Mon soutien à la candidature d’Ali GHEDIRI a soulevé de légitimes interrogations, et suscité parfois des déceptions, à ce stade bien compréhensibles. Elles auront eu toutefois le mérite d’enclencher le débat sur des questions de fond, malgré la tentative de les torpiller par l’invective et la rumeur distillées par les professionnels de l’intox et de la manipulation.
Qu’est ce qui peut bien réunir un avocat, engagé depuis longtemps sur le terrain des droits de l’Homme, et un général-major, aujourd’hui à la retraite ?
Qu’est ce qui peut rapprocher » un opposant, qui a payé de sa liberté la défense de ses convictions « , d’un homme « issu de l’armée et qui s’engage tardivement en politique » ?
Au-delà des scénarios, parfois surréalistes, qui circulent sur les réseaux sociaux et dans les salons où l’on conspire, la réalité est aussi simple qu’inédite. Deux citoyens d’origines modestes, aux parcours atypiques et qui ont répudié le choc des ego, ont réussi à trouver un terrain de convergence autour de valeurs communes.
Pour les Algériens échaudés par les pratiques sulfureuses de leurs dirigeants, être général-major, même à la retraite, est un handicap qui suscite, au mieux la méfiance, et au pire le rejet. Porté par un homme de conviction, intègre, déterminé et au parcours honorable, ce grade est un atout majeur pour imposer aux groupes d’intérêt qui ont pris le pays en otage, le changement exigé par le sens de l’histoire.
Et pour s’en convaincre, il suffit de mesurer la violence de leurs réactions, qui défient le droit et la morale, pour tenter de lui barrer la route.
Il n’y a ni messie, ni homme providentiel, ni sauveur suprême ! L’édification d’une nouvelle République, démocratique, moderne et respectueuse des valeurs d’une société plurielle, passe par la mobilisation des citoyennes et des citoyens, qui doivent occuper la scène politique pour imposer leur volonté de changement et devenir les acteurs de leur propre destin.
Aux confrontations horizontales, parfois tragiques, greffées sur des problèmes réels mais instrumentalisés par le pouvoir pour assurer son équilibre, le temps est venu de substituer une fracture verticale, qui doit traverser les partis politiques toutes tendances confondues (de la majorité comme de l’opposition), la société civile, les institutions, les médias… Une fracture éthique qui doit isoler les corrompus, les privilégiés et les clientèles du système, pour neutraliser leur capacité de nuisance. Une fracture qui va réinventer l’espoir pour réaliser enfin le rêve des pères fondateurs du 1er novembre 1954 qui avaient défié la mort pour que vive l’Algérie indépendante, et pour restaurer les libertés des Algériens.
C’est là le préalable à tout projet de redressement national.
A l’impasse du système, qui a mis ses clientèles en ordre de marche pour la défense de leurs intérêts, de leurs privilèges, opposons un large rassemblement populaire éthique, pour bâtir un Etat de droit, dans lequel toutes les Algériennes et tous les Algériens se sentiront citoyens à part entière, avec les mêmes droits, les mêmes chances, les mêmes libertés.
Pour que la transparence dans la vie publique s’érige en rempart infranchissable contre la délinquance des dirigeants.
Pour que la justice soit libérée de la soumission au pouvoir exécutif qui l’a instrumentalisée au service d’intérêts occultes.
Pour que la loi soit identique pour tous, « qu’elle protège ou qu’elle contraigne ».
Pour que notre identité plurielle ne soit plus subie comme une menace à manipuler au gré des rapports de force, mais comme une chance à promouvoir pour intégrer l’ensemble des composantes de la société.
Pour dépolitiser la religion et désacraliser la politique.
Pour que nos deux langues nationales et officielles bénéficient enfin d’un statut égalitaire, avec les moyens de leur promotion, gage du respect de leurs locuteurs.
Pour que les langues étrangères ne soient plus combattues comme une « agression néocoloniale », mais réhabilitées sans complexes comme une chance pour accéder à la science, à la modernité et à l’universalité.
Pour que la décentralisation, qui a fait ses preuves durant la Guerre de libération nationale, inspire une nouvelle réorganisation de l’Etat, avec de larges prérogatives au pouvoir local.
Ce ne sont pas là des promesses de campagne pour séduire des électeurs que l’on croirait amnésiques, mais des objectifs conditionnés par deux facteurs : la volonté politique et la mobilisation populaire.
C’est pour partager avec nos concitoyens ce projet, ambitieux mais réaliste, que je me suis engagé aux côtés du candidat Ali Ghédiri.
C’est là le défi commun de tous ceux qui ne se résignent pas à la fatalité du statu-quo, de la régression, et du chaos.