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jeudi 19 juin 2025
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Paris et Rabat : plus qu’amis, pas encore frères, mais déjà rivaux ?

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Macron et M6
Emmanuel Macron et Mohammed 6 au Maroc

Il fut un temps où la relation entre la France et le Maroc relevait presque du conte de fées diplomatique. Une complicité historique, des intérêts économiques entremêlés, une coopération sécuritaire sans faille. Mais aujourd’hui, derrière les sourires de façade et les poignées de main appuyées, une autre réalité se dessine : celle d’un duo qui s’aime autant qu’il se méfie, d’une alliance où la fraternité est encore une illusion et où la rivalité s’installe insidieusement.

Officiellement, Paris et Rabat affichent une relation au beau fixe. Depuis la reconnaissance officielle par la France de la marocanité du Sahara occidental, les liens semblent renforcés. Investissements français en terre saharienne, soutien diplomatique actif, coopération militaire renforcée : la France s’aligne sur la stratégie marocaine et semble parier sur le royaume chérifien comme son principal allié en Afrique du Nord.

Mais derrière ce rapprochement, une dynamique plus complexe est à l’œuvre. Car si Paris pense trouver dans Rabat un partenaire fiable et stratégique, le Maroc, lui, joue une partition plus autonome, n’hésitant plus à afficher une indépendance diplomatique qui froisse l’ego français. Après tout, Rabat n’a pas attendu Paris pour obtenir le soutien de Washington sur le dossier du Sahara, ni pour développer ses liens avec d’autres puissances comme Israël, la Russie ou encore la Chine.

La rivalité économique : qui tient qui ?Si la France reste le premier investisseur au Maroc, son hégémonie économique y est de plus en plus contestée. Les entreprises marocaines s’affranchissent progressivement de la tutelle française et lorgnent sur de nouveaux partenaires. Rabat multiplie les accords commerciaux avec Pékin et Ankara, et favorise de plus en plus les investissements américains et britanniques.

Côté énergie, le Maroc mise sur l’essor des énergies renouvelables et cherche à réduire sa dépendance aux entreprises françaises. Autant d’éléments qui annoncent un rééquilibrage des forces où Paris, autrefois en terrain conquis, doit désormais composer avec un partenaire qui ne veut plus être un simple vassal.

La France et le Maroc partagent une longue tradition de coopération militaire, mais là encore, la relation se complexifie. Rabat, fort du soutien américain et israélien, modernise son armée à grande vitesse et réduit progressivement sa dépendance aux équipements français. La récente annonce de manœuvres militaires franco-marocaines près des frontières algériennes a montré une volonté de Paris de consolider son alliance avec Rabat, mais a aussi exposé les limites de cette coopération : qui dirige réellement l’alliance ? La France soutient-elle le Maroc, ou est-ce le Maroc qui instrumentalise la France dans sa propre stratégie régionale ?

Longtemps perçue comme un grand frère protecteur, la France voit son rôle redéfini. Le Maroc, porté par sa montée en puissance en Afrique, commence à jouer dans une autre catégorie. Il se pose en

leader régional, tisse sa propre toile d’alliances et se permet même de remettre Paris à sa place lorsque les intérêts divergent.

Le plus frappant ? Le dossier du Sahel. Alors que la France se fait chasser du Mali et du Burkina Faso, le Maroc, lui, se positionne discrètement comme un médiateur influent, gagnant en crédibilité là où Paris perd du terrain. Une inversion des rôles qui n’a rien d’anodin.

Frères ennemis en devenir ?Si l’amitié entre Paris et Rabat reste solide en apparence, elle repose sur des intérêts de plus en plus divergents. Le Maroc ne veut plus être un simple allié docile ; la France, elle, peine à redéfinir sa place dans cette relation qui lui échappe.

Alors, plus qu’amis ? Oui. Pas encore frères ? Assurément. Mais déjà rivaux ? De plus en plus. Et dans ce jeu de dupes, une question demeure : qui finira par dominer l’autre, ou du moins, qui parviendra à ne pas se faire avaler tout entier ?

ConclusionEntre la France et le Maroc, la relation oscille entre complicité et défiance. Paris pensait avoir un allié fidèle, mais Rabat joue désormais selon ses propres règles. Loin d’être une simple relation fraternelle, cette alliance ressemble davantage à un duel feutré où chacun teste les limites de l’autre, sans jamais rompre complètement. La France, autrefois en position de force, doit maintenant composer avec un Maroc plus audacieux et stratégiquement autonome.

Peut-être est-il temps pour Paris de méditer cette célèbre phrase de Talleyrand : « On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’asseoir dessus. »

Car à force de vouloir ménager Rabat tout en protégeant ses propres intérêts, la France risque bien de se retrouver dans une posture pour le moins inconfortable…

Paris a longtemps joué un rôle prépondérant au Maroc, usant de son poids économique, diplomatique et militaire pour asseoir son influence. Mais aujourd’hui, Rabat ne se contente plus de suivre la ligne française. Il diversifie ses alliances, notamment avec Washington et Tel-Aviv, et affirme son autonomie. La France, quant à elle, tente de maintenir cette relation privilégiée tout en protégeant ses propres intérêts, au risque de se retrouver dans une position inconfortable et instable.

Ainsi, Paris ne peut plus se contenter d’exercer une influence passive sur Rabat sans en payer le prix. Elle doit choisir : s’adapter aux nouvelles ambitions marocaines ou risquer de voir son rôle s’éroder au profit d’autres puissances. Un exercice d’équilibriste où la moindre erreur pourrait transformer une alliance en rivalité ouverte.

. L’influence française en Afrique, notamment au Sahel, traverse une crise profonde. Autrefois perçue comme une puissance incontournable, la France voit aujourd’hui son modèle d’intervention contesté, voire rejeté. Plusieurs facteurs expliquent cette mise à l’épreuve :

La France a longtemps adopté une posture paternaliste, croyant pouvoir dicter le tempo des relations avec ses anciennes colonies. Or, les dynamiques africaines ont changé : de nouveaux acteurs comme la Russie, la Chine ou la Turquie s’imposent, et les pays africains veulent désormais tracer leur propre chemin.

L’interventionnisme français, en particulier au Sahel, a alimenté un ressentiment populaire. Les coups d’État successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont tous été marqués par une rhétorique anti-française, dénonçant un partenariat jugé inégal et inefficace contre le terrorisme.

Le départ précipité des forces françaises du Mali et du Niger a marqué un tournant. Des pays qui étaient jadis des alliés sûrs se détournent désormais de Paris au profit d’autres puissances, notamment la Russie à travers le groupe Wagner.

L’influence française passait également par le contrôle économique, notamment via le Franc CFA et les intérêts des grandes entreprises françaises. Or, de plus en plus de nations africaines réclament une souveraineté monétaire et diversifient leurs partenariats économiques.

Face à ces défis, la diplomatie française semble hésitante. Doit-elle s’adapter à cette nouvelle donne en repensant ses relations avec l’Afrique, ou continuer sur une ligne dure qui pourrait accélérer son éviction ? Pour l’instant, Paris peine à sortir de son schéma classique, adoptant une posture défensive plutôt qu’anticipatrice.

Comme le disait Charles de Gaulle : « Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples. »

Peut-être est-il temps pour la France d’aborder l’Afrique complexe avec une approche plus humble et réaliste.

Dr A Boumezrag

Le Congrès mondial amazigh (CMA) communique

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CMA

Nous, membres du bureau mondial du Congrès mondial amazigh (CMA) et membres du conseil fédéral, souhaitons prendre la parole après trois longues années marquées par des évènements difficiles pour notre organisation, notamment l’emprisonnement et la condamnation injuste de notre coprésidente.

Après trois ans de détention injuste, notre coprésidente a été libérée après avoir purgé la totalité de sa peine, mais cette épreuve a laissé des séquelles et des défis à relever pour le CMA. Il est crucial d’éclairer l’opinion publique sur les récentes évolutions qui ont affecté le CMA.

En tant que représentants de cette institution, nous exprimons notre consternation face aux graves violations des statuts et du règlement intérieur par certains membres de la Diaspora. Nous tenons à souligner plusieurs points préoccupants :

– Des exclusions injustifiées ont été imposées à des membres du Bureau, y compris notre co-président et la trésorière, sans fondement légitime.

– Des décisions arbitraires ont été prises sans la consultation des instances compétentes et des membres, fragilisant ainsi notre cohésion.

– Un climat délétère, préjudiciable à la confiance, a été instauré, compromettant le bon fonctionnement de notre organisation.

– L’accaparement des décisions par certains membres en dehors du cadre statutaire a conduit plusieurs membres du Bureau mondial et du conseil fédéral à quitter le CMA.

– Le secrétaire général, en connivence avec certains membres de la Diaspora, a profité de la situation délicate d’un de nos membres pour procéder à des changements illégaux et contraires à l’éthique au sein du bureau et de la présidence.

– La décision d’organiser les prochaines assises du CMA au Maroc constitue de facto une exclusion des Amazighs vivants en Algérie. Étant donné les tensions diplomatiques entre nos deux pays, il est extrêmement difficile, voire impossible, pour les Amazighs d’Algérie de se rendre au Maroc.

Nous rappelons que le CMA est une organisation non gouvernementale, indépendante des États et des partis politiques. Notre vocation est de défendre et de promouvoir les droits amazighs ainsi que les droits humains en général.

Nous souhaitons également faire savoir que nous nous dissocions de toute décision ou activité du CMA qui ne respecte pas les principes fondamentaux sur lesquels cette organisation a été fondée. 

Nous espérons que cette lettre contribuera à clarifier notre position et à restaurer la confiance au sein de notre communauté.

 Afrique du Nord le 08 Mars 2025 / 8Mars 2975

Pour le bureau mondial et le conseil fédéral,  

Les coprésidents,  Kamira Nait Sid et Khalid Zerrari

Vice-président Charif Adardak (Maroc) 

Vice-président Jallol Ghaki (Tunisie) 

Vice-président Ali Atinboukti (Mali)

Vice-président Mohamed Khalilou (Niger) 

La trésorière Nadia Akkar  

Le ministre français Gérald Darmanin en visite à Rabat

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Darmanin
Le ministre de la justice français, Gérald Darmanin.

Alors que la coopération judiciaire entre les deux pays ne cesse de se renforcer, notamment en matière de lutte contre le narcotrafic, le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, va rencontrer son homologue marocain, Abdellatif Ouahbi, pour évoquer la lutte contre le terrorisme et contre le crime organisé.

Nouveau signe du réchauffement diplomatique en cours entre la France et le Maroc, le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, est attendu dimanche 9 mars à Rabat où il va notamment rencontrer son homologue, Abdellatif Ouahbi. Lors de leur entretien, les deux dirigeants devraient en particulier évoquer les questions de lutte contre le terrorisme et contre le crime organisé, dans le contexte du renforcement de la coopération judiciaire entre les deux pays.

Ces dernières semaines, celle-ci a notamment été marquée par deux événements significatifs. À la fin du mois de février d’une part, deux complices présumés du narcotraficant Mohamed Amra récemment remis à la justice française après son interpellation en Roumanie ont été arrêtés à Marrakech à la demande de Paris. Soupçonnés d’avoir participé à la préparation de l’opération qui a permis à Mohamed Amra d’échapper à ses geôliers, le 14 mai dernier, en Normandie – une évasion dans laquelle deux agents pénitentiaires français ont été tués -, l’un et l’autre pourraient être prochainement extradés vers la France. 

« Le Chat » renvoyé en France

En janvier dernier d’autre part, l’homme considéré par Gérald Darmanin comme « l’un des plus gros narcotrafiquants de France », Félix Bingui dit « Le Chat », a, lui, été renvoyé dans l’Hexagone, 10 mois après son arrestation au Maroc. Il est le chef présumé du clan Yoda, l’une des deux organisations marseillaises qui dominent le marché de la drogue.

Lors de leur entrevue, Gérald Darmanin et Abdellatif Ouahbi pourraient aussi aborder la question de la délivrance des laisser-passer consulaires, document qui permet à la France d’expulser les immigrés illégaux ne disposant pas de passeport. Au mois d’octobre dernier, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait annoncé à Rabat qu’un accord avait été trouvé entre la France et le Maroc « pour raccourcir les délais » d’expulsion des personnes sous OQTF.

RFI

Quand l’Algérien parle mieux français… que les Français…

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Français

François Bayrou, Premier ministre français, vient de nous offrir une nouvelle perle de la diplomatie franco-algérienne : selon lui, l’Algérie mènerait un combat acharné contre la langue française. Voilà une affirmation qui, si elle n’était pas aussi grotesque, prêterait presque à sourire.

Car enfin, Monsieur le Premier ministre, comment peut-on oser avancer pareille ineptie quand on sait que l’Algérie respire en français, débat en français, signe ses accords en français et continue de produire une littérature francophone d’une richesse inégalée ? Un combat contre le français, dites-vous ? Drôle de guerre alors, menée dans les couloirs des administrations, dans les entreprises et jusque dans les conversations du quotidien.

Une Histoire écrite en français… malgré ellePermettez-moi un petit retour en arrière. Dans les années 1950, l’Algérien « indigène », comme on aimait l’appeler dans la République une et indivisible, savait dessiner la carte de la France les yeux fermés. Il récitait par cœur les fleuves hexagonaux et l’histoire de Clovis pour décrocher un diplôme qui, au final, le destinait aux travaux manuels. L’élitisme républicain s’arrêtait aux frontières de la Méditerranée. 

À l’indépendance en 1962, 85 % des Algériens étaient analphabètes, conséquence d’un système éducatif conçu pour exclure. La France n’a pas enseigné sa langue aux Algériens par générosité, mais pour asseoir son hégémonie coloniale.

Et pourtant, lorsqu’il a fallu rédiger la Déclaration du 1er novembre 1954, lancer la révolution et signer les Accords d’Évian, c’est bien en français que cela s’est fait. La première Constitution algérienne ? Rédigée en français. Les accords de libre circulation entre nos deux pays ? En français aussi.

L’Algérie indépendante a certes entrepris une politique de valorisation de l’arabe et du tamazight, mais jamais au détriment du français, qui demeure la langue des sciences, du commerce et de la diplomatie. Il suffit d’assister aux débats parlementaires, de consulter la presse ou d’ouvrir un manuel universitaire pour constater que cette langue y règne encore en maître.

Aujourd’hui encore, un tour dans n’importe quel ministère, une réunion d’entreprise ou une discussion au café suffit pour comprendre que le français n’a jamais été aussi vivant en Algérie. Près de 33 millions d’Algériens, soit 70 % de la population, le pratiquent quotidiennement. L’Algérie est le deuxième pays francophone au monde après la France ! Les écoles privées et instituts de formation en langue française fleurissent, et les universités algériennes publient encore massivement leurs travaux en français. D’ailleurs, paradoxalement, la France délivre chaque année des milliers de visas étudiants à de jeunes Algériens désireux de poursuivre leurs études… en français.

Sur le plan économique, les entreprises françaises implantées en Algérie n’ont pas à se battre pour imposer la langue de Molière : elle est la langue du business. Bouygues, Total, BNP Paribas et autres géants français ne s’en plaignent pas, bien au contraire.

Mais au-delà des constats linguistiques, il y a un autre malaise que votre déclaration tente de masquer, Monsieur le Premier ministre. Lorsque l’écrivain franco-algérien en détention en Algérie remet en question l’intégrité du territoire national, vous montez au créneau pour défendre la liberté d’expression. Mais où était cet élan protecteur quand Yasmina Khadra, auteur majeur traduit dans le monde entier, portait haut et fort la francophonie algérienne ? Étrangement, son œuvre colossale, qui fait rayonner le français bien au-delà des cercles parisiens, semble ne pas mériter votre soutien.

Ce « deux poids, deux mesures » n’est pas anodin. Il trahit une inquiétude plus profonde : la France ne défend pas tant la langue française que l’idée d’un français qui lui appartient, un français sous tutelle, un français qu’elle pourrait encore contrôler. Or, c’est bien cela qui dérange : voir l’Algérie s’approprier cette langue et la faire sienne sans rendre de comptes.

Alors, Monsieur Bayrou, arrêtons un instant la politique de posture. L’Algérie ne combat pas le français, elle s’émancipe d’une tutelle linguistique imposée, ce qui n’a rien d’un rejet. Loin de s’éteindre, la langue de Molière vit, se transforme, se métisse, portée par des générations qui l’ont faite leur. Et si la France, au lieu de se poser en victime imaginaire, s’interrogeait sur sa propre difficulté à renouveler son influence ?

Parce qu’à bien y réfléchir, Monsieur le Premier ministre, la vraie question n’est pas de savoir si l’Algérie combat le français, mais plutôt pourquoi la France craint tant de ne plus en avoir le monopole.

Ainsi, la langue française n’a jamais été aussi vivante en Algérie, bien qu’elle y ait été imposée par la force avant d’être adoptée par l’intelligence. Ce n’est pas l’Algérie qui la combat, c’est la France qui peine à assumer qu’elle ne lui appartient plus exclusivement. L’héritage linguistique ne se décrète pas, il se vit, se façonne et se réinvente bien au-delà des frontières de l’Hexagone.

Pour conclure, permettez-moi de détourner cette célèbre citation de Talleyrand : « La France a tout appris à l’Algérie, sauf à s’en passer. » 

Quoi qu’on dise, la presse française peine à reconnaître cette réalité : la francophonie ne se limite plus à la France et ne lui appartient plus en exclusivité. Lorsqu’il s’agit de défendre un écrivain remettant en cause l’intégrité territoriale de l’Algérie, elle crie à l’atteinte aux libertés. Mais quand il s’agit de célébrer des figures comme Yasmina Khadra, qui portent la langue française avec brio au-delà des frontières, le silence est assourdissant.

Au fond, cette posture révèle une difficulté à accepter que le français, jadis outil de domination, soit devenu un espace d’expression libre et affranchi, y compris en Algérie. C’est peut-être cela qui dérange : une langue qui échappe à son ancien maître, qui se transforme, évolue, et prospère… sans lui.

À l’ancien ministre de l’Éducation nationale devenu Premier ministre, on pourrait dire ceci :

Monsieur Bayrou, vous qui avez consacré une partie de votre carrière à défendre la langue française, vous devriez être le premier à vous réjouir de sa vitalité en Algérie. Mais au lieu de cela, vous semblez regretter qu’elle y vive librement, affranchie de la tutelle française.

Vous savez mieux que quiconque que l’Algérie n’a jamais combattu le français. Elle l’a conquis après l’avoir subi, elle l’a transformé après l’avoir appris, et aujourd’hui, elle le fait rayonner bien au-delà de vos inquiétudes rhétoriques.

Alors pourquoi cet acharnement à voir dans l’Algérie une menace pour votre langue, quand c’est peut-être elle qui lui offre aujourd’hui un second souffle ? Ne serait-il pas temps de reconnaître que le français ne se meurt pas en Algérie, mais qu’il y renaît, tout simplement… sans votre permission ?

Si la vitalité du français en Algérie se mesurait aux visas accordés par la France, alors il devrait admettre que Paris ne délivre pas des documents de voyage, mais bien des certificats d’attachement linguistique. Pourtant, l’amour d’une langue ne se quémande pas à une ambassade, et encore moins à travers un passeport, fût-il diplomatique.

Le français en Algérie n’a pas besoin de visa pour circuler dans les rues d’Alger, d’Oran ou de Constantine. Il n’a pas attendu une approbation de l’Élysée pour s’ancrer dans la culture, la littérature et les débats du quotidien. Il n’est pas un privilège accordé à quelques-uns, mais une réalité partagée par des millions d’Algériens.

Alors, Monsieur Bayrou, si votre inquiétude pour le français en Algérie se résume à une affaire de visas et de passeports, c’est que vous avez déjà perdu le vrai combat : celui de la transmission naturelle d’une langue qui se vit, se transforme et prospère, qu’on le veuille ou non.

Monsieur Bayrou, Le français en Algérie n’a pas attendu votre aval pour exister, ni votre inquiétude pour survivre. Ce que l’Histoire a imposée, l’Algérie l’a transcendée. Ce que la colonisation a forcée, l’intelligence collective l’a transformée. Aujourd’hui, le français y est un butin de guerre devenu outil de pensée, un héritage imposé devenu ric

Alors, cessez d’agiter l’épouvantail d’un prétendu combat contre votre langue. Le seul combat qui se joue, c’est celui de l’émancipation d’un français qui ne vous appartient plus. Et si cela vous dérange.

Dr A. Boumezrag

Krim Belkacem : un livre enquête sur son assassinat publié par Farid Alilat

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« Krim Belkacem, un crime d’Etat »
« Krim Belkacem, un crime d’Etat »

Le journaliste Farid Alilat a publié « Krim Belkacem, un crime d’Etat : règlements de comptes au coeur du pouvoir algérien », un livre-enquête truffé de révélations sur l’assassinat de Krim Belkacem, chef historique du FLN et signataire des accords d’Évian.

20 octobre 1970, dans une chambre de l’Intercontinental de Francfort, Krim Belkacem est retrouvé mort, assassiné deux jours auparavant.

Homme politique algérien faisant partie des neuf membres historiques du Front de libération nationale (FLN) durant la guerre d’indépendance algérienne, il a signé, en tant que plus haut gradé des anciens maquisards, les accords d’Évian, et sera par la suite un fervent opposant à Boumédiène.

Pourquoi et comment Krim Belkacem s’est-il retrouvé dans cette chambre d’hôtel ? Comment, entre Alger, Paris, Rabat, Genève, Beyrouth et Francfort, s’est tramé son assassinat ? Quels en sont les commanditaires ?

Cinquante-quatre ans plus tard, sa mort est encore nimbée de mystères. Grâce à des documents exclusifs obtenus auprès des archives de la police et de la justice allemandes et auprès de la famille, Farid Alilat répond à ces questions au cœur d’une enquête brillamment menée, conduite en Allemagne, en France, en Suisse, au Liban et au Maroc.

Par sa connaissance approfondie de l’histoire et de la politique algériennes, le journaliste retrace dans ce récit qui se lit comme un roman haletant un des moments clés des relations entre l’Algérie et la France : que nous dit cet assassinat des relations entre les deux pays ?
Il revient pour ce faire sur la guerre d’Algérie, l’importance du rôle de De Gaulle dans le processus d’indépendance, la présence de Krim Belkacem en France, qui savait que sa tête était mise en prix, et sur l’intrication des différents réseaux, avec pour commanditaire Boumédiène.

Syrie : plus de 1000 morts dans des exactions et combats

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Syrie

Le chaos règne dans certains partie de la Syrie depuis trois jours. Le nouveau bilan donné samedi soir par l’ONG porte à 1018 le nombre total de morts dans les violences qui touchent le pays depuis trois jours.

Le dirigeant syrien Ahmed al-Charaa a appelé, dimanche 8 mars, à l’unité nationale et à la paix civile. « Si Dieu le veut, nous serons capables de vivre ensemble dans ce pays », a encore déclaré celui qui a dirigé la coalition islamiste sunnite ayant renversé Bachar al-Assad le 8 décembre. Une prise de parole qui intervient alors que 745 civils ont été tués en trois jours dans le pays selon le dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) publié samedi soir. Ces violences sont les premières de cette ampleur depuis la prise de pouvoir de la coalition rebelle emmenée par le groupe islamiste radical sunnite Hayat Tahrir al-Sham, HTS.

Elles ont éclaté jeudi après plusieurs jours de tensions dans la région de Lattaquié, un bastion de la minorité musulmane alaouite, dont est issu le clan Assad. Depuis, « 745 civils alaouites ont été tués dans les régions de la côte syrienne et des montagnes de Lattaquié par les forces de sécurité et des groupes affiliés », selon le bilan publié en début de soirée par l’ONG. 

L’ONU appelle à la fin des hostilités

Cela porte le bilan des violences à 1018 morts, dont 273 membres des forces de sécurité et des combattants loyaux au clan Assad, selon la même source. L’ONG, basée au Royaume-Uni et disposant d’un vaste réseau de sources en Syrie, pointe des « exécutions sur des bases confessionnelles ou régionales ».

L’agence de coordination humanitaire de l’ONU (OCHA) a exhorté samedi les parties à « cesser immédiatement les hostilités et à épargner les civils ». La France a condamné avec « la plus grande fermeté les exactions qui ont frappé des civils sur une base confessionnelle et des prisonniers » en Syrie et les Eglises syriennes ont dénoncé les « massacres de civils innocents » et appelé « à une fin immédiate de ces actes horribles ».

Avec Francetvinfos

Sidi Larvi d Ḥmaddac

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Kabylie ancienne.
Carte postale d'illustration. Kabylie ancienne.

Sidi Larvi d Ḥmaddac d imdukal seg wasmi llan d iggerden. Ksen akken, laεben akken.

Ass-nni, ihi, ramḍan d ramḍan… atni uɣalen-d di ssuq n lḥed. Leḥun-d af ḍar, dac dac kan deg webrid izergniwen, teddun ar taddart. Bɣan ad ṣiwḍen lawan n tadanit n Ccix. Ciṭuḥ akka, mlalen-d lεasker-nni urumi. Imir-nni mazal d lgira.

Inteq Ḥmaddac ar Sidi Lεarbi, yenna-yas

– Wa Sidi Lεer…, nnteq kan ar irumyen-agi… steqsisen sani i tebbed saεa-nni, iwakken ur ɣ ccakaten-ara. Keččini tesṭarḍiqeḍ tameslayt-agi nnsen. Steqsisen kan !

Sidi Lεarbi icuf uqenddur-is, mi s-yenna Ḥmaddac kečč tesneḍ tameslayt-nnsen. Netta di tidet cwiṭ n taεrabt kan i yerɣra di temεemmart n Sidi Ɛli Tɣalat. Maεna ulamek yuker taqejjirt. Dɣa iruḥ ar cif-nni nnsen… ibda isharwiḍ akk dinna… isḥilif akk s ifassen-is, yesenεat-as lḥekka n afus-is andda kan tteqnen saεa. Ur yefhim tapyut deg wayen i s d-yenna Cif-nni. Yenna-yas mirsi, iqqel-d ar Ḥmaddac.

Yesteqsa-t Ḥmaddac :

-Amek ihi ? D acu i k-id-yenna ?

-Yenna-yi-d attan d zuǧ d wezgen!

Uɣalen kemmlen abrid-nnsen ar taddart s laεqel s laεqel… alami slan i Ccix ittedden lmeɣreb.

Ḥmaddac yewhem, yenna-yas i Sidi Lεarbi : -D acu-t wakka a Sidi Lεarb…? Tenniḍ-iyi-d, yenna-yak uεeskriw attan d zuǧ d wezgen, ar deqel Ccix atan itedden lmeɣreb? Ula d itij ara tettwalid atan yeɣli !

Sidi Lεarvi… irra-yas-d:

-Wa Ḥmidduc! Aεni tḥeqreḍ annect-a yakk i d-nelḥa !

Ahmed Aït Bachir

Massacres en Algérie : Jean-Michel Aphatie donne sa version

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Massacres français

Le chroniqueur Jean-Michel Aphatie s’explique, sur les réseaux sociaux, sur sa mise à l’écart de RTL et sur les massacres d’Algériens par l’armée françaises pendant la guerre.

Je ne reviendrai pas à RTL. C’est ma décision. Voici pourquoi. Il y a quinze jours, mes propos sur la colonisation algérienne ont créé le débat. La direction de la radio m’a dit avoir enregistré de nombreuses protestations de la part des auditeurs.

Pour faire droit à l’émotion suscitée, il m’a été demandé de ne pas me présenter la semaine suivante, en m’indiquant que je serai le bienvenu, ensuite, pour continuer à défendre mes points de vue sur l’antenne. J’ai compris et admis la démarche des dirigeants de RTL.

Je l’ai trouvé équilibrée et respectueuse à mon égard. Et puis, le jour de suspension est arrivé. C’était mercredi dernier. À partir de là, concrètement confronté à ce qu’il faut bien appeler une punition, ma perception de la situation s’est modifiée.

Même décidée dans le cadre d’un dialogue serein et compréhensif, une punition reste une punition. Si je reviens sur l’antenne de RTL, je la valide, donc je reconnais avoir fait une faute. C’est un pas que je ne peux pas franchir. J’attache un prix particulier à la question de la présence française en Algérie entre 1830 et 1962. Je ne suis pas concerné personnellement.

Ni mon père, ni mes oncles, ni d’autres membres de ma famille n’ont participé à la guerre d’Algérie. Je n’ai pas non plus de connexions ou de liens avec des Français rapatriés de ce pays. J’ai découvert cette histoire de manière banale. Je me suis intéressé, voilà déjà longtemps, aux conditions du retour au pouvoir du général de Gaulle, en mai 1958.

La question du maintien de l’Algérie dans la France était au cœur de la crise politique. Je me suis alors demandé ce qu’était cette situation, quelle était la nature de la présence française et aussi celle de la cohabitation des communautés sur ce territoire. Ce que j’ai lu dans les livres écrits par des historiens méticuleux m’a horrifié. Les massacres de musulmans se sont succédés tout au long des 132 ans d’occupation. Un statut dit d’indigénat, appliqué à partir de 1881, a privé les premiers occupants de l’espace de tous droits et leur a imposé des servitudes archaïques et injustes.

Chassés des terres les plus riches, ils ont végété dans l’extrême pauvreté. La scolarisation des enfants a été parcimonieuse. Tout ceci dresse un tableau indigne de la France au regard des valeurs d’humanité qui font sa réputation dans le monde. J’ai vécu comme une injustice maintenue l’absence de reconnaissance officielle par le colonisateur des traitements dégradants infligés à cette population. Les propos que je tiens sur ce sujet depuis des années sont liés à ce sentiment. Pour cette raison, et pour cette raison seulement, je ne peux pas accepter d’être puni pour les avoir répétés. Je regrette la situation qui s’est créée. J’ai passé de belles années professionnelles à RTL.

C’est une radio que j’aime. Mais c’est ainsi. Une précision pour terminer, parce que j’ai vu à l’œuvre durant ces derniers jours ces faux nationalistes qu’effarouchent les vérités de l’histoire. Le pouvoir algérien d’aujourd’hui est une dictature. Il l’est depuis 1962. Le peuple algérien mérite, comme tous les peuples, la liberté et la justice. Il en est, hélas, privé depuis trop longtemps. Par ailleurs, je m’associe, comme je l’ai fait depuis le début, aux demandes de libération de Boualem Sansal, injustement emprisonné à Alger.

Un jour, c’est mon espoir, la France, mon pays, conviendra de sa part d’inhumanité dans l’histoire. Etonnant, non ?

Jean-Michel Aphatie

L’armée française a utilisé des armes chimiques en Algérie    

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Armes chimiques

La France a utilisé des armes chimiques, interdites par le Protocole de Genève de 1925, dans sa guerre contre l’Algérie de 1954 à 1959, révèle le film Algérie, sections armes spéciales (qui sera diffusé sur la Radio Télévision suisse ce 9 mars).

La France avait pourtant été la première des 135 nations à signer l’accord contre ces armes, abondamment utilisées pendant la Première Guerre mondiale.

Le film Algérie révèle ce honteux secret. Les souvenirs et les archives personnelles de soldats français et de combattants ou de civils algériens sont convoqués par Claire Billet, la réalisatrice du film, à l’appui d’une démonstration qui s’appuie sur les travaux de l’historien Christophe Lafaye, engagé dans un mémoire d’habilitation de recherche consacré à ce sujet.

Malgré de nombreux obstacles administratifs, Christophe Lafaye, spécialiste d’histoire militaire, a exhumé plusieurs documents qui décrivent comment la décision politique a été prise, en mars 1956, comme en atteste un courrier du commandant supérieur interarmées de la 10e région militaire (qui couvre l’Algérie) au secrétaire d’Etat aux Forces armées (terre), Maurice Bourgès-Maunoury, intitulé : « Utilisation de moyens chimiques «. « Le colonel des armes spéciales m’a rendu visite. Il m’a annoncé qu’il avait obtenu votre accord de principe relatif à l’utilisation des moyens chimiques en Algérie».

En septembre 1956, le compte-rendu d’une réunion tenue à l’état-major des Armées produit « une étude de politique générale d’emploi des armes chimiques en Algérie». Le but était d’infecter les grottes où se réfugient les «insurgés «– que les documents de l’époque qualifient de « hors la loi « –, faire prisonniers ou tuer leurs occupants, et les rendre impraticables.

Dès lors, l’armée effectue des tests pour déterminer « le produit à utiliser dans chaque cas particulier «, les modes d’emploi et les personnels qui devront se consacrer à ces missions : une batterie armes spéciales (BAS) est créée en décembre 1956. Une centaine de sections seront réparties sur tout le territoire algérien par le général Salan. Le plan Challe révisera cette organisation en 1959.

Les produits sont prélevés dans les stocks de la Grande Guerre. Il s’agit de CN2D, conditionné dans des grenades et dans des pots : un dérivé arsénié (Adamsite ou DM) combiné à de la chloroacétophénone (CN) très toxique.

Le film rencontre aussi des survivants algériens de la grotte de Ghar Ouchettouh, dans les Aurès, gazée le 22 mars 1959 avec près de 150 villageois à l’intérieur.

Selon Christophe Lafaye, 8 000 à 10 000 gazages ont été conduits pendant toute la guerre. L’historien en a documenté 440, qu’il a fixés sur une carte. L’inventaire complet reste à faire. Il a fallu attendre 1993 pour que la France vote l’interdiction définitive des armes chimiques et de leur fabrication.

Le film «Algérie, sections armes spéciales», de Claire Billet, produit par Luc Martin-Gousset, pour SOLENT Pproduction, 52 mn, sera diffusé par la Radio Télévision suisse le 9 mars et sur France 5 le 16 mars.

APS

Droits humains en Algérie : le rapport de la Rapporteuse de l’ONU

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Mary Lawlor, sur sa visite en Algérie.
Mary Lawlor

Nous publions ci-dessous le rapport intégral de la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits humains, Mary Lawlor, sur sa visite en Algérie.

La Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits humains, Mary Lawlor, a effectué une visite officielle en Algérie du 25 novembre au 5 décembre 2023. L’objectif de cette visite était d’évaluer la situation des défenseurs et défenseuses des droits humains, dans le contexte des obligations de l’État en vertu du droit international des droits de l’homme, y compris la Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus (Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme).

Lire ci-dessous le rapport.