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samedi 22 février 2025
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De la France en Algérie à l’Algérie en France : continuité ou discontinuité 

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Drapeaux Algérie France

L’histoire, semble-t-il, n’aime pas les points finaux. L’Algérie, 62 ans après son indépendance, se retrouve toujours face à son passé colonial. À croire que, malgré les promesses d’une rupture radicale, la réalité semble nous rappeler qu’une fracture historique, ça se soigne rarement en un coup de plume. Le titre de cette chronique pourrait paraître simple, mais il est en réalité une question infiniment complexe : continuité ou discontinuité ?

Une indépendance qui ne signifie pas « fin de l’histoire »

Si l’Algérie a été « décolonisée » en 1962, elle n’a en aucun cas rompu les chaînes invisibles qui la lient à la France. Après tout, quelle indépendance peut se revendiquer sans une réelle coupure avec l’ancien colonisateur ? L’indépendance algérienne n’a pas été un simple acte administratif ; elle fut un combat sanglant, un cataclysme pour la France, et pourtant, plus d’un demi-siècle plus tard, les Algériens sont toujours là… en France.

Les répercussions de cette relation torturée ne se limitent pas à la mémoire collective : elles ont traversé les océans sous forme de migrations. Des millions d’Algériens, souvent relégués aux marges de la société française, sont venus « pour des raisons économiques » (si l’on peut dire) – mais en vérité, c’était tout sauf un choix. La colonisation, qui a dépouillé l’Algérie de ses ressources humaines et matérielles, continue de tourmenter les trajectoires de ceux qui y sont liés.

Parlons maintenant de cette fameuse réconciliation, toujours promise mais rarement concrétisée. C’est un peu comme la France qui nous assure que l’Algérie fait partie de son « passé », tout en refusant de véritablement affronter ce passé. Des excuses ? Non, ça attendra. Les mémoires ? Elles sont trop conflictuelles. Pourtant, chaque année, une nouvelle génération d’Algériens s’installe en France, apportant avec elle une question non résolue : « Pourquoi, après tout ce temps, la France continue-t-elle à regarder l’Algérie par le miroir ? »

La « discontinuité » s’annonçait comme une page tournée, mais voilà que la réalité fait griller les couvertures. La France dit ne plus être présente en Algérie, mais combien de fils invisibles tirent encore cette relation dans le dos des deux peuples ? Les archives sont ouvertes, les discussions sur les crimes coloniaux s’intensifient, mais ça ne semble jamais suffisant. La vérité historique doit-elle être la monnaie d’échange pour apaiser une histoire toujours vivante ?

La diaspora algérienne : héritage ou aliénation ?

Voyons les choses en face. Si la France en Algérie n’est plus qu’un souvenir douloureux pour les uns, un petit billet d’histoire pour les autres, l’Algérie en France, elle, n’a cessé de se rappeler à nous. Oui, l’immigration algérienne a donné à la France de nombreux talents, mais aussi, il faut le dire, un héritage d’injustices sociales et souvent économiques invisibles. Qui peut dire que la France a véritablement intégré l’Algérie dans son récit national, au-delà de ses besoins économiques temporaires ? Qui peut affirmer que l’Algérie a su effacer des décennies d’influence coloniale en quelques années de migration massive ?

Les banlieues françaises sont les témoins vivants de cette continuité – les enfants des exilés, parfois rejetés, souvent ignorés, mais toujours là. Ceux-ci ne s’accrochent pas aux rêves coloniaux, non, mais à une identité malmenée entre deux rives : la France et l’Algérie. Et si cette identité, bien que multiple, portait une trace indélébile ? Peut-être est-ce là la continuité que l’on n’ose pas vraiment nommer.

Et l’avenir ? Une nouvelle rupture ou un éternel recommencement ?

Alors, quelle conclusion ? Continuité ou discontinuité ? La réponse n’est pas simple. Les liens entre la France et l’Algérie sont bien plus que diplomatiques. Ils sont humains, politiques, économiques et sociaux, et l’histoire d’une nation ne se résume pas à une déclaration d’indépendance. Une fois les batailles militaires gagnées, la guerre des mémoires reste à mener. L’histoire de l’Algérie en France – celle des Algériens en France – n’est peut-être que la prolongation du passé, une guerre qui ne s’est pas encore terminée.

La discontinuité, si elle existe, reste une illusion. Et tant qu’il y aura des enfants d’immigrés algériens se battant pour une place à la table, tant qu’il y aura des mémoires non reconnues, l’histoire, en effet, continue.

Un avenir sous haute tension : la France, le « modèle républicain » et l’Algérie en héritage

On pourrait croire que tout est question de rupture : le passé colonial derrière nous, l’avenir de la France et de l’Algérie devant. Mais la réalité, souvent dérangeante, nous montre un autre visage. La France, fière de son « modèle républicain », continue de traiter l’Algérie comme un parent gênant dans son histoire, un héritage qu’on préfère ignorer ou minimiser. Les symboles d’une « Algérie ancienne » resurgissent dans des débats sur l’intégration, le voile, l’immigration, la laïcité, et autres illusions républicaines.

D’un côté, la France se veut un modèle universel d’égalité et de fraternité, de l’autre, elle cantonne ses enfants d’Algériens dans des ghettos urbains, dans les quartiers périphériques de la République, où les rêves de réussite et d’ascension sociale se heurtent à la barrière invisible du racisme institutionnalisé. Peut-on vraiment dire qu’il y a discontinuité, alors que l’État français, tout en dénonçant les dérives du colonialisme, perpétue souvent des formes de ségrégation sociale plus sournoises ? Si c’est de la continuité, c’est une continuité marquée par une profonde injustice.

L’Algérie, de son côté, n’est pas non plus épargnée par cette spirale de continuité. Dans ses propres murs, les traces de la colonisation sont encore visibles, même si elles prennent des formes nouvelles. L’armée, le FLN, le régime autoritaire, la corruption : des structures héritées de l’époque coloniale ont pris racine dans l’après-indépendance. La jeunesse algérienne, lasse de ce système figé, exprime sa colère par des manifestations comme le Hirak. Mais, au fond, n’est-ce pas aussi une forme de discontinuité avec un passé colonial que de rechercher la démocratie dans un pays qui se veut libre ? Et pourtant, dans cette quête d’une Algérie « nouvelle », la mémoire de la colonisation reste une référence incontournable.

Le retour du refoulé : la mémoire coloniale, entre déni et héritage vivant

L’une des questions essentielles reste : comment faire face à cette mémoire partagée, sans sombrer dans la victimisation ou l’oubli ? Les mémoires coloniales, françaises et algériennes, sont des entités complexes, souvent en décalage avec la réalité contemporaine. La France, en grande partie, continue de refouler ses responsabilités coloniales, trop souvent réduites à des gestes symboliques de reconnaissance. Mais ces gestes ne suffisent pas à réparer un siècle de violence. En Algérie, l’histoire de la guerre d’indépendance est en permanence réécrite pour servir les intérêts politiques du régime. Les « martyrs » de la révolution sont élevés au rang de symboles, mais leur mémoire est instrumentalisée par le pouvoir en place.

Ainsi, l’Algérie en France, cet héritage vivant et parfois lourd de la colonisation, revêt une double dimension : une mémoire refoulée, rejetée, mais aussi une mémoire résistance qui, paradoxalement, continue de lier les deux pays. La lutte pour une reconnaissance pleine et entière de cette mémoire devient alors un point de friction évident. La fracture historique entre les deux nations, loin d’être référée, reste ouverte, nourrie par l’absence de véritables réparations et de réconciliations sincères.

Un dialogue de sourds ? Vers une nouvelle lecture de l’histoire commune

Alors, peut-on espérer un jour une véritable discontinuité dans cette relation franco-algérienne ? Le doute reste permis. L’histoire nous montre que la mémoire, surtout quand elle est douloureuse, ne s’efface pas aussi facilement. Mais peut-être que cette histoire, loin d’être un simple résidu du passé, peut devenir une ressource pour construire un avenir commun, moins marquée par les rancœurs et plus orientée vers la reconnaissance mutuelle.

La France doit accepter qu’elle a laissé des cicatrices profondes sur le corps de l’Algérie, et qu’ignorer cette réalité, c’est entretenir des fractures qui ne se refermeront jamais. Quant à l’Algérie, elle doit apprendre à se détacher des fantômes du passé pour construire une nation moderne, tout en respectant son histoire. En d’autres termes, une rupture symbolique s’avère nécessaire, mais cette rupture ne doit pas ignorer l’immensité du terrain commun qu’ils ont encore à partager.

Si la France et l’Algérie souhaitent réellement tourner la page, elles abandonneront la tentation du déni et se confronter à la vérité du passé. La discontinuité n’est pas simplement un point de non-retour ; c’est une nouvelle manière de lire et de vivre cette histoire commune. L’avenir, aussi difficile soit-il à imaginer, pourrait naître dans ce dialogue sincère, si et seulement si les deux nations parviennent à accepter que l’histoire ne se dissout pas dans un simple effet de levier politique.

Alors, disons-le clairement : l’histoire continue. Et elle continue, encore et encore, tant que la France et l’Algérie ne sauront pas se regarder en face.

Dr A. Boumezrag

Maroc : grève générale de 5 syndicats de travailleurs, une première en dix ans

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Grève au Maroc

Une grève générale de deux jours a débuté mercredi 5 février au Maroc. Les cinq principaux syndicats du pays ont appelé à cesser le travail dans tout le royaume. Plusieurs revendications : le pouvoir d’achat des travailleurs, le taux de chômage, mais surtout cette loi votée par le Parlement il y a deux jours qui encadre le droit de grève.

Une loi « liberticide » pour les syndicats marocains, malgré certaines concessions du gouvernement, qui a notamment interdit au patronat d’avoir recours à des salariés de remplacement en cas de grève. Ça n’est pas suffisant pour Younes Firachine du bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail. 

« Cette loi a donné un pouvoir absolu au chef du gouvernement pour qu’il puisse arrêter une grève. Il y a une double punition, si on peut dire, des travailleurs grévistes. Un contenu qui atteint et qui restreint le droit de grève », affirme-t-il.

Première grève générale en dix ans

C’est la première grève générale depuis dix ans. Elle est plutôt bien suivie dans l’enseignement, dans l’administration publique, mais aussi dans certaines usines, chez Renault à Casablanca et Tanger, ou dans le secteur des mines. 

L’autre grande revendication des syndicats concerne le pouvoir d’achat des travailleurs. « On s’est mis d’accord pour une augmentation des SMIC à 10%, mais malheureusement, la majorité des employeurs ne respectent pas la loi. Et face à la flambée des prix, par exemple, la viande, le poulet, toutes les matières premières qu’utilisent les Marocains d’une manière quotidienne ont augmenté à des prix inacceptables », explique Younes Firachine. 

Le taux de chômage ne cesse de grimper depuis trois ans : il s’établit à plus de 13% et atteint des sommets chez les jeunes. Près de 37% d’entre eux sont sans emploi. 

RFI

Derrière le masque, mille fourberies, un même visage

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Exploitation coloniale

Ah, la décolonisation… Ce grand tour de passe-passe historique où l’on nous a fait croire que les peuples s’émancipaient alors qu’ils changeaient simplement de geôlier. On a ôté l’uniforme du colonisateur, repeint les façades, chanté l’hymne de l’indépendance… mais dans les coulisses, les ficelles du pouvoir étaient toujours tirées par les mêmes mains, juste un peu plus discrètes, un peu plus civilisées.

« Les colonies n’ont été qu’une gigantesque escroquerie » , disait Aimé Césaire. Mais l’escroquerie ne s’est pas arrêtée avec les indépendances proclamées à la hâte dans les années 60. Elle s’est simplement raffinée, peaufinée, adaptée à une époque où l’exploitation devait se draper des oripeaux de la modernité et du partenariat.

Le bal des dupes : des indépendances sous tutelle

La mise en scène est impeccable. À partir des années 1950, sous la pression des mouvements indépendantistes, la France comprend qu’elle ne pourra pas maintenir éternellement son empire par la seule force brute. Il faut donc sauver l’essentiel : non pas les colonies elles-mêmes, mais les richesses qu’elles se procurent. De Gaulle et Foccart (l’architecte de la Françafrique) orchestrent alors une décolonisation contrôlée, où les nouveaux États restent solidement arrimés à l’ancienne métropole.

Les indépendances sont donc signées, mais assorties de « accords de coopération » dont le contenu, souvent secret, garantit à la France un accès privilégié aux ressources naturelles, un droit de regard sur les politiques économiques et une influence militaire directe. Au passage, des dirigeants trop remuants, comme Sylvanus Olympio au Togo (assassiné en 1963) ou Thomas Sankara au Burkina Faso (assassiné en 1987) , sont éliminés au profit de dirigeants plus « compatibles » avec les intérêts français.

Et aujourd’hui ? L’histoire continue. Quand un président africain sort du rang, l’ancienne puissance coloniale ne manque pas d’outils pour lui rappeler qui tient les rêves : pressions économiques, coupures d’aides, menaces diplomatiques et, parfois, comme on l’a vu au Mali ou au Niger récemment, des interventions militaires déguisées en missions de stabilisation.

Le Franc CFA : les chaînes invisibles de la dépendance

Si la domination coloniale s’est obligatoirement retirée, elle a laissé derrière elle un instrument redoutable : le Franc CFA , cette monnaie imposée par la France à 14 pays africains, garantissant que leurs économies restent sous son contrôle. Créé en 1945, ce système monétaire oblige les pays concernés à déposer 50 % de leurs réserves de change au Trésor français , tout en limitant leur souveraineté budgétaire.

« Donnez-moi le contrôle de la monnaie d’une nation, et je me moque de qui fait ses lois », disait le banquier Mayer Amschel Rothschild. Paris a bien compris cette maxime : en contrôlant la monnaie de ses ex-colonies, la France garde une mainmise invisible mais redoutable sur leur développement économique.

Bien sûr, les défenseurs du Franc CFA nous expliqueront qu’il apporte « stabilité » et « crédibilité ». Une stabilité si grande que la plupart des pays concernés figurent encore parmi les plus pauvres du monde, et une crédibilité si forte que leurs économies restent dépendantes des fluctuations décidées à Paris.

Démocratie de façade et coups d’État sur commande

Bien sûr, nous dit-on, ces pays sont indépendants. Ils organisent des élections, disposent d’assemblées, prennent des décisions souveraines. Mais à bien y regarder, ces démocraties ont surtout des airs de franchises où le véritable menu est dicté ailleurs.

En 1990, François Mitterrand déclare lors du sommet de La Baule que l’aide au développement sera conditionnée à l’adoption du multipartisme . Soudain, une vague de « démocratisation » balaie l’Afrique francophone… mais elle se limite souvent à un simple changement de vitrine. Derrière les urnes, le système reste verrouillé par des élites qui doivent leur survie politique à leur docilité envers Paris.

Et lorsque certains régimes deviennent trop incontrôlables, l’histoire se répète : coups d’État fomentés en coulisses, « aides » militaires généreusement proposées pour « restaurer la stabilité », ou campagnes médiatiques pour discréditer les dirigeants jugés trop indépendants. Kadhafi en Libye (2011), Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire (2011), Alpha Condé en Guinée (2021) … Autant d’exemples où le soutien ou l’abandon de la France a joué un rôle clé dans la chute des dirigeants en place.

Colonisation 2.0 : plus fine, plus efficace

Autrefois, on imposait sa loi par la force ; aujourd’hui, on la fait passer par la dette, le droit international et les accords commerciaux inégaux. L’ingérence est devenue une science, un art maîtrisé avec subtilité. On ne vient plus avec des troupes, mais avec des ONG, des traités de libre-échange, des médias bien rodés pour expliquer que si ces pays n’avancent pas, c’est par leur propre incapacité. Après tout, n’ont-ils pas eu leur indépendance ?

« Il n’y a pas d’amis en politique, il n’y a que des intérêts », disait Charles de Gaulle. Les dirigeants africains qui l’ont oublié l’ont appris à leurs dépens. Et tant que ce rapport de force perdure, tant que l’Afrique continue d’être perçue comme une réserve de matières premières et un marché captif plutôt qu’un partenaire à part entière, la mascarade de l’indépendance continue.

Alors, jusqu’à quand ?

Les temps changent. Une nouvelle génération, connectée, éduquée, de plus en plus rétive aux anciens schémas, commence à poser les vraies questions. Pourquoi l’Afrique, si riche en ressources, reste-t-elle si pauvre ? Pourquoi les dirigeants africains continuent-ils d’aller chercher validation et légitimité à l’Élysée ? Pourquoi, après plus de 60 ans d’indépendance, les bases militaires françaises sont-elles toujours si nombreuses sur le continent ?

En attendant, le bal continue, les masques changent, mais le jeu reste le même. À moins que, cette fois, les spectateurs n’étaient plus envie d’être dupes.

« Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. »  Frantz Fanon

Dr A. Boumezrag

Tunisie : opposants et journalistes condamnés à de lourdes peines de prison

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Justice

Mercredi, plusieurs journalistes et personnalités politiques tunisiennes, dont le célèbre opposant au président Kaïs Saied, Rached Ghannouchi, ont été condamnés à de lourdes peines de prison pour des accusations d’« atteinte à la sûreté de l’État ». Ce verdict a suscité une vague de critiques, notamment de la part des proches des accusés et du syndicat des journalistes, qui ont dénoncé un jugement « politique » et « injuste ».

Rached Ghannouchi, âgé de 83 ans et chef du parti islamo-conservateur Ennahdha, a été condamné à 22 ans de prison, la peine la plus sévère prononcée contre lui. Ghannouchi, déjà incarcéré, a précédemment été condamné dans d’autres affaires, ce qui a renforcé les accusations de politique judiciaire à son encontre. Par ailleurs, l’ex-Premier ministre Hichem Mechichi a été jugé par contumace et condamné à 35 ans de prison. Deux journalistes, Chahrazed Akacha et Chadha Hadj Mbarek, ont respectivement écopé de 27 ans et 5 ans de prison, la première étant jugée par contumace. Ces peines interviennent dans le cadre de l’affaire « Instalingo », une enquête ouverte en 2021 concernant une société de production de contenu numérique, accusée de servir de couverture pour comploter contre la sûreté de l’État.

En tout, une cinquantaine de personnes étaient jugées dans cette affaire, y compris Mohammed-Ali Aroui, ancien porte-parole du ministère de l’Intérieur, et Seyed Ferjani, dirigeant d’Ennahdha. Aroui a été condamné à 16 ans de prison, tandis que Ferjani a écopé de 13 ans de réclusion. La fille de Seyed Ferjani, Kaouther, a exprimé son choc et son indignation face à la décision, soulignant l’absence de preuves contre son père et dénonçant un procès purement politique, où les verdicts étaient, selon elle, « décidés d’avance ».

Pour sa part, Rached Ghannouchi a refusé de se présenter devant le tribunal, estimant que le système judiciaire était « dépendant » et manquait d’indépendance, comme l’ont rapporté ses avocats. Lors d’une audience en février 2023, il avait déjà qualifié le dossier judiciaire de « vide » et de « fausse affaire ». Cette condamnation intervient après plusieurs accusations lancées à son encontre dans le passé, notamment pour « apologie du terrorisme » et « financement étranger illégal ».

Les membres de la famille Ghannouchi n’ont pas été épargnés. Son fils Mouadh a été condamné à 35 ans de prison, sa fille Soumaya à 25 ans, et son gendre Rafik Abdessalem, ancien ministre des Affaires étrangères, à 34 ans de prison. Ces peines ont accentué la pression sur le camp des opposants politiques au président Saied. Le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Zied Dabbar, a dénoncé le verdict à l’égard de la journaliste Chadha Hadj Mbarek, soulignant que ce jugement témoigne de l’utilisation de la magistrature comme une arme contre la liberté de la presse.

Le parti Ennahdha a réagi en qualifiant le procès de « politique », en soulignant que ce dernier intervient dans un contexte où le Parlement, jadis dominé par Ennahdha, a été dissous par Kais Saied après qu’il ait pris les pleins pouvoirs en juillet 2021. Cette décision a été perçue comme un coup de force par de nombreux observateurs, tant au niveau national qu’international. Depuis, l’opposition, ainsi que des organisations non gouvernementales tunisiennes et internationales, ont critiqué le recul des droits et des libertés dans le pays. En octobre 2024, Kais Saied a été réélu avec une large majorité de plus de 90%, mais cette victoire a été marquée par un taux de participation particulièrement faible, inférieur à 30%.

Dans un autre procès très attendu, connu sous le nom d’« affaire du complot contre la sûreté de l’État », une quarantaine de personnes, dont des opposants de premier plan, des avocats et des hommes d’affaires, sont poursuivies. Ce procès, qui doit débuter le 4 mars, suscite de vives attentes et pourrait avoir de lourdes répercussions sur l’avenir politique et judiciaire de la Tunisie.

La rédaction avec agences

Interdictions arbitraires de voyager pour les dissidents algériens : HRW et MENA Rights Group dénoncent

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Kaddour Chouicha
Comme un nombre non documenté, Kaddour Chouicha est victime d'une interdiction de voyager.

COMMUNIQUE. Les autorités algériennes ont de plus en plus souvent recours à des interdictions de voyager arbitraires en guise de représailles contre des personnes perçues comme critiques, ont déclaré aujourd’hui Human Rights Watch et MENA Rights Group. Les autorités devraient lever ces restrictions arbitraires et cesser de les instrumentaliser à des fins de répression de la dissidence.

Les autorités algériennes ont eu recours à des interdictions de voyager pour cibler arbitrairement des militants de la société civile, des dirigeants de partis d’opposition, des journalistes, des syndicalistes et d’autres personnes jugées critiques envers le gouvernement. Les interdictions arbitraires de voyager peuvent être imposées sans notification officielle, elles sont souvent illimitées dans le temps et il est quasiment impossible de les contester.

En empêchant les personnes de quitter le pays, non seulement elles violent leur droit à la liberté de déplacement, mais elles portent atteinte aux droits à la liberté d’association, de réunion et d’expression. Dans certains cas, ces interdictions de voyager ont séparé des familles, ou bien affecté le travail et la santé mentale des personnes ciblées.

« Ces interdictions de voyager font partie d’une campagne plus large de harcèlement continu de ceux qui critiquent les autorités, visant à faire taire la dissidence et à éradiquer tout espace civique », a déclaré Bassam Khawaja, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Même celles et ceux qui, injustement condamnés ont purgé leur peine, ou bien ont été acquittés, continuent de subir des mesures punitives qui les privent de leur droit à la liberté de circulation. »

Human Rights Watch et MENA Rights Group ont documenté 23 cas de ressortissants algériens soumis à une interdiction de voyager, une pratique qui s’est intensifiée depuis 2022. 

Dans la plupart des cas, les interdictions ont été soit imposées arbitrairement par les forces de sécurité, sans procédure régulière, selon des avocats, soit ordonnées par un procureur de la République. Néanmoins, même celles qui ont été imposées par un procureur bafouent souvent les exigences de la loi algérienne et vont à l’encontre des normes internationales portant sur la liberté de circulation.

L’article 49 de la Constitution algérienne garantit à tout citoyen le droit de libre circulation ainsi que « le droit d’entrée et de sortie du territoire national ». Toute restriction à ces droits « ne peut être ordonnée que pour une durée déterminée par une décision motivée de l’autorité judiciaire ». L’article 36 bis 1 de l’Ordonnance n°15-02 de 2015 portant sur le Code de procédure pénale énonce que « le procureur de la République peut, pour les nécessités de l’enquête, sur rapport motivé de l’officier de police judiciaire, ordonner l’interdiction de sortie du territoire national de toute personne à l’encontre de laquelle il existe des indices faisant présumer sa probable implication dans un crime ou un délit ». 

Cette même ordonnance établit que les interdictions de sortie du territoire sont limitées à une durée de trois mois renouvelable une seule fois, excepté dans le cadre d’infractions de terrorisme ou de corruption, pour lesquelles l’interdiction peut être renouvelée jusqu’à clôture de l’enquête. C’est également le procureur de la République qui est chargé de lever les interdictions de sortie du territoire. Pourtant, Human Rights Watch et MENA Rights Group ont constaté que dans de nombreux cas, les autorités infligeaient des interdictions de voyager arbitraires, sans respecter la durée fixée par la loi.

Très souvent les autorités ne fournissent ni notification officielle, ni fondement légal aux restrictions de déplacement, ce qui les rend difficiles voire impossibles à contester devant les tribunaux. Certaines personnes n’apprennent l’existence d’une interdiction de voyager que lorsqu’elles tentent de partir à l’étranger. Sur les 23 cas documentés, pas une seule personne n’avait été informée du fondement légal de l’interdiction.

Même lorsqu’une notification officielle était délivrée, la limitation légale de durée était rarement respectée : certaines personnes ont même été empêchées de voyager pendant des années sans aucune justification. D’autres ont été interdites de voyager alors même qu’on leur avait dit qu’elles n’étaient pas sous le coup d’une interdiction ou qu’elles avaient reçu une décision judiciaire annulant l’interdiction.

Human Rights Watch s’est notamment entretenue avec cinq personnes critiques envers le gouvernement qui faisaient l’objet d’interdictions de voyager officielles depuis plus de deux ans. Toutes ont été convoquées par la police de la wilaya de Béjaïa, entre fin 2022 et début 2023, et informées d’une interdiction de voyager ordonnée par le procureur de Béjaïa. La police a confisqué les passeports de quatre de ces personnes. La cinquième n’avait pas réussi à faire renouveler son passeport à cause de son militantisme pacifique. Au bout de trois mois, quatre de ces militants ont été convoqués de nouveau et avisés que leur interdiction de voyager avait été prolongée, mais depuis, aucune n’a reçu de nouvelles concernant un renouvellement ou une levée de l’interdiction, à l’heure où nous écrivons.

Les autorités algériennes devraient cesser d’avoir recours à des interdictions de voyager arbitraires à l’encontre de personnes perçues comme critiques et de militants. Elles devraient lever toutes les interdictions en vigueur infligées à des personnes exerçant leurs droits fondamentaux à la liberté d’expression, d’association ou de réunion pacifique. Elles devraient cesser d’imposer des interdictions de voyager non judiciaires en dehors de tout processus officiel, aviser dûment les personnes interdites de voyager, veiller à ce qu’aucune interdiction ne se prolonge au-delà de la période prévue par la loi, exiger des décideurs de présenter une justification suffisante et un fondement juridique pour imposer ou renouveler une interdiction de voyager, et enfin prévoir une voie de recours. Les interdictions de voyager ne devraient être prononcées que par ordonnance judiciaire et non pas laissées à la discrétion des procureurs et des forces de sécurité. Les autorités législatives devraient amender l’article 36 bis 1 de l’ordonnance 15-02 pour se conformer aux normes internationales sur la liberté de circulation.

Human Rights Watch et MENA Rights Group ont écrit au ministère de la Justice, le 19 décembre 2024, afin de demander des informations sur l’usage qui est fait des interdictions de voyager, mais aucune réponse n’a été reçue à l’heure où nous écrivons.

Conformément au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, deux textes ratifiés par l’Algérie, toute personne a droit à la liberté de circulation, y compris le droit de quitter n’importe quel pays, même le sien. Le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, dont l’interprétation du Pacte fait autorité, a jugé que les États ne pouvaient restreindre le droit à la liberté de déplacement que pour protéger la sécurité nationale, l’ordre public, la santé ou la moralité publiques, ou les droits et libertés d’autrui, et que ces restrictions devaient être « prévues par la loi, […] nécessaires dans une société démocratique pour protéger les objectifs énoncés et […] compatibles avec les autres droits reconnus par le […] Pacte ». Le Comité a également exigé que les autorités fournissent les « raisons justifiant l’application de mesures restrictives » dans tous les cas impliquant des restrictions de la liberté de circulation.

« L’emploi récurrent et arbitraire d’interdictions de voyager à l’encontre de personnes critiques est alarmant en Algérie, sachant que les cas que nous avons répertoriés ne représentent que la partie émergée de l’iceberg », a conclu Alexis Thiry, conseiller juridique à MENA Rights Group. « Cette pratique viole les obligations internationales de l’Algérie et a des effets dévastateurs sur les droits des individus. »

Interdictions de voyager arbitraires informelles
 
Mustapha Bendjama

Mustapha Bendjama, un journaliste et ancien rédacteur en chef d’un journal régional de l’est de l’Algérie, a été arbitrairement empêché de quitter le pays à plusieurs reprises depuis octobre 2022. Bendjama a été harcelé de façon répétée par les forces de sécurité pour ses opinions et sa couverture du mouvement de protestation du Hirak en 2019. Il a également été jugé dans un certain nombre d’affaires en lien avec son activité de journaliste et ses prises de position critiques. Il a été condamné à des peines de prison à au moins trois reprises.

Le 23 octobre 2019, Bendjama a été arrêté et placé en garde à vue après avoir partagé un rapport de police qui avait fuité sur les médias sociaux. Il a été libéré peu après, mais un procureur l’a placé sous contrôle judiciaire. La police de la ville d’Annaba, où il vit, l’a convoqué en novembre pour l’informer que le procureur d’Annaba avait émis une interdiction de voyager le concernant.

En janvier 2022, Bendjama a envoyé une requête au procureur et au chef de la sûreté de la wilaya pour leur demander de lever cette restriction. En avril 2022, il a rencontré un procureur qui lui a annoncé que l’interdiction de voyager était levée, mais a refusé de lui délivrer un document écrit, a déclaré Bendjama à Human Rights Watch et MENA Rights Group.

Bendjama a pu se rendre en Tunisie en juillet 2022, mais en octobre de la même année, il a été empêché de quitter l’Algérie quatre fois de suite à la frontière terrestre avec la Tunisie. D’après Bendjama, la police aux frontières lui a confirmé qu’il ne faisait l’objet d’une interdiction officielle, sans pour autant être autorisé à quitter le pays.

Bendjama effectuait des démarches pour tenter de faire lever l’interdiction lorsqu’il a été arrêté et arbitrairement placé en détention, dans le cadre d’une affaire à caractère politique, de février 2023 à avril 2024. À sa libération, en avril 2024, il a essayé de se rendre en Tunisie, mais il a encore été empêché de quitter le territoire, sans pour autant être notifié du motif ou fondement légal.

Après avoir été, une fois de plus, bloqué à la frontière terrestre le 13 décembre 2024, Bendjama a été arrêté par les forces de sécurité le 30 décembre à Annaba. Au bout de trois jours de garde à vue, un juge d’instruction a ordonné sa libération, mais l’a placé sous contrôle judiciaire, avec entre autres l’interdiction de voyager. Le 2 janvier, le juge l’a questionné au sujet de ses publications sur les réseaux sociaux, notamment sur celles qui dénonçaient l’interdiction arbitraire de voyager qu’il subissait depuis 2019.

Kaddour Chouicha

Kaddour Chouicha, ancien vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, actuellement dissoute, a été arbitrairement empêché de voyager pendant presque deux ans, de 2022 à 2024. C’est à l’aéroport d’Oran, où il avait l’intention de prendre un vol pour Genève (Suisse) le 24 août 2022, qu’il a appris qu’il était interdit de voyage. Il voyageait avec son épouse, Djamila Loukil, une défenseure des droits humains et journaliste, lorsque la police a arbitrairement et illégalement empêché de voyager, avant de l’interroger, notamment sur ses activités associatives et syndicales.

Chouicha n’avait jamais été informé d’une quelconque interdiction de voyager et n’a reçu aucune instruction écrite, aucun motif ni limitation de durée concernant l’interdiction, ce qui signifie certainement que cette décision a été prise par les services de sécurité, ont expliqué des avocats à Human Rights Watch et MENA Rights Group. Chouicha a déposé plainte devant le tribunal administratif d’appel d’Alger, mais le tribunal a rejeté sa requête au motif qu’il ne pouvait pas prouver qu’il avait été interdit de voyager, a-t-il déclaré. Il a finalement pu quitter l’Algérie en mars 2024, mais n’a jamais été informé ni du fondement de l’interdiction arbitraire de voyager, ni de la raison pour laquelle elle avait été levée.

Activistes de la diaspora

Human Rights Watch avait déjà documenté le cas de trois activistes algéro-canadiens soumis à des interdictions arbitraires de voyager entre janvier et avril 2022 : Lazhar Zouaimia, Hadjira Belkacem ainsi qu’une autre personne qui a demandé à ne pas être nommée pour des raisons de sécurité. Ces trois personnes avaient été empêchées de regagner le Canada, où elles résident, et interrogées sur leurs liens avec le mouvement de protestation du Hirak

Dans chacun de ces cas, les autorités n’ont pas avisé les militants du fondement légal des restrictions de déplacement et ne leur ont pas délivré de document écrit, rendant ces interdictions difficiles, voire impossibles, à contester devant un tribunal. Après avoir été bloqués pendant quelques mois en 2022, les trois personnes ont pu quitter le pays la même année, sans recevoir aucune information supplémentaire sur la restriction qu’on leur avait infligée.

Après son retour au Canada, Zouaimia a appris qu’il avait été condamné par contumace à cinq ans de prison pour « atteinte à l’intégrité et à l’unité du territoire national ».

Interdictions de voyager formelles, mais contraires aux normes internationales
 
Merzoug Touati 

Merzoug Touati, un activiste et blogueur qui a été emprisonné plusieurs fois pour avoir exercé sa liberté d’expression depuis 2017, a été convoqué par la police de Béjaïa en décembre 2022 et informé qu’il faisait l’objet d’une interdiction de voyager. On ne lui en a pas fourni la raison. En mars 2023, il a été convoqué à nouveau, a-t-il témoigné à Human Rights Watch et MENA Rights Group, et s’est vu signifier que l’interdiction de voyager avait été renouvelée.

À l’heure où nous écrivons, Touati n’a toujours pas été avisé d’une levée de l’interdiction. En juin 2023, la police l’avait informé que l’interdiction de voyager était toujours en vigueur, a-t-il rapporté. En octobre 2019, il avait demandé à renouveler son passeport, mais sa demande a été arbitrairement rejetée en novembre 2023, après une attente de quatre années, sans qu’aucune justification ne lui soit fournie.

En novembre 2024, Touati a présenté une requête au parquet de Béjaïa pour qu’il lève l’interdiction, mais elle a été rejetée. Le 1er août 2024, Touati a été à nouveau arrêté en lien avec ses publications sur les médias sociaux et placé sous contrôle judiciaire par un juge d’instruction. Il a rapporté qu’il avait subi des tortures psychologiques et physiques lors de sa garde à vue, et déposé plainte, mais le procureur de Béjaïa l’a classée sans suite.

Karim Djidjeli

En décembre 2022, la police de la ville de Béjaïa a convoqué Karim Djidjeli, un militant et syndicaliste impliqué dans le mouvement de protestation du Hirak depuis 2019, et l’a informé qu’un procureur de cette ville avait prononcé une interdiction de voyager le concernant en novembre. Il n’a reçu aucun document notifiant la décision par écrit et la police a confisqué son passeport le même jour.

Djidjeli a rapporté à Human Rights Watch et MENA Rights Group qu’il avait été reconvoqué en mars 2023 et qu’on lui avait signifié que son interdiction de voyager avait été prolongée au début du mois. En juin, il a écrit au procureur de Béjaïa pour demander aux autorités de lever son interdiction de voyager et de lui rendre son passeport. Sa requête a été classée en octobre, a-t-il déclaré.

En raison de son militantisme, de ses publications sur les réseaux sociaux et de ses activités de syndicaliste, il a fait l’objet de poursuites pénales en 2020 et 2021, subi un harcèlement croissant des forces de sécurité et, en tant que fonctionnaire, il a fait face à des représailles sur son lieu de travail, a-t-il déclaré.

Samir Larabi

En septembre 2022, la police a notifié Samir Larabi, un chercheur en sociologie et ancien membre du Parti socialiste des travailleurs, aujourd’hui suspendu, que le procureur d’Annaba l’avait soumis à une interdiction de voyager. Environ trois mois plus tard, la police lui a fait savoir que l’interdiction avait été renouvelée, mais bien que la période de renouvellement ait expiré depuis, il n’a jamais été informé de son éventuelle levée.

La police d’Annaba l’a convoqué et interrogé en décembre 2022, a témoigné Larabi, et un juge l’a inculpé, aux côtés de plus de autres vingt personnes, de « levée de fonds non autorisé ». En juillet 2023, Larabi a été condamné par contumace à deux ans de prison et une amende, mais il n’a jamais été avisé de la tenue du procès et a appris sa condamnation sur les réseaux sociaux, a-t-il déclaré.

« Certes, toute ma vie est en Algérie, mais cette interdiction me pénalise en tant que chercheur, puisque je ne peux pas participer à des conférences à l’étranger », a déclaré Larabi à Human Rights Watch et MENA Rights Group.

Mourad Zenati 

Mourad Zenati, un avocat de droits humains, a été empêché de voyager le 9 août 2024, alors qu’il tentait de franchir la frontière terrestre avec la Tunisie. C’est au poste frontalier qu’il a appris que le procureur d’Oued Amizour l’avait soumis à une interdiction de voyager le 1er décembre 2022. Il a reçu un document écrit de la police aux frontières à ce moment-là, mais il n’avait pas été précédemment informé de l’interdiction, a-t-il déclaré.

Il semble que cette interdiction de voyager soit due au travail de Zenati, qui assure la défense de plusieurs membres du Hirak détenus. Zenati a été convoqué par la police et interrogé par un procureur de Béjaïa en juin 2022 au sujet de déclarations sur les réseaux sociaux, en lien avec les articles 79 et 100 du code pénal, relatifs à l’«atteinte à l’intégrité du territoire national » et à la « provocation à un attroupement non armé ». Depuis son audience, aucune nouvelle démarche n’a été entreprise dans cette affaire, a-t-il déclaré à Human Rights Watch et MENA Rights Group.

Interdictions de voyager non levées après la fin du contrôle judiciaire

En vertu de l’article 125 bis 1 du code de procédure pénale, le placement sous contrôle judiciaire peut, dans certains cas, limiter la faculté d’un individu à quitter le territoire. Ce contrôle est du ressort du juge d’instruction. Néanmoins, le prolongement arbitraire d’une interdiction de voyager au-delà de la fin du contrôle judiciaire peut abusivement restreindre la liberté de déplacement. 

Un des cas documentés, un militant faisait l’objet d’une interdiction de voyager dans le cadre d’un contrôle judiciaire, a été arbitrairement empêché de voyager même après la levée de ce contrôle judiciaire. Cet activiste avait été placé en détention en 2021 et condamné, plus d’un an après, à seize mois de prison pour avoir « reçu des fonds afin d’accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à l’ordre public », en lien avec son militantisme. Son interdiction de voyager aurait dû être levée à cette date, puisque le contrôle judiciaire se termine automatiquement à la fin d’un procès.

Après avoir purgé sa peine, il a tenté de voyager. Or il a été empêché à deux reprises de quitter le pays en 2023. Lors de sa première tentative, la police aux frontières l’a informé verbalement qu’il était interdit de voyage ; la deuxième fois, elle l’a interrogé et officiellement avisé, par écrit, de l’interdiction de voyager. En février 2024, la Cour suprême algérienne a maintenu le jugement et confirmé la levée de l’interdiction de voyager. Pourtant, lorsqu’il a demandé au ministère de la Justice, en mai 2024, s’il pouvait voyager, des responsables l’ont informé que cela lui était toujours interdit.

Comité national pour la libération des détenus

En 2021, huit militants, anciens membres du Comité national pour la libération des détenus – un collectif mis en place pendant le mouvement de protestation du Hirak afin de suivre les arrestations et les poursuites judiciaires et de soutenir les personnes détenues à cause de leurs opinions ou de leur activisme – ont été soumis à d’interdictions de voyager arbitraires.

Ces huit personnes ont été inculpées de « incitation à un attroupement non armé », d’« atteinte à corps constitués », de « réception de fonds afin d’accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l’État » et d’« appartenance à une organisation terroriste » définie par l’article 87 bis du code pénal. En juin 2021, un juge d’instruction d’Alger les a placés sous contrôle judiciaire et leur a infligé une interdiction de voyager, y compris la confiscation de leur passeport. Le 18 novembre 2022, tous les accusés de cette affaire ont été acquittés, mais les militants n’ont pas réussi à récupérer leurs passeports.

Le 31 janvier 2024, l’acquittement a été maintenu en appel et la défense a requis la restitution des passeports de ces militants, mais le procureur a répondu que le jugement n’était pas encore définitif, puisqu’il faisait l’objet d’un recours devant la Cour suprême. Or il peut s’écouler des années avant une réponse de la Cour suprême, ce qui entrave leur capacité de voyager à l’étranger à long terme

France : LFI appelle les opposants à voter sa motion de censure

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Mélenchon

Le groupe parlementaire La France Insoumise (LFI) appelle « tous les opposants » à voter la motion de censure qui sera soumise au vote mercredi à l’Assemblée nationale.

« Le budget qu’est en train de présenter monsieur Bayrou est pire que le budget présenté par monsieur Barnier et donc mérite à lui seul la censure », a plaidé la présidente du groupe, Mathilde Panot, dans une déclaration à la presse après que le Premier ministre a fait usage, à deux reprises, du 49.3 ce lundi après-midi.

La députée du Val-de-Marne estime que cette motion de censure « permettra définitivement de clarifier qui est dans l’opposition à ce gouvernement et propose une alternative en rupture avec le macronisme, et qui est le supplétif des macronistes et continue dans un soutien sans participation à ce gouvernement ».

Elle confirme de fait le dépôts de « deux motions de censure » pour s’opposer aux « coups de force » opérés par l’Exécutif.

Mathilde Panot pointe ouvertement les socialistes qui ont déjà annoncé qu’ils ne voteront pas la censure et assure que leur positionnement les conduira à se retrouver « isolés du reste du Nouveau front populaire » et « en rupture avec ce qui a été promis ».

Et de poursuivre : « Le Rassemblement national joue aussi un jeu trouble en essayant de se cacher sur le fait qu’eux aussi risquent de ne pas voter la censure ».

Mathilde Panot accuse, à cet effet, les députés d’extrême-droite de jouer « le rôle d’assurance-vie du système » et de permettre la « possibilité de continuer la politique macroniste ».

Ces déclarations interviennent alors que les écologistes et les communistes ont déjà annoncé qu’ils voteront la censure du gouvernement de François Bayrou.

Si les socialistes se sont accordés pour ne pas la voter, le Rassemblement national ne fera son choix que mercredi, quelques heures avant l’ouverture de la séance au Palais Bourbon.

Pour rappel, deux motions de censure ont été déposées ce lundi après-midi contre François Bayrou après qu’il a utilisé le 49.3 pour faire adopter le budget 2025 et le premier volet du budget de la sécurité sociale, sans passer par le vote.

Anadolu

Une dizaine d’auteurs français refuse de participer au déjeuner de « L’Express » avec Bardella

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Bardella
Jordan Bardella, on ne débat pas avec le diable.

Le magazine « L’Express » convie chaque année à un déjeuner les plus gros vendeurs de livres. Kamel Daoud, Mélissa Da Costa, Joël Dicker… ont refusé de participer à ce déjeuner au côté du chef du RN.

Plusieurs écrivains, parmi les plus gros vendeurs de livres en France, ne participeront pas au déjeuner organisé, mercredi 5 février, à Paris par le magazine L’Expressa appris France Inter(Nouvelle fenêtre) auprès des principaux concernés, confirmant une information de Libération. Ils s’opposent ainsi à la présence de Jordan Bardella, président du Rassemblement national, invité après la parution de son autobiographie Ce que je cherche, publiée chez Fayard et vendue à 140 000 exemplaires.

Parmi les auteurs qui ne participeront pas figurent Kamel Daoud, prix Goncourt, Gaël Faye, prix Renaudot, Miguel Bonnefoy, prix Femina, Sandrine Collette, prix Goncourt des Lycéens, Olivier Norek, prix Renaudot des lycéens, mais aussi Melissa Da Costa, Valérie Perrin, David Foenkinos, Joël Dicker, Franck Thilliez, Cédric Sapin-Defour, auteur du best-seller Son odeur après la pluie, Thomas Schlesser, auteur du best-seller Les Yeux de Mona (Albin Michel), ou encore Philippe Collin, Le barman du Ritz (Albin Michel).

« Pas question de banaliser le mal »

« Que Bardella écrive des livres, qu’il les vende, qu’il ait des millions d’électeurs, c’est une chose. Mais boire du champagne avec lui et poser à côté de lui, c’en est une autre », confie un écrivain à France Inter en référence à la traditionnelle photo organisée. « Pas question de banaliser le mal », explique un autre écrivain qui ne sera pas présent.

Selon les informations de France Inter obtenues auprès d’une source proche qui souhaite rester anonyme, Amélie Nothomb sera présente à l’événement. La direction de L’Express n’a pas souhaité communiquer la présence de ceux qui ont confirmé : « Nous invitons les auteurs de notre palmarès, explique le directeur de la rédaction de L’Express, Eric Chol. Ce qui veut dire que nous invitons aussi des gens que nous combattons dans les pages du journal ».

Le magazine L’Express convie chaque année à un déjeuner les plus gros vendeurs de livres. D’ordinaire, la liste compte une quarantaine d’invités, dont une trentaine viennent accompagnés de leurs éditeurs.

Francetvinfos

La Turquie accueille 15 prisonniers palestiniens libérés par Israël

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Wael Naim Ahmad Al-Jaghoub
Wael Naim Ahmad Al-Jaghoub a été libéré hier après 24 ans de détention ! Figure du mouvement des prisonnier•es palestinien•nes

La Turquie a accueilli sur son sol quinze prisonniers palestiniens récemment libérés dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. C’est ce qu’a annoncé ce mardi 4 février le chef de la diplomatie turque.

Il y a quelques jours, quinze Palestiniens ont été transférés en Turquie après avoir été libérés dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Ils ont emprunté la route via Le Caire, où la Turquie leur a délivré un visa.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a confirmé l’information lors d’une conférence de presse tenue à Ankara avec son homologue égyptien, Badr Abdelatty. Cependant, ni la date exacte de leur arrivée ni le lieu de leur arrivée en Turquie n’ont été précisés. Ce transfert de prisonniers fait partie d’un engagement de la Turquie à accueillir certains des Palestiniens libérés, dans un contexte où l’accord de cessez-le-feu empêche leur séjour dans les territoires palestiniens occupés.

Les autorités turques, par l’intermédiaire de l’agence Anadolu, ont annoncé qu’il s’agissait dans un premier temps de quinze personnes, en précisant que des mesures avaient été prises pour assurer une vie paisible et sécurisée aux Palestiniens sur le sol turc. Cette démarche est perçue comme un geste de soutien d’Ankara envers l’accord de cessez-le-feu et, plus largement, envers la cause palestinienne dans le cadre de la guerre qui déchire Gaza depuis plusieurs mois. En effet, la Turquie est l’un des pays qui a pris position de manière active en faveur des Palestiniens, soutenant fermement leurs droits dans ce conflit.

Le soutien de la Turquie à l’accord de trêve ne se limite pas à l’accueil de prisonniers palestiniens. En novembre 2011, Ankara avait déjà facilité l’accueil de prisonniers palestiniens libérés en échange de la libération du soldat israélien Gilad Shalit, retenu pendant cinq ans dans les territoires palestiniens. Cet échange avait permis la libération de plus d’un millier de Palestiniens, dont certains avaient été accueillis en Turquie. Hakan Fidan a d’ailleurs rappelé ce précédent, soulignant l’engagement historique de la Turquie dans de telles démarches humanitaires.

Le week-end dernier, la Turquie avait confirmé sa disposition à accueillir certains Palestiniens libérés par Israël dans le cadre de l’accord avec le Hamas. Ce geste, selon Fidan, illustre le soutien indéfectible d’Ankara aux Palestiniens dans le cadre du conflit à Gaza. Cette libération intervient dans un contexte marqué par des efforts diplomatiques et des interventions humanitaires, notamment l’implication de la Turquie dans la libération de prisonniers détenus par le Hamas.

Fin janvier, cinq ressortissants thaïlandais, enlevés par le Hamas, ont été libérés grâce à l’intervention directe du président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui avait personnellement reçu une délégation du Hamas à Ankara, en présence de son ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan et du chef des services de renseignement turcs.

Dans le cadre de l’accord de trêve entre Israël et le Hamas, une première phase de six semaines a permis la libération de plusieurs otages israéliens, dont huit ont été tués. En contrepartie, Israël a relâché près de 1 900 prisonniers palestiniens, dont une partie a été transférée à Gaza et l’autre en Cisjordanie. Cette dynamique a également conduit à la libération de trois otages israéliens capturés lors de l’attaque du 7 octobre 2023. En réponse, Israël a libéré 182 Palestiniens et un Égyptien, dont une majorité a été transportée à Gaza. Ces échanges illustrent la complexité des négociations en cours et l’implication de la Turquie comme acteur clé dans la médiation de cette crise.

Ainsi, à travers ces gestes d’accueil et de médiation, la Turquie continue de jouer un rôle crucial dans les efforts internationaux visant à apaiser le conflit israélo-palestinien et à soutenir les Palestiniens dans ce contexte de guerre dévastatrice à Gaza.

La rédaction

L’Algérie et Israël : une question de dignité palestinienne, pas de diplomatie

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Palestine
Image par hosny salah de Pixabay

En 2025, la question de la normalisation des relations entre les pays arabes et Israël continue de se diviser. Alors que certains États arabes ont opté pour un rapprochement avec l’État hébreu — motivés par des considérations économiques, sécuritaires ou stratégiques —, l’Algérie persiste dans sa position de principe : tant que l’occupation israélienne de la Palestine perdure, il ne pourrait être question de normalisation avec Israël.

Cette position, loin d’être un simple alignement sur une ligne idéologique, est un acte de résistance à une diplomatie mondialisée qui semble avoir oublié les principes fondamentaux du droit international et de la dignité humaine.

L’Algérie ne se contente pas d’être une spectatrice silencieuse de l’évolution géopolitique, mais revendique une posture de principe, marquée par une fidélité indéfectible aux valeurs qui ont nourri son combat pour l’indépendance. La normalisation des relations avec Israël, telle qu’elle est menée par certains pays arabes, est perçue par Alger comme une trahison des droits inaliénables du peuple palestinien, qui, depuis des décennies, lutte pour sa souveraineté, sa liberté et son existence dans les frontières qu’il a définies.

La normalisation, un piège diplomatique ?

L’accord d’Abraham signé entre Israël et plusieurs pays arabes en 2020 a marqué un tournant dans les relations Israël-Monde arabe. Si cet accord a été salué par certains comme un pas vers la paix, d’autres y voient un compromis sur les principes fondamentaux de justice et de solidarité. À l’aube de 2025, plusieurs autres pays du Golfe suivent la même voie, confortés par des promesses de prospérité économique et de sécurité renforcée. Mais pour l’Algérie, cette normalisation sans résolution de la question palestinienne est une aberration.

La diplomatie algérienne ne cède pas à ce qui pourrait apparaître, pour certains, comme une évolution naturelle des relations internationales. Pour elle, la paix ne se bâtit pas à coup de contrats commerciaux, mais sur la justice. Et cette justice exige, en premier lieu, la reconnaissance des droits du peuple palestinien. Tant qu’Israël ne reconnaît pas la Palestine comme un État libre et souverain, l’Algérie reste fermement opposée à toute normalisation.

Cette position n’est pas seulement un héritage idéologique de la guerre de libération, elle s’enracine profondément dans une conviction plus large : celle que la paix n’est véritablement possible que lorsque les droits de tous les peuples sont respectés, et que la La dignité humaine n’est pas une monnaie d’échange dans des accords diplomatiques.

La terre palestinienne : une question de dignité

Lorsqu’on parle de la Palestine, il ne s’agit pas d’une question géopolitique parmi d’autres. La Palestine n’est pas une simple ligne sur une carte, mais une cause de justice. L’Algérie le comprend mieux que quiconque : son propre parcours de lutte pour l’indépendance et contre l’occupation coloniale l’a conduite à défendre les principes universels de liberté et de souveraineté. L’Algérie ne peut donc se résoudre à voir la Palestine réduite à un enjeu de pouvoir entre grandes puissances ou à un objet de marchandage dans les discussions diplomatiques. On ne vend pas une terre sur laquelle marche un peuple.

Cette phrase, qui résume la position algérienne, n’est pas une simple formule rhétorique. Elle incarne le refus catégorique de toute négociation qui légitimerait l’occupation israélienne. La terre de Palestine appartient aux Palestiniens, et ce droit ne peut être négocié ni vendu en échange de quelques bénéfices économiques ou sécuritaires. Il s’agit là d’une question de justice fondamentale, de respect des droits humains et de dignité nationale.

Une solidarité historique, mais aussi un engagement moral

Il est essentiel de comprendre que l’Algérie, en tant que nation, n’agit pas par simple solidarité idéologique ou politique avec le peuple palestinien, mais plutôt par un engagement moral et historique. Après avoir mené une lutte de plusieurs décennies pour son indépendance, l’Algérie a toujours vu dans la cause palestinienne un miroir de son propre combat. Elle se reconnaît dans cette résistance à l’occupation et cette quête de souveraineté. L’Algérie a payé un lourd tribut pour son indépendance, et elle sait que la justice pour la Palestine ne peut être négociée contre des intérêts immédiats.

La solidarité algérienne avec la Palestine n’est donc pas une posture diplomatique parmi d’autres, mais un engagement profond, inscrit dans la mémoire collective de la nation. La Palestine est le symbole de la lutte pour l’autodétermination, pour la liberté d’un peuple opprimé. C’est une cause qui va au-delà des enjeux géopolitiques de la région et qui se connecte à la lutte universelle contre l’injustice.

L’Algérie : le dernier rempart de la dignité palestinienne ?

Dans un monde où les réalités géopolitiques changent rapidement et où les stratégies diplomatiques se façonnent à la lumière de nouvelles alliances, l’Algérie se trouve dans une position unique. Elle est, peut-être, le dernier rempart de la dignité palestinienne dans le monde arabe. Tandis que d’autres pays semblent se résoudre à des compromis, à accepter la réalité de l’occupation sous prétexte de la stabilité régionale, l’Algérie maintient une ligne droite, refusant de sacrifier les principes au profit de la paix diplomatique.

L’Algérie rappelle ainsi, par sa position intransigeante, que la paix ne peut exister sans justice. Elle refuse de participer à une diplomatie de façade où la Palestine serait reléguée au rang de simple variable d’ajustement dans le jeu des intérêts internationaux. Et surtout, l’Algérie ne se résigne pas à accepter que les souffrances d’un peuple, qui lutte pour son droit à la liberté, soient effacées sous le poids des accords et des concessions.

Les critiques de cette position ne manquent pas. Certains accusent l’Algérie de rester figée dans un passé révolu, d’être aveugle aux nécessités d’un monde interconnecté où la diplomatie pragmatique semble être la seule voie pour la paix. Mais pour l’Algérie, la paix véritable ne peut être fondée sur l’oubli de la souffrance d’un peuple. Elle est intransigeante, mais cette intransigeance est celle de la vérité, celle qui dit que tant que l’occupation israélienne persistera, la normalisation avec Israël ne sera pas une option.

Un engagement moral, une dignité inébranlable

La diplomatie algérienne, en 2025, repose sur un principe fondamental : la dignité palestinienne ne peut être sacrifiée . L’Algérie ne vendra pas cette dignité contre des contrats économiques ou des promesses de sécurité. Elle n’acceptera pas qu’une terre occupée, une terre sur laquelle marchent des millions de Palestiniens, soit utilisée comme monnaie d’échange dans le cadre d’une diplomatie pragmatique. On ne vend pas une terre sur laquelle marche un peuple.

L’Algérie, fidèle à ses principes, maintient donc une ligne de résistance à l’occupation israélienne et aux compromissions diplomatiques qui pourraient être faites au nom de la stabilité ou de la paix. Tant que la Palestine n’aura pas retrouvé sa liberté et sa souveraineté, l’Algérie continue de rappeler au monde que la paix ne peut se construire que sur la justice, et que la dignité d’un peuple n’est pas négociable.

« La paix ne se construit pas sur les ruines des droits d’un peuple ; elle se forge dans le respect de sa dignité et de son droit à la liberté. »

Dr A. Boumezrag

Rapport « Tunisie 2021-2024 : coup d’arrêt à la transition démocratique et montée des périls »

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Kais Saied

Face à la dégradation alarmante des droits de l’homme et de l’État de droit en Tunisie, un nouveau rapport intitulé « Tunisie 2021-2024 : coup d’arrêt à la transition démocratique et montée des périls » est publié aujourd’hui. Ce document dresse un état des lieux détaillé de la régression démocratique que traverse la Tunisie depuis le coup de force de KaÏs Saïed, le 25 juillet 2021, marquée par une concentration du pouvoir, une répression accrue et un affaiblissement inquiétant des institutions.

Fruit d’un travail de documentation approfondi réalisé par des juristes, des défenseurs des droits humains et des observateurs indépendants, ce rapport met en lumière les principales violations des droits fondamentaux survenues ces trois dernières années.

Il analyse en détail les conséquences de la dérive autoritaire du régime du président Kaïs Saïed et souligne l’urgence d’une mobilisation nationale et internationale pour préserver les acquis démocratiques remportés après la révolution de 2011.

Principaux constats du rapport :

  • Concentration excessive du pouvoir : démantèlement des institutions démocratiques, dissolution du Parlement, modification unilatérale de la Constitution.
  • Répression judiciaire et arrestations arbitraires : instrumentalisation de la justice pour persécuter les opposants politiques, les journalistes et les militants.
  • Censure et atteintes à la liberté d’expression : application abusive du décret-loi 54-2022 pour museler la presse et intimider les critiques du régime.
  • Marginalisation des partis politiques et de la société civile : restrictions accrues sur les associations et contrôle des financements étrangers.
  • Manipulation des élections et faible participation : élections législatives et présidentielle marquées par un contrôle étroit d’une instance électorale non-indépendante, des modifications juridiques unilatérales et un taux d’abstention record dépassant les 70 %. Ces scrutins, dépourvus de garanties démocratiques ont renforcé la personnalisation du pouvoir.
  • Crise économique et sociale : hausse des inégalités, criminalisation des mouvements sociaux et augmentation des restrictions sur les libertés publiques.

Le rapport alerte sur les risques d’une dérive vers un régime autoritaire consolidé et propose une série de recommandations pour rétablir l’État de droit en Tunisie. Parmi celles-ci : l’abrogation des lois répressives, la restauration d’un système judiciaire indépendant, la garantie de la liberté d’expression et l’organisation d’élections libres et transparentes.

À travers cette publication, les auteurs appellent la communauté internationale, les institutions démocratiques et la société civile à redoubler d’efforts pour soutenir les acteurs engagés en Tunisie et exiger des réformes immédiates visant à garantir les droits fondamentaux de toutes les citoyennes et tous les citoyens tunisiens.