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jeudi 20 mars 2025
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Communiqué de la famille de Chérif Mellal

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Cherif Mellal

Aujourd’hui marque le 8ᵉ jour de la grève de la faim illimitée entamée par Chérif Mellal pour contester une détention qu’il considère injuste et une procédure entachée d’irrégularités. Depuis plus de 26 mois, il est privé de sa liberté dans des conditions préoccupantes.

Nous, sa famille, exprimons notre inquiétude profonde face à la dégradation de son état de santé et appelons les autorités compétentes à examiner sa situation avec la plus grande attention. Chérif Mellal et ses avocats estiment que certains éléments du dossier sont contestables, et une plainte a été déposée pour que ces aspects soient clarifiés en toute transparence.

Cette affaire touche non seulement Chérif Mellal et sa famille, mais pose aussi la question du respect des droits fondamentaux et des principes de justice. Nous appelons toutes les institutions et toutes les personnes capables d’agir à veiller à ce que ses droits soient respectés et que son dossier soit traité dans un cadre équitable et impartial.

Chérif Mellal a adressé une lettre au ministre de la Justice et au président de la République, en tant que premier magistrat du pays, afin d’alerter sur sa situation.

Nous remercions toutes les personnes qui manifestent leur soutien et leur solidarité. Notre seul objectif est que toute la lumière soit faite et que cette affaire soit traitée avec justice et intégrité, dans le strict respect des principes de l’État de droit.

La famille de Cherif Mellal

Ineǧǧaren

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Village

Xali Aḥmed At Lmehdi d Xali Nafaε At Hmidduc si taddart n Buεidel (ad sgunfun di talwit), d ineǧǧaren. Nneǧren tirbuyin, tiqedḥin, tikeckuyin, lemterdat… Yiwen wass uɣen yiwet n teslent di taddart n Tizi-Usamer, ruḥen ɣeḍlentt. Xedmen alarmi tameddit, dayen εyan, yedda fell-asen lḥal. Xali Aḥmed inṭṭeq ar Xali Nafaε, yenna-yas :

-Ruḥ ziɣ a Nafaε, inna-s i lamin n taddart-a ma ulac uɣilif, a nngen di lǧamaε agi nnsen iḍ agi.

Xali Nafaε, ssya ɣer da keččment-as s iger. Iṛuḥ ar Lamin, yerra fell-as slam, yenna-yas:

-Ma yehda-k Ṛebbi ad ɣ tanfeḍ a neṭṭes iḍ agi di lǧamaε agi nnwen.

Yemuql-it-id lamin-nni, yenna-yas-d :

-Tettẓalem?

-Bien sur nettẓalla!

S wudem-nni swayes i s-yerra Xali Nafaε, Lamin-nni ur iqenneε-ara, dɣa yesqsa-t-id:

-Acḥal n rrekεat yellan di lmeɣṛeb?

-Rrbaεṭṭac!

-Yah a yamskaddab! Trezem-iyi tkkuffaṛt ur t-sarsem idis-nnwen dagi.

Yuɣal-d ɣer Xali Aḥmed, yenna-yas :

-Awah, yugi!

-Amek akka yugi, si melmi akka taddart Leqbayel tettagi i wemsebrid, neɣ i waεṭṭaṛ ad ines di lǧamaε? D acu i s-tenniḍ εni?

-Ulac, d netta iyi d-yesteqsan, yenna-yi-d acḥal n rrekεat yellan di lmeɣṛeb, nniɣ-as rrbaεṭṭac!

-A k-icemmaε Ṛebbi a Nafaε! Yak lmeɣṛeb tlata rrekεat kan i tesεa!

-Ruḥ a Yezzi Ḥmed, ruḥ! Nekk nniɣ-as rrbaεṭac n rrekεat yugi, keččini tura s tlata a d-yeqbel! Wa ttannint-ak tsekkrin ay Zi Ḥmed!

Ahmed Aït Bachir

Accord franco-algérien : le tribunal administratif de Melun annule la décision de la préfecture de Seine et Marne

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Préfecture de Melun

Par deux requêtes enregistrées le 17 mars 2023 sous le n°2302671 et le n°2302673 et quatre mémoires complémentaires enregistrés le 28 mars 2023 et le 4 mars 2024, Mme JK et M. FK ont demandé au tribunal administratif de Melun d’annuler l’arrêté du 20 février 2023 par lequel le préfet de Seine-et-Marne lui a refusé la délivrance d’un titre de séjour, les a obligé à quitter le territoire français dans un délai de trente jours et a fixé le pays à destination duquel ils pourront être éloignés à l’issue de ce délai et d’enjoindre au préfet de Seine-et-Marne de délivrer à Mme JK et M. FK deux certificat de résidence de dix ans au titre de l’« ascendant de français à charge », dans le délai d’un mois à compter du jugement à intervenir, sous une astreinte de 200 euros par jours de retard.

Ils soutiennent que s’agissant, d’abord, de la décision de refus de délivrance d’un titre de séjour : elle méconnaît le b) de l’article 7 bis de l’accord franco-algériens du 27 décembre 1968 dès lors qu’ils sont entrés en France par la Belgique et qu’ils ne peuvent leur être reprochés une absence de visa, qu’ils étaient en situation régulière lors de sa demande de titre de séjour et qu’ils sont effectivement à charge de son fils français et méconnaît l’article 6-5 de l’accord franco-algériens du 27 décembre 1968 ainsi que les stipulations de l’article 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. 

La décision préfectorale est entachée d’une erreur manifeste dans l’appréciation de ses conséquences sur sa situation personnelle. 

En deuxième lieu, s’agissant de la décision portant obligation de quitter le territoire français : elle est illégale en raison de l’illégalité de la décision de refus de titre qu’elle assortit et méconnaît les articles 3 et 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales et est entachée d’une erreur manifeste dans l’appréciation de ses conséquences sur sa situation personnelle. 

Par un mémoire en défense enregistré le 19 février 2024, le préfet de Seine-et-Marne conclut au rejet des deux requêtes. Il fait valoir que les moyens soulevés par Mme JK et M. FK ne sont pas fondés. 

M. FK, ressortissant algérien, né en 1940 en Algérie et Mme JK, ressortissante algérienne née en 1949 en Algérie, ont sollicité la délivrance d’un certificat de résidence sur le fondement du b) de l’article 7 bis de l’accord franco-algérien. 

Par deux arrêtés du 20 février 2023, le préfet de Seine-et-Marne a refusé de leur délivrer un titre de séjour, les a obligés à quitter le territoire français dans un délai de trente jours et a fixé le pays à destination duquel ils pourront être éloignés à l’issue de ce délai. 

Par les deux requêtes déposées auprès du Tribunal administratif de Melun, M. FK et Mme JK demandent l’annulation de ces deux arrêtés. 

Aux termes de l’article 7 bis de l’accord franco algérien susvisé : « (…) Le certificat de résidence valable dix ans est délivré de plein droit sous réserve de la régularité du séjour pour ce qui concerne les catégories visées au a), au b), au c) et au g) : / (…) b) À l’enfant algérien d’un ressortissant français si cet enfant a moins de vingt et un ans ou s’il est à la charge de ses parents, ainsi qu’aux ascendants d’un ressortissant français et de son conjoint qui sont à sa charge (…) ». 

L’autorité administrative, lorsqu’elle est saisie d’une demande tendant à la délivrance d’un certificat de résidence au bénéfice d’un ressortissant algérien qui fait état de sa qualité d’ascendant à charge d’un ressortissant français, peut légalement fonder sa décision de refus sur la circonstance que l’intéressé ne saurait être regardé comme étant à la charge de son descendant, dès lors qu’il dispose de ressources propres, que son descendant de nationalité française ne pourvoit pas régulièrement à ses besoins, ou qu’il ne justifie pas des ressources nécessaires pour ce faire. 

Il ressort des pièces du dossier que M. FK perçoit une retraite de 58 335 dinars par mois, ce qui est supérieur au montant du salaire national minimum garanti algérien fixé, depuis le 1er juin 2020, à 20 000 dinars par mois. Il n’est par ailleurs pas démontré que les époux ne disposaient pas ainsi de ressources propres d’un montant suffisant pour leur assurer une indépendance financière et assurer leurs besoins en Algérie. 

En outre, les cinq ordres de virement de leur fils à leur bénéfice effectué entre janvier 2019 et avril 2019 d’un montant total de 1850 euros et les ordres de virement de leur fille à compter de décembre 2019 ne permettent pas d’établir que leurs enfants pourvoyaient régulièrement à leurs besoins avant leur entrée en France. 

Dans ces conditions, quand bien même le fils de nationalité française disposerait des ressources et d’un logement lui permettant de prendre en charge ses parents, le moyen tiré de la méconnaissance des stipulations précitées de l’article 7 bis de l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968 modifié doit être écarté. 

Aux termes des stipulations de l’article 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales : « 1. Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance. / 2. Il ne peut y avoir ingérence d’une autorité publique dans l’exercice de ce droit que pour autant que cette ingérence est prévue par la loi et qu’elle constitue une mesure qui, dans une société démocratique, est nécessaire à la sécurité nationale, à la sûreté publique, au bien-être économique du pays, à la défense de l’ordre et à la prévention des infractions pénales, à la protection de la santé ou de la morale, ou à la protection des droits et libertés d’autrui ». 

Pour contester les décisions attaquées leur refusant un titre de séjour, M. FK et Mme JK soutiennent qu’ils ont le centre de leurs intérêts privés et familiaux sur le territoire français où ils résident depuis février 2019. 

Il ressort des pièces du dossier que le couple est hébergé par leur fils, de nationalité française, et son épouse depuis leur date d’arrivée en France, ainsi que cela ressort de l’attestation d’hébergement produite, que leur première fille est de nationalité française et réside en France avec son époux et ses enfants, que leur seconde fille est de nationalité belge et que leur dernier fils est présent sur le territoire français. 

Il ressort en outre des pièces du dossier, que leurs deux enfants français les aident matériellement en leur versant de l’argent de manière régulière depuis leur arrivée sur le territoire français en 2019.

Enfin, il ressort des pièces du dossier que, à la date de la décision attaquée, Mme JK est âgée de 73 ans et M. FK est âgé de 83 ans, qu’il a souffert d’un cancer du côlon dont il a été opéré en 2018, raison de leur venue en France afin d’être plus proche de leurs enfants, et qu’il présente un début de maladie dégénérative ainsi que cela ressort du compte-rendu de consultation du 26 mai 2020.

Dans ces conditions, eu égard à l’intensité des liens familiaux dont ils justifient en France, de l’absence de famille dans leur pays d’origine et de la situation de santé justifiant leur proximité avec leurs enfants, M. FK et Mme JK sont fondés à soutenir qu’en refusant de leur délivrer un titre de séjour, le préfet de Seine-et-Marne a porté à leur droit au respect de leur vie privée et familiale une atteinte disproportionnée au regard des buts poursuivis par ses décisions et a ainsi méconnu les stipulations précitées de l’article 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. 

Il résulte de ce qui précède, sans qu’il soit besoin de se prononcer sur les autres moyens des requêtes, que M. FK et Mme JK sont fondés à demander l’annulation des arrêtés du 20 février 2023 par lesquels le préfet de Seine-et-Marne leur a refusé la délivrance d’un titre de séjour, les a obligés à quitter le territoire français dans un délai de trente jours et a fixé le pays à destination duquel ils pourront être éloignés à l’issue de ce délai. 

Sur les conclusions à fin d’injonction : 

Eu égard au motif d’annulation retenu, le présent jugement implique qu’il soit enjoint au préfet de Seine-et-Marne, ou à tout autre préfet territorialement compétent, en application des dispositions de l’article L. 911-1 du code de justice administrative, de délivrer à M. FK et Mme JK un titre de séjour temporaire d’un an chacun portant la mention « vie privée et familiale » dans un délai de deux mois à compter de la notification du présent jugement. 

Références : Jugements numéros 2302671, 2302673 du 30 janvier 2025 du Tribunal administratif de Melun 

Me Fayçal Megherbi, avocat à la Cour 

L’Algérie, richesse de la France, la France, fardeau de l’Algérie

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Pétrole

Il fut un temps où l’Algérie ne se limitait pas à être une ligne de plus sur la carte de l’empire colonial français : elle en était l’un des piliers. Dès 1830, l’expansion coloniale française en Algérie s’accompagne d’une exploitation intensive des terres et des ressources naturelles. Le blé algérien nourrit la France, tandis que la vigne plantée par les colons devient l’un des principaux produits exportés.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’Algérie fournit également à la France une main-d’œuvre abondante, indispensable à la reconstruction et à l’essor des Trente Glorieuses. Le minerai de fer des mines de Ouenza et Boukhdadra, ainsi que les hydrocarbures sahariens découverts dans les années 1950, renforcent la dépendance de la métropole à sa colonie.

Mais si la France a su tirer parti de l’Algérie, l’inverse est-il vrai ? Voilà une question qui dérange. Car derrière les discours officiels d’amitié et de coopération, une autre réalité se dessine : la France, loin d’avoir quitté l’Algérie en 1962, continue d’y peser, mais cette fois sous une autre forme, celle du fardeau politique, économique et même mémoriel.

Une dépendance bien entretenueL’indépendance aurait dû être synonyme d’émancipation, mais la France n’a jamais vraiment lâché prise. Les accords d’Évian de 1962, censés sceller une séparation nette, garantissent en réalité à la France un accès privilégié aux ressources énergétiques sahariennes jusqu’en 1971, date à laquelle Houari Boumédiène décide de nationaliser les hydrocarbures algériens. 

Cependant, cette rupture ne marque pas la fin de l’influence française. Les entreprises hexagonales, telles que Total ou Engie, restent omniprésentes en Algérie, perpétuant une forme de dépendance économique.

Plus tard, la coopération économique s’est transformée en un subtil rapport de domination. L’Algérie, bien que riche en ressources, continue d’importer massivement des produits français, notamment agroalimentaires et pharmaceutiques. La balance commerciale reste déséquilibrée, et Paris conserve une position de premier plan dans les investissements étrangers en Algérie. La dépendance technologique est un autre frein au développement : l’industrie algérienne, malgré ses tentatives de diversification, reste souvent tributaire du savoir-faire et des équipements français.

Et que dire du poids des élites formées à l’ombre de la France ? Ministres, hommes d’affaires, intellectuels, tous portent en eux l’empreinte d’un héritage qui refuse de s’effacer. Le système éducatif algérien, bien que réformé, conserve le français comme langue dominante dans l’administration et l’enseignement supérieur. Cette situation limite les ouvertures vers d’autres partenaires économiques et culturels, comme la Chine, la Russie ou la Turquie, pourtant de plus en plus présents sur la scène algérienne.

Comme le dira Mohammed Lacheraf dans les années 1970 : « Il arrivera un jour où l’Algérien ne saura pas un b.a.-ba, mais la France le lui vendra au prix que l’on sait. » Une prophétie qui, cinquante ans plus tard, résonne toujours avec force.

Un jeu d’ombres et de secrets bien gardésLes relations franco-algériennes ressemblent à une partie d’échecs où chaque camp avance ses pièces avec prudence, tout en veillant à ne pas trop dévoiler son jeu. Derrière les discours officiels se cachent des intérêts stratégiques, des accords tacites et surtout des vérités gênantes que ni Alger ni Paris ne veulent voir exposées.

Chacun détient des dossiers sensibles sur l’autre, des secrets d’État soigneusement dissimulés sous le tapis de la diplomatie. La France, par exemple, connaît les arcanes du pouvoir algérien, les tensions internes, les jeux d’influence au sommet, les circuits financiers obscurs. De son côté, l’Algérie n’ignore rien des exactions coloniales, des non-dits de la guerre d’indépendance, des complicités d’hier et des compromissions d’aujourd’hui.

Ainsi, les deux se tiennent mutuellement par la barbichette, contraints à un équilibre instable où personne ne peut frapper trop fort sous peine de voir des vérités explosives surgir au grand jour. Ce n’est plus une relation d’égal à égal, ni même un lien entre ancien colonisateur et ancienne colonie : c’est une cohabitation contrainte, faite de méfiance, d’intérêts et de menaces voilées.

Si la France a profité de l’Algérie pour bâtir sa puissance, elle lui a aussi laissé un cadeau empoisonné : les essais nucléaires réalisés au Sahara entre 1960 et 1966. Reggane et In Ekker résonnent encore comme des noms maudits, témoins d’une époque où la France testait sa force de frappe sans se soucier des conséquences. Aujourd’hui encore, le désert garde la trace de ces expériences : des zones contaminées, des populations exposées aux radiations, et un silence assourdissant du côté français lorsqu’il s’agit d’assumer la responsabilité du nettoyage. Si quelqu’un doit tenir le balai, ce serait bien à la France de le faire.

Mais l’ironie veut que l’Algérie, riche en hydrocarbures, soit elle-même prisonnière d’une autre pollution : celle de ses torchères de gaz, ces flammes éternelles qui illuminent le désert tout en empoisonnant l’atmosphère. Pendant que la France a laissé des déchets radioactifs enfouis sous le sable, l’Algérie brûle chaque jour une part de sa richesse, symbole criant d’une manne mal exploitée. Finalement, l’un a souillé la terre, l’autre l’air… et personne ne semble pressé de nettoyer.

Un divorce impossible ? La responsabilité de qui ? La France, l’Algérie ou les deux ? Ou ni l’un ni l’autre ?

Tout dépend du prisme sous lequel on analyse cette relation. La France a incontestablement profité de l’Algérie, hier et aujourd’hui. L’Algérie, bien que riche en ressources, s’est enfermée dans un modèle de dépendance. Un jeu de dupes s’est installé : chaque partie accuse l’autre tout en maintenant des liens étroits. 

Peut-être faut-il voir dans cette relation un cas d’école du néo-colonialisme moderne : une indépendance en trompe-l’œil, où l’ancien maître n’a jamais totalement lâché prise et où l’ancien dominé peine à s’affranchir complètement.

Finalement, comme l’aurait dit Coluche : « L’indépendance, c’est comme une grande fête. Après, il faut nettoyer. » Encore faut-il savoir qui tient le balai…

Dr A. Boumezrag

Paris et Rabat : plus qu’amis, pas encore frères, mais déjà rivaux ?

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Macron et M6
Emmanuel Macron et Mohammed 6 au Maroc

Il fut un temps où la relation entre la France et le Maroc relevait presque du conte de fées diplomatique. Une complicité historique, des intérêts économiques entremêlés, une coopération sécuritaire sans faille. Mais aujourd’hui, derrière les sourires de façade et les poignées de main appuyées, une autre réalité se dessine : celle d’un duo qui s’aime autant qu’il se méfie, d’une alliance où la fraternité est encore une illusion et où la rivalité s’installe insidieusement.

Officiellement, Paris et Rabat affichent une relation au beau fixe. Depuis la reconnaissance officielle par la France de la marocanité du Sahara occidental, les liens semblent renforcés. Investissements français en terre saharienne, soutien diplomatique actif, coopération militaire renforcée : la France s’aligne sur la stratégie marocaine et semble parier sur le royaume chérifien comme son principal allié en Afrique du Nord.

Mais derrière ce rapprochement, une dynamique plus complexe est à l’œuvre. Car si Paris pense trouver dans Rabat un partenaire fiable et stratégique, le Maroc, lui, joue une partition plus autonome, n’hésitant plus à afficher une indépendance diplomatique qui froisse l’ego français. Après tout, Rabat n’a pas attendu Paris pour obtenir le soutien de Washington sur le dossier du Sahara, ni pour développer ses liens avec d’autres puissances comme Israël, la Russie ou encore la Chine.

La rivalité économique : qui tient qui ?Si la France reste le premier investisseur au Maroc, son hégémonie économique y est de plus en plus contestée. Les entreprises marocaines s’affranchissent progressivement de la tutelle française et lorgnent sur de nouveaux partenaires. Rabat multiplie les accords commerciaux avec Pékin et Ankara, et favorise de plus en plus les investissements américains et britanniques.

Côté énergie, le Maroc mise sur l’essor des énergies renouvelables et cherche à réduire sa dépendance aux entreprises françaises. Autant d’éléments qui annoncent un rééquilibrage des forces où Paris, autrefois en terrain conquis, doit désormais composer avec un partenaire qui ne veut plus être un simple vassal.

La France et le Maroc partagent une longue tradition de coopération militaire, mais là encore, la relation se complexifie. Rabat, fort du soutien américain et israélien, modernise son armée à grande vitesse et réduit progressivement sa dépendance aux équipements français. La récente annonce de manœuvres militaires franco-marocaines près des frontières algériennes a montré une volonté de Paris de consolider son alliance avec Rabat, mais a aussi exposé les limites de cette coopération : qui dirige réellement l’alliance ? La France soutient-elle le Maroc, ou est-ce le Maroc qui instrumentalise la France dans sa propre stratégie régionale ?

Longtemps perçue comme un grand frère protecteur, la France voit son rôle redéfini. Le Maroc, porté par sa montée en puissance en Afrique, commence à jouer dans une autre catégorie. Il se pose en

leader régional, tisse sa propre toile d’alliances et se permet même de remettre Paris à sa place lorsque les intérêts divergent.

Le plus frappant ? Le dossier du Sahel. Alors que la France se fait chasser du Mali et du Burkina Faso, le Maroc, lui, se positionne discrètement comme un médiateur influent, gagnant en crédibilité là où Paris perd du terrain. Une inversion des rôles qui n’a rien d’anodin.

Frères ennemis en devenir ?Si l’amitié entre Paris et Rabat reste solide en apparence, elle repose sur des intérêts de plus en plus divergents. Le Maroc ne veut plus être un simple allié docile ; la France, elle, peine à redéfinir sa place dans cette relation qui lui échappe.

Alors, plus qu’amis ? Oui. Pas encore frères ? Assurément. Mais déjà rivaux ? De plus en plus. Et dans ce jeu de dupes, une question demeure : qui finira par dominer l’autre, ou du moins, qui parviendra à ne pas se faire avaler tout entier ?

ConclusionEntre la France et le Maroc, la relation oscille entre complicité et défiance. Paris pensait avoir un allié fidèle, mais Rabat joue désormais selon ses propres règles. Loin d’être une simple relation fraternelle, cette alliance ressemble davantage à un duel feutré où chacun teste les limites de l’autre, sans jamais rompre complètement. La France, autrefois en position de force, doit maintenant composer avec un Maroc plus audacieux et stratégiquement autonome.

Peut-être est-il temps pour Paris de méditer cette célèbre phrase de Talleyrand : « On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’asseoir dessus. »

Car à force de vouloir ménager Rabat tout en protégeant ses propres intérêts, la France risque bien de se retrouver dans une posture pour le moins inconfortable…

Paris a longtemps joué un rôle prépondérant au Maroc, usant de son poids économique, diplomatique et militaire pour asseoir son influence. Mais aujourd’hui, Rabat ne se contente plus de suivre la ligne française. Il diversifie ses alliances, notamment avec Washington et Tel-Aviv, et affirme son autonomie. La France, quant à elle, tente de maintenir cette relation privilégiée tout en protégeant ses propres intérêts, au risque de se retrouver dans une position inconfortable et instable.

Ainsi, Paris ne peut plus se contenter d’exercer une influence passive sur Rabat sans en payer le prix. Elle doit choisir : s’adapter aux nouvelles ambitions marocaines ou risquer de voir son rôle s’éroder au profit d’autres puissances. Un exercice d’équilibriste où la moindre erreur pourrait transformer une alliance en rivalité ouverte.

. L’influence française en Afrique, notamment au Sahel, traverse une crise profonde. Autrefois perçue comme une puissance incontournable, la France voit aujourd’hui son modèle d’intervention contesté, voire rejeté. Plusieurs facteurs expliquent cette mise à l’épreuve :

La France a longtemps adopté une posture paternaliste, croyant pouvoir dicter le tempo des relations avec ses anciennes colonies. Or, les dynamiques africaines ont changé : de nouveaux acteurs comme la Russie, la Chine ou la Turquie s’imposent, et les pays africains veulent désormais tracer leur propre chemin.

L’interventionnisme français, en particulier au Sahel, a alimenté un ressentiment populaire. Les coups d’État successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont tous été marqués par une rhétorique anti-française, dénonçant un partenariat jugé inégal et inefficace contre le terrorisme.

Le départ précipité des forces françaises du Mali et du Niger a marqué un tournant. Des pays qui étaient jadis des alliés sûrs se détournent désormais de Paris au profit d’autres puissances, notamment la Russie à travers le groupe Wagner.

L’influence française passait également par le contrôle économique, notamment via le Franc CFA et les intérêts des grandes entreprises françaises. Or, de plus en plus de nations africaines réclament une souveraineté monétaire et diversifient leurs partenariats économiques.

Face à ces défis, la diplomatie française semble hésitante. Doit-elle s’adapter à cette nouvelle donne en repensant ses relations avec l’Afrique, ou continuer sur une ligne dure qui pourrait accélérer son éviction ? Pour l’instant, Paris peine à sortir de son schéma classique, adoptant une posture défensive plutôt qu’anticipatrice.

Comme le disait Charles de Gaulle : « Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples. »

Peut-être est-il temps pour la France d’aborder l’Afrique complexe avec une approche plus humble et réaliste.

Dr A Boumezrag

Le Congrès mondial amazigh (CMA) communique

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CMA

Nous, membres du bureau mondial du Congrès mondial amazigh (CMA) et membres du conseil fédéral, souhaitons prendre la parole après trois longues années marquées par des évènements difficiles pour notre organisation, notamment l’emprisonnement et la condamnation injuste de notre coprésidente.

Après trois ans de détention injuste, notre coprésidente a été libérée après avoir purgé la totalité de sa peine, mais cette épreuve a laissé des séquelles et des défis à relever pour le CMA. Il est crucial d’éclairer l’opinion publique sur les récentes évolutions qui ont affecté le CMA.

En tant que représentants de cette institution, nous exprimons notre consternation face aux graves violations des statuts et du règlement intérieur par certains membres de la Diaspora. Nous tenons à souligner plusieurs points préoccupants :

– Des exclusions injustifiées ont été imposées à des membres du Bureau, y compris notre co-président et la trésorière, sans fondement légitime.

– Des décisions arbitraires ont été prises sans la consultation des instances compétentes et des membres, fragilisant ainsi notre cohésion.

– Un climat délétère, préjudiciable à la confiance, a été instauré, compromettant le bon fonctionnement de notre organisation.

– L’accaparement des décisions par certains membres en dehors du cadre statutaire a conduit plusieurs membres du Bureau mondial et du conseil fédéral à quitter le CMA.

– Le secrétaire général, en connivence avec certains membres de la Diaspora, a profité de la situation délicate d’un de nos membres pour procéder à des changements illégaux et contraires à l’éthique au sein du bureau et de la présidence.

– La décision d’organiser les prochaines assises du CMA au Maroc constitue de facto une exclusion des Amazighs vivants en Algérie. Étant donné les tensions diplomatiques entre nos deux pays, il est extrêmement difficile, voire impossible, pour les Amazighs d’Algérie de se rendre au Maroc.

Nous rappelons que le CMA est une organisation non gouvernementale, indépendante des États et des partis politiques. Notre vocation est de défendre et de promouvoir les droits amazighs ainsi que les droits humains en général.

Nous souhaitons également faire savoir que nous nous dissocions de toute décision ou activité du CMA qui ne respecte pas les principes fondamentaux sur lesquels cette organisation a été fondée. 

Nous espérons que cette lettre contribuera à clarifier notre position et à restaurer la confiance au sein de notre communauté.

 Afrique du Nord le 08 Mars 2025 / 8Mars 2975

Pour le bureau mondial et le conseil fédéral,  

Les coprésidents,  Kamira Nait Sid et Khalid Zerrari

Vice-président Charif Adardak (Maroc) 

Vice-président Jallol Ghaki (Tunisie) 

Vice-président Ali Atinboukti (Mali)

Vice-président Mohamed Khalilou (Niger) 

La trésorière Nadia Akkar  

Le ministre français Gérald Darmanin en visite à Rabat

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Darmanin
Le ministre de la justice français, Gérald Darmanin.

Alors que la coopération judiciaire entre les deux pays ne cesse de se renforcer, notamment en matière de lutte contre le narcotrafic, le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, va rencontrer son homologue marocain, Abdellatif Ouahbi, pour évoquer la lutte contre le terrorisme et contre le crime organisé.

Nouveau signe du réchauffement diplomatique en cours entre la France et le Maroc, le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, est attendu dimanche 9 mars à Rabat où il va notamment rencontrer son homologue, Abdellatif Ouahbi. Lors de leur entretien, les deux dirigeants devraient en particulier évoquer les questions de lutte contre le terrorisme et contre le crime organisé, dans le contexte du renforcement de la coopération judiciaire entre les deux pays.

Ces dernières semaines, celle-ci a notamment été marquée par deux événements significatifs. À la fin du mois de février d’une part, deux complices présumés du narcotraficant Mohamed Amra récemment remis à la justice française après son interpellation en Roumanie ont été arrêtés à Marrakech à la demande de Paris. Soupçonnés d’avoir participé à la préparation de l’opération qui a permis à Mohamed Amra d’échapper à ses geôliers, le 14 mai dernier, en Normandie – une évasion dans laquelle deux agents pénitentiaires français ont été tués -, l’un et l’autre pourraient être prochainement extradés vers la France. 

« Le Chat » renvoyé en France

En janvier dernier d’autre part, l’homme considéré par Gérald Darmanin comme « l’un des plus gros narcotrafiquants de France », Félix Bingui dit « Le Chat », a, lui, été renvoyé dans l’Hexagone, 10 mois après son arrestation au Maroc. Il est le chef présumé du clan Yoda, l’une des deux organisations marseillaises qui dominent le marché de la drogue.

Lors de leur entrevue, Gérald Darmanin et Abdellatif Ouahbi pourraient aussi aborder la question de la délivrance des laisser-passer consulaires, document qui permet à la France d’expulser les immigrés illégaux ne disposant pas de passeport. Au mois d’octobre dernier, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait annoncé à Rabat qu’un accord avait été trouvé entre la France et le Maroc « pour raccourcir les délais » d’expulsion des personnes sous OQTF.

RFI

Quand l’Algérien parle mieux français… que les Français…

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Français

François Bayrou, Premier ministre français, vient de nous offrir une nouvelle perle de la diplomatie franco-algérienne : selon lui, l’Algérie mènerait un combat acharné contre la langue française. Voilà une affirmation qui, si elle n’était pas aussi grotesque, prêterait presque à sourire.

Car enfin, Monsieur le Premier ministre, comment peut-on oser avancer pareille ineptie quand on sait que l’Algérie respire en français, débat en français, signe ses accords en français et continue de produire une littérature francophone d’une richesse inégalée ? Un combat contre le français, dites-vous ? Drôle de guerre alors, menée dans les couloirs des administrations, dans les entreprises et jusque dans les conversations du quotidien.

Une Histoire écrite en français… malgré ellePermettez-moi un petit retour en arrière. Dans les années 1950, l’Algérien « indigène », comme on aimait l’appeler dans la République une et indivisible, savait dessiner la carte de la France les yeux fermés. Il récitait par cœur les fleuves hexagonaux et l’histoire de Clovis pour décrocher un diplôme qui, au final, le destinait aux travaux manuels. L’élitisme républicain s’arrêtait aux frontières de la Méditerranée. 

À l’indépendance en 1962, 85 % des Algériens étaient analphabètes, conséquence d’un système éducatif conçu pour exclure. La France n’a pas enseigné sa langue aux Algériens par générosité, mais pour asseoir son hégémonie coloniale.

Et pourtant, lorsqu’il a fallu rédiger la Déclaration du 1er novembre 1954, lancer la révolution et signer les Accords d’Évian, c’est bien en français que cela s’est fait. La première Constitution algérienne ? Rédigée en français. Les accords de libre circulation entre nos deux pays ? En français aussi.

L’Algérie indépendante a certes entrepris une politique de valorisation de l’arabe et du tamazight, mais jamais au détriment du français, qui demeure la langue des sciences, du commerce et de la diplomatie. Il suffit d’assister aux débats parlementaires, de consulter la presse ou d’ouvrir un manuel universitaire pour constater que cette langue y règne encore en maître.

Aujourd’hui encore, un tour dans n’importe quel ministère, une réunion d’entreprise ou une discussion au café suffit pour comprendre que le français n’a jamais été aussi vivant en Algérie. Près de 33 millions d’Algériens, soit 70 % de la population, le pratiquent quotidiennement. L’Algérie est le deuxième pays francophone au monde après la France ! Les écoles privées et instituts de formation en langue française fleurissent, et les universités algériennes publient encore massivement leurs travaux en français. D’ailleurs, paradoxalement, la France délivre chaque année des milliers de visas étudiants à de jeunes Algériens désireux de poursuivre leurs études… en français.

Sur le plan économique, les entreprises françaises implantées en Algérie n’ont pas à se battre pour imposer la langue de Molière : elle est la langue du business. Bouygues, Total, BNP Paribas et autres géants français ne s’en plaignent pas, bien au contraire.

Mais au-delà des constats linguistiques, il y a un autre malaise que votre déclaration tente de masquer, Monsieur le Premier ministre. Lorsque l’écrivain franco-algérien en détention en Algérie remet en question l’intégrité du territoire national, vous montez au créneau pour défendre la liberté d’expression. Mais où était cet élan protecteur quand Yasmina Khadra, auteur majeur traduit dans le monde entier, portait haut et fort la francophonie algérienne ? Étrangement, son œuvre colossale, qui fait rayonner le français bien au-delà des cercles parisiens, semble ne pas mériter votre soutien.

Ce « deux poids, deux mesures » n’est pas anodin. Il trahit une inquiétude plus profonde : la France ne défend pas tant la langue française que l’idée d’un français qui lui appartient, un français sous tutelle, un français qu’elle pourrait encore contrôler. Or, c’est bien cela qui dérange : voir l’Algérie s’approprier cette langue et la faire sienne sans rendre de comptes.

Alors, Monsieur Bayrou, arrêtons un instant la politique de posture. L’Algérie ne combat pas le français, elle s’émancipe d’une tutelle linguistique imposée, ce qui n’a rien d’un rejet. Loin de s’éteindre, la langue de Molière vit, se transforme, se métisse, portée par des générations qui l’ont faite leur. Et si la France, au lieu de se poser en victime imaginaire, s’interrogeait sur sa propre difficulté à renouveler son influence ?

Parce qu’à bien y réfléchir, Monsieur le Premier ministre, la vraie question n’est pas de savoir si l’Algérie combat le français, mais plutôt pourquoi la France craint tant de ne plus en avoir le monopole.

Ainsi, la langue française n’a jamais été aussi vivante en Algérie, bien qu’elle y ait été imposée par la force avant d’être adoptée par l’intelligence. Ce n’est pas l’Algérie qui la combat, c’est la France qui peine à assumer qu’elle ne lui appartient plus exclusivement. L’héritage linguistique ne se décrète pas, il se vit, se façonne et se réinvente bien au-delà des frontières de l’Hexagone.

Pour conclure, permettez-moi de détourner cette célèbre citation de Talleyrand : « La France a tout appris à l’Algérie, sauf à s’en passer. » 

Quoi qu’on dise, la presse française peine à reconnaître cette réalité : la francophonie ne se limite plus à la France et ne lui appartient plus en exclusivité. Lorsqu’il s’agit de défendre un écrivain remettant en cause l’intégrité territoriale de l’Algérie, elle crie à l’atteinte aux libertés. Mais quand il s’agit de célébrer des figures comme Yasmina Khadra, qui portent la langue française avec brio au-delà des frontières, le silence est assourdissant.

Au fond, cette posture révèle une difficulté à accepter que le français, jadis outil de domination, soit devenu un espace d’expression libre et affranchi, y compris en Algérie. C’est peut-être cela qui dérange : une langue qui échappe à son ancien maître, qui se transforme, évolue, et prospère… sans lui.

À l’ancien ministre de l’Éducation nationale devenu Premier ministre, on pourrait dire ceci :

Monsieur Bayrou, vous qui avez consacré une partie de votre carrière à défendre la langue française, vous devriez être le premier à vous réjouir de sa vitalité en Algérie. Mais au lieu de cela, vous semblez regretter qu’elle y vive librement, affranchie de la tutelle française.

Vous savez mieux que quiconque que l’Algérie n’a jamais combattu le français. Elle l’a conquis après l’avoir subi, elle l’a transformé après l’avoir appris, et aujourd’hui, elle le fait rayonner bien au-delà de vos inquiétudes rhétoriques.

Alors pourquoi cet acharnement à voir dans l’Algérie une menace pour votre langue, quand c’est peut-être elle qui lui offre aujourd’hui un second souffle ? Ne serait-il pas temps de reconnaître que le français ne se meurt pas en Algérie, mais qu’il y renaît, tout simplement… sans votre permission ?

Si la vitalité du français en Algérie se mesurait aux visas accordés par la France, alors il devrait admettre que Paris ne délivre pas des documents de voyage, mais bien des certificats d’attachement linguistique. Pourtant, l’amour d’une langue ne se quémande pas à une ambassade, et encore moins à travers un passeport, fût-il diplomatique.

Le français en Algérie n’a pas besoin de visa pour circuler dans les rues d’Alger, d’Oran ou de Constantine. Il n’a pas attendu une approbation de l’Élysée pour s’ancrer dans la culture, la littérature et les débats du quotidien. Il n’est pas un privilège accordé à quelques-uns, mais une réalité partagée par des millions d’Algériens.

Alors, Monsieur Bayrou, si votre inquiétude pour le français en Algérie se résume à une affaire de visas et de passeports, c’est que vous avez déjà perdu le vrai combat : celui de la transmission naturelle d’une langue qui se vit, se transforme et prospère, qu’on le veuille ou non.

Monsieur Bayrou, Le français en Algérie n’a pas attendu votre aval pour exister, ni votre inquiétude pour survivre. Ce que l’Histoire a imposée, l’Algérie l’a transcendée. Ce que la colonisation a forcée, l’intelligence collective l’a transformée. Aujourd’hui, le français y est un butin de guerre devenu outil de pensée, un héritage imposé devenu ric

Alors, cessez d’agiter l’épouvantail d’un prétendu combat contre votre langue. Le seul combat qui se joue, c’est celui de l’émancipation d’un français qui ne vous appartient plus. Et si cela vous dérange.

Dr A. Boumezrag

Krim Belkacem : un livre enquête sur son assassinat publié par Farid Alilat

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« Krim Belkacem, un crime d’Etat »
« Krim Belkacem, un crime d’Etat »

Le journaliste Farid Alilat a publié « Krim Belkacem, un crime d’Etat : règlements de comptes au coeur du pouvoir algérien », un livre-enquête truffé de révélations sur l’assassinat de Krim Belkacem, chef historique du FLN et signataire des accords d’Évian.

20 octobre 1970, dans une chambre de l’Intercontinental de Francfort, Krim Belkacem est retrouvé mort, assassiné deux jours auparavant.

Homme politique algérien faisant partie des neuf membres historiques du Front de libération nationale (FLN) durant la guerre d’indépendance algérienne, il a signé, en tant que plus haut gradé des anciens maquisards, les accords d’Évian, et sera par la suite un fervent opposant à Boumédiène.

Pourquoi et comment Krim Belkacem s’est-il retrouvé dans cette chambre d’hôtel ? Comment, entre Alger, Paris, Rabat, Genève, Beyrouth et Francfort, s’est tramé son assassinat ? Quels en sont les commanditaires ?

Cinquante-quatre ans plus tard, sa mort est encore nimbée de mystères. Grâce à des documents exclusifs obtenus auprès des archives de la police et de la justice allemandes et auprès de la famille, Farid Alilat répond à ces questions au cœur d’une enquête brillamment menée, conduite en Allemagne, en France, en Suisse, au Liban et au Maroc.

Par sa connaissance approfondie de l’histoire et de la politique algériennes, le journaliste retrace dans ce récit qui se lit comme un roman haletant un des moments clés des relations entre l’Algérie et la France : que nous dit cet assassinat des relations entre les deux pays ?
Il revient pour ce faire sur la guerre d’Algérie, l’importance du rôle de De Gaulle dans le processus d’indépendance, la présence de Krim Belkacem en France, qui savait que sa tête était mise en prix, et sur l’intrication des différents réseaux, avec pour commanditaire Boumédiène.

Syrie : plus de 1000 morts dans des exactions et combats

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Syrie

Le chaos règne dans certains partie de la Syrie depuis trois jours. Le nouveau bilan donné samedi soir par l’ONG porte à 1018 le nombre total de morts dans les violences qui touchent le pays depuis trois jours.

Le dirigeant syrien Ahmed al-Charaa a appelé, dimanche 8 mars, à l’unité nationale et à la paix civile. « Si Dieu le veut, nous serons capables de vivre ensemble dans ce pays », a encore déclaré celui qui a dirigé la coalition islamiste sunnite ayant renversé Bachar al-Assad le 8 décembre. Une prise de parole qui intervient alors que 745 civils ont été tués en trois jours dans le pays selon le dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) publié samedi soir. Ces violences sont les premières de cette ampleur depuis la prise de pouvoir de la coalition rebelle emmenée par le groupe islamiste radical sunnite Hayat Tahrir al-Sham, HTS.

Elles ont éclaté jeudi après plusieurs jours de tensions dans la région de Lattaquié, un bastion de la minorité musulmane alaouite, dont est issu le clan Assad. Depuis, « 745 civils alaouites ont été tués dans les régions de la côte syrienne et des montagnes de Lattaquié par les forces de sécurité et des groupes affiliés », selon le bilan publié en début de soirée par l’ONG. 

L’ONU appelle à la fin des hostilités

Cela porte le bilan des violences à 1018 morts, dont 273 membres des forces de sécurité et des combattants loyaux au clan Assad, selon la même source. L’ONG, basée au Royaume-Uni et disposant d’un vaste réseau de sources en Syrie, pointe des « exécutions sur des bases confessionnelles ou régionales ».

L’agence de coordination humanitaire de l’ONU (OCHA) a exhorté samedi les parties à « cesser immédiatement les hostilités et à épargner les civils ». La France a condamné avec « la plus grande fermeté les exactions qui ont frappé des civils sur une base confessionnelle et des prisonniers » en Syrie et les Eglises syriennes ont dénoncé les « massacres de civils innocents » et appelé « à une fin immédiate de ces actes horribles ».

Avec Francetvinfos