages anonymes, des accusations sans preuves matérielles, des interpellations spectaculaires sans mandat et une absence totale de contre-interrogatoire des témoins-clés. L’ancien juge d’instruction, désormais en fuite, et le chef de la police judiciaire, aujourd’hui incarcéré, illustrent la fragilité institutionnelle de l’affaire.
La composition même du tribunal est jugée illégale et inconstitutionnelle. En effet, la chambre criminelle en charge du dossier a été constituée par simple note administrative émise par la ministre de la Justice, en contradiction manifeste avec les dispositions du décret-loi n° 11-2022 relatif au Conseil supérieur de la magistrature, qui stipule que les juges doivent être désignés selon des mécanismes indépendants garantissant l’impartialité de la justice.
La défense a ainsi mis en cause la légitimité de l’ensemble du bureau du tribunal, composé des magistrats suivants : Lassâd Chamakhi (président), Moez El Gharbi, Ahmed Barhoumi, Fatma Boukattaya, Afef Betaïeb.
La défense et les experts ont dénoncé publiquement cette composition, affirmant devant la cour que ses décisions seront sans valeur et que cette mascarade judiciaire sera inévitablement corrigée une fois la légalité restaurée.
Maitre Bassam Trifi a déclaré : « On ne peut pas qualifier ce procès de procès équitable. Il comporte de nombreuses irrégularités… Des citoyens, des représentants de la société civile, des journalistes et les familles des accusés ont été empêchés d’assister à l’audience. Or, la publicité des débats est un pilier fondamental et essentiel du procès équitable. Les personnes concernées par ce dossier, détenues et menacées de lourdes peines, sont les premières à avoir le droit d’être présentes à l’audience. Les avocats ont respecté le tribunal, mais le tribunal ne nous a pas respectés, car il nous est demandé de plaider alors que nos clients ne sont pas présents dans la salle.
Sous Ben Ali, nous avons assisté à de nombreuses affaires où tous les accusés étaient amenés, y compris certains transportés en raison de leur état de santé. Même dans l’affaire de Soliman, où les accusés avaient pris les armes contre l’État, ils ont été amenés en personne à l’audience. Idem pour d’autres affaires comme Bardo ou l’attentat de l’Imperial Sousse… Et aujourd’hui, dans l’affaire du « complot », on refuse de faire comparaître les accusés dans la salle d’audience.
C’est pourquoi nous avons décidé de ne pas entrer dans le fond de l’affaire tant que les accusés ne seront pas physiquement présents à l’audience. »
Une justice instrumentalisée à des fins de répression
Comme l’ont souligné plusieurs avocats et observateurs, l’objectif de ce procès n’est pas de juger des crimes réels, mais de criminaliser l’opposition politique. Les accusations de « complot », « terrorisme », ou « atteinte à la sécurité de l’État » visent des figures démocratiques connues pour leur attachement à l’action politique pacifique : avocats, syndicalistes, universitaires, anciens ministres, journalistes.
Kaïs Saïed, en qualifiant publiquement les accusés de « terroristes » et en affirmant que « quiconque les acquitte est leur complice », a miné d’avance toute présomption d’innocence et toute possibilité d’un procès équitable.
Le président accuse également certains d’entre eux de « collusion avec des diplomates étrangers », des contacts que la défense qualifie de parfaitement normaux dans le cadre du travail politique et associatif.
Une crise judiciaire révélatrice de la dérive autoritaire
Au-delà de ses irrégularités, ce procès révèle une crise plus large du système judiciaire tunisien : perte d’indépendance, immixtion de l’exécutif, désignation arbitraire des juges, censure de la presse et criminalisation de l’opinion. Il illustre la descente aux enfers de l’État de droit depuis le coup d’État du 25 juillet 2021.
L’audience du 11 avril 2025 a confirmé que l’« affaire du complot » est une opération politique de répression de la dissidence menée à coups de lois d’exception et de procédures bâclées. Ce n’est pas seulement un procès contre quarante individus, mais un procès contre l’opposition et l’idée même de l’État de droit et de la démocratie
La communauté nationale et internationale doit se mobiliser pour exiger • La fin des comparutions à distance • La libération des prisonniers politiques • Le respect des garanties d’un procès équitable • L’arrêt de la répression des opposants
Il est à rappeler que la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples a ordonné à la Tunisie, dans l’affaire n° 04/2023, des mesures provisoires concernant le détenu politique Ghazi Chaouachi depuis le 28 octobre 2023, relatives aux droits les plus fondamentaux à la défense et aux soins médicaux. L’État tunisien ne s’est pas contenté d’ignorer cette décision : il a osé demander le retrait de ces mesures sous prétexte d’avoir retiré la déclaration déposée en 2017 au sens de l’article 34.6 du Protocole de la Cour africaine.
Par ailleurs, le Groupe de travail du Conseil des droits de l’homme des Nations unies a qualifié la détention de Khayem Turki, Ghazi Chaouachi, Ridha Belhadj, Noureddine Bhiri, Jaouhar Ben Mbarek, Chaïma Issa et Lazhar Akremi d’arbitraire et a invité les autorités tunisiennes à les libérer et à les indemniser.
Le ministère public s’en est remis à la chambre pour statuer sur la possibilité de faire comparaître les accusés lors de la prochaine audience, tout en s’opposant à toutes les demandes de libération.
L’audience s’est achevée de manière abrupte, alors même que les avocats plaidaient encore pour la présence des détenus dans la salle. Ce fut un jour emblématique de la négation du droit à un procès équitable, public et contradictoire. Un jour où s’est dévoilée la peur d’un régime face à la vérité. Un jour, aussi, où l’on a tenté d’abuser de la conscience collective des Tunisiennes et des Tunisiens.
Le procès a été reporté au 18 avril 2025
Mais ce fut surtout un jour de dignité, porté par la ténacité et l’engagement exemplaire d’une défense qui ne recule pas lorsqu’elle défend des causes justes.