L’arrestation lundi 6 mai de Saadia Mosbah, présidente de l’association Mnemty luttant contre les discriminations raciales, soulève de vives inquiétudes au sein de la communauté noire tunisienne. Placée en garde à vue pendant 5 jours dans le cadre de la loi antiterroriste, Mme Mosbah est une figure emblématique du combat contre le racisme en Tunisie.
Connue pour avoir milité pour l’adoption de la loi contre les discriminations raciales en 2018, une première dans le monde arabe, Saadia Mosbah fait l’objet depuis début mai d’une campagne de harcèlement l’accusant de faciliter l’installation de migrants subsahariens. Son association est soupçonnée de “complot”.
Cette arrestation intervient dans un contexte tendu, marqué par les récents propos du président Kaïs Saïed dénonçant un “plan criminel pour changer la démographie” du pays et qualifiant de “traîtres” les dirigeants d’associations aidant les migrants.
Pour la militante antiraciste Huda Mzioudet, cette arrestation est un choc, même “sous Ben Ali ils n’avaient pas osé faire cela”. Elle craint que ce climat n’attise les discriminations envers les Tunisiens noirs, estimés à 15% de la population.
“La Tunisie est devenue fasciste, personne n’est épargné” dénonce la juriste Sana Ben Achour, pour qui le régime cible à la fois migrants et Tunisiens noirs soutenus par la société civile.
Après l’adoption récente d’une loi pionnière, l’arrestation de Mme Mosbah marque un dur revers pour la lutte contre le racisme, dont la minorité noire tunisienne fait désormais les frais selon les militants.
Haythem M.