Niger : le général Abdourahamane Tiani officiellement investi président pour cinq ans renouvelables
Le général de brigade Abdourahamane Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), a été officiellement investi président de la République du Niger, mercredi 26 mars, pour un mandat de cinq ans renouvelable. La cérémonie d’investiture s’est tenue à Niamey. Cette cérémonie a aussi donné lieu à la signature d’ordonnances portant sur la dissolution des partis politiques au Niger et sur l’amnistie de prisonniers politiques et militaires.
La promulgation de la Charte de la Refondation du Niger s’est doublée d’une cérémonie d’investiture pour le général Abdourahamane Tiani – élevé aux fonctions suprêmes de la Nation et de l’armée nigérienne.
Le général Tiani, qui a été élevé au rang de général cinq étoiles, a salué dans son discours un « nouveau départ » pour le Niger.
Le chef de la junte occupera ces nouvelles fonctions pendant cinq ans au moins, en vertu de la Charte qui étend la durée de la transition et permet sa prolongation, selon le secrétaire général du gouvernement, Mahamane Roufai Laouali.
« La Charte a valeur constitutionnelle, en cela qu’elle constitue désormais la loi fondamentale devant régir les pouvoirs publics pendant la période de la refondation. La charte dispose également que la durée de la période de la refondation est fixée à 60 mois à compter de la date de sa promulgation ce 26 mars 2025. Cette durée est modulable, en fonction de la situation sécuritaire et de l’agenda des États du Sahel », indique le secrétaire général du gouvernement.
Dissolution des partis politiques
Deux ordonnances portant sur la dissolution des partis politiques au Niger et sur l’amnistie de prisonniers politiques et militaires ont été signées par le général Abdourahamane Tiani, qui a insisté sur la nécessité d’une réconciliation nationale. « J’avais évoqué la nécessité pour les Nigériens de pardonner et de se pardonner entre eux pour donc se débarrasser des boulets de la haine et de la rancœur qui tirent le pays vers le bas ».
L’installation de bases militaires étrangères décidée par référendum
Le général Tiani a également annoncé que l’installation de bases militaires étrangères au Niger serait désormais décidée sur la base d’une consultation populaire.
Abdourahamane Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie déclarait : « C’est véritablement dans son contenu que la Charte innove. Elle consacre, entre autres, le principe d’un recours au référendum populaire pour permettre au peuple de s’exprimer sur tout projet d’installation de bases militaires étrangères dans notre pays, ou encore des mesures inédites de protection de nos ressources naturelles pour que les Nigériens véritablement profitent de l’exploitation de leurs richesses. Il s’agit véritablement d’un pacte politique et social qui prend en compte nos réalités et nos légitimes aspirations d’un nouveau départ pour un Niger souverain et résolument engagé sur le chemin de son développement. »
Il fut un temps où la diplomatie algérienne se déployait avec panache sur la scène internationale, brandissant le non-alignement comme un étendard sacro-saint et distribuant des leçons de souveraineté aux grandes puissances. L’Algérie des maquisards, celle qui fascinait les mouvements de libération du monde entier, s’affichait comme la conscience morale du Sud global.
En 1973, lors du sommet des non-alignés à Alger, Houari Boumediene tonnait contre l’hégémonie occidentale et plaidait pour un « Nouvel Ordre économique International » qui donnerait enfin aux pays du Sud leur place légitime. Mais en 2025, cette Algérie-là semble avoir troqué ses discours flamboyants contre un carnet de commandes bien rempli.
L’art subtil du grand écart
Le monde est devenu un marché chaotique où se bradent influences, hydrocarbures et alliances à géométrie variable. L’Algérie, jamais vraiment alignée mais toujours bien placée, a appris à danser sur le fil de la multipolarité.
Elle continue de clamer haut et fort son refus d’appartenir à un bloc tout en renforçant ses liens avec chacun d’eux, au gré des opportunités. Ainsi, l’Europe en déclin reste un acheteur précieux de gaz, bien que l’Algérie la soupçonne de n’avoir jamais vraiment enterré ses vieux réflexes paternalistes.
Depuis la crise énergétique de 2022 provoquée par l’invasion russe en Ukraine, Alger a renforcé sa position de fournisseur stratégique, devenant l’alternative naturelle au gaz russe pour l’Italie, l’Espagne et la France. Pendant ce temps, Moscou lui vend des Sukhoï tout en lorgnant sur le Sahel, et Pékin, infatigable bâtisseur d’autoroutes et de logements, s’impose comme le banquier discret de son développement.
Depuis 2014, la Chine a remplacé la France comme premier fournisseur commercial de l’Algérie, et le chantier pharaonique du port de Cherchell, financé par les capitaux chinois, illustre cette dépendance croissante.
De la dénonciation à la négociation Autrefois, Alger pointait du doigt l’ingérence occidentale et militait pour l’autodétermination des peuples. Aujourd’hui, elle maîtrise l’art du dialogue discret et des arrangements pragmatiques. Moins de discours moralisateurs, plus de deals stratégiques.
L’Algérie lorgne sur une adhésion aux BRICS, joue les entremetteuses au Sahel, et, entre deux communiqués de soutien à la Palestine, renégocie les contrats pétroliers avec des majors asiatiques.
Le sommet de Johannesburg en 2023 a consacré l’attractivité des BRICS pour les Etats en quête d’alternatives à l’ordre financier dominé par le dollar, et Alger ne cache pas son intérêt pour ce club qui pourrait lui offrir un levier supplémentaire face aux institutions occidentales. La souveraineté reste un dogme, mais elle se monnaye habilement.
La fin du romantisme diplomatique ?
Certains y verront un renoncement, d’autres une mûre adaptation. Car, en vérité, qu’est-ce que la diplomatie sinon l’art de transformer les convictions en avantages stratégiques ? L’Algérie a compris que dans un monde où les valeurs s’échangent sur les marchés internationaux, il vaut mieux être négociateur que moraliste impuissant.
Alors, exit la rhétorique enflammée des années Boumediene. Place au pragmatisme huilé d’un pays qui sait que les grands discours ne remplissent pas les caisses, mais que les contrats bien ficelés, eux, assurent l’avenir. Comme disait Churchill, « Les grandes nations n’ont pas d’amis, elles n’ont que des intérêts ». Une leçon que l’Algérie, avec 60 ans de diplomatie au compteur, semble avoir intégrée à la perfection.
Quand l’idéalisme cède le pas au pragmatisme
En 2025, l’Algérie a troqué son costume de militant pour celui de marchand avisé. Ce n’est plus l’Algérie conférencier du tiers-monde, mais celle du marchandage diplomatique. Le romantisme révolutionnaire appartient aux livres d’histoire, remplacé par une réelle stratégie d’opportunisme calculé.
Le pays n’a pas cessé de parler de souveraineté, il en a juste redéfini le prix et les modalités. « La diplomatie, c’est l’art de dire ‘chien enragé’ sans se faire mordre » disait Churchill. L’Algérie, elle, a appris à flatter la bête tout en négociant le prix de la laisse.
En détention depuis le 19 janvier 2023 Chérif Mellal observe une grève de la faim illimitée depuis le 03 mars 2025. Il est à son 23e jour dans l’indifférence des autorités.
Une condamnation à une peine de 4 ans de prison ferme a été infligée à Cherif Mellal par jugement rendu par le pôle pénal économique et financier sis au tribunal de Sidi Mhamed en date du 23 octobre 2024, jugement confirmé dans toutes ses dispositions par arrêt rendu par la chambre pénale près la cour d’Alger en date du 25 février 2025, écrit Me Sadat dans son post quotidien.
Des militants algériens et organisations appellent à rendre hommage à Hocine Zehouane, samedi 29 mars 2025, de 13h à 17h à la salle Jean Jaurès – Bourse du Travail de Paris, rue du Château d’Eau.
Nous rendons hommage à Hocine Zahouane, militant des droits humains, figure de la lutte pour la justice et la liberté, décédé récemment.
À l’initiative d’organisations et de collectifs de la diaspora, cet hommage saluera l’engagement d’un homme de principes. De la lutte pour l’indépendance de l’Algérie aux luttes contemporaines, il a porté les valeurs de justice sociale et de défense des droits fondamentaux.
Ancien président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, il incarna une résistance éthique face à la répression. Fidèle à ses convictions, démocratiques et ancrées dans la gauche révolutionnaire, il choisit toujours la parole libre et le refus de la compromission.
Dans les années noires, il dénonça la violence de l’islamisme comme celle de l’État. Il fut l’une des rares voix à défendre les disparus et les opprimés, croyant en une Algérie libre, solidaire et débarrassée du joug militaro-politique.
Hocine Zahouane nous laisse un héritage moral, un engagement humaniste et le souvenir d’un militant exemplaire. Il nous rappelle que les combats justes méritent d’être menés, même dans le silence.
Nous saluons l’homme et les valeurs qu’il a défendues : droits humains, société civile libre, vérité et solidarité.
Rejoignez-nous pour cet hommage le samedi 29 mars 2025, de 13h à 17h, à la salle Jean Jaurès de la Bourse du Travail de Paris.
Ensemble, nous évoquerons ses combats et son legs : rester debout face à l’oppression, croire en la capacité des peuples à se relever.
Hossam Shabat, journaliste de 23 ans travaillant pour Al Jazeera Mubasher, a été tué le 24 mars 2025, dans le nord de la bande de Gaza lors d’une frappe israélienne. Selon des témoins, son véhicule, clairement identifié par le logo de la chaîne, a été ciblé par un tir de drone dans la zone orientale de Beit Lahia.
L’armée israélienne a revendiqué l’attaque, affirmant que Hossam Shabat était un « tireur d’élite » du bataillon de Beit Hanoun du mouvement islamiste palestinien Hamas. Ces accusations avaient déjà été formulées par Israël en octobre 2024, ce que le journaliste avait fermement démenti, dénonçant une tentative de justifier son éventuel assassinat. Le même jour, Mohamed Mansour, employé de la chaîne Palestine Today affiliée au Jihad islamique, a également été tué dans une frappe distincte à Khan Younès, au sud de la bande de Gaza.
Depuis le début du conflit en octobre 2023, la bande de Gaza est devenue l’un des endroits les plus dangereux pour les journalistes. Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé la frappe ciblée contre Hossam Shabat, rappelant que l’armée israélienne est responsable de la mort de près de 200 journalistes en 15 mois, dont au moins 43 dans l’exercice de leur métier.
Ces pertes soulèvent des questions pressantes concernant la protection des journalistes en zones de conflit et le respect de la liberté de la presse. Les violations répétées des conventions protégeant les journalistes en temps de guerre par l’armée israélienne soulèvent des interrogations quant à ses agissements, qui bafouent le droit international et le droit fondamental à l’information. Ces principes sont les piliers essentiels de toute société qui se considère démocratique.
Les Algériens manifestaient en France tous les dimanches pour un changement en Alérie
Ah, la relation franco-algérienne… Un feuilleton à rebondissements où se mêlent nostalgie coloniale, amours contrariées et disputes interminables sur la garde des souvenirs. Un couple séparé depuis plus de soixante ans, mais qui n’arrive pas à couper le cordon. Et au milieu de cette guerre froide sentimentale, il y a eux : les Franco-Algériens.
Trop Algériens pour la France, trop Français pour l’Algérie. Un pied sur chaque rive, mais jamais totalement à la dérive.
Depuis des décennies, on leur sert les mêmes rengaines. En France, certains les somment de « choisir leur camp », comme si avoir une double culture relevait d’un crime de haute trahison. En Algérie, ils sont souvent perçus comme des cousins encombrants, bons à rapatrier leurs économies pour investir dans du ciment et des olives, mais dont l’avis sur la politique du pays serait dispensable.
La mémoire, sujet hautement inflammable, n’arrange rien. Entre Paris et Alger, on se renvoie les archives comme une patate chaude. Faut-il reconnaître, condamner, demander pardon, ou simplement faire semblant d’oublier ? Chaque président y va de son petit geste symbolique, avant que le dossier ne retourne au placard en attendant la prochaine crise diplomatique.
En 2017, Emmanuel Macron qualifiait la colonisation de « crime contre l’humanité », provoquant un tollé en France mais un écho favorable en Algérie. En 2022, il engageait un travail de mémoire sans « repentance » avec l’historien Benjamin Stora. Pendant ce temps, Alger continue d’exiger des excuses officielles et des réparations, tandis qu’en France, certains politiques jugent qu’il faut « tourner la page ».
Mais tourner la page sans la lire, est-ce vraiment possible ? La guerre d’Algérie reste un traumatisme collectif. La loi française de 2005 sur « le rôle positif de la colonisation » avait déjà montré combien ce passé était encore douloureux. De son côté, l’Algérie maintient un récit national où la France occupe le rôle du grand méchant, quitte à occulter ses propres blessures post-indépendance,
Et pourtant, les Franco-Algériens ne se contentent pas de regarder passer l’histoire. Ils entreprennent, créent, innovent. Ils sont écrivains, artistes, entrepreneurs, footballeurs, naviguant entre deux cultures sans sombrer dans les eaux troubles du ressentiment. Ils sont la preuve vivante qu’on peut avoir une identité plurielle sans être schizophrène.
Dans l’économie, des figures comme Issad Rebrab, fondateur de Cevital et grand investisseur en France, montrent que les liens économiques restent forts. Le numérique, la tech et l’entrepreneuriat social voient émerger de nombreuses initiatives franco-algériennes, prouvant que l’avenir ne se résume pas aux querelles du passé.
Dans le sport, des joueurs comme Zinedine Zidane, Karim Benzema ou Riyad Mahrez incarnent cette double appartenance, adulés des deux côtés de la Méditerranée, bien que régulièrement instrumentalisés par les débats identitaires en France.
Dans la culture, des écrivains comme Kaouther Adimi et Kamel Daoud racontent des histoires qui réconcilient les imaginaires. La musique, du raï modernisé par DJ Snake aux collaborations entre rappeurs des deux pays, est un autre pont invisible mais puissant.
Si la diplomatie est à la dérive, la réalité finit toujours par rattrapper ces expatriés. Pendant ce temps, les gouvernements, eux, continuent leur tango diplomatique, un pas en avant, deux pas en arrière. La France menace de revoir l’accord de 1968 sur les visas ? L’Algérie réplique en suspendant un contrat commercial. L’Hexagone demande plus de coopération en matière de lutte contre l’immigration clandestine ? Alger répond par une leçon de souveraineté. Et ainsi va le bal.
En 2021, une crise éclate lorsque Macron remet en cause l’existence même de la nation algérienne avant la colonisation. Alger rappelle son ambassadeur. En 2024, nouvelle crise sur les visas et la coopération sécuritaire. Rien de nouveau sous le soleil méditerranéen.
Mais si l’histoire officielle patine, l’histoire vécue, elle, avance. Parce qu’au-delà des discours enflammés et des surenchères nationalistes, il y a une réalité incontournable : la France et l’Algérie ne peuvent pas faire semblant de s’ignorer. Les liens humains, économiques, culturels sont trop profonds pour qu’un coup de menton politique suffise à les briser.
Alors oui, les Franco-Algériens restent entre deux rives, souvent tiraillés, parfois instrumentalisés. Mais ils avancent, eux. Ils ne sont pas à la dérive. Ils sont peut-être même l’avenir d’une relation franco-algérienne enfin adulte, loin des postures figées et des querelles d’ego.
En attendant, le vieux couple franco-algérien continue de se chamailler… mais, au fond, qui pourrait croire qu’ils cesseront un jour de s’aimer ? Comme le disait Frantz Fanon :
« Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. »
En détention depuis le 19 janvier 2023, Chérif Mellal observe une grève de la faim depuis le 3 mars 2025, rapporte Me Fetta Sadat.
L’ancien président de la JSK a choisi la solution la plus risquée et périlleuse pour sa santé avant de réclamer justice et sa libération. Cela fait 20 jours qu’il est en grève de la faim.
« Une condamnation à une peine de 04 ans de prison ferme a été infligée à Cherif Mellal par jugement rendu par le pôle pénal économique et financier sis au tribunal de Sidi M’hamed (Alger) en date du 23 octobre 2024, jugement confirmé dans toutes ses dispositions par arrêt rendu par la chambre pénale près la cour d’Alger en date du 25 février 2025 » écrit Me Fetta Sadat dans son communiqué quotidien sur les réseaux sociaux.
C’est un signe d’apaisement dans les tensions entre Alger et Paris, et c’est le président algérien Abdelmadjid Tebboune qui a fait le premier pas en déclarant : « mon unique point de repère, c’est le président Macron », une déclaration faite durant une longue interview accordée à la télévision nationale algérienne, le samedi 22 mars.
Les autorités françaises ont salué cette volonté du président algérien de renouer des liens.
Respecter les canaux officiels : à savoir des échanges directs entre présidents et sinon déléguer uniquement aux ministres des Affaires étrangères. Si Abdelmadjid Tebboune a tendu la main, propose à Paris de sortir de la crise diplomatique en cours, c’est en respectant les codes que le chef de l’État algérien souhaite le faire.
« Je dirais trois mots pour ne pas tomber dans ce brouhaha, ce capharnaüm politique là-bas. Nous, on garde comme point de repère, et l’unique point de repère, pour moi, c’est le président Macron. Nous travaillons ensemble. Il y a eu, c’est vrai, un moment d’incompréhension, mais il reste le Président de la République française. Tous les problèmesdoivent se régler avec lui ou avec la personne qu’il délègue, à juste titre, dans ses prérogatives, à savoir le ministre des Affaires étrangères. Ces deux États indépendants – une puissance européenne, une puissance africaine – les deux présidents travaillent ensemble, c’est tout. Tout le reste ne nous concerne pas », a déclaré le président algérien.
Sans le citer, Abdelmadjid Tebboune vise directement le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Ce dimanche 23 mars, en expliquant qu’il n’y a aucune tension entre les ministres sur l’Algérie, et qu’il y a une vision commune partagée avec Emmanuel Macron, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a salué la déclaration du président algérien.
« Vous ne pouvez pas trouver de solution avec l’Algérie si vous ne parlez pas à l’Algérie. Il faut donc sortir de cette affaire par le dialogue. Moi, j’ai entendu que le président Tebboune avait fait un petit signe vis-à-vis d’Emmanuel Macron. C’est très bien. Voilà une façon de renouer le dialogue et d’échanger sur les sujets qui sont les sujets sensibles entre les deux présidents. C’est un bon signal », a déclaré, pour sa part, la porte-parole du gouvernement français.
Recherche commune de l’apaisement, reste que les conflits entre Alger et Paris sont multiples, complexes et que cette crise diplomatique est jugée comme la plus grave, depuis l’indépendance de l’Algérie, par de nombreux observateurs.
« Des enjeux communs imposent aux deux pays de dépasser les tensions »
Joint par RFI, Brahim Oumansour, chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques, le respect mutuel entre les deux pays et le retour à des canaux diplomatiques de haut niveau sont essentiels.
« Il y a un signe, en tout cas, d’ouverture vers le dialogue et un appel, surtout, à discuter, à traiter cette crise que je considère la plus grave entre les deux pays via les canaux diplomatiques. Je crois que c’est cela, peut-être, la condition qui a été fixée par le président algérien pour éviter le pire, éviter une rupture qui n’est pas souhaitable des deux côtés de la Méditerranée, dans un environnement très instable et marqué par des tensions entre Alger et Rabat, l’instabilité au Sahel et il y a aussi des enjeux sécuritaires au niveau de la Méditerranée, trafic de drogue, terrorisme… Tous ces enjeux communs imposent, aux deux pays, de maintenir une coopération, de dépasser les tensions. Tous ces différents sujets imposent bien évidemment à ces deux États de poursuivre le dialogue avec le respect mutuel. »
Dans la grande loterie du pouvoir, les peuples oscillent entre deux extrêmes : d’un côté, la dictature du verbe, où la démagogie et la tromperie tiennent lieu de gouvernance ; de l’autre, le verbe de la démocratie, qui promet mais peine à tenir. Entre ces deux régimes, l’un bavard mais manipulateur, l’autre libre mais souvent impuissant, difficile de dire lequel est le plus désespérant.
La dictature du verbe : tromper pour mieux régner
L’histoire regorge d’exemples où le langage politique a servi à masquer la réalité. En France, comme ailleurs, les gouvernants maîtrisent l’art du discours, faisant croire à des réformes là où il n’y a que de la poudre aux yeux.
En 1981, François Mitterrand promettait une rupture avec le capitalisme, avant d’opérer un virage libéral en 1983. Plus récemment, Emmanuel Macron, chantre du « en même temps », jongle entre promesses de concertation et décisions unilatérales, comme l’a illustré la réforme des retraites de 2023, imposée malgré un rejet populaire massif.
Cette dictature du verbe ne se limite pas aux promesses non tenues. Elle se niche aussi dans la gestion des crises : après chaque émeute, attentat ou scandale, les gouvernants enchaînent les éléments de langage, les consultations et les commissions… avant que tout ne retombe dans l’oubli. La parole publique devient un écran de fumée où l’essentiel est d’occuper l’espace médiatique plutôt que d’agir.
Le verbe de la démocratie : liberté d’expression ou impuissance politique ?
Si en France la parole est omniprésente, elle est loin d’être toujours efficace. Le verbe de la démocratie, censé incarner la liberté et le débat, se heurte souvent à des logiques de blocage institutionnel. Le Parlement débat, la société civile s’exprime, les intellectuels argumentent… mais au final, ce sont souvent les lobbys, la technocratie et les contraintes économiques qui tranchent.
Prenons l’exemple du mouvement des Gilets jaunes en 2018-2019. Jamais un mouvement social n’a autant fait parler, jamais les médias n’ont autant relayé de débats sur la démocratie directe, la fiscalité ou la fracture territoriale… et pourtant, les revendications de fond (pouvoir d’achat, justice sociale) ont été noyées dans un flot de réponses dilatoires.
Dans d’autres démocraties, le verbe peine aussi à traduire la volonté populaire en action. Aux États-Unis, où l’on vante le débat public, le Congrès est régulièrement paralysé par les oppositions partisanes, rendant toute réforme structurelle quasi impossible. En Europe, l’Union européenne est souvent critiquée pour sa bureaucratie excessive et son incapacité à trancher rapidement sur des crises majeures, comme celle des migrants ou du climat.
Deux faces d’une même illusion ?Finalement, entre la dictature du verbe et le verbe de la démocratie, que choisir ? D’un côté, un régime où la parole est libre mais pervertie par la manipulation et l’inaction ; de l’autre, un régime où la parole est interdite et où toute tentative de contestation est matée sans scrupules. L’un anesthésie par l’excès de discours, l’autre par la répression brutale.
L’histoire a montré que les deux systèmes, dans leurs excès, peuvent conduire à des impasses. Trop de discours sans action nourrit la défiance et l’abstentionnisme, trop d’autoritarisme suscite les révoltes. Que ce soit par le langage ou par la censure, le pouvoir a toujours cherché à modeler la réalité à son avantage.
Comme le disait George Orwell : « Le langage politique est conçu pour donner aux mensonges des airs de vérité, au meurtre un aspect respectable, et au vent une apparence de solidité. » Que ce vent soit celui du verbe trompeur ou du silence imposé, il finit toujours par emporter ceux qui y croyaient encore.
Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que l’Algérie avait réalisé de grands progrès en matière de sécurité alimentaire et hydrique, grâce à l’augmentation de la production agricole, notamment dans les cultures stratégiques, parallèlement à la mise en œuvre d’un programme ambitieux pour la réalisation d’usines de dessalement de l’eau de mer, l’interconnexion des barrages et l’exploitation de la nappe phréatique.
Lors de son entrevue périodique avec les médias, diffusée samedi soir sur les chaînes de télévision et de radio nationales, le président de la République a précisé que l’Algérie atteindra l’autosuffisance dans plusieurs produits, notamment le blé dur où, a-t-il dit, «l’autosuffisance sera totale en 2025».
Après avoir salué les «grands progrès» réalisés par l’Algérie dans le domaine agricole et la réduction de sa dépendance vis-à-vis de l’étranger, il a mis en avant le rôle des agriculteurs et des investisseurs algériens qui, «accomplissent aujourd’hui des miracles» dans différentes filières à travers plusieurs régions du pays, comme en témoigne la qualité de la production nationale.
«La production agricole nationale est désormais demandée», en termes de quantité et de qualité, a fait savoir le président de la République, ajoutant que les pouvoirs publics comptaient également atteindre l’autosuffisance dans la filière laitière «d’ici deux ans», grâce à un grand projet d’investissement à Adrar en partenariat avec des investisseurs qataris pour l’élevage bovin et la production de produits laitiers.
Au sujet de l’élevage, le président de la République a souligné la nécessité d’adopter «une stratégie globale». On s’est entendu avec l’Union nationale des paysans algériens (UNPA) pour «trouver une solution définitive aux problèmes enregistrés» dans cette filière.
Parmi les solutions appliquées, l’autorisation d’importation de bétail de pays africains comme le Mali et le Niger dans le cadre du troc, a précisé le président de la République, soulignant que les pouvoirs publics mettront en place des «lois strictes» pour réprimer toutes les pratiques visant à porter atteinte à la richesse animale et à la sécurité alimentaire, notamment le phénomène de l’abattage d’agnelles.
L’éleveur doit faire prévaloir l’intérêt du pays, a-t-il insisté, soutenant qu’»on ne peut pas vendre un mouton à 17 millions de centimes» alors que l’Algérie recèle une grande richesse animale, notamment les moutons.
Le président de la République a, par ailleurs, salué le progrès réalisés en matière d’exportation grâce à la qualité du produit local, notamment l’exportation des produits agricoles, et ce, suite à «la débureaucratisation du secteur agricole et au recours à des techniques agricoles avancées grâce aux efforts des agriculteurs».
Le président de la République a en outre rappelé les efforts de l’Etat pour lutter contre la spéculation et réprimer les spéculateurs en appliquant des sanctions sévères, allant jusqu’à 30 ans de prison. La spéculation est une «pratique héritée d’une époque révolue», mais «aujourd’hui, la plupart des jeunes sont loin de ces comportements», s’est-il réjoui.
Dans le secteur de l’eau, le président de la République a affirmé qu’outre les projets visant à renforcer la sécurité hydrique, notamment à travers les stations de dessalement de l’eau de mer, il a été procédé récemment au lancement de projets de transfert d’eau entre les barrages ayant un excédent et ceux enregistrant un déficit, parallèlement à l’exploitation des eaux souterraines.
Les relations entre l’Algérie et l’Italie fondées sur l’efficacité
Par ailleurs, le président de la République a indiqué que l’économie nationale devrait connaître un essor significatif avec l’entrée en production de plus de 11.000 projets d’investissement, faisant état de la récente autorisation de l’importation des pièces de rechange automobiles dans «des limites raisonnables».
Il a salué l’orientation de nombreux opérateurs vers la production locale, contribuant ainsi à la création d’emplois et de valeur ajoutée. A une question sur l’exploitation de l’uranium, le président de la République a souligné que l’Algérie procède actuellement à «l’enrichissement de l’uranium à hauteur de 3 à 5 % à des fins civiles, particulièrement dans le secteur médical, avec la possibilité de l’exporter ultérieurement», ajoutant que les réserves de l’Algérie «ne sont pas comme celles du Niger et nous demeurons ouverts à des partenaires étrangers sérieux».
Il a réitéré, dans ce cadre, la détermination de l’Algérie à développer la valeur ajoutée en matière d’hydrocarbures, à travers le développement des activités de raffinage au niveau local, parallèlement à l’arrêt de l’importation de l’essence depuis 2022, une mesure qui sera également appliquée au gasoil en 2026.
A une question sur le projet du gazoduc transsaharien et la place de l’Algérie sur l’échiquier énergétique international, le président de la République a affirmé l’ambition de l’Algérie de «doubler sa production de gaz naturel dans les cinq prochaines années», soulignant que l’Algérie est devenue «un fournisseur très fiable», notamment pour le marché européen.
Et d’ajouter que les efforts sont en cours en vue de réaliser un «troisième gazoduc entre l’Algérie et l’Italie vers l’Allemagne, pour exporter l’hydrogène et l’électricité conventionnelle et non conventionnelle», insistant sur l’importance de diversifier la production nationale d’hydrocarbures, tout en rappelant la profondeur et la qualité des relations historiques entre l’Algérie et l’Italie, lesquelles se démarquent par leur «l’efficacité».
Il a, à cet égard, salué les investissements italiens en Algérie, notamment dans le domaine du montage automobile, qui va permettre de passer à une véritable industrie basée sur l’augmentation du taux d’intégration nationale, outre l’investissement dans le domaine agricole, annonçant l’ouverture prochaine, par le Plan Enrico Mattei, ami de la révolution algérienne, de son siège en Algérie.
Le président de la République s’est également dit satisfait quant au retour à la normale des relations entre l’Algérie et l’Espagne, notamment sur le plan commercial, «après avoir connu un coup de froid», ajoutant dans ce contexte que l’Algérie importera de ce pays une partie de ses besoins en ovins en prévision de l’Aïd El-Adha».