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jeudi 19 juin 2025
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Algérie, le grand écart diplomatique : Moscou, Pékin, Washington, Paris hors jeu

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MAE
Ministère des Affaires étrangères

Dans l’art subtil de la diplomatie, l’Algérie s’est imposée comme une gymnaste hors pair, enchaînant les contorsions stratégiques avec une agilité déconcertante. Entre Moscou, Washington et Pékin, Alger jongle avec ses alliances comme un équilibriste sur un fil tendu au-dessus du vide. Quant à Paris ? Un spectateur désabusé relégué au rôle de l’ancien amant déçu.

L’Algérie et la Russie, c’est une vieille histoire d’amour, cimentée par des chars, des missiles et des contrats d’armement en pagaille. Le Kremlin continue d’alimenter les entrepôts de l’ANP, faisant de l’Algérie l’un de ses clients les plus fidèles.

Et puis, il y a l’affinité idéologique : un régime qui préfère le pragmatisme autoritaire à la cacophonie démocratique, ça crée des liens. En retour, Alger s’abstient prudemment sur les résolutions de l’ONU condamnant l’invasion de l’Ukraine, préservant ainsi une neutralité qui n’en est pas vraiment une.

D’un autre côté, l’Algérie sait que jouer les satellites russes a ses limites. Dans un monde où l’on ne peut plus se contenter d’une seule carte, Alger flirte aussi avec Washington. Les Américains, toujours à l’affût d’influencer la région, ferment les yeux sur certaines pratiques locales en échange d’une stabilité régionale garantie et d’une écoute sur les questions de lutte contre le terrorisme. Certes, la Maison-Blanche n’a pas la même ferveur que Moscou, mais elle sait récompenser les « bons élèves » par quelques gestes symboliques : accords économiques, coopération sécuritaire, et cette douce illusion de reconnaissance internationale.

Et puis, il y a la Chine. Silencieuse, efficace, redoutablement pragmatique. Pékin ne s’embarrasse pas de questions de droits de l’homme ou de libertés individuelles. Non, ce qui compte, c’est le béton, les infrastructures, et les contrats juteux. Les entreprises chinoises sont partout en Algérie : elles construisent routes, hôpitaux, barrages et raffineries à la chaîne. En échange, Pékin s’assure un accès privilégié aux ressources naturelles algériennes et un marché captif pour ses produits.

Et Paris dans tout ça ?Autrefois omniprésente, la France assiste impuissante à sa relégation. Les relations franco-algériennes oscillent entre rancœurs historiques et malentendus diplomatiques. Chaque tentative de réchauffement est émaillée de polémiques, entre mémoires blessées et intérêts économiques contrariés.

L’Algérie, équilibriste ou funambule en sursis ?Dans ce grand jeu des puissances, Alger a fait son choix : diversifier ses partenaires, maintenir un équilibre instable, et se positionner comme un acteur incontournable. Mais cette posture est-elle tenable sur le long terme ?

Si le grand écart diplomatique offre des marges de manœuvre, il comporte aussi le risque d’une chute brutale. L’histoire récente a montré que jouer sur plusieurs tableaux peut vite devenir une danse dangereuse, surtout quand les partenaires eux-mêmes redéfinissent leurs priorités. L’Algérie peut-elle indéfiniment osciller entre ses différentes alliances sans devoir faire un choix plus clair ? La suite de l’histoire nous le dira.

En conclusion, l’Algérie s’impose comme la gymnaste diplomatique du XXIe siècle, jonglant avec ses partenaires comme un équilibriste sur un fil tendu, entre Moscou, Washington et Pékin, tout en jetant un regard distrait à Paris, relégué au rang de spectateur éploré. La grande question demeure : jusqu’à quand cependant l’Algérie pourra-t-elle continuer cette danse acrobatique sans risquer une chute vertigineuse ? La diversité de ses alliances peut sembler être une force, mais elle a aussi un goût d’illusion, car dans le monde impitoyable de la géopolitique, même l’équilibriste le plus habile peut voir son fil se rompre. À ce moment-là, peut-être que Paris, dans sa posture désabusée, aura trouvé une nouvelle stratégie pour reprendre le jeu… ou pas.

Et qui sait, peut-être que ce grand écart diplomatique d’Alger ne cache en réalité qu’un dernier tour de passe-passe, une manière subtile de garder toutes les options ouvertes, tout en sachant pertinemment que l’heure des choix viendra inévitablement. L’Algérie pourrait bien finir par se retrouver à devoir choisir entre ses alliés historiques et ses partenaires plus récemment choisis, ce qui pourrait bien la contraindre à une nouvelle gymnastique stratégique encore plus acrobatique. Mais après tout, dans ce numéro d’équilibriste, pourquoi se presser de choisir ? Tant que les contrats échouent et les partenariats fructifiants, l’Algérie pourrait bien savourer cette période de flottement. Une fois le rideau tombé, qui se souviendra du funambule en sursis ?

Peut-être que dans quelques années, lorsque l’Algérie aura épuisé ses acrobaties diplomatiques, on se souviendra de cette époque comme celle où la danse du grand écart a été la règle et non l’exception. Mais comme toute performance de cirque, la tension monte inévitablement, et la chute, si elle survient, pourrait être d’autant plus spectaculaire. À moins que, dans une pirouette finale, l’Algérie ne parvienne à transcender ce jeu d’équilibre et à imposer un scénario où ses anciens partenaires, désormais lassés de ses jongleries, viendront elle-même à sa rencontre, en quête de nouveaux repères. Mais tout cela, bien sûr, relève encore de l’art de la diplomatie… ou de l’illusion de la maîtrise.

Au fond, la grande question reste celle de la durée. Le jeu d’équilibre d’Alger, si habilement orchestré, peut-il vraiment échapper aux lois du temps et de la pression géopolitique ? Car dans ce monde où les alliances sont souvent plus fragiles que le fil d’un funambule, le moindre faux mouvement pourrait transformer une danse délicate en une chute brutale. Peut-être que, dans un ultime acte de cynisme, l’Algérie sacrifiera cette posture acrobatique au profit d’un choix plus radical, mais plus risqué. Car après tout, l’histoire a montré que ceux qui osent remettre en question le statu quo finissent parfois par en redéfinir les règles. Mais en attendant, le grand écart diplomatique continue, avec, pour spectateurs, des puissances prêtes à applaudir… ou à se détourner.

« Dans le jeu des puissances, l’équilibre est une illusion, et l’Algérie, funambule aguerri, sait qu’à force de danser sur le fil, le moindre faux pas peut tout faire basculer. »

Dr A. Boumezrag

Cherif Mellal mène une grève de la faim depuis 4 jours

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Cherif Mellal

L’ancien président de la JSK met encore une fois sa vie en danger pour dénoncer l’arbitraire qui le ronge. Condamné à 4 ans de prison, il mène depuis quatre jours une grève de la faim à la prison, informe Me Fetta Sadat.

Le détenu d’opinion Cherif Mellal est en détention depuis le 19 janvier 2023. Il observe une grève de la faim depuis le 3 mars 2025, selon l’avocate.

Une condamnation à une peine de quatre ans de prison ferme a été infligée à Cherif Mellal par jugement rendu par le pôle pénal économique et financier sis au tribunal de Sidi M’hamed en date du 23/10/2024, jugement confirmé dans toutes ses dispositions par arrêt rendu par la chambre pénale près la cour d’Alger en date du 25/02/2025, ajoute l’avocate.

Lors de son procès en appel, il y a une quinzaine de jours, le représentant du ministère public avait requis l’aggravation de la peine.

Pour sa part, le collectif de défense « a mis en évidence les irrégularités flagrantes, multiples et multiformes qui ont entaché les poursuites engagées contre leur client », avait expliqué précédemment son avocate.

La rédaction

Gaz et pétrole algérien : Paris s’embrouille, Rome se débrouille

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Pétrole

En diplomatie comme en amour, il y a ceux qui séduisent et ceux qui s’illusionnent. Entre Paris et Alger, l’histoire d’un couple maudit continue : incompréhensions, reproches, crises de jalousie et promesses non tenues.

La France, toujours enfermée dans son roman national, croit encore que quelques déclarations grandiloquentes et des bouderies institutionnelles suffisent à maintenir une relation privilégiée. Pendant ce temps, l’Italie, elle, a compris que l’essentiel ne réside ni dans les serments ni dans les postures morales, mais dans les actes concrets. Et en l’occurrence, ces actes s’écrivent en barils de gaz.

Là où Paris ressasse les blessures du passé, Rome signe des contrats. Là où la diplomatie française tente encore de convaincre Alger que les regrets valent bien une alliance, l’Italie installe des pipelines. Pendant que Macron s’évertue à jongler entre mémoire sélective et discours culpabilisants, Giorgia Meloni, elle, fait ce que la realpolitik exige : elle négocie, elle flatte, elle engrange. Résultat ? Paris s’embourbe, Rome prospère.

Historiquement, la relation franco-algérienne est un champ de mines émotionnel. La mémoire coloniale y est omniprésente, les rancunes bien ancrées, et chaque faux pas se paie en tensions diplomatiques. La France persiste à parler d’histoire, là où l’Italie préfère parler d’avenir. Depuis la crise énergétique exacerbée par la guerre en Ukraine, Alger est devenu un partenaire stratégique de premier ordre. Mais plutôt que de sécuriser sa place, Paris a multiplié les maladresses : déclarations mal reçues, relations crispées et une diplomatie parfois aussi maladroite qu’arrogante. À l’inverse, Rome, sans fardeau colonial et sans posture moralisatrice, avance ses pions avec une redoutable habileté.

Giorgia Meloni a fait d’Alger un allié clé, en transformant l’Italie en hub énergétique pour toute l’Europe du Sud. De quoi marginaliser un peu plus la France, reléguée au rôle de spectateur indigné. L’Algérie, elle, ne s’embarrasse pas de nostalgie : elle veut des partenaires fiables et des perspectives solides. Meloni l’a compris, et elle sait qu’en affaires comme en séduction, il faut savoir donner avant de demander.

Alors que Paris tente désespérément de colmater les brèches d’une relation fragilisée, Rome accumule les dividendes d’une stratégie pragmatique. Pendant que la diplomatie française s’enlise dans ses contradictions et ses accès de dignité offensée, l’Italie se fraye un chemin avec un sourire et une signature au bas d’un contrat.

Moralité ? Pendant que Paris s’embrouille, Rome se débrouille. Et en plein hiver énergétique, il vaut mieux avoir du gaz que des leçons de morale.

D’autant que l’Italie ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Forte de son succès algérien, elle tisse patiemment son réseau d’influence en Afrique du Nord, là où la France accumule les faux pas. Pendant que Paris tente encore d’imposer son statut d’ex-puissance tutélaire, Rome se positionne en partenaire discret mais efficace. Une discrétion qui paie : les investissements italiens en Algérie explosent, les coopérations s’élargissent et les hydrocarbures continuent d’affluer vers Rome.

Paris, lui, continue de regarder le train passer, coincé entre sa mémoire douloureuse et son incapacité à réinventer sa diplomatie. Peut-être est-il temps d’apprendre la leçon italienne : moins de leçons, plus d’actions. Moins de remords, plus de business.

Car au bout du compte, la géopolitique ne pardonne pas l’aveuglement. L’Italie avance, la France piétine. Et comme toujours, l’Histoire ne se raconte pas, elle s’écrit – à l’encre du pragmatisme et du gaz naturel.

Finalement, la France, grande donneuse de leçons, se retrouve à l’école de la realpolitik. Mais dans cette classe-là, le maître-mot n’est pas l’éloquence, c’est l’efficacité. L’Italie l’a bien compris, et pendant que Paris disserte, Rome empoche. Comme disait Napoléon : « Ne jamais interrompre un ennemi qui est en train de faire une erreur. »

Dr A. Boumezrag

Le spectre de l’OAS rôde aux portes du pouvoir en France

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OAS

Il fut un temps où l’OAS n’était qu’un souvenir honteux, une note de bas de page sanglante dans l’histoire de la France postcoloniale. Une bande de généraux en charentaises rêvant d’un empire perdu, des activistes à moustache hurlant à la trahison et posant des bombes comme d’autres distribuent des tracts. Et puis, bien sûr, une poignée de nostalgiques murmurant à l’oreille de politiciens en mal d’identité nationale. Mais voilà que l’Histoire, farceuse et cynique, remet le couvert.

En 2025, l’extrême droite n’est plus un épouvantail agité pour faire peur aux enfants républicains avant le coucher. Elle est là, bien réelle, installée aux avant-postes du pouvoir. Et dans ses couloirs feutrés, un vieux fantôme s’invite à la table des décisions. Celui de l’Organisation Armée Secrète, cet héritage toxique de la guerre d’Algérie qui, au lieu de se dissoudre dans les archives jaunies, trouve un écho dans le discours revanchard de ceux qui veulent « rétablir l’ordre ».

L’OAS d’hier posait des bombes pour que l’Algérie reste française, quitte à éventrer la République. L’OAS d’aujourd’hui ne fait plus exploser d’immeubles, mais dynamite allègrement les fondements du vivre-ensemble. Sa haine de l’autre a changé de cible, son vocabulaire s’est modernisé, mais l’obsession reste la même : purifier, expulser, dominer. Surtout, ne jamais faire le deuil du colonialisme.

Les premiers symptômes de cette résurgence sont là : nostalgie assumée du « temps béni des colonies », criminalisation rampante des Franco-Algériens, lois sur la nationalité dignes d’une purge administrative. Et puis, bien sûr, ce doux euphémisme qui sert d’alibi aux dérives autoritaires : « restaurer l’identité française ». Traduction : réécrire l’Histoire, interdire la mémoire et, si possible, transformer les banlieues en laboratoires de la répression.

Les relations avec Alger ? Une poudrière en devenir. Il faut dire qu’un régime français lorgnant sur l’héritage de l’OAS, ça a de quoi réveiller quelques vieux réflexes du côté du FLN. Expulsions économiques, crise diplomatique, montée des tensions communautaires, le cocktail est parfait pour faire exploser le peu qu’il restait du dialogue franco-algérien.

Mais que dire de la situation en France ? Un pays où les gamins des cités doivent prouver chaque jour qu’ils sont aussi français que les autres, pendant qu’on leur explique en boucle que leurs ancêtres sont des colons ou des colonisés, mais jamais des citoyens à part entière. Où la police, déjà bien dotée en matériel répressif, se voit offrir carte blanche pour traquer l’ennemi intérieur sous prétexte de « lutte contre le séparatisme ». Où la nostalgie de l’Algérie française devient un argument électoral, et où certains se prennent à rêver d’une revanche sur l’Histoire.

La question n’est plus de savoir si le spectre de l’OAS rôde. Il est déjà là, assis au premier rang, prêt à signer les décrets. La République tiendra-t-elle face à cette résurgence morbide ? Ou se contentera-t-elle d’assister, impuissante, à un remake où les vaincus de 1962 prennent leur revanche sur le XXIe siècle ?

Si l’Histoire bégaie, alors il serait peut-être temps de l’empêcher de radoter des horreurs.

L’histoire bégaie, et cette fois, elle a pris des stéroïdes. Si l’OAS n’a jamais réussi à renverser la République en 1962, il semblerait qu’en 2025, elle n’ait plus besoin d’attentats pour s’inviter au sommet de l’État. La nostalgie coloniale s’est muée en projet politique assumé, et la xénophobie d’hier s’écrit aujourd’hui en programme électoral. Mais rassurons-nous, ce n’est pas un retour en arrière, c’est juste l’éternelle marche en crabe de la politique française.

« L’Histoire ne se répète pas, elle bégaye en uniforme et en costard-cravate. »

Ce spectre ne hante plus seulement les marges, il défile en pleine lumière, se pavane sur les plateaux de télévision, du matin au soir, entre un débat sur « l’identité nationale » et une chronique sur « l’insécurité ». Jadis clandestin, la nostalgie colonialiste a troqué la cagoule et le pistolet pour la cravate et la rhétorique bien huilée des experts autoproclamés.

Le putsch rêvé n’a plus besoin de chars : il passe par les chaînes d’info en continu, les éditorialistes complaisants et les sondages bien orientés. Et pendant que l’Histoire bégaye, la démocratie, elle, continue de perdre sa voix, recouverte par le bruit de cette réhabilitation.

Car l’ironie ne s’arrête pas là : entre deux envolées sur la grandeur perdue et les dangers du multiculturalisme, ces nouveaux héritiers de l’OAS ne manquent jamais une occasion de donner des leçons de morale et de démocratie… à l’Algérie. Ce joyau autrefois pillé par l’Empire, devenu le « voyou » de la République française, comme si l’histoire coloniale n’avait laissé derrière elle que l’ingratitude d’un pays qui aurait dû dire « merci » plutôt que revendiquer son indépendance.

Ainsi, dans ce jeu d’inversions absurdes, la France, qui peine à regarder en face ses propres démons, sermonne son ancienne colonie sur l’État de droit, les droits de l’homme et la bonne gouvernance, tout en réhabilitant dans ses discours des figures qui rêvaient d’un putsch militaire. Comme si la démocratie était un concept à géométrie variable : sacrée quand elle sert ses intérêts, encombrant quand elle contredit sa vision du monde.

 Dr A. Boumezrag

La justice française refuse d’extrader Abdeslam Bouchouareb vers Alger

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Bouchouareb

Ce mercredi 5 mars, le parquet général a demandé à la cour d’appel d’Aix-en-Provence d’opposer un avis défavorable aux six demandes d’extradition vers l’Algérie d’Abdesselam Bouchouareb, ministre de l’Industrie et des Mines entre 2014 et 2017 sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, rapporte l’AFP.

L’ancien puissant ministre de l’Industrie sous Bouteflika reste en France, loin de la justice algérienne. Depuis près de dix-huit mois, l’Algérie réclame l’extradition d’Abdesselam Bouchouareb afin qu’il exécute cinq peines d’emprisonnement de vingt ans chacune et pour le poursuivre dans un sixième dossier d’infractions économiques et financières. Celui qui est désormais installé en France, dans les Alpes-Maritimes, était ministre de l’Industrie et des Mines entre 2014 et 2017 sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika.

Ce mercredi 5 mars, le parquet général a demandé à la cour d’appel d’Aix-en-Provence d’opposer un avis défavorable aux six demandes d’extradition vers l’Algérie d‘Abdesselam Bouchouareb. « L’éloignement de M. Bouchouareb, gravement malade, ferait courir à celui-ci, si ce n’est un risque de vie, (un risque) de déclin rapide et irréversible de son état de santé », a estimé l’avocat général, Raphaël Sanesi de Gentile.

Avec AFP

Rapport sur la 1re audience du procès dit de complot contre la sureté de l’Etat !

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Prisonniers tunisiens

La première audience du procès visant plusieurs figures de l’opposition, des personnalités de la société civile et d’anciens hauts responsables de l’État, accusés dans l’affaire dite du “complot contre la sûreté de l’État”, s’est tenue le 4 mars 2025 sous une tension palpable.

Depuis le début, cette affaire cristallise les critiques et soulève des soupçons quant à l’instrumentalisation de la justice à des fins de règlement de comptes politiques. L’interdiction de publication imposée par les autorités judiciaires n’a fait qu’accentuer la suspicion d’une volonté de museler l’information et de contrôler le récit officiel. Avec l’ouverture du procès au public, le vernis de l’opacité commence à se fissurer, révélant une gestion judiciaire aux allures de mise en scène savamment orchestrée.

Report stratégique et verrouillage des détenus

Le tribunal a choisi de jouer la montre en reportant l’audience au 11 avril 2025, tout en opposant une fin de non-recevoir aux demandes de mise en liberté des accusés. Ce refus catégorique confirme la ligne dure adoptée par les autorités et alimente l’hypothèse d’un procès conçu comme une démonstration de force dont le verdict est déjà écrit plutôt que comme un exercice impartial de justice.

Une mobilisation, en dehors du tribunal

Loin de se résigner, familles des détenus, militants et figures politiques ont investi les abords du tribunal pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une parodie de justice. Au cœur de leur indignation : la décision du ministère de la Justice d’imposer une comparution à distance, perçue comme une manœuvre visant à neutraliser les accusés et à saboter leur défense. Les manifestants ont scandé leur rejet d’une justice télécommandée et ont exigé la libération des prisonniers politiques, dénonçant un procès sur mesure destiné à éradiquer l’opposition.

Une audience sous haute tension : contestation et chaos

Dans la salle 6 du tribunal de première instance de Tunis, l’atmosphère était électrique. Journalistes, diplomates, activistes et plus de 100 avocats étaient présents, parmi lesquels l’ex-bâtonnier de Paris et l’avocat algérien Me mustapha bouchachi. .

Dès le coup d’envoi, les proches des détenus ont explosé de colère face à l’absence des accusés, dont la présence physique était pourtant essentielle à la régularité du procès. L’agitation a contraint le juge à suspendre brièvement la séance, signe d’un climat explosif.

Lors de la reprise, Me Laroussi, président de l’Ordre des avocats de Tunis, a dénoncé la tenue du procès à distance, qualifiant cette méthode de subterfuge grossier destiné à priver les accusés d’un droit fondamental à la confrontation directe avec leurs juges et leurs accusateurs.

La contestation ne s’est pas arrêtée là. Chaïma Issa, accusée dans cette affaire, a fustigé cette justice dématérialisée, tandis que Jawhar Ben Mbarek, détenu à la prison de Mornaguia, a refusé de comparaître à distance. La défense a immédiatement dénoncé l’absence de toute preuve officielle de ce refus, s’interrogeant sur une tentative délibérée d’escamoter les accusés du procès.

D’autres voix se sont élevées : Ayachi Hammami a fustigé un simulacre de justice, tandis que Riadh Chaïbi a exprimé sa détermination à être jugé dans des conditions dignes, et non à travers un écran de prison.

L’affaire a pris une tournure plus inquiétante avec le cas de Sahbi Atik, qui s’est vu attribuer un refus de présence qu’il n’aurait jamais signé. Pour pallier l’absence de preuves, les autorités ont eu recours au témoignage de prisonniers de droit commun censés attester de son refus – une pratique ahurissante et juridiquement contestable.

Dans une déclaration, Sayed Ferjani, s’exprimant depuis sa cellule, a affirmé que le procès est une mascarade, dénonçant un acte d’accusation truffé d’incohérences et de manipulations.

Quant à Kamel Letaïef, son avocat Amin Mahfoudh a révélé qu’il n’avait même pas été informé de la tenue du procès à distance, ce qui constitue une violation flagrante des droits de la défense.

Un tribunal aux ordres et une procédure bâclée

Un simulacre de comparution : la tenue du procès à distance est perçue comme une manœuvre grossière visant à priver les accusés de la parole et à neutraliser l’impact de leur défense devant l’opinion publique.
Violation manifeste de la présomption d’innocence : la couverture médiatique biaisée de l’affaire a contribué à diaboliser les accusés, anéantissant toute prétention à une justice impartiale.
Des magistrats aux compétences douteuses : l’avocat Amin Bouker a révélé que l’adjoint du juge principal n’a aucune expertise en matière de terrorisme, soulevant des doutes quant à la légitimité même de la cour.
Une justice sous tutelle : l’avocat Samir Dilou a dénoncé un fait troublant : l’ordre de tenir le procès à distance ne vient pas du juge, mais de l’administration du tribunal, une ingérence scandaleuse qui trahit la mainmise du pouvoir exécutif sur la justice.


Levée du bâillon médiatique : la vérité va-t-elle enfin éclater ?

Après des mois d’obscurantisme, l’interdiction de publication sur l’affaire du complot a enfin été levée. C’est désormais à la presse indépendante- très mal au point- de mettre à nu les zones d’ombre de cette affaire, loin des éditorialistes dociles et des faiseurs d’opinion aux ordres.

Et maintenant ? les enjeux de la prochaine audience

  • La bataille pour la présence physique des accusés promet de polariser encore davantage les débats.
  • L’intensification des pressions nationales et internationales pourrait contraindre les autorités à desserrer l’étau sur les détenus.
  • L’ouverture des médias à la couverture de l’affaire pourrait révéler de nouvelles manœuvres de manipulation judiciaire.
  • L’audience du 11 avril 2025 sera un véritable test pour mesurer jusqu’où le pouvoir est prêt à aller pour verrouiller ce procès.


Un procès qui dépasse la simple question judicaire

L’affaire du “complot contre la sûreté de l’État” n’a plus grand-chose à voir avec la justice : elle est devenue un marqueur de l’état de dégradation générale de la Tunisie. Chaque décision judiciaire, chaque manœuvre procédurale, chaque coup de force médiatique dessine les contours d’un pays où le droit est perverti sous les coups d’une autorité autoritaire. L’avenir du procès ne dira pas seulement le sort des accusés, mais aussi celui de la justice tunisienne tout entière et de la Tunisie en tant qu’Etat et pays indépendant. 

Le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie -CRLDHT

Des fuites révèlent la stratégie musclée de Bruno Retailleau avec l’Algérie

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Retailleau
Crédit : ministère de l'Intérieur.

Alors qu’Emmanuel Macron, en déplacement au Portugal, avait appelé à l’apaisement entre Paris et Alger, repoussant les « jeux politiques » et qualifiant de « ridicules » les échanges par voie de presse, un nouveau regain de tension apparaît ce week-end. Le journal La Tribune publie une note secrète du ministère de l’Intérieur revendiquant la nécessité d’engager un rapport de force avec les autorités algériennes.

La fuite intervient moins de 48h après les déclarations d’Emmanuel Macron, considérées comme un camouflet pour le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Dans cette note de trois pages, censée être hautement confidentielle, les services de l’Intérieur exposent la stratégie pour tordre le bras à Alger : restriction massive de visas, en priorité pour l’élite politique, économique et militaire du pays, contrôles renforcés des liaisons maritimes, convocation des consuls généraux algériens.

Dossiers sensibles

Mais aussi remise en cause de dossiers éminemment sensibles comme l’indemnisation des essais nucléaires menés par la France en Algérie. Un « changement de posture » nécessaire explique le texte, face « aux vexations et entraves soigneusement mises en scène par Alger », en particulier l’action d’influenceurs algériens sur les réseaux sociaux, qualifiée de « menace directe à la sécurité. »

Retailleau vs Barrot ?

Une manière de placer dans le débat public français les propositions défendues par Bruno Retailleau, pas vraiment partisan des conciliabules diplomatiques prônés par son collègue des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. La position du Quai d’Orsay semble pour l’instant avoir les faveurs d’Emmanuel Macron, au moins dans sa volonté de ne pas outrageusement mettre en scène la dispute entre les deux pays.

RFI

Affaire Sansal : une raison d’État en France, une déraison d’État en Algérie ?

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Boualem Sansal

Une fois de plus, la France et l’Algérie s’offrent un duel diplomatique digne d’une tragédie en plusieurs actes. Cette fois-ci, c’est Boualem Sansal, écrivain subversif, intellectuel encombrant, qui cristallise les tensions.

En France, on brandit son nom comme un étendard de la liberté d’expression, en oubliant qu’on n’a jamais vraiment su quoi faire de lui. Trop acerbe pour être consensuel, trop libre pour servir de simple caution intellectuelle, il devient soudain un symbole national au nom du grand principe de la défense des opprimés. La raison d’État s’en empare, les tribunes indignées fleurissent, et on proclame haut et fort qu’il est impensable qu’un écrivain soit persécuté pour ses idées… du moins, quand il est persécuté ailleurs.

En Algérie, l’affaire Sansal révèle une déraison d’État devenue presque routinière. Un intellectuel qui dérange, c’est une anomalie à réprimer. Trop critique, trop insaisissable, trop peu aligné sur la grande narration nationale, il est plus simple de le faire taire que de le contredire. On ne censure pas officiellement, on marginalise, on diabolise, on emprisonne sous des prétextes qui feraient rire s’ils n’étaient pas tragiques. Le pouvoir algérien prétend refuser toute ingérence, mais agit avec la prévisibilité d’un métronome désaccordé.

Entre ces deux postures, une même hypocrisie règne. En France, la défense de Sansal s’inscrit dans une logique de confrontation avec Alger, mais qu’en est-il des autres voix muselées, ici comme ailleurs ? L’indignation est à géométrie variable, fonction des opportunités diplomatiques et des intérêts du moment.

En Algérie, on prétend rejeter toute influence étrangère, tout en se conformant à l’antique règle des régimes autoritaires : la parole libre est un danger à éliminer. Que Sansal ait toujours été plus célébré à l’étranger que chez lui ne change rien à l’affaire : il est devenu un problème, donc il faut s’en débarrasser.

Finalement, Sansal, que personne ne voulait vraiment hier, devient aujourd’hui l’homme que chacun instrumentalise à sa façon. Entre raison d’État et déraison d’État, il reste ce qu’il a toujours été : un écrivain qui refuse de se taire.

Ainsi va le destin des écrivains dans les guerres diplomatiques : ni héros, ni martyrs, juste des otages symboliques que les États brandissent ou enterrent selon leurs intérêts. En France, Boualem Sansal devient l’écrivain à défendre, tant qu’il sert une posture politique. En Algérie, il reste l’homme à abattre, car penser librement est un crime d’État.

Et pendant que les chancelleries s’indignent et que les médias s’embrasent, lui, sans doute, continue à écrire. Car si l’Histoire nous a bien appris une chose, c’est que les dictatures passent, mais les mots restent.

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. » – Albert Camus. Et dans cette affaire, les mots semblent plus redoutés que les actes. Dans l’affaire Sansal, les mots sont plus redoutés que les actes en France comme en Algérie, car ils touchent à des vérités dérangeantes que chacun préférerait taire ou manipuler à son avantage.

Le régime algérien craint les intellectuels comme Sansal non pas pour ce qu’ils font, mais pour ce qu’ils disent . Il ne s’agit pas d’un opposant armé, ni d’un militant appelant au soulèvement, mais d’un écrivain qui déconstruit le récit officiel , qui questionne le pouvoir, qui refuse la langue de bois.

Dans une dictature ou une démocratie autoritaire, les mots sont une arme plus dangereuse que les actes , car ils sèment le doute, réveillent les consciences et fragilisent l’ordre établi. Le pouvoir peut réprimer une manifestation, censurer un journal, mais il lui est bien plus difficile de faire taire une idée une fois qu’elle a été énoncée .

Censurer un livre, c’est avouer qu’il dit vrai. Voilà pourquoi l’Algérie préfère diaboliser Sansal, plutôt que de débattre avec lui.

En France, l’affaire Sansal n’est pas une question d’actes concrets , mais de discours et de symboles. La classe politique et les médias l’instrumentalisent pour affirmer une posture morale : la défense de la liberté d’expression. Mais ces derrière grands discours, la réalité est plus ambiguë.

La France célèbre Sansal parce qu’il est persécuté ailleurs, mais at-elle vraiment soutenu ses écrivains dissidents lorsqu’ils dérangeaient sur son propre sol ?

L’indignation est-elle sincère ou simplement une façon de tacler le régime algérien dans un jeu de tensions diplomatiques récurrentes ?

Le paradoxe français, c’est que la liberté d’expression est défendue avec de grandes phrases, mais qu’elle est souvent bafouée lorsqu’elle gêne les intérêts nationaux . On s’indigne bruyamment pour Sansal, mais qu’en est-il des autres écrivains, journalistes et penseurs marginalisés pour avoir exprimé certains tabous français ?

Un écrivain n’a pas besoin d’armes pour s’inquiéter d’un pouvoir. Il lui suffit d’un stylo et d’un silence gêné en face.

Dans cette affaire, ce n’est pas ce que Sansal a fait qui dérange, mais ce qu’il représente . Un écrivain libre est un miroir tendu aux hypocrisies des régimes qui l’instrumentalisent ou le combattent. En Algérie, il est un danger à éliminer. En France, il est un symbole à brandir, tant que cela sert une cause.

Finalement, Sansal prouve malgré lui une vérité simple : les l régimes autoritaires craignent la pensée libre, et les démocraties jouent avecles mots quand ç les arrange.

Dans l’affaire Sansal, la France et l’Algérie instrumentalisent chacune à leur manière l’écrivain et son œuvre, selon ce qui les arrange politiquement et diplomatiquement.

La France s’empare de l’affaire pour réaffirmer son attachement à la liberté d’expression , un principe qu’elle brandit dès que cela lui permet de se poser en défenseur des opprimés.

Un écrivain persécuté ? Parfait pour dénoncer la répression en Algérie, tout en entraînera un débat sur ses propres contradictions en matière de liberté d’expression.

Une critique intellectuelle envers son pays d’origine ? Cela alimente un narratif où la France se pose en terre d’accueil pour les voix dissidentes.

Un nouvel élément dans le feuilleton des tensions franco-algériennes ? Chaque prétexte est bon pour relancer le bras de fer diplomatique.

Mais cette indignation est-elle vraiment sincère ? Quand des intellectuels français critiquent les angles morts de la République (colonisation, immigration, racisme institutionnel), sont-ils autant défendus que Sansal aujourd’hui ? Sansal est un « écrivain à défendre » tant qu’il critique le bon ennemi.

En Algérie : Un prétexte pour réaffirmer l’autorité du régime. Du côté algérien, la machine répressive tourne à plein régime. L’affaire Sansal sert à réaffirmer le contrôle du pouvoir sur la parole publique et à désigner un ennemi commode.

Un écrivain trop libre, trop critique ? Il devient un traître, un agent de l’étranger.

Un soutien français à son égard ? Parfait pour nourrir le discours anti-ingérence et ravir la vieille rhétorique du complot colonial.

Un danger pour le régime ? Non pas par ses actes, mais parce que ses mots fissurent la version officielle de l’histoire. Sansal est « l’ennemi à abattre » tant qu’il refuse de se taire.

Au final, les États n’aiment les écrivains que lorsqu’ils leur sont utiles . En France, on le célèbre pour pointer du doigt l’Algérie, mais dans un silence sélectif sur d’autres voix dérangeantes. En Algérie, on l’écrase parce qu’il refuse de jouer au jeu du nationalisme officiel.

« Un écrivain libre est un problème pour tous les pouvoirs : il ne combat pas, il dévoile. »

Dr A Boumezrag

La France rame à contre-courant, l’Algérie navigue à vue…

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Macron Tebboune
Tebboune et Macron

Les relations franco-algériennes ressemblent à une vieille tragédie jouée en boucle, où chaque acteur connaît son texte par cœur mais refuse d’en changer la fin. D’un côté, une France qui rame désespérément pour maintenir une influence qu’elle ne sait plus exercer. De l’autre, une Algérie qui avance sans boussole, oscillant entre défiance et dépendance. Et au milieu ? Une mer d’incompréhensions, de faux-semblants et de rendez-vous manqués.

Paris aime à se penser stratégie, mais agit souvent en nostalgique. Entre repentance maladroite et postures autoritaires, elle oscille entre vouloir ménager le passé et contrôler un avenir qui ne lui appartient plus. Chaque président tente de « réinventer » la relation avec Alger, avant de s’échouer sur les récifs des malentendus historiques et des susceptibilités diplomatiques.

Macron, en bon équilibriste, a tenté le « en même temps » : un coup de flatterie sur la « nation amie », un coup de gueule sur la « rente mémorielle ». Résultat ? Rien. L’Algérie prend, observe, attend… et ne donne rien en retour. Paris veut « réparer », mais ne sait plus très bien quoi. Pendant ce temps, la France rame, s’agite, espère maintenir son influence… alors que le courant mondial l’emporte ailleurs.

L’Algérie, ce navire sans gouvernement

Alger, de son côté, avance à l’aveugle. On refuse de rompre avec l’ancienne puissance coloniale, mais on se méfie de ses intentions. On rejette son aide, mais on négocie en coulisses. On s’indigne publiquement, tout en comptant sur les visas et les transferts d’argent. Le pays à du potentiel, une jeunesse dynamique, des ressources… mais pas de cap clair.

La rente pétrolière anesthésie toute volonté de transformation. Les dirigeants parlent de « nouvelle Algérie », mais l’appareil d’État reste coincé dans ses réflexes du passé. On promet le développement, mais on épouse l’initiative. On célèbre la souveraineté, tout en fermant la porte à ceux qui voudraient vraiment construire l’avenir. Résultat : le bateau avance, mais sans direction, ballotté entre crises internes et opportunités manquées.

Les deux pays se regardent en chiens de faïence, prisonniers d’un passé qu’ils ne savent ni assumer ni dépasser. L’un rame pour exister, l’autre flotte pour durer. Et pourtant, les défis sont immenses : immigration, économie, sécurité, instabilité régionale… Mais plutôt que de construire un vrai partenariat, chacun joue son petit jeu politique.

La France veut garder son influence sans oser l’affirmer. L’Algérie veut s’émanciper sans savoir comment. Et au final, tout le monde perd du temps.

Cap sur l’inconnu

À force de reculer devant les choix difficiles, Paris et Alger risquent de se réveiller un jour en réalisant que le monde a avancé sans eux. La France ne peut plus imposer un modèle périmé, et l’Algérie ne pourra pas éternellement jouer la carte du statu quo. Il faudra, tôt ou tard, choisir un cap.

Mais pour l’instant, l’un rame, l’autre dérive… et aucun port n’apparaît à l’horizon.

Le drame des relations franco-algériennes, c’est qu’elles sont figées dans un jeu de dupes permanent. Paris fait semblant de croire qu’Alger finira par lui tendre la main, Alger feint de croire qu’elle peut s’émanciper sans jamais couper le cordon. Un dialogue de sourds où chacun entretient son illusion.

En France, la classe politique alterne entre diplomatie du repentir et accès d’autorité maladroits. Trop d’excuses agacent, trop de fermeté braque. À force de ménager le chèvre et le chou, Paris fini par ne convaincre personne. On veut maintenir un lien, mais on ne sait plus sur quelle base. Résultat : une influence qui s’érode, une crédibilité qui vacille, et une Algérie qui regarde de plus en plus vers d’autres partenaires.

À Alger, on joue la carte de la souveraineté à tout-va, mais on reste englué dans des contradictions. On refuse la main tendue, mais on accepte les bénéfices du partenariat. On se méfie de l’ex-colonisateur, mais les élites envoient leurs enfants étudier à Paris. On revendique une indépendance totale, mais on garde un pied dans la francophonie, faute d’alternative claire. L’État alterne entre fierté affichée et dépendance assumée.

Pendant que la France ramène et que l’Algérie dérive, d’autres avancent. La Chine investit, la Turquie tisse ses liens, la Russie renforce sa présence. L’Europe, prise dans ses propres crises, observe sans savoir comment se positionner. Le monde ne nous attend pas.

L’Algérie, avec ses ressources naturelles et sa position, pourrait devenir un acteur majeur si elle savait s’ouvrir sans se renier. La France, avec son savoir-faire et son histoire, pourrait proposer un partenariat moderne et pragmatique. Mais pour cela, il devrait cesser les postures, les rancœurs stériles et les demi-mesures.

Si rien ne change, l’histoire se terminera comme elle a commencé : dans une désillusion mutuelle. La France continue de perdre de son influence en Afrique du Nord, piégée par ses hésitations. L’Algérie continue d’avancer sans direction claire, freinée par ses propres contradictions. Et dans quelques décennies, on se demandera comment ces deux pays, liés par tant d’histoire, ont pu autant passer à côté de leur avenir commun.

Il reste une chance de redresser la trajectoire. Mais encore faut-il qu’un jour, quelqu’un prend enfin le gouvernail. Et pour l’instant, personne ne semble prêt.

La France rame à contre-courant, s’accrochant à une influence déclinante sans oser la réinventer. L’Algérie navigue à vue, hésitant entre rupture et dépendance, sans jamais fixer de cap clair. Et au milieu, une mer d’occasions perdues et d’attentes déçues.

L’histoire aurait pu faire de ces deux pays des partenaires stratégiques, liés par un passé commun mais tournés vers l’avenir. Au lieu de cela, ils s’observent, se méfient, se chercher sans jamais se trouver.

Le monde change vite, et ni la France ni l’Algérie ne peuvent se permettre de rester piégées dans leurs hésitations et leurs postures stériles. À force d’attendre, d’éviter les décisions difficiles et de laisser le temps filer, elles risquent de se réveiller un jour en constatant qu’elles ne comptent plus.

Le vent souffle, la tempête approche, mais aucun capitaine n’ose encore prendre la barre. Combien de temps avant le naufrage ?

Moralité , « Les nations qui refusent d’affronter leur passé s’enlisent dans l’immobilisme, celles qui hésitent sur leur avenir se condamnent à l’insignifiance. »

Dr A Boumezrag

Ligue 1 Mobilis : le MCA l’emporte 2 buts à 1 face au CSC et conforte son leadership

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Mohamed Saliou Bangoura
Mohamed Saliou Bangoura, MCA

Le MC Alger, auteur d’un succès renversant à la maison face au CS Constantine (2-1), a conforté sa position du leader du championnat de Ligue 1 Mobilis de football, en clôture de la 18e journée, vendredi.

Au stade du 5-Juillet, devant plus de 40.000 supporters, le MCA a été cueilli à froid en concédant l’ouverture du score signée Temine (4e), profitant des largesses de la défense mouloudéenne.

La réaction du « Doyen » ne s’est pas faite attendre, puisque l’ailier ivoirien a égalisé quelques minutes, d’un puissant tir dans la surface (11e).

En seconde période, le MCA a dominé les débats, ce qui lui a permis d’inscrire le but de la victoire, grâce à sa nouvelle recrue hivernale, l’attaquant Mohamed Saliou Bangoura, qui a crucifié le portier adverse Bouhalfaya, d’un tir foudroyant de l’extérieur de la surface (73e).

Une victoire qui permet au MCA d’atteindre la barre de 37 points, et surtout conserver cinq points d’avance, sur son dauphin, le CR Belouizdad.

Le CSC, stagne quant à lui, à la 6e position avec 25 points.

De leur côté, les Sanafir (6e – 25 pts), qui restent sur deux matchs nuls consécutifs, dont le dernier concédé à domicile face à l’ASO Chlef, auront à cœur de bousculer la hiérarchie pour renouer avec la victoire.

Résultats de la 18e journée :
ASO Chlef – MC Oran1 – 0
ES Mostaganem – USM Khenchela2 – 0
NC Magra – ES Sétif0 – 0
CR Belouizdad – US Biskra2 – 0
MC El-Bayadh – USM Alger2 – 1
JS Saoura – Olympique Akbou2 – 1
JS Kabylie – Paradou AC2 – 1
MC Alger – CS Constantine2 – 1
Classement de la Ligue 1
#EquipesPtsJ
1MC Alger     3718
2CR Belouizdad  3218
3USM Alger 2918
4JS Kabylie  2918
5ASO Chlef  2718
6CS Constantine2518
7ES Sétif2518
8JS Saoura2518
9MC El Bayadh  2418
10Paradou AC2318
11MC Oran  2118
12Olympique Akbou2018
13USM Khenchela2018
14NC Magra1718
15ES Mostaganem1718
16US Biskra1418

APS