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dimanche 15 juin 2025
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L’Algérie en marche : de la dynamique citoyenne vers la deuxième République

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Partis d’une situation atone avant le 22 février, nous vivons en ce moment une période où s’accélèrent des évènements cruciaux pour l’avenir de notre pays. Dans ce contexte, nous devons garder à l’esprit qu’il est essentiel de ne pas se précipiter et de se concentrer sur l’essentiel, afin de ne pas perdre de vue nos aspirations collectives. Aspirations légitimes, à commencer par la reprise de notre souveraineté. Celle-là même qui nous a été confisquée dès l’indépendance. Le retour de la souveraineté à qui de droit -le peuple- est le préalable fondamental qui permettra d’asseoir des institutions investies par la volonté populaire, prélude de l’instauration d’une véritable démocratie au sein du pays, et fondement de tout projet de refondation de l’Etat algérien.

L’état des revendications populaires a atteint un niveau de maturité, qui nous laisse très optimistes quant à l’issue de ce mouvement historique. Dans l’esprit de tout un chacun, il ne s’agit plus de refuser un cinquième mandat avilissant, de dénoncer les travers d’une caste dirigeante coupée de la réalité des algériens. Il s’agit bien de changer radicalement tout le régime pour l’édification d’un Etat de droit. Pour une justice indépendante. Pour le respect des libertés individuelles et collectives. Pour une justice sociale. Pour l’abolition des privilèges et du clientélisme.

Plus qu’un éveil, une révolution

Depuis quelques semaines, nous assistons à une réappropriation progressive de l’espace public et du terrain politique, longtemps confisqués par le régime dans sa stratégie d’atomisation et de clonage de la classe politique et de la société civile. Une nouvelle dynamique est en marche et elle se concrétise en une révolution de rue et d’esprit. Des assemblées générales se tiennent partout : dans les universités, dans les entreprises, dans les villages et les quartiers des villes. Des rencontres, des
conférences sont initiées sur tout le territoire national. Les Algériens veulent se parler, se concerter, échanger, se renseigner, comprendre, se projeter.

De cette effervescence émergera forcément une nouvelle organisation et une nouvelle classe politique. Au rebours de la dépolitisation généralement admise, on ne peut qu’être frappé, par la présence active de la jeune génération. Une nouvelle force politique serait-elle entrain de naître ? Il ne fait aucun doute que la jeunesse algérienne a fait preuve ces dernières semaines, d’une activité politique incomparablement plus intense que les générations passées, illustrée dans l’organisation des marches sur le terrain, l’ingéniosité des slogans, l’appropriation de la communication virale à travers les réseaux sociaux, ou encore la maturité des revendications.

Mais parler d’une nouvelle génération, d’une rupture avec des pratiques politiques ou politiciennes jugées dépassées, ne doit pas nous conduire pour autant, vers une coupure avec nos aînés. Bien au contraire, rien ne peut se faire sans l’expérience des anciens militants. La pratique dans l’encadrement, l’accompagnement, la transmission sont des conditions nécessaires pour faire passer le flambeau.
Nous devons donc assumer entièrement notre part dans l’écriture du récit national, et nous engager pleinement dans ce processus, avec tout ce que nous possédons comme moyens. Nos grands-parents ont libéré le pays, nos parents l’ont construit, il nous appartient aujourd’hui de le mettre sur les rails de la prospérité et de la démocratie.

Nous assistons aussi à une mobilisation sans précédent dans les corporations : magistrats, avocats, médecins, étudiants, et syndicats autonomes. Des voix dont le poids est indéniable dans le combat pour le recouvrement d’un Etat de droit. A côté de ça, il y a la classe politique dite d’opposition. Même contestée à des moments, elle revient de loin et essaie d’occuper un terrain perdu faute d’adhésion dans un passé récent. Les partis doivent retrouver leur principale mission qui est l’animation de la vie politique en incarnant les différents courants de pensées qui traversent la société.

De la conscience en acte

Nous devons plus que jamais sortir du calendrier imposé par le régime et contourner les pièges de ses manœuvres pour survivre à cette vague citoyenne. Nous n’avons guère à répondre à ses multiples provocations, dont le seul but est de maintenir un système qui a fait de l’Algérie sa vache à lait.
Mobilisation et vigilance sont de rigueur jusqu’à la chute inéluctable de ce régime. Car, le temps contrairement à ce que d’aucuns peuvent croire et/ou déclarer, joue en notre faveur. Le temps isole le régime et sème le doute chez ses clients les plus fidèles. Il nous permet de mieux nous concerter et de nous organiser pour surmonter les défis à venir.

A juste titre, les défis à venir sont importants. Ils nous imposent de la rigueur, de la concertation, de l’exemplarité, de l’intégrité et surtout l’implication de toutes et tous. Nous devons plus que jamais nous libérer des dissonances antérieures, dépasser nos rancunes, faire converger nos différences, laisser de côté nos postures politiques. Des sacrifices, peut-être, mais essentiels pour la consolidation de notre mouvement populaire et l’édification de l’Algérie que nous rêvons.

Le régime est à bout de souffle. Il n’a plus de plans de rechange, hormis de rentrer dans une guerre médiatique, psychologique et diplomatique. Guerre dans laquelle il joue ses dernières cartes, pour ne pas regretter de s’être livré trop tôt. Nous devons prendre conscience de cette situation, comprendre qu’il n’a absolument aucun intérêt à abandonner ses privilèges, et qu’il agit dans une logique de bande qui voit ses intérêts menacés. Nous devons comprendre également, que le régime qui gère le pays comme une propriété privée tire tous ses passes-droits du seul fait que nous lui avons cédé l’ensemble de nos droits.

Les prémices d’une reconquête

Cette révolution citoyenne a pour but ultime la reconquête de nos droits et de notre pays longtemps spolié par un régime mafieux. La chute de ce dernier est une condition sine qua none à toute sortie de crise.

“La chute du régime”, n’est pas une expression anodine, ou un slogan, mais un ensemble de signes visibles, et invisibles sans lesquels on ne peut parler d’une quelconque transition. La fin du régime est un processus dynamique composé d’un ensemble d’éléments concrets. Elle se fera en deux étapes que nous appelleront :

1- Abolition des signes visibles
2- Abolition des signes invisibles

Le régime ne sera considéré en hors d’état de nuire que lorsque ces deux étapes seront dépassées.

1) Abolition des signes visibles :

Les signes visibles sont l’ensemble des éléments qui constituent le décor dessinant la démocratie de façade. Un Président à l’apparence élu, mais en réalité désigné, des partis politiques, qui sont, pour la plupart des coquilles vides ou des structures inféodées. Une presse privée mais ligotée, par sa dépendance à la publicité de l’ANEP, un parlement qui sert de chambre d’enregistrement au lieu d’être le lieu où s’affirme la volonté populaire. En bref, un apparat qui ne sert qu’à légitimer le régime au niveau international.

La première étape de la disparition du régime doit donc passer par l’éviction de ces signes visibles, à savoir :
Le départ de Bouteflika à la fin de son mandat avec ses plus proches conseillers
La dissolution du parlement et de ses deux chambres ; l’assemblée populaire nationale et le sénat.
Démission du gouvernement désigné par Bouteflika
Garantir la préservation de la continuité de l’Etat et de l’ordre institutionnel, ce sont des acquis  historiques déterminants pour la bonne conduite de la transition démocratique.
L’ouverture du champs politique et médiatique, notamment par l’abrogation sans délais de toutes les lois liberticides, qui attentent aux libertés collectives (loi sur le code de l’information, loi sur les manifestations, loi sur les partis politiques, loi sur les associations, ..).

2) Abolition des signes invisibles :

Une fois débarrassés des signes visibles du régime, nous entrerons dans une période de transition formelle. Celle-ci ouvrira la voie à la deuxième phase qui est l’abolition de ses signes invisibles et des structures profondes qui détiennent le pouvoir réel. Ces structures se fédèrent autour du commandement militaire, qui joue le rôle de club informel ou les décisions capitales sont prises. Il est composé des militaires les plus influents, des civiles qui occupent des postes stratégiques, et depuis peu des oligarques, qui sont ces nouveaux riches apparus avec l’arrivée de Bouteflika et la manne pétrolière sans précédents qu’a connue le pays. Ce club de décideurs s’appuie sur la police politique qui forme le plus grand parti du pays, avec un très grand réseau clientéliste, des organisations satellites infiltrées et inféodées. Donc pour pouvoir parler de la fin du régime, il faut en finir définitivement avec ce réseau profond, c’est pourquoi il faut :

– Dissoudre la police politique, et rendre au service de renseignement sa mission originelle qui est celle de la sécurité de l’armée et du contre-espionnage.
– La dissolution du FLN, et la restitution du sigle, comme patrimoine national. Le FLN, nous appartient à tous, et l’ère de la légitimité historique est révolue.
– Dissolution de toutes les organisation satellites du régime inféodées à la police politique (UGTA, UNFA, UNEA…) et laisser le champ libre à la création d’associations et à l’activité des syndicats librement constitués.
– La consécration d’un état civil passe par la nomination d’un ministre de la défense civil, elle marquera la naissance d’un état civil et politique, dans lequel l’armée reprendra son rôle naturel qui est celui de nous protéger et défendre nos frontières.

Une fois ces conditions concrétisées, on pourra alors parler de la fin du régime autoritaire et on entrera formellement et de fait dans une période de transition. Période dans laquelle les grands chantiers d’édification d’un Etat de droit s’ouvriront. Nous estimons que tant que le régime est encore en place, cette transition reste hypothétique, il n’est donc pas le moment de dérouler les propositions d’une feuille de route sur le terrain, ou de désigner ou coopter des personnalités quelle que soit leur intégrité et leur patriotisme, car personne ne peut à lui seul détenir la clé.

Ensemble, maintenons la mobilisation !

Nous avons la profonde conviction, que la force de ce mouvement réside dans sa cohésion, son homogénéité et dans le fait qu’il revendique fièrement l’unité nationale. Nous devons par conséquent, tout faire pour préserver cette unité, tant que les garanties ci-dessus ne sont pas satisfaites.

Nous avons pu voir ces derniers jours comment il est dangereux d’avancer des noms, ou des propositions empreintes de contenu idéologique. Le pouvoir en place attend la moindre brèche à exploiter pour nous diviser. Nous proposons ci-dessous plusieurs pistes pour maintenir la mobilisation :

– Coordonner les efforts sur les réseaux sociaux pour faire émerger un discours politique prônant l’unité et la cohésion nationales.
– Interpeller les personnalités nationales les plus influentes (artistes, intellectuels, scientifiques,
) pour rappeler sans cesse l’intérêt vital à rester soudés et à dépasser les clivages idéologiques, pour couper l’herbe sous les pieds aux tentatives du régime à réinstaller des polarisations idéologiques.
– Faire la promotion de toutes les initiatives positives et les relayer massivement – Participer au renforcement des structures intermédiaires (syndicats autonomes, associations,
collectifs, ..)
– Réfléchir à des solutions pour l’organisation d’une consultation, en vue de désigner le prochain gouvernement de transition.
– Diffusion de contenu audiovisuel pédagogique explicatif des différentes étapes à venir.
– Fixer une date commune pour une journée nationale de grève générale (Par exemple, une grève perlée, une fois par semaine, pour maintenir la dynamique sans pour autant pénaliser le citoyen).
– Occuper l’espace public en organisant des réunions publiques, des conférences débats – Occuper le champ artistique en multipliant les initiatives, clips, chansons, pièces théâtrales.
– Ouvrir des ateliers publics pour détailler et mettre en place un plan et une stratégie pour chacune des propositions ci-haut.

Nous avons la profonde conviction, que la mobilisation en cours, n’a plus rien d’un simple mouvement populaire, ou d’une insurrection circonstancielle. Il s’agit bien d’une révolution pacifique ayant entraîné une émulation sociale et politique sans précédent dans l’histoire de l’Algérie indépendante. Ceci augure de meilleurs lendemains et un avenir à la hauteur de nos espérances pour l’Algérie et tous ses enfants. Restons mobilisés !

Premiers signataires, par ordre alphabétiques des noms
Takfarinas AKRACHE, citoyen
Ali Benbekkou, militant politique
Lydia BENKAIDALI , Chercheuse CNRS
Ali BOUCHERKA, Enseignant
Tinhinen BOUHADDI, citoyenne
Selma DJEBAR, journaliste
Hocine GASMI, journaliste
Ouheb HAMIDI, citoyen
Adel KHALED, étudiant
Idris KHALED, citoyen
Asma LABOUDI, citoyenne
Khoudir LAGGOUNE, citoyen
Radia MANSOURI, citoyenne
Thiziri MAMMES , militante politique
Asma MECHAKRA, chercheuse universitaire.
Nassim NABET, citoyen
Samir Ouanzar, citoyen
Aissa RAHMOUNE, Avocat
Nadjah ROULA, militante
Fateh TITOUCHE, ingénieur en Informatique
Anis SAIDOUNE, citoyen

Le « Hirak » en Algérie, entre spontanéité et manip : l’analyse « glaçante » du Général français Dominique Delawarde

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Algerian demonstrators hold a giant national flag, during a demonstration against Algeria's president's candidacy for a fifth term, on February 22, 2019 in Algiers. - Several hundred demonstrators, in defiance of a ban on protests, rallied in the Algerian capital today against a bid by ailing President Abdelaziz Bouteflika for a fifth term, an AFP correspondent said. (Photo by RYAD KRAMDI / AFP)
(Source  BREIZH INFO)

Le général DELAWARDE, ancien chef «situation-renseignement-guerre électronique» à l’état major interarmées de planification opérationnelle, nous a adressé ce texte dans lequel il répond à nombre de ses amis qui lui ont demandé  ce qu’il fallait penser des événements survenus en Algérie ces trois dernières semaines.

Pour avoir beaucoup travaillé sur le dossier algérien lorsque j’étais en fonction et pour ne pas avoir cessé de le suivre depuis, je vais tenter de vous donner mon analyse de la manière la plus claire possible en répondant à trois questions : Pourquoi ? Quoi ? Comment ?

Pourquoi ?

La réponse à cette question se trouve, de mon point de vue, dans un contexte géopolitique qui dépasse largement les frontières de l’Algérie. Pour simplifier à l’extrême, le monde est aujourd’hui coupé en deux camps qui s’opposent.

Il y a celui qui s’accommode parfaitement d’une organisation de la communauté internationale telle qu’elle a été conçue et construite au sortir de la 2ème guerre mondiale: FMI, OMC, Banque Mondiale, dollar, et prééminence US quasi absolue depuis 1990. Les idéologues néoconservateurs de ce camp dérivent aujourd’hui peu à peu vers un objectif de « mondialisation heureuse (pour eux) », unipolaire, sous dominance occidentale (en fait, sous dominance US-OTAN).

Minoritaire en nombre d’États et en population (quarante à cinquante États, un milliard d’habitants) ce camp dispose, pour quelques années encore, de la puissance économique (plus de 60% du PIB mondial) et, d’une supériorité militaire (OTAN qu’il utilise sans modération). Un quarteron d’États s’active, sur la scène internationale (ou en coulisse), pour mobiliser ce camp et faire valoir ses intérêts : Les USA, le Royaume-Uni, la France et Israël. L’influence majeure est, dans les faits, exercée par un duo: USA et Israël. Ce camp se regroupe sous la bannière de la « coalition occidentale » et s’autoproclame souvent, à lui seul: «communauté internationale».

De l’autre côté du grand échiquier, un autre camp s’est organisé peu à peu sous la houlette de la Russie et de la Chine. Aujourd’hui, ce camp monte rapidement en puissance avec, entre autres, des organisations internationales créées en ce début de XXIème siècle: les BRICS et l’OCS pour ne citer qu’elles. Il souhaite remettre en cause l’ordre et les règles de la gouvernance mondiale établis au sortir de la guerre, au profit des occidentaux, pour évoluer vers un monde multipolaire. Il regroupe, autour de la Russie et de la Chine, de grands pays tels l’Inde ou le Pakistan (puissances nucléaires) et surtout de nombreux «fans». Ce camp, fans compris, est majoritaire tant en nombre d’États qu’en population (une centaine d’États et plus de quatre milliards d’habitants) mais il est encore à la traîne en terme de puissance économique (moins de 40% du PIB mondial).

L’Algérie est un grand pays. Avec une superficie de 2,4 millions de km2, c’est à la fois le plus grand pays d’Afrique, du monde arabe et du bassin méditerranéen. Sous la gouvernance de Bouteflika, elle a su rester un pays indépendant, contrairement à de nombreux pays arabes qui, se sont, peu ou prou, rapprochés de la coalition occidentale, en application du proverbe: « Baise la main que tu ne peux trancher».

Aux yeux de la « coalition occidentale » précédemment décrite, la gouvernance Bouteflika a commis cinq « fautes impardonnables » :

1 – Elle entretient de trop bonnes relations avec la Russie, pays dans lequel elle forme les officiers de son armée depuis fort longtemps et auquel elle achète beaucoup de matériels militaires majeurs (dont les fameux S 400).

2 – Elle entretient de trop bonnes relations avec l’Iran, ennemi désigné des USA et d’Israël, et, par conséquent, pas vraiment ami de la France et du Royaume-Uni… France et Royaume-Uni, derrière des discours hypocrites et trompeurs, n’ont rien fait d’efficace pour remplir leurs engagements dans l’accord sur le nucléaire iranien.

3 – Contrairement à la gouvernance de plusieurs pays arabes (dont le docile Maroc, son voisin), l’Algérie de Bouteflika a refusé de rejoindre la grande coalition saoudienne, soutenue par les occidentaux, dans son intervention armée au Yemen pour mater la révolution populaire d’Ansar Allah. Cette opération militaire visait, à l’évidence, à contrer l’extension de l’influence iranienne au Moyen-Orient, et cela au profit de l’État hébreu.

4 – En outre, depuis le début du conflit syrien la gouvernance Bouteflika a entretenu de bonnes relations avec celle de Bachar el Assad en Syrie et refusé de participer à la curée et au démembrement de ce pays programmé par les occidentaux et certains de leurs alliés arabes au profit de l’État hébreu.

5 – Enfin, l’Algérie de Bouteflika reste l’un des derniers bastions arabes dans la défense de la cause palestinienne. Chacun peut comprendre que cette position indispose l’État hébreu et son puissant allié US qui peuvent y voir un obstacle sérieux au « deal du siècle ».

La réponse à la question : «Pourquoi les événements sont-ils aujourd’hui ce qu’ils sont en terre algérienne ?» tient, pour une large part, dans les points évoqués ci dessus .

Quoi ?

Les indices ne manquent pas dans la crise algérienne qui font furieusement penser à une opération de « Regime Change » (changement de régime), dont les occidentaux sont particulièrement friands (révolutions colorées, Ukraine, Libye, Printemps arabes, Syrie, Venezuela, Brésil…..), qu’ils réussissent parfois (Maïdan, Libye, Brésil) et dont ils gardent jalousement «les secrets de fabrication».

Il y a, bien-sûr, les déclarations enflammées, à l’attention du peuple algérien, de l’inénarrable BHL qui constituent, à elles toutes seules, un marqueur indiscutable qu’une opération de «Regime Change» est en cours. Il faut se souvenir de son engagement constant et toujours théâtral dans ce type d’opération : Bosnie, Kosovo, Libye, Maïdan, révolutions colorées, Syrie, et même Venezuela dernièrement… etc.

Ses appels à la révolution (chez les autres, pas chez nous) relèvent désormais du grand classique autant que du meilleur comique troupier. Elles pourraient même devenir contre-productives en révélant, à l’avance, le dessous des cartes aux observateurs les plus avertis.

Il y a aussi la teneur des déclarations des grands leaders de la coalition occidentale sur cette affaire algérienne, qui montre clairement, jour après jour, qu’ils apprécieraient un changement de gouvernance en Algérie et l’avènement d’un nouveau pouvoir qui leur serait plus favorable. A chacun de s’y référer et d’interpréter les propos tenus.

Il y a, encore, la lecture des journaux du quarteron d’États dirigeant « la coalition occidentale ». L’ampleur, la teneur et le ton des réactions médiatiques sur ce qui devient, peu à peu, la «crise algérienne» et qui pourrait être baptisé dans quelques jours: «le printemps algérien», sont particulièrement révélateurs. La lecture du New York Time et du Washington Post aux USA, du journal Le Monde et des reportages de BFMTV en France, des journaux israéliens, Haaretz et Jerusalem post, est édifiante et facile à décrypter pour un bon spécialiste du renseignement.

Enfin, il y a la méthode, les techniques et les moyens utilisées pour organiser un chaos de plus ou moins grande ampleur, préalable indispensable à l’avènement d’un nouveau régime. Ils constituent également de précieux indices.

Comment ?

Comme dans toutes les opérations de « Regime Change », il faut, pour réussir, respecter plusieurs règles de base et disposer de gros moyens financiers:

1 – Choisir le bon moment pour déclencher l’opération.

Le bon moment, c’est celui où le régime auquel on s’attaque est fragilisé (crise économique ou sociale, gouvernance usée et affaiblie, population divisée). Une échéance électorale peut constituer une excellente opportunité permettant d’éviter trop de dommages collatéraux pouvant aller jusqu’à la guerre civile…

Tous les feux sont au vert pour déclencher, en mars 2019, ce type d’opération de « Regime Change » en Algérie, avec quelques espoirs de succès.

2 – Diaboliser le camp à abattre, puis promouvoir celui qu’on veut aider à triompher.

Ce sont les techniques de base utilisées avec grand succès par Cambridge Analytica dans plus de 200 campagnes électorales entre Septembre 2013 et Mars 2018. Ces techniques sont toujours utilisées aujourd’hui.

Dans le cas de l’Algérie, l’incapacité physique de Bouteflika à gouverner le pays est mise en avant. On dénonce les résultats de sa gouvernance, évidemment qualifiés de désastreux (chômage, inégalité, résultats économiques). On dénonce son entourage et la corruption. On s’appuie sur une diaspora algérienne nombreuse et fortement influencée par les médias mainstream occidentaux pour chauffer à blanc l’opinion et la rue.

3 – Utiliser les moyens modernes de communication et d’échange entre les citoyens.

Facebook et Twitter, outils sous contrôle occidental, sont utilisés au maximum pour manipuler et chauffer les foules et pour organiser très rapidement de grands rassemblements protestataires. Là encore, il s’agit de méthodes expérimentées avec succès par Cambridge Analytica dans un passé récent, notamment en Amérique du Sud.

Ceux qui contrôlent ces opérations «numériques» ne résident pas toujours dans le pays objet de l’ingérence. L’opération peut être contrôlée à partir du territoire d’un pays occidental (généralement les USA). Il suffit de disposer d’un groupe d’individus de bon niveau maîtrisant parfaitement la langue du pays objet de l’ingérence. Ces individus existent évidemment en grand nombre dans la diaspora algérienne mais aussi dans la diaspora séfarade. De telles actions contrôlées à partir de l’étranger ont déjà été observées dans les cas tunisien, libyen et égyptien…

Ces opérations numériques constituent un complément utile et efficace à l’action des médias traditionnels (TV et journaux mainstream) qui agissent en meute, avec une belle unanimité, ce qui n’a rien d’étonnant lorsqu’on connaît la connivence de leurs propriétaires et les règles de « la guerre de l’information ».

4 – Corrompre un maximum de politiques, d’organisations d’influence, d’hommes importants dans l’appareil d’état (Armée, Justice, élus….)

Il s’agit d’organiser d’abord le lâchage du régime en place et dans un deuxième temps le soutien du candidat à promouvoir : encore une méthode éprouvée de « Cambridge Analytica ». Elle nécessite beaucoup d’argent, mais l’État qui imprime le papier «dollar» n’en manque pas.

L’argent et les promesses de positions avantageuses dans le nouveau régime viennent généralement à bout des plus coriaces…

Pour savoir qui aura gagné de la coalition occidentale ou du camp «BRICS-OCS», il sera très utile d’étudier le passé, les soutiens et l’entourage de l’homme qui émergera lorsque le régime en place aura passé la main … Il sera très instructif d’observer les premières mesures prises par le nouveau pouvoir. Une normalisation des relations avec le Maroc et un rapprochement avec les pays du Golfe constitueraient des indices intéressants.

Je ne pense évidemment pas qu’on aille jusqu’à une normalisation des relations avec Israël, à une visite officielle à Tel Aviv ou à l’établissement d’une ambassade d’Algérie à Jérusalem. Pour les non initiés, ces trois derniers gestes ont été observés dans le « regime change » brésilien et indiquent de manière claire le rôle éminent joué par la diaspora pro-israélienne au Brésil dans l’affaire Bolsonaro. Ce rôle existe aussi dans l’affaire Vénézuélienne, si l’on en croit les promesses enflammées de Guaïdo de transférer son ambassade à Jérusalem, s’il parvient à prendre le pouvoir. Ce genre de promesses a l’immense intérêt de désigner clairement les sponsors financiers du président élu brésilien et du « président autoproclamé » du Venezuela et d’expliquer le soutien de la « coalition occidentale » à ces individus.*

En conclusion, vous l’aurez compris, je ne crois pas à la spontanéité de tous les événements qui agitent aujourd’hui la rue algérienne.

Aucun des deux grands camps qui s’opposent aujourd’hui dans le monde ne peut être indifférent à ce qui se passe en Algérie. L’ingérence étrangère y est donc plus que probable. Le contraire serait surprenant.

Ceux qui s’ingèrent sont ceux qui y ont un intérêt et qui en ont les moyens. Ils s’appuient très habilement sur la triple opportunité qui leur est offerte : l’usure du pouvoir en place et de son chef , l’indéniable crise économique et sociale imputée à la gouvernance Bouteflika et l’échéance électorale prévue par la Constitution. Ils s’appuient aussi sur les moyens techniques (réseaux sociaux), et les moyens financiers et humains dont ils disposent.

Bien sûr, les tenants du clan « occidental » vont hurler «au complotisme » à la lecture de cette analyse. C’est une technique désormais bien connue pour discréditer les individus dont les points de vue s’écartent des positions officielles. Mais cela n’empêchera pas ceux qui réfléchissent encore par eux mêmes de se poser les bonnes questions.

Quant à savoir comment va tourner cette affaire, je me garderai bien d’émettre le moindre pronostic. La rue algérienne n’a probablement aucune idée de la manipulation dont elle est l’objet. La gouvernance en place et ses services de renseignements disposent certainement d’informations précises qui peuvent constituer un facteur de force. Mais de là à en déduire qui va l’emporter, c’est encore impossible aujourd’hui. On ne peut dire qu’une chose: « Bonne chance l’Algérie »!

Dominique Delawarde

PS : Trois documents intéressants viennent à l’appui de mon propos pour ceux qui veulent aller au fond des choses:

– Un article intéressant du 13 mars 2019 relevé sur le site « les alertes de Stratediplo » sous le titre «déstabilisation de l’Algérie».

– Une dépêche de l’agence sputnik du 19 mars 2019 sous le titre: «La diplomatie algérienne transmettra à Poutine une lettre de Bouteflika».

– Une dépêche de l‘agence russe RT du 19 mars 2019 sous le titre: «La Russie met en garde contre toute ingérence étrangère en Algérie.»

(Précision : les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place).

Source Algérie1

Crise au FLN : une affaire « Seddik Chihab bis »

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Le FLN a son “affaire Seddik Chihab”. Le parti “soutient” toujours le mouvement populaire contre le pouvoir en place, mais ne soutient plus la “feuille de route” du président sortant, Abdelaziz Bouteflika. Du moins, selon Hocine Kheldoun, membre de l’Instance dirigeante de ce parti. Des déclarations vite “démenties” par le coordinateur de cette instance, Mouad Bouchareb.

Dans un entretien accordé à Dzair News, Hocine Kheldoun, a déclaré que le “PFLN ne voyait aucun intérêt” dans la tenue de la fameuse “conférence nationale inclusive”.

“Sincèrement, nous allons réviser notre position sur la conférence nationale”, a-t-il déclaré. “Nous au FLN, nous disons que cette conférence ne va pas non plus régler le problème car ceux qui seront présents ne seront pas élus.

“Franchement, nous allons réviser notre position sur la conférence nationale. Nous avons lu les communiqués de l’opposition, chacun a sa vision, et tout est rejeté par le mouvement populaire. Au FLN, nous disons que cette conférence ne va pas régler le problème, parce que ceux qui y seront ne seront pas élus. Qui va mander les participants ?”.

Le membre de l’instance dirigeante y est également allé de son avis. “La solution est l’élection d’un nouveau président de la République, l’instauration d’une instance indépendante pour la surveillance des élections et l’amendement d’un ou de quelques articles de la loi électorale”.

Bouchareb nie les déclarations de Kheldoun

Le coordinateur de l’Instance dirigeante du FLN, Mouad Bouchareb, a vite réagi à ces déclarations. Selon El Bilad, il a estimé que le porte-parole du parti s’est “mal exprimé”.

De l’avis de Bouchareb, “Kheldoune parlait de la position des partis de l’opposition”, réitérant la position du FLN, de “soutien au hirak et à la feuille de route du président” Bouteflika, y compris la “conférence nationale inclusive”. “Le problème actuel ne peut être résolu sans la conférence nationale”, a-t-il rajouté.

Il a ainsi conclu que les déclarations de M. Kheldoune, tout comme celles des autres membres n’engagent qu’eux et aucunement la position du FLN”.

 En tout cas, le même dirigeant de l’instance du FLN a réitéré ses propos dans un entretien accordé à TSA.

Moued Bouchareb a annoncé mercredi 20 mars “le total soutien” des “enfants du FLN hirak”, mouvement populaire qui s’est levé le 22 février 2019 contre le président sortant Abdelaziz Bouteflika et le pouvoir en place … dont fait partie le PFLN.

 

Source Huffpostmaghreb
Par Rédaction du HuffPost Algérie

Selon Attar, le partenariat et les négociations sont impactés par le soulèvement populaire

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Invité de Radio M,  l’ancien P-DG de Sonatrach Abdelmadjid Attar, affirme que  les événements que connait l’Algérie ont eu un impact sur les relations de partenariat externes. Pour ceux en cours, M. Attar explique qu’ils “fonctionnent de manière ordinaire”, mais “tout ce qui était encore en route, notamment les projets en cours de signature ou en négociation, les partenaires étrangers tirent le frein à main  pour l’instant, et essayent de comprendre si le pays va rester stable à l’avenir”, a-t-il ajouté.

Pour l’ancien PDG de Sonatrach, les facilitations accordées par le nouveau management de Sonatrach aux investisseurs ne peuvent décider les potentiels partenaires à venir en Algérie. Tous sont dans l’expectative face à la situation exceptionnelle que vit actuellement l’Algérie.

Abdelmadjid Attar souligne, à cet effet, que le premier doute est lié au maintien ou non de leurs interlocuteurs à Sonatrach mais aussi à “la stabilité durable ou non du pays”.

“Il y a une certaine dynamique qui a été introduite dans l’activité des hydrocarbures mais maintenant elle dépend de l’évolution” de la situation, explique l’expert.

L’ancien ministre de l’Energie avait qualifié la suspension par ExxonMobil de la signature d’un accord préliminaire avec Sonatrach, en raison de la situation politique actuelle de l’Algérie, de fait “pas grave”.

ExxonMobil, relève-t-il, fait partie des entreprises qui hésitent, en raison de la crise politique que traverse l’Algérie, à s’engager dans de nouveaux projets et qui temporisent pour voir l’évolution de la situation dans le pays.

 

Source Huffpostmaghreb

International : Israël frappe Gaza après des jets d’engins explosifs

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Proche-OrientDes explosifs venant du côté palestinien ont déclenché le système d’alarme israélien samedi, provoquant une riposte de l’armée.

L’armée israélienne a indiqué dimanche avoir frappé des positions du mouvement islamiste Hamas. Elle a réagi au fait que des Palestiniens ont lancé des engins explosifs sur la barrière séparant Israël de l’enclave palestinienne.

Selon un communiqué, des Palestiniens ont lancé des engins explosifs sur la barrière de sécurité entre le territoire israélien et la bande de Gaza. L’un de ces engins a provoqué le déclenchement du système d’alarme dans le sud d’Israël tard samedi.

«En riposte aux multiples engins ayant explosé près de la barrière, lors des émeutes, la nuit, près de la frontière, les appareils israéliens ont ciblé deux postes d’observation du Hamas dans le sud de la bande de Gaza», précise le communiqué.

La bande de Gaza est le théâtre depuis mars 2018 de protestations hebdomadaires, généralement accompagnées de violences, le long de la barrière frontalière lourdement gardée par l’armée israélienne.

Bande de Gaza

L’envoi de cerfs-volants et de ballons dotés d’un rudimentaire dispositif incendiaire ou explosif a constitué l’un des aspects de la vaste mobilisation palestinienne. Israël a promis de riposter systématiquement.

Dimanche, le ministère gazaoui de la Santé a annoncé qu’un Palestinien, Habib al Masri, blessé lors des affrontements avec les troupes israéliennes, a succombé. Le ministère n’a pas précisé quand ce Palestinien avait été blessé.

Vendredi, deux Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens lors de heurts en deux endroits distincts le long de la frontière.

Au moins 258 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis mars 2018, la grande majorité le long de la frontière. Des autres ont perdu la vie dans des frappes israéliennes en représailles à des actes hostiles en provenance de l’enclave gouvernée par le mouvement islamiste Hamas.

Du côté israélien, deux soldats ont été tués depuis cette date. Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh a appelé à une large mobilisation le 30 mars. Il veut marquer le premier anniversaire du mouvement de contestation, contre le blocus israélien et pour le droit des Palestiniens à retourner sur les terres qu’ils occupaient avant la création d’Israël en 1948. Israël et le Hamas se sont livré trois guerres depuis 2008. (ats/nxp)

Source 24Heures

 

Mustapha Bouchachi: « Ce mouvement populaire n’a pas besoin de leader ni de porte-parole pour le moment »

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Un mois après le début du soulèvement populaire, l’avocat Mostefa Bouchachi, une des personnalités algériennes à faire le consensus en ce moment, affirme que “ce mouvement populaire structuré comme il est n’a pas besoin de leader ni de porte-parole pour le moment”.

 En robe noire avec ses collègues qui tenaient un nouveau sit-in devant la Grande Poste à Alger, affirmant leur ralliement au mouvement populaire, Me Bouchachi a rappelé que ce soulèvement est un soulèvement des jeunes Algériens. “Ce mouvement populaire, soutenu par les médecins, par les avocats, par les étudiants, par les magistrats, n’a pas besoin pour le moment de leader ni de porte-parole”. “Il se comporte très bien de façon pacifique à me rendre fier. Les Algériens qui habitent à l’étranger sont très heureux, Ils sont rentrés par centaines pour voir l’Histoire qui s’écrit une autre fois”, ajoute me Bouchachi.

L’avocat souligne que ces jeunes qui sont sortis ont réussi là ou sa génération avait échoué ” Ces jeunes-là, il ne faut pas leur voler leur manifestation. Cette révolution pacifique, ils sauront la faire. Les jeunes qui avaient fait la révolution en 1954, ils étaient plus âgés; ils avaient 27 ans mais ils ont réussi à faire une grande révolution. Notre jeunesse aujourd’hui saura le faire aussi”.

Me Mostefa Bouchachi reste convaincu que les manifestations pacifiques finiront par porter leurs fruits. Il évoque d’ores et déjà les débats corporatistes constructifs qui sont entrain de s’organiser dans les universités, dans les hôpitaux ou les tribunaux. “Quand ceux qui nous gouvernent se décideront à partir, nous saurons trouver la solution idoine”.

Me Bouchachi conclut son propos en insistant sur la patience et le caractère pacifique comme mode d’emploi du soulèvement populaire: “nous avons su patienter une vingtaine d’années, nous avons patienté lorsque le pays était géré par téléphone, nous saurons patienter jusqu’à ce que ceux qui gouvernent partent”.

 

Source Huffpostmaghreb
Par Rédaction du HuffPost Algérie

Algérie : Ce système d’airain que le peuple veut faire tomber

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Chaque vendredi depuis cinq semaines, des millions d’Algériens manifestent pour faire reculer le pouvoir. Davantage qu’un président, c’est tout un système que visent les immenses mobilisations pacifiques. Un souffle printanier, chaque fois plus fort dans les rues d’Alger et d’ailleurs, tente de balayer celui qui n’est plus le représentant du peuple mais du pouvoir. Un régime d’airain, aux mains d’un conglomérat politico-militaro-économique, quasi inamovible… mais pas sans failles ni contradictions, car traversé par des intérêts fortement divergents. Analyse et reportage.

En vingt ans de règne, le président Bouteflika a édifié un système politique hermétique, au fonctionnement opaque et quasi féodal. Il s’est entouré de fidèles et surtout d’obligés placés aux plus hauts postes et gracieusement servis par la redistribution de la rente pétrolière. Ceux-ci jouent leur survie et celle de leur fortune face à l’insurrection populaire de ces journées de mars.

Aujourd’hui, Bouteflika, avec sa garde rapprochée, finit retranché dans un bunker, après avoir empêché l’émergence de toute alternative. En refusant de faire jouer les habituels rapports de forces permettant de trouver une issue, il s’est mis lui-même dans l’impasse. Alors que le clan politicomilitaro- économique se fissure de toutes parts, la rue désormais a pris la main pour dégager « le système » et imposer sa solution. Revue de détail de cette galaxie en fin de vie.

FAMILLE ET APPARATCHIKS : PÔLE PRÉSIDENTIEL FRAGILISÉ

Le plus proche est le frère cadet Saïd, 62 ans, homme de l’ombre. Il est nommé conseiller spécial depuis l’AVC qui a affaibli son président de frère. Cet universitaire diplômé en sciences fut l’artisan du 4e mandat. On dit qu’il préside par procuration. Proche des milieux d’affaires qui ont cofinancé les campagnes électorales, Saïd Bouteflika a permis l’émergence d’un patronat organisé qui pèse dans les arcanes du pouvoir. Le « vice-roi », comme l’appellent les Algériens, compte parmi ses fidèles le milliardaire Ali Haddad, patron du premier groupe algérien de BTP et président du Medef algérien, le puissant Forum des chefs d’entreprise (FCE). Nacer, l’autre frère, se charge du suivi de l’administration centrale et des affaires courantes. Son ami Noureddine Bedoui, ancien ministre de l’Intérieur, vient d’être promu premier ministre.

Le cercle politique, outre les présidents du Sénat et du Conseil constitutionnel, est constitué des partis dits de l’Alliance présidentielle. Autour de l’inamovible Front de libération nationale (FLN), se sont greffés le néolibéral Rassemblement national démocratique (RND), d’Ahmed Ouyahia, expremier ministre qui vient d’être remercié, le TAJ, issu des islamistes, et le Mouvement pour l’Algérie (MPA), issu du mouvement démocrate kabyle (RCD).

Dernière carte jouée pour sauver le système : les diplomates chevronnés et respectés Ramtane Lamamra, 66 ans, et Lakhdar Brahimi, 85 ans. Anciens compagnons de route d’Abdelaziz Bouteflika, le premier est nommé vice-premier ministre et aux Affaires étrangères, le second, médiateur de l’ONU, pressenti pour présider une conférence nationale de transition, a décliné. Enfin, Abdelmadjid Sidi-Saïd, patron de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) depuis 1997, réputé alors à gauche, complète le tableau.

Ce front politico-syndical aux équilibres fragiles ne cesse de se fissurer. En août 2017, Ahmed Ouyahia, homme du sérail et des plans d’ajustement du FMI, succédait à Abdelmadjid Tebboune, qui commençait à vouloir s’attaquer à la corruption. Le secrétaire général de l’UGTA, lui, ne résiste pas au tsunami populaire. Il est de plus en plus isolé par sa base, des fédérations entières lui retirent sa confiance.

La défection la plus notable est venue de la vénérable et influente Organisation nationale des moudjahidine ou anciens combattants (ONM). Il y a peu, elle soutenait le chef de l’État, « le compagnon d’armes ». Mais, coup de semonce, le 5 mars, elle déclarait apporter son soutien au mouvement de contestation et dénonçait « des institutions loin d’être à la hauteur des aspirations légitimes du peuple ».

ARMÉE ET SERVICES DE SÉCURITÉ : LE NOEUD DE L’ÉDIFICE

Pilier du « système », l’armée fait et défait les présidents. Son pouvoir prend sa source dans le mouvement de libération nationale, au déclenchement de la lutte armée, le militaire ayant primé sur le politique. À l’indépendance, l’Armée de libération nationale est devenue Armée nationale populaire. Elle fut alors bâtisseuse et garante de la stabilité. Composée des diverses catégories de la société, elle est traversée par ses contradictions qu’elle a réussi à gérer tant bien que mal.

Du virage néolibéral des années 1980 sous Chadli Bendjedid, a émergé en son sein une nomenklatura. L’image de l’armée a commencé dès lors à se ternir, d’autant que, durant la décennie noire, elle a servi d’outil de répression. Il reste que, dans la population, elle jouit encore d’estime et de respect pour avoir éradiqué le terrorisme islamiste, protégé les frontières et restauré la sécurité. Ce corps militaire ne constitue pas un bloc homogène. C’est sans doute en son sein plus qu’ailleurs que se jouent les rapports de forces. Au prix de luttes intestines.

En 2013, le chef de l’État réforme le département des renseignements rattaché au ministère de la Défense pour le mettre sous la tutelle directe de la présidence de la République. Il nomme le général Ahmed Gaïd Salah chef d’état-major et viceministre de la Défense. Dernier rempart du bunker bouteflikien, ce militaire de 79 ans est une pièce maîtresse dans l’édifice du pouvoir. Surtout avec le limogeage, à l’été 2018, de huit généraux et officiers de haut rang proches des « janviéristes », qui avaient pris la décision en janvier 1992 d’interrompre le processus électoral, au lendemain de la victoire des islamistes. L’autre homme fort est le général major Athmane Tartag, chef des services secrets depuis 2015, réputé proche de Saïd Bouteflika. Il a succédé au puissant général Mediène, dit Toufik, qui avait régné sur la Direction des renseignements (DRS) depuis 1990.

Aujourd’hui, une faction de l’armée, opposée au 5e mandat, veut rester « fidèle au peuple ». Grâce à elle, pour le moment, les manifestations ne sont pas réprimées. L’emportera-t-elle face aux caciques ? À noter que l’armée bénéficie du premier budget de l’État algérien : 2,7 milliards de dollars en 2000 à 11 milliards en 2012. Entre 2006 et 2010, l’Algérie est devenue le 8e acheteur mondial d’armement.

PATRONAT ET HOMMES D’AFFAIRES RENTIERS : UNE CASTE ÉBRANLÉE PAR LES DIVISIONS

Une caste de patrons, capitaines d’industrie, s’est constituée entre 2002 et 2013, période faste pour l’économie de rente grâce à l’envolée des prix des hydrocarbures. La rente servant aussi, en partie, à une redistribution sociale pour « acheter » la paix civile. C’est ainsi que le clan Bouteflika a consolidé son emprise. Les nouveaux oligarques, bénéficiaires de l’ère des privatisations, sont restés dépendants de la commande publique, faute d’avoir réinvesti dans une économie productive. Ils ont créé le Forum des chefs d’entreprise (FCE), une association de 7 000 sociétés transformée il y a peu en syndicat que dirige le patron du BTP, Ali Haddad. Depuis le début de l’insurrection populaire, le FCE enregistre une cascade de démissions.

 

Source L’Humanité

Jeudi, 21 Mars, 2019
Par
 Latifa Madani

Un rapport «top secret» révèle les projets de Londres contre Kadhafi dans les années 1980

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En 1986, les autorités britanniques avaient un projet de riposte à une possible attaque libyenne contre Gibraltar, révèle The Times citant un rapport déclassifié. Le risque d’une frappe libyenne s’expliquait par le soutien de Londres aux bombardements de Tripoli et Benghazi menés par les États-Unis.

Le ministère de la Défense britannique se préparait à une possible attaque de la Libye contre Gibraltar en riposte au soutien de Margaret Thatcher aux bombardements de Tripoli et Benghazi en 1986, révèle The Times se référant à un document déclassifié.

«À la suite des actions militaires américaines contre la Libye, il y a un risque accru d’attaque libyenne contre des cibles britanniques», peut-on lire dans ce document auparavant classé comme «top secret».

Selon le rapport, les autorités britanniques estimaient que la Libye pouvait utilisait ses bombardiers Tu-22 livrés par l’URSS afin de frapper Gibraltar avec cinq bombes de 1.000 kilogrammes. Elles ont autorisé l’interception de tout avion «suspect» s’approchant de Gibraltar.

À cette fin, la Royal Air Force y a déployé un avion d’interception Phantom ainsi que des systèmes de missiles sol-air Rapier.

Londres avait également peur que Gibraltar ne soit visé par un attentat. D’après le rapport cité par The Times, «différentes organisations terroristes en Espagne» étaient «liées à la Libye». C’est pourquoi, un contrôle plus strict a été introduit à l’égard des populations nord-africaines en provenance du Maroc.

Le 15 avril 1986, Washington a effectué une série de frappes aériennes en Libye, ciblant notamment la résidence de Mouammar Kadhafi à Tripoli. Environ 60 militaires et civils libyens ont été tués dans ces attaques.

Il s’agissait d’une riposte des États-Unis à l’attentat dans le club La Belle, à Berlin-Ouest, le 5 avril 1986. Le Président Ronald Reagan avait alors accusé la Libye de cet attentat qui a fait trois morts dont deux militaires américains. À l’époque, Tripoli a démenti son implication dans cette attaque mais a payé en 2008 une indemnisation aux familles des victimes américaines afin de normaliser ses relations avec Washington.

 

Source Sputnik

Les USA cherchent à imposer un «blocus économique complet au Venezuela»

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Les sanctions imposées par les États-Unis à la Banque de développement économique et social du Venezuela (BANDES) font partie de la politique de Washington visant à instaurer un blocus économique à ce pays d’Amérique latine, a déclaré à Sputnik David Paravisini, membre de l’Assemblée nationale constituante du Venezuela.

La décision de Washington d’introduire des sanctions à l’encontre de la Banque de développement économique et social du Venezuela (BANDES) s’inscrit dans la politique des États-Unis dont le but est d’«imposer un blocus économique complet au Venezuela», a précisé à Sputnik David Paravisini, membre de l’Assemblée nationale constituante du Venezuela.

«Le gouvernement des États-Unis continue d’élargir l’ensemble de mesures restrictives visant à imposer un blocus économique complet au Venezuela, comme il l’a fait dans le passé avec d’autres pays», a déclaré M.Paravisini.

Pour celui-ci, il est logique que Washington ait pris une telle décision après «l’échec de plusieurs mesures agressives à l’égard du Venezuela».

«Il s’agit notamment de la livraison de l’aide humanitaire, de la panne d’électricité dans le pays et de la menace d’invasion militaire qui existait à un moment donné», a-t-il expliqué.

David Paravisini n’a pas exclu qu’à l’avenir les États-Unis pourraient introduire de nouvelles sanctions à l’encontre du Venezuela, lesquelles empêcheraient le rétablissement de la croissance économique dans le pays.

«Les conséquences de ces mesures [restrictives, ndlr] sont aggravées par le fait que les entreprises collaborant avec le Venezuela ont eu des difficultés à encaisser des chèques dans un contexte de blocus presque planétaire », a ajouté Paravisini.

Le 22 mars, Washington a annoncé des sanctions économiques à l’encontre de la Banque de développement économique et social du Venezuela et de quatre de ses filiales pour leur soutien à Nicolas Maduro, et a exigé la libération de proches de Juan Guaido.

 

Source Sputnik

Trump: «Il est l’heure» pour les USA de reconnaître le Golan comme partie d’Israël

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Sur son fil Twitter, le chef de la Maison-Blanche a jugé nécessaire pour les États-Unis de reconnaître la souveraineté israélienne sur les hauteurs du Golan.

L’heure est venue pour Washington de reconnaître le plateau du Golan en tant que partie de l’État d’Israël, a estimé jeudi le Président américain Donald Trump sur sa page Twitter.

«52 ans après, il est l’heure pour les États-Unis de reconnaître la souveraineté d’Israël sur les hauteurs du Golan qui sont d’une importance stratégique essetielle pour la sécurité de l’État d’Israël et la stabilité régionale!», a lancé le leader américain.

Ces déclarations font suite au récent appel du chef du gouvernement hébreu Benjamin Netanyahou, qui a invité la communauté internationale à reconnaître l’emprise israélienne sur le Golan. En réaction au message de M.Trump, le Premier ministre israéien a remercié le Président US pour son acte «courageux», également sur Twitter.

L’administration états-unienne vient de modifier la dénomination du Golan syrien dans ses documents officiels: désormais, les USA considèrent la région comme «contrôlée» et non plus «occupée» par Israël. Certains observateurs ont interprété ce glissement sémantique comme le prélude à une reconnaissance par Washington de la souveraineté israélienne sur le Golan.

Depuis 1967, Israël occupe quelque 1.200 km2 du plateau du Golan qui appartenait à la Syrie avant la guerre des Six Jours. En 1981, le parlement israélien a adopté la Loi sur les hauteurs du Golan, proclamant unilatéralement la souveraineté de l’État hébreu sur ce territoire.

Le Conseil de sécurité de l’Onu a qualifié cette annexion d’illégale par sa résolution 497 adoptée le 17 décembre 1981. Environ 510 km2 du plateau du Golan restent sous le contrôle du gouvernement syrien.

 

Source Sputnik