« LE FUSIL D’ASSAUT volé le 1er décembre dernier est toujours entre les mains des émeutiers » : devant les caméras, Christophe Castaner n’a pas hésité, jeudi, à dramatiser une situation déjà hautement inflammable. En creux, on comprend du ministre de l’Intérieur que cette arme pourrait semer la mort samedi prochain, à l’occasion de « l’acte IV » de la mobilisation des « gilets jaunes ».
Pour mémoire : il s’agit d’un HK G36, redoutable fusil de guerre allemand dont sont dotés les services dans le cadre de la lutte antiterroriste, capable de traverser des gilets pare-balles semblables à ceux que portaient les islamistes de 2015. Si ce HK a été volé samedi par un manifestant dans une voiture de police en marge des heurts où des policiers ont été lynchés, son usage potentiel fait partie de la panoplie anxiogène des rumeurs et des informations non vérifiées qui courent sur ce 8 décembre à haut risque. Il en est de même des supposées armes qu’auraient entreposées des « éléments radicaux » dans Paris en vue de mener une action d’éclat samedi prochain et que les services de police auraient retrouvées. Cette histoire, à l’origine d’affirmations contradictoires, n’a pas été confirmée.
« Appels à tuer »
Selon des informations recueillies par Le Figaro, un ministère important a reçu la consigne d’interdire à ses personnels et aux ministres concernés de se rendre sur leur lieu de travail ce week-end, après que les services de renseignement ont signalé des « appels à tuer et à se munir d’armes à feu pour s’en prendre à des parlementaires, au gouvernement, à l’exécutif et aux forces de l’ordre ».
Faute d’avoir des interlocuteurs fiables ou des « sources » identifiées, les policiers spécialisés fondent leurs soupçons et orientent leurs recherches sur la surveillance des réseaux sociaux. Ainsi, dans le cadre d’un appel très relayé à « un cortège massif des collectifs et des luttes pour un Acte IV, samedi 8 décembre, au départ de la gare Saint-Lazare et en direction des Champs-Élysées », le site paris-luttes.info prône un « front commun dans le climat révolutionnaire qui bouscule le pays ». Évoquant le chaos qui a secoué Paris, les « antifascistes » se félicitent quant à eux « des alliances que nous cherchons à créer dans cette situation explosive », en prévenant : « Nous ne comptons pas nous arrêter là. » Ces derniers jours, les mots d’ordre de haine anti-flic « ACAB », acronyme de l’anglais « All cops are bastards », se propage sur le Net.
Face à une menace quasi palpable, les palais nationaux seront claquemurés. Ainsi la sécurité de l’Élysée, où Emmanuel Macron devrait rester samedi avec son état-major, va être renforcée par le commandement militaire, à la manière d’un imprenable bunker. Comme à Matignon, des détachements mobiles et une compagnie de la Garde républicaine seront déployés pour tenir le pouvoir à bonne distance de la rue qui vocifère.
Christophe Cornevin
Source : Le Figaro