Alors que le mois de ramadan a été marqué par une envolée des prix de la banane sur le marché algérien, atteignant des sommets de 500 à 600 DA le kilogramme, le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni, a appelé à un boycott de ce fruit importé, qualifiant les spéculateurs de “voleurs”. Cependant, cette intervention soulève des interrogations sur l’efficacité des politiques mises en place pour réguler ce marché volatile.
En effet, malgré les facilités accordées aux importateurs et l’augmentation des quotas d’importation, passés de 160 000 tonnes en 2023 à 320 000 tonnes en 2024, les prix n’ont cessé de grimper. Le ministre a d’ailleurs révélé que le prix d’achat à l’importation n’excédait pas 135 DA le kilogramme, soit un coût de revient d’environ 200 DA, laissant une marge substantielle aux intermédiaires.
Cette situation paradoxale, où l’abondance de l’offre ne se traduit pas par une baisse des prix, soulève des questions sur les défaillances structurelles du marché de la banane en Algérie. Les mesures annoncées par le ministre, telles que le retrait des licences d’importation, semblent davantage relever de l’affichage politique que d’une réelle volonté de s’attaquer aux racines du problème.
En effet, on peine à trouver des informations concrètes sur le nombre d’importateurs ayant fait l’objet de sanctions effectives suite aux précédentes envolées des prix. De plus, la complexité de la chaîne de commercialisation, avec de multiples intermédiaires, rend difficile la traçabilité et le contrôle des marges bénéficiaires.
Face à cette situation, le consommateur algérien se trouve pris en otage, confronté à des prix prohibitifs pour un produit de consommation courante. Le boycott appelé par le ministre, bien que compréhensible, risque de pénaliser davantage les ménages, sans pour autant résoudre le problème structurel.
Kamel AIDOUNE