Très heureux de la libération de l’écrivain Boualem Sansal, et très heureux qu’il quitte la prison en bonne santé, son emprisonnement fut une aberration, un abus de plus dans une longue série d’injustices… Je n’ai jamais cessé de réclamer sa libération, convaincu du caractère arbitraire de son arrestation.
Le régime, qui pensait pouvoir jouer la carte de la surenchère, s’est finalement retrouvé piégé par un détenu devenu encombrant, au point de contribuer malgré lui à en faire une figure quasi légendaire. tant mieux pour Sansal s’il a bénéficié d’un traitement particulier, et si le pouvoir a pris soin de le ménager, redoutant les conséquences d’un éventuel drame… Tant mieux encore s’il a pu compter sur le soutien de plusieurs États étrangers et sur l’attention de l’opinion internationale : ce sont parfois ces regards extérieurs qui arrachent les détenus aux pires abus.
Malheureusement, ce ne fut pas le cas pour notre camarade Kamel Eddine Fekhar, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH) ; ni pour Talmat, journaliste ; ni pour Debazi, militant du Hirak… Tous ont été laissés mourir en prison, sacrifiés dans l’indifférence totale du pouvoir, qui n’a jamais entendu nos appels du cœur, ni nos appels à la raison.
Il en a été de même pour tant d’autres détenus d’opinion du Hirak, dont la santé s’est gravement détériorée dans les geôles de l’arbitraire, les images choquantes de leur libération, leurs corps affaiblis, leurs regards brisés, défilent encore devant nos yeux… Ils ont été broyés par la prison algérienne, par l’injustice systémique, je pense, à titre d’illustration, à Mohand Tafarka, qui n’a quitté la prison que sur une chaise roulante.
Beaucoup n’ont pas survécu à leur détention ni aux séquelles laissées par l’enfermement. Ma pensée va notamment à Ahcene Cherifi, militant berbériste et compagnon de lutte de Mohamed Haroune, emprisonné à un âge avancé et décédé quelques mois seulement après avoir purgé sa peine. Ils sont des centaines de détenus d’opinion du Hirak à avoir laissé leur santé en prison.
Honte au régime qui brise ses enfants les plus sincères, ceux qui portent encore l’héritage moral des libérateurs du pays.
Les détenus d’opinion doivent être libérés, Ils doivent regagner leurs familles, Ils doivent retrouver leur dignité, que nul pouvoir ne devrait leur arracher.
Source: Par Said Salhi –

