La démocratie tunisienne, fragilisée depuis des années, serait-elle en passe de rendre son dernier souffle sous les coups de boutoir d’un Kaïs Saïed de moins en moins enclin au compromis ? C’est en tout cas ce que redoute amèrement le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT).
Dans un récent rapport alarmant, cette organisation dénonce « la dérive autocratique d’un régime de plus en plus répressif ». Elle pointe du doigt « l’instrumentalisation de la justice à des fins d’élimination politique » et « le musellement méthodique de toute dissidence ».
Ainsi, de simples fresques contestataires valent désormais à leurs auteurs des peines de prison ferme absconses. Rached Ghannouchi, le chef du parti d’opposition Ennahdha, a été jeté derrière les barreaux pour « troubles à la sécurité de l’État » sur la base d’un dossier aussi léger qu’une plume. Quant à Abir Moussi, la dirigeante du Parti destourien libre, elle croupit en cellule depuis des mois dans l’attente d’un procès pour « complot contre le président » monté de toutes pièces.
Dans ce climat délétère où magistrats et avocats n’ont d’autre choix que de courber l’échine sous peine de révocation, le CRLDHT exhorte la Tunisie à « surmonter ses divergences » et « à faire revenir la démocratie ». L’ONG en appelle également à la communauté internationale, sommée de réagir urgemment pour conjurer le spectre d’une dictature qui risquerait à terme de replonger le pays dans le chaos.
SAMIR L.