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mardi 28 octobre 2025
DébatsExtrait du premier chapitre du Rapport des Droits Humains 2024 " Algérie un virage autoritaire, répression et érosion des libertés"

Extrait du premier chapitre du Rapport des Droits Humains 2024  » Algérie un virage autoritaire, répression et érosion des libertés »

Situation des Droits humains et répression des libertés en Algérie – 2024

Ce rapport écrit par Riposte Internationale vise à mettre en évidence la grave détérioration des droits humains en Algérie au cours de l’année 2024, avec comme point d’orgue : les élections présidentielles anticipées du 7 septembre 2024.

Celles-ci ont accéléré la banalisation de la répression en Algérie. Les récentes modifications complétant l’ordonnance n°66-156 du 8 juin 1966 portant sur le code pénal, ainsi que sur la loi organique sur l’information n°23-14 du 27 août 2023, confirment ce virage autoritaire. Ces modifications ont été adoptées afin de renforcer le contrôle sur la société civile et restreindre davantage les libertés d’expression, de réunion et de la presse. Le cycle répressif a commencé au printemps 2019.  Activistes,  journalistes,  avocats,  universitaires  et artistes subissent une surveillance accrue, des détentions arbitraires, des interrogatoires forcés et diverses formes d’intimidation pour le simple fait d’avoir exercé leurs droits fondamentaux.

Jamais l’Algérie n’a été empreinte d’une répression aussi implacable que celle que connaît aujourd’hui les militantes et militants, algériennes et algériens de manière générale. Au cours de l’année 2024, le nombre d’Algériens victimes de détentions et d’arrestations arbitraires n’a cessé d’augmenter. Le nombre de détenus d’opinion actuel se porte à 2151. Les autorités algériennes ont mis en place un véritable de harcèlement judiciaire envers les militants et défenseurs des droits humains, les arrêtant sans parfois respecter le cadre juridique et pénal algérien: absence de présentation d’un mandat de dépôt, absence du droit de recours à un avocat pour les victimes, parfois même arrêtant leurs avocats, interrogatoires forcés, prolongement des détentions provisoires, report systématique des procès, Interdiction de sortir du territoire national (ISTN), recours excessif à l’article 87-bis du code pénal algérien.

Nombreux sont les moyens déployés afin de faire taire toute voix dissidente. L’adoption de deux nouvelles lois est révélatrice de l’intensification de cette répression : l’une sur l’information et l’autre modifiant le code pénal. Ces mesures juridiques, qui s’apparentent à des outils de contrôle politique, restreignent encore davantage les libertés fondamentales des citoyens algériens et entravent l’indépendance des médias. Elles renforcent un cadre législatif déjà largement restrictif instauré depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdelmadjid Tebboune à l’issue de la présidentielle de 2019, consolidant les pouvoirs autoritaires du régime.

Ce rapport vise à mettre en valeur les nombreux cas de détenus d’opinion, qu’ils soient journalistes, avocats, écrivains, chanteurs, anciennes figures du soulèvement populaire de 2019, ou simples citoyens algériens.

Dans la première partie de ce rapport, nous rappelons les récentes  évolutions  des  lois  sur  l’information  et  les modifications du Code Pénal algérien, qui cristallisent le virage autoritaire adopté par le gouvernement algérien. Cette partie sera aussi l’occasion d’identifier les conséquences réelles de ces modifications sur la population algérienne et de revenir sur le fiasco des élections présidentielles du 7 septembre. Dans une seconde partie, nous tenterons de dresser une liste, non exhaustive, des principaux détenus d’opinions, militants, algériennes et algériens, arrêtés, harcelés ou encore détenus, au cours de l’année 2024. Dans la troisième partie de ce rapport, nous évoquerons plus en détail la région kabyle, systématiquement visée par les autorités algériennes. Enfin, dans la dernière partie de ce rapport, nous reviendrons sur certaines grandes problématiques rencontrées par la société algérienne au cours de l’année 2024, telles que l’augmentation du nombre de harragas algériens, qui illustre le mal être de la société algérienne.

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