Moncef Marzouki, ancien président de la République tunisienne de 2011 à 2014, a été condamné vendredi 24 février par le tribunal de première instance de Tunis à 8 ans de prison ferme par contumace.
Cette lourde peine fait suite à des propos controversés qu’il aurait tenus sur les réseaux sociaux, sans que la date et la plateforme utilisée n’aient été précisées.
Selon le porte-parole du tribunal Mohamed Zitouna, M. Marzouki était poursuivi pour “préparation d’une attaque visant à changer le régime, incitation des habitants à s’attaquer les uns aux autres par des armes, et appel au meurtre et au vol”. Des accusations extrêmement graves qui témoignent des tensions politiques croissantes dans le pays.
Cette nouvelle condamnation s’inscrit dans une série de procédures judiciaires visant des personnalités de l’opposition tunisienne depuis le coup de force constitutionnel du président Kaïs Saïed en juillet 2021. Plus de 20 leaders politiques ont été arrêtés en 2023, dont Rached Ghannouchi, chef du parti Ennahdha, la principale force d’opposition. Tous sont accusés de complot contre la sécurité de l’État, des charges contestées par les intéressés.
L’opposition dénonce l’instrumentalisation de la justice tunisienne par le pouvoir en place afin de museler toute dissidence. Le président Saïed se défend en invoquant l’indépendance de la magistrature, mais les procès expéditifs et les lourdes sanctions prononcées sèment le doute.
En réaction à ce nouveau jugement, M. Marzouki a fustigé la décision “d’un juge misérable, sur ordre d’un président illégitime”. Preuve s’il en fallait que le climat politique demeure extrêmement tendu en Tunisie, près de trois ans après le coup de force présidentiel.
Kamel AIDOUNE