Ridha Raddaoui, membre du collectif de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, a indiqué que le collectif de défense a demandé au président de la République de l’entendre lors de la prochaine réunion du Conseil de sécurité nationale. Ils y présenteront les derniers développements du dossier des assassinats de Belaïd et Brahmi.
Planification d’assassinat de deux présidents
Dans une vidéo diffusée sur le site de la Présidence de la République, à l’issue de la rencontre qui a réuni des membres du collectif avec le président Béji Caïd Essebsi, Raddaoui a estimé que le Centre national de renseignement devrait s’engager à publier des rapports périodiques sur cette affaire.
Ridha Raddaoui a indiqué que le juge d’instruction avait entendu, le 21 novembre, l’agent qui a saisi les documents (se trouvant dans la chambre noire du ministère de l’Intérieur) et que ce dernier a révélé l’existence, en 2013, d’un plan visant l’assassinat de Béji Caïd Essebsi et l’ex-président Français François Hollande. Le document avait ensuite été volé, a-t-il ajouté.
Il a, en outre, relevé que les nouvelles données contenues dans le dossier de l’affaire confirment le vol de l’appareil destructeur de documents. Cet appareil aurait été saisi avant de disparaître, a-t-il relevé.
Il a précisé que l’appareil était sous la responsabilité du dénommé Abdelaziz Daghzeni (époux de la nièce de Rached Ghannouchi). Ce dernier n’a pas encore été entendu dans le cadre de cette affaire, bien au contraire son identité a été cachée, a dit Raddaoui.
Mustapha Khedher sacrifié
Selon lui, le mouvement Ennahdha et à sa tête Rached Ghannouchi ont sacrifié Mustapha Khedher -un de leurs militants chez qui plusieurs documents relatifs à ces affaires auraient été retrouvés- pour dissimuler l’identité de Abdelaziz Daghzeni et aussi celle de Ridha Barouni, qui occupait le poste de responsable administratif et financier au sein du mouvement Ennahdha et est, aujourd’hui, chargé de la mobilisation.
Le 26 octobre dernier, le collectif de défense de Belaïd et Brahmi a appelé le président Caïd Essebsi à réunir le Conseil de la sécurité nationale au sujet de l’affaire des deux martyrs, compte tenu de la gravité du dossier.
Dans une conférence de presse, organisée le 2 octobre dernier, le collectif de défense a accusé Ennahdha d’avoir “une structure secrète”, dirigée par Mustapha Khedher et qui serait impliquée dans l’assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
Ennahdha se dit « très étonné » par les accusations de la présidence de la République
Le mouvement Ennahdha s’est déclaré lundi «très étonné» par les accusations, postées sur le portail de la présidence de la République selon lesquelles, Abdelaziz Daghasni, gendre du président du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi serait le responsable de l’organisation secrète du mouvement.
« Ces accusations sont mensongères et dépourvues de tout fondement. Elles visent à porter atteinte au parti », a souligné Ennahdha dans une déclaration rendue publique à l’issue d’une rencontre entre le président de la République Beji Caïd Essebsi et le Collectif de défense des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi.
Les allégations de la présidence de la République sont contraires au principe d’impartialité de l’institution et à son rôle constitutionnel », a noté Ennahdha dans la même déclaration.
Ennahdha a mis en garde contre le risque d’associer l’institution de la présidence dans les tiraillements politiques « en vue de ternir l’image de la justice ».
Par ailleurs, le mouvement a réaffirmé son attachement au consensus et au partenariat avec les différentes forces du pays dont en premier lieu, le président de la République pour pallier les différentes difficultés.
La “chambre noire”
Le collectif de défense a également appelé le ministère de l’Intérieur à ouvrir la “chambre noire” en rapport avec l’assassinat des Belaïd et Brahmi et à cesser de protéger la structure impliquée dans ces crimes qui, selon le collectif, “agissait sous la protection d’Ennadha en 2013″.
Malgré ces déclarations, le ministère de l’Intérieur continue de nier l’existence de la chambre dans un communiqué rendu public. Le ministère explique qu’aucune chambre portant ce nom n’a jamais existé, mais qu’il s’agit seulement d’une simple chambre d’archives.
“Tout le contenu de la chambre est à présent à la disposition de la justice qui détient les clés de la chambre après avoir changé les serrures” lit-on dans le communiqué.
Le ministère appelle enfin à le laisser en dehors de cette polémique et en dehors des conflits politiques.
C’est la deuxième fois que le ministère réfute cette histoire. En effet, après les déclarations explosives du comité le 2 octobre 2018, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Sofiène Zaâg, avait démenti l’existence de toute ”chambre noire” au sein du ministère.
Mais son existence a été établie, après que le porte-parole du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, Sofiene Siliti, a déclaré à Mosaïque FM, que les documents présents dans ladite chambre sont actuellement entre les mains de la justice, pouvant faire la lumière sur les deux assassinats politiques.
Toujours selon Siliti, les serrures de la chambre ont été changées, et la chambre fermée par la justice, après avoir saisi les documents qui s’y trouvent.
Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi avaient été assassinés respectivement le 6 février 2013 et le 25 juillet de la même année.
https://web.facebook.com/Presidence.tn/videos/368240693742227/?t=57
Source : HuffPost Tunisie