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jeudi 21 novembre 2024
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Wissem Sifouane libre, Mohand Saïd Attaf lourdement condamné

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Wissem Sifouane

Le tribunal criminel de deuxième instance près de la cour d’Alger a condamné Mohand Saïd Attaf à 4 ans de prison. Condamnée à 3 ans de prison, dont 18 mois avec sursis, Wissem Sefouane quitte la prison ce lundi 18 décembre 2023.

Malheureusement, ce n’est pas le cas pour son co-accusé, Mohand Said Attaf, qui a vu sa peine réduite à 04 ans de prison ferme et à une amende.  Wissem Sefouane (24 ans) a écopé, quant à elle, de 03 ans de prison, dont 18 mois avec sursis.

Il est à noter que le parquet a requis 15 ans de prison ferme à l’encontre des deux accusés. Mohand Said Attaf est également poursuivi dans un dossier criminel.

Les détenus d’opinion, Wissem Sefouane et Mohand Saïd Attaf, ont été condamnés le 8 mai dernier, par le tribunal criminel de première instance de Dar El Beida, wilaya d’Alger, respectivement à 3 ans de prison ferme et à 7 ans de prison ferme.

Là aussi, le parquet avait requis 15 ans de prison pour chacun des détenus.

Le procès de la détenue d’opinion Wissem Sefouane est programmé pour le 08 mai 2023 devant le tribunal criminel de première instance de Dar El Beidha, wilaya d’Alger.

La plaidoirie dans le dossier de la détenue d’opinion, Wissem Sifouane, devant la chambre d’accusation près la cour d’Alger ( Ruisseau), a eu lieu mercredi 30 décembre 2022. Il a été procédé à la fin d’octobre 2022 au transfèrment de la détenue d’opinion, Wissem Sefouane, de la prison de Bouira vers celle de Koléa, wilaya de Tipaza.

Wissem Sifouane (24 ans) a été placée sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du tribunal de Bouira le 17 janvier 2022 .

Elle est placé en détention à la prison de Saïd Abid (Bouira).

Pour rappel, Wissem Sifouane a été placée en garde à vue à la brigade de gendarmerie nationale de Bechloul depuis son arrestation mercredi 12 janvier 2022 avec perquisition au domicile familial par des éléments de la gendarmerie nationale.

L.M./Cnld

Les tyrans et la présidentielle !

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Tebboune

On le sait, les tyrans ont toujours des amis. Tout le monde ou presque cherche leur compagnie, du moins jusqu’à leur chute. Ce qui n’est pas le cas des victimes de l’arbitraire.

Les anciens détenus d’opinion en Algérie en savent quelque chose. Ils vivent, certes avec dignité, mais comme des parias. Ils sont considérés comme infréquentables. La peur de représailles du pouvoir y est pour l’essentiel. Mais rien ne dure, autrement les Pharaons auraient toujours régné et la dictature de Pinochet ou Franco continuerait encore à torturer, tuer…

Certes gouverner avec tyrannie est facile car le dictateur ou tyran s’affranchit du devoir de convaincre les oppositions, voire les voix dissidentes. Tout cela nous ramène évidemment à la situation de notre pays. Depuis l’intronisation de Tebboune au pouvoir le 12 décembre 2019 par le général Ahmed Gaïd Salah, les mécanismes de la démocratie ont été systématiquement démantelés. Un ordre arbitraire sans commune mesure est mis en place au mépris des lois de la république. Avec des milliers d’Algériens passés par la case prison pour leurs opinions, les interdictions de toute expression libre dans les médias, la suspension de journaux, la dissolution d’ONG de droits de l’homme et d’associations de la société civile, Abdelmadjid Tebboune ne peut se prévaloir d’être un démocrate. Encore moins de bâtisseur, quand on voit la situation économique dans laquelle macère le pays.

En cela, Tebboune bénéficie de soutiens au sein indéniable de l’état-major de l’armée et de l’Etat profond. Une évidence en Algérie : un candidat comme Tebboune sans assise populaire, sans parti, sans appareil politique, n’a aucune chance d’arriver au pouvoir dans une présidentielle libre et démocratique. Mais on est en Algérie, où les présidents sont le fait de l’Etat profond. Alors convoquer le peuple et sa légitimité comme se flatte de le répéter c’est se moquer de l’intelligence du peuple.

A une année de la présidentielle, une question s’impose : va-t-on assister à un simulacre d’élection encore une fois et de fait compromettre de nouvelles générations d’Algériens ?

Afrique du Nord News

Les otages israéliens tués «par erreur» à Gaza brandissaient un drapeau blanc

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Attaque du 7 octobre

Israël observe samedi 16 décembre un deuil après la mort de trois otages tués « par erreur » par ses soldats dans la bande de Gaza. Selon l’enquête préliminaire sur l’incident, les trois otages brandissaient un drapeau blanc lorsque les troupes ont ouvert le feu, l’un d’entre eux criait à l’aide en hébreu. 

Le Hamas a fait état de « combats acharnés » dans le secteur de Jabaliya et de frappes aériennes et de tirs d’artillerie intenses à Khan Younès. 

Israël observe samedi un deuil après la mort de trois otages tués « par erreur » par ses soldats dans la bande de Gaza assiégée. Les victimes ont été tuées au cours d’opérations dans un quartier de la ville de Gaza. Selon l’enquête préliminaire sur l’incident, les trois otages brandissaient un drapeau blanc lorsque les troupes ont ouvert le feu, l’un d’entre eux criait à l’aide en hébreu. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a, dès l’annonce de l’armée, regretté « une insupportable tragédie » qui plonge « tout l’État d’Israël dans le deuil ».

Des familles d’otages israéliens et des sympathisants ont défilé vendredi soir avec des photos de captifs devant le ministère israélien de la Défense à Tel-Aviv pour demander un accord immédiat en vue de leur libération. « Chaque jour, un otage meurt », pouvait-on lire sur une affiche alors qu’un drapeau israélien placé dans la rue a été aspergé de peinture rouge évoquant du sang. Un nouveau rassemblement est prévu samedi à Tel-Aviv.

David Barnea, le chef du Mossad, les services secrets extérieurs israéliens, aurait rencontré vendredi soir le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, selon une source proche du dossier. La rencontre était prévue en Europe et devait porter sur une seconde phase de trêve, afin de permettre la libération d’otages.

Le journaliste d’Al Jazeera, Samer Abou Daqa, tué vendredi dans une frappe israélienne dans la bande de Gaza, selon la chaîne qatarie, a été enterré ce samedi 16 décembre à Khan Younès dans le sud du territoire palestinien. Sa dépouille, sur laquelle avaient été posés son gilet pare-balles siglé « presse » et son casque, a été transporté à travers la foule à Khan Younès, avant d’être enterré dans un trou creusé par des confrères.

Huit palestiniens ont été arrêtés à Naplouse, en Cisjordanie occupée, où l’armée israélienne a lancé une nouvelle opération, selon l’agence de presse palestinienne Wafa. La violence s’est intensifiée dans ce territoire occupé après le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza de la guerre à Gaza.

Environ 18 800 Palestiniens ont été tués dans les frappes israéliennes sur Gaza depuis le 7 octobre, selon le gouvernement du Hamas. Près de 51 000 personnes ont également été blessées. Selon le ministère de la Santé de l’enclave, 70 % des victimes sont des femmes et des jeunes de moins de 18 ans. Plus de 1 200 Israéliens ont été tués.

RFI

Les régimes du Grand Maghreb convergent pour réprimer leurs peuples

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Simultanément avec Lakome.2 (Maroc), Maghreb Emergent et Mediapart (France), nous, publions ce texte collectif qui s’inquiète de l’état des libertés démocratiques dans l’ensemble du Grand Maghreb.

Signé par trente-trois organisations et plus de deux cents personnalités maghrébines, il en appelle aux forces intellectuelles, associatives et politiques afin de manifester leur « solidarité avec tous les détenus d’opinion, les réprimés et les marginalisés de la région ». Parmi les signataires :
– d’Algérie, Ihsane El Kadi, directeur de Radio M et de Maghreb Émergent, détenu d’opinion, des responsables d’organisations dissoutes (Rassemblement action Jeunesse-RAJ, Ligue algérienne de défense des droits de l’homme-LADDH) ou suspendues (Parti socialiste des travailleurs-PST) ;
– du Maroc, l’historien Maati Monjib, en liberté surveillée et interdit de sortie du territoire, des proches des journalistes détenus Omar Radi et Souleymane Raïssouni, et de Nacer Zefzafi, condamné à vingt ans de prison ; – de Tunisie, Cheïma Issa et Jawher Ben Mbark, membres du Front national du salut, poursuivis pour leurs opinions. Le communique :

Il semble que les rêves des peuples de la région se soient évaporés aujourd’hui, après l’espoir suscité par ce qu’on a appelé le « printemps arabe », qui a concerné, à divers degrés, la Tunisie, l’Egypte, la Libye, le Maroc puis, plus tard, l’Algérie, dont le Hirak a réussi non seulement à annuler la reconduction pour un cinquième mandat d’un président malade, épuisé et absent de la scène politique, mais aussi à revendiquer pendant des mois la liberté, la justice, la pluralité et la démocratie.

Au-delà de l’analyse des répercussions de la transition démocratique en Tunisie après le 25 juillet 2021, ou des causes de la guerre civile et de l’ingérence étrangère en Libye, ou des violations croissantes des droits et libertés à la suite des élections algériennes, ou de l’usage par l’Etat marocain de « techniques sournoises » d’un code pénal obsolète et contesté, de campagnes de harcèlement et de diffamation pour réprimer davantage la société civile et les journalistes indépendants, ou encore des atteintes aux libertés en Mauritanie, nous sommes aujourd’hui interpellés, en tant que militant(e)s associatif(ve)s, syndicalistes et politiques, intellectuel(le)s et artistes au sein de l’espace maghrébin et ailleurs, à plus de coordination et de solidarité pour :

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– redynamiser et défendre notre slogan que nous avons porté pendant des décennies, le slogan d’un « Maghreb des peuples » qui revendique la liberté, l’égalité, la justice, la pluralité et la démocratie ;

– unifier nos forces maghrébines, civiles et politiques, pour faire face à l’oppression et pour nous engager, par des actions communes, dans la solidarité avec tous les détenus, les réprimés, les marginalisés : déclarations, séminaires, réunions et manifestations… ;

– dénoncer toutes les agressions et les violations des droits et libertés perpétrées par le pouvoir dans chacun des pays du Maghreb, en les considérant comme une agression à l’encontre de tous les peuples de la région.

Contact : Maghreblibertes@gmail.com

Les premiers signataires

Fouad Abdelmoumni, économiste [MAROC]

Hichem Abdessamad, historien [TUNISIE]

Chafik Abdi, journaliste [ALGÉRIE]

Hakim Addad, militant politique [ALGÉRIE]

Lahouari Addi, sociologue [ALGÉRIE]

Abderazak Adel, universitaire [ALGÉRIE]

Fatna Afid, militante syndicaliste [MAROC]

Hassan Aglagal, militant des droits humains, président de l’AMDH Paris/ IDF [MAROC]

Ayad Ahram, défenseur des droits humains [MAROC]

Khadija Aïnani, militante des droits humains [MAROC]

Ali Aït Djoudi, militant associatif, défenseur des droits humains [ALGÉRIE]

Arezki Aït Larbi, journaliste free lance, éditeur [ALGÉRIE]

Mourad Aït Ouarab, journaliste [ALGÉRIE]

Sanhadja Akhrouf, militante féministe [ALGÉRIE]

Ahmed Akroud, militant des droits humains [TUNISIE]

Zineb Ali-Benali, professeure émérite des universités [ALGÉRIE]

Abdelkérim Allagui, professeur universitaire retraité, militant des droits de l’Homme [TUNISIE]

Mourad Allal, directeur de centre de formation [TUNISIE]

Tewfik Allal, militant associatif [ALGÉRIE]

Abdessalem Amakhtari, militant des droits de l’Homme et de l’immigration [MAROC]

Leïla Amili, militante associative [MAROC]

Ghanima Ammour, poétesse [ALGÉRIE]

Ali Anouzla, journaliste [MAROC]

Ahmed Arehmouch, activiste du mouvement amazigh [MAROC]

Sion Assidon, citoyen [MAROC]

Mehdi Attar-Semlali, militant associatif [MAROC]

Boualem Azahoum, militant associatif de l’immigration maghrébine et militant du hirak du Rif [MAROC]

Nabil Azouz, enseignant, militant pour la démocratie [TUNISIE]

Mehdi Baala, journaliste [ALGÉRIE]

Yamina Baïr, journaliste [ALGÉRIE]

Malika Bakhti, ingénieure d’études [ALGÉRIE]

Mohamed Bazza, militant associatif [MAROC]

Adda Bekkouche, ancien enseignant universitaire, maire-adjoint de Colombes [ALGÉRIE]

Habib Bel Hedi, producteur [TUNISIE]

Bochra Belhaj Hamida, avocate, ancienne députée de l’ARP [TUNISIE]

Fathi Bel Haj Yahya, écrivain [TUNISIE]

Souhayer Belhassen, présidente d’honneur de la FIDH [TUNISIE]

Fayçal Benabdallah, président de la FTCR [TUNISIE]

Faouzi Ben Abderrahman, militant politique indépendant [TUNISIE]

Rabaa Ben Achour, universitaire [TUNISIE]

Sana Ben Achour, juriste, présidente de l’association Beyti [TUNISIE]

Ali Ben Ameur, universitaire, militant des droits humains [TUNISIE]

Bachir Ben Barka, universitaire retraité [MAROC]

Madjid Benchikh, ancien doyen de la Faculté de droit d’Alger [ALGÉRIE]

Mustapha Benfodil, écrivain et journaliste [ALGÉRIE]

Hechmi Ben Frej, militant associatif [TUNISIE]

Saïda Ben Garrach, avocate au barreau de Tunisie et ancienne conseillère aux droits de l’Homme à la présidence de la république [TUNISIE]

Monia Ben Jemia, juriste [TUNISIE]

Saïd Benmerad, expert en développement local [ALGÉRIE]

Ali Bensaad, géographe [ALGÉRIE]

Mohamed Ben Saïd, médecin, militant des droits humains [TUNISIE]

Sihem Bensedrine, présidente de l’association Mémoire et citoyenneté [TUNISIE]

Raja Ben Slama, professeure des universités, psychanalyste [TUNISIE]

Abdou Berrada, journaliste [MAROC]

Hayat Berrada-Bousta, universitaire [MAROC]

Nourredine Bessadi, consultant indépendant [ALGÉRIE]

Sophie Bessis, historienne [TUNISIE]

Mohamed Bhar, artiste chanteur [TUNISIE]

Saïd Bouamama, sociologue, militant associatif [ALGÉRIE]

Mostefa Bouchachi, avocat [ALGÉRIE]

Abderrahmane Bouchène, éditeur [ALGÉRIE]

Larbi Bouguerra, membre de l’académie Beyt El Hikma [TUNISIE]

Hamid Bouhaddouni, militant associatif, défenseur des droits humains [MAROC]

Hocine Boukella, musicien [ALGÉRIE]

Alima Boumediene-Thiéry, avocate, parlementaire honoraire [ALGÉRIE]

Mouloud Boumghar, universitaire [ALGÉRIE]

Omar Bouraba, militant associatif [ALGÉRIE]

Ali Brahimi, juriste, militant démocrate [ALGÉRIE]

Nadia Chaabane, ancienne députée de la Constituante [TUNISIE]

Khémaïes Chammari, militant des droits de l’homme, ancien ambassadeur [TUNISIE]

Kacem Chebab, militant du FMVJ et et de la CMODH [MAROC]

Hédi Chenchabi, directeur de centre de formation [TUNISIE]

Henda Chennaoui, militante associative [TUNISIE]

Mouhieddine Cherbib, défenseur de droits humains [TUNISIE]

Khadija Chérif, féministe, militante des droits humains [TUNISIE]

Altya Chérif-Chammari, avocate, militante féministe [TUNISIE]

Alice Cherki, psychanalyste [ALGÉRIE]

Fatiha Cherribi, mère du journaliste détenu Omar Radi [MAROC]

Yasmina Chouaki, militante féministe [ALGÉRIE]

Larbi Chouikha, universitaire [TUNISIE]

Mohsen Chouikha, universitaire [TUNISIE]

Ahmed Dahmani, universitaire, défenseur des droits de l’Homme [ALGÉRIE]

Karima Dirèche, historienne [ALGÉRIE]

Saïd Djaafar, journaliste [ALGÉRIE]

Abdelnasser Djabi, sociologue [ALGÉRIE]

Yahya Djafari, enseignant retraité [TUNISIE]

Habiba Djahnine, réalisatrice, féministe [ALGÉRIE]

Nadir Djermoune, architecte urbaniste [ALGÉRIE]

Daikha Dridi, journaliste [ALGÉRIE]

Mohsen Dridi, militant associatif de l’immigration [TUNISIE]

Nassera Dutour, présidente du CFDA et et de la FEMED [ALGÉRIE]

Ali El Baz, militant de l’immigration [MAROC]

Nadia El Fani, cinéaste [TUNISIE]

Naceur El Idrissi, président du réseau ATMF [MAROC]

Ihsane El Kadi, journaliste, détenu d’opinion, directeur de Radio M et du journal électronique Maghreb Emergent [ALGÉRIE]

Tin Hinane El Kadi, universitaire [ALGÉRIE]

Driss El Khorchi, militant associatif [MAROC]

Rachid El Manouzi, président APADM [MAROC]

El Kabir El Miloudi, militant des droits humains [MAROC]

Hakim Fékih, activiste [TUNISIE]

Frej Fenniche, ancien haut-fonctionnaire aux Nations unies [TUNISIE]

Wahid Ferchichi, professeur de droit [TUNISIE]

Mohamed-Chérif Ferjani, universitaire [TUNISIE]

Abdelouhab Fersaoui, militant politique (ex-président de RAJ, association dissoute) [ALGÉRIE]

Yosra Frawes, ancienne présidente de l’ATFD [TUNISIE]

Souad Frikech, militante associative et des droits humains [MAROC]

Ahmed Galai, Solidarité laïque Méditerranée [TUNISIE]

Najla Gharbi, universitaire, chercheure [TUNISIE]

Sarra Grira, membre du comité éditorial de « Orient XXI » [TUNISIE]

Saloua Grissa, directrice de l’association Droit à la différence [TUNISIE]

Ali Guenoun, historien [ALGÉRIE]

Selma Hajri, médecin, militante des droits humains [TUNISIE]

Ayachi Hammami, avocat au barreau de Tunisie et ancien ministre des droits de l’Homme [TUNISIE]

Nabila Hamza, sociologue, conseillère municipale [TUNISIE]

Maher Hanine, sociologue, militant associatif et politique [TUNISIE]

Zaki Hannache, défenseur des droits de l’Homme [ALGÉRIE]

Abdennour Haouati, cadre gestionnaire à la retraite [ALGÉRIE]

Mohammed Harbi, historien [ALGÉRIE]

Fouad Hassam, syndicaliste [ALGÉRIE]

Abderrahmane Hedhili, président du FTDES [TUNISIE]

Mohammed Hennad, universitaire [ALGÉRIE]

Ghazi Hidouci, ancien ministre de l’économie, membre du CEDETIM [ALGÉRIE]

Abdelkérim Hizaoui, universitaire [TUNISIE]

Ouali Ilikoud, universitaire [ALGÉRIE]

Amar Ingrachen, éditeur et journaliste [ALGÉRIE]

Mohamed Iouanoughene, journaliste [ALGÉRIE]

Cheima Issa, membre du Front de salut national [TUNISIE]

Aïcha Jabrane, militante associative [MAROC]

Mohamed Jaite, avocat au barreau de Paris [MAROC]

Abderrahim Jamaï, avocat au barreau de Rabat, ancien bâtonnier, membre du collectif d’avocats en défense des détenus du hirak du Rif [MAROC]

Aboubakr Jamaï, enseignant/journaliste [MAROC]

Kamel Jendoubi, militant des droits humains [TUNISIE]

Abdelkébir Jmaiai, activiste associatif, militant des droits humains [MAROC]

Halima Jouini, féministe, militante de droits humains [TUNISIE]

Aïssa Kadri, sociologue [ALGÉRIE]

Habib Kazdaghli, historien universitaire, ancien doyen de la Faculté de la Manouba [TUNISIE]

Melek Kefif, médecin, militant associatif [TUNISIE]

Myriam Kendsi, artiste peintre [ALGÉRIE]

Tahar Khalfoune, universitaire [ALGÉRIE]

Abdelmoumen Khelil, militant des droits humains [ALGÉRIE]

Mohamed Khenissi, président de l’association Nachaz [TUNISIE]

Ramy Khouili, militant associatif et des droits humains [TUNISIE]

Hosni Kitouni, historien [ALGÉRIE]

Anouar Kousri, avocat, ancien vice-président de la LTDH [TUNISIE]

Aziz Krichen, économiste, ancien ministre-conseiller à la présidence de la république [TUNISIE]

Abdellatif Laâbi, écrivain [MAROC]

Souad Labbize, autrice [ALGÉRIE]

Kamel Lahbib, militant associatif, défenseur des droits humains [MAROC]

Djaffar Lakhdari, consultant [ALGÉRIE]

Olfa Lamloum, politologue [TUNISIE]

Samir Larabi, doctorant en sociologie [ALGÉRIE]

H’mida Layachi, écrivain et journaliste [ALGÉRIE]

Hakima Lebbar, psychanalyste, galeriste, militante pour la défense  des droits humains [MAROC]

Mohieddine Legha, secrétaire général de la LTDH [TUNISIE]

Adel Ltifi, historien [TUNISIE]

Gérard Maarek, urbaniste [TUNISIE]

Djemaa Maazouzi, professeure et chercheure [ALGÉRIE]

Fatimata M’Baye, avocate au barreau de Mauritanie et présidente de l’Association mauritanienne des droits de l’Homme (AMDH) [MAURITANIE]

Jawher Ben Mbarek, membre du Front de salut national [TUNISIE]

Insaf Machta, universitaire [TUNISIE]

Lotfi Madani, consultant, expert en communication [ALGÉRIE]

Ahmed Mahiou, ancien doyen de la Faculté de droit d’Alger, ancien président de la Commission du droit international de l’ONU, ancien juge ad hoc de la Cour internationale de justice [ALGÉRIE]

Mustapha Majdi, acteur associatif [MAROC]

Rachid Maloui, syndicaliste [ALGÉRIE]

Hicham Mansouri, journaliste [MAROC]

Jalel Matri, militant associatif [TUNISIE]

Imed Melliti, sociologue [TUNISIE]

Aziz Mkichri, militant associatif [MAROC]

Khadija Mohsen-Finan, universitaire [TUNISIE]

Maati Monjib, historien [MAROC]

Nabil Montassar, historien, syndicaliste et militant LTDH [TUNISIE]

Abdellatif Mortajine, militant de l’immigration [MAROC]

Mawaheb Mosbah, militante politique [TUNISIE]

Rosa Moussaoui, journaliste [ALGÉRIE]

Bachir Moutik, militant associatif [Sahraoui]

Chérif Msadek, militant associatif [TUNISIE]

Jamel Msallem, président d’honneur de la LTDH [TUNISIE]

Mohamed Nachi, sociologue [TUNISIE]

Hatem Nafti, journaliste essayiste [TUNISIE]

Youssef Thierno Niane, avocat au barreau de Mauritanie et représentant de l’Association mauritanienne des droits de l’Homme (AMDH) à Nouadhibou [MAURITANIE]

Mamamdou Niang, syndicaliste (CGTM) [MAURITANIE]

Omar Ouali, journaliste [ALGÉRIE]

Meziane Ourad, journaliste [ALGÉRIE]

Driss Radi, père de Omar Radi, journaliste détenu [MAROC]

Lilia Rebaï, féministe, militante des droits humains [TUNISIE]

Mahmoud Rechidi, militant politique, ex-SG du Parti socialiste des travailleurs (suspendu et réprimé) [ALGÉRIE]

Hamadi Redissi, universitaire, philosophe [TUNISIE]

Kahina Redjala, militante associative [ALGÉRIE]

Aziz Rhali, pharmacien, président de l’AMDH [MAROC]

Khadija Ryadi, défenseure des droits humains, lauréate du rix de l’ONU pour les droits de l’Homme [MAROC]

Messaoud Romdhani, militant des droits humains [TUNISIE]

Mohamed Sadkou, avocat au barreau de Rabat et défenseur de détenus d’opinion, d’activistes de mouvements sociaux et des journalistes Omar Radi et Soulaimane Raissouni, et de l’historien Maati Monjib [MAROC]

Fathia Saïdi, sociologue, enseignante chercheure à l’ISSH [TUNISIE]

Youssef Raissouni, proche de Souleymane Raissouni, journaliste détenu [MAROC]

Salhi, militant de droits humains [TUNISIE]

Saïd Salhi, défenseur des droits humains (vice-président de la LADDH, réprimée et dissoute) [ALGÉRIE]

Mamdou-Moctar Sarr, secrétaire exécutif du FONADH [MAURITANIE]

Jamila Sayouri, avocate, militante pour les droits humains [MAROC]

Youssef Seddik, écrivain philosophe [TUNISIE]

Sid Ahmed Semiane, auteur [ALGÉRIE]

Abderrahim Sioui, militant associatif [MAROC]

Tahar Si Serir, militant associatif [ALGÉRIE]

Hichem Skik, universitaire, militant politique [TUNISIE]

Hamouda Soubhi, militant altermondialiste [TUNISIE]

Saïd Sougty, président de l’ASDHOM [MAROC]

Sami Souihli, médecin, syndicaliste [TUNISIE]

Imad Stitou, journaliste [MAROC]

Taoufiq Tahani, universitaire et militant associatif [MAROC]

Samir Taieb, universitaire, ancien ministre [TUNISIE]

Alaa Talbi, militant associatif [TUNISIE]

Wassyla Tamzali, essayiste, féministe, activiste culturelle [ALGÉRIE]

Hocine Tandjaoui, écrivain [ALGÉRIE]

Atmane Tazaghart, écrivain et journaliste [ALGÉRIE]

Nadia Tazi, philosophe [MAROC]

Yassine Temlali, chercheur, historien [ALGÉRIE]

Fethi Tlili, militant associatif [TUNISIE]

Ridha Tlili, universitaire [TUNISIE]

Mokhtar Trifi, président d’honneur de la LTDH [TUNISIE]

Hamid Arab, directeur du site www.lematindalgerie.com (Algérie)

Françoise Valensi, médecin [TUNISIE]

Ahmed Zefzafi, père de Nacer Zefzafi, détenu d’opinion [MAROC]

Najet Zemmouri, militante des droits humains [TUNISIE]

Abdallah Zniber, militant associatif de l’immigration [MAROC]

Neïla Zoghlami Tlili, présidente de l’ATFD [TUNISIE]

ORGANISATIONS

Agir pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA)

Association Adala Pour un procès équitable [MAROC]

Association de défense des droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM)

Association de parents et amis de disparus au Maroc (APADM)

Association des Marocains en France (AMF)

Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF)

Association Khamsa Solidaire Ici et Ailleurs [FRANCE]

Association Le droit à la différence [TUNISIE]

Association Le Pont de Genève [SUISSE]

Association Les mains libres [MAROC]

Association mauritanienne des droits de l’Homme (AMDH)

Association Perspectives El Amel Ettounsi

Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD)

Collectif Soumoud [TUNISIE]

Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT)

Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGATA)

Confédération générale des travailleurs en Mauritanie (CGTM)

Coordination maghrébine des organisations des droits humains (CMODH)

Euro-Mediterraan Centrum Migratie & Ontwikkeling (EMCEMO) [PAYS-BAS]

Euromed-droits

Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR)

Forum marocain des alternatifs Sud (FMAS)

Forum marocain Vérité et justice (FMVJ)

Forum des organisations nationales des droits humains en Mauritanie (FONADH)

Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES)

Institut Mehdi-Ben Barka – Mémoire vivante

Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH)

Na’oura-Bruxelles

Nachaz-Dissonance [TUNISIE]

Riposte internationale [ALGÉRIE]

SOS Migrants

Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (SNAPAP) [ALGÉRIE]

Union des travailleurs immigrés tunisiens (UTIT)

Déclaration

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RIPOSTE INTERNATIONALE condamne avec la plus grande fermeté l’acharnement judiciaire dont fait l’objet le journaliste EL KADI IHSANE depuis février 2019 et qui tend à se banaliser du fait de sa chronicité .RIPOSTE INTERNATIONALE dénonce les procédés en totale violations des dispositions réglementaires et des traités internationaux régulièrement ratifiés. Les éléments en notre possession largement corroborés par l’entourage du journaliste, nous confirment la volonté de normaliser les derniers remparts du journalisme indépendant. RIPOSTE INTERNATIONALE se réserve le droit de saisir l’opinion et les institutions internationales sur ces incessantes attaques à l’encontre du droit fondamental de la liberté d’expression à la base aussi de la pratique libre du journalisme et son corollaire à savoir le droit à la libre l’information.RIPOSTE INTERNATIONALE témoigne de sa solidarité à l’égard du journaliste IHSANEEL KADI ; de sa famille et de la famille journalistique qui continue à honorer les valeurs d’une pratique empreinte d’éthique. RIPOSTE INTERNATIONALE exige la cessation de ces harcèlement à l’encontre des citoyens soucieux de l’avenir de leur pays ainsi que la cessation des procès spectacle et la libération inconditionnelle des détenus d’opinion et détenus politiques .RIPOSTE INTERNATIONALE prend à témoin la communauté internationale sur la dérive autoritaire des autorités algériennes étouffant toute possibilité de divergence .

pour le bureau fédéralele

président ALI AIT DJOUD

Exclusion des éditions Koukou du Salon du livre amazigh de Béjaïa : un acte politique dénoncé

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Les Éditions Koukou, dirigées par le journaliste Arezki Ait Larbi, ont été exclues du Salon du livre amazigh qui se tiendra à Béjaïa du 28 octobre au 1er novembre 2024. Dans un communiqué, l’éditeur dénonce une « exclusion politique » suite à une notification des organisateurs, qui évoquent un « manque d’espace » comme raison de cette décision.

Arezki Ait Larbi qualifie cette réponse de « morceau d’anthologie », soulignant que l’exclusion survient après que ses ouvrages aient été acceptés pour l’exposition. Il accuse les organisateurs de complicité dans ce qu’il considère comme une injustice, et appelle les chercheurs du CRLCA à s’interroger sur cette mesure arbitraire.

.Au-delà de l’ostracisme dont souffre sa maison d’édition, il insiste sur le fait que cette exclusion touche des voix précieuses de la culture amazighe, rappelant que de nombreux universitaires et écrivains engagés dans la promotion de la langue et de la culture amazighes sont également affectés. Face à cette censure, Koukou Éditions choisit la transparence et appelle à une résistance collective contre ces pratiques injustes, affirmant que le droit à la culture et à l’expression ne doit jamais être bafoué.

Les Brics relèguent l’Algérie au statut de Partenaire

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Pour comprendre l’entrée de l’Algérie comme partenaire au BRICS dans le contexte géopolitique actuel, il est essentiel de saisir les forces et contradictions qui caractérisent cette réorientation / Déroute stratégique. Le BRICS, composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine, et de l’Afrique du Sud, s’est formé en réaction au monopole exercé par les puissances occidentales sur les décisions économiques et politiques internationales. Cependant, cet espace alternatif, promettant une forme de multipolarité et de redistribution des pouvoirs, présente également des défis notables pour des pays comme l’Algérie, particulièrement face à la complexité de ses propres enjeux politiques et économiques.

I. Une tentative de diversification pour l’Algérie face aux échecs des alliances traditionnelles

L’Algérie, marquée par des décennies d’une politique extérieure oscillant entre neutralité affichée et dépendance énergétique envers l’Europe, se tourne aujourd’hui vers le BRICS pour diversifier ses partenariats et réduire cette dépendance. En théorie, cette alliance pourrait offrir à l’Algérie un accès privilégié aux nouvelles infrastructures de financement et aux marchés asiatiques et africains, limitant ainsi son exposition aux crises économiques européennes. Cette réorientation témoigne en partie d’une réponse à l’impasse économique et sociale interne que le pays connaît, mais aussi d’une volonté de s’affranchir des pressions et conditionnalités occidentales en matière de droits de l’homme et de gouvernance.

II. Une alliance avec des régimes autoritaires : entre pragmatisme et compromission

Le BRICS, toutefois, regroupe des régimes où l’autoritarisme et la répression politique sont la norme, comme en Russie et en Chine. Ces pays ont une longue tradition de contrôle strict sur leurs populations et limitent sévèrement les libertés individuelles. Pour un régime algérien en proie à des défis démocratiques internes, tels que les mouvements populaires du Hirak et la contestation sociale, une telle association pourrait légitimer davantage une approche autoritaire de la gouvernance et renforcer les mécanismes de surveillance et de répression. La tentation d’importer des modèles de contrôle social, comme ceux déployés en Chine, pourrait ainsi éloigner encore davantage l’Algérie de ses aspirations démocratiques et des demandes populaires de justice sociale.

III. Un choix risqué dans un contexte de polarisation mondiale

Dans un contexte international de plus en plus polarisé, marqué par la confrontation entre blocs, la participation au BRICS pourrait également exposer l’Algérie à des tensions diplomatiques avec les États-Unis et l’Union européenne. En soutenant la Russie, par exemple, l’Algérie risque de se trouver en position délicate face aux pressions occidentales, notamment sur des questions de sécurité et d’approvisionnement en gaz, domaine où le pays reste un partenaire clé pour l’Europe. La politique algérienne de « neutralité active » pourrait alors perdre en crédibilité, risquant de compromettre l’équilibre des relations internationales dans un monde où les alliances prennent des formes de plus en plus tranchées.

IV. Une opportunité économique ambiguë

Si l’intégration dans le BRICS promet une plus grande indépendance financière et économique, elle implique également l’intégration dans un bloc où la Chine domine économiquement et politiquement. Les investissements chinois, bien que massifs, posent des questions d’autonomie pour les économies locales, souvent réduites à des rôles de fournisseurs de matières premières. Pour l’Algérie, dont l’économie est fortement tributaire des hydrocarbures, une relation asymétrique avec la Chine pourrait perpétuer cette dépendance en renforçant les échanges inégaux et les déséquilibres commerciaux, au détriment d’une diversification économique pourtant nécessaire pour le développement durable du pays.

V. Les impératifs d’une politique étrangère souveraine et démocratique

L’intégration de l’Algérie dans le BRICS pose, en somme, la question fondamentale de sa souveraineté politique et de la nature de son engagement international. La vraie question est de savoir si cette association avec des puissances autoritaires / Dictatures représente une rupture ou une continuation des politiques d’élites dirigeantes enclines à réprimer les aspirations populaires. Pour qu’une telle alliance serve réellement les intérêts du peuple algérien / Régime militariste, elle devrait être accompagnée d’une vision plus large de réformes démocratiques et de transparence en politique intérieure.

En définitive, l’entrée de l’Algérie au BRICS semble être un repli de court terme, une manière de contrebalancer les échecs de l’alliance traditionnelle avec l’Europe et de trouver des alternatives de financement et de partenariat. Néanmoins, elle soulève aussi des inquiétudes sur le plan des droits humains, de l’autonomie économique et de la souveraineté politique. Une véritable réorientation géopolitique en faveur du peuple algérien ne saurait se réaliser sans une démocratisation effective du système politique, seule voie garantissant une indépendance authentique et une influence durable sur la scène internationale.

Bouzid Amirouche

Mohammed Harbi : L’Ultime Appel d’une Vie Debout

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Le 5 octobre 2024, Mohammed Harbi, vétéran de la lutte pour l’indépendance et analyste incontournable de l’histoire algérienne, fait un geste qui résonne comme un testament spirituel. À 91 ans, il prend la décision de traduire Une vie debout, son livre phare, en langue tamazight. Cet acte, dans sa symbolique, dépasse les mots pour rappeler le projet d’une Algérie que Harbi, aux côtés de figures comme Hocine Aït Ahmed, n’a jamais cessé de rêver : une nation libre, respectueuse de sa pluralité, bâtie sur les principes de justice et de solidarité.

Mohammed Harbi, figure majeure de l’historiographie algérienne, livre ainsi un dernier appel pour une Algérie qui n’ignore plus ses racines profondes, mais les embrasse. À l’heure où il se retire de la scène publique, cette traduction est un hommage vibrant à l’amazighité, une composante fondamentale de l’identité algérienne, longtemps marginalisée, mais essentielle à l’équilibre de la nation. Comme Aït Ahmed, il sait que la liberté politique et la dignité nationale ne peuvent éclore que dans une Algérie plurielle, qui reconnaît toutes ses voix et protège tous ses héritages.

  1. La Mémoire d’un Combat Inachevé

Harbi rappelle dans ses écrits la complexité et les épreuves de la lutte, où la quête de justice a été si souvent trahie par les jeux de pouvoir. Dans Le FLN, mirage et réalité, il révèle les dissensions et trahisons qui ont miné la cause. Par cette nouvelle publication, il renforce son engagement pour une Algérie authentique, où chaque citoyen trouve sa place dans un récit national fidèle aux réalités vécues. Cette Algérie plurielle, qui a toujours inspiré les figures comme Aït Ahmed, ne peut se limiter à une unité de façade ; elle doit devenir une nation d’égaux.

À travers cette traduction, Harbi lance un signal fort à l’élite politique et intellectuelle : l’Algérie, riche de ses langues et de ses cultures, ne peut prospérer en reniant sa propre diversité. Son geste rappelle les luttes de la jeunesse de 2018, où des parents d’élèves à Jijel avaient exprimé des réticences quant à l’enseignement du tamazight. Cette résistance montre combien le chemin reste ardu. Pour Harbi, chaque refus de reconnaître l’amazighité dans le système éducatif, chaque tentative de division des cultures algériennes est un frein au véritable projet de liberté, d’égalité et de fraternité qui a nourri les espoirs de Novembre 54.

  1. Une Vision Politique : Bâtir une Algérie Juste et Inclusive

Comme Aït Ahmed, Mohammed Harbi place l’Algérie au cœur de sa réflexion politique, voyant dans la reconnaissance de l’amazighité une nécessité non seulement culturelle mais aussi politique et éthique. L’histoire algérienne, marquée par des luttes internes et des exclusions, ne pourra se réconcilier avec elle-même que par une réelle acceptation de toutes ses composantes. En traduisant Une vie debout en tamazight, Harbi revendique une Algérie fidèle aux valeurs de la Résistance, une Algérie qui ne tolère plus l’injustice sous prétexte de préserver une unité factice.

Ce projet, loin de tout régionalisme, rejoint celui d’une nation souveraine et solidaire, respectueuse des droits individuels et collectifs. Harbi affirme qu’aucun projet de société ne pourra aboutir tant que la question identitaire ne sera pas pleinement résolue. À l’image d’Aït Ahmed, Harbi voit dans la reconnaissance de la langue amazighe un impératif pour stabiliser le pays et enrayer les tendances autoritaires. Pour lui, les aspirations à l’équité et à l’égalité linguistique sont au cœur de la souveraineté nationale.

  1. Le Dernier Appel : une Algérie Réconciliée avec elle-même

Dans cette déclaration poignante, Harbi appelle à la construction d’une Algérie qui ne s’érige pas sur des exclusions, mais sur des alliances. En prenant sa retraite, il fait de ce geste symbolique un acte de foi en la jeunesse algérienne, qui porte aujourd’hui le flambeau d’une Algérie libre et démocratique. Tout comme Aït Ahmed, Harbi sait que le combat pour la justice est un processus long, et que chaque génération doit reprendre le flambeau pour défendre les idéaux fondateurs.

Son appel est un dernier cri d’alerte : pour que l’Algérie avance, elle doit enfin honorer toutes ses mémoires et unir ses forces autour d’un même dessein national. Il voit dans l’amazighité non pas une revendication marginale, mais l’épine dorsale d’une Algérie inclusive et souveraine.

Ainsi, dans ce dernier acte, Mohammed Harbi redonne vie à un rêve pour lequel tant d’Algériens ont lutté : celui d’une Algérie où la liberté et l’égalité ne sont plus de vaines promesses, mais des réalités partagées. Comme l’a écrit Aït Ahmed, « l’Algérie vivra d’elle-même ou elle s’effondrera ». En traduisant son œuvre en tamazight, Harbi choisit de continuer le combat pour une Algérie debout, réconciliée et fidèle à son histoire profonde.

Bouzid Amirouche

Révélation d’une Mémoire Effacée : Réflexions Critiques sur L’Algérie juive – L’Autre moi que je connais si peu de Hedia Bensahli

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Par Bouzid Amirouche

La publication de L’Algérie juive – L’Autre moi que je connais si peu, signée Hedia Bensahli, est un événement littéraire de 2024 qui suscite des interrogations profondes sur l’histoire occultée de l’Algérie. Cet ouvrage, salué pour sa rigueur documentaire et sa finesse d’analyse, propose une immersion dans un passé oublié, celui des Juifs d’Algérie, et met en lumière une pluralité mémorielle longtemps niée ou minimisée dans les discours officiels. Bensahli nous pousse à réexaminer la complexité de l’identité algérienne à travers une réflexion critique sur la mémoire, la marginalisation et la réconciliation avec notre propre histoire.

  1. Une Mémoire Longtemps Refoulée

Le projet de Hedia Bensahli est ambitieux. Il ne s’agit pas simplement d’évoquer la présence juive en Algérie, mais de la replacer dans une trajectoire historique multimillénaire, souvent effacée du récit national. En restituant la profondeur historique des Juifs d’Algérie, l’autrice soulève des questions fondamentales sur l’identité de ce pays et les dynamiques de refoulement qui l’ont traversée. Loin de toute nostalgie ou de simplification, l’essai montre que la mémoire est un terrain de lutte où s’opposent des forces de conservation et d’effacement.

Le mérite de cet ouvrage réside dans sa capacité à traiter la question juive non comme un événement isolé, mais comme un prisme à travers lequel se dévoilent les fractures profondes de l’histoire algérienne. Cette histoire des Juifs d’Algérie est intimement liée à celle des autres composantes de la société, qu’il s’agisse des Berbères, des Arabes, ou des influences chrétiennes et païennes qui ont, chacune à leur manière, contribué à façonner le pays.

  1. Entre Mémoire et Identité : Réhabiliter une Pluralité Négationnée

Ce que Bensahli expose avec une lucidité implacable, c’est l’entreprise systématique de négation de la pluralité identitaire algérienne. À travers son analyse, elle démontre que la suprématie d’un récit monolithique, centré exclusivement sur l’arabo-islamisme, a non seulement marginalisé la culture juive, mais a également minimisé l’amazighité, elle-même reléguée au second plan dans la construction de l’État postcolonial. Cette homogénéisation forcée, qui a servi à cimenter l’unité nationale, s’est faite au prix de la diversité intrinsèque de l’Algérie.

L’essai invite donc à repenser l’identité algérienne à travers le prisme de la pluralité, en replaçant les Juifs, les Berbères et d’autres minorités au cœur du récit historique. Le dialogue entre ces identités est, pour Bensahli, non seulement essentiel pour comprendre l’histoire de l’Algérie, mais il est aussi un moyen de guérir les blessures laissées par les politiques d’effacement. L’autrice plaide pour une réintégration de ces mémoires refoulées afin de dépasser les divisions imposées par l’histoire coloniale et postcoloniale.

  1. L’Amalgame Perpétuel : Judaïsme et Sionisme

Un des points saillants de l’essai réside dans la distinction claire que fait Bensahli entre judaïsme et sionisme, distinction souvent ignorée dans les débats contemporains. Elle met en garde contre l’amalgame qui fait du Juif un éternel étranger en le rattachant artificiellement à des questions géopolitiques étrangères, en particulier le conflit israélo-palestinien. Cet anachronisme idéologique contribue à renforcer une forme de rejet injustifié, alors que l’histoire des Juifs d’Algérie n’a rien à voir avec le sionisme contemporain.

Ce faisant, Bensahli interroge les mécanismes d’exportation des conflits extérieurs dans les débats algériens, qui servent souvent à occulter des questions internes cruciales. Elle rappelle, à juste titre, que l’histoire des Juifs d’Algérie doit être comprise dans son propre contexte, sans être réduite aux dynamiques modernes du sionisme ou de l’antisémitisme. Ce rappel de la complexité et de la spécificité des trajectoires historiques algériennes constitue l’un des apports les plus précieux de l’ouvrage.

  1. L’Algérie Face à Ses Fantômes : Pour une Réconciliation Historique

Au-delà de l’étude historique, L’Algérie juive est un ouvrage qui nous engage dans une réflexion sur la manière dont les nations se confrontent à leur passé. En abordant la question de la mémoire juive, Bensahli s’inscrit dans une démarche de réconciliation, non pas une réconciliation illusoire qui masquerait les divergences, mais une réconciliation avec la vérité historique. Reconnaître la contribution des Juifs à l’histoire de l’Algérie, c’est reconnaître que l’identité algérienne a toujours été plus diverse et complexe que ce que les récits officiels ont laissé entendre.

L’autrice élargit ainsi la question de la mémoire juive à celle, plus générale, de la fragmentation mémorielle en Algérie. L’oubli des Juifs ne constitue qu’une part d’une amnésie plus large qui concerne également d’autres composantes marginalisées de l’identité algérienne. Ce qui est en jeu, selon Bensahli, c’est la capacité de l’Algérie à intégrer pleinement son passé dans la construction de son présent, à accepter ses multiples héritages sans les hiérarchiser ou les occulter.

  1. Une Ouverture Nécessaire : L’appel à une Nouvelle Lecture de l’Histoire

Bensahli, à travers L’Algérie juive, propose une lecture radicalement nouvelle de l’histoire nationale. Elle nous rappelle que la construction d’une identité nationale véritablement inclusive nécessite non seulement de reconnaître les ombres du passé, mais aussi de les embrasser comme des composantes essentielles de l’être collectif. L’Algérie ne peut se comprendre en rejetant ou en refoulant certaines parties de son histoire ; elle doit, au contraire, puiser dans la diversité de son héritage pour se réinventer.

Ce livre invite également à une réflexion plus large sur le rôle de l’intellectuel dans la société contemporaine. En mettant en lumière des aspects oubliés ou marginalisés de l’histoire algérienne, Hedia Bensahli s’érige en défenseuse d’une pensée critique et libératrice. Elle incite ses lecteurs à adopter une posture d’ouverture et de questionnement, à refuser les récits simplistes et univoques qui étouffent la richesse de la réalité historique.

6.: Une Mémoire à Reconquérir

L’Algérie juive – L’Autre moi que je connais si peu est plus qu’un simple essai historique ; c’est une œuvre de réhabilitation mémorielle et un manifeste pour la reconnaissance d’une pluralité identitaire trop longtemps négligée. À travers ce texte, Hedia Bensahli engage une réflexion philosophique sur la nécessité d’accepter la complexité de l’histoire pour construire une société plus juste, plus ouverte et plus inclusive.

Ce livre est une invitation à la réconciliation non seulement avec le passé, mais aussi avec nous-mêmes. En dévoilant les multiples strates de l’identité algérienne, en rappelant que l’Algérie a été juive, chrétienne, amazighe, et tant d’autres choses encore, Bensahli pose les bases d’une réflexion cruciale pour l’avenir : celle d’une nation capable d’assumer sa diversité sans crainte, de reconnaître ses fractures sans les instrumentaliser, et de s’unir autour de la richesse de ses mémoires partagées.

Anna Gréki ou l’amour avec la rage au cœur : Hommage à la poétesse et militante

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Anna Gréki, née Colette Grégoire, a marqué l’histoire par son engagement politique et poétique au service de l’indépendance de l’Algérie. Militante communiste et poétesse d’une grande intensité, son œuvre transcende les épreuves individuelles pour porter un message de résistance collective et d’amour profond pour son pays. À travers ses vers, elle exprime à la fois la douleur et l’espoir, l’amour et la colère, la poésie devenant une arme dans la lutte pour la liberté. Cet hommage propose une analyse critique de son œuvre en s’appuyant sur certains de ses poèmes emblématiques.

1. Une voix poétique et révolutionnaire

« Nous te ferons un monde humain », extrait de Pour un monde humain

Anna Gréki est une poétesse dont la plume respire l’engagement politique. Dans Pour un monde humain, Gréki affirme sa foi en la possibilité de bâtir un avenir plus juste, plus humain. Le poème, tout comme son engagement, transcende les souffrances du moment pour affirmer une vision d’espoir et de transformation sociale. Pour Gréki, la poésie est un outil de résistance, mais aussi un moyen de se projeter dans un avenir où la fraternité et l’humanité triompheraient.

Ses mots, porteurs de promesses, sont profondément ancrés dans la réalité de la guerre de libération. Ils sont vibrants de l’énergie révolutionnaire qui a animé la jeunesse algérienne, transformant la poésie en un acte politique. Ce « monde humain », Gréki le dessine avec des mots puissants, capables d’apaiser les douleurs et d’ouvrir des horizons de liberté.

2. Une mémoire à bâtir, une poétesse à honorer

« Nos morts qui l’ont rêvée se comptent par milliers », extrait de Juillet 1962 – El Houria

L’Algérie moderne, riche de son histoire et de ses luttes, doit rendre hommage à des figures comme Anna Gréki. Dans son poème Juillet 1962 – El Houria, elle évoque ces « morts » qui ont rêvé de la liberté, ces milliers de martyrs qui ont sacrifié leur vie pour l’indépendance. Leur rêve est devenu réalité, mais à travers ses vers, Gréki rappelle la responsabilité de ceux qui restent : « toi qui as exigé l’extrême du possible », tu devras aller plus loin encore. Elle exhorte son pays à ne jamais oublier les sacrifices consentis et à toujours tendre vers un idéal de justice et d’humanité.

À Batna, sa ville natale, et ailleurs en Algérie, la mémoire d’Anna Gréki devrait être honorée pour ce qu’elle représente : une poétesse engagée, une militante sans compromis. Bâtir une mémoire collective autour de figures comme Gréki est essentiel pour forger un avenir éclairé par les leçons du passé.

3. Le poids de l’amour et de la tragédie

« Un seul aurait suffi pour que je me rappelle / Le tracé des chemins qui mènent au bonheur », extrait de Juillet 1962 – El Houria

L’œuvre d’Anna Gréki est marquée par une dualité entre l’amour et la rage, entre le bonheur espéré et la tragédie vécue. Dans Juillet 1962 – El Houria, elle évoque la profondeur de la perte et du sacrifice, tout en montrant que ces douleurs, loin de briser les individus, tracent des chemins vers le bonheur collectif. C’est dans l’amour du pays, de la liberté et des siens qu’elle puise la force de continuer à rêver et à lutter.

La perte de son compagnon, Ahmed Inal, assassiné par l’armée française, traverse son œuvre, conférant à ses poèmes une intensité particulière. Cet amour brisé, loin de la dévaster, devient une force motrice qui alimente sa poésie et son engagement. Gréki transforme la tragédie en beauté, la douleur en une voix poétique puissante, capable de transcender l’intime pour toucher à l’universel.

4. Entre résistance et modernité : l’héritage de Gréki

« Toi qui as exigé l’extrême du possible / Tu iras par la force au-delà de toi-même », extrait de Juillet 1962 – El Houria

L’œuvre de Gréki ne se limite pas à la célébration des victoires passées ; elle interroge aussi l’avenir de l’Algérie. Dans cet extrait, elle parle de l’exigence, du sacrifice, et de l’effort constant nécessaire pour dépasser les limites imposées par la guerre et le colonialisme. Ce dépassement est une forme de résistance à la stagnation, une invitation à toujours aller plus loin dans la construction d’un avenir basé sur la justice et l’émancipation.

Dans ce sens, Gréki pose une réflexion moderne, anticipant les défis de l’après-indépendance. Elle refuse de se reposer sur les lauriers de la victoire. La liberté est une conquête permanente, un combat sans fin, où la vigilance et l’effort doivent toujours être renouvelés. Son héritage littéraire et politique est un appel à la génération suivante à ne jamais abandonner cette quête de justice.

5. L’importance de la mémoire collective

« Leurs bouches apaisées à notre bonne foi / Parleront de torrents plus violents que leurs voix », extrait de Pour un monde humain

Le poème Pour un monde humain évoque la nécessité d’une mémoire collective, où la reconnaissance des luttes passées pave la voie à une société plus juste. Gréki savait que la victoire des armes devait être accompagnée d’une victoire morale et intellectuelle. Dans ce passage, elle évoque la puissance des mots, qui deviennent « torrents » capables de façonner le futur. Les poèmes, les mémoires, les récits du passé sont autant de forces vives qui peuvent guider l’avenir.

Construire la mémoire est un acte fondamental pour la survie d’une nation, et Anna Gréki a joué un rôle majeur dans cette entreprise. En poétisant la résistance, elle a permis de faire des luttes passées une source d’inspiration pour les générations futures. Ses mots continuent de résonner aujourd’hui, porteurs d’une vision où la liberté, la solidarité et l’espoir sont les piliers d’une société plus humaine.

Anna Gréki, poétesse de la résistance et de l’amour, mérite de retrouver toute la place qui lui revient dans la mémoire collective algérienne. Ses poèmes, traversés par la rage du combat et la douceur de l’espoir, continuent d’éclairer notre réflexion sur la liberté, la justice, et l’engagement. Ce récit critique est un hommage à son œuvre et à sa vision, qui reste plus que jamais d’actualité dans la quête d’un monde plus humain.

Par Bouzid Amirouche.

Kamel Daoud : Entre Lucidité Critique et Exil Littéraire

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Dans le panthéon des lettres algériennes contemporaines, Kamel Daoud s’affirme comme une figure emblématique et paradoxale. Son parcours intellectuel et littéraire, marqué par une quête de sens et une volonté de critique acerbe, le positionne non seulement comme un écrivain, mais comme un intellectuel engagé qui choisit d’explorer les limites de la pensée et de la liberté d’expression. Cependant, cette recherche de vérité s’inscrit dans un contexte d’exil, non pas géographique, mais intellectuel et émotionnel, qui nuance sa relation avec son pays d’origine.

1. Exil Intellectuel : Une Évasion Necessaire

L’exil, pour Kamel Daoud, dépasse le simple acte de quitter un territoire. Il s’agit d’une volonté de se libérer des carcans d’une société qu’il perçoit comme figée et dominée par des élites politiques et religieuses. En choisissant de se distancer de ce cadre, Daoud ne fait pas que fuir ; il cherche à transcender un discours qu’il considère comme archaïque, en proie à des langages morts qui entravent la pensée critique. L’arabe classique, pour lui, devient le symbole d’un immobilisme qui entrave l’émancipation individuelle et collective, alors qu’il aspire à une expression plus vivante, enracinée dans la modernité et le pluralisme.

Dans ses écrits, Daoud s’illustre par une audace rare, scrutant les mécanismes de pouvoir avec une lucidité pénétrante. Il dénonce les abus des élites, n’hésitant pas à faire le parallèle entre le pouvoir religieux et politique en Algérie et celui de la monarchie médiévale en Occident. « Aujourd’hui, en Algérie, deux castes parlent arabe, langue morte pour les Algériens, peuple vivant », écrit-il dans une de ses chroniques, soulignant ainsi le décalage entre les discours officiels et les aspirations réelles du peuple. Cette critique, bien que nécessaire, peut créer une dichotomie entre son discours et la réalité des Algériens, qui se sentent parfois aliénés par une pensée jugée trop théorique ou déconnectée.

2. La Complexité du Regard Extérieur

Ce désir de s’élever au-dessus des réalités algériennes le place dans une posture ambivalente. D’un côté, Daoud est reconnu internationalement pour sa capacité à déconstruire les mythes et à aborder des questions taboues, comme la place de la femme, les violences faites à la société ou encore l’héritage colonial. De l’autre, il se voit critiqué pour son éloignement vis-à-vis des luttes qui animent son peuple. Par exemple, ses déclarations sur la Kabylie, qu’il qualifie de « ghetto sublimé », provoquent des réactions vives et révèlent une tension profonde dans sa compréhension des réalités locales. Ce glissement dans son discours soulève des interrogations sur sa capacité à s’engager pleinement avec les diverses couches de la société algérienne.

Daoud incarne un intellectuel qui, tout en dénonçant les archaïsmes, semble parfois négliger les particularités culturelles et historiques qui façonnent les identités régionales en Algérie. Comment un écrivain, dont la voix est souvent saluée pour sa clarté et sa profondeur, peut-il passer à côté des luttes identitaires et politiques de la Kabylie, par exemple, un bastion historique de la résistance ? Cette question soulève la problématique de la représentation et de l’appropriation des voix locales dans un discours global.

3. La Parole de l’Intellectuel Engagé

À travers ses écrits, Daoud s’efforce de donner une voix aux aspirations du peuple algérien, mais son exil émotionnel le rend parfois moins accessible à ceux qui subissent les conséquences des réalités qu’il analyse. Son regard critique, bien qu’acéré, peut sembler condescendant, provoquant un fossé entre l’intellectuel brillant et l’homme enraciné dans son pays. En réponse à une question sur son départ, il explique : « Je n’y respirais plus. » Cette affirmation, à la fois simple et profonde, résonne avec l’expérience de nombreux Algériens confrontés à des réalités oppressantes, mais elle marque aussi la distance que Daoud entretient avec son propre passé.

L’exil, tant géographique qu’intellectuel, l’amène à interroger la place de l’intellectuel dans une société en crise. Daoud aspire à être un agent de changement, mais se trouve parfois piégé dans des contradictions qui fragilisent son message. Il dénonce les abus, mais ne parvient pas toujours à articuler une vision d’avenir qui inspire et unifie. Ce décalage entre sa critique acerbe et la réalité vécue par de nombreux Algériens soulève la question de l’efficacité de son discours.

4. Un Engagement à Redéfinir

Kamel Daoud représente donc une figure complexe de l’intellectuel postcolonial. S’il se positionne en défenseur des libertés individuelles et de la pensée critique, il est également confronté à des accusations de déconnexion avec les luttes identitaires et politiques qui traversent l’Algérie. Sa voix, essentielle dans le débat algérien, est à la fois une source d’inspiration et un point de discorde. Il reste à voir comment Daoud peut réconcilier son regard critique, sa lucidité et son engagement, afin de se reconnecter avec une Algérie dont il est issu.

Kamel Daoud est un écrivain qui choisit l’exil pour mieux penser, mais qui, par moments, semble lui-même prisonnier de ses contradictions. Il incarne le défi de l’intellectuel moderne : naviguer entre l’affirmation d’une critique nécessaire et la nécessité de se réinscrire dans un récit collectif. Pour que son regard ne devienne pas celui d’un étranger, mais demeure celui d’un écrivain engagé dans le destin de son pays, il lui incombe de retrouver un équilibre entre sa lucidité et son enracinement. Le véritable défi pour lui sera de redéfinir son engagement et d’être en phase avec les aspirations du peuple algérien, afin que ses mots ne restent pas des échos lointains, mais deviennent des leviers pour l’action et la transformation.

Par Bouzid Amirouche.

Une lecture approfondie de Histoire de ma vie de Fadhma Ath Mansour

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– Une lecture approfondie de Histoire de ma vie de Fadhma Ath Mansour convoque une intertextualité philosophique et religieuse pour révéler la profondeur spirituelle qui anime cette œuvre.


– Une lecture approfondie de Histoire de ma vie de Fadhma Ath Mansour convoque une intertextualité philosophique et religieuse pour révéler la profondeur spirituelle qui anime cette œuvre. À travers un prisme théologique, notamment celui de saint Augustin, l’autobiographie de Fadhma prend des dimensions insoupçonnées, où l’exil, la quête identitaire, et l’angoisse de la séparation dialoguent avec des thèmes augustiniens universels : l’âme en quête de rédemption, la recherche d’un ordre supérieur, et la tension entre la chair et l’esprit.

1. Le récit comme quête intérieure : des Confessions à l’exil

Fadhma Ath Mansour, à travers son autobiographie, semble s’inscrire dans une lignée augustinienne. À l’instar de saint Augustin dans ses Confessions, l’auteure kabyle nous offre le récit d’un retour sur soi, d’une exploration intime de son être, où le souvenir et la mémoire deviennent des outils de compréhension de la vie spirituelle. Saint Augustin, en théorisant la mémoire comme une faculté centrale de l’âme humaine, un lieu où résident non seulement les images du passé mais aussi les idées qui orientent l’esprit vers Dieu, nous permet de lire Histoire de ma vie comme une méditation sur l’exil non seulement géographique, mais aussi spirituel.

Ce lien entre le temps passé et l’âme en exil est fondamental dans la narration de Fadhma. L’émigration, au cœur de son récit, prend ici des résonances augustiniennes : ce n’est plus seulement une fuite ou une contrainte matérielle, mais un cheminement intérieur. En quittant son pays, Fadhma se lance dans une quête identitaire qui reflète le déracinement originel de l’homme, tel que le conçoit saint Augustin : une âme en exil sur cette terre, à la recherche de la patrie céleste. Il est pertinent de souligner ici l’écho avec l’exil augustinien qui, dans ses Confessions, s’exprime par ce désir ardent de retrouver l’intimité divine, de s’arracher au péché qui éloigne l’âme de sa véritable destination.

2. Le rôle de la souffrance et du silence de Dieu

Fadhma, comme saint Augustin, fait face à des périodes de profond doute et de souffrance. Dans son récit, la douleur de la séparation avec sa famille, son peuple et ses origines résonne comme une forme d’épreuve divine. Ici, nous pouvons établir un parallèle avec la nuit obscure de saint Jean de la Croix et le silence de Dieu auquel saint Augustin fait allusion dans les moments de détresse spirituelle. L’exil de Fadhma n’est pas simplement une souffrance liée à la perte d’un foyer physique, mais une métaphore de l’absence de réponse divine face à ses tourments intérieurs. Pourtant, comme dans les Confessions, ce silence n’est pas signe d’abandon, mais plutôt une invitation à l’éveil spirituel.

Dans ce contexte, la foi de Fadhma, bien qu’évoquée avec retenue, peut être mise en relation avec le saut dans l’inconnu dont parle Kierkegaard. Tout comme l’angoisse du penseur danois face au silence de Dieu trouve sa résolution dans l’abandon total à la foi, Fadhma semble, elle aussi, accepter son destin en élevant la souffrance à un niveau transcendant. Son récit n’est pas celui d’une révolte, mais d’une résignation qui s’apparente à la soumission augustinienne à la volonté divine, une attitude qui rejoint également les pensées de Pascal sur le pari de Dieu.

3. Mémoire, langage et rédemption : la dialectique de l’identité

Il est également crucial de souligner la centralité du langage et de la mémoire dans la rédemption, tant chez Fadhma que chez saint Augustin. Pour ce dernier, la mémoire est le lieu où l’homme retrouve les traces de Dieu. Chez Fadhma, la langue kabyle, matrice de son identité, joue un rôle similaire. Écrire en français tout en parlant de sa langue maternelle est pour elle un acte de réconciliation avec une mémoire blessée. Elle fait de sa langue natale un refuge, une patrie imaginaire, tout comme saint Augustin retrouve la trace divine dans sa propre intériorité. De ce point de vue, la relation que Fadhma entretient avec la langue rejoint la conception augustinienne du Verbe : ce langage qui permet à l’homme de réintégrer l’ordre divin.

La structure narrative elle-même de Histoire de ma vie est révélatrice d’une tension entre passé et présent, entre la vie vécue et la vie remémorée. Cette dialectique du temps, qui est au cœur des Confessions de saint Augustin, trouve ici un écho littéraire puissant. Le récit de Fadhma, écrit en français, mais profondément marqué par la culture kabyle, devient un pont entre deux mondes, une tentative de retrouver un ordre perdu, de rétablir une continuité entre le passé et le présent, entre l’exil et le retour.

4. L’élévation de l’âme à travers l’exil

Enfin, dans une perspective plus mystique, l’exil de Fadhma pourrait être vu comme une analogie de l’ascension de l’âme vers Dieu, telle que la décrit saint Augustin dans ses écrits théologiques. L’exil physique est l’expression d’un exil plus profond, celui de l’âme qui cherche à transcender les limitations de ce monde matériel. Chez Fadhma, la séparation douloureuse de sa terre natale prend alors une dimension métaphysique, marquée par une aspiration à une union plus élevée, une quête de plénitude qui, au-delà de la souffrance, évoque le désir augustinien de retrouver Dieu.

5. L’œuvre de Fadhma Ath Mansour, bien qu’apparemment enracinée dans un contexte particulier de colonisation et d’exil, se révèle donc universelle par la profondeur des questionnements qu’elle soulève. En se plaçant dans une lignée intertextuelle qui va de saint Augustin à Kierkegaard, en passant par Pascal, elle transcende les limites de l’autobiographie pour rejoindre les grandes œuvres de la littérature spirituelle et philosophique. Son récit, par la multiplicité de ses résonances, nous rappelle que l’exil n’est pas seulement une expérience historique, mais aussi une condition existentielle, partagée par tous ceux qui, comme saint Augustin, cherchent à retrouver leur véritable demeure dans la lumière divine.

Ainsi, Histoire de ma vie peut être lu comme une œuvre d’exil et de réconciliation, à la fois personnelle et universelle, un miroir de la condition humaine en quête de sens et de salut.

Par Bouzid Amirouche.

Evénements du 17 octobre 1961 : une tragédie que la France peine à reconnaître

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Par BOUZID AMIROUCHE

Le 17 octobre 1961 constitue l’une des pages les plus sombres et tragiques de l’histoire contemporaine de la France et de ses relations avec l’Algérie. Ce jour-là, en pleine guerre d’indépendance algérienne, des milliers d’Algériens manifestèrent pacifiquement dans les rues de Paris pour dénoncer un couvre-feu discriminatoire visant uniquement les « Français musulmans d’Algérie », instauré par le préfet de police Maurice Papon. La répression qui s’ensuivit fut d’une violence inouïe, marquant un tournant tragique dans l’histoire des relations franco-algériennes.

 Un massacre occulté, une mémoire réprimée

La répression, d’une brutalité inédite, aboutit à l’arrestation de plus de 14 000 manifestants. Déportés vers des centres de détention improvisés, tels que le Palais des sports ou le stade Pierre-de-Coubertin, les Algériens furent entassés, battus, affamés, et privés de soins. Ce traitement inhumain illustrait une déshumanisation systématique des populations coloniales, une violence d’État qui avait ses racines dans les pratiques coloniales en Algérie. Au-delà des arrestations massives, plusieurs centaines de manifestants furent exécutés sommairement ou jetés dans la Seine.

L’historien Gilles Manceron décrit cet événement comme un « massacre d’État » soigneusement occulté pendant des décennies. Il rappelle que les consignes données aux forces de police par Maurice Papon étaient claires : aucune limite dans la répression. La mémoire collective fut délibérément effacée, une amnésie orchestrée pour éviter de reconnaître la responsabilité de l’État dans ces violences. Pendant longtemps, le massacre du 17 octobre 1961 n’existait que dans la mémoire des victimes et des témoins directs, étouffé par la censure médiatique et l’absence de reconnaissance officielle.

La question mémorielle : un enjeu contemporain

 Le silence entourant ce massacre n’a été que partiellement brisé au fil des décennies. En 2012, François Hollande évoqua pour la première fois la « tragédie » du 17 octobre, sans toutefois reconnaître un crime d’État. Emmanuel Macron, lors de sa campagne présidentielle, avait quant à lui reconnu la colonisation comme un « crime contre l’humanité ». En 2018, il réitéra son engagement à regarder en face cette histoire douloureuse en déclarant : « Le 17 octobre 1961 fut le jour d’une répression violente de manifestants algériens ». Cependant, malgré ces gestes, la reconnaissance officielle reste incomplète.

L’occultation du massacre par les autorités françaises, analysée par des historiens comme Fabrice Riceputi dans Ici on noya les Algériens, trouve encore des échos dans les tensions mémorielles actuelles. Le contrôle au faciès, qui cible de manière disproportionnée les populations d’origine maghrébine, rappelle les méthodes de la guerre d’Algérie. Cette violence institutionnelle contemporaine est en grande partie héritée du racisme structurel qui imprégnait la politique coloniale et postcoloniale française.

L’art comme outil de mémoire

Face à l’absence de reconnaissance politique, la mémoire du 17 octobre 1961 a aussi trouvé une résonance à travers l’art. Le rappeur Médine, dans son morceau 17 Octobre, incarne la voix d’un Algérien manifestant à Paris ce soir-là :

« 17e jour du mois d’octobre, le FLN a décidé de mettre fin à l’opprobre. En effet, le journal de la veille titrait : « Couvre feu recommandé pour les immigrés ». Non ! La réaction ne s’est pas faite attendre ; Algériens de France dans les rues, nous allons descendre Protester contre leurs lois discriminatoires Investissons leurs ponts et leurs centres giratoires Embarqués dans un cortège pacifique, nous réclamons justice pour nos droits civiques Mais la police ne l’entend pas de cette oreille En cette période nous sommes un tas de rats rebelles. »

Ses paroles dénoncent les violences subies par les manifestants et dressent un parallèle avec les luttes contemporaines contre les discriminations et les injustices. Cet art militant contribue à maintenir vivante la mémoire de cette nuit tragique, tout en soulignant l’importance de la justice pour les luttes actuelles.

 La photographie militante joue également un rôle clé dans la transmission de cette mémoire. Une image frappante prise en 1961 par Jean Texier montre l’inscription « Ici on noie les Algériens », inscrite sur les quais de la Seine. Bien que cette photo ait été censurée à l’époque, elle est devenue un symbole puissant de la répression et de l’occultation des crimes d’État. Ce graffiti aurait été imaginé par le dramaturge Arthur Adamov, actif dans les mouvements de soutien à l’indépendance algérienne, soulignant la dimension artistique et engagée de la dénonciation.

Vers une réconciliation par la mémoire

La pleine reconnaissance du massacre du 17 octobre 1961 reste cruciale pour envisager une réconciliation durable entre la France et ses citoyens d’origine algérienne. Les historiens, tels que Jean-Luc Einaudi, dont l’ouvrage La Bataille de Paris fut pionnier dans la révélation des faits, ont joué un rôle clé dans l’émergence d’une mémoire plurielle. Cette démarche historique est nécessaire pour que les blessures laissées par le passé colonial puissent enfin être pansées.

 Le chemin vers une véritable réconciliation passera par une confrontation honnête avec ce passé refoulé. Cela implique non seulement la reconnaissance des faits, mais aussi une réflexion profonde sur les héritages coloniaux qui continuent de structurer la société française. Aujourd’hui encore, la mémoire du 17 octobre 1961 résonne avec les luttes contemporaines contre les discriminations et les violences policières. En reconnaissant pleinement cette tragédie, la France pourrait amorcer un processus de justice et de vérité, essentiel pour apaiser les tensions mémorielles et sociales.

L’ouvrage de Dominique Martre, La Kabylie en partage

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Par Bouzid Amirouche

Dans l’intimité des femmes, se présente comme une œuvre ethnographique profondément immersive, retraçant plusieurs décennies de la vie quotidienne des femmes d’un village kabyle, M’Chedallah, au fil des transformations sociales, politiques et culturelles de l’Algérie post-indépendance.

S’inscrivant dans une tradition littéraire et anthropologique marquée par la quête d’intimité dans des sociétés souvent représentées comme hermétiques, Martre, forte de son statut d’étrangère, tente de dévoiler les non-dits et les ressorts profonds qui gouvernent l’existence des femmes en Kabylie.

Toutefois, si cet ouvrage se veut un témoignage authentique et sensible, il se heurte à plusieurs écueils liés aux filtres culturels, aux limitations d’une approche féministe occidentale et à l’insuffisante prise en compte des dynamiques internes de résistance de cette société.

  • 1- Une immersion ethnographique : force et limites du regard étranger

    Dominique Martre, alors jeune enseignante française, arrive dans la bourgade kabyle de M’Chedallah au début des années 1970, où elle parvient à pénétrer un univers essentiellement féminin. Grâce à l’accueil chaleureux des femmes du village, elle observe leur quotidien, leurs gestes, leurs traditions, mais aussi leurs drames intimes et les luttes qu’elles mènent contre le patriarcat et les contraintes imposées par les structures sociales. Son récit, qui s’étend sur près de cinquante ans, est enrichi par ses rencontres avec des dizaines de femmes et d’hommes, dont elle consigne minutieusement les confidences.

Le principal atout de cet ouvrage réside dans cette immersion intime qui semble transcender les barrières culturelles. Martre parvient à construire des liens profonds avec ces femmes, devenant presque une confidente et observatrice discrète de leur existence. Ce positionnement d’étrangère joue un rôle ambivalent : il lui permet d’avoir un regard distancié, mais également d’être accueillie avec une certaine bienveillance, par effet de curiosité ou de sympathie. Ce statut lui permet d’entrer dans un espace où l’accès est restreint pour un homme ou un observateur local.

Cependant, cette même distance pose également des questions sur la validité des interprétations de Martre. En tant qu’étrangère, elle risque de percevoir les réalités locales à travers le prisme de ses propres préconceptions, ce qui peut induire des jugements biaisés ou des simplifications. La critique de Mustapha Harzoune souligne à juste titre que Martre, malgré son immersion, semble parfois succomber à une forme de sociologie de bazar, en présentant M’Chedallah comme un paradigme de la société kabyle. Cette essentialisation, bien que peut-être involontaire, peut limiter la portée de son analyse, car elle omet la diversité des trajectoires individuelles et les nuances qui façonnent cette région.

  • 2- Une lecture féministe occidentale : universalité ou biais idéologique ?

    L’un des points centraux du livre est la condition des femmes en Kabylie, une société marquée par des traditions patriarcales et des structures sociales rigides. Martre y consigne les luttes des femmes pour leur émancipation, que ce soit à travers l’accès à l’éducation, le droit au travail, ou encore leur résistance face à la domination de la belle-famille. Son récit s’inscrit dans une perspective féministe qui met en avant le combat des femmes pour tracer des chemins de liberté, malgré les obstacles socioculturels et les coûts élevés à payer : surveillance, jalousie, violences, exil.

    Cette approche, bien que louable, peut être critiquée pour son manque de contextualisation. En effet, le féminisme que prône Martre repose sur des critères d’émancipation largement influencés par des valeurs occidentales. L’éducation, l’indépendance économique et la fuite vers des espaces urbains ou occidentaux (Alger, France, Espagne) sont présentées comme les principaux moyens de libération pour ces femmes, sans que ne soient pleinement explorées les formes de résistance intérieure propres à la société kabyle.

    Dans cette optique, Martre semble parfois réduire la complexité de la société locale à une dichotomie rigide entre modernité et tradition, où seule la modernité occidentale semble représenter une issue positive. En occultant les formes subtiles de négociation et de pouvoir que les femmes peuvent exercer au sein même des structures patriarcales, l’auteure impose une lecture univoque de l’émancipation. Ce biais idéologique peut conduire à une forme d’ethnocentrisme, où les solutions aux problématiques locales sont importées de l’extérieur, sans tenir compte des spécificités culturelles et historiques de la Kabylie.
  • 3- Arabisation et islamisation : la Derive /une critique partielle

    Le récit de Martre est également traversé par une critique acerbe du virage politique de l’Algérie des années 1970, notamment à travers l’arabisation et l’islamisation de la société. Elle décrit avec une grande acuité les effets de l’arrivée des enseignants égyptiens, porteurs d’une idéologie qui, selon elle, a contribué à rigidifier les relations sociales et à accentuer la domination patriarcale. Cette critique, fondée sur une expérience directe, est particulièrement percutante dans la mesure où elle illustre les conséquences désastreuses de cette politisation de la culture et de la religion sur la jeunesse kabyle.

    Néanmoins, la lecture de Martre reste parcellaire. Si elle dénonce avec vigueur les effets de l’arabisation et de l’islamisation, elle n’explore pas suffisamment les autres dimensions de ce processus, notamment la manière dont certaines franges de la société ont pu voir dans l’arabisation un outil de décolonisation linguistique et culturelle. De plus, en concentrant ses critiques sur l’islamisation, elle risque d’occulter les résistances internes à cette dynamique au sein même de la Kabylie, où l’identité berbère est restée un socle de contestation culturelle.
  •  4- Une quête de liberté collective : de l’intime au politique

    Malgré ses limitations, La Kabylie en partage offre un tableau poignant des aspirations à la liberté, non seulement des femmes, mais de toute une société en quête de sens face aux bouleversements du monde moderne. Martre dresse des portraits saisissants de femmes « debout », prêtes à payer le prix fort pour s’émanciper. La dimension individuelle de ces luttes est rehaussée par une réflexion plus large sur les conflits générationnels, les écarts entre tradition et modernité, et les fractures engendrées par l’émigration.

    En cela, le livre se hisse au-delà de la simple ethnographie pour devenir un manifeste de résilience, où les victoires individuelles peuvent, selon Martre, devenir des avancées collectives. L’exil, souvent présenté comme une échappatoire, apparaît également comme un choix tragique, synonyme de déchirure identitaire et de nostalgie irréversible. C’est dans cette tension entre enracinement et fuite que le récit trouve sa force narrative, révélant la complexité des trajectoires kabyles.

    La Kabylie en partage est une œuvre d’une grande richesse qui, malgré ses biais, offre un témoignage puissant sur la société kabyle et la condition des femmes dans une Algérie post-coloniale en mutation. Dominique Martre, à travers son regard étranger, capture avec sensibilité les dynamiques d’oppression et de résistance qui façonnent la vie quotidienne des femmes de M’Chedallah. Toutefois, en adoptant une perspective féministe occidentale et en simplifiant parfois les réalités locales, l’ouvrage se heurte à certaines limitations idéologiques et interprétatives. Une approche plus nuancée, prenant en compte les résistances internes et les spécificités culturelles de la Kabylie, aurait permis de rendre ce récit encore plus pertinent dans sa portée ethnographique et littéraire.

Entretien avec Idir Tas, à propos de son livre dédié au regretté Da Said “En mémoire de mon père”

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Propos recueillis par Tahar Khalfoune

 — En ce premier anniversaire de la disparition de ton père, Da Saïd, tu viens de publier aux éditions du Net un livre intitulé « En mémoire de mon père ». Pourquoi as-tu choisi de parler de ton père sous forme de petits tableaux mémoriels ?

 — Parce que je me suis mis à l’écoute de mes souvenirs qui sont revenus selon leur logique propre, au fil des jours, à partir du moment où j’ai appris la mort de mon père. Ce sont d’abord les souvenirs qui m’ont marqué le plus profondément qui sont remontés à la surface, puis peu à peu, d’autres plus anecdotiques, plus récents ont resurgi. À la fin de l’écriture de ce récit, je me suis rendu compte en le relisant, qu’il y avait une trame beaucoup plus chronologique que ce que je pensais.

 — Da Said un homme fort sympathique et discret, tu en fais un héros, pourquoi ?

— Oui, à mes yeux de petit garçon et encore plus d’homme (adulte), mon père était un héros, car même s’il n’a pas œuvré au premier plan, il a risqué sa vie à plusieurs reprises. À l’époque de la Guerre d’Algérie, il vivait à Paris et il était membre de l’OCFLN… Il faisait le guet lors des réunions des chefs de quartier, acheminait du courrier et parfois un peu d’argent venant des cotisations de nos concitoyens.

— (Ainsi), à travers le destin (singulier) d’un seul homme, c’est de toute une génération d’Algériens immigrés dont tu parles en vérité ?

— En effet, en même temps que j’ai essayé de comprendre quel rôle mon père a joué à son échelle, si modeste soit-elle, dans la grande Histoire du peuple algérien au moment où il se libérait du joug du colonial (isme), j’ai retrouvé toute une génération d’hommes qui ressemblaient peu ou prou à mon père et dont la jeunesse avait été sacrifiée par la guerre comme toute personne qui doit participer à un conflit et servir l’intérêt collectif, peu importe le pays et l’époque.

— Da Said a participé à la manifestation bien connue à Paris du 17 octobre 1961 noyée dans le sang par la préfet Maurice Papon. Dans ton récit tu rapportes l’infortune qui a frappé Zadri Mohand-Saïd, originaire du même du village que Da Said, At Saada, et tu as écrit que ton père était hanté par ce souvenir.

— Oui, mon père m’a très souvent parlé de cette histoire et à travers la gravité de sa voix, même si je n’étais encore qu’un enfant, j’ai compris et pris la mesure de la tragédie de l’évènement. Je revois la scène comme si j’y avais assisté. La police française avait lié les mains de Mohand-Saïd derrière son dos et lui avait ligoté les pieds, puis elle l’avait mis dans un sac et l’avait jeté du haut d’un pont dans la Seine. Heureusement que Mohand-Saïd cachait toujours un petit canif dans une de ses chaussettes. Il avait réussi à prendre son couteau et à couper ses liens et, comme c’était un bon nageur, il avait pu échapper à la noyade.

 — tu rapportes un autre fait qui a touché particulièrement Da Said, à savoir l’exécution par des membres de l’OCFLN d’un partisan de Messali El-Hadj.

 — Oui, mon père avait proposé à ce messaliste de payer sa cotisation à sa place, mais il avait refusé. Pour ce partisan, ce n’était pas une question d’argent, mais de principe. Mon père m’avait raconté que lors de son arrivée pour la première fois à Paris en automne 1956, ce messaliste l’avait bien accueilli et il lui avait même acheté une chemise en guise de bienvenue.

— Da Said qui n’est jamais allé à l’école, Akfadou était privé d’école pendant la colonisation, a fréquenté à Paris les cours du soir et il a exercé plusieurs métiers ; en mécanique, en parfumerie, comme plombier et comme économe à l’Ambassade américaine. Y a-t-il un travail qui lui plaisait plus qu’un autre ?

— C’est certainement celui qu’il faisait à l’ambassade des États-Unis. Selon les besoins du personnel diplomatique, il avait exercé plusieurs fonctions : aide-cuisinier, serveur, économe, organisateur de réception… Son supérieur hiérarchique était tellement satisfait de lui qu’il l’avait inscrit à des cours d’anglais. Il lui avait même demandé de l’accompagner à son retour aux États-Unis. Pour les papiers, il se serait occupé de tout. Sa femme et ses enfants l’auraient évidemment accompagné. L’idée de franchir en famille l’Atlantique et de fouler le sol du nouveau continent avait commencé à faire son chemin dans la tête de mon père, mais le sort en avait décidé autrement pour lui, puisqu’il avait été embauché à l’usine de moteurs-tracteurs de Constantine, la SONACOME.

 — Tu racontes dans ton récit, qu’à sa retraite, Da Said vivait dans village à Akfadou et il qu’aimait bien s’occuper des oliviers et grimper aux arbres, même à un âge avancé…

— Oui, jusqu’au jour où il est tombé d’un olivier. Alors je lui ai demandé au téléphone : pourquoi montes-tu encore aux arbres, à ton âge ? Il m’a répondu que les olives bien exposées au soleil sont les plus belles et qu’il ne pouvait pas ne pas les cueillir.

 — Dans ce livre commémoratif, tu évoques de nombreux moments de complicité avec ton père. Il y en a un qui m’a particulièrement touché, le moment où vous alliez ensemble au marché à Constantine.

 — Oui, nous avions l’habitude d’aller au marché tous les vendredis matin et c’était comme un rituel. On nous prenait souvent pour deux frères. Cela nous amusait et renforçait notre complicité. J’aimais bien entendre mon père bavarder avec les vendeurs et le regarder choisir des fruits et des légumes avec des gestes méticuleux. Il était toujours de bonne humeur et il avait la conversation facile. En un mot, il avait du liant et j’appréciais ce trait de caractère.