Le procureur du tribunal correctionnel de Dar El Beida, à Alger, a requis, ce jeudi 20 mars 2025, une peine de dix ans de prison ferme et une amende d’un million de dinars algériens à l’encontre de l’écrivain Boualem Sansal.
Selon plusieurs sources médiatiques, l’écrivain franco-algérien est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, notamment atteinte à l’unité nationale, insulte envers une institution réglementaire, possession de contenus portant atteinte à la sécurité nationale et actions susceptibles de nuire à l’économie nationale.
L’affaire trouve son origine dans la saisie de documents électroniques retrouvés sur ses appareils personnels (téléphone, ordinateur et clé USB). Selon l’accusation, ces documents contiendraient des publications jugées offensantes envers les institutions constitutionnelles, civiles et militaires de l’État algérien.
Arrêté en novembre 2024 à son retour d’un séjour en France, Boualem Sansal est placé en détention provisoire depuis plusieurs mois. Son procès, inscrit au calendrier régulier des affaires criminelles, s’est déroulé sans mesures exceptionnelles.
Lors de son audition devant le tribunal correctionnel de Dar El Beida à Alger, Boualem Sansal a fermement nié toute intention d’offenser l’Algérie à travers ses écrits. Il a souligné que ses publications relevaient uniquement de l’expression d’une opinion, à l’instar de tout citoyen exerçant son droit à la libre parole. Il a également précisé qu’il n’avait pas mesuré l’impact que certaines de ses déclarations pouvaient avoir sur les institutions nationales.
Face au juge d’instruction de la troisième chambre, Sansal a réaffirmé son attachement profond à son pays, déclarant : « Je suis algérien, j’aime mon pays et mon patriotisme est irréprochable. »
Un verdict attendu et des réactions internationales
Le tribunal a décidé de mettre son jugement en délibéré jusqu’au 27 mars 2025, date à laquelle le verdict sera annoncé.
Cette affaire intervient dans un contexte diplomatique tendu entre l’Algérie et la France, notamment après la reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en juillet 2024. L’arrestation et le procès de Boualem Sansal ont suscité de vives réactions au sein de la communauté internationale.
L’avocat de l’écrivain a d’ores et déjà annoncé son intention de saisir l’ONU pour dénoncer une détention arbitraire. De son côté, le ministère français des Affaires étrangères s’est dit préoccupé par la situation et suit de près l’évolution du dossier.
À quelques jours du verdict, l’affaire Boualem Sansal continue de diviser l’opinion publique, entre ceux qui dénoncent une atteinte à la liberté d’expression et ceux qui considèrent qu’il a outrepassé les limites du débat public.
La rédaction