Comme il en a l’habitude à l’approche des échéances électorales, Said Saadi vient de nous gratifier d’une contribution.
Cependant, mis à part son utilisation habituelle de mots qui pousseraient le commun des mortels à consulter le Larousse ou le Trésor de la langue Française, Saadi, n’étant pas candidat lui-même, nous dit en gros que tous les candidats actuels sont nuls et qu’ils n’apportent aucune contribution substantielle au débat. Il affirme que tous les sujets de débats de fond sont absents ou tout simplement ignorés. « Gravité du moment », « panne de propositions », « naïveté à croire à une nouvelle perspective venant du pouvoir », sont les éléments clés de sa contribution.
Mais ce que Saadi ne dit pas clairement – il l’avoue seulement à demi-mot –, c’est qu’il a longtemps été lui-même parmi les tenants du changement venant de l’intérieur ; ce qui l’a poussé, en 2000, à intégrer un gouvernement désigné par ce même Bouteflika qu’il voue maintenant aux gémonies. Ce faisant, il a même offert sur un plat d’argent deux des cadres de son parti, Khalida Messaoudi et Amara Benyounes, devenus par la suite deux symboles de la compromission des partis de l’opposition et de leur entrisme invétéré.
En assénant : « il convient de redire, encore une fois, que les tractations occultes dans les officines militaires ne sont pas la solution mais la cause du malheur national. », il espère faire oublier aux lecteurs de sa contribution qu’il est, parmi toutes les personnalités politiques en Algérie, celui qui a représenté la figure même des tractations dans les officines militaires poussant certains observateurs à affirmer que son parti, le RCD, est le rejeton de ces liaisons dangereuses.
Enfin, ce que Saadi ne dit pas, c’est qu’il a brigué la présidence à deux reprises, en 1995 et en 2004. À cette époque déjà, lors de ces deux courses électorales, les jeux avaient été faits bien avant la date du scrutin. À cette époque déjà, les tractations avec les officines militaires battaient leur plein et notre docteur était un de leurs protagonistes. À cette époque déjà, les propositions des différents candidats, y compris les siennes, ne brillaient nullement par leur originalité.
Ainsi, la question qui doit être posée à Saadi est la suivante : « Qu’est-ce qui a fondamentalement changé depuis et qui vous pousse maintenant à affirmer le caractère « épiphénoménal » de l’échéance du 18 avril ? ».