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jeudi 7 août 2025
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Alerte sur les libertés publiques en Algérie

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La situation des droits humains en Algérie se dégrade de jour en jour. Dans le domaine de la liberté d’expression et d’opinion, l’emprisonnement des journalistes, blogueurs et défenseurs des droits humains est inacceptable. Selon sa famille, l’état de santé du journaliste Saïd Chittour, en détention provisoire depuis 16 mois ne cesse d’empirer et sa vie est menacée. Les lourdes peines de prison prononcées à l’encontre Marzouk Touati et Abdallah Benaoum sont une preuve irréfutable de la volonté des autorités de museler toute voix discordante au mépris des droits et des libertés consacrés par la Constitution et des engagements internationaux de l’Algérie en matière de droits humains.

Plusieurs segments de la société dont le mouvement Al Mouwatana, les retraités et les invalides de l’armée, le mouvement des victimes de terrorisme et des familles de disparus, le mouvement des médecins Camra et les syndicats autonomes subissent eux aussi la répression, à travers des intimidations, des licenciements des syndicalistes, des arrestations, des violences policières et du harcèlement judiciaire. La fermeture des espaces publics aux manifestations pacifiques et les entraves répétées à l’exercice de la liberté d’association risquent d’exacerber la crise actuelle.

Face à une telle conjoncture, les organisations expriment leur inquiétude et demandent aux autorités de cesser les poursuites à l’encontre des journalistes, blogueurs, syndicalistes, et défenseurs des droits humains, de permettre l’exercice plein et entier de la liberté d’association, de rassemblement et d’expression.

Nos organisations demeurent vigilantes et se maintiennent en alerte face à l’aveuglement des autorités et appellent à la solidarité nationale et internationale pour faire face à cette dérive autoritaire.

Signataires :

RAJ

DJAZAIROUNA

LADDH

CFDA

SNAPAP

ACDA

Saïd Boudour pour syndicat des journalistes

 

 

5 Octobre 1988 : Attention à l’amnésie collective !

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La succession-continuité programmée en haut lieu commence à montrer et avec véhémence tous ses secrets. Le plan échafaudé pour pérenniser le système par le passage en force électoral et constitutionnel (comme l’actuelle crise de l’APN croupion), malgré les quelques résistances de différentes catégories de la population (A.V.O 88, Mouwatana , révoltés du Sud, Retraités de l’armée, enseignants, Médecins résidents…), n’a pas freiné pour autant les ardeurs des pharaons de la république, qui préfèrent répondre par la violence, l’invective et la menace de tous ceux qui perturbent le plan mis en marche. Le mouvement Mouwatana en a fait les frais depuis plusieurs semaines.

Pour le régime finissant, les partis politiques autonomes, les mouvements citoyens comme Mouwatana ou le mouvement du Sud, ou tout simplement les militants de la société civile, ne doivent pas être en continuité avec ceux qui émettent des revendications politiques.

Il en est ainsi des événements d’Octobre 88, qui depuis 30 ans subissent des attaques frontales de la part du pouvoir et de ses sbires, tout simplement parce qu’ils avaient pris des dimensions politiques et  nationales, et les clans agissants dans les arcanes ténébreux du pouvoir pensent toujours, et jusqu’à ce jour, tuer dans l’œuf l’idée même de la commémoration de la révolte de la population qui a amené le pouvoir d’alors à ouvrir une petite fenêtre, vite refermée malheureusement .

Malgré tout et contre vents et marées, les événements d’Octobre 88 restent toujours présents dans la mémoire collective, car ils constituent une rupture majeure dans l’histoire de l’Algérie indépendante.

Le système hideux et haineux ne sait faire que dans la provocation ! Pas de commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur ces tragiques et douloureux événements pour situer ainsi les responsabilités. Aucun statut digne pour les victimes, ni réparation morale ou matérielle.

Et la jeunesse Algérienne se retrouve ainsi coincée dans un système dont elle ne veut plus entendre et ses illusions qui l’ont bercée et dont elle est otage apparait insaisissable, inconsistante, et incomprise…

Cette jeunesse écrasée en Octobre 88 pour avoir donné le ton à l’émeute, est aujourd’hui exclue des débats comme d’habitude, alors qu’elle est la première concernée. Elle fait peur. Elle est toujours là, et elle rêve des grandes idées et ne veut plus entendre parler des idéologies, même si elle continue de subir, comme ses ainées le diktat d’un personnel politique en panne.

La jeunesse Algérienne poussée à déserter le paysage politique du pays, laisse ainsi un grand vide, exploité par les serviteurs zélés du système. Le jeune Algérien, aujourd’hui, est désorienté ! Il ne sait plus faire de différence quand il est sollicité pour participer à la vie politique du pays, car tout simplement il ne fait plus confiance même aux bonnes initiatives citoyennes.

 

Même les partis politiques dits démocratiques ont mis de côté la commémoration symbolique de ces tragiques événements d’Octobre 88, et ne marquent leur soutien que du bout des lèvres .Une forme de « lâchage » qui participe à la stratégie de conditionnement et d’amnésie collective, qui profite bien évidemment au pouvoir et ses satellites.

« Aujourd’hui, en ces moments difficiles que traverse encore une fois le pays, le 5 octobre doit être considéré comme une leçon à retenir. Non pas par le peuple pour le dissuader de demander ses droits, mais par le pouvoir pour qu’il comprenne une fois pour toutes que la spoliation de la souveraineté, l’oppression, l’injustice et la manipulation ne mènent nulle part sinon aux malheurs, au sous-développement, à la misère et au désastre final. » (dixit Soufiane Djilali)

Plus que jamais la jeunesse Algérienne est interpellée à réhabiliter l’action militante. Il est du devoir de la nouvelle génération post-octobre de se recueillir à la mémoire de celles et ceux qui ont perdu la vie dans cette tragédie et d’avoir une pensée reconnaissante pour toutes les victimes surtout celles toujours en vie mais qui ont gardé des séquelles indélébiles et profondes. Contre l’amnésie et l’oubli.

 Dr Amokrane Lakhdar

 

Octobre noir, octobre de désespoir

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Trente ans maintenant et l’on ne sait toujours pas grand-chose de ce 05 octobre 1988.

Trente ans d’agitation, de confusion, de convulsion et de soubresauts. Trente ans de promesse, d’essais à la démocratie. Trente ans d’échec et de trahison.

Je ne sais rien, moi, de l’enfer de ce jour. Le fracas du peuple, l’armée, les rafles, la répression, les morts et l’état de siège. Je n’ai pas souvenance du Parti unique. Ce que j’en sais, je le retiens des écrits, des témoignages et des débats. On m’a raconté le passé avec des mots inintelligibles, des concepts irrationnels et des preuves contradictoires. On en a déduit à une révolte spontanée et une appropriation de la rébellion par les islamistes, sans loyauté, sans honnêteté.

Je ne connais pas, non plus, le règne de Boumediene ni celui de Chadli Bendjedid. Et je n’ai pas connu la période du Parti unique.

Par contre, je connais Bouteflika et sa démocratie illusoire.  Et le pseudo-multipartisme. Et les votes simulacres. Et l’opposition de façade, les partis timorés, inexistants sur le terrain. Et la manipulation des élections. Et le contrôle de l’information. Et la justice à la solde du régime. Et l’adhésion sans faille à son idéologie.

J’ai grandi avec l’idée de la survie du pouvoir au détriment du développement du pays.

Suis-je l’enfant de la révolte « spontanée » du 5 octobre ?  D’une paupérisation de la société ? Je n’en sais rien, je n’ai pas vécu la misère de ce temps-là, de l’indigence, des pénuries, de l’illettrisme.

Révolte spontanée, dites-vous ? Parler d’une révolte spontanée, c’est réduire ce soulèvement à une équation simple.  C’est nier toute l’intelligence de ce peuple. C’est nier ses rêves et sa dignité piétinée, ses espoirs avortés et ses aspirations à la reconnaissance et à l’autonomie. C’est nier aussi la détermination farouche des jeunes de l’époque à prendre leurs destins en main.

Réduire, le soulèvement du 5 octobre 1988 à une émeute anarchique, spontanée, c’est nier l’aptitude du peuple au discernement, au raisonnement et à l’affranchissement.  C’est nier les abus de pouvoir, les persécutions, les usurpations, les cruautés et les exactions longtemps contenus, longtemps pardonnés.

Le pays avait 28 ans. Ses enfants croyaient que leurs sacrifices étaient derrière et leurs espoirs dans l’avenir. Cette conviction remplissait leurs âmes et puis… L’amère déception !

Et par un mercredi d’octobre 1988, le peuple excédé a bravé la tyrannie. Et c’est l’épouvante.

Des Algériens ont tiré sur d’autres Algériens, le sang a coulé et la fissure s’est élargie

Katia Bouaziz

 

Loterie visa USA 2020 : les inscriptions sont ouvertes

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Le département d’Etat d’américain vient de donner les dates d’inscription pour la loterie des visas 2020 (Diversity Visa Lottery).

Les inscriptions au programme de visa de diversité des Etats-Unis, DV-Lottery 2020, se sont ouvert ce mercredi 3 octobre, a annoncé  l’Ambassade des Etats-Unis en Algérie sur sa page Facebook.

Le site officiel pour l’inscription en ligne est https://dvlottery.state.gov/

La période d’inscription à cette « loterie » commence donc ce 3 octobre (à 12:00 GMT-4) et s’achèvera le 6 novembre 2018 (à 12:00 GMT-5).

Ces inscriptions gratuites sont ouvertes à tous à condition de répondre à certaines conditions, notamment être titulaire d’un baccalauréat minimum ou au moins deux ans d’expérience dans un domaine hautement qualifié répondant aux critères fixés par le Département d’Etat.

Il est possible de consulter le site web onetonline.org qui permet au candidat d’évaluer son expérience professionnelle à condition que celle-ci obtienne une note supérieure à 7.0.

La rédaction

Le rêve brisé de la fille d’un héros

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« Heureux les martyrs qui n’ont rien vu » écrivait Bessaoud Mohand Arab. Oui, heureux ces glorieux qui n’ont pas vu la patrie arrivée là où elle est. Chanceux de ne pas avoir assisté à l’humiliation de ce peuple qui avait souffert avec eux dans l’espoir des jours meilleurs et heureux de ne pas avoir vu leurs enfants blesser dans leur dignité, mortifier, offenser et outrager.

Cette histoire est celle d’une des filles de l’un de ces géants qui ont donné leur vie pour que leurs enfants vivent dans la dignité, le respect et la liberté, mais…

 

Docteur Naziha Hamouda, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est connue sous le nom de  » Iwal « . Elle est née en 1957 à Mechouneche dans les Aurès (Algérie) d’une famille célèbre et respectable. Elle n’est autre que la fille de notre héros national, le colonel Ahmed Hamouda, surnommé colonel Si El Houes, chef de la Wilaya VI historique.

En 1959, son père est tombé au champ d’honneur en compagnie du colonel Amirouche, à Boussaâda. La jeune fille de deux ans a vécu orpheline, privée à jamais de l’amour paternel.

Quelque temps après, elle s’est installée à Alger en compagnie de sa famille où elle a fait ses premières études, puis l’Angleterre où elle a obtenu ses plus hauts diplômes scientifiques.

La fille du brave Si El Houas n’a pas dévié la voie de son père ni celle de ses ancêtres, elle a milité pour la réhabilitation de l’histoire et du patrimoine Chaoui. Elle a parcouru les villages et les douars les plus reculés des Aurès pour dépoussiérer l’identité authentique Amazigh et l’histoire du pays de la glorieuse Kahina.

Comme son père qui a combattu l’injustice, elle était une farouche opposante au régime totalitaire de Boumediene et de Chadli. Une femme brave à l’époque où les hommes tremblaient devant deux lettres, SM (Sécurité Militaire). Une fille, instruite, intelligente digne de son père qui a donné du fil à retordre à l’armée française et qui donnait la trouille à Boumediene même mort. Ce dernier a séquestré ses os et ceux d’Amirouche, durant des années dans une geôle au sous-sol d’une gendarmerie (voir le livre de Saïd Saadi : Amirouche, une vie, deux morts, un testament).

Elle n’avait jamais cessé de réclamer le corps de son père en refusant de participer aux festivités organisées par les semblants Moudjahids, qui n’ont jamais osé dénoncer la dictature et la tyrannie de Boukharouba.

Tous ceux qu’ils l’ont connue de près lui vouaient un grand respect et une grande considération pour sa forte personnalité et pour sa bravoure.

Cette grande dame qui dérangeait le pouvoir et ses serviteurs a été trouvée un jour de 1989, morte à la fleur de l’âge dans un accident douteux de la circulation.

Parmi ses œuvres :

 » Rural Women in the Aurès  »

 » Poetry context  »

Repose en paix grande dame !

La rédaction

 

Les catastrophes naturelles et la punition divine

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À chaque fois qu’une catastrophe naturelle frappe le pays d’Allah Ghaleb, on met tout sur le dos de Dieu. Le pauvre, il doit souffrir de ces êtres qu’il a lui-même créés.

Quand les crues emportent tout sur leur passage, tu n’entends que : Allah Ghaleb, men yif hakda wela ktar, mektoub (il vaut mieux cela que pire, c’est le destin). Ce langage est tenu et par les citoyens et par les responsables, du simple planton d’une mairie au Premier ministre. Les islamo-salafo-baatistes saisissent toujours ces occasions pour nous faire croire que c’est une punition divine, car nous dévions de sa voie sacrée, et que nous ne pratiquons plus avec ferveur notre religion, et nous sommes des koffars (mécréant) et des mounafiquines (hypocrites).  Ils nous incitent à revenir au droit chemin et à commencer à prier, car l’apocalypse et pour bientôt, sinon nous serons les bûchers de l’enfer.

Si vous essayez de les raisonner en leur expliquant que les catastrophes naturelles arrivent partout dans le monde, mais il faut retrousser les manches pour travailler sérieusement afin de remédier à nos soucis quotidiens (l’entretien des routes et les différents réseaux, d’eau, d’électricité, de gaz, des eaux usées ainsi que la construction des logements dans les normes), ils vous désignent à la vindicte populaire comme étant l’ennemi de Dieu, l’ennemi juré, à éliminer.

Feu vert de l’Assemblée à la privatisation du groupe Aéroports de Paris

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L’Assemblée nationale a autorisé jeudi la privatisation du groupe Aéroports de Paris (ADP) dans le cadre du projet de loi Pacte, au grand dam des oppositions qui ont dénoncé une atteinte au patrimoine national.

Par 39 voix contre 7, les députés ont donné leur feu vert à l’État pour procéder à la vente au privé de tout ou partie des actifs qu’il détient dans ADP, soit 50,63% des parts représentant quelque 9,5 milliards d’euros. L’État était jusqu’alors tenu par la loi de conserver la majorité des parts du groupe aéroportuaire.

« Nous voulons passer d’une logique de dividendes à une logique d’investissement dans l’avenir », avait affirmé mercredi soir le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, qui veut que l’Etat cesse de « se comporter en rentier ».

Le produit des cessions d’actifs d’ADP, ainsi qu’une partie de ceux détenus par l’Etat dans La Française des jeux et Engie, devrait rapporter 10 milliards d’euros. Cette somme investie en obligations d’Etat doit rapporter 250 millions d’euros par an qui serviront à financer des projets innovants.

La future privatisation d’ADP, qui prendra la forme d’une concession pour 70 ans, sera encadrée par « un cahier des charges strict et contraignant, concernant notamment la régulation des tarifs », a rappelé le ministre.

« Choix stupide », « non-sens », « vision court-termiste »: droite et gauche ont vivement critiqué un projet jugé « dogmatique » et déraisonnable économiquement.

S’il y a cette « coalition », « c’est que nous avons tous le sentiment d’une grande braderie des biens de la nation », a résumé Philippe Gosselin (LR). « Vous voulez donner les clefs de Paris à un investisseur privé », ce qui revient à « un saut dans le vide qui ne s’est jamais produit en Europe », selon la présidente du groupe PS Valérie Rabault. Les communistes souhaitent un recours devant le Conseil constitutionnel.

En revanche, pour Charles de Courson (UDI-Agir), la privatisation d’ADP « est nécessaire » car l’Etat est incapable d’accompagner économiquement « son développement international ».

Il a appelé le gouvernement, « pour se protéger », à passer par un appel d’offres clair car « on raconte que l’Etat voudrait faire du gré à gré pour vendre l’essentiel (…) au groupe Vinci, en contrepartie de l’annulation du projet de Notre-Dame-des-Landes ».

Sans annoncer de calendrier précis, Bruno Le Maire s’est engagé à « une mise en concurrence » et voit ADP devenir « le leader mondial de l’aéroportuaire ».

Par dérogation, les collectivités d’Ile-de-France et le département de l’Oise pourront entrer dans le tour de table, via un amendement MoDem.

Les statuts du personnel d’ADP ne seront pas affectés, a prévu un amendement PCF validé.

Ancien établissement public, devenu société anonyme en 2005, ADP bénéficie actuellement d’un droit d’exploitation exclusif des aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle, Paris-Orly, Paris-Le Bourget, ainsi que de dix aérodromes en Île-de-France.

En 2017, plus de 102 millions de voyageurs sont passés par ses aéroports. Les deux principales plateformes, CDG et Orly, emploient à elles seules près de 9.000 personnes. Depuis 2005, ADP a connu une augmentation moyenne de ses revenus de 3,8% par an.

AFP

Yasmina Khadra : «Je suis convaincu qu’aucun malheur n’est éternel »

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Secrets de famille, affaires de cœur et de destinées contrariées, belles rédemptions… Dans son dernier roman, l’un des écrivains maghrébins les plus lus dans le monde se livre davantage que de coutume.

Nomade, Yasmina Khadra l’est sans doute resté dans l’âme. Lorsqu’il est à Paris, sa terre d’adoption, il semble déjà ailleurs. Avec des envies de nouveaux voyages dans la voix, il évoque Kinshasa, le dernier en date de ses grands périples. Mais aussi Mexico, sa prochaine destination comme conférencier littéraire. Écrivain prolifique, Khadra économise ses mots à l’oral. Comme s’il avait conservé par-devers lui une partie de la timidité qui habitait le « blédard » à son arrivée en France, il y a une décennie de cela.

Son nouveau roman, Ce que le mirage doit à l’oasis, vient d’être publié par Flammarion. L’auteur s’y livre plus que de coutume. Il dévoile des secrets de famille, des affaires de cœur et de destinées contrariées qui ont donné lieu à de profondes blessures et à de belles rédemptions. De celles qui ont ensuite été sublimées par la création littéraire. Khadra se livre par « petites touches ». Amour sans limites du désert et des livres : « Lorsque les caporaux m’intimaient l’ordre de fermer mon livre, et avec lui la fenêtre ouverte sur mes nirvanas, je voyais derrière leur dos les écrivains me faire non de la tête en m’invitant à les suivre dans leurs paradis. »

Entretien :

 

Jeune Afrique : Dans Ce que le mirage doit à l’oasis, vous vous livrez à un exercice littéraire très différent de ce que vous avez fait précédemment. Qu’est-ce qui vous a mené sur cette nouvelle voie ?

Yasmina Khadra  : Je ne me pose pas de question quand j’écris. J’ai une histoire à raconter, et c’est l’histoire qui m’impose le genre littéraire qui lui convient. La littérature est plurielle, ce qui la rend ouverte à tous les modes d’expression. Ce que le mirage doit à l’oasisn’est pas un roman. Cela ne l’empêche pas d’être proposé comme tel. Il y a des personnes aux allures de personnages, des anecdotes qui font figure de nouvelles, et des récits qui ressemblent à de la fiction. Je m’y suis dilué avec délectation.

Plus on avance dans la lecture, plus le texte devient personnel. Plus vous vous livrez. Avez-vous eu l’intention d’aller crescendo dans la révélation de l’intime ? Dans quel but ?

L’intime, peut-être. La convocation de mes souvenirs, sans aucun doute. Le rapport que j’ai au désert est quasi mystique. Je m’aventure dans un monde intérieur, m’y noie pour renaître, expurgé des toxines qui polluent mon être. Au sortir de ce livre, je me suis senti beaucoup mieux. J’ai eu l’impression de rentrer d’une expédition intemporelle, le cœur léger, la tête pleine d’étoiles.

Vous ne cachez pas que vous avez été blessé par la défiance d’une partie des élites parisiennes à votre égard à partir du moment où l’armée algérienne, dont vous étiez membre, a été accusée d’avoir orchestré des massacres commis par les islamistes. Comment expliquez-vous que cette thèse ait eu autant d’écho en France ?

Seulement blessé ? Plutôt lynché, puis ressuscité pour être de nouveau martyrisé. Cela dure depuis vingt ans. Dans les années 1990, le monde découvrait l’horreur de l’intégrisme armé. Mais l’Algérie suscitait, à l’époque, plus de curiosité que de préoccupation. On pensait le mal endémique, qu’il ne risquait pas de déborder les frontières de notre pays et qu’on pouvait fantasmer à son aise dessus. Je disais aux journalistes occidentaux : « Ça va vous arriver. »

Ils ne me prenaient pas au sérieux. Que voit-on aujourd’hui ? La pandémie a contaminé la planète entière. J’ai payé pour avoir dit la vérité. Je paie encore parce qu’on ne sait plus s’excuser. C’est la vie. L’honnêteté se paie très cher de nos jours, mais elle a, parfois, l’excuse de finir par payer. En ce qui me concerne, le chemin de croix me semble encore long. J’ignore si j’aurai la force d’aller jusqu’au bout. Cependant, j’avance.

Depuis que la France est elle-même touchée par les attentats, avez-vous le sentiment que le regard des Français a évolué sur l’islamisme radical ?

Un peu comme la rumeur qui supplante toute vérité, la stigmatisation et la peur chimérique chahutent la raison. La lucidité perd ses repères dès que la désinformation se joint à la méconnaissance pour imposer les débats biaisés comme unique expertise. Le monde subit un naufrage culturel et intellectuel terrible. Les pavés que l’on jette à la mare ne sont que d’énormes dés pipés, mais qui s’amuserait à plonger derrière pour les ramener à la surface et dévoiler ainsi la supercherie ? Seuls les fabulateurs ont voix au chapitre. Les consciences, de nos jours, ne font plus partie de l’histoire.

À vous lire, on a l’impression que vous vivez une relation très complexe avec la France et Paris. Peut-on parler d’amour déçu ?

Avec la France ? Qui suis-je pour me mesurer à la France ? Je suis très bien dans ce pays, où je compte des milliers de soutiens. La France m’a honoré à plusieurs reprises. Elle m’a octroyé la Légion d’honneur, m’a fait officier des Arts et des Lettres, son Académie m’a consacré deux fois, ses libraires m’ont attribué leur plus important prix, j’ai présidé plusieurs de ses Salons du livre, et la liste de ses bienveillances est longue. Je ne ramènerai jamais une poignée de personnes à tout un peuple. Ma gratitude s’en émietterait aussitôt comme une relique pourrie.

Avez-vous le sentiment que les milieux littéraires parisiens vous font toujours payer le fait que vous soyez un ancien militaire algérien ?

Les milieux littéraires sont vastes. La grande majorité des journalistes et des écrivains a pour moi le plus grand respect. J’ai toujours été bien accueilli sur les plateaux des médias. Là encore, je m’interdis de mettre tout le monde dans le même sac. Il y a certes un petit noyau dur qui me condamne sans m’avoir jugé, souvent à partir de petits malentendus ou de grossières calomnies, et je n’y peux rien. J’ai pensé, avec le temps, que la vérité allait triompher. Cela fait vingt ans que j’attends.

Lorsque vous étiez dans l’armée algérienne, on vous reprochait à l’inverse d’être un écrivain. Vous révélez dans Ce que le mirage doit à l’oasis que l’on vous a même muté dans le désert pour vous punir d’avoir accepté de participer à une émission littéraire. N’est-ce pas l’un des paradoxes de votre existence ?

C’est toute mon histoire personnelle qui est résumée par ce paradoxe. L’armée me tenait pour un paria à cause de ma vocation d’écrivain, certains cercles littéraires me stigmatisent à cause de mon passé de soldat. J’ai été un bon soldat et je suis un romancier sincère et honnête. Que faire pour écarter les œillères des uns et des autres ? Pas grand-chose. Il y a ceux qui naissent avec une cuillère d’argent dans la bouche et d’autres avec une étiquette vénéneuse sur le front. L’important est de savoir vivre avec l’image que l’on se fait de nous tout en veillant à ce qu’elle ne se substitue pas à notre propre vérité.

Dans Ce que le mirage doit à l’oasis, vous écrivez : « Si le monde t’étouffe, retranche-toi dans tes livres et fais-en des oasis. » Est-ce une règle de vie que vous appliquez à vous-même ?

C’est plus qu’une règle, c’est un impératif. Le livre a toujours été mon refuge. C’est en lui que j’ai sauvegardé mes rêves.

À 9 ans, vous avez été arraché à votre mère. On a le sentiment que l’on vous a volé votre enfance. Est-ce cette douleur originelle qui a fait de vous un écrivain ?

On m’a volé mon enfance, mais je l’ai récupérée plus tard, quand mon rêve est devenu réalité. Aujourd’hui, à 62 ans, je suis redevenu l’enfant que je n’ai pas été. Je continue de croire dans la bonté malgré mes infortunes, de magnifier la sagesse dans un monde enténébré, d’opposer la raison aux diktats des réseaux et des lobbys, de privilégier l’éveil des consciences au cœur des cruautés raffinées. Je suis l’enfant de mes prières et de mes vœux pieux, et je me sens lavé de tous les affronts que l’on m’a faits. J’ai écrit dans L’Écrivain : « Pour vivre heureux, il faut vivre sans rancune. » Il n’y aura de place dans mon cœur que pour ceux que j’aime et je chéris.

Vous écrivez des lignes émouvantes sur votre relation avec votre mère. Comme sur votre relation avec votre épouse. Il semble qu’elles aient éclairé votre vie et qu’elles soient vos grandes sources d’inspiration. Et que vous écriviez aussi pour elles. Vous révélez d’ailleurs que vous avez composé votre premier roman pour distraire votre femme.

Ma mère s’est éteinte il y a deux semaines. Sa flamme demeure en moi. Elle ne savait ni lire ni écrire, mais elle m’a appris ce que ni les écoles ni les académies n’ont réussi à m’enseigner : l’amour. L’amour est ma force et mon pentacle, ma foi et mon talisman, mon triomphe et ma fierté. Je ne me souviens pas d’avoir fait du tort autour de moi. C’est la plus fantastique des prouesses. Ce sont les femmes (ma mère, mon épouse, mes filles, mes parentes, mes amies et mes lectrices) qui m’aident à me relever lorsque je trébuche sur la diablerie humaine. Grâce à elles, on a beau m’en faire voir de toutes les couleurs, je me vois constamment en faiseur d’arcs-en-ciel.

Pourquoi avoir choisi d’accompagner votre dernier ouvrage de dessins et de calligraphies ? Ces dessins ont-ils précédé les textes ? Ont-ils contribué à vous inspirer ?

Lassaâd Metoui est un ami de longue date. Il a souhaité que je me joigne à son immense talent de calligraphe pour faire un livre. Nous sommes tous les deux natifs du désert. Il est tunisien, je suis algérien, et c’est bien de prouver aux Maghrébins combien il est temps pour eux d’apprendre à travailler ensemble au lieu de passer leur temps à médire des uns et des autres et à s’entre-déchirer, au grand dam de leurs nations. J’ai écrit les textes, et Lassaâd s’en est inspiré pour montrer l’étendue de son art.

Vous êtes l’écrivain maghrébin le plus lu au Maghreb. Comment expliquez-vous un tel succès ?

Les Maghrébins sont des lecteurs avertis et exigeants. J’ai tenté de les mériter, et ils me le rendent bien. Un succès ne s’explique pas, il se savoure. Avec modération.

Vous êtes traduit dans une cinquantaine de langues. Pourquoi vos livres traversent-ils aussi bien les frontières ?

Le succès est une rencontre du troisième type. Je dis bien rencontre, car il n’est pas obligé de reposer sur des critères probants. On peut toucher des centaines de millions de lecteurs avec un livre sympa et on peut subir l’échec avec un authentique chef-d’œuvre. Le succès n’est pas synonyme d’excellence, il relève souvent d’une formidable conjoncture.

Vous vous êtes d’abord fait connaître grâce à vos romans noirs. Pourquoi avez-vous abandonné ce genre littéraire, qui vous a valu la reconnaissance du grand public ?

Je n’ai jamais abandonné le roman noir. À preuve, Qu’attendent les singes, paru en 2014. Pour moi, il n’y a ni roman noir ni collection blanche. Il n’y a que le talent. J’écris dans tous les genres parce que tous les genres se valent.

Beaucoup de lecteurs regrettent de ne pas pouvoir lire de nouvelles aventures du commissaire Llob. Pensez-vous un jour lui redonner vie ?

Qui sait ?

Nombre de vos lecteurs considèrent que les aventures du commissaire Llob méritent d’être adaptées au cinéma. Qu’est-ce que vous en pensez ? Est-ce que cela vous tente de passer derrière la caméra ?

Il y a eu une adaptation cinématographique de Morituri. Pas fameuse. J’ai refusé celle de Qu’attendent les singes.

Comment expliquez-vous la récente polémique qui vous a opposé à Rachid Boudjedra ?

C’est une affaire entre deux écrivains algériens, et je ne tiens pas à en faire un drame. Les Algériens se sont suffisamment donnés en spectacle ces dernières années. Pas la peine d’en remettre une couche.

Pourquoi le monde des lettres algérien est-il marqué par des polémiques aussi violentes et autant d’attaques ad hominem ?

Trop de frustrations et de déprime.

La montée du Front national vous a-t-elle inquiété ?

Pas autant que l’élection de Donald Trump. Quand on livre le destin de l’humanité à une énormité foraine pareille, toutes les autres tragédies relèvent de l’anecdotique.

Vous avez voulu vous présenter à la présidentielle. Est-ce toujours une idée qui vous anime ?

Je m’étais présenté à la présidentielle de 2014 pour sommer le régime en place de passer la main. Mais, paradoxalement, c’est difficile de passer la main lorsque tout le monde se graisse la patte. En Algérie, dans le chaos ambiant, chacun trouve son compte. La notion de patrie n’est plus qu’un vague souvenir. La prédation et la prévarication sont devenues une compétition nationale, et la corruption dépasse l’entendement. Quant à ceux qui tentent de sauver les meubles, ils sont suspects. Lorsqu’ils ne sont pas diabolisés par le régime, ils sont lynchés par les sinistrés eux-mêmes. Drôle d’époque, n’est-ce pas ? Cependant, je suis de ceux qui continuent de se battre pour que l’Algérie recouvre un peu de son lustre.

Pensez-vous que ce soit une bonne chose pour un écrivain d’entrer en politique ?

Un écrivain ne veut rien dire. La littérature ne fait pas l’homme, ne l’assagit pas, ne le sacralise pas. On peut être un génie et un vaurien, un romancier hors pair et un salaud, un écrivaillon et un grand homme, un poète et un héros à la fois. Je suis écrivain et citoyen. J’aime mon pays, et j’essaie de l’aider avec mon cœur et mes convictions.

Comment expliquez-vous que la frontière entre l’Algérie et le Maroc soit toujours fermée ?

Parce que nos dirigeants ne nous méritent pas. Les peuples du Maghreb sont une même nation, une nation afro-méditerranéenne riche de son brassage et de son histoire. Ils ont les moyens de leurs rêves et de leurs ambitions, sauf qu’ils les ont confiés à des responsables irresponsables. Un jour, ils finiront par réclamer leur dû et alors ils mettront tous les horizons à leurs pieds. Nous avons de très beaux pays, une mer et un océan, des forêts et des déserts, une culture et du talent, et de quoi célébrer nos joies et nos peines dans la ferveur et dans la solennité. Il nous suffit de nous en rendre compte et de récupérer ce qui nous a été confisqué : la liberté d’être ce que nous voulons être, une nation homogène, solidaire, fraternelle et géniale.

Vous revenez de Kinshasa. Que vous inspire l’Afrique subsaharienne ?

Beaucoup moins de chagrin que l’Algérie. Au Congo, les gens continuent de croire dans l’éclaircie. Les intellectuels congolais s’agrippent encore aux rêves de leurs compatriotes. Ils se respectent, sont fusionnels et, contrairement aux nôtres, ils s’interdisent de contester leur talent et font d’une lueur une torche. Leur leçon de vie devrait nous inspirer, car le problème, chez nous en Algérie, n’est pas seulement politique, mais intellectuel aussi.

Nos peuples attendent beaucoup de leurs élites et sont tristes de voir ces dernières se rentrer dans le lard pour d’intenables petites histoires d’ego. Il suffit de jeter un œil sur la Toile pour mesurer combien on se trompe d’ennemis et combien on se fait violence parce qu’on a oublié de s’émerveiller. Je suis un afro-réaliste convaincu qu’aucun malheur n’est éternel. C’est mon combat depuis que j’ai appris à aimer et à marcher droit. Ce ne sera pas facile, mais la difficulté est exaltante quand on a la foi. C’est dans les épreuves que se forgent les convictions.

Source : Jeune afrique

L’État algérien face à la revendication berbère et à ses outils « éditions, médias… » (Deuxième partie)

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Lisez la première partie

 

L’État algérien face à la revendication berbère et à ses outils (éditions, médias…)

 

  1. Les outils de la revendication (médias, édition…)

 

Les deux périodes suivantes se dégagent assez nettement : Avant l’ « ouverture politique » de 1989 ; Après l’ « ouverture politique » de 1989.

5 a) Outils de la revendication avant l’ « ouverture politique » de 1989

Dans les premières années de l’indépendance, l’identité berbère était taboue, mais l’hostilité envers elle ne faisait pas l’ombre d’un doute au plus haut sommet du pouvoir. Ben Bella livre les opposants Touaregs maliens à Modibo Keita. Le gouvernement algérien s’applique à détruire les liens entre les Touaregs du nord et du sud1. La règle d’or du pouvoir politique est le silence absolu, consolidé par la peur, la censure, l’autocensure et toutes sortes de culpabilités héritées de l’histoire et savamment entretenues.

Mais la société n’est pas totalement soumise, surtout que les déceptions et les frustrations de l’indépendance sont nombreuses, sur les questions de l’identité bien sûr, mais aussi en matière de démocratie et de libertés individuelles et collectives. Le sentiment identitaire berbère est bien réel, et pas seulement en Kabylie, même s’il n’est pas toujours formulé de façon très nette par le plus grand nombre. Des chanteurs, des poètes, des intellectuels sont là pour le faire. Ces déceptions, ces frustrations et ce sentiment identitaire vont nourrir en sourdine une révolte qu’il est possible de retracer à travers un certain nombre de faits, d’événements, de jalons et d’ancrages : la rébellion armée du FFS en 1963 (bien que ne portant pas sur la revendication identitaire de façon explicite, mais sur la démocratie de façon générale) et la répression qui s’en est suivie ; le travail de conscientisation, discret mais efficace, de quelques journalistes de la radio kabyle d’Alger ; les cours de berbère de Mouloud Mammeri à l’Université d’Alger et son activité de recherche au sein du CRAPE, en ce qu’ils ont permis d’initier un nombre relativement important de personnes au domaine berbère (langue, culture, civilisation), mais aussi en ce qu’ils ont donné lieu à des rencontres fertiles et durables ; la naissance de la néo-chanson kabyle, identitaire et contestataire, au début des années 1970 ; le travail de conscientisation fait par les étudiants autour des cours de Mammeri (théâtre, excursions, activités culturelles organisées par les comités de cités universitaires2) ; la production d’œuvres littéraires importantes (poésie, théâtre…) ; l’apparition de bulletins culturels clandestins dans la capitale dans les années 1970 ; certaines expressions de colère, de révolte et de défi comme à l’occasion de la fête des cerises de Larbaa-Nath-Irathen en 1974 et la finale de la coupe d’Algérie de football en 1977 ; les débats autour de la Charte nationale de 1976 qui ont donné l’occasion de poser publiquement la question de la place de la langue berbère en Algérie ; l’affaire dite des « poseurs de bombes » au cours de laquelle de jeunes militants berbères structurés dans l’ADEF3 et l’OFB4 proches de l’Académie berbère sont passés à l’action

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1 Claudot-Hawad (Hélène), 1987. – Des Etats-Nations contre un peuple : le cas des Touaregs. In : Berbères : une identité en construction (sous la responsabilité de Salem Chaker). Aix-en-Provence : Edisud.

2 Dès la fin des années 1960 se créent à la cité universitaire de Ben Aknoun le Centre de culture berbère et le Centre Dramatique universitaire. En 1973, une troupe de théâtre jouera à Tunis une traduction en kabyle de Mohamed prends ta valise de Kateb Yacine, dans le cadre d’un festival international de théâtre universitaire. La même pièce sera jouée à Tigzirt en plein air, au milieu des ruines romaines, ainsi qu’à la salle de cinéma de Boghni à l’occasion de sorties culturelles organisées autour des cours de Mammeri. L’activité théâtrale en général, écriture et mise en scène, a toujours suscité un certain engouement de la part des lycéens et des étudiants notamment. A titre d’exemples (Source : Salah Oudahar), les pièces de théâtre en français montées au tout début des années 1970 au lycée Amirouche de Tizi-Ouzou (la déchirure, la valise ou le cercueil).

3 ADEF : Afus deg ufus (la main dans la main).

4 OFB : Organisation des forces berbères. Les militants arrêtés furent condamnés à de très lourdes peines de prison. Si plusieurs témoignages existent aujourd’hui sur cette « affaire », un aspect reste toujours tabou : la très probable infiltration du groupe par les polices française et algérienne. Les « bombes » n’ont occasionné que des dégâts matériels mineurs, mais « l’affaire » a donné lieu en Algérie à une exploitation médiatique disproportionnée, à des fins de stigmatisation de la chose berbère et de manipulation de l’opinion.

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violente (1976) ; le travail des partis d’opposition clandestins, le FFS notamment, en Kabylie et dans l’Algérois vers la fin des années 1970 ; et, enfin, le printemps berbère de 1980 (marches des mois de mars et d’avril 1980, grève générale du 16 avril 1980, répression du 20 avril, etc.) que l’on considère désormais comme l’acte fondateur de la revendication berbère, en ce qu’il a donné lieu aux grandes manifestations publiques en faveur de la berbérité et inauguré, pour l’Algérie entière et pour les pays voisins, l’ère de la remise en cause, de la contestation et de la révolte.

C’est dire aussi que les événements de 1980 ne sont pas tombés du ciel, mais qu’ils ont été précédés, préparés par toute une série d’autres événements qui se sont étalés sur la longue durée. Que l’on précise bien cependant que, sur cette longue durée, il n’y avait pas de pôle organisationnel unique. Une multitude de pôles plutôt, avec une certaine mobilité des acteurs d’un pôle à l’autre, d’une période à l’autre, d’un pays à l’autre (Algérie-France). A l’approche du printemps berbère de 1980, la présence en Kabylie et dans l’Algérois de structures politiques clandestines d’opposition (FFS, PRS, FUAA, extrême-gauche, etc.) a été d’un apport relativement important dans le travail de structuration de la société d’une part, et d’encadrement du mouvement d’autre part. A titre d’exemples, les appels à la marche du 7 avril 1980 à Alger et à la grève générale du 16 avril 1980 ont été lancés par des militants du FFS clandestin, sous couvert de signatures de circonstance (comité de soutien aux étudiants en grève). Les événements de 1980 ont été aussi, on ne l’a pas toujours souligné, une école du compromis et de la responsabilité, la première expérience de multipartisme jamais faite en Algérie : à l’université de Tizi-Ouzou, les grandes orientations du mouvement, les décisions, les déclarations étaient le résultat de discussions très serrées et contradictoires en assemblée générale. Le caractère pacifique du mouvement a toujours été rappelé avec insistance, rappelé, apprécié et respecté, qualité essentielle dont ne peuvent se réclamer d’autres événements, d’autres moments, ceux de 2001 par exemple que la tradition berbériste inscrit trop rapidement dans la même lignée. On n’a pas toujours souligné non plus la présence de militants arabophones, dont quelques enseignants (cadres du PRS) à l’université de Tizi-Ouzou qui ont assumé jusqu’au bout, jusqu’à l’arrestation et la torture, le combat identitaire et la revendication des libertés démocratiques et de la justice sociale.

Bien évidemment, la présence et l’expression de la berbérité ne se limitaient pas à ces événements. La berbérité au sens large du terme s’exprimait quotidiennement par tous les pores de la société, elle en était à la fois la respiration la plus immédiate et la plus profonde, de l’expression linguistique à l’organisation sociale, en passant par les pratiques culturelles, les rites, les croyances, etc. Elle était également non seulement présente mais essentielle, dans l’œuvre des écrivains, des chanteurs, des artistes d’une façon générale.

Au sein de la diaspora en France, et à partir de celle-ci en direction notamment de l’Algérie et du Maroc, il y avait aussi le travail de conscientisation fait par l’Académie berbère de Paris à partir de la fin des années 1960, les enseignements académiques de linguistique berbère (EPHE, Inalco), les activités d’enseignement, d’animation1 et de publication du Groupe d’Etudes Berbères (GEB) de l’Université Paris VIII-Vincennes (années 1970), les articles de Mbarek Redjala dans Les temps modernes et L’homme et la société, un travail d’animation culturelle à travers le théâtre2 et la chanson, la production culturelle de la Coopérative Imedyazen de Paris à partir de la fin des années 1970, quelques articles de presse (Libération), etc.3 A l’étranger, c’est l’Amicale des Algériens en Europe, prolongement du parti unique au pouvoir, qui fait le travail de contrôle et de surveillance de la communauté émigrée.

Toujours avant 1980 au sein de l’immigration mais sur un terrain plus politique, il y avait aussi les activités de structuration, de formation et de propagande du FFS et du PRS, sans oublier de signaler le travail des trotskystes algériens1 qui se positionnaient sans complexe aucun en faveur de la langue berbère. Rejoint par un nombre important de membres du GEB ainsi que par les militants du « groupe d’Alger », le FFS clandestin se prononce en 19792 en faveur d’un statut de langue nationale pour la langue berbère, après une prise de position de Hocine Aït-Ahmed sur une chaîne de télévision française.

Le printemps berbère de 1980 allait connaître des prolongements et des répercussions sur la longue durée dans tous les pays d’Afrique du nord et au sein des diasporas berbères.

Localement, en Kabylie et dans l’Algérois, des cours non officiels de langue berbère, sont organisés au sein de l’université de Tizi-Ouzou3 occupée par la communauté universitaire, à Yakouren au mois d’août 1980 à l’occasion du séminaire destiné à l’élaboration du Dossier  culturel, ainsi que dans quelques établissements à partir de la rentrée 1980 (campus de Oued Aïssi et de Hasnaoua, Université de Bab-Ezzouar (collectif Imedyazen), à Boumerdès, au Lycée de Draa- el-Mizan, etc. Une expérience de cours par correspondance sera même tentée en 1981, après l’interdiction de l’université d’été qui avait programmé une session de formation de formateurs, interdiction consécutive à l’occupation du campus universitaire de Oued Aïssi par l’armée qui y avait déployé quelques chars (été 1981).

Dans le domaine littéraire, on assiste dans les années 1980 à de nouvelles incursions dans des genres nouveaux tels que le roman, après les premières expériences modernes d’écriture que l’on peut faire remonter aux années 1950 ou même au début du 20ème siècle.

Face à cette montée en puissance de la revendication berbère, sur près de vingt ans, l’Etat algérien a usé des armes de l’intimidation, de la provocation, de la calomnie, de la répression, de la torture physique et morale à l’occasion des arrestations, de juridictions d’exception et de mesures de détention, sans jamais rien céder quant au fond pendant toute cette période.

S’agissant de l’édition et des médias, il faut distinguer les deux versants : le versant étatique ou officiel, et celui de la revendication berbère. Signalons aussi que la France a toujours servi de base arrière, notamment pendant les périodes d’interdiction ou de répression en Algérie.

 

Edition étatique

En Algérie, l’édition a été placée sous le contrôle étroit de l’Etat pendant plusieurs décennies. La SNED, Société Nationale d’Edition et de Diffusion, exerçait dans ce domaine un quasi-monopole sur toutes les publications destinées au grand public. Pour les besoins spécifiquement universitaires, la mission éditoriale était dévolue à l’OPU, l’Office des publications universitaires, également sous le contrôle de l’Etat. Destinés à l’école publique, la seule qui existait

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1 Sous forme de conférences dans l’enceinte universitaire.

2 La troupe de théâtre Imesdurar animée par Mohia a participé à Suresnes au 1er Festival de Théâtre Populaire des Travailleurs Immigrés (juin 1975).

3 Cette présentation sous forme de liste pourrait laisser croire à une certaine unanimité dans les façons de voir les choses. S’il y avait consensus sur ce qui à l’époque représentait l’essentiel (travail de sensibilisation et de production notamment), les acteurs n’étaient pas tous logés à la même enseigne sur les plans idéologiques et politiques. Les différences étaient en particulier assez nettes entre la ligne de l’Académie berbère et celle du Groupe d’Etudes Berbères de l’Université Paris VIII-Vincennes ou bien des auteurs de la « contre-charte » qui a circulé à Alger en 1976. Ces différences se trouvaient certes à l’état latent, elles étaient vécues de façon plutôt passive et ne s’exprimaient qu’exceptionnellement sur le terrain, mais elles n’en constituent pas moins, et sur le long terme, une question taboue qu’il faut intégrer dans une analyse plus fine et politiquement plus différenciée du mouvement de revendication berbère. 1 CLTA : comité de liaison des trotskystes algériens.

2 Dans l’avant-projet de plateforme politique intitulé : « Pour une alternative démocratique révolutionnaire à la catastrophe nationale », mars 1979.

3 Le 1er cours a été donné par moi-même le 16 avril 1980.

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jusqu’à une époque récente, les manuels scolaires étaient, eux, élaborés par le Ministère de l’éducation nationale. Pour toutes ces publications, les deux langues utilisées étaient l’arabe classique et le français.

Le contrôle de l’Etat signifie avant tout le contrôle strict des contenus et de l’instrument linguistique, la censure, l’autocensure de la part des auteurs, la promotion des écrits serviles, etc. Aucun écart, aucune contestation, aucune dissonance par rapport aux options idéologiques officielles ou aux choix politiques du pouvoir n’étaient non seulement permis, mais envisageables. L’importation d’ouvrages publiés à l’étranger était également le fait de services étatiques : elle était soumise aux mêmes types de contrôle.

Le contrôle de l’instrument linguistique était particulièrement sévère, voire sans appel. Dans les premières décennies de l’indépendance (1962) du pays, il était tout simplement inconcevable pour un Algérien berbérophone de publier le moindre écrit dans sa langue, en Algérie, quel que soit son contenu. Quelques rares auteurs qui ont eu l’outrecuidance de proposer leurs manuscrits berbères à la SNED se sont vu répondre négativement par… le département des langues étrangères.

 

Exceptions

Quelques rares exceptions seulement ont pu échapper à ce contrôle que les pouvoirs publics ont exercé sur l’activité éditoriale dans son ensemble, avant l’ouverture politique de 1989 et la libéralisation du secteur de l’édition :

  • Les publications du Fichier de Documentation Berbère (FDB), créé en 1946 par des missionnaires religieux, les Pères Blancs. Le FDB allait assurer pendant une trentaine d’années, jusqu’à son interdiction en 1976 et la mise sous scellés de ses locaux par le Ministère algérien de l’intérieur, la publication de plusieurs dizaines de fascicules, généralement bilingues (berbère-français) portant sur la langue, la culture et la société berbères. La plupart des publications concernent la Kabylie, quelques autres ont porté sur d’autres régions berbérophones (Mzab, Ouargla, Ghadamès). Signalons au passage que ce sont les animateurs du FDB qui sont à l’origine des principes de base de l’orthographe actuelle du berbère en caractères latins, orthographe qui a subi par la suite un certain nombre de modifications ;
  • L’Amawal (lexique de termes modernes) imprimé au CRAPE (Alger) en 1974 ;
  • Le Dossier culturel issu du séminaire de Yakouren (août 1980). Ronéoté en Algérie à la rentrée 1980 (et publié ensuite en France par la coopérative Imedyazen sous le titre : Algérie : quelle identité ?) ;
  • Un livre de poésies mozabites : Imeṭṭawen n lfeṛḥ (larmes de joie), publié à Ghardaïa en

 

Edition du côté de la revendication berbère

Les exceptions signalées précédemment mises à part, l’édition berbérisante se fait à l’extérieur du pays, en France surtout, qu’il s’agisse de la production académique (Mammeri, Chaker, Tassadit Yacine, berbérisants étrangers, etc.) ou de la production militante.

  • Les quelques publications de la Coopérative Imedyazen de Paris, coopérative financée par le FFS et animée par des membres du GEB : un manuel d’initiation à la notation de la langue berbère en caractères latins (reproduit plus tard en Algérie en milieu associatif)1, une bande dessinée (Briruc)2, un conte (Tafunast igujilen)3, l’Amawal (lexique de termes modernes)1, le premier 33 tours de Ferhat-Imazighen Imula, le Dossier culturel de Yakouren ;

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1 Auteur : Ramdane Achab (Groupe d’Etudes Berbères).

2 Auteur : Arezki Graïne.

3 Une version du célèbre conte, à partir d’un récit enregistré fait par Mme Ferroudja Sadi. Sur ce récit sont ensuite intervenus Mohia et Malika Chertouk. D’autres versions du même conte ont été également mises à contribution.

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  • La néo-chanson identitaire et contestataire : (Idir, Ferhat, Mennad, Matoub, Aït Menguellet, etc.) Une néo-chanson qui s’ajoute à la production des chanteurs des générations précédentes (Slimane Azem notamment dans le domaine de la contestation et de la critique sociale) ;
  • Cassettes de Muhend-u-Yahia (en reproduction libre dans un premier temps, éditées ensuite par les éditions Iles / Fnar de Paris) : poésie, critique sociale,

 

Médias du côté de l’Etat algérien

  • Journaux et revues sont écrits en arabe ou en français. Médias aux ordres soumis à un contrôle strict des contenus ;
  • Télévision : une seule chaîne, étatique, au service du pouvoir politique. Seule exception tolérée pour l’expression berbérophone : la chanson, de façon très parcimonieuse ;
  • Radio nationale : 3 chaînes généralistes (arabe, français, kabyle) héritées de la période coloniale. Contrôle strict des contenus, contrôle de la qualité de la langue kabyle (censure des innovations lexicales) ;
  • Cinéma : Production sous le contrôle de l’Etat. Seules langues utilisées : arabe et français, y compris lorsque l’action se déroule en région berbérophone (Kabylie, Aurès…).

 

Médias du côté de la revendication berbère : en Algérie

  • Des bulletins culturels clandestins, à Alger, dans les années 1970 :

Itij (le soleil), en caractères tifinagh, animé par des militants proches de l’Académie berbère de Paris, dont plusieurs seront impliqués dans l’affaire des « poseurs de bombes » (1976) ;

Taftilt (la lampe), qui deviendra ensuite Itri (l’étoile). Bulletins à contenu culturel, en caractères latins, animés par des étudiants proches du cours de Mammeri ;

  • Certaines émissions de sensibilisation (très discrète) de la radio kabyle d’Alger (radio d’Etat) ;
  • Renouveau de la chanson kabyle, années 1970 ;
  • Du théâtre en kabyle au début des années 1970, Alger, en milieu universitaire ;
  • Le « Texte d’Alger », premier texte à avoir posé, notamment, la question berbère dans ses dimensions linguistique, culturelle et identitaire (1976) ;
  • Mars 1980 : Inscriptions murales du FFS clandestin sur l’axe routier Alger – Tizi-Ouzou : slogans politiques hostiles au régime. Revendication de la démocratie ;
  • Eté 1980 : le Dossier culturel de Yakouren. Publié et diffusé en Algérie d’abord, en France ensuite ;
  • A partir du printemps berbère de 1980, très nombreux tracts, déclarations, etc. distribués à la population et publiés par la suite dans la revue Tafsut notamment et des revues de presse ;
  • A partir de 1981 : la revue Tafsut (le printemps), publication emblématique du mouvement de revendication berbère. Les deux langues utilisées dans la revue sont le berbère (kabyle) et le français. Couverture en caractères néo-tifinagh, intérieur en caractères latins. Contenu politico- culturel : Informations diverses sur le mouvement de revendication berbère, publication de tracts, entretiens (y compris avec des opposants politiques), textes littéraires en berbère, etc. En plus de la série ordinaire (14 numéros), la revue Tafsut avait une série pédagogique et scientifique (3 numéros2) et une série spéciale3 Tafsut Etudes et débats (3 numéros). La revue Tafsut a été lancée à l’université de Tizi-Ouzou par un petit collectif composé d’enseignants et d’étudiants, mais elle sera très vite « externalisée » et prise en charge en dehors de l’université. Le tirage était fait clandestinement, aux domiciles de militants, sur du matériel de récupération de type graveur électronique et ronéo ;

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1 Auteurs : Mustapha Benkhemou, Amar Yahiaoui, Ammar Zentar, sous la direction de Mouloud Mammeri.

2 Tamusni tamezwarut di lebni (Abdenour Abdeslam) ; Tira n tmaziγt (Ramdane Achab) ; Lexique français-berbère de mathématiques (Hend Sadi, Mohamed Laïhem, Ramdane Achab).

3 Dirigée par Salem Chaker.

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  • Autres : Revue Tilelli, université de Tizi-Ouzou (quelques numéros) ; Médias du côté de la revendication berbère : en France
  • Fin des années 1960 : Bulletin Imazighen (les Berbères) de l’Académie berbère, paraissant à Paris. Contenu culturel (sensibilisation à la langue, l’histoire et la civilisation berbères) et politique. Diffusion en France, en Algérie et au Maroc ;
  • Bulletin d’Etudes Berbères (12 numéros, de 1973 à 1977), Groupe d’Etudes Berbères, Université Paris VIII-Vincennes. Suivi de la revue Tisuraf (7 numéros ordinaires et 5 numéros spéciaux) ;
  • 1973 : articles de Mbarek Redjala dans Les temps modernes (n° 323) et L’homme et la société

(n°28), sur les problèmes linguistiques en Algérie, la spécificité culturelle et l’unité politique ;

  • Quelques articles de presse (Libération) ;
  • Théâtre Imesdurar, juin 1975, 1er Festival de Théâtre Populaire de l’Immigration, Suresnes ;
  • Juin 1977 : une expérience de journal rédigé entièrement en berbère (kabyle) : Afud ixeddamen (la force des travailleurs), 1 seul numéro, précédé de quelques tracts en langue berbère dont certains sous le label du Parti communiste français, section du 14ème arrondissement de Paris ;
  • Années 1980 : Très nombreux articles de presse concernant le printemps berbère de 1980. Une revue de presse en a été faite. Editée par la coopérative Imedyazen de Paris ;
  • France et international : très bonne couverture médiatique des événements du printemps berbère ;
  • France notamment : structures de soutien, comités, FFS, tracts, appels, rassemblements, meetings de soutien… ;
  • 1985 : Revue Awal (la parole, le mot), créée à Paris par Mouloud Mammeri, Tassadit Yacine, avec le soutien de Pierre Bourdieu ;
  • Revue Etudes et Documents Berbères, créée par Ouahmi Ould-Braham ;
  • Partis et groupes politiques (FFS, PRS, groupes trotskystes algériens) : tracts, déclarations diverses, prises de position, Bulletin du Parti de la Révolution Socialiste qui prône en 1978 le passage à l’écrit pour la langue berbère. Journal Libre Algérie du FFS clandestin ;
  • Télévision française : Hocine Aït-Ahmed revendique pour la langue berbère un statut de langue nationale en Algérie. La proposition est reprise dans l’avant-projet de plateforme politique du FFS (1979) intitulé « Pour une alternative démocratique révolutionnaire à la catastrophe nationale » ;
  • Radios libres en France à partir de 1981.

 

5 b) Outils de la revendication après l’ « ouverture politique » de 1989

Dans le domaine de l’édition et des médias, la période qui suit l’ « ouverture politique » de 1989 est caractérisée par la fin des monopoles de l’Etat algérien, mais cela ne signifie ni la levée de tous les obstacles, ni même l’existence d’une volonté politique réelle de libéralisation. La libéralisation de l’édition et des médias est dans son ensemble à l’image de « l’ouverture politique » qui a été faite l’échelle du pays : un certain nombre de concessions certes, concrètes ou symboliques, mais le régime dispose toujours de leviers importants qu’il peut actionner dans le but de limiter, de détourner ou de neutraliser les effets de cette même libéralisation : la publicité pour les médias, les aides à l’édition, la distribution des livres dans les structures publiques comme les bibliothèques municipales, les volumineux marchés de l’édition scolaire, etc. L’allégeance politique et la corruption constituent les règles de base pour qui veut profiter des mannes de l’Etat.

 

L’édition

Une bonne dizaine d’éditeurs privés publient aujourd’hui des livres écrits en langue berbère, quelquefois dans des variétés linguistiques « appartenant » à d’autres pays (Maroc, Libye). A ces publications s’ajoutent celles du HCA dont les moyens, qui sont des moyens publics, sont beaucoup plus importants.

La libéralisation de l’édition reste cependant handicapée par le fait que des segments entiers ne sont que très difficilement accessibles à la distribution privée : bibliothèques scolaires, bibliothèques municipales, bibliothèques universitaires.

Les moyens matériels des éditeurs privés sont limités. L’édition du livre berbère, en plus d’être confrontée aux problèmes de l’édition en général (lectorat, distribution, faiblesse de la critique littéraire, etc.) connaît des problèmes spécifiques dus à sa nouveauté et au statut social de la langue, ainsi que des problèmes plus techniques relevant de l’aménagement linguistique (graphie, orthographe, terminologie, etc.)

Certains auteurs préfèrent recourir à l’édition à compte d’auteur, d’autres à l’édition numérique (sur internet). De nombreux auteurs n’arrivent pas à faire publier leurs œuvres.

 

Médias

On peut parler d’une libéralisation relative du champ médiatique. Relative parce que les journaux, les chaînes de télévision (étatiques ou privées) et les radios restent tributaires des puissances d’argent (l’État en est une), des organisations politiques et des clans.

La langue berbère est présente, sous plusieurs variétés, dans ces médias : presse écrite, chaînes nationales et chaînes privées de télévision, radio nationale et radios régionales (Tizi-Ouzou et Bgayet) qui appartiennent à l’État, les radios libres en France notamment. Mais il faut préciser que la place de la langue berbère dans la presse écrite est aujourd’hui proche de l’insignifiance, après avoir connu, au tout début des années 1990, deux organes partisans (Asalu du RCD et Amaynut du FFS) qui lui étaient entièrement dédiés.

A cette situation peu reluisante sur le plan quantitatif pourraient s’ajouter des considérations sur la qualité de la langue utilisée dans ces médias : manque d’expressivité, souvent manque de maîtrise de la langue, abus de néologismes, calques à partir du français et de l’arabe, alternance de code linguistique ou code-switching, probablement encouragé à la radio et à la télévision pour favoriser l’étiolement de la langue et accélérer son extinction. Enfin, certaines émissions télé et certains films semblent destinés à renforcer la haine de soi en donnant une image dégradante de la société berbère.

Signalons l’existence de quelques revues ou bulletins associatifs qui accordent une certaine place, voire toute la place, à la langue berbère. Aussi la présence de la langue sur internet de façon générale et les réseaux sociaux en particulier.

Signalons aussi les représentations théâtrales, les festivals de poésie, de cinéma amazigh (berbère), les cafés littéraires, les conférences-débats qui sont autant de situations où la langue est utilisée et valorisée.

 

Ramdane Achab éditeur, enseignant

Condoléances

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Cher ami et camarade Moh Gaya, c’est avec une grande douleur que j’ai appris le deuil qui te touche, comme il m’est impossible de trouver les mots pour t’exprimer ma tristesse suite à la perte de ton père Ahcene Gaya

Je me souviendrai à jamais de son grand cœur, de sa bonté et de sa générosité.

Je partage ta peine et sache que je pense beaucoup à toi et à ta famille.

Courage, cher ami.

Ali Aït Djoudi

 

Recueillement

Le recueillement et la levée du corps du défunt sont pour aujourd’hui,

jeudi 4 octobre 2018 à 10 h 30 mn

à l’hôpital Simone Veil au 14, rue de Saint-Prix 95600 Eaubonne.

Itinéraire :

Gard du Nord : Train H direction Ermont Eaubonne et vers l’hôpital Bus N°: 38, 01.