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mercredi 18 juin 2025
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L’Algérie : un pays, du pétrole, une fortune en fumée, talents en exil…

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Pétrole

Chaque 24 février, l’Algérie célèbre la nationalisation des hydrocarbures, un acte de souveraineté censé propulser le pays vers un avenir prospère. Six décennies plus tard, le résultat est un paradoxe monumental : les richesses s’envolent en fumée, pendant que les cerveaux prennent la tangente.

Avec des milliards de dollars engrangés par la manne pétrolière, l’Algérie aurait pu devenir un phare économique en Afrique et dans le monde arabe. Au lieu de cela, elle est restée coincée dans un modèle économique aussi archaïque qu’une station-service des années 70. La rente coule à flot, mais l’industrie stagne, la production locale agonise, et l’importation est reine. Chaque crise pétrolière rappelle la fragilité d’une économie bâtie sur des prix que personne ne contrôle.

Pendant ce temps, les caisses de l’État fument à force de dépenses mal orientées, de projets fantômes et de contrats surfacturés. L’argent de la rente disparaît plus vite qu’un baril dans une raffinerie en panne. Mais rassurez-vous, l’opacité est une tradition bien huilée : personne ne sait vraiment où vont ces milliards, mais tout le monde sait où ils ne vont pas.

Et puis il y a ces talents, ces cerveaux formés à coups de milliards dans des universités surpeuplées, qui ne rêvent que d’un visa pour aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Spécialistes en IA, ingénieurs, chercheurs, médecins… ils fuient un système où le mérite s’efface devant le piston, où l’innovation cède la place à la bureaucratie, et où l’avenir est un mot qu’on conjugue au passé.

Ironie du sort : l’Algérie exporte son gaz et son pétrole, mais elle importe des compétences qu’elle aurait pu garder. Elle paie des étrangers pour faire ce que ses propres fils et filles auraient fait avec passion et savoir-faire. Le pays investit dans la formation, mais ne garde pas ses cerveaux. Un gâchis monumental, à la hauteur de ses richesses.

Jusqu’à quand ce cycle infernal va-t-il continuer ? Jusqu’à quand les générations futures regarderont-elles leurs rêves se consumer dans l’incertitude ? La rente pétrolière finira par s’épuiser, mais la fuite des talents, elle, semble inarrêtable. Reste à savoir si l’Algérie choisira enfin d’investir dans son véritable or noir : son peuple.

Car au bout du compte, un pays ne se construit pas sur des barils de pétrole, mais sur des idées, des compétences et une vision. Sans cela, l’Algérie continuera d’exporter ce qu’elle a de plus précieux : son intelligence. Pendant ce temps, les discours triomphalistes vanteront une croissance fictive, les oligarques compteront leurs dividendes, et les jeunes chercheront toujours la sortie.

Comme le disait Oscar Wilde : « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles. » Malheureusement, en Algérie, on ne vise ni la lune, ni les étoiles. On se contente de rêver devant un baril qui, lui aussi, finira par rouler ailleurs.

Dr A. Boumezrag

L’écrivain détenu en Algérie, Boualem Sansal, est en grève de la faim

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Boualem Sansal

L’écrivain Boualem Sansal, embastillé depuis la mi-novembre à Alger, a décidé d’entamer une grève de la faim pour protester contre son placement en détention.

Boualem Sansal (75 ans) ne s’aliment plus depuis lundi. Il a pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d’avocat », soutient Me François Zimeray. Ce dernier n’a pas obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, selon l’AFP.

Boualem Sansal a commencé lundi 17 février une grève de la faim, a annoncé, dimanche, son avocat à l’Agence France-Presse (AFP), précisant tenir cette information d’une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d’un procès équitable », a affirmé François Zimeray, avocat français de l’écrivain, confirmant une information du Journal du dimanche. Me Zimeray a également affirmé que le protocole de soins suivi par Boualem Sansal avait été interrompu.

Plusieurs écrivains et hommes politiques ont appelé à la libération de l’écrivain. Y compris le président Macron et le parlement européen. En vain. Le régime algérien ne pardonne pas à l’écrivain des déclarations sur de prétendues frontières marocaines anciennes qui engloberaient une grosse partie de l’Ouest algérien.

Boualem Sansal est par ailleurs poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal, qui sanctionne « comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’État, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions ». 

Malheureusement, il n’y a pas que Boualem Sansal qui soit victime de l’arbitraire en Algérie. Quelque 240 Algériennes et Algériens croupissent dans les prisons pour leurs opinions. De nombreuses ONG de défense des droits humains, comme Amnesty Internationale, Riposte Internationale ont dénoncé ces arrestations arbitraires et l’instrumentalisation de la justice par le régime.

La rédaction

Le Nigérien Mahmoud Sallah, chef du Front patriotique pour la libération, arrêté en Libye

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Mahmoud Sallah FPL

Mahmoud Sallah, chef du Front patriotique pour la libération (FPL), a été appréhendé dimanche 23 février 2025 à Qatrun, dans le sud de la Libye, près de la frontière avec le Niger. Son arrestation a été menée par les forces du maréchal Khalifa Haftar. Cinq de ses hommes ont également été capturés lors de l’opération.

Le FPL, mouvement rebelle créé après le coup d’État de juillet 2023, réclame le retour à l’ordre constitutionnel au Niger ainsi que la libération de l’ancien président Mohamed Bazoum. En juin dernier, le groupe avait revendiqué l’attaque contre le pipeline reliant le nord-est du Niger au sud du Bénin. Ces dernières semaines, le FPL était en perte de vitesse, affaibli par la reddition de plusieurs de ses membres ayant annoncé déposer les armes. L’arrestation de Mahmoud Sallah constitue donc un nouveau coup dur pour le Front patriotique pour la libération.

Pour Mahmoud Sallah, déjà à la tête d’un autre mouvement rebelle avant le FPL, l’avenir s’assombrit. Comment expliquer aujourd’hui son arrestation ? Par un événement qui s’est produit entre décembre et janvier. C’est ce qu’explique Jalel Harchaoui, chercheur au Royal United Services Institute basé à Londres, au micro du journaliste du service Afrique de RFI :

«Ce qui s’est passé, c’est que l’armée de Haftar, et plus précisément Saddam et Khaled Haftar, les deux fils les plus actifs, les deux généraux qui mènent de facto l’armée de Haftar – le père n’est plus du tout aussi actif qu’autrefois – ont pris une décision assez radicale, c’est de détruire une brigade importante qui, depuis 2016, faisait partie de leur coalition. Donc, ils sont retournés, si vous voulez, contre une composante importante, 8 000 hommes qui s’appelaient donc la Brigade 128.

Aujourd’hui, cette brigade a été complètement détruite par la violence, entre autres, et les chefs de cette brigade faisaient partie d’une tribu arabe qui s’appelle les Ouled Slimane, la même tribu que le président Bazoum, qui a été renversé en juillet 2023. Aujourd’hui que la Brigade 128 a été de facto détruite, il n’y a plus de raison d’avoir cette retenue et c’est pourquoi on assiste aujourd’hui à quelque chose qui en découle naturellement, c’est-à-dire l’arrestation d’un individu proche de l’ancien président nigérien et qui trouvait une espèce de havre de paix pour les raisons que je viens de vous dire des raisons territoriales et tribales qui n’existent plus.»

Déchu de sa nationalité

Déchu de sa nationalité nigérienne en novembre dernier par la junte militaire au pouvoir, Mahmoud Sallah voit désormais son avenir incertain. Sera-t-il extradé vers Niamey par le camp Haftar ? La question reste en suspens. Toutefois, il est à noter que les relations entre le Niger et l’Est libyen se sont renforcées ces derniers mois.

Cette dynamique s’est notamment concrétisée en août par une visite du ministre nigérien de l’Intérieur, Mohamed Boubacar Toumba, à Benghazi, à l’issue de laquelle des accords sécuritaires bilatéraux ont été réactivés.

Rfi

Des Ottomans aux automates : du pouvoir des hommes au règne du système

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Tebboune

Le pouvoir a changé. Ou peut-être pas. Il fut un temps où le pouvoir en Algérie avait un visage. Un dey à Alger, un bey à Constantine, un émir dans les montagnes. Il était militaire, autoritaire, tribal ou ottomanisé, mais il était tangible, identifiable. On savait à qui obéir, qui renverser, qui maudire.

Puis, un jour de juillet 1830, un coup de canon français à mis fin à trois siècles de domination ottomane. Mais la question du pouvoir, elle, n’a jamais été réglée. À qui devait appartenir l’Algérie ? Aux envahisseurs français qui l’ont réduit à une colonie ? Aux tribus qui refusaient la soumission ? À l’Émir Abdelkader, figure héroïque mais trahie par la géopolitique ?

Pendant 132 ans, le pouvoir fut simple à définir : il parlait français, portait l’uniforme, et gouvernait à coups de décret. L’Algérie n’existait plus que comme un appendice de la République, une terre où le gouverneur général décidait, et où les indigènes devaient se taire. Un pouvoir froid, bureaucratique, implacable. Déjà une machine, mais une machine coloniale.

Puis millésime 1962.

Quand l’Algérie arracha son indépendance, le pouvoir fut repris par les hommes du feu, ceux qui avaient combattu la France. Le FLN, « libérateur du peuple », s’installa sur le trône avec une promesse : gouverner au nom du peuple, et non d’un empire étranger.

Sauf que très vite, le rêve se fissure. Ben Bella, le révolutionnaire idéaliste, fut renversé par Boumediene, le stratège militaire. Le pouvoir incarné, mais cette fois sous uniforme vert olive. On nationalisa, on centralisa, on impose une ligne unique. L’État est devenu un père omnipotent, bienveillant en façade, autoritaire en coulisses.

Mais déjà, un virus s’installait dans le système : la bureaucratie. Une administration tentaculaire, un appareil d’État plus puissant que ses dirigeants eux-mêmes. Un pouvoir où l’individu comptait moins que le parti, où la machine politique se mit à tourner toute seule, lentement, silencieusement.

Les années de plomb : quand la machine écrase tout. Puis, les années 80 et 90 arrivèrent. Le logiciel du pouvoir bugua.

L’ouverture politique de Chadli Bendjedid réveilla un monstre : un peuple frustré, une jeunesse en colère, un islamisme radicalisé. La démocratie fut testée… puis vite supprimée.

Les années 90 furent celles du sang et des balles. Un État en guerre contre une rébellion islamiste, un peuple pris en otage. Le pouvoir ne parlait plus, il frappait. Qui gouvernait vraiment ? Les générales ? Les politiques ? Ou simplement la peur ?

Quand les armes se turent enfin, un nouveau type de pouvoir prend le relais. Bouteflika, figure de façade, permet à la machine de fonctionner sans heurts. L’État n’était plus un chef, mais une mécanique bien huilée : pétrole, clientélisme, paix sociale.

Le pouvoir s’était transformé en une gestion. Il n’avait plus d’idéologie, plus d’objectif, plus d’ennemis à vaincre, juste une mission : durer.

Aujourd’hui : un État sous pilotage automatique. Et nous voici en 2024. Qui gouverne vraiment l’Algérie aujourd’hui ?

Théoriquement, un président élu. Mais le sait-on vraiment ? Depuis 2019 et le départ forcé de Bouteflika, un constat s’est imposé : le système fonctionne tout seul.

Une crise ? On attend qu’elle passe.

Une contestation populaire ? On la laisse s’essouffler.

Une élection ? On ajuste les chiffres.

Une réforme ? On en parle, mais on ne la fait pas.

Le pouvoir s’est automatisé. Il ne repose plus sur des figures charismatiques, ni sur une vision politique forte, mais sur un appareil administratif qui s’autorégule. Un mélange de technocratie, de clientélisme et d’inertie.

On ne gouverne plus, on gère. Comme un programme informatique conçu pour éviter les bugs majeurs, mais incapable de créer de la nouveauté.

Peut-on encore débrancher la machine ?

Et maintenant ? L’Algérie est-elle condamnée à être gouvernée par un algorithme, où chaque crise est gérée selon un protocole établi, sans jamais de véritable changement ?

Peut-être. Mais l’Histoire a prouvé que rien n’est immuable.

En 1830, personne ne croyait à la fin de la Régence d’Alger.

En 1954, personne ne pensait que quelques combattants pourraient défier la France.

En 2019, personne ne croyait qu’un président immobile pouvait être renversé par un peuple en mouvement.

La machine peut être arrêtée. Mais encore faut-il que quelqu’un ose appuyer sur le bouton.

Et ce jour-là, il faudra enfin se poser la vraie question : que voulons-nous à la place ?

Gouverner ou administrer ?

L’Algérie a traversé toutes les formes de pouvoir : monarchique, colonial, révolutionnaire, autoritaire, bureaucratique. Aujourd’hui, elle est sous pilotage automatique , sans cap clair, sans vrai capitaine à la barre.

Faut-il se résigner ? Accepter que l’ère des grands dirigeants est révolue et que le pays est condamné à être administré plutôt que gouverné ?

Ou faut-il imaginer autre chose ? Un leadership qui inspire plutôt que contrôle, qui construit plutôt que perpétue ?

Peut-être qu’un jour, un grain de sable viendra saisir l’engrenage, une étincelle rallume l’Histoire. Peut-être qu’un jour, le peuple décidea que gérer ne suffit plus, qu’il faut enfin gouverner.

En attendant, le programme tourne toujours. En boucle. Jusqu’au prochain bug.

Le problème d’un système automatisé, c’est qu’il finit toujours par rencontrer une erreur de programme. Et l’Algérie, comme tout logiciel vieillissant, montre déjà ses premiers bugs.

Bug n°1 : La jeunesse face à un écran figé

60 % des Algériens ont moins de 30 ans. Une génération née après la décennie noire, après Boumediene, après la guerre d’indépendance. Une génération qui n’a pas de mythologie du passé, mais une frustration du présent.

Et pourtant, cette jeunesse est coincée dans une simulation politique où tout est verrouillé :

Pas d’avenir économique clair : Entre chômage de masse et fuite des cerveaux, le pays perd ses forces vives au profit de l’étranger.

Pas d’espace démocratique réel : Le Hirak a montré une volonté de changement, mais la machine s’est remise en marche, reprenant le contrôle.

Pas d’illusion sur le système : Contrairement aux générations précédentes, celle d’aujourd’hui ne croit plus aux promesses . Elle ne s’accroche pas à des figures, elle sait que les visages changent mais que la mécanique reste la même.

Alors, que fait-elle ? Elle y assistera. Ou elle part . La vraie opposition au système ne se trouve plus dans les urnes, mais dans les aéroports et sur les bateaux de fortune.

Bug n°2 : Une économie sous respiration artificielle

Pendant longtemps, le pétrole a été le patch de mise à jour du régime . Une crise ? En cours de distribution. Une contestation ? On achète la paix sociale.

Mais que se passe-t-il quand le marché de l’énergie devient instable ?

Dépendance aux hydrocarbures : 95 % des exportations reposent sur le pétrole et le gaz.

Peu d’investissements productifs : La machine sait gérer, pas innover.

Un secteur privé sous contrôle : L’entrepreneuriat peine à émerger dans un environnement où la bureaucratie est plus puissante que l’économie elle-même.

Un système basé sur la rente finie toujours par s’épuiser. Et là encore, qui a une vision claire pour l’après ?

Bug n°3 : Une politique de mise à jour… sans mise à jour

Les remaniements ministériels se succèdent, les discours changent légèrement de ton, mais l’algorithme reste le même .

Prenons un exemple simple : les élections.

Un président est élu.

Une promesse de réformes est faite.

Des réformes sont annoncées.

Elles sont appliquées à moitié.

Le statu quo reprend le dessus.

Une nouvelle élection arrive.

Et on recommence.

Un éternel cycle de mise à jour qui ne change rien à l’architecture du système.

La solution : redémarrer ou réécrire le code ?

Alors, que faire ?

Appuyer sur le bouton reset ?

Une rupture brutale, une révolution, un basculement total ? L’Histoire algérienne a prouvé qu’elle pouvait surprendre, mais le risque du chaos est réel .

Changer de logiciel progressivement ?

Transformer l’État en profondeur, ouvrir l’espace démocratique, redéfinir le rôle du pouvoir, mais qui aurait le courage de lancer cette refonte ?

Laisser tourner la machine jusqu’à ce qu’elle implose d’elle-même ?

Une lente dégradation, un effondrement programmé, une situation où l’Algérie se contenterait d’un fonctionnement minimal jusqu’à l’inévitable crash ?

L’Histoire montre que rien n’est figé éternellement. Les empires tombent, les régimes se renversent, les machines finissent par griller.

Mais une chose est sûre : un jour ou l’autre, quelqu’un devra bien coder une alternative.

Qui osera débrancher la machine ?

L’Algérie a traversé trois siècles de transformations du pouvoir , passant des Ottomans aux colons français, des révolutionnaires aux bureaucrates, des hommes forts aux systèmes sans visage. À chaque époque, un cycle se répète : un pouvoir s’installe, s’enracine, se rigidifie, puis finit par s’effondrer sous son propre poids.

Aujourd’hui, nous sommes dans la phase de l’immobilisme. Un État qui ne gouverne plus, mais qui gère , qui ne dirige plus, mais qui régule , qui ne propose plus, mais qui maintient . Une machine qui tourne en boucle , sans véritable capitaine, sans vision, sans ambition autre que sa propre survie.

Mais l’histoire ne tolère pas l’éternel statu quo. À force de repousser le changement, il finit toujours par s’imposer par la force des choses, par la pression du peuple, par la dégradation du système lui-même.

Alors, la question n’est plus de savoir si la machine va se pincer, mais quand.

Moralité ; « Les systèmes qui refusent d’évoluer finissent toujours par s’effondrer sous leur propre inertie. » –

 Dr A Boumezrag

Abane Ramdane, une conscience algérienne

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Abane Ramdane

L’œuvre politique de Abane Ramdane nous renseigne sur une intime conviction: son apport intellectuel dans l’insurrection nationale, l’aspiration qu’il portait pour l’Algérie et la détermination inexorable que fut la sienne pour mettre fin à l’impérialisme français. La lutte anticoloniale dans son esprit est un engagement conséquent pour déboulonner le colonialisme prédateur et débloquer ainsi le développement du pays dans les domaines politique, économique, social, culturel, idéologique et géopolitique.

De cette puissante certitude tout va procéder: elle déterminera les objectifs, ordonnera les efforts et provoquera les actions, sur tous les terrains et en toutes circonstances on pourra se référer à elle. Ainsi sa volonté d’engagement, très vite, le mettait aux prises avec les grands événements du Mouvement national d’avant-garde et la révolution de Novembre. Il choisissait avant tout, l’action politique, la réflexion intellectuelle et le développement d’une conception savante de la guerre: il y trempera son cœur et son esprit.  

Au cours de la crise du PPA-MTLD de 1949, il avait sacrifié les problèmes démocratiques, culturels et identitaires soulevés sur l’autel de l’unité, indispensable au parti à la réalisation des tâches nationales du mouvement et la préparation de la révolution. Il avait combattu farouchement les coutumes héritées de la féodalité qui continuaient de régler les rapports sociaux-politiques de l’Algérie. Il avait  mis enfin, toutes ses forces pour rehausser la conscience algérienne, en dépassant particulièrement la revendication ethnique ou confessionnelle, dans la conjoncture socio-historique propre à l’évolution et aux structures dominantes de notre société qui peinaient à se dégager des pesanteurs communautaires, de l’omnipotence du régionalisme et de la domination du féodalisme.    

Par ailleurs, à l’insurrection de Novembre, il avait posé au premier chef un ensemble de problèmes primordiaux ayant entre eux une cohérence stratégique. Les plus importants d’entre eux étaient ceux d’une clarification de la voie révolutionnaire et l’orientation idéologique, en œuvrant inlassablement  à la centralisation des forces politiques sous l’autorité exclusive du FLN-ALN. Et enfin, à la Soummam, il s’était attelé à l’élaboration d’un vaste corpus politico-idéologique au service de la révolution populaire et l’ambition algérienne. Il avait donné une solide assise intellectuelle aux disciplines politiques et militaires: l’une des évolutions majeures du second âge de la révolution fut en effet, le déploiement d’une orchestration érudite de la guerre. Une vision qui marquera à jamais le fonctionnement de la révolution sur les plans politique, militaire, social et diplomatique.     

En effet, depuis son engagement militant dans le Mouvement national indépendantiste, Abane Ramdane, gagné par les idéaux de liberté, de modernité et de justice sociale, ne cessait d’œuvrer pour la destruction du colonialisme et l’instauration de l’Etat-nation moderne. Toutes ses prises de position constituaient le fil conducteur de cette grande œuvre: l’indépendance nationale.    

Il avait la vision prématurée que la libération algérienne est une œuvre de patience et un combat de longue haleine, qu’il convenait de subordonner avant tout, à l’engagement politique, l’effort intellectuel,  la radicalité, l’esprit de sacrifice, la clarté, le rassemblement, et enfin l’enrôlement inconditionnel des enfants de l’Algérie. Il avait été conscient que le processus de la maturation nationale devait s’inscrire sur le temps long ; le devenir de l’Algérie indépendante se tenait à une nécessaire et irréversible projection dans l’avenir d’une révolution qu’il fallait aider à s’investir sans cesse et à enfanter jusqu’au bout de son accomplissement avec son esprit universel. 

Fort de cette vue, il s’était employé longuement à ces grands impératifs. Dans tout cela, Abane avait joué un rôle éminent, qui de notre point de vue avait été crucial dans le champ de la réalisation révolutionnaire lié à des enjeux concrets très élevés. Dans tous les domaines où il avait été pour l’essentiel aux prises avec son époque, il aura laissé une marque profonde. En somme, il était devenu un acteur politique de premier plan et la cheville ouvrière de la révolution nationale.   

Pour le plus grand nombre de cadres révolutionnaires, Abane Ramdane avait été apparu comme l’homme de décision et d’action. Ceux qui ont eu le privilège de s’entretenir avec lui n’ont pas manqué d’être frappé par la façon dont il s’employait, sur ses idées et ses projets à faire triompher l’insurrection. Nombre de militants éminents ont été surpris d’avoir été ainsi tirés d’eux-mêmes, et contraints de s’exprimer sur des sujets fort éloignés de leurs préoccupations. Il avait su dominer, et de très haut, l’aspect étroit de la réflexion révolutionnaire de son temps pour situer au niveau du militant, le rôle privilégié qu’il attribuait à sa patrie.  

Abane Ramdane était conscient que le FLN n’est ni une simple continuité des partis politiques algériens traditionnels ni leur opposé absolu. Le FLN dans son esprit est tout à la fois, en continuité et en rupture avec la représentation nationale. Il avait intégré ce qu’il y a d’essentiellement positif dans les formes anciennes et acquis des luttes populaires et des partis tout en ouvrant la voie à une forme supérieure de lutte qui reflétait de façon plus adéquate les besoins réels de la conscience sociale et révolutionnaire du peuple algérien.  

L’enfant des Ath Irathen était lucide du grand besoin qu’avait l’insurrection durant les premières années de la guerre, en cette phase critique de mobiliser le potentiel politique de la nation dans toute sa diversité. Ce fut en effet, dans l’esprit du rassemblement qu’il avait conçu et préparé le congrès de la Soummam. Il avait pensé le mode politico-militaire du FLN, son organisation, son fonctionnement et avait fait asseoir sa légitimité révolutionnaire. Il avait mis l’accent sur le rôle principal des acteurs révolutionnaires qui fut d’instiller dans toute l’Algérie les dynamiques insurrectionnelles qui, par effet de propagation, se répandront sur l’ensemble du territoire et révoqueront un soulèvement national sous l’hégémonie du FLN-ALN.

En assumant la conduite suprême des forces révolutionnaires, Abane avait déployé une activité inlassable et avait effectué de nombreux contacts avec la classe politique. Il avait murit et réfléchit la stratégie révolutionnaire. Aucun des engagements qui eurent tant de conséquences ne fut, en effet, le fruit d’une improvisation ; chacun au contraire se révélait comme l’aboutissement d’une profonde analyse et l’application aux faits politiques d’une longue réflexion. Cette analyse suivait une méthode révolutionnaire, dont Abane avait défini la nature et qui éclairait bien des cheminements.  

L’hymne national , la fondation des syndicats de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), l’Union générale des commerçants algérien (UGCA), l’école nationale de l’audiovisuel et du cinéma révolutionnaire, et les appels aux étudiants Algériens, européens et juifs d’Algérie, la structuration de la fédération du FLN en France et enfin, le rassemblement des forces politiques qui constituent autant d’actions exceptionnelles et l’on comprend que le talent prodigieux dont il avait fait preuve pour changer le cours des événements révolutionnaire s’était imposé comme le trait dominant de cette personnalité hors mesure. C’est bien sur, son acte extraordinaire de la Soummam qui avait donné, d’un coup, la mesure de son intelligence, son endurance et son caractère.

Il est bon de rappeler ces faits, et d’autres, si vite oubliés par la conscience nationale comme l’ont été les acquis obtenus opiniâtrement par l’engagement inconditionnel et les sacrifices inouïes des pionniers d’un patriotisme de Libération politique et d’émancipation sociale. Ces précurseurs, dans la longue marche qui s’ouvrait pour la lutte historique du peuple Algérien longtemps humilié, spolié de ses biens et privé de sa souveraineté; se nomment Hadj Ali Abdelkader, Si Djilali Mohamed, Imache Amar, Djeffel Mohamed, Radjef Belkacem, Moussaoui Rabah, Yahiaoui Ahmed, Mahmoud Latreche et tants d’autres figures emblématiques intègres et fondamentalement patriotes avec leur esprit militant désintéressé.     

Conscients de la tragédie vécue par le peuple Algérien et de son avenir incertain face à l’impérialisme français, et partants pratiquement de zéro et plongés dans des difficultés inextricables, ils ont fait preuve d’une maitrise surhumaine dans l’organisation politique. Ils ont le mérite de faire émerger une existence nationale concrète par l’appartenance au sentiment algérien. 

En tout cas, la révolution dans la conception de Abane, n’est ni une action politique temporaire, ni une opposition à l’ordre colonial. C’est un processus ininterrompu qui tire ses racines de l’histoire longue de la résistance nationale, avec ses évolutions mais aussi ses régressions.

Les voies révolutionnaires ne s’ouvrent qu’à ceux qui font preuve de combativité, de détermination, et enfin et surtout d’élévation politique. Car la révolution, dans sa pensée, c’est l’expression de toute une société maintenue en éveil et l’énonciation d’une volonté collective de combattre le colonialisme et l’ordre établi. La détermination de changer les choses, d’innover et de se rénover pour être soi.

Abane était clairvoyant qu’une fois la révolution déclenchée, incontestablement, il faudrait une refondation nationale: reconcevoir en termes neufs et imaginatifs la société algérienne et la culture nationale pour inverser les rapports de force, et faire disparaitre les vieilles orthodoxies et injustices enracinées dans les structures socio-économiques et para-administratives érigées par l’ordre colonial. Encadrer et structurer la révolution, ajuster les bouleversements et les nouvelles configurations politiques et sociologiques. C’était les points centraux autour duquel il était nécessaire et possible de construire en priorité l’unité de la révolution.  

Il acquiert une notoriété considérable et fut placé au centre de la réflexion révolutionnaire. S’imposant par sa compétence intellectuelle, son aura et son autorité, et dans une profonde analyse politique sur le double plan national et international, Abane a toujours maintenu un regard critique sur la résistance algérienne à la colonisation française. Il ne pouvait pas admettre une chose sans l’avoir soumise à l’examen critique de la pensée. On le voit, pour lui, le constat s’imposait comme une vérité d’expérience, et la seule justification du pouvoir résidait dans la réussite de la révolution nationale.

Certains acteurs des plus en vue du FLN-ALN de la lutte armée, étaient plus répressifs à l’examen critique révolutionnaire. En tout cas, que ce soit dans le mouvement national, que ce soit au PPA-MTLD, que ce soit plus tard au FLN, l’anti-intellectualisme a toujours été de rigueur. En 1949, Messali recevait une délégation des contestataires démocratiques, composée de Mabrouk Belhocine, Yahia Henine et Saïd Ali Yahia- à ne pas confondre avec Rachid Ali Yahia. Ils insistaient en particulier sur l’importance de déployer des efforts d’éducation politique, la nécessité de doter le parti d’une plate-forme doctrinale et enfin l’utilité de son intervention pour calmer les campagnes de calomnies et de dénigrements mal ressenties par les militants du District de Kabylie accusés à tord de «séparatisme» kabyle. À quoi le Zaim, leur répondra : «vous savez, il faut souvent se méfier de l’intelligence ! »                                                                                                                         

Il existait, néanmoins, au sein du tandem Abane-Ben M’hidi, un consensus et un contrat intellectuel cohérant, doté d’une puissante vitalité critique qui rejetait le séduisant triomphalisme des slogans creux et lui préféraient la réalité révolutionnaire plus vaste et plus complexe.   

En effet, en devenant l’instrument privilégié pour penser la révolution, la réflexion intellectuelle contribue inévitablement à la métamorphose révolutionnaire. Cette pensée n’est pas simplement une méthode, elle est avant tout dans sa conception, un impératif politique qui permet une clarification et un enracinement de l’idée révolutionnaire dans l’esprit du peuple algérien.

La dynamique de l’approfondissement révolutionnaire s’affirme en effet, dans son optique, du désir de s’affranchir du communautarisme, du féodalisme, du Messalisme, du régionalisme, du tribalisme, du clanisme, de l’islamisme, et enfin, du caporalisme.    

La révolution pour le natif de Azouza, tant dans ses structures que dans ses représentations, c’est la quête d’un ordre politique moderne dans lequel les individus de communautés familiales et régionales différentes se sentent liés les uns les autres dans une sociabilité dépassant l’horizon du communautarisme.

L’engagement d’une «véritable égalité entre tous les citoyens d’une même patrie, sans discrimination». On comprend dès lors que l’élévation de sa pensée pragmatique est contemporaine de l’élargissement progressif de l’espace civique pour créer les conditions de l’émergence de la citoyenneté.

 Abane se livrait à une lecture raisonnée de la vie politique. Conscient des limites du corps politico-social algérien: l’évolution de la société nationale était entravée par les structures archaïques et retardées à dessein dans leurs évolutions par le repli communautaire, l’esprit du clan et la mentalité de la tribu. Il avait réfléchit aux conditions de constitution d’une nouvelle éthique politique et considérait les fondations de la congrégation nationale avec plus de réalisme, en accordant une primauté à l’intelligence, la compétence et l’organisation. Il avait entrepris des efforts à parfaire la formation des militants et apprendre à analyser les conjonctures depuis la base jusqu’à le sommet.  

Cette vision entendait donc contribuer, autant que faire se peut, à perfectionner la révolution, en la saisissant à travers le prisme intellectuel, et en rupture totale avec les schémas de la pensée traditionnelle héritée du Mouvement national. La meilleure posture révolutionnaire réside, d’après lui, dans son model idéal qu’il conviendrait d’appliquer à l’ensemble du peuple Algérien et de déterminer les règles qui lui conviennent le mieux pour réaliser le bonheur de tous. En effet, dans son esprit, la véritable révolution est celle qui créée les conditions historiques d’une dynamique nationale irréversible pour abattre définitivement les ennemis mortels de la modernité généralisée, efficiente et durable. Celle qui permet aux institutions de s’affranchir des contradictions politico-sociales, s’adapter et durer ; car c’est seulement dans un environnement stable et résolument tourné vers l’universalité que les hommes peuvent faire preuve de vertu éthique et politique.  

La tête pensante de l’instauration de l’ordre Jacobin avait mis en exergue l’intérêt supérieur de la révolution algérienne. Il fut fondé sur l’exigence de l’étape historique et le pragmatisme politique qui consistaient à fédérer d’abord, les forces politiques et imposer ensuite, l’hégémonie révolutionnaire sous l’autorité du FLN-ALN. Ainsi, dans son esprit, l’existence de concurrents politico-militaires introduisait une division dans les rangs de la révolution et la multiplication de centres de décision entraineraient d’une manière générale l’hétérogénéité croissante de la révolution et, partant, l’effondrement de la dynamique de Novembre. Un tel dépérissement révolutionnaire et sociétal justifiait pour Abane la centralisation des forces acquises à l’insurrection nationale.  

Il avait argumenté la concentration totale des pouvoirs et la mise en place d’une politique de fermeté à l’égard des éléments qui freinaient l’hégémonie de la révolution. La construction de l’unité politico-militaire autour du FLN-ALN impliquait de dissoudre les autres partis, et supposait notamment d’éliminer, dans l’ordre politique, le pouvoir qu’exerçaient les forces contre-révolutionnaires. Cette volonté de faire disparaitre tous les rapports de nuisance à l’insurrection conduisait Abane à exposer des solutions radicales et y compris le recours à la violence. Elle était censée mettre fin le plus rapidement possible aux résistances des forces réactionnaires.

Dans un tel contexte, la conduite de l’action révolutionnaire et l’exigence de sa réussite devaient prévaloir, avant tout, sur toutes les considérations personnelles et particulièrement contre ses ennemis mortels: les forces réactionnaires. Ainsi s’explique la liquidation des membres du Mouvement national algérien (MNA), préconisé par Abane en personne: «tout messaliste conscient devra être fusillé sans jugement». S’agissant en effet, des contre-révolutionnaires, les conditions de justice n’y sont plus garanties au nom du salut national et de l’intérêt suprême de la révolution conduite par le FLN.  

En définitive, dans la conception révolutionnaire de Abane, le recours à la violence, quelles que soient les circonstances qui l’ont permis visait avant tout, un large soutien dans toutes les couches de la société nationale à la révolution, et la nécessité d’instaurer une grande discipline collective. Elle était justifiée au nom des exigences supérieures de la révolution nationale. La guerre ayant été lancée par la minorité de l’Organisation paramilitaire sans base arrière, obtenir le soutien de la population et imposer l’hégémonie du FLN-ALN était une question de survie pour l’insurrection nationale.

Messali  qui avait refusé la lutte armée en 1954, ne s’y résolut pas et surtout vexé que la guerre fût déclenchée en dehors de lui ; il s’était opposé ouvertement et violement au FLN-ALN. Ce faisant, il l’avait fait dans le droit de la représentation qu’il avait donnée de l’algérie depuis qu’il fut intronisé au rang de chef du Parti du peuple algérien (PPA) en 1937, à l’issue de l’éviction de son rival direct, Imache Amar.

Elle s’était confirmée par ailleurs, par ses pratiques despotiques dans le MTLD des années 1940: il ne tolérait aucune inobservation à son esprit de domination. Dans son optique politique, aucun cadre militant ne pouvait s’émanciper de son influence, et par conséquent, toute initiative politique quelque que soit sa nature et son importance, ne devait être entreprise sans son aval et son autorité. Messali non seulement n’était pas vacciné contre l’hégémonisme, pis, il était très enclin à l’esprit de zaïmisme!  

Abane Ramdane fut en effet, le principal artisan de l’élimination politique de Messali. Avec une grande rigueur intellectuelle, il fut le précurseur à déconstruire le courant messaliste d’après 1954, à mettre à nu ses errances et ses dérives, à dévoiler ses desseins et enfin, à alerter sur le danger qu’il représente pour la révolution algérienne.

Son analyse fut, dés 1956, partagée par l’ensemble des dirigeants de l’intérieur, tous engagés qu’ils étaient dans une bataille sans merci pour imposer le FLN comme l’unique interlocuteur légitime dans une éventuelle négociation avec la France. Les guerriers de l’ALN avaient livré un combat héroïque et sans relâche contre le bras armé du MNA: l’Armée nationale du peuple algérien (ANPA), l’allié indéfectible de l’armée française.      

Ce n’est pas pour rien qu’une haine virulente contre Abane Ramdane, demeure la persistance la plus forte dans l’évolution politique chez les Messalistes. Ils s’appliquent à souiller sa mémoire en l’accusant arbitrairement de despote et honteusement d’inspirateur du parti unique. Ces invétérés du Zaim est-il besoin de le rappeler dans cette tribune, n’ont jamais été démessalisés et leur vision sur Abane ne cesse de s’opérer sur un fond psychologiquement trouble de revanchisme, de ressentiment et ont conçu une misérable jalousie à son égard.  

Il convient en effet, d’analyser cette inimitée maintenue à soixante sept ans de son assassinat qui représente un des phénomènes des plus complexes de la posture psychologique adoptée par les inconditionnels de Messali. Espérons que le jour prochain, les spécialistes de la psychiatrie politique arriveront à déterminer les effets déroutants et dévastateurs de cette haine et de cette culpabilité morale ou frustration politique du messalisme se transformant étonnamment et paradoxalement en une nécessité absolue d’exclusion de Abane des anales de l’Histoire de l’Algérie combattante: un révolutionnaire intrépide, dont son œuvre est d’une prodigieuse richesse, et qui a touché les domaines de la connaissance politique, militaire, sociale et géopolitique.

L’exclusivité politique absolue que la plateforme programmatique revendiquait pour le FLN à l’égard de l’ensemble des forces susceptibles de rallier son combat, et la vision politique monopoliste exprimée par Abane dès 1955 se souscrivaient  avant tout, à la stratégie de la centralisation dans les rangs des forces révolutionnaires. Pour combattre l’hégémonie coloniale, il fallait impérativement obéir à la nécessité pratique et incontournable de l’unité d’action. L’un des objectifs de la Soummam était donc bien d’instituer un strict monopole politique, tant dans toute négociation sur la question algérienne qu’au sein du futur État indépendant.

L’œuvre de la Soummam et par extension la pensée politique de Abane ne posaient pas pour l’avenir de l’Algérie le principe de l’instauration du parti unique. Ce dernier fut introduit par le Programme de Tripoli et fut adopté à l’unanimité du CNRA en mai 1962. Le FLN sera consacré dès la constitution algérienne du 10 septembre 1963 le «parti unique d’avant-garde» qui «définit la politique de la Nation et inspire l’action de l’État».

Contrairement à la propagande des nostalgiques de Messali, ce fut l’assassinat de Abane d’une part, les conditions de prévalence de l’appareil militaire sur le politique d’autre part, le manque de vision d’ensemble, et enfin, l’éclatement du commandement politique à l’été 1962, qui avait facilité l’instauration du FLN en parti unique jusqu’à l’ouverture frelatée de octobre 1988.  

En définitive, à l’indépendance, l’armée des frontières fut la seule véritable force homogène, cohérente, structurée et disciplinée qui était équipée d’un matériel militaire moderne avec un effectif de trente deux milles hommes. S’appuyant sur Ben Bella et profitant de conditions politiques qui lui ont été favorables, elle s’était emparée du pouvoir dans des conditions chaotiques et de risque majeur de guerre civile.   

Aux élucubrations des affidés de Messali, s’ajoute en effet les attaques infamantes et les campagnes de dénigrements de la Badissia-novembria. Elle traite Abane de «délateur» à son propre pays. Ce courant idéologique, à contre-sens de l’histoire nationale et à contre-temps du progrès humain se revendique en effet, de la lignée de l’association des Oulémas. Il s’agit, dans la réalité d’une composante hétéroclite qui s’est constituée autour de revanchards, de haineux, d’islamistes sectaires et de révisionnistes inféodés à certaines doctrines intégristes, fondamentalistes et réactionnaires, provenant de pays de l’Orient et la Turquie. Ils agissent sous la tutelle de la nébuleuse internationale des frères musulmans.

Ces révisionnistes et fossoyeurs de l’histoire de l’Algérie prétendent même que la révolution  nationale fut une guerre sainte proclamée contre les chrétiens de l’Occident et qui fut pilotée par les oulémas. Ses membres se distinguent particulièrement par leur ignorance dans le domaine historique et par une très grave dépolitisation. Ils se méprennent totalement sur la nature exacte de l’action politique et la vision stratégique de Abane qui s’était engagé dans une lutte implacable contre le colonialisme dans laquelle, il avait agit et innové sur tous les fronts.

Il faut reconnaitre que contrairement à cette secte issue de l’intégrisme islamique qui est en contradiction avec le passé et le projet de société de notre pays , les oulémas historiques, cette association éminemment algérienne nourrie des réalités nationale et libre de toute influence extérieure avait déployée et mis en valeur le volet capital de l’émergence patriotique, et ne fit rien pour exploiter le sentiment religieux. En ces heures décisives dignes du grand destin libérateur de notre pays, les oulémas se sont engagés dans une lutte courageuse et constructive pour prendre part aux cotés du FLN, du peuple Algérien et aux niveaux des élites militantes à ce mouvement révolutionnaire et irréversible pour libérer la terre de nos ancêtres.  

Les plus conscients, parmi eux, patriotes et intellectuels à l’image de Larbi Tebessi, Tawfiq El Madani, M’barek El Mili et Ahmed Redha Houhou pensaient, à juste titre, que le triomphe d’un combat qui allait être très long et très dur et requérait d’avance le choix du terrain commun d’une patrie dans laquelle ne devrait interférer aucune surenchère confessionnelle.

 L’association des oulémas, dans une vision de large union nationale et animée par l’amour de la patrie, n’avait et n’a rien de commun avec la Badissia-Novembria: ces falsificateurs asservis aux intérêts étroits du fondamentalisme intégriste et totalitaire avec ses mots d’ordre diviseurs, démobilisateurs et antidémocratiques.

Antirévolutionnaire, antinationale et révisionniste est cette jonction politique entre les nostalgiques de Messali et la Badissia-Novembria. Il est vrai que le négationnisme est une constante chez les forces réactionnaires partout ailleurs dans le monde.   

Ses pensées fondamentalement hostiles au contrôle communautaire sur les consciences révolutionnaires et ses efforts incessants pour combattre la militarisation de la direction du FLN et l’emprise des trois B trouvaient ses limites d’abord, dans les pratiques hégémonistes qui avaient imprégné le mouvement national d’avant-garde au cours des années quarante, ensuite, dans l’influence grandissante du clanisme, du régionalisme et du sectarisme, et enfin dans les règles et traditions héritées de la féodalité qui continuaient à travailler en faveur du maintien des normes sociales conservatrices et archaïques.

 À cela s’ajoute naturellement et incontestablement, le volet politique qui fut le ferment de ces divergences, dans lequel les postures personnelles jouaient un grand rôle dans l’exacerbation du contentieux, et enfin, la double immixtion de Nasser et Bourguiba dans les affaires interne de la révolution algérienne. La conjonction de ses éléments endogènes et exogènes, dans les conditions qui ont été défavorables à Aban Ramdane, lui ont valu bien des anathèmes, des menaces et la marginalisation politique avant d’être éliminé physiquement.

La période qui avait précédait son assassinat était faite de changements et d’évolutions. En effet, des tensions de plus en plus palpables opposaient Abane, le politique aux militaires. Les lignes de fractures présentaient une certaine complexité. D’un coté, Abane, porteur de la vision du renouvellement intellectuel dont la diffusion de ses idées prenait appui sur fond d’importantes transformations politiques, et de l’autre, les militaires qui étaient résolus à lui faire barrage et à s’émanciper de son influence grandissante, en s’appuyant particulièrement sur le clanisme, le régionalisme et le communautarisme: les serviteurs efficace des intérêts des militaires. En somme, dans le domaine de la pensée politique, les pesanteurs sociales archaïques, conservatrices et retardataires, contribuent à la redéfinition du pouvoir dans une perspective plus autoritaire.

De la prison de Santé, où était détenu aux côtés des membres de la délégation extérieure, Ben Bella dans une lettre adressée en 1958 à cinq colonels de l’ALN- Krim, Bentobal, Boussouf, Mahmoud Cherif et Ouamrane- s’était félicité de l’assassinat d’Abane Ramdane, le qualifiant d’«épuration».

Le summum du cynisme, il avait encouragé les commanditaires de ce forfait abject à continuer dans cette voie d’«assainissement ». Il faisait allusion sans doute, aux centralistes, aux communistes et à l’ensemble des ralliés au FLN. Ben Bella, farouche opposant des textes doctrinaux de la soummam avait approuvé sans état d’âme le premier coup d’État militaire qui avait frappé la révolution nationale à sa tête.

L’étude attentive du cheminement politique de Abane permet de montrer la cohérence de son édifice doctrinal dans ses multiples dimensions: politique, militaire, sociale et géopolitique. Il avait conforté, au maximum une révolution naissante et souveraine en lui attribuant particulièrement les outils majeurs et moyens indispensables à son développement par la réflexion.

Il est impossible de ne pas s’émerveiller devant ses efforts intellectuels et sa détermination implacable pour défendre et chercher d’une manière ou d’une autre à prolonger la révolution dans le projet national moderne, et asseoir singulièrement sa représentativité et la légitimité de sa revendication d’indépendance au plan international.

Tout son engagement fut un effort permanant pour surmonter les limites invétérées des constructions théoriques par un acte de volonté politique de les retourner contre le colonialisme destructeur, les archaïsmes stérilisants, les pesanteurs sociales retardataires et enfin, la caporalisation des instances dirigeantes du FLN. Par son patriotisme, son génie politique et son esprit de sacrifice, Abane Ramdane a fait honneur à ses ancêtres, sa famille, sa région et son pays : l’Algérie.

Il avait joué un rôle émérite, qui de notre point de vue, aujourd’hui, dans plus d’un cas n’est pas reconnu à sa juste valeur. Les historiens n’ont pas suffisamment analysés sa contribution dans ce mouvement dynamique de l’histoire de notre pays.

Mustapha Hadni

France : à Mulhouse, une attaque «terroriste» fait un mort, plusieurs policiers blessés

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Attaque de Mulhouse

Un homme de 37 ans, fiché pour prévention du terrorisme, d’origine algérienne, selon plusieurs médias, est suspecté d’avoir tué à l’arme blanche une personne samedi 22 février à Mulhouse (Haut-Rhin) en marge d’une manifestation, et d’avoir grièvement blessé deux policiers municipaux.

Une fois de plus, c’est le terroriste islamiste qui a frappé », a déploré samedi 22 février sur TF1 le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, après l’attaque à l’arme blanche qui a fait un mort et blessé plusieurs policiers à Mulhouse (Haut-Rhin).

 Bruno Retailleau a indiqué à Tf1 que le suspect faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l’Algérie de l’avoir refusé à 10 reprises.

L’individu, un homme de 37 ans fiché pour prévention du terrorisme, a crié « Allak Akbar », avant d’être interpellé par les forces de l’ordre. D’après une source policière, confirmant des informations du Parisien, il était assigné à résidence sous contrôle judiciaire depuis sa sortie du centre de rétention administrative de Strasbourg Geispolsheim, en juin 2024. Il est en outre visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

Le parquet antiterroriste français a annoncé s’être saisi de l’enquête sur l’attaque à l’arme blanche qui a fait un mort samedi 22 février à Mulhouse (dans l’est de la France) par un homme qui a également grièvement blessé des policiers municipaux, avant d’être interpellé. 

« Une personne civile qui s’est interposée est décédée. Trois policiers municipaux seraient blessés », a précisé dans un communiqué le parquet national antiterroriste, qui a ouvert une enquête pour assassinat et tentative d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique, dans les deux cas en relation avec une entreprise terroriste.

Le suspect « est fiché au FSPRT », le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, a déclaré le procureur de Mulhouse Nicolas Heitz, qui s’est rendu sur place. Deux des policiers municipaux ont été blessés pour l’un « à la carotide », pour l’autre « au thorax ».

Un « acte de terrorisme […] qui ne fait pas de doute » pour Emmanuel Macron

Le président français Emmanuel Macron a évoqué un « acte de terrorisme », « islamiste », « qui ne fait pas de doute », en faisant part de « la solidarité de toute la Nation ». Le chef de l’État a indiqué que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui doit se rendre sur place, « s’exprimera [samedi] soir pour donner les détails sur le dossier ».

Un « acte de terrorisme […] qui ne fait pas de doute » pour Emmanuel Macron

Le président français Emmanuel Macron a évoqué un « acte de terrorisme », « islamiste », « qui ne fait pas de doute », en faisant part de « la solidarité de toute la Nation ». Le chef de l’État a indiqué que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui doit se rendre sur place, « s’exprimera [samedi] soir pour donner les détails sur le dossier ».

« Je veux dire […] la détermination du gouvernement et la mienne de continuer le travail qui est le nôtre depuis huit ans pour tout faire afin d’éradiquer le terrorisme sur notre sol », a-t-il ajouté en marge d’une visite au Salon de l’agriculture à Paris.

« Le fanatisme a encore frappé et nous sommes en deuil », a réagi le Premier ministre François Bayrou. « Mes pensées vont naturellement aux victimes et à leurs familles, avec la ferme espérance du rétablissement des blessés », a ajouté le chef du gouvernement dans un message publié sur X, dans lequel il a adressé ses « félicitations aux forces de l’ordre pour leur intervention rapide ».

Les faits se sont déroulés peu avant 16h, en marge d’une manifestation de soutien à la République démocratique du Congo. Sur place, à proximité du marché du canal couvert, un périmètre de sécurité a été dressé.

De source syndicale, l’homme, né en Algérie, est actuellement sous contrôle judiciaire avec assignation à résidence. Il fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

« L’horreur vient de saisir notre ville », a déploré dans un message posté sur Facebook la maire de la ville, Michèle Lutz. Elle a adressé aux victimes et à leurs proches ses « sentiments fraternels. »

Le précédent attentat signalé en France remontait au mois dernier, lorsqu’un homme de 32 ans avait blessé au couteau une personne en criant « Allah Akbar » dans un supermarché d’Apt (Vaucluse). 

Fin janvier, le procureur antiterroriste, Olivier Christen, avait souligné que « l’absence de décès des suites d’une action terroriste en 2024 en France ne (reflétait) pas une diminution du risque terroriste », rappelant que neuf attentats avaient été déjoués l’an dernier.

En 2024, 85 enquêtes préliminaires ont été ouvertes par le Pnat, dont 66 « pour le seul contentieux jihadiste, en augmentation de 70% par rapport à 2023 », avait relevé M. Christen.

Avec AFP/RFI

6e anniversaire du Hirak : une aspiration inébranlable à la liberté

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Hirak

Il y a six ans, en février 2019, le peuple algérien s’est levé avec une détermination inédite pour exiger la fin d’un système politique autoritaire et corrompu. Le Hirak, mouvement citoyen pacifique, unitaire et spontané, a incarné l’espoir d’une Algérie libérée de la prédation, de l’injustice et de l’arbitraire. Pendant des mois, des millions d’Algériens ont arpenté les rues du pays dans une ferveur démocratique, traçant un chemin de dignité, de justice et d’émancipation.

Cet engagement, ancré dans l’histoire des luttes citoyennes, portait des revendications claires : la souveraineté populaire, l’État de droit, la fin du diktat militaire sur la vie civile et la garantie des libertés fondamentales.

Si l’élan du Hirak a été freiné par la répression, il a néanmoins marqué une rupture irréversible dans la conscience collective du peuple algérien. En brisant le mur de la peur, il a redonné aux citoyens confiance en leur pouvoir d’action et en leur capacité à façonner l’avenir de leur pays.

Une répression systématique et un pouvoir isolé

Six ans après, le régime en place demeure sourd aux revendications populaires exprimées dans les rues et les places d’Algérie. Loin d’apporter une réponse politique aux aspirations légitimes du peuple, il s’est enfermé dans une logique répressive et autoritaire. Ce durcissement se traduit par un verrouillage absolu du champ politique : criminalisation des opinions dissidentes, instrumentalisation de la justice et intensification de la répression sous couvert de l’article 87 bis.

Les militants, journalistes et intellectuels critiques subissent des persécutions systématiques, tandis que la société civile est marginalisée. Les syndicats indépendants et les associations sont étouffés, toute tentative d’organisation autonome étant perçue comme une menace.

L’élection présidentielle frauduleuse de septembre 2024, marquée par une abstention record, a confirmé le rejet massif du régime et mis en lumière son déficit criant de légitimité populaire. Ce rejet traduit l’échec d’un pouvoir incapable de proposer un projet politique fédérateur et soucieux du bien-être de la population. Multipliant les artifices pour masquer son illégitimité, il se heurte à une défiance accrue du peuple.

Résistance et résilience : un peuple debout face à l’arbitraire

Face à cette oppression, la société algérienne refuse de plier. Malgré les entraves, les Algériens continuent d’exprimer leur opposition à un pouvoir usurpateur. Ils boycottent massivement les simulacres électoraux, rejettent les organisations fantoches contrôlées par le régime et maintiennent un dynamisme dans les luttes sociales. Étudiants, lycéens, médecins, travailleurs et enseignants résistent aux intimidations pour exiger justice et droits sociaux.

L’Algérie ne veut pas se soumettre. L’Algérie ne veut pas s’effacer. .

Les mobilisations s’expriment sous différentes formes : contestations dans les universités, grèves syndicales, luttes citoyennes pour la préservation des libertés fondamentales. Malgré une répression accrue, la volonté de changement demeure intacte. Les Algériens explorent de nouveaux moyens pour faire entendre leur voix, tandis que la diaspora joue un rôle essentiel en relayant les revendications du Hirak à l’international et en dénonçant les dérives autoritaires du régime

Un régime aveugle aux menaces qui pèsent sur l’Algérie

Alors que le pays affronte des défis historiques, le pouvoir persiste dans une politique de survie aux dépens de l’intérêt national, ignorant les signaux d’alerte émis par une société en quête de réformes profondes et d’un avenir plus serein.

Sur le plan international : L’Algérie est marginalisée, son influence régionale déclinant avec l’enfermement autoritaire du régime. Autrefois acteur clé dans les équilibres géopolitiques africains et méditerranéens, le pays se trouve relégué à un rôle secondaire, affaibli par l’absence d’une diplomatie proactive. Les périls sécuritaires aux frontières et dans le Sahel exigeraient une stratégie réfléchie, mais le pouvoir instrumentalise ces menaces pour justifier un état d’exception permanent. L’isolement diplomatique grandissant s’accompagne d’un recul de la coopération internationale, alors que des opportunités cruciales pour le développement économique et stratégique du pays sont laissées en suspens.

Sur le plan intérieur : L’effondrement économique et social s’aggrave. Inflation, chômage, fuite des cerveaux et crises sectorielles plongent la population dans une précarité croissante, accentuant l’instabilité du pays. Les jeunes diplômés, désillusionnés par l’absence de perspectives, quittent le territoire, aggravant l’hémorragie des compétences.

L’augmentation du coût de la vie, couplée à la stagnation des salaires, entraîne un appauvrissement généralisé des classes moyennes et populaires. Les secteurs névralgiques, comme l’éducation et la santé, subissent une dégradation alarmante des infrastructures et des services, privant les citoyens de droits fondamentaux et alimentant une colère sociale grandissante.

En parallèle, le capital national est marginalisé, étouffé par une politique économique qui favorise l’entrée de capitaux internationaux aux origines douteuses, sans réelle stratégie de développement à long terme. Plutôt que d’encourager l’émergence d’un tissu économique national autonome et viable, le régime privilégie des arrangements opaques qui renforcent la dépendance du pays à des intérêts extérieurs.

Au lieu d’adopter des réformes structurelles adaptées, le pouvoir persiste dans des mesures de court terme qui ne font que retarder l’inévitable nécessité d’un changement en profondeur.

Un potentiel intact : la transition démocratique comme seule issue

Si le pouvoir est affaibli et discrédité, le peuple algérien conserve son potentiel de mobilisation et d’émancipation. Une conviction demeure : seule une transition démocratique permettra de sortir de la crise et de reconstruire l’État sur des bases solides. Cette transition ne saurait se limiter à un simple changement de visages au sommet de l’appareil d’État, mais devra s’inscrire dans une transformation profonde des institutions, du mode de gouvernance et du contrat social qui lie les citoyens à leur gouvernement.

La transition nécessite d’abord un démantelement des dispositifs répressifs et l’abrogation des lois liberticides, ouvrant ainsi la voie à un débat national inclusif. Il ne s’agit pas seulement d’organiser de nouvelles élections, mais de repenser en profondeur le système politique et économique, en favorisant une participation active des forces vives du pays, des mouvements sociaux et des citoyens engagés. La fin de la mainmise oligarchique sur l’économie, la réhabilitation d’un capital national productif et l’arrêt des politiques favorisant les intérêts étrangers aux dépens du développement local constituent également des impératifs majeurs.

Loin d’être une utopie, cette transition s’inscrit dans un mouvement historique plus large. Le peuple algérien a démontré tout au long de son histoire sa capacité à s’organiser et à relever des défis colossaux. Son aspiration à la justice, à la dignité et à la souveraineté reste intacte. L’issue de cette lutte dépendra de la mobilisation continue et de la création de structures alternatives capables de porter ce projet d’avenir. C’est ainsi que pourra se concrétiser une Algérie libre, juste et démocratique, digne des sacrifices consentis par les générations passées.

L’Algérie appartient à son peuple, et son avenir ne peut être confisqué.

Vive l’Algérie libre et démocratique !

Diaspora 22 février 2025

Dans la région de Tombouctou, le village de Dianké, a été déserté sous la menace du Jnim

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Jnim

Au Mali, les habitants de Dianké, situé entre Léré et Niafunké dans la région de Tombouctou, ont dû quitter leur village sous la menace du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), lié à al-Qaïda. Les jihadistes ont sommé, mardi 19 février au soir, les habitants de partir. L’armée malienne s’est ensuite rendue dans le village de Dianké, largement déserté par ses habitants. 

Les jihadistes du Jnim sont arrivés, mardi 19 février, au crépuscule du soir, et se sont adressés aux villageois rassemblés dans la mosquée.

Selon plusieurs sources locales – habitants et ressortissants de la zone, notabilités de la région de Tombouctou – les jihadistes leur ont ordonné de quitter leur village, sans fournir davantage d’explications. La grande majorité des habitants de Dianké et du hameau voisin de Filiki, par peur, ont immédiatement obtempéré, établissant un vaste campement de fortune à environ deux kilomètres, en brousse. Certains ont ensuite rejoint les villages de Diartou et Sambani. Quelques habitants ont toutefois refusé d’obéir aux jihadistes et sont restés chez eux.

Zone contrôlée par le Jnim

Plusieurs sources expliquent que Dianké se trouve dans une zone contrôlée par le Jnim depuis des années, et s’interrogent sur le motif de cet ultimatum. Certains estiment qu’il s’agit de protéger les civils dans la perspective de futurs combats, d’autres jugent au contraire cette explication peu vraisemblable.

Des désaccords ou « incompréhensions » au sein même du groupe terroriste Jnim sont également évoqués par une source bien renseignée. En fin de compte, rien de clair à ce stade. Le Jnim, qui communique régulièrement sur ses actions, ne l’a pas fait pour ce déguerpissement – du moins pour le moment. 

Depuis, l’armée malienne s’est rendue à Dianké, mais sans prendre position dans le village. Les Forces armées maliennes (Fama) et leurs supplétifs de Wagner disposent d’un camp à Léré, à une vingtaine de kilomètres. Une ville elle-même sous blocus du Jnim : depuis fin novembre 2024, seuls les véhicules militaires parviennent encore à entrer et sortir de Léré. Mercredi soir, après le départ des militaires, les jihadistes sont revenus à Dianké pour répéter leurs menaces et sommer ceux qui ne l’avaient pas encore fait de quitter le village – sans violence, jusqu’ici. 

Armée prête pour une éventuelle attaque

Sollicités par RFI, ni l’armée malienne, ni le gouvernorat de Tombouctou n’ont donné suite. Mais une source sécuritaire malienne assure que les militaires et leurs partenaires russes se tiennent prêts pour une éventuelle attaque. Plusieurs sources s’interrogent avec angoisse sur la suite des événements : les populations ont désormais peur d’être considérées comme des collaborateurs de l’armée par le Jnim, ou comme des complices des jihadistes par les militaires. Et d’être traitées comme tels.

Avec RFI

L’Algérie face au grand basculement : entre pragmatisme et opportunités

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Tebboune

Depuis son indépendance en 1962, l’Algérie a bâti une diplomatie fondée sur trois piliers : le non-alignement, la souveraineté nationale et un attachement aux principes du Sud global . Mais en 2025, le monde bascule à une vitesse vertigineuse : l’Europe s’affaiblit sous le choc de la réélection de Trump, la Russie et la Chine accélèrent leur expansion, et l’ordre mondial occidental vacille .

Dans ce contexte, quel rôle l’Algérie peut-elle jouer ? Comment naviguer entre ces nouvelles puissances et conserver sa souveraineté sans être absorbée dans un des blocs ?

L’Europe en déclin : un partenaire fragilisé mais encore utile

L’Algérie a historiquement entretenu une relation ambivalente avec l’Europe . D’un côté, l’Union européenne (UE) est son premier partenaire commercial (notamment avec l’Italie, la France et l’Espagne). Mais de l’autre, Alger a souvent énoncé l’ingérence européenne, les déséquilibres économiques et les politiques néocoloniales déguisées .

Pourquoi le déclin de l’Europe inquiète Alger ?

 Moins d’investissements et d’échanges commerciaux : La crise économique qui frappe l’UE sous Trump II risque d’affaiblir les exportations algériennes (notamment le gaz).

Un Maghreb déstabilisé : Avec une Europe affaiblie et focalisée sur sa propre crise existentielle (OTAN en danger, montée des extrêmes-droites, divisions internes), la gestion des crises au Maghreb (Libye, Mali, tensions algéro-marocaines) pourrait être reléguée au second plan, laissant place à plus de chaos.

Moins de pression sur les droits de l’Homme : Un affaiblissement de l’UE signifie aussi moins d’ingérence occidentale dans la politique interne algérienne . L’Algérie pourrait en profiter pour renforcer son autorité sans crainte de sanctions.

Pourquoi Alger peut voir une opportunité ?

Un recentrage sur l’Afrique et le Moyen-Orient : Sans une Europe omniprésente, l’Algérie pourrait renforcer son influence en Afrique et dans le monde arabe en jouant un rôle de médiateur.

 Une carte énergétique à jouer : Avec un affaiblissement des relations transatlantiques, les Européens auront encore plus besoin du gaz algérien comme alternative au gaz russe. Cela donne à Alger un levier majeur sur ses négociations.

Face à la Russie de Poutine : entre amitié et méfiance

L’Algérie et la Russie entretiennent des relations historiques solides, notamment sur le plan militaire . Alger reste le troisième plus gros acheteur d’armes russes après l’Inde et la Chine . Mais si Trump tourne le dos à l’Ukraine et laisse Moscou redessiner l’ordre mondial, Alger pourrait se retrouver à devoir choisir entre coopération et prudence .

Ce qui rapproche Alger de Moscou : une vision anti-ingérence et multipolaire : L’Algérie partage avec la Russie une volonté de contrer l’hégémonie occidentale et prône un monde multipolaire.

 Une coopération militaire stratégique : Alger continue d’acheter des Sukhoï, des chars T-90 et de participer à des exercices conjoints avec l’armée russe.

n rapprochement diplomatique sur les conflits régionaux : Moscou et Alger ont des vues similaires sur la Libye, la Syrie et la lutte contre l’extrémisme au Sahel.

Ce qui inquiète Alger avec Moscou : une Russie trop envahissante ? Si Poutine continue son expansionnisme, Alger pourrait craindre une influence excessive de Moscou sur la région, notamment en Libye et au Sahel.

 Les BRICS, une alliance à double tranchant ? L’Algérie a exprimé son intérêt à rejoindre les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Mais une extension du bloc sous domination russe et chinoise pourrait limiter l’indépendance diplomatique algérienne.

La Chine : une relation économique essentielle, mais jusqu’où ?

La Chine est aujourd’hui le premier fournisseur de l’Algérie , devant la France. Pékin investit massivement dans les infrastructures algériennes, notamment via ses entreprises publiques de construction.

Les atouts d’un rapprochement sino-algérien :

Des investissements massifs : Pékin finance des routes, des ports, des logements et des raffineries en Algérie.

Un soutien diplomatique discret mais efficace : La Chine ne critique pas la gouvernance algérienne et n’exerce pas de pression sur les droits de l’Homme, contrairement à l’UE.

 Une alternative commerciale à l’Europe : En cas de crise avec l’UE, l’Algérie pourrait encore plus s’ouvrir au marché chinois.

L’endettement et l’influence chinoise : Pékin a l’habitude d’utiliser sa « diplomatie de la dette » pour accroître son influence. L’Algérie devra éviter de tomber dans ce piège.

 Un déséquilibre commercial : L’Algérie importe massivement de Chine, mais exporte peu. Cela crée un déficit structurel préoccupant.

L’option d’un leadership africain et arabe renforcé

Face à ces bouleversements mondiaux, l’Algérie pourrait opter pour un recentrage sur son rôle régional :

Dans le monde arabe : Alger pourrait renforcer son rôle au sein de la Ligue arabe, en mettant en avant son statut de puissance stable et souveraine face aux crises (Libye, Palestine, tensions Maroc-Iran).

 En Afrique : l’Algérie pourrait profiter du recul de l’influence européenne pour renforcer son rôle diplomatique dans l’Union Africaine et la région du Sahel, notamment face aux militaires putschistes du Mali et du Niger, qui recherchent des partenaires non-occidentaux.

 Dans l’énergie : avec la demande croissante en gaz et pétrole, Alger peut se repositionner comme un acteur clé entre l’Europe, la Russie et la Chine .

Un pragmatisme nécessaire, mais jusqu’où ?

Face à un monde en mutation rapide , l’Algérie va devoir jongler entre plusieurs stratégies :

Profiter du déclin de l’Europe pour renforcer son autonomie diplomatique et économique. Rester proche de la Russie , sans tomber dans une dépendance militaire totale.

Accueillir les investissements chinois, sans sacrifier son indépendance. Éviter les turbulences du trio Trump-Poutine-Xi , tout en renforçant son influence africaine et arabe.

L’Algérie a toujours revendiqué un non-alignement pragmatique . Mais en 2025, le monde ne permet plus vraiment la neutralité .

Désormais, la question est simple : l’Algérie peut-elle rester spectatrice, ou devra-t-elle enfin jouer un rôle d’acteur clé sur la scène mondiale ? « Les nations n’ont pas d’amis, elles n’ont que des intérêts », disait Charles de Gaulle

Dr A. Boumezrag

Libération de Sihem Ben Sedrine avec interdiction de voyager

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Sihem Bensedrine

Le 19 février 2025, la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Tunis a décidé la libération de Sihem Ben Sedrine, ancienne présidente de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), tout en lui imposant une interdiction de quitter le territoire.

Cette décision intervient après l’appel interjeté par Mme Ben Sedrine contre le rejet de sa demande de libération dans l’affaire de la prétendue falsification du rapport final de l’IVD, notamment sur le litige entre l’État tunisien et la Banque franco-tunisienne (BFT).

Le Comité pour le respect des libertés et les droits de l‘homme en Tunisie (CRLDHT) se réjouit de cette libération mais dénonce fermement les poursuites judiciaires abusives et arbitraires dont Mme Ben Sedrine est la cible, considérant ces actions comme une manœuvre visant à discréditer le processus de justice transitionnelle en Tunisie. Le CRLDHT souligne que Sihem Ben Sedrine fait face à six affaires judiciaires liées à sa gestion de l’IVD et rappelle que l’Instance avait pour mission d’enquêter sur les violations graves des droits humains entre 1955 et 2013. Le CRLDHT salue également la forte mobilisation de solidarité nationale et internationale en faveur de Sihem Ben Sedrine, qui a sans doute contribué à la décision de sa libération.

Le CRLDHT appelle à :

  1. La levée immédiate de l’interdiction de voyager.
  2. L’abandon de toutes les charges pesant sur Mme Ben Sedrine.
  3. La protection des membres de l’IVD contre les représailles.
  4. La mobilisation internationale pour défendre les libertés en Tunisie et exiger la libération de tout-e-s les détenu-e-s politiques et les prisonnier-e-s d’opinion.

Le CRLDHT souligne que ces poursuites judiciaires sont une manifestation du climat de répression en Tunisie visant les défenseur-e-s des droits humains, les journalistes et les opposants politiques. Il réaffirme son soutien à Sihem Ben Sedrine et à la justice transitionnelle, essentielle pour garantir vérité, justice et dignité aux victimes des violations passées.