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lundi 14 octobre 2024
ActualitéRésultats de la présidentielle : Que s’est-il réellement passé ?

Résultats de la présidentielle : Que s’est-il réellement passé ?

Dans sa session tenue ce samedi 15 septembre, le Parti des travailleurs (PT), présidé par Mme Louisa Hanoune, a analysé minutieusement le scrutin du 7 septembre et les résultats qui ont sont sortis. Le bureau politique du PT n’a pas mâché ses mots et n’est pas allé avec le dos de la cuillère dans ses reproches contre le régime. Nous vous publions ici l’intégralité du communiqué sanctionnant la réunion du PT :

À l’issue de sa session tenue ce samedi 15 septembre que le parti des travailleurs a décidé de consacrer exclusivement à l’appréciation de la situation politique nationale ouverte après l’annonce des résultats préliminaires des présidentielles du 7 septembre, et après avoir prolongé la discussion suite à l’annonce par la Cour constitutionnelle des résultats définitifs, le Bureau politique déclare :

Ce scrutin et ses développements à savoir les résultats préliminaires et les résultats définitifs traduisent l’accélération d’une crise profonde de régime qui impacte l’État national.

Et cette crise s’était déjà exprimée dès le début de la campagne de collecte des parrainages pour les dossiers de candidatures et dont l’exclusion de notre candidate était une expression violente, sans oublier les cafouillages qui ont marqué le traitement des dossiers de candidatures.

Selon les chiffres définitifs proclamés par la Cour constitutionnelle, est enregistrée une augmentation exponentielle des scores des trois candidats, que ni la raison, ni la réalité de ce qui s’est passé le 7 septembre, ni même les recours des candidats ne peuvent expliquer.

Due s’est-il donc réellement passé ?

Ainsi, le taux de participation, selon les résultats définitifs, a augmenté de 100%. Le candidat du FFS qui réclamait 133 000 voix supplémentaires s’est vu gratifié de plus de 450 000 voix multipliant par 4 ses résultats, le candidat du MSP qui revendiquait autour de 150 000 voix supplémentaires a lui, été gratifié de plus de 725 000 voix supplémentaires, multipliant également son score par 4.

Quant au président qui n’avait pas introduit de recours, son score a été augmenté d’environ deux millions 600 mille voix.

Faut-il rappeler que concernant les résultats préliminaires annoncés par l’ANIE, les 3 candidats donc, le vainqueur compris, se sont insurgés à travers un communiqué commun, dans un fait inédit, contre les chiffres et le déroulement de l’opération de vote et que le FFS et le MSP ont dénoncé, y compris, les pressions sur les encadreurs des centres et bureaux de vote pour gonfler le taux de participation et ont évoqué même le bourrage des urnes.

Ce qui signifie que même le taux de 23% de participation et les 5,6 millions de votants annoncés par l’ANIE a été gonflé.

Jamais, depuis l’avènement du multipartisme dans notre pays, une telle modification ahurissante n’a été enregistrée dans les résultats définitifs des scrutins, suite à l’introduction de recours.

Chaque algérienne et chaque algérien, apprécieront ces développements, ce qu’ils font déjà massivement sur les réseaux sociaux, d’autant que le 7 septembre, les citoyennes et citoyens étaient des témoins vivants du rejet massif du scrutin que même les médias nationaux n’ont pu camoufler tant c’était sans précédent.

Pour notre part, nous affirmons que les résultats définitifs, loin de résorber la crise ouverte, ne font que l’exacerber car :

1-      L’ANIE pouvait-elle prendre la liberté d’inventer « un taux moyen de participation » de 48% démenti par le nombre de votants qu’elle a annoncé elle-même ?

2-      Les résultats définitifs surprenants annoncés par la Cour constitutionnelle donnent un taux de participation de 46% donc 54% d’abstention auquel s’ajoutent 1 million 700 000 bulletins nuls ce qui équivaut à environ 8% et qui traduisent également une démarcation des programmes des trois candidats.

Par conséquent, les résultats définitifs confirment à leur tour que par l’abstention et le vote nul, une grande majorité de plus de 61% du corps électoral a désavoué le scrutin dans son ensemble.

Et les résultats définitifs, de ce fait, ne résolvent point la question centrale de la légitimité, fondement de tout mandat électif obtenu par les urnes, dans un scrutin libre, et donc inattaquable consacrant la souveraineté populaire.

Plus fondamentalement, le taux d’abstention qu’il soit de près de 77% tel que annoncé par les chiffres de l’ANIE ou de 54% tel que annoncé par la Cour constitutionnelle auxquels s’ajoutent les plus de 1 million 700 mille bulletins nuls est porteur du message qui s’est exprimé, massivement et en toute conscience par la majorité le 7 septembre.

Depuis l’annonce des résultats préliminaires par l’ANIE, un tir groupé est concentré par les candidats, leurs partis et représentants contre cette instance appelant, y compris, à des poursuites judiciaires.

L’ANIE n’a d’indépendant que le nom

N’est-ce pas cette même ANIE qui organise les scrutins depuis sa création en septembre 2019 ? Et jamais les résultats qu’elle a, à chaque fois, annoncés n’ont provoqué une telle levée de boucliers y compris au sein des institutions. Alors pourquoi cette fois-ci ?

Faut-il rappeler que seulement 23% du corps électoral ont pris part au référendum constitutionnel du 1er novembre 2020 avec seulement 5 millions de votants dont 3 millions 300 000 pour et 1 million 660 000 contre et 637000 bulletins nuls. Que les législatives ont connu un taux de participation de 23% également en 2021 avec 5,6 millions de votants.

Ce taux de participation qui tournait toujours autour de 23% et ce nombre de votants qui traduisent une défiance massive depuis 2019 sont donc devenus la norme qui confirme le fossé abyssal entre les aspirations politiques et sociales de la majorité et les institutions en place et leurs politiques.

Par conséquent, et sans pour autant nous ériger en défenseur de l’ANIE qui nous a démontré son absence d’autorité et donc d’indépendance, concentrer les tirs sur elle, c’est en faire un fusible, pour dédouaner et donc sauver un régime qui s’enfonce dans une crise majeure qu’il a lui-même provoquée.

En effet, après une telle déroute qui reflète une exacerbation de la crise politique, produit d’une lame de fond silencieuse mais houleuse, et après le communiqué commun des trois candidats, on était en droit de s’attendre à une décision hardie à la hauteur de la gravité de la situation, c’est-à-dire une décision de sauvegarde nationale, le processus électoral ayant révélé une fracture sans précédent, qui plonge le pays dans l’incertitude, le transformant en proie facile pour les rapaces étrangers, les fauteurs de guerre et de chaos.

Or, les résultats définitifs tels que proclamés par la Cour constitutionnelle sont venus éloigner cette perspective.

Pourtant, que disent les chiffres officiels par-delà le nombre de voix attribués à chacun des 3 candidats :

–         Une grande majorité du corps électoral n’a pas participé au vote alors qu’il n’y a pas eu d’appels ni de campagnes pour le boycott …

–         Ce message, équivaut à un verdict sans appel et exprime clairement :

1-   Une défiance jusque-là inégalée à l’égard du processus électoral dans son ensemble exprimant une capacité extraordinaire de discernement des enjeux du scrutin de la part de la majorité.

2-   Colère et rejet du statu quo que ce scrutin devrait consacrer et exigence de rupture claire avec l’héritage du système du parti unique, avec toutes les politiques qui ont enfanté la détresse politique et sociale.

3-   Réaffirmation de l’actualité des aspirations politiques portées par des dizaines de millions en 2019 dans un processus politique révolutionnaire en rupture avec le système, ses institutions, ses pratiques, vers la refondation politique institutionnelle… Une grande majorité du corps électoral a donc réaffirmé, au compte de l’immense majorité, par l’abstention massive, les bulletins nuls, son rejet clair du rapt du processus émancipateur opéré en avril 2019, un rapt qui a ouvert la voie aux régressions politiques sans précédent depuis 1989, aggravées par des régressions et des fractures sociales violentes malgré les ressources financières importantes, … un rapt qui a obstrué les horizons en imposant le maintien du statu quo étouffant.

4-   Colère et rejet de la fermeture politique et médiatique sans précédent, des lois liberticides, à commencer par l’article 87 bis du code pénal, la criminalisation de l’action politique, de l’exercice des droits syndicaux, de la libre opinion, de la liberté de presse, du droit de se rassembler et manifester pacifiquement.

5-   Colère et rejet des emprisonnements pour délit d’opinion, de l’injustice, de l’instrumentalisation de la justice.

6-   Colère et rejet de l’interdiction sans précédent et source d’humiliation, de manifester en soutien à la Palestine.

7-   Colère et rejet de l’inflation galopante, de l’effondrement du pouvoir d’achat, des licenciements des travailleurs, de l’exclusion des travailleurs de la production et des services des augmentations de salaires (SNMG), des salaires impayés… etc.

8-   Colère et rejet du chômage endémique et massif, de l’absence de perspectives réelles pour la jeunesse en général, et des diplômés universitaires en particulier, des avancées de la pauvreté.

9-   Colère et rejet de la tragédie de la Harga, qui atteint des proportions de plus en plus épouvantables, qui saigne la nation.

10-        Colère des étudiants et rejet du détricotage de l’université publique, à travers la destruction des enseignements, de la recherche scientifique et des diplômes.

11-        Colère et rejet du massacre du système éducatif.

12-        Colère et rejet massif du marasme mortel dans les hôpitaux publics.

13-        Colère et rejet des discours creux sur la Palestine durant la campagne électorale, alors que partout dans le monde en tête en Europe et aux États unis, le génocide à Ghaza et en Cisjordanie est une question centrale dans les scrutins, imposée par la mobilisation populaire pour stopper la barbarie sans précédent alors que les massacres sont poursuivis par dizaines quotidiennement, que Ghaza est détruite à 80%, que selon l’ONU, cette guerre de terrorisme sioniste a fait des centaines de milliers de victimes directes et indirectes par bombes, famine, soif, rupture de médicaments vitaux et de matériels médicaux que l’entité sioniste empêche de rentrer avec la complicité des régimes arabes. Oui colère car absence d’engagements sérieux de la part des candidats pour agir afin de mettre fin au génocide et pas un mot sur le droit de manifestation, et sur le soutien explicite à la résistance.

14-      Colère et rejet d’un discours creux sur la défense de la souveraineté et l’intégrité du pays sans pour autant nommer entre autres l’entité émiratie qui constitue la principale menace au compte de l’entité sioniste.

Alors oui la fuite en avant, l’autisme des autorités ont provoqué un sursaut national sous forme d’une abstention et de votes nuls record.

Et en réalité, de la « compétition » électorale du 7 septembre, c’est la majorité du peuple qui est sortie vainqueur.

Certes nous n’avons pas participé au scrutin, mais nous avons suivi la campagne électorale la plus morose depuis 1997 et en l’absence du peuple, et étudié les programmes électoraux dont la similitude sur des questions essentielles étaient glaçantes.

La majorité pouvait-elle, en effet, soutenir la suppression des transferts sociaux défendue par les 3 candidats alors qu’elle programme un séisme social mortel porteur de risque de dislocation de l’unité nationale ?

Pouvait-elle soutenir la suppression des œuvres universitaires, le désengagement de l’État du secteur public également annoncés ?

Pouvait-elle cautionner le silence total sur le sort des nationalisations et sur d’autres questions cruciales ?

Oui, nous affirmons, pour en avoir débattu avec les citoyens que se sont ces questions centrales mais non exhaustives qui ont poussé une très grande majorité du corps électoral à tourner le dos au scrutin du 7 septembre dans une attitude résistancielle et de défense, en l’absence des libertés d’expression, de presse, de manifestation, de grève confisquées. L’abstention et les votes nuls étant devenus le seul moyen pour la majorité pour s’exprimer.

La vision du PT :

Nous affirmons qu’en l’absence d’issue positive, la crise politique, de régime, d’une gravité sans précédent qui affecte l’État, fragilisé en externe, par un régime isolé en interne.

Et l’avalanche de félicitations extérieures au président élu pour son deuxième mandat, avant même le verdict de la Cour constitutionnelle est-elle sincère et désintéressée ?

Nous avons plus que des doutes, au regard de la situation mondiale marquée par la marche à la généralisation de la guerre.

Et nous rappelons que c’est le peuple qui possède la capacité de se mobiliser, dresser un rempart en défense du pays.

Et maintenant ?

Par-delà le verdict de la Cour constitutionnelle qui, nous le réaffirmons, ne saurait occulter la réalité de la crise, ni modifier l’état d’esprit de la majorité, qui dans un silence assourdissant a brandi un carton rouge réaffirmant son aspiration profonde au changement sur les plans politique, institutionnel, socioéconomique.

Parce que, pour nous, seuls comptent les intérêts de la majorité du peuple, qui sont indissociables des intérêts du pays, nous nous interrogeons :

Le message du 7 septembre a-t-il été entendu et saisi ?

Pour notre part, nous le réaffirmons : la sauvegarde de la nation, de sa souveraineté et de son intégrité exige des mesures d’urgence à la hauteur de la gravité de la situation, pour répondre positivement aux attentes politiques et sociales de l’écrasante majorité du peuple.

Il s’agit pour nous d’ouvrir des perspectives réelles à la nation dans un contexte mondial lourd de dangers pour l’humanité, pour la civilisation humaine pour l’intégrité des peuples et des nations, c’est-à-dire éviter à notre pays des compromissions mortelles et donc renforcer son immunité en rétablissant les liens positifs entre les citoyens et l’État.

Salut aux millions d’algériennes et d’algériens qui ont su et réussi à contourner les obstacles pour exprimer leur colère et leur rejet du statu quo !

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