Le Conseil des Ministres tunisien vient d’adopter, vendredi 23 novembre, un projet de loi visant à consacrer l’égalité successorale en Tunisie. Il faudra encore attendre plusieurs mois pour savoir si le parlement tunisien acceptera de suivre l’exécutif et de légiférer sur la question. C’est la première fois qu’un tel projet de loi voit le jour dans le monde arabe, où dans l’extrême majorité des pays les hommes continuent d’hériter le double de la part des femmes.
La lutte sans relâche des organisations féministes et de défense des droits humains tunisiennes depuis plus de trois décennies a permis la désacralisation de la question, ainsi que l’ouverture d’un débat public en faveur de l’égalité successorale et sa prise en charge au plus haut niveau politique.
Si le contenu précis du projet de loi n’est pas encore connu, il devrait faire de l’égalité successorale un principe général, mais pourrait introduire certaines exceptions, incitant nos organisations à maintenir leur vigilance.
Le projet de loi a été présenté au Conseil des Ministres à l’initiative du président de la République tunisienne. Cette initiative fait suite aux recommandations de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (COLIBE) de juin 2018, ayant ouvert la voie à des réformes substantielles de l’ensemble de l’arsenal législatif régissant la question de l’égalité entre les sexes et des libertés individuelles en Tunisie. Ces réformes, longtemps revendiquées par la société civile tunisienne, constituent un préalable nécessaire favorisant le changement sociétal et la remise en cause du système patriarcal fondé sur l’exclusion, la domination et la subordination des femmes.
La question de l’héritage est une question centrale car elle touche au pouvoir matériel et à l’autonomie des femmes, et contribue à maintenir des rapports sociaux inégaux.
Source : fidh.org