28.9 C
Alger
vendredi 20 juin 2025
Accueil Blog Page 6

Keltoum, la doyenne de l’interprétation féminine au théâtre et au cinéma algériens

0
Keltoum

Célèbre auprès du public algérien pour ses nombreux rôles au théâtre, au cinéma et à la télévision, Keltoum est considérée comme une artiste pionnière et parmi les premières femmes algériennes à se produire sur une scène et passer devant une caméra, ouvrant ainsi la voie à de nombreuses carrières féminines marquantes.

Ayant résisté à divers préjugés familiaux et sociétaux de son époque afin d’intégrer le monde de l’art, Keltoum, de son vrai nom Aisha Adjouri, aura ainsi permis à d’autres femmes artistes à lui succéder, contribuant à changer la vision du monde de l’art et de la société, jusque là hostile à la présence des femmes dans le théâtre et l’art en général.

Née à Blida le 4 avril 1916, Keltoum fit ses premiers pas dans les Arts de la scène, sous l’aile du regretté Mahieddine Bachtarzi, pionnier et doyen de l’Art en Algérie et premier à découvrir ses talents d’artiste polyvalente, après lui avoir suggéré, en 1935, de s’essayer au chant, à la danse et au théâtre, bravant ses réticences et ses peurs de sa famille et envers la société algérienne.

Après une tournée en France, Keltoum se tourne essentiellement vers le théâtre, confirmant son talent dans des pièces de Mahieddine Bachtarzi, Rachid Ksentini et Habib Reda, pour rejoindre ensuite, la première saison arabe de l’Opéra d’Algérie en 1947.

Au fil des années, la plupart des rôles féminins lui sont confiés, et sa voix entre au répertoire du théâtre radiophonique, où elle s’investira également dans la chanson avec notamment, l’enregistrement de cinq disques durant la période allant de 1940 à 1950, avant de revenir au théâtre avec une adaptation d' »Othello » de William Shakespeare.

Créativité cinématographique et théâtrale prolifique

Après le recouvrement de la souveraineté nationale, Keltoum reprend son activité artistique et rejoint en 1963 le Théâtre national algérien, première institution culturelle à être nationalisée après l’indépendance, où elle prend son premier rôle dans la pièce intitulée, « Mariage par téléphone », de Mahieddine Bachtarzi et Rachid Ksentini.

Ses débuts dans le septième art se font en 1966 avec le réalisateur Mohamed Lakhdar Hamina qui la distribuera dans son film « Le Vents des Aurès », où elle incarne la souffrance des femmes rurales algériennes pendant la période coloniale.

Dans cette œuvre, qui a mis en vedette des acteurs de premier plan tels que Hassan El Hassani, Mustapha Kateb et Mohamed Chouikh, Keltoum joue le rôle d’une femme désespérée, errante entre les prisons et les camps de concentrations, à la recherche de son fils emprisonné par l’armée coloniale.

Son image iconique, dans ses vêtements miteux, tenant un panier dans sa main gauche et un poulet dans sa main droite, constitue une scène d’anthologie dans l’histoire du cinéma algérien, qui a rehaussé « Le vent des Aurès », un chef d’œuvre réaliste aux accents épiques, distingué en 1967 du prix de la Première Œuvre au Festival de Cannes (France).

L’icône du cinéma algérien a continué sa collaboration avec Hamina dans d’autres œuvres, telles que « Décembre », « Hassan Terro » et « Chronique des années de braise », distingué en 1975 de la Palme d’Or au Festival de Cannes, ainsi que dans d’autres œuvres à l’image de, « Beni Handel » de Lamine Merbah, « Les Années folles du Twist » de Mahmoud Zemmouri, « Hassan Taxi » de Mohamed Slim Riad et « Hassan Niya » de Ghaouti Bendedouche.

Incarnant les rôles principaux d’une vingtaine de films et plus de soixante-dix œuvres théâtrales, Keltoum a laissé une empreinte indélébile dans le monde du théâtre et du cinéma.

En 1991 elle avait donné la réplique au grand Rouiched dans, « Les Concierges », pièce de théâtre qu’il a lui même écrite et qui constitue la dernière représentation théâtrale de Keltoum, avant d’annoncer sa retraite.

Keltoum tire sa révérence le 11 novembre 2010, après une longue et riche carrière créative jalonnée de réussites et de succès.

APS

Donald Trump apporte son soutien à Marine Le Pen, le RN dans la retenue

0
trump

Le président américain Donald Trump a fustigé jeudi 3 avril la condamnation de Marine Le Pen et lui a apporté son soutien dans un message publié sur son réseau Truth Social. Du côté du Rassemblement national, ces propos semblent embarrasser à l’approche de la manifestation prévue dimanche à Paris.

C’est un soutien dont le Rassemblement national semble vouloir se passer. Cette nuit, le président américain a dénoncé une chasse aux sorcières à l’encontre de Marine Le Pen, dénonçant notamment sa peine d’inéligibilité. « Libérez Marine Le Pen », a écrit en lettres capitales Donald Trump sur son réseau Truth Social dénonçant également une guerre juridique menée par la gauche européenne pour museler la liberté d’expression et censurer un adversaire politique.

« Je ne connais pas Marine Le Pen, mais j’apprécie le travail acharné qu’elle a accompli pendant tant d’années. Elle a essuyé des pertes, mais a persévéré, et maintenant, juste avant ce qui allait être une grande victoire, ils l’accusent d’une accusation mineure dont elle ignorait probablement tout », croit le président américain.

Plus tôt dans la journée, c’était J.D. Vance qui prenait la parole pour dénoncer une manœuvre pour l’empêcher de participer à la présidentielle. Et ce n’est pas la première fois que le républicain prend position pour la députée d’extrême droite.

Le Rassemblement national refuse de commenter

Mais du côté du parti à la flamme, on accueille ces prises de parole avec retenue alors que les sympathisants du Rassemblement national sont attendus ce dimanche à Paris pour manifester et dénoncer ce que Marine Le Pen qualifie de « scandale démocratique ».

Pas de commentaire sur la réaction de Washington. Les élus du Rassemblement national refusent de réagir après les propos de président américain, comme ils l’ont fait après le soutien du Premier ministre Hongrois Viktor Orban, ou encore du Kremlin, car en toile de fond, il y a le rassemblement de dimanche.

Un rassemblement qu’une partie des oppositions à droite comme à gauche dénoncent. Xavier Bertrand, le président LR de la région Haut-de-France s’inquiète d’un remake de la prise du Capitole ; référence au 6 janvier 2021 où des militants trumpistes avaient pris d’assaut le siège du Congrès américain. 

Interrogé sur LCI hier soir, Jordan Bardella a écarté toute tentative de coup de force et assure au contraire que le rassemblement de dimanche est un soutien à la démocratie française. 

À noter d’ailleurs que Marine Le Pen n’a pas de bon souvenir du premier mandat de Donald Trump. Elle qui avait fait le déplacement pour rencontrer le républicain début 2017 avait été finalement éconduite par le président élu. Depuis, aucune relation officielle n’a été établi.

Rfi

Cherif Mellal : « Je vous écris depuis un endroit que personne ne devrait connaître »

0
Cherif Mellal

Dans un message, envoyé depuis la prison d’El Harrach et relayé par Me Sadat, Cherif Mellal, ancien président de la JSK, explique pourquoi il a cessé sa grève de la faim.

« Mes chers amis,

Je vous écris depuis un endroit que personne ne devrait connaître, un endroit qui fatigue les corps et teste l’endurance des âmes, un endroit qui laisse son impact profond sur tous ceux qui passent par là.

Mais aujourd’hui, malgré ces murs malgré l’injustice je ressens le besoin de vous écrire avec un cœur plein de gratitude.

Merci pour votre solidarité, pour être à mes côtés, pour croire en la vérité et la justice. Vous avez choisi d’être dans la ligne de la vérité, et l’histoire ne l’oubliera pas.

Je voudrais tout vous dire, pour mettre en mots cette souffrance inimaginable. Tout au long de mon procès, toutes les preuves pour prouver mon innocence ont été ignorées, et les infractions évidentes ont été ignorées. Je me suis défendu de toutes mes forces, mais en vain.

L’arbitraire a été un choc. Un tremblement de terre pour moi, pour ma famille et pour tous ceux qui croient encore à la justice. Encore aujourd’hui, je ne peux pas accepter cette injustice.

Je sais pourquoi je suis là. Je paye pour ma loyauté et mon amour pour l’Algérie.

Ma seule intention en rentrant chez moi était de Le servir à ma façon. Je voulais rendre à mon équipe bien-aimée une partie de ce qu’il m’a donné, le voir se relever et briller à nouveau, et instiller de l’espoir dans le cœur de notre jeunesse.

Parce que le tribalisme de Chabiba n’est pas seulement un club, mais un symbole, un héritage et une fierté nationale. Peu de clubs dans le monde ont une telle place dans le cœur de leurs fans, comme Barcelone ou le Bayern Munich.

Le 3 mars 2025, j’ai fais une grève alimentaire pour protester contre l’injustice à laquelle je suis confronté. Mais aujourd’hui mon corps n’en peut plus. L’épuisement, l’inquiétude de mes parents, ma femme, mes enfants, et vos messages qui m’ont parvenu à travers les murs… Tout cela m’a poussé à suspendre cette grève.

Ce n’est pas abandonner. C’est une nouvelle approche pour continuer notre voyage ensemble.

Alors continuez s’il vous plaît. Fais entendre ma voix, fais entendre la nôtre.

Tu es la source de ma force, la source de mon espoir, la preuve que notre peuple n’abandonne pas ses enfants.

Et un jour viendra, où la vérité sera révélée. Parce que comme disait Mawloud Amry :

« La vérité est comme l’huile, elle flotte toujours à la surface. »

Avec toute ma gratitude, ma force et ma foi dans notre lutte commune.

Cherif Mellal

Numéro de restriction : 297176

Cherif Mellal a cessé sa grève de la faim

0
Mellal

Après près d’un mois de grève de la faim, Cherif Mellal, ancien président de la JSK, a décidé de sursoir à ce mouvement pour voir venir. C’est Me Fetta Sadat qui rapporte l’information.

« J’ai rendu visite à Cherif Mellal ce matin.
Affaibli par des semaines de grève de la faim, durement éprouvé mais toujours debout, il a finalement accepté, sous l’insistance des médecins de la prison, de suspendre son combat silencieux entamé le 3 mars 2025.
Son corps porte les stigmates de l’injustice, mais sa détermination demeure intacte.

Je lui ai transmis l’ampleur du soutien et des messages de solidarité qui lui sont parvenus, notamment sur les réseaux sociaux. Profondément touché, il remercie chacun pour cet élan qui, malgré les murs, lui a donné force et espoir.

La répression ne fera pas taire les voix libres.

Liberté pour Cherif Mellal et pour tous les détenus d’opinion !

Me Fetta Sadat

Mali, l’armée dément que son drone abattu à Tinzaouatène soit entré en Algérie

0
Bombe de drone
Bombe du drone abattu

Au Mali, l’armée précise sa version au sujet du drone abattu dans la nuit du lundi 31 mars au mardi 1er avril, à la frontière algérienne. Dans une vidéo en bambara diffusée cette nuit sur les réseaux sociaux et dans une intervention en français diffusée le 2 avril au soir sur la télévision d’État ORTM, l’armée assure que son drone n’est pas entré sur le territoire algérien.

Le ministère de la Défense algérienne avait, revendiqué, avoir abattu l’appareil pour préserver ses frontières nationales.

Ce drone « survolait l’espace aérien malien, il est tombé dans le territoire malien » : c’est le chef d’état-major général des armées du Mali en personne qui l’affirme, apportant un démenti catégorique au ministère algérien de la Défense.

Bamako n’avait jusque-là pas réagi à la revendication de l’Algérie, qui assume la destruction de ce drone au motif qu’il avait, selon Alger, pénétré de deux kilomètres à l’intérieur du territoire algérien et qu’il s’agissait donc de « préserver les frontières nationales de toute menace. » 

« Dans les limites du territoire national »

Mais le général Oumar Diarra assure que ce drone opérait bien « dans les limites du territoire national » et qu’il devait repérer et cibler une « grande réunion de cadres terroristes ».

Les débris de l’engin ont été retrouvés du côté malien de la frontière, près de la ville-frontière de Tinzaouatène, par les rebelles indépendantistes du FLA (Front de libération de l’Azawad) dont c’est une zone refuge. C’est d’ailleurs le FLA qui avait révélé la chute de ce drone en publiant des images des débris, sans expliquer clairement l’origine du crash.

Avec RFI

Tunisie : Sonia Dahmani, avocate, est en grève de la faim

0
Sonia Dahmani

Depuis le lundi 31 mars, Sonia Dahmani, avocate et chroniqueuse, figure libre de la Tunisie, a entamé une grève de la faim sauvage à la prison de Manouba. Ce geste extrême n’est ni un caprice, ni une posture. C’est le dernier recours d’une femme épuisée, humiliée, affamée, assoiffée, mais toujours debout.

Une femme qui, face au silence des institutions, à la lâcheté des juges et à la violence d’un système carcéral inhumain, choisit d’exposer son propre corps pour résister. Dans un témoignage bouleversant publié par sa sœur Ramla Dahmani sur sa page FB, on lit ce qu’aucun communiqué officiel ne dit, ce que la froideur bureaucratique masque, ce que le pouvoir voudrait taire.

Sonia n’a plus accès à l’eau potable : dix jours sans possibilité d’achat ni d’approvisionnement. L’eau du robinet est rouillée, toxique. Les familles, interdites de faire passer des bouteilles, assistent impuissantes à cette asphyxie lente.

Vendredi dernier, une gardienne émue par sa détresse lui a discrètement offert un pack d’eau. Sonia l’a partagé avec ses codétenues.

Car en prison, même la survie se partage. La solidarité devient instinct. À cette soif s’ajoute la faim institutionnalisée : depuis la fermeture de la cantine, les détenues vivent de ce qu’il reste – souvent de l’huile, seule denrée disponible. Sonia n’a eu que cela pendant tout un week-end. Pas de pain, pas de lait. Pas même de quoi atténuer les brûlures de l’estomac. 

Et comme si ce supplice ne suffisait pas, la maladie s’est installée : Sonia souffre de détresse respiratoire, elle s’essouffle, peine à trouver l’air. Elle a demandé à consulter. On lui a répondu que le médecin était absent. Quinze jours d’attente. Vendredi, enfin, elle a vu un médecin, qui a prescrit un traitement à commencer immédiatement. Mais le lundi suivant, les médicaments n’étaient toujours pas arrivés. Est-ce une négligence ? Ou une volonté délibérée de l’éteindre, lentement ?

Dans cet environnement carcéral où même les journaux, les radios et les lettres sont confisqués, Sonia résiste encore. Elle rit. Elle rassure. À son père, elle dit : « Je vais bien ». Elle lui sourit. Elle se dresse, fière. Forte. Même si elle n’a plus que sa peau et ses os. Sa sœur Ramla écrit : « Est-ce qu’ils veulent la tuer ? Est-ce que c’est ça, le plan ? »Cette question doit résonner dans toutes les consciences. Nous y répondons par une exigence : « Sonia Dahmani doit être libérée immédiatement et sans condition »Car Sonia Dahmani n’est pas une criminelle.

Elle est détenue pour ses idées, pour sa parole libre, pour avoir osé dire que l’arbitraire ne fait pas une politique et que les prisons ne sont pas un programme de gouvernement. Elle est aujourd’hui emprisonnée dans son propre corps, mais son esprit reste indomptable. 

Face à cette situation insoutenable, nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de Sonia Dahmani, exigeons un suivi médical indépendant, régulier et l’accès à ses traitements urgents ; énonçons les conditions de détention cruelles et dégradantes à la prison de Manouba en violation flagrante du droit national et des conventions internationales ; appelons à la mobilisation nationale et internationale pour que ce qui arrive à Sonia ne soit ni banalisé ni oublié. 

Le post FB de Ramla Dahmani est un acte de vérité. Il est une archive vivante de la violence institutionnelle, un miroir tendu à notre société, une interpellation pour chacun·e de nous. Ne pas réagir, ce serait laisser mourir non seulement une femme, mais un espoir de justice. 

Sonia Dahmani n’a pas abandonné. Ne l’abandonnons pas. ­­ ­ ­

Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie

Guerre des mémoires, guerre des rentes : les enjeux franco-algériens

0
Rue d'Alger en 1962.
Rue d'Alger en 1962.

L’histoire franco-algérienne est une blessure ouverte qui refuse de cicatriser. À chaque fois qu’elle semble s’apaiser, elle est ravivée par un discours, un événement, une crise. Deux guerres s’y superposent : la guerre des mémoires, qui oppose deux récits inconciliables sur le passé colonial et la guerre d’indépendance ; et la guerre des rentes, qui structure les rapports économiques et énergétiques entre les deux pays depuis 1962.

Ces deux fronts, bien que différents, s’entrelacent en une relation d’amour-haine, où dépendance et ressentiment cohabitent, rendant toute réconciliation illusoire.

La guerre des mémoires : l’histoire en otage

D’un côté comme de l’autre, la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie n’a jamais été totalement assumée. La France a longtemps préféré l’amnésie à l’introspection, minimisant les exactions du colonialisme, hésitant à qualifier officiellement la guerre d’Algérie comme telle jusqu’en 1999, et évitant de reconnaître les crimes commis. La torture, les massacres, les répressions sanglantes comme celles du 17 octobre 1961 à Paris ou du 8 mai 1945 à Sétif, restent des plaies béantes dans la mémoire algérienne.

Du côté algérien, la guerre de libération a été sacralisée et instrumentalisée par le régime comme un mythe fondateur, une légitimité politique inattaquable. Le Front de Libération Nationale (FLN), qui a monopolisé le pouvoir depuis 1962, s’est posé en gardien de cette mémoire, réduisant l’histoire à un récit officiel où toute remise en question est vue comme une trahison. 

En 2005, la France a failli adopter une loi vantant les aspects « positifs » de la colonisation, provoquant un tollé en Algérie.

En 2017, Emmanuel Macron qualifiait la colonisation de « crime contre l’humanité », avant d’adopter une posture plus nuancée une fois élu, pour ne pas froisser une partie de l’électorat français attaché à l’« Algérie française ».

En 2021, le rapport Stora, censé apaiser les tensions mémorielles, a été mal reçu des deux côtés : jugé insuffisant en Algérie, il a aussi réveillé en France les nostalgies coloniales et les crispations identitaires.

La guerre des mémoires, c’est aussi la bataille autour de l’immigration. La présence en France de millions de citoyens d’origine algérienne est le prolongement d’une histoire commune que ni la France ni l’Algérie n’assument pleinement. L’Algérie voit en ces Franco-Algériens un prolongement de son influence, tandis que la France les perçoit tantôt comme une richesse, tantôt comme un problème, selon l’agenda politique du moment.

La guerre des rentes : une indépendance sous perfusion

Si la guerre des mémoires repose sur le passé, la guerre des rentes repose sur une dépendance économique toujours d’actualité. L’Algérie, malgré son indépendance, est restée piégée dans un modèle économique rentier, héritier du système colonial.

Dès 1956, en pleine guerre d’Algérie, le pétrole du Sahara devient un enjeu stratégique. La France comprend que son avenir énergétique dépend de ces hydrocarbures et tente, même après l’indépendance, de garder la mainmise sur leur exploitation. Les accords d’Évian (1962) garantissent à la France un accès privilégié aux ressources algériennes pendant plusieurs années. En 1971, sous Houari Boumédiène, l’Algérie nationalise son pétrole et son gaz, ce qui est perçu comme une seconde indépendance. Pourtant, cette souveraineté économique est restée une illusion.

Le modèle économique algérien repose entièrement sur la rente pétrolière et gazière, représentant plus de 95 % des exportations et une part écrasante du budget de l’État. Une dépendance qui rend le pays vulnérable aux fluctuations des prix du baril et qui perpétue une économie de prédation plutôt que de production.

La France, elle, est restée un acteur clé dans cette équation. À travers des multinationales comme Total, elle a conservé des intérêts stratégiques en Algérie. Et à travers l’Union Européenne, elle fait pression pour assurer la continuité des flux énergétiques en sa faveur. Les gazoducs reliant l’Algérie à l’Europe (via l’Espagne et l’Italie) sont devenus des infrastructures essentielles dans la nouvelle donne géopolitique, notamment avec la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine.

Mais cette rente ne profite pas au peuple algérien. Elle a surtout permis à un système oligarchique et militaire de se maintenir au pouvoir. En échange de cette manne, l’État algérien a évité toute réforme structurelle, achetant la paix sociale par des subventions et des emplois fictifs, au détriment d’un développement durable et diversifié.

Les flux migratoires et énergétiques : une relation sous perfusion

Les relations franco-algériennes sont façonnées par deux flux majeurs : les migrations et l’énergie. Ces deux dynamiques, bien que différentes, sont les deux faces d’une même médaille, illustrant la dépendance mutuelle entre les deux pays.

La main-d’œuvre algérienne a été une composante essentielle de la reconstruction de la France après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui encore, la diaspora algérienne en France représente un atout économique et social, même si elle reste l’objet de tensions politiques et identitaires. L’Algérie, de son côté, voit ces expatriés comme une ressource financière (les transferts d’argent sont une manne essentielle pour certaines familles), mais aussi comme une soupape pour éviter une explosion sociale face au chômage massif des jeunes.

Les flux énergétiques, eux, placent la France dans une position d’acheteur et l’Algérie dans celle de fournisseur captif. Or, cette dépendance énergétique est en train d’évoluer. La transition vers des énergies renouvelables et la diversification des sources d’approvisionnement de l’Europe pourraient affaiblir le poids stratégique de l’Algérie. Ce qui pose une question existentielle pour le régime algérien : que se passera-t-il quand la rente s’effondrera ?

Vers un avenir incertain : la fin des illusions ?

La guerre des mémoires continue d’empoisonner les relations franco-algériennes, empêchant toute réconciliation réelle. La guerre des rentes, quant à elle, arrive à un tournant. Le pétrole et le gaz, qui ont longtemps été les piliers de la stabilité algérienne, ne suffiront plus à maintenir un système en bout de course.

L’Algérie devra tôt ou tard se libérer de son modèle économique rentier, sous peine de voir son régime s’effondrer sous le poids de l’inertie et des frustrations populaires. La France, elle, devra assumer son histoire coloniale si elle veut réellement tourner la page d’un passé qui continue de hanter son présent.

Les deux pays sont liés par un passé inextricable, un présent inconfortable et un avenir incertain. Leur relation est une équation à multiples inconnues. Mais une chose est sûre : tant que mémoire et économie resteront des champs de bataille, la paix entre la France et l’Algérie ne sera qu’un cessez-le-feu temporaire.

« Les nations ne sont jamais aussi prisonnières de leur passé que lorsqu’elles refusent de le regarder en face. » — Pierre Vidal-Naquet

Dr A. Boumezrag

Un drone armé malien abattu près de Tin Zaouatine

0

Dans la nuit du 1er avril 2025, à minuit, une unité de la Défense aérienne de la 6e Région militaire a abattu un drone de reconnaissance armé près de la localité frontalière de Tin Zaoutine, après que celui-ci ait violé l’espace aérien, indique un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).

« Dans le cadre des efforts déployés pour protéger nos frontières nationales, une unité de la Défense aérienne de la 6e Région militaire a, dans la nuit du 1er avril 2025, à minuit, détecté et abattu un drone de reconnaissance armé à proximité de la ville frontalière de Tin Zaoutine, après qu’il ait pénétré l’espace aérien sur une distance de 2 kilomètres », précise le communiqué.

Cette opération confirme, une fois de plus, la vigilance constante et la disponibilité des unités de l’Armée nationale populaire (ANP) pour assurer la protection de nos frontières terrestres, aériennes et maritimes contre toute menace pesant sur la souveraineté nationale.

APS

France : Marine Le Pen condamnée, l’argumentaire de la décision de justice

0
Marine Le Pen

C’est une condamnation cruciale pour Marine Le Pen en vue de la présidentielle de 2027. La cheffe de file de l’extrême droite a été reconnue coupable, lundi 31 mars, de détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants parlementaires européens. Elle voit l’hypothèse de sa candidature fortement hypothéquée. 

Pour le tribunal, il n’y pas de doute. C’est bien un système organisé qui a été mis en place pour financer, sur les fonds européens, les activités du parti. Soit plus de quatre millions d’euros détournés sur douze ans via 40 contrats fictifs. Marine Le Pen a été reconnue coupable de détournement de fonds publics à hauteur de 474 000 euros en tant qu’eurodéputée, mais aussi de complicité de détournement par instigation, en tant qu’ex-présidente du RN.

Elle a joué un rôle central, a pointé la présidente du tribunal, en s’inscrivant avec autorité et détermination dans le système institué par son père dès 2004. Marine Le Pen et tous les élus mis en cause se sont vus infliger une peine complémentaire d’inéligibilité, les infractions retenues justement liées à leurs fonctions ayant porté gravement atteinte à la vie démocratique, selon les juges.

« Risque avéré de récidive »

Reste l’épineuse question de l’exécution provisoire qui rend immédiate l’application de l’inéligibilité. Le tribunal a bien pris en compte le risque de prononcer une peine qui puisse ne pas être confirmée en appel alors qu’elle aura été effectuée. Mais dans plusieurs cas, dont celui de Marine Le Pen, les juges l’ont estimé nécessaire.

Ces derniers ont mis en avant un risque avéré de récidive, la nécessaire équité devant la justice entre citoyens et élus, mais surtout le trouble public majeur que représenterait le fait de voir une personne être candidate, voire remporter une élection, alors qu’elle a déjà été condamnée en première instance pour atteinte grave à la probité.

RFI

Affaire Cherif Mellal : Riposte Internationale met les autorités devant leurs responsabilités

0
Mellal

Riposte Internationale exprime sa plus vive inquiétude face à la dégradation critique de l’état de santé de M. Chérif Mellal, détenu d’opinion en grève de la faim depuis le 3 mars 2025, soit depuis 28 jours à ce jour.

Ancien président de la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), M. Chérif Mellal est incarcéré depuis janvier 2023, à la suite d’une série de procédures judiciaires entachées d’opacité, d’irrégularités et de violations de ses droits fondamentaux. Le 9 octobre 2024, il a été condamné à quatre ans de prison ferme et à une amende de 224 millions de dinars, sur la base d’accusations controversées de « blanchiment d’argent » et de « violation de la législation sur les changes ». Il conteste fermement ces accusations, les qualifiant d’instrumentalisation politique, tandis que ses avocats dénoncent l’absence de garanties procédurales élémentaires. 

Depuis plus de deux ans, M. Chérif Mellal est soumis à une détention préventive prolongée, jalonnée de grèves de la faim répétées visant à dénoncer un acharnement judiciaire et une privation persistante de ses droits à un procès équitable. Bien qu’une décision de relaxe ait été prononcée en janvier 2024 dans une autre affaire liée à une prétendue atteinte à l’unité nationale, aucune remise en liberté ne lui a été accordée. Ses multiples recours sont restés sans réponse concrète. Confronté à une situation d’injustice persistante et à l’absence de perspective judiciaire équitable, l’intéressé a choisi de recourir à l’ultime forme de protestation non-violente : la grève de la faim illimitée. 

À ce jour, sa santé est gravement compromise. Après 28 jours sans alimentation, les signes cliniques sont alarmants. Chaque heure qui passe aggrave le risque vital. La vie de M. Chérif Mellal est désormais en péril. 

La responsabilité de préserver l’intégrité physique et psychologique de toute personne privée de liberté incombe aux institutions compétentes. Ce principe fondamental est non seulement une exigence morale, mais aussi une obligation juridique découlant de la Constitution algérienne et des engagements internationaux de l’Algérie en matière de droits humains. 

Des précédents dramatiques rappellent l’urgence d’agir. En 2016, Mohamed Tamalt est décédé en détention après une grève de la faim. En 2019, Kamel-Eddine Fekhar a subi le même sort. Hakim Debbazi, 55 ans, arrêté en février 2022 pour des publications sur les réseaux sociaux en lien avec le mouvement prodémocratie Hirak, est décédé le 24 avril en prison. Les avocats avaient déclaré dans un communiqué que Hakim Debbazi a été « retrouvé mort dans des circonstances troubles dans la prison de Koléa », près d’Alger.

Ces tragédies ont profondément marqué l’opinion publique et révélé de graves défaillances dans la prise en charge des détenus d’opinion. Il apparaît aujourd’hui nécessaire d’éviter qu’un nouveau drame ne vienne s’ajouter à cette liste funeste. Aussi, la responsabilité des autorités quant à la vie ou la mort de M. Mellal est engagée. Nous interpellons les instances internationales et les tenons à témoins devant cette situation particulièrement dramatique.

Malgré les appels répétés de la famille de M. Chérif Mellal, de ses avocats et de nombreuses organisations de défense des droits humains, les signaux d’alerte n’ont jusqu’ici pas été pris en compte. Cette inaction prolongée devient chaque jour plus lourde de conséquences.

Riposte Internationale estime qu’il est encore temps d’agir. Plusieurs mesures urgentes peuvent être envisagées, notamment : 

-La garantie d’une prise en charge médicale urgente et d’un suivi indépendant de l’état de santé de M. Chérif Mellal ;

-La fin de la détention préventive prolongée, qui ne repose sur aucune base légale ou morale justifiable ; 

-La mise en place d’un procès équitable, public et conforme aux standards internationaux ; 

-Une réponse institutionnelle claire aux revendications de ce citoyen, qui ne cherche qu’à faire valoir ses droits fondamentaux. 

Le sort de M. Chérif Mellal constitue un nouvel indicateur de l’état de l’Etat de droit en Algérie et du respect de ses principes fondateurs. La protection de la vie humaine, même en détention, demeure un fondement essentiel de toute justice digne de ce nom. L’omission ou le refus d’assumer cette responsabilité est à considérer comme une renonciation à l’éthique, à la justice et à la dignité.

Il ne faudrait pas que l’Histoire garde la trace d’un nouvel échec tragique aux conséquences humaines irréversibles. Permettre à M. Chérif Mellal d’accéder à la justice et aux soins reviendrait simplement à se soumettre aux principes les plus élémentaires du droit et de l’humanité. La responsabilité de cette situation repose désormais sur les épaules des décideurs algériens dans leur ensemble, et plus particulièrement sur celles des titulaires de la Présidence de la République, du Premier ministère et du ministère de la Justice. Il leur incombe, à ce titre, un devoir éthique, moral et juridique d’agir sans délai afin de préserver la vie et les droits fondamentaux de M. Chérif Mellal. 

Les regards sont tournés vers cette affaire. Le temps presse. L’Histoire jugera.  

P/Riposte Internationale

Ali Aït Djoudi