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mercredi 18 juin 2025
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Le futur franco-algérien : ni ensemble, ni séparés, juste égarés

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Drapeaux

Chronique d’une relation impossible à vivre, mais impossible à rompre. Il fut un temps où l’on rêvait d’une réconciliation. Où les présidents se promettaient la main dans des sourires croustillants, où les commissions mémorielles s’acharnaient à trouver un mot qui ne froisse ni l’un ni l’autre, où l’on croyait encore que l’Histoire allait finir par lâcher nos chevilles.

À l’aube de 2025, la relation franco-algérienne continue de naviguer entre passion refoulée et rancune tenace , entre coopération contrainte et disputes publiques , entre nostalgie coloniale et rejet nationaliste . Un couple toxique où chacun se méprise mais refuse de couper les ponts. Un divorce impossible, une réconciliation impensable.

On se parle, on s’échange des visas, des accusations et du gaz. On signe des accords qu’on renégocie aussitôt, on se jette des regards noirs avant de s’envoyer des émissaires. On se tolère sans s’aimer, on se déteste sans se quitter.

Un passé qui refuse de mourir

À chaque sommet bilatéral, le rituel est le même : Côté français, on « reconnaît » des événements historiques, mais sans aller jusqu’à demander pardon.

 Côté algérien, on exige des excuses, des compensations, des archives, une repentance complète, et pourquoi pas un petit chèque au passage.

Résultat : on fait semblant d’avancer tout en restant bloqués dans le passé . La mémoire collective se transforme en un champ de bataille idéologique. On demande aux jeunes de « tourner la page », mais comment le faire quand on vous la plaque sur la figure à chaque discours politique ?

Et bien sûr, les commémorations sont toujours synchronisées avec les élections . Côté français, sur recycler la peur de l’« invasion migratoire ». Côté algérien, on brandit la France comme le bouc émissaire favori, responsable de tout, du chômage aux coupures d’eau.

L’Algérien en France : bienvenu, mais pas trop

Officiellement, la France veut moins d’Algériens. Dans les faits, elle en a toujours autant et elle en aura toujours besoin. Parce que les usines tournent, parce que les hôpitaux recrutent, parce que les cuisines des restaurants ne se remplissent pas toutes seules.

Les travailleurs sans papiers ? On les expulse à la télé, mais on ferme les yeux quand ils construisent nos immeubles. Indésirables dans les urnes, indispensables dans l’ombre.

Et puis, il y a l’hypocrisie des visas . On les restrictions pour « lutter contre l’immigration clandestine », mais on laisse une grande brèche pour les élites algériennes qui envoient leurs enfants dans les grandes écoles françaises. On ferme la porte aux pauvres, on déroule le tapis rouge aux héritiers.

Mariage ou visa, l’amour sous contrôle administratif

L’histoire d’amour franco-algérienne se joue aussi dans les préfectures. Les couples mixtes doivent prouver que leur amour n’est pas un prétexte pour obtenir des papiers .

Les Algériens qui demandent un visa doivent jurer qu’ils repartiront , alors que tout est fait pour qu’ils restent.

L’absurde atteint son sommet quand un mariage entre un Français et un Algérien devient une épreuve administrative digne des Douze Travaux d’Astérix :

 Fournir une tonne de justificatifs

 Passer des entretiens humiliants pour prouver que ce n’est pas un « mariage gris ».

 Attendre des mois, voire des années, pour obtenir un titre de séjour.

Pendant ce temps, les politiciens français dénoncent les syndicats de complaisance, alors qu’ils signent des accords avec l’Algérie pour faire venir plus de main-d’œuvre.

Le fantasme du « retour au bled » et l’eldorado européen

De l’autre côté de la Méditerranée, on rêve encore de France tout en la maudissant.

L’État algérien exalte la grandeur du pays, l’amour de la patrie, l’orgueil national … pendant que sa jeunesse se rue sur les bateaux de fortune et les dossiers d’attente pour un visa.

Le paradoxe est total : on défend l’Algérie, mais on rêve de la France.

Les discours officiels prônent la fierté nationale, mais le système éducatif et économique algérien ne laisse d’autre choix que l’exil. Et que fait la France face à cette fuite ?

Elle renforce ses frontières mais continue d’accueillir les cerveaux et les soutiens-gorge dont elle a besoin.

Elle condamne les harragas (migrants clandestins), tout en étant bien contente de les exploiter une fois sur son sol.

2025 : vers un avenir… sans avenir ? Alors, où va cette relation ? Nulle partie, mais ensemble.

L’Algérie continue de se débattre avec son passé tout en expédiant ses jeunes ailleurs.

La France continue de prôner la fermeture des frontières tout en profitant d’une immigration de main-d’œuvre.

Les discours changent, les politiques s’adaptent, mais la mécanique reste la même.

On ne veut pas couper les ponts, mais on refuse de les solidifier.

On ne veut pas se séparer, mais on n’arrive pas à s’unir.

On est condamné à cohabiter, à se chamailler, à s’exploiter, à se renvoyer la faute.

Un duo inséparable, mais incapable d’avancer ensemble. Un avenir sans rupture, mais sans espoir non plus.

Au final, la relation franco-algérienne ressemble à une vieille querelle de famille : trop de souvenirs pour se tourner le dos, trop de rancœurs pour s’embrasser franchement. On se tolère sans s’aimer, on se rejette sans se quitter.

Chaque crise alimente un nouveau cycle de tensions, chaque accalmie est une très fragile avant la prochaine dispute. Un avenir fait d’allers-retours, de faux départs et d’impasses bien entretenues.

Alors, si l’Histoire se répète, autant lui donner raison : « Ni ensemble, ni séparés, juste égarés. »

« L’Algérie et la France, c’est comme un couple qui a divorcé mais qui vit toujours sous le même toit. Chacun fait semblant de refaire sa vie, mais personne ne rend les clés. »

Dr A. Boumezrag

Ligue 1 Mobilis : l’USMA talonne le CRB

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USMA

L’USM Alger a rejoint a provisoirement le CR Belouizdad à la deuxième place au classement de la Ligue 1 Mobilis de football, en battant à domicile le NC Magra (2-0), tandis que le CS Constantine a raté l’occasion de rejoindre le «Big Four», en concédant le nul face à l’ASO Chlef (2-2), en ouverture de la 17e journée du championnat, devant se poursuivre ce mercredi, demain jeudi, et dimanche prochain.

Pour le premier match du nouvel entraîneur brésilien, Marcos Paqueta, l’USMA dominé les débats face à une équipe du NCM, qui confirme sa fébrilité en dehors de ses bases, avec un maigre bilan de 3 points pris sur 27 possibles.

Privé de trois tauliers : Boukhanchouche, Ghacha, et Alilet, le club de Soustara a dû attendre la fin de la première période pour trouver la faille, grâce à une tête du Congolais Likonza (37e). Après la pause, l’USMA a accentué sa domination en faisant le break, par la nouvelle recrue hivernale, Merghem (59e).

Un succès qui permet à l’USMA de rejoindre le CRB à la position de dauphin, avec 29 points chacun, à deux longueurs du leader le MC Alger, qui affrontera dimanche prochain le Paradou AC (20h00). En revanche, le NCM reste sérieusement menacé par le spectre de la relégation (14e, 16 pts), et pourrait même se retrouver en position de relégable, à l’issue de cette journée.

Il s’agit de la troisième confrontation entre les deux clubs depuis le début de la saison. Après un nul vierge en match aller, l’USMA a éliminé le «Nedjm» aux 1/16es de finale de la Coupe d’Algérie (1-0), en match disputé le 10 février au stade du 5-Juillet.

Au stade Chahid-Hamlaoui de Constantine, le CSC croyait tenir sa victoire, avant que l’attaquant togolais, Kokou Avotor, ne surgisse dans le temps additionnel (90e+1) pour crucifier les «Sanafir» et offrir un point inespéré, mais précieux aux siens, ce qui confirme le second souffle des Chélifiens durant le «money-time» cette saison.

Et pourtant, le club constantinois a bien entamé la partie en ouvrant le score en début de match, sur un penalty transformé par Belhocini (4e). L’ASO a bien réagi, en égalisant quelques minutes plus tard, également sur penalty de l’autre Togolais, Agbagno (11e).

Les locaux ont repris l’avantage, suite à un joli travail individuel de Temine (19e), mais c’était sans compter sur l’envie des joueurs de l’entraîneur Samir Zaoui de revenir avec un bon résultat de Constantine.                                    

L’USMK, de mal en pis

Rien ne va plus chez le CSC, qui aligne un troisième match sans victoire, toutes compétitions confondues, ratant l’occasion de se positionner au pied du podium, alors que l’ASO réalise une bonne opération, une semaine après sa victoire à Chlef face au Paradou AC (2-0), et s’empare du coup de la sixième place.

A l’Est du pays, l’USM Khenchela continue de manger son pain noir, en essuyant une sévère, et inattendue défaite, à domicile face la JS Saoura (1-3). Il s’agit du troisième revers «at-home» pour les «Siskaoua», depuis le début de la saison, après ceux face au MC Alger (0-1/ 5e journée) et l’ES Sétif (2-3/ 12e journée).

Les coéquipiers du gardien Litim, dont il s’agit du quatrième revers de suite, ont concédé l’ouverture du score, signée l’Ivoirien Bédi (41e), avant d’égaliser par Djaouchi, peu avant la pause (45e+3). Les visiteurs ont dominé la seconde période, ce qui a permis à Bentaleb de signer un doublé (76e, 90e+3).

La défense de l’USMK est en train de prendre l’eau depuis quelques semaines, en encaissant pas moins de 11 buts lors des quatre derniers matchs, toutes compétitions confondues.

En conséquence à cette nouvelle défaite, l’entraîneur khencheli, Chérif Hadjar, a annoncé sa démission à l’issue de la partie. Si l’USMK stagne à la 10e place au tableau, en compagnie du MC El-Bayadh (20 pts), la JSS remonte, quant à elle, à la 8e position (22 pts).

Les péripéties de cette 17e journée se poursuivront mercredi avec trois matchs au menu, programmés à huis clos : Olympique Akbou – JS Kabylie (15h30), MC Oran – ES Mostaganem (17h00), et US Biskra – MC El-Bayadh (17h00).

APS

Tunisie : la justice ordonne la libération de l’opposante Sihem Bensedrine

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Sihem Bensedrine

La justice tunisienne a ordonné, mercredi 19 février, la libération de l’opposante Sihem Bensedrine, l’une des militantes des droits humains les plus connues du pays, en détention depuis août, a indiqué à l’AFP le porte-parole de la cour d’appel de Tunis.

Sihem Bensedrine, qui était la présidente de l’Instance vérité et dignité (IVD), avait été accusée d’avoir falsifié des parties du rapport final de cette instance mise en place après la révolution de 2011. La cour d’appel de Tunis a décidé sa remise en liberté mais elle reste poursuivie et interdite de voyager, a déclaré Habib Torkhani.

Entre septembre 2024 et le 31 janvier 2025, dans les villes de Tunis, Hammamet, Sousse et Le Kef, au moins 84 personnes – principalement des hommes gays et des femmes trans – ont été arrêtées, détenues arbitrairement et visées par des poursuites injustes au seul motif de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, réelle ou supposée, selon l’ONG tunisienne Damj, l’Association tunisienne pour la justice et l’égalité.

Plusieurs opposants au président Kaïs Saïed ont été emprisonnés après des procès bâclés.

La rédaction

Retailleau accuse : «L’Algérie ne respecte pas le droit»

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Panneau des vols

Bruno Retailleau fait encore des siennes avec une déclaration comminatoire contre l’Algérie. Le ministre de l’Intérieur français a déclaré à TF1 : « L’Algérie ne respecte pas le droit » en n’acceptant pas sur son sol un de ses ressortissants expulsés de France. Il envisage des sanctions contre la compagnie Air Algérie.

Le ministre français de l’Intérieur n’est jamais avare de petites phrases contre l’Algérie. Selon des sources judiciaires françaises, Alger a refusé d’admettre sur son sol un de ses ressortissants âgé de 30 ans, condamné en mai par le tribunal de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) à six mois de prison et à une interdiction de territoire pour plusieurs faits dont vol, recel et port d’arme blanche.

« Si l’Algérien n’avait pas de carte d’identité ou de passeport bionumérique, je comprends qu’il faille un laissez-passer consulaire », a expliqué le ministre.

« Mais là, le document est reconnu. Il est Algérien. Donc l’Algérie enfreint le droit. J’ai demandé à mes services de voir dans quelles conditions on pouvait sanctionner » la compagnie nationale Air Algérie, a-t-il ajouté. « On est en train de voir toute l’échelle de la riposte possible. »

A l’approche du délai maximal de rétention, le ressortissant algérien a été embarqué, escorté par des policiers, à bord d’un vol pour l’Algérie, qui s’est posé à Oran dans la nuit du 10 au 11 février. Seulement, il n’y aurait aucun vol vers Oran, aux dates indiquées par le ministre français.

Bien qu’il ait une carte d’identité en cours de validité, les autorités algériennes ont refusé de l’admettre au motif qu’il n’avait pas de laissez-passer consulaire, et il a été immédiatement renvoyé vers la France, selon ces documents judiciaires.

Dans une note à ses services, consultée lundi par l’AFP, le ministre de l’Intérieur a pris acte d’une « exigence supplémentaire et nouvelle » de la compagnie nationale Air Algérie qui « déroge aux accords » entre les deux pays.

Désormais, la compagnie « exige des laissez-passer consulaires même lorsque les individus prévus au départ sont détenteurs de pièces d’identité en cours de validité », souligne le cabinet du ministre.

« Pourquoi est-ce que la France fait preuve d’une aussi grande faiblesse vis-à-vis de l’Algérie ? Je pense qu’il faut (…) poser un rapport de force », a estimé Bruno Retailleau, évoquant, parmi les moyens de pression possibles, le fait de « priver un certain nombre de personnalités, de la nomenclatura, de diplomates » des « facilités » dont ils bénéficient actuellement.

La France peut également « remettre en cause de façon plus générale des accords », a-t-il ajouté. « A partir du moment où l’Algérie ne respecte pas l’accord avec la France et le droit international, pourquoi est-ce que nous, on s’obligerait à respecter les accords avec l’Algérie ? »

La rédaction avec AFP

Mali : les Fama-Wagner tuent une trentaine de civils et 7 rebelles près de la région de Kidal

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Wagner Mali

Au Mali, l’armée et ses partenaires du groupe Wagner ont mené une série d’opérations dimanche 16 et lundi 17 février dans la vallée du Tilemsi, qui s’étend en partie sur les régions de Kidal et de Gao.

Sept rebelles indépendantistes du FLA (Front de libération de l’Azawad), considérés comme « terroristes » par les autorités maliennes de transition, ont été tués. Selon les informations recoupées par RFI auprès de nombreuses sources locales, une trentaine de civils ont également péri au cours de ces différentes opérations, dont des femmes et des enfants.

Dimanche 16 février en fin d’après-midi, une patrouille de l’armée malienne et de ses supplétifs du groupe Wagner croise une escouade du Front de libération de l’Azawad (FLA) près d’Anefis, entre Gao et Kidal. L’accrochage est inévitable.

Dans un communiqué, l’armée malienne revendique « sept terroristes neutralisés » et déplore quatre soldats blessés. Les rebelles confirment avoir perdu sept hommes et assurent avoir eux-mêmes tué six « ennemis » et fait plusieurs blessés, parmi lesquels des soldats maliens et des mercenaires de Wagner.

Quatre à sept civils tués à Aslagh, bétail décimé

Dimanche toujours, l’armée et Wagner ont également mené une opération au puits d’Aslagh, dans cette même zone du Tilemsi. Aucune précision du côté de l’armée, mais selon les très nombreuses sources locales jointes par RFI – élus locaux, notabilités civiles, association de défense des droits humains Kal Akal, Collectif pour la défense des droits du peuple de l’Azawad, combattants du FLA –, quatre à sept civils ont été tués à Aslagh (au moins quatre, certaines sources assurent que trois corps supplémentaires ont été découverts par la suite). Plusieurs cadavres ont été piégés. De nombreuses têtes de bétail ont également été massacrées, ce dont témoignent des images transmises à RFI. Des pertes lourdes de conséquences pour les communautés nomades d’éleveurs.

L’armée malienne indique ensuite avoir mené des « frappes aériennes » dans la nuit de dimanche à lundi : un pick-up a été détruit et ses occupants neutralisés, selon l’armée malienne, qui les qualifie de « groupe de terroristes en renforts dans la zone des affrontements ». Le FLA dément catégoriquement. Les sources locales jointes par RFI confirment une frappe de drone, mais assurent que c’est un véhicule civil qui a été touché, faisant un mort et un blessé.

28 passagers civils tués, dont des femmes et des enfants

Enfin, lundi, les opérations de l’armée malienne et de Wagner se sont poursuivies. Quatre véhicules Toyota Hilux ont été ciblés entre midi et treize heures aux environs de Timtaghen, près de Tessalit. Sollicitée sur cette opération, qui n’est pas mentionnée dans le communiqué cité précédemment, l’armée n’a pas donné suite. Mais les nombreuses sources locales jointes par RFI expliquent unanimement qu’il s’agissait de véhicules civils, qui avaient quitté Gao en direction de la frontière algérienne. Selon ces sources, 24 passagers ont été exécutés.

Sur les images transmises à RFI, on distingue nettement des femmes et des enfants parmi les victimes, enchevêtrées devant une voiture calcinée. Un deuxième véhicule a pu prendre la fuite, sous les tirs des soldats maliens et de leurs supplétifs de Wagner. Quatre passagers ont été tués. Les deux derniers véhicules ont été emportés par les soldats maliens et leurs partenaires russes.

RFI

Quand les vivants font appel aux morts pour résoudre leurs problèmes

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Tebboune
Tebboune ou le populisme rance.

Les vivants, décidément, ne savent plus quoi faire. Après six décennies à gesticuler entre pseudo-modernité et fausse souveraineté, ils se retrouvent une fois de plus dans l’impasse. Mais qu’à cela ne tienne ! Plutôt que d’inventer, d’oser ou même de simplement assumer leurs responsabilités, ils préfèrent convoquer les morts. Non pas pour leur rendre hommage, mais pour leur refiler la facture.

Dès que l’horizon s’obscurcit, on ressort les vieilles icônes, les discours d’antan et les reliques politiques. On invoque les figures du passé comme des talismans censés conjurer la crise, comme si ressusciter des slogans poussiéreux pouvait miraculeusement générer du progrès. Les morts deviennent alors les boucliers commodes d’un pouvoir à bout de souffle, d’une élite qui se débat pour maintenir un ordre qui n’a plus de raison d’être, si ce n’est pour elle-même.

L’histoire regorge d’exemples de ces invocations du passé pour masquer l’incapacité à construire l’avenir. En 1989, les régimes communistes d’Europe de l’Est s’effondraient sous le poids de leurs contradictions, après des décennies passées à instrumentaliser les figures révolutionnaires du passé pour justifier un autoritarisme stérile. En Afrique, combien de dirigeants continuent d’évoquer les luttes anticoloniales des années 1960 pour masquer leur propre immobilisme politique et économique ? Même en 2025, certaines nations, à l’image du Venezuela, continuent d’évoquer les figures de Bolívar et Chávez pour justifier des politiques qui plongent leur peuple dans la précarité.

L’économie chancelle ? Ce n’est pas une question de mauvaise gestion, c’est que nous avons oublié les principes de nos glorieux aïeux. L’État est gangrené par la corruption ? Rien de nouveau, et d’ailleurs, nos ancêtres aussi savaient y faire… La jeunesse est désabusée ? Elle devrait relire les discours d’hier plutôt que de rêver à demain.

Ainsi, pendant que d’autres nations réfléchissent, innovent et avancent, nous, nous débattons encore avec les fantômes. Nous continuons d’administrer du formol à un système en décomposition, espérant que la momification du pouvoir lui donnera un semblant d’éternité. Sauf que les morts, eux, ne gouvernent pas. Ce sont les vivants qui trichent, qui procrastinent, qui cherchent des excuses au lieu de prendre les choses en main.

À l’aube de 2025, les enjeux sont pourtant plus cruciaux que jamais. Les défis économiques, climatiques et technologiques exigent des réponses audacieuses. Pendant que certains pays investissent massivement dans l’intelligence artificielle, la transition énergétique ou encore la conquête spatiale, d’autres se réfugient dans une nostalgie paralysante. La Chine et les États-Unis redéfinissent l’ordre mondial tandis que l’Europe peine à affirmer sa place.

Pendant ce temps, des gouvernements s’accrochent encore à des mythes du passé pour justifier l’inaction.

Alors posons-nous la question : pourquoi refuser d’affronter le présent avec des idées nouvelles ? Pourquoi tant d’efforts pour déterrer ce qui est révolu au lieu de construire ce qui pourrait advenir ? Peut-être parce qu’il est plus facile d’idolâtrer hier que de répondre des échecs d’aujourd’hui. Peut-être parce qu’un système rentier préfère le recyclage de ses mythes à l’émergence d’une véritable alternative.

Mais une chose est sûre : un peuple qui passe son temps à convoquer les morts finit par enterrer son propre avenir. Et ça, aucun fantôme ne viendra le sauver.

L’avenir ne se construit pas en consultant des spectres ni en récitant des litanies sur un passé glorifié. À force d’invoquer les morts pour masquer nos propres échecs, nous finissons par ressembler à un peuple en deuil permanent, accroché à des illusions qui ne nourrissent ni les ventres ni les esprits. Le monde avance, implacable, pendant que certains préfèrent rester figés dans des commémorations sans lendemain. Mais à trop jouer avec les fantômes, on risque d’en devenir un soi-même.

« Quand un peuple préfère les nécrologies aux projets, il ne lui reste plus qu’à organiser ses propres funérailles. »

Dr A. Boumezrag

Algérie : une opposition sans pouvoir face à un pouvoir sans opposition

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Tebboune

Le paysage politique évoque en Algérie une scène de théâtre où les protagonistes jouent des rôles qu’ils n’ont jamais vraiment maîtrisés. Un véritable théâtre d’ombres en vrai.

D’un côté, un pouvoir autoritaire, usant d’un nationalisme douteux et qui règne sans véritable contestation. De l’autre, une opposition qui ne produit guère plus que des déclarations vides et des indignations timides. Une opposition sans projet réel, ni assise populaire. Entre ces deux forces, un peuple spectateur, désabusé, assiste à ce combat déséquilibré dont l’issue ne fait plus de doute.

Traditionnellement, une opposition politique devrait offrir une alternative, une contestation, voire constituer une menace pour le pouvoir en place. Cependant, en Algérie, elle semble plutôt être une nécessité symbolique, tolérée tant qu’elle demeure dans les limites imposées. Son rôle se résume à embellir le décor démocratique, organiser des conférences peu médiatisées, signer des pétitions qui tombent dans l’oubli et, parfois, se voir interdire une réunion, juste pour rappeler son existence. Elle manque d’ancrage populaire et de relais institutionnels. Ses discours n’atteignent pas la rue, en raison d’une absence de réelle présence. Ses dirigeants sont soit cooptés, soit marginalisés, soit épuisés par une lutte où ils savent qu’ils ne disposent pas des mêmes armes. La dynamique qui les anime semble se limiter à des divisions internes et des querelles stériles qui les rendent inaudibles.

Face à cette opposition, le pouvoir n’a même plus besoin de se justifier. Pourquoi recourir à une répression brutale lorsque l’apathie générale est plus efficace que n’importe quelle censure ? Pourquoi falsifier des élections quand les citoyens ont déjà abandonné les urnes ? Il n’y a pas d’opposition à museler quand celle-ci se condamne elle-même à l’impuissance. Le véritable adversaire du régime n’est plus cette opposition institutionnelle, mais l’indifférence du peuple, un désengagement massif qui se manifeste par une abstention record et un désintérêt total pour la politique. Pourquoi jouer quand les dés sont pipés ?

Plus de 63 ans après l’indépendance, le tableau reste inchangé. Un pays qui avance à tâtons, un pouvoir qui gère sans gouverner, et une opposition qui conteste sans influence. De temps à autre, un frémissement, une déclaration passionnée, une figure qui surgit avant de se volatiliser. Mais, au final, tout revient à la case départ : une opposition sans pouvoir face à un pouvoir sans opposition. Et si le véritable parti d’opposition en Algérie n’était pas celui qui se proclame tel, mais bien le silence du peuple ?

Dans une démocratie fonctionnelle, l’opposition devrait agir comme un contre-pouvoir. En Algérie, elle se contente d’être un figurant, oscillant entre indignation impuissante et résignation. Elle critique, dénonce, condamne, mais sans jamais froisser les véritables lignes de front. Car ici, une opposition trop dérangeante finit souvent en exil, en prison ou en retraite anticipée. Le régime excelle à sélectionner ses adversaires. Une opposition trop virulente est rapidement écartée, tandis qu’une opposition docile est tolérée, maintenant ainsi l’illusion de pluralisme. Quelques partis, quelques débats, quelques apparitions médiatiques sont autorisés, mais dès qu’une voix tente de s’affirmer, elle se heurte à un mur invisible, celui de l’« ouverture contrôlée ». L’opposition peut aboyer, tant qu’elle ne mord pas.

De plus, une partie de cette opposition s’est elle-même neutralisée. Trop préoccupée par ses dissensions internes et par la quête de postes, elle finit par servir, sans le vouloir, le pouvoir qu’elle prétend combattre. Ce dernier n’a même plus besoin de convaincre. Autrefois, il justifiait son autorité par des discours sur la stabilité ou la légitimité historique. Aujourd’hui, il n’en ressent même plus le besoin, car personne ne questionne son autorité. Les manipulations électorales ne sont plus nécessaires, car la majorité des électeurs ne se rend même plus aux urnes. Les partis d’opposition se noient dans leur propre inefficacité.

Le véritable génie du système algérien réside dans sa capacité à rendre la contestation superflue. Dépourvue de toute pouvoir. À quoi bon manifester quand rien ne change ? À quoi bon s’investir quand le jeu est truqué ? Cette démission collective constitue la meilleure garantie de la pérennité du régime.

Si l’opposition est réduite à un rôle de figurant, les Algériens ne croient plus en l’opposition, mais ils ne croient pas non plus en le pouvoir. Un gouffre insurmontable sépare désormais le peuple des dirigeants. En désespoir de cause, les Algériens choisissent la fuite, que ce soit physiquement, en cherchant l’exil, ou mentalement, en se réfugiant dans l’humour noir et le fatalisme. Les jeunes ne votent plus, ne manifestent plus, ne croient plus aux promesses. Ils savent que le jeu est verrouillé et que la seule issue réside dans l’informel, l’émigration ou l’oubli. Le véritable parti majoritaire en Algérie est celui de ceux qui ne souhaitent plus participer.

Alors, l’Algérie va-t-elle donc changer ? N’insultons pas l’avenir. Rien n’est impossible. Cependant, un petit bémol. Tant que l’opposition restera divisée, tant que le pouvoir n’aura pas besoin de se renouveler, tant que les Algériens continueront de détourner le regard, rien ne changera. Toutefois, l’histoire nous enseigne que l’apathie d’un peuple peut, un jour, se transformer en tempête. Quand un pays s’endort dans l’illusion d’un statu quo éternel, il finit souvent par se réveiller brutalement. Et ce jour-là, ni le pouvoir ni l’opposition ne seront préparés.

Le jeu de dupes se poursuit. En Algérie, l’opposition s’agite sans déranger, le pouvoir gouverne sans convaincre, et le peuple observe sans y croire. Chacun joue son rôle dans une pièce dont l’issue est déjà connue. L’opposition feint de s’opposer, le pouvoir feint d’être contesté, et finalement, c’est l’indifférence qui prévaut. Mais l’histoire a ses caprices. Un jour, un grain de sable pourrait enrayer cette machine bien huilée. Peut-être que l’opposition cessera de faire semblant. Peut-être que le pouvoir devra faire face à autre chose que du vent. Peut-être que le peuple, lassé de cette comédie, décidera de réécrire le scénario.

Slimane Ouari

La ministre française Rachida Dati en visite à Dakhla (Sahara occidental)

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Rachida Dati
Rachida Dati à Dakhla

La ministre française de la Culture Rachida Dati a qualifié d’« historique » sa visite lundi 17 février dans le territoire non autonome et disputé du Sahara occidental, estimant qu’elle « démontre que le présent et l’avenir de cette région s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ». 

Provocation ou raison d’Etat ? Rachida Dati, ministre de la Culture française, a fait une visite sur le territoire du Sahara occidental. « C’est un moment symbolique, historique et un engagement écrit : Le présent et l’avenir de cette région sont sous souveraineté marocaine et c’est incontestable », a déclaré Rachida Dati, à la presse, en utilisant la terminologie employée par le Maroc pour désigner ce territoire au statut non défini à l’ONU, peu après son arrivée à Laâyoune, la ville la plus importante du Sahara occidental, pour lancer un centre culturel français.

Le Sahara occidental, vaste zone désertique, est contrôlée à environ 80% par le Maroc, mais revendiquée depuis 50 ans par les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.

Fin juillet, le président français Emmanuel Macron a apporté un soutien appuyé à un plan d’autonomie du territoire « sous souveraineté marocaine » proposé par Rabat, rompant avec la position traditionnelle française favorable au processus de l’ONU, et provoquant une grave crise avec Alger.

Un référendum d’autodétermination a été prévu par l’ONU lors de la signature d’un cessez-le-feu en 1991, mais ne s’est jamais concrétisé. En octobre dernier, une résolution du Conseil de sécurité, soutenue par 12 des 15 membres, a appelé à une solution « réaliste et mutuellement acceptable » au Sahara occidental.

Lors d’une visite fin octobre au Maroc, Emmanuel Macron a promis l’engagement « diplomatique » de la France pour pousser la solution marocaine sur le Sahara occidental à l’ONU et au sein de l’Union européenne.

Selon Rachida Dati, l’antenne de l’Alliance française prochainement installée à Laâyoune sera « une ouverture sur le monde, sur la France, avec des activités culturelles, notamment dans l’apprentissage de la langue, avec des échanges d’artistes, avec des parcours éducatifs ».

« Nous souhaitons que cette Alliance française devienne un lieu phare dans notre coopération France et Maroc », a dit la ministre, en évoquant un « aspect symbolique » et son « attachement » personnel au Maroc dont est originaire son père.

En compagnie de son homologue marocain Mehdi Bensaïd, Rachida Dati s’est aussi rendue à Dakhla, à 500 km au sud de Laâyoune, pour donner le coup d’envoi à une annexe de l’Institut supérieur des métiers du cinéma ISMAC.

Selon un communiqué du ministère de la Culture marocain, la visite des deux responsables « revêt une dimension politique après la reconnaissance par la France de la pleine souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud ».

Avec RFI/AFP

L’Association des magistrats tunisiens tire la sonnette d’alarme

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C’est le constat alarmant qui ressort des deux communiqués de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), publiés le 17 février 2025 et signés par son président Anas Hammadi.

Par ces déclarations, l’AMT entend alerter l’opinion publique nationale et internationale sur la crise profonde qui frappe de plein fouet le système judiciaire tunisien.  https://www.facebook.com/share/p/1ESxhopBLd/ et https://www.facebook.com/share/p/1E2RgtLwc5/ L’AMT exprime sa profonde inquiétude face à la situation critique que traverse la justice en Tunisie. L’absence persistante d’indépendance du pouvoir judiciaire, l’ingérence croissante du pouvoir exécutif et les atteintes répétées aux garanties fondamentales de la profession judiciaire ont conduit à un état de crise sans précédent. 

Un blocage institutionnel préjudiciable et intentionnel L’AMT dénonce l’absence de publication du mouvement judiciaire pour l’année 2024-2025, malgré son adoption par le Conseil provisoire de la magistrature administrative depuis le 12 août 2024. Le refus injustifié du Président de la République de signer ce mouvement a entraîné un vide institutionnel grave, perturbant le fonctionnement normal de la justice administrative et allongeant les délais de traitement des affaires, au détriment des justiciables.

Une mainmise du pouvoir exécutif sur la magistrature La situation du pouvoir judiciaire ne cesse de se dégrader sous l’emprise de l’exécutif. L’AMT observe avec une vive préoccupation la paralysie intentionnelle du Conseil provisoire de la magistrature judiciaire, permettant ainsi au ministère de la Justice d’exercer un contrôle absolu sur les magistrats. L’utilisation abusive et arbitraire des mutations, des suspensions et des promotions a transformé la gestion de la carrière des juges en un outil de répression et de sanction, minant leur indépendance et compromettant l’impartialité de la justice. 

Des conséquences alarmantes sur l’accès à la justice Le dysfonctionnement généralisé du système judiciaire a provoqué un déséquilibre flagrant dans la répartition des magistrats, surchargeant certaines juridictions et paralysant d’autres.

L’AMT constate une dégradation des conditions de travail des magistrats et du personnel judiciaire, avec des audiences qui s’éternisent jusqu’à des heures tardives, des justiciables perdus dans un chaos administratif et des procédures retardées de manière excessive. L’absence de nomination de responsables au sein de la Cour de cassation et du tribunal foncier depuis plus de deux ans illustre l’ampleur de la crise. De même, la suspension arbitraire de magistrats sans procédure disciplinaire transparente et le remplacement de juges compétents par des personnes choisies sur des critères opaques aggravent la défiance des citoyens envers l’institution judiciaire.

Une justice sous pression politique L’AMT souligne le danger de voir la justice instrumentalisée à des fins politiques. Les juges sont aujourd’hui menacés de mutations forcées et de rétrogradations s’ils prennent des décisions en contradiction avec les intérêts du pouvoir. L’absence de transparence dans la gestion des carrières judiciaires et la nomination de magistrats sur la base d’affiliations personnelles et politiques sapent les principes fondamentaux de l’État de droit. Face à cette situation intenable, l’AMT : Exige la publication immédiate du mouvement judiciaire 2024-2025 afin de garantir la stabilité du système judiciaire et la continuité du service public de la justice.

Dénonce l’intervention abusive du ministère de la Justice dans la gestion des magistrats et appelle au respect des garanties constitutionnelles de l’indépendance de la justice.

Rappelle que l’indépendance des magistrats est essentielle pour la protection des droits et libertés fondamentaux des citoyens et pour la crédibilité du système judiciaire.

Appelle l’ensemble des magistrats à rester fidèles à leur mission de protection de la justice et des droits des justiciables, malgré les pressions exercées.

Demande l’ouverture d’une enquête indépendante sur les mutations abusives et les suspensions arbitraires décidées par le ministère de la Justice. 

L’AMT réaffirme son engagement indéfectible en faveur d’une justice indépendante, impartiale et respectueuse des principes de l’État de droit. La situation actuelle ne peut perdurer sans mettre en péril la confiance des citoyens dans leur système judiciaire. 

L’Algérie face à l’ombre de Washington et Moscou : un choix risqué

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Trump
Image par Gerd Altmann de Pixabay

L’histoire des relations internationales se caractérise par des dynamiques mouvantes, où les puissances mondiales, selon leurs intérêts, orientent leur diplomatie avec des gestes parfois rapides, parfois réfléchis. Donald Trump, de retour à la Maison Blanche début 2025, semble plus que jamais fidèle à son slogan « America First », dans lequel les décisions rapides et unilatérales sont privilégiées.

Cependant, dans un monde géopolitique de plus en plus complexe, il se pourrait bien que l’Algérie devienne un enjeu indispensable pour la nouvelle politique américaine dans la région… ou du moins, une pièce de choix dans un jeu d’échecs diplomatique global. Nous sommes donc à la veille d’importants bouleversements.

L’Algérie : entre géopolitique et pragmatisme

Historiquement, l’Algérie n’a jamais été au centre des préoccupations de Washington. Son positionnement géographique, entre une Europe frileuse et un Moyen-Orient déstabilisé, a conduit les États-Unis à lui préférer d’autres partenaires dans la région. D’abord le Maroc pour lequel Trump a promis d’installer un consulat à Dakhla, au coeur du territoire du Sahara occidental disputé avec le Front Polisario soutenu par l’Algérie.

Ensuite, il y a l’Arabie saoudite, Israël, ou encore la Turquie étaient les priorités de la politique étrangère américaine, tandis que l’Algérie était reléguée à un rôle secondaire. Cependant, les dynamiques mondiales ont changé, et l’Algérie est désormais appelée à jouer un rôle plus stratégique, notamment en raison de ses ressources énergétiques et de son positionnement face à la montée en puissance de puissances alternatives comme la Russie et la Chine.

Pourquoi l’Algérie devient-elle un enjeu en 2025 ?

D’abord, la question énergétique. L’Europe, dépendante du gaz russe, cherche activement à diversifier ses sources d’approvisionnement après les crises liées à la guerre en Ukraine. L’Algérie, riche en hydrocarbures, émerge alors comme un fournisseur de choix. Elle pourrait être une alternative proche du Vieux Continent, même si ses réserves restent limitées. Washington, conscient des enjeux énergétiques mondiaux, pourrait décider d’intensifier ses relations avec Alger. Et l’exploitation du gaz de schiste, énergie soutenue par Trump, par les majors américains, pourrait se voir renforcée.

Et en la matière, le contrôle des flux énergétiques européens devient une clé majeure pour les États-Unis, et dans ce contexte, l’Algérie pourrait être vue comme un partenaire stratégique.

Ensuite, il y a la question de l’influence russe et chinoise. Ces dernières années, l’Algérie a encore renforcé ses liens avec la Russie, avec des achats dans le domaine militaire, tout en développant des relations économiques avec la Chine. Les sociétés de ce pays occupent un place de choix en Algérie. La montée en puissance de ces alliances alternatives pourrait sonner comme un avertissement pour Washington. Trump, adepte de la stratégie du « deal », pourrait alors vouloir jouer la carte algérienne en proposant un accord qui viendrait affaiblir l’influence de Moscou et de Pékin en Afrique du Nord. Ce « deal » pourrait prendre la forme d’investissements massifs, de projets communs ou de soutien diplomatique sur la question du Sahara occidental, un dossier épineux dans lequel les États-Unis pourraient marquer des points.

Un plat difficile à digérer pour Washington

Cependant, l’Algérie n’est pas un acteur géopolitique que l’on peut apprivoiser à la va-vite. Son histoire, marquée par une lutte d’indépendance violente et une aversion pour toute ingérence étrangère, lui confère une indépendance farouche. Cette méfiance envers les puissances extérieures, qu’elles soient occidentales ou autres, complique toute tentative de rapprochement rapide. Les Algériens, bien conscients de leurs atouts stratégiques, n’accepteront pas de devenir un simple pion dans le jeu de Washington.

De plus, la question de la France ne peut être ignorée. La relation franco-algérienne, déjà tendue par l’histoire coloniale, reste sensible. Le président Macron, cherchant à maintenir un équilibre délicat avec Alger, verrait d’un mauvais œil une ingérence américaine trop marquée. Une alliance trop proche entre l’Algérie et les États-Unis risquerait de fragiliser encore davantage les relations avec la France, un partenaire essentiel dans la région. D’un point de vue diplomatique, une « americanisation » de l’Algérie pourrait nuire aux intérêts de Paris, créant des tensions supplémentaires.

Le temps long de la diplomatie algérienne

L’Algérie, dans sa vision du monde, n’est pas une nation qui se laisse séduire par des promesses rapides. La diplomatie algérienne, souvent décrite comme lente et calculée, se distingue par sa capacité à naviguer entre les différentes grandes puissances sans se lier de manière exclusive à l’une d’entre elles. Ce pragmatisme lui permet de maintenir un équilibre complexe, ne se laissant pas enfermer dans des alliances figées. La position algérienne sur la scène internationale est celle d’un acteur qui prend le temps de bien choisir ses partenaires, tout en restant attentif aux évolutions du contexte régional et mondial.

Dans ce cadre, une « americanisation » de l’Algérie ne se fera pas à la hâte. La diplomatie algérienne sait que dans le grand échiquier géopolitique, les décisions ne doivent pas être prises dans la précipitation. Comme le dit un proverbe algérien, « qui mange couché voit venir la tempête avant les autres ». L’Algérie, en observant les jeux de pouvoir, pourra ajuster sa stratégie au moment voulu, sans se laisser influencer par des décisions prises à la va-vite.

Une diplomatie à double face

La question qui se pose désormais est de savoir si l’Algérie deviendra un terrain de jeu pour la diplomatie américaine sous Trump. Si l’idée d’une alliance avec Washington semble tentante sur le plan économique et stratégique, Alger ne se laissera pas séduire facilement. Entre ses relations historiques avec la Russie, son ancrage en Afrique et ses liens avec des puissances montantes, l’Algérie continue de jouer un rôle de médiateur dans un monde multipolaire. En fin de compte, elle saura rester maître de son destin, observant les manœuvres des grandes puissances tout en préservant son indépendance, comme elle l’a toujours fait.

Salim T.