Le monde de 2025 est un terrain de jeu géopolitique de plus en plus instable, où les acteurs se déplacent sans boussole, pris dans un tourbillon d’ambitions contradictoires.

 L’OTAN, autrefois symbole de la force militaire et politique occidentale, semble se dégonfler sous le poids des fractures internes et des contestations extérieures. De l’autre côté, les BRICS voient leur influence croître, bien que cette montée en puissance semble artificielle et fragile. Et au centre de ce tourbillon, l’Afrique, gonflée de promesses et d’attentes, s’enfonce toujours plus dans une logique de dépendance, incapable de transformer ses ressources en véritables leviers d’indépendance. Ce tableau géopolitique nous laisse une question lancinante : qui, en fin de compte, gouverne vraiment le monde ?

L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, fondée sur des principes de solidarité militaire entre les nations européennes et l’Amérique du Nord, s’effrite. Alors qu’elle avait pour mission de contenir les menaces de l’Est au temps de la guerre froide, l’OTAN se retrouve aujourd’hui désorientée dans un monde multipolaire, où les grands enjeux mondiaux ne se résument plus à une simple opposition entre l’Est et l’Ouest.

Les États-Unis, sous l’impulsion de Trump et d’une politique de repli, ont amorcé une réduction de leur engagement dans l’alliance, ne laissant à l’Europe que la responsabilité de gérer ses propres défis. Le rôle de leadership américain, autrefois central, semble en déclin. La Turquie, membre stratégique de l’OTAN, défie l’alliance en menant des politiques qui lui sont propres, tant en Syrie qu’en Méditerranée, creusant ainsi un fossé avec les autres membres. Quant aux pays européens, leur manque de cohésion, exacerbé par des divergences internes sur des sujets aussi cruciaux que la défense commune ou la gestion des frontières, a affaibli la capacité de l’OTAN à jouer le rôle de bouclier contre les tensions géopolitiques. L’OTAN, autrefois modèle de solidarité, est aujourd’hui une organisation gonflée d’ambitions vaines, qui peine à maintenir son autorité et sa pertinence.

En parallèle, les BRICS se gonflent de nouvelles promesses. Formés pour contrer la domination occidentale, les cinq pays – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud – cherchent à devenir les architectes d’un ordre mondial alternatif, loin des mécanismes hérités de la Seconde Guerre mondiale. L’expansion économique des BRICS, particulièrement celle de la Chine, leur a permis de se poser en alternatives aux institutions financières dominées par le FMI ou la Banque mondiale.

Mais cette montée en puissance est-elle réellement solide ? Les divergences internes des BRICS sont frappantes : entre la volonté de la Chine d’imposer son modèle de développement, les aspirations indiennes à une reconnaissance régionale, et la Russie qui, sous Poutine, poursuit ses objectifs géopolitiques en Asie et en Europe de l’Est, l’unité du groupe est de plus en plus fragilisée. Les BRICS sont une alliance sans véritable cohésion, et leur expansion semble plus être le reflet d’un désir de domination économique et politique que d’une volonté sincère de redéfinir l’équilibre mondial.

Si les BRICS veulent se présenter comme un contre-pouvoir mondial, la réalité est que cette montée en puissance ne repose pas sur des bases solides, mais sur des ambitions concurrentes et des politiques extérieures contradictoires. Leurs sujets d’intérêt communs (comme le développement économique) risquent de se briser sur les conflits internes.

Au cœur de ce grand jeu de pouvoirs, l’Afrique semble prise dans une spirale de dépendance, même si l’on promet au continent un avenir radieux. Gonflée de promesses, d’investissements et de nouvelles infrastructures, l’Afrique demeure néanmoins sous l’influence de puissances étrangères, qui exploitent ses ressources naturelles sans jamais lui permettre de bâtir une véritable indépendance économique et politique.

Ce gonflement artificiel se nourrit des interventions extérieures, qu’elles soient économiques, militaires ou diplomatiques. Les géants économiques, comme la Chine et les puissances occidentales, investissent massivement dans le continent, mais ces investissements se traduisent souvent par des dépendances économiques, plutôt que par un véritable renforcement de la souveraineté des nations africaines. L’Afrique devient ainsi une poupée gonflée de promesses mais toujours soumise aux pressions externes.

Les pays africains, bien qu’en plein développement, n’ont pas encore réussi à prendre le contrôle total de leur destin. L’enjeu est majeur : l’Afrique doit impérativement pouvoir s’affranchir de cette logique où ses ressources et ses opportunités sont toujours dirigées par des acteurs extérieurs. Sans une transformation radicale de son économie et de ses institutions politiques, l’Afrique risque de rester prisonnière de ses apparentes opportunités, incapables de les transformer en puissance véritable. L’Afrique se gonfle, mais elle risque de se dégonfler à nouveau si elle ne parvient pas à se réinventer.

Le monde en 2025 n’est plus celui de l’ordre unipolaire des années 1990, où les États-Unis régnaient sans partage. Nous sommes désormais dans une ère de multipolarité, où l’indépendance des grandes puissances ne suffit plus à structurer le système mondial.

Au contraire, les grandes puissances s’affrontent sur des échelles multiples, qu’elles soient économiques, militaires, ou diplomatiques, et les alliances qui se tissent au sein des BRICS, de l’OTAN, ou ailleurs, semblent plus fragiles qu’elles ne le paraissent.

Le monde n’est plus régi par une simple logique de dominance, mais par une série de jeux d’influence où les lignes sont floues et les rapports de force mouvants. L’instabilité règne, et les petites puissances, comme les pays africains ou ceux de l’Asie du Sud-Est, se retrouvent en marge d’un jeu de pouvoir qu’elles peinent à comprendre. La grande question qui émerge est : quels sont les mécanismes de gouvernance capables de réconcilier toutes ces ambitions, ces fractures, et ces tensions ?

Nous assistons, aujourd’hui, à un effondrement des structures géopolitiques traditionnelles. L’OTAN se dégonfle, les BRICS se gonflent, et l’Afrique s’enfle sans jamais pouvoir se libérer de ses entraves. Les fractures deviennent plus apparentes, les projections d’avenir plus incertaines. L’ordre mondial, tel qu’il est conçu aujourd’hui, ne peut plus fonctionner de manière durable. Il doit être repensé, réajusté, avec une nouvelle architecture de gouvernance mondiale.

Les grandes puissances devront nécessairement réduire leurs ambitions conflictuelles et s’engager dans une coopération authentique, en tenant compte des besoins réels des nations les plus vulnérables. Cela passe par une approche plus équilibrée, moins exploitative, où chaque acteur international pourra avoir sa place sans écraser ceux qui l’entourent. Le défi du XXIe siècle réside peut-être dans la reconstruction d’un ordre mondial qui valorise la coopération, non plus comme une option secondaire, mais comme un pilier central de la gouvernance mondiale.

Dr A. Boumezrag

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