Les relations franco-algériennes : une valse diplomatique entre deux géants de l’histoire, ou plutôt, une comédie d’équilibriste où chaque acteur semble jouer à un jeu sans vraiment oser se toucher. Et qui dit « jeu », dit parfois sourires forcés, poignées de main protocolaires et échanges de formules de politesse, là où les regards ne se croisent jamais, comme une danse sans contact, presque artificielle.

Bienvenue dans l’univers de l’art de sourire sans se regarder dans les yeux, un sport parfaitement maîtrisé par Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune.

Macron, fraîchement débarqué dans la présidence française, a promis de tourner la page d’un passé colonial trop encombrant. Il a reconnu, sur fond de délicatesse, que la colonisation française en Algérie a laissé des cicatrices profondes. Mais dans le même souffle, il a soigneusement évité de prononcer le mot « repentance », comme on évite un sujet épineux à un dîner de famille. C’est subtil, c’est moderne, c’est politique, et cela fait sourire tout le monde — sauf peut-être ceux qui attendent une vraie prise de responsabilité.

De l’autre côté, Abdelmadjid Tebboune, président de l’Algérie, joue son propre rôle dans cette pièce de théâtre géopolitique. Son sourire est tout aussi poli, mais tout aussi fuyant. Il reste muet sur la question de la « réconciliation », oscillant entre un respect apparent des attentes des Algériens — qui réclament la reconnaissance de la souffrance passée — et une prudence glaciale vis-à-vis de tout geste qui pourrait ressembler à une concession à la France. Comme si, chaque fois qu’il prononçait « partenariat » ou « coopération », il se sentait obligé de regarder ailleurs, de peur que les ombres du passé ne surgissent de l’obscurité.

Les deux présidents ont bien compris que l’avenir se joue ailleurs que dans les abysses de la mémoire collective. La coopération économique, la lutte contre le terrorisme, l’immigration : voilà les véritables sujets de leur tango diplomatique. Mais il reste cette énigme, cette question sans réponse : pourquoi cette relation doit-elle toujours se faire dans le silence des regards ? Pourquoi ces rencontres de dirigeants finissent-elles souvent par ressembler à une parade, plus qu’à un véritable échange ?

La vérité, c’est que la France et l’Algérie n’ont jamais véritablement digéré l’histoire. Chaque geste, chaque mot prononcé par l’un ou l’autre des présidents est un calcul, une tentative de ne pas franchir la ligne invisible entre respect et réconciliation. Après tout, parler de la guerre d’Algérie, c’est risquer de rouvrir des plaies encore fraîches des deux côtés. On préfère alors s’attaquer aux dossiers « neutres », où les sourires peuvent réellement masquer l’absence de regard. Mais qu’en est-il des jeunes générations ? Ceux qui ne connaissent que des frontières ouvertes mais des mémoires encore fermées ? Qui, eux, attendent plus qu’une poignée de main sans engagement.

Et pourtant, malgré l’absence de regards croisés, il existe une forme d’intimité entre ces deux nations, cette danse du non-dit qui est à la fois leur héritage et leur fardeau. Les discours de Macron et de Tebboune sont comme des cartes postales : joliment formulés, soigneusement composés, mais rarement des témoignages de véritable proximité. Un sourire ici, une salutation là, et voilà qu’on feint d’avancer.

Alors, est-ce là l’essence de la politique moderne ? Une danse délicate où l’on sourit sans regarder l’autre, pour éviter les pièges de l’histoire ? Ou bien sommes-nous juste condamnés à un ballet où le temps de l’histoire se refuse à se plier aux exigences de l’instant ?

Les regards ne se croisent pas, mais les enjeux eux, sont bien réels. Et tant que les présidents continuent de sourire sans se regarder dans les yeux, la relation franco-algérienne restera cet art subtil de la politique de l’évitement — un art dont l’Algérie et la France sont devenues des maîtres.

En ce printemps 2025, l’équilibre entre les « uns » et les « autres » dans le cadre des relations franco-algériennes semble être une question plus pertinente que jamais. Les « uns » représentent ceux qui, au nom de la mémoire et du politique, préfèrent des discours de réconciliation qui, parfois, sonnent comme des vœux pieux. Ils sont souvent du côté des anciens dirigeants ou des voix historiques des deux pays, appelant à un dépassement des rancœurs et à une coopération basée sur des principes idéaux, sans véritable confrontation des réalités. Pour eux, « l’avenir » semble se trouver dans des déclarations symboliques, dans des gestes diplomatiques soigneusement orchestrés mais sans consistance réelle. Ils veulent tourner la page, mais sans toucher aux vieilles blessures. Ce sont ceux qui préfèrent l’apparence de la paix plutôt que la douleur de la vérité.

Les « autres », eux, sont les acteurs du changement réel, les bâtisseurs du futur qui ne peuvent se contenter de belles paroles. Ce sont les jeunes générations, tant en France qu’en Algérie, qui exigent une véritable réconciliation, qui n’ont pas la patience des discours enjolivés. Ce sont aussi les dirigeants actuels, comme Macron et Tebboune, qui, tout en avançant sur des questions pragmatiques telles que l’économie, la sécurité et l’immigration, sont contraints de jongler avec un passé qu’ils ne peuvent ni ignorer ni réconcilier de manière satisfaisante. Les défis pour ces derniers sont multiples : construire une relation solide malgré les rancœurs historiques, intégrer les demandes d’une population qui ne se satisfait plus des compromis, tout en faisant face à des enjeux mondiaux et géopolitiques pressants.

Ainsi, dans ce printemps 2025, les « uns » sont ceux qui, dans un optimisme un peu naïf, croient que la réconciliation viendra par des gestes symboliques, par un discours « réparateur » mais sans une confrontation réelle des mémoires. Les « autres » sont ceux qui, sur le terrain, savent que pour construire un avenir commun, il faut d’abord affronter les vérités qui fâchent, balayer les faux-semblants, et surtout se regarder dans les yeux sans détour, sans crainte des conséquences.

Les défis sont bien là : pour les « uns », il s’agit de sortir des illusions d’une réconciliation sans douleur, et pour les « autres », il s’agit de transformer cette confrontation en une construction concrète, sans plus de retard. Ce printemps, c’est un appel au courage pour oser regarder en face ce qui est encore trop souvent esquivé.

« Nous sourions à l’avenir tout en fuyant l’ombre du passé, mais ce sont nos regards qui, finalement, décident du chemin que nous emprunterons. »l

La mort est une lanterne qui nous éclaire sur le chemin de la vie »**qui

Qui ira à Canossa et qui ira à la Mecque ?

Certainement pas les deux ensemble dans la même direction 

Dr A. Boumezrag

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