Un vent d’indignation se lève partout dans le pays. Il vient des profondeurs de la société et exprime le mal-être algérien dans toutes ses dimensions. Longtemps contenue, la colère a finalement explosé en réaction à ce qu’il convient désormais de qualifier de provocation de trop.
En effet, la candidature de Bouteflika pour un 5e mandat est ressentie par les citoyens comme une atteinte à leur dignité, une défiance difficile à supporter.
L’ampleur de la mobilisation du vendredi 22, la gravité et la détermination unanimement affichées par les marcheurs traduisent bien l’état dexaspération d’une population usée et désabusée. En brisant les murs de la peur et du silence, cette mobilisation pacifique et magnifique a libéré les consciences. Elle a également apporté un démenti cinglant aux allégations et autres prévisions chaotiques des briseurs d’espoir.
C’est un tournant historique dans la vie du pays. Un consensus national s’est concrètement et publiquement réalisé autour du rejet du 5e mandat et du départ du système. Les citoyennes et citoyens ont pris leurs responsabilités. La forte démonstration populaire a porté un message citoyen insistant sans aucune ambiguïté. Il doit trouver un sens politique par un prolongement immédiat, transparent et loin de toute tractation occulte. C’est la mission des patriotes, de tous les patriotes, au sein du sérail comme dans la société. Ils doivent retrouver le sens des perspectives historiques.
Le pouvoir doit se garder de faire le choix de l’obsession destructrice contre la nation. Il doit se garder de faire le choix de l’aventure et de l’entêtement en mobilisant les membres de sa contre-société contre la société. Une telle option conduirait immanquablement le pays droit à la guerre civile. Il doit le savoir. Prions Dieu que cette malheureuse évolution ne survienne pas. Si tel est le cas, le pouvoir et ses alliés répondront de crime contre l’humanité devant la collectivité nationale, la justice internationale et l’histoire.
La société se trouvera de ce fait en situation de légitime défense. Elle est alors en droit d’user de tous les moyens nécessaires à sa protection.
L’opposition, très peu bavarde en ce moment, doit à son tour se déterminer.
Est-elle la voix du peuple ou accepte-t-elle de servir de bouée de sauvetage à un système en plein naufrage ? Est-elle un facteur dans le règlement de la crise ou un élément de la crise ? L’heure n’est pas aux tergiversations, aux calculs personnels ou aux éruptions intempestives de taghenant. Le souci du pays doit primer sur toute autre considération.
Il faut éloigner l’Algérie de la zone de danger et lui offrir la seule perspective qu’elle mérite : celle de la liberté, du progrès et de la paix. Les patriotes doivent en urgence appeler à une négociation avec le pouvoir autour d’un seul et unique point : le départ du système. L’élection présidentielle est à mon sens dépassée.
Source Journal El Watan
Djamel Zenati