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vendredi 22 novembre 2024
ActualitéRendez-vous des manifestants pour le départ de Bouteflika : Le vendredi décisif

Rendez-vous des manifestants pour le départ de Bouteflika : Le vendredi décisif

C’est un quatrième vendredi de mobilisation citoyenne qui intervient dans un contexte politique mouvant. Alors que le processus insurrectionnel se radicalise, le pouvoir tente de reprendre l’initiative politique par la ruse et la manœuvre, qui n’ont pas opéré.

Le report de l’élection présidentielle, assorti d’un prolongement du mandat du président Bouteflika hors cadre constitutionnel, n’a pas rencontré d’écho. L’offre est massivement rejetée par la rue et l’ensemble de la classe politique de l’opposition. Dans plusieurs villes du pays, les manifestations ont déjà donné le ton de ce que vont être les marches de demain.

La principale revendication du rejet du 5e mandat, qui a rythmé la contestation depuis la journée du 22 février, a disparu pour laisser place au «Non au 4e mandat prolongé et à la violation de la Constitution».

L’offre de la conférence nationale dite «inclusive», devant aboutir à l’organisation de l’élection présidentielle avant la fin de l’année, n’a pas non plus convaincu.

L’apaisement espéré par le pouvoir n’a pas eu lieu. Les deux figures remises en selle, Lakhdar Brahimi, ancien ministre des Affaires étrangères plusieurs fois «missionnaires» de l’ONU, Ramtane Lamamra, redevenu chef de la diplomatie, pour tenter d’assurer le «service après-vente», sont vite brocardées sur les réseaux sociaux. Leur respectabilité internationale et contrebalancée est fortement handicapée par l’absence d’un ancrage politique national.

Surtout qu’aux yeux de beaucoup d’Algériens, «ces deux personnages font partie du système qui est sommé de dégager». «On a demandé des élections sans Bouteflika, ils nous ont mis Bouteflika sans les élections», répond la rue comme pour illustrer le fossé croissant qui la sépare du pouvoir. Impossible de rapprocher les vues.

Difficile de parvenir à un compromis. Les «insurgés» comme les partis et personnalités de l’opposition refusent fermement de participer à une conférence de transition conduite par le pouvoir. C’est donc un vendredi décisif pour la suite des événements. Des appels à manifester s’élargissent.

Dans une lettre qui restera sans doute dans les annales, l’icône de la Révolution algérienne, Djamila Bouhired, lance un appel à «la jeunesse algérienne en lutte».

Une lettre dans laquelle elle lance l’arme chimique à la figure du pouvoir. «Au nom d’une légitimité historique usurpée, une coalition hétéroclite formée autour du clan d’Oujda, avec l’armée des frontières encadrée par des officiers de l’armée française, et le soutien des ‘‘combattants’’ du 19 mars, a pris le pays en otage», écrit-elle. Jamais publiquement l’ancienne condamnée à mort n’a été aussi rageuse.

C’est dire la flamme qui la brûle silencieusement depuis l’indépendance. «En renouant le fil de l’histoire interrompu en juillet 1962, vous avez repris le flambeau qui va éclairer le chemin de notre beau pays vers son émancipation, dans la dignité retrouvée et dans les libertés à reconquérir», dit-elle à l’adresse de la jeunesse qui est en train de redresser le sillon de la libération. «Là où ils se trouvent, je suis convaincue que nos martyrs, qui avaient votre âge, lorsqu’ils avaient offert leur vie pour que vive l’Algérie, ont, enfin, retrouvé la paix de l’âme», poursuit-elle dans un bel hommage à ceux qu’elle désigne comme ses «enfants et petits-enfants».

Un coup dur pour l’équipe au pouvoir. Une mise à nu. Un pouvoir qui sera mis en face d’un sérieux test plongé dans un brouillard politique. Le Conseil constitutionnel, qui devra rendre aujourd’hui ses conclusions sur la validation ou pas des dossiers des candidats qui ont proposé leurs candidatures, se trouve soudainement hors du coup.

Que va-t-il faire ? D’évidence ce sera le premier acte non constitutionnel qui va être commis depuis l’annonce du report de la présidentielle prévue pour le 18 avril. C’est le grand paradoxe. La rue qui réclame le respect de la Constitution face à un pouvoir qui s’installe pas à pas et de manière évidente dans l’informel politique.

 

Source journal El Watan
Par Hacen Ouali

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