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mercredi 18 juin 2025
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Ordinateurs, smartphones : comment les écrans abîment notre santé

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Ordinateur enfants
Image par StartupStockPhotos de Pixabay

Ordinateur, smartphone, télévision : notre quotidien est marqué par une exposition excessive au numérique. Mais à quel prix ? Fatigue visuelle, douleurs cervicales, troubles du sommeil… Les experts alertent sur un véritable enjeu de santé publique, pourtant encore peu pris au sérieux.

En quelques décennies, les écrans sont devenus omniprésents dans notre quotidien. Envoyer des SMS, regarder la télévision, surfer sur les réseaux sociaux, l’usage des écrans se retrouve partout. Au travail, une enquête de l’Insee et la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail) a démontré que 79% des salariés français utilisaient l’informatique dans leur travail en 2019.

Une hyperconnexion qui inquiète de nombreux experts et scientifiques qui alertent sur l’apparition de pathologies spécifiques liées à cette surconsommation d’écrans. Entre mauvaise posture et fatigue visuelle, le sujet peine pour autant à devenir un vrai enjeu de santé publique.

Le syndrome de déficience numérique, conséquence de l’exposition aux écrans

« On a vraiment constaté qu’il y a énormément de myopes chez les jeunes, beaucoup plus qu’avant. Quand vous regardez un écran à 30 ou 20 centimètres toute la journée, votre œil devient myope, car il voit mieux de près. » Ophtalmologue depuis 35 ans à Paris, la docteur Petra Kunze alerte sur l’aspect nocif des écrans, au point de coécrire un livre à ce sujet : Mon écran et moi, stop à la fatigue. Cette « épidémie » de myopie évoquée par le docteur est la conséquence d’un usage des écrans dès le plus jeune âge. Alors que l’œil est en croissance jusqu’à 25 ans, la vue d’un écran chez de jeunes enfants va avoir pour conséquence que « l’œil s’adapte à cette distance et devient myope. »

Les problèmes de vue liés aux écrans ne touchent pas pour autant que les enfants. La lumière bleue émise par ces derniers agresse la rétine, d’où l’explosion des ventes de lunettes anti-lumière bleue. Un produit qui ne fait pourtant pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique.

Mais l’un des symptômes les plus fréquents reste celui de l’œil sec. Ne vous est-il jamais arrivé de vous frotter les yeux à force d’être sur un écran ? En effet, « quand on regarde un écran, on oublie un peu de cligner des yeux, on est dans le feu de l’action, on ouvre grand les yeux et on ne cligne pas assez. On est complètement accaparé et la surface oculaire devient sèche », explique Petra Kunze qui recommande de mettre des gouttes pour les yeux lorsque cette sensation se manifeste. Une utilisation néfaste des écrans qui provoque une explosion des cas de DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) selon l’experte.

La situation est telle qu’en 2007, le « syndrome de déficience numérique » a été identifié. Un syndrome qui découle de la fatigue visuelle des yeux sursollicités par l’usage intensif des écrans au quotidien. L’évolution du numérique et de notre consommation toujours plus longue affectant significativement notre santé visuelle, mais aussi notre posture.

« Les problèmes de colonne vertébrale, c’est le mal du siècle »

En 2019, une étude sur les méfaits liés au travail sur écran a donné naissance à Emma. Un mannequin aux yeux rouges, de l’eczéma, des varices et un dos plus que courbé. Partenaires de cette initiative, le groupe Néo Forma souhaite interpeller sur les conséquences de plusieurs décennies assis sur un bureau peu ergonomique.

Créé pour lutter contre les douleurs au travail, par le biais de formations en présentiel avec des ostéopathes, Néo Forma fait aussi des consultations d’ostéopathie en entreprise. « Ce qu’on dit, c’est que les problèmes de colonne vertébrale, c’est le mal du siècle », annonce Alban Jourdet, ostéopathe et directeur du développement chez Néo Forma. Depuis plusieurs années, il constate une augmentation des douleurs musculo-squelettiques, liées à la sédentarisation du travail et à l’explosion du télétravail. « Les gens restent dans leur canapé ou mal installés chez eux. Au travail, on peut être dans une mauvaise position prolongée. Ces dernières années, on retrouve beaucoup de douleurs cervicales. La majorité des cas sont des cervicalgies. Il y a aussi beaucoup de lombalgies, des douleurs au niveau des vertèbres lombaires », alerte l’ostéopathe.

Un autre syndrome qui s’ajoute à une liste déjà longue, c’est celui du « text-neck » (nuque cassée vers l’avant). Un syndrome qui englobe toutes les maladies cervicales liées à l’utilisation intensive du téléphone portable et une mauvaise position du cou lors du travail. « On a toujours la tête qui est inclinée et en fonction du degré d’inclinaison, votre tête pèse plus lourd. Le fait d’être toujours sur son téléphone portable vient créer des douleurs cervicales, des hernies ou encore de l’arthrose », selon Alban Jourdet.

Des gestes simples pour éviter les complications

Au travail, « la chose la plus importante, c’est de ne pas rester plus d’une heure sans bouger. Par exemple, en se levant, si on a un coup de téléphone, si on a quelque chose à dire à un collègue, on se déplace plutôt que de lui écrire un mail. Il faut vraiment favoriser le mouvement parce que c’est ça qui va stimuler la circulation sanguine et donc envoyer l’oxygène et tous les bons nutriments aux muscles et aux organes. Il y a autre chose aussi qui est très important : boire régulièrement », conseille Alban Jourdet.

Pour l’ophtalmologue Petra Kunze, la règle du 20-20-20 est une solution très intéressante. C’est-à-dire regarder un objet à 20 pieds (6 mètres) pendant 20 secondes toutes les 20 minutes. « Ce qui est très important pour les yeux, c’est de ne pas regarder toujours à la même distance », explique-t-elle.

Si le docteur préconise aussi le fait de bouger et de faire des pauses, elle pointe également l’importance des vitamines : « Quand vous passez la journée sur un écran, vous êtes un sportif des yeux. Il ne faut pas manquer de vitamine D, de vitamine C et de magnésium. » Sans oublier un fléau qui touche de nombreux jeunes : la dépendance aux écrans avant le sommeil. La plupart des ophtalmologues recommandent de bannir les écrans au moins une heure avant de dormir. « Avec les écrans, il y a plein de stimulations visuelles et sensorielles. Tout ça, ça réveille. C’est comme une drogue. »

Des initiatives politiques… sans effets concrets

Pour le Dr Petra Kunze, la France accuse un retard en matière d’ergonomie et de prévention, notamment dès l’école. « On n’apprend pas aux enfants à préserver leurs yeux, l’importance des lunettes, de la vitamine D ou les dangers de la lumière bleue », regrette-t-elle. Même constat pour Alban Jourdet de Néo Forma, qui souligne le manque d’application des formations obligatoires en entreprise sur les gestes et postures pour les travailleurs sur écran. « Tout le monde ne le fait pas, et personne ne vient leur chercher des poux », déplore-t-il.

Aujourd’hui, les maladies liées aux écrans restent un enjeu de santé publique largement sous-estimé. Malgré plusieurs propositions de lois pour réguler l’accès aux écrans des jeunes enfants, aucune n’a été inscrite au Journal officiel. « Une proposition de loi prévoyait notamment que soient mentionnés sur les emballages les risques d’un usage excessif des outils numériques pour la santé des jeunes enfants. Le lobbying des industriels fait partie des freins », selon Servane Mouton, neurologue et neurophysiologiste spécialisée dans les troubles des apprentissages scolaires.

RFI

L’humiliation : dernier vestige de la Françalgérie ?

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Françafrique

Il fut un temps où la France menait la guerre en Algérie avec des balles, des bombes et des camps de torture. Aujourd’hui, elle la mène avec des visas refusés, des déclarations condescendantes et des provocations bien pesées. Les méthodes ont changé, mais l’objectif semble toujours le même : rappeler, subtilement ou brutalement, qui a dominé qui.

L’humiliation, cet art délicat que la diplomatie française semble maîtriser à la perfection, est sans doute le dernier vestige tangible de la Françalgérie. Débarrassée de ses casernes coloniales mais pas de ses réflexes impériaux, la République se plaît à rappeler à son ancienne colonie que l’indépendance est un concept… à géométrie variable. On ne tire plus sur le FLN, mais on réduit les visas des étudiants algériens. On ne capture plus les maquisards, mais on instrumentalise la mémoire coloniale au gré des intérêts électoraux. On ne pille plus les ressources, mais on snobe les demandes d’excuses officielles comme on refuse l’entrée à des ministres algériens.

Cette logique s’inscrit dans une longue tradition de tensions entre les deux pays, où chaque avancée est suivie d’un recul. En 2017, Emmanuel Macron avait qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité », suscitant l’espoir d’une reconnaissance plus franche.

Mais les années suivantes ont montré les limites de cette démarche, avec des excuses partielles et des silences calculés sur certaines exactions françaises. En 2021, la commission Stora recommandait des gestes de réconciliation, mais les excuses officielles restaient un tabou. En 2025, la situation reste identique : des mots, des promesses, mais jamais l’acte qui scellerait une véritable reconnaissance.

De son côté, Alger ne se laisse pas faire. L’Algérie d’aujourd’hui a les moyens de répondre coup pour coup, et elle le fait avec un art tout aussi consommé du bras de fer symbolique. Expulsions en représailles, blocages diplomatiques, alliances stratégiques avec des puissances concurrentes de la France…

C’est un duel où chaque partie s’accroche à sa fierté blessée. La Françalgérie est officiellement morte, mais son fantôme continue d’errer, alimenté par un mélange de rancune historique et de mépris réciproque.

Le dernier épisode en date ? La reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, un coup de poignard diplomatique pour Alger. Un geste qui montre que Paris, loin de jouer l’apaisement, sait encore raviver les plaies quand cela l’arrange. Et que dire du tollé provoqué par la récente réduction drastique des visas accordés aux Algériens ? Un simple levier diplomatique, nous dit-on à Paris.

Une humiliation de plus, répond-on à Alger. L’expulsion en janvier 2025 de plusieurs journalistes français sous prétexte d’ »ingérence » dans les affaires internes algériennes est venue en écho à cette guerre froide diplomatique.

Les tensions ne s’arrêtent pas là. En février 2025, des déclarations du ministre français de l’Intérieur sur la nécessité de « réviser » les accords d’immigration avec l’Algérie ont ravivé le sentiment d’humiliation nationale. En parallèle, Alger intensifie sa coopération avec Moscou et Pékin, affichant une volonté claire de s’éloigner de l’influence française. Les investissements chinois dans les infrastructures algériennes et les ventes d’armes russes ont donné des sueurs froides à l’Élysée, qui voit son influence s’éroder progressivement.

L’humiliation est-elle alors la seule chose qui reste à la France pour asseoir son influence en Algérie ? À force d’alterner entre gestes d’apaisement et coups de boutoirs, Paris semble coincé dans un entre-deux : trop nostalgique pour traiter Alger d’égal à égal, mais trop affaibli pour imposer son diktat comme au bon vieux temps. Pendant ce temps, l’Algérie, consciente de son poids géopolitique grandissant, joue la carte de l’affrontement symbolique, s’érigeant en rempart contre une arrogance française jugée insupportable.

Jusqu’à quand ce jeu d’humiliations mutuelles ? Peut-être jusqu’à ce qu’une des deux parties, lassée du théâtre, décide enfin d’écrire un nouveau chapitre. Ou peut-être pas. Après tout, la Françalgérie est peut-être finie, mais l’humiliation, elle, semble éternelle. Comme le disait Paul Valéry : « La guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. » Sauf qu’ici, ce n’est plus une guerre, juste une habitude bien ancrée.

 Dr A. Boumezrag

Porto tiède et chorba brûlante : rupture du jeûne… ou du dialogue ?

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Macron

Il est 19h à Alger, le premier jour du Ramadan touche à sa fin. Dans chaque foyer, la chorba fume, symbole de chaleur, de réconfort et de tradition. À Porto, quelques heures plus tôt, le président français Emmanuel Macron a pris la parole, en direct du Portugal, pour évoquer l’état des relations entre la France et l’Algérie

Les déclarations étaient tout aussi brulantes que la soupe de Ramadan, mais dans un autre registre : un mélange de prudence, d’appels à la réconciliation, mais aussi de mises en garde. En substance : l’Algérie doit réengager un travail « de fond » sur les sujets de l’immigration et des droits de l’homme. Pas de rupture nette, mais un appel à plus de coopération, à un réajustement des relations. Voilà qui pourrait sonner comme une invitation à poser la cuillère et revenir à la table… sauf qu’à Alger, ce genre de message ne se reçoit jamais aussi tranquillement.

Un dialogue sur le fil du rasoir

La veille alors qu’il se trouve en visite officielle au Portugal, Emmanuel Macron s’est exprimé sur la relation franco-algérienne en des termes à la fois mesurés et directs. Il a appelé à « réengager un travail de fond » avec l’Algérie pour surmonter les tensions actuelles, particulièrement autour de la question de l’immigration et des droits de l’homme. À ce propos, il a souligné l’importance des accords bilatéraux, tout en mettant en garde contre les « jeux politiques » et l’usage de l’armoire à contentieux à des fins internes. La France, selon Macron, ne peut pas ignorer la question de la coopération sur les migrants, mais elle attend aussi un engagement plus fort de la part de l’Algérie sur la question des libertés et des droits humains.

Le timing, évidemment, n’est pas anodin. La France, en proie à des vagues d’attentats et de tensions internes, cherche à stabiliser sa politique migratoire, et l’Algérie reste un partenaire clé dans cette gestion. Mais la réponse algérienne, bien que modérée, n’a pas tardé à faire comprendre qu’on ne parle pas impunément du retour des « indésirables » sans que le sujet ne soit traité avec la déférence qu’il mérite.

Une rupture… de façade ?

En dépit des tensions, il y a une constante dans la relation franco-algérienne : la nécessité de maintenir un dialogue. Les deux pays, malgré leurs divergences, n’ont guère le luxe de s’ignorer. Le gaz algérien, la lutte contre le terrorisme et les enjeux migratoires font de l’Algérie un partenaire stratégique dont la France ne peut se passer. Mais, bien que les deux présidents évoquent des « avancées » et des « compromis », il est évident que la confrontation de fond sur les mémoires coloniales, les droits humains et les questions économiques sous-jacentes demeure.

Au cœur de cette tension, les accords de 1994 sur les expulsions et le contrôle migratoire sont devenus un point de friction supplémentaire. La France veut que l’Algérie accepte d’en reprendre plus largement ses ressortissants en situation irrégulière, mais l’Algérie, de son côté, réaffirme qu’il s’agit d’une question qui dépasse la simple gestion administrative et qu’elle est politisée. Le nombre d’expulsions de ces dernières années ne cesse de faire monter la pression sur le terrain.

L’éternel revient du même

Alors, cette fois-ci, y at-il une rupture, ou bien ce n’est véritablement encore qu’un autre tour de la danse des relations franco-algériennes ? La question se pose, mais la réponse semble évidente : l’histoire se répète. Les échanges sont accrochés à une corde fragile, un équilibre tenu entre tension et coopération. Après chaque crise, les deux pays se retrouvent à la table de négociation, conscients de leurs interdépendances, mais toujours figés dans une sorte de danse sans fin.

Macron parle de réconciliation, mais ses propositions restent un appel à l’action. Il insiste sur la nécessité de dépasser les rancunes et les clivages, de « tourner la page ». Mais, à Alger, on attend toujours un geste plus significatif, plus profond, un engagement plus clair sur la reconnaissance des blessures du passé.

Comme le disait Nietzsche : « L’histoire est un éternel retour : on croit avancer, mais on tourne en rond. »

Peut-être qu’un jour, la France et l’Algérie se quitteront enfin ce cercle vicieux, mais ce jour ne semble pas encore arrivé. En attendant, le vin reste tiède, la soupe brûlante, et les débats, eux, continuent sans fin.

Dr A. Boumezrag

Alger-Rome : une idylle au goût pétrolier, un divorce au parfum colonial

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Tebboune et Meloni

L’amour a ses raisons que la diplomatie ignore. Hier encore, Paris et Alger jouaient au couple maudit, unis par un passé trop lourd et des rancunes tenaces. Mais tandis que la France s’obstine à ressasser son roman national, l’Italie, elle, a su murmurer les mots qu’il fallait à l’oreille d’Alger.

Les Italiens ne parlent pas de visas, ils parlent de gaz. Ils ne ressassent pas la mémoire, ils signent des contrats. Pendant que Paris s’étrangle dans ses discours moralisateurs, Rome se faufile dans les bonnes grâces d’Alger à coups d’accords énergétiques et d’investissements stratégiques. Car oui, en géopolitique comme en amour, il faut savoir flatter avant de demander.

Historiquement, l’Italie et l’Algérie ont entretenu des relations relativement neutres, voire amicales, notamment depuis l’époque de la décolonisation. Contrairement à la France, qui n’a jamais vraiment su faire le deuil de son empire, l’Italie n’a jamais eu à gérer un passif aussi pesant avec Alger. Dans les années 1960, Rome a été l’un des premiers partenaires européens à reconnaître l’Algérie indépendante et à nouer des liens économiques solides, notamment dans le domaine des hydrocarbures.

Plus récemment, avec la crise énergétique exacerbée par la guerre en Ukraine, l’Italie a su tirer son épingle du jeu. Alors que la France multipliait les maladresses diplomatiques, entre discours moralisateurs et tensions mémorielles, Giorgia Meloni, présidente du Conseil italien, a mis en place une stratégie pragmatique. En 2022 et 2023, elle a signé une série d’accords avec Alger pour faire de l’Italie le principal hub gazier de l’Europe du Sud, renforçant ainsi la coopération entre les deux pays et marginalisant un peu plus Paris.

C’est ainsi que Giorgia Meloni, loin de la rigidité d’une ex-puissance coloniale, a su s’imposer là où Emmanuel Macron s’est embourbé. Un sourire, quelques poignées de main fermes, et surtout une bonne dose de pragmatisme : l’Italie veut du gaz, l’Algérie veut des partenaires fiables. Qu’à cela ne tienne, les pipelines se rempliront d’hydrocarbures pendant que les diplomates parisiens rempliront leurs discours d’indignations feintes.

Il faut dire que la France a trop longtemps traité l’Algérie comme une province ingrate qui devrait, par reconnaissance éternelle, continuer à s’approvisionner en nostalgie plutôt qu’en perspectives. Mais voilà, le monde a changé. Les hydrocarbures valent plus que les regrets, et la realpolitik finit toujours par dépasser la rhétorique des regrets sélectifs.

Résultat ? Paris boude, Rome encaisse. Pendant que la diplomatie française tente de recoller les morceaux d’une relation fracturée par les malentendus historiques, l’Italie, elle, s’offre une lune de miel algérienne sans complexes ni leçons de morale. Une histoire d’amour qui sent bon le gaz naturel et l’intérêt bien compris.

Pendant que l’Europe grelotte et que Paris tente d’improviser un pas de danse sur un tapis qu’on lui tire sous les pieds, Rome, elle, savoure le confort d’un bon chauffage hivernal. Comme quoi, en diplomatie comme en amour, ce ne sont pas toujours les plus bruyants qui s’en sortent le mieux.

Finalement, l’Histoire ne change jamais vraiment, elle se recycle simplement sous de nouveaux costumes. Comme le disait si bien Talleyrand : « Quand c’est urgent, c’est déjà trop tard. »

Dr A. Boumezrag

Abdullah Öcalan, le chef kurde, appelle à la dissolution du PKK

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Abdullah Öcalan
Abdullah Öcalan, icône kurde

Dans une déclaration lue par des députés kurdes qui lui ont rendu visite jeudi 27 février dans sa prison au large d’Istanbul, le fondateur et chef historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, a appelé à la dissolution du mouvement armé. Il a également appelé les hommes du PKK à déposer les armes. 

C’est historique pour les combattants kurdes en lutte pour leur indépendance. Dans ce message très attendu, Abdullah Öcalan, 75 ans, indique répondre ainsi aux autorités turques et aux « autres partis » au terme d’un processus initié à l’automne par le principal allié du président Recep Tayyip Erdogan, le nationaliste Devlet Bahceli. « L’appel lancé par M. Devlet Bahceli, ainsi que la volonté exprimée par M. le Président, ainsi que les réponses positives des autres partis politiques à cet appel, ont créé un environnement dans lequel je lance un appel au dépôt des armes et j’assume la responsabilité historique de cet appel », indique le leader kurde.

« Comme le ferait toute organisation ou parti moderne dont l’existence n’a pas été abolie par la force, convoquez votre congrès et prenez votre décision: tous les groupes doivent déposer les armes et le PKK doit se dissoudre », conclut-il. Ce message, attendu depuis des semaines, a été lu en kurde puis en turc devant une foule compacte de journalistes réunis dans un hôtel du centre d’Istanbul, devant une large photo montrant le chef historique du PKK, les cheveux blanchis, une feuille blanche en main.

Dans une note dévoilée à l’issue de cette lecture par un autre député du DEM, Abdullah Öcalan souligne toutefois que son appel nécessite « la reconnaissance de la politique démocratique et une dimension juridique ». C’est un message pour les autorités turques. Tous les regards sont aussi tournés vers le PKK, rapporte notre correspondante en Turquie, Anne Andlauer. Ces derniers mois, les chefs militaires du groupe, installés dans le nord de l’Irak, se sont plusieurs fois dits prêts à obéir aux instructions d’Abdullah Öcalan tout en réclamant, en échange, de pouvoir communiquer directement avec lui. Les autorités turques n’ont rien promis publiquement à ce sujet.

Le président de la région autonome du Kurdistan d’Irak, Nechirvan Barzani, a salué jeudi l’appel du chef PKK. « Nous accueillons chaleureusement le message d’Öcalan (…) et nous appelons le PKK à s’y conformer et à le mettre en œuvre. Nous, dans la région du Kurdistan, soutenons pleinement le processus de paix », a-t-il dit.

Le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS) Mazloum Abdi, dominées par les Kurdes, a, lui, salué « cette initiative de manière positive car il s’agit de paix ». En revanche, il a déclaré que les forces kurdes de Syrie n’étaient pas concernées par l’appel à déposer les armes. Selon lui, la demande du chef du PKK « le concerne lui et ne concerne pas nos forces ».

« Détermination » à tourner la page de la lutte armée

Le PKK est en lutte armée depuis des années contre le pouvoir en Turquie. Il est classé comme un groupe terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux – États-Unis, Union européenne ou encore Royaume-Uni -. De son côté, le dirigeant et fondateur Abdullah Öcalan, arrêté en 1999 lors d’une opération digne d’un film hollywoodien menée par les forces de sécurité turques au Kenya après des années de cavale, purge une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle dans l’île-prison turque d’Imrali.

Abdullah Öcalan, 75 ans, avait exprimé lors de précédentes rencontres avec des députés prokurdes sa « détermination » à tourner la page de la lutte armée. « Si les conditions se présentent, j’ai le pouvoir théorique et pratique de transférer le conflit du terrain de la violence au terrain juridique et politique », avait-il assuré fin octobre à l’un de ses interlocuteurs.

Ses deux précédents appels à la trêve, au début des années 2000 puis en 2013, avaient fait long feu, cédant la place à des flambées de violence. « Des millions de personnes prient pour une solution », a affirmé mardi le vice-président du DEM, Tuncer Bakirhan.

« Respecter les droits culturels et démocratiques des Kurdes de Turquie »
Dans un communiqué, le ministère allemand des Affaires étrangères a salué jeudi l’appel d’Abdullah Öcalan, le qualifiant de « chance historique ». « Mettre fin à la violence est une première étape importante, mais d’autres étapes sont nécessaires sur la voie d’une solution viable pour les habitants de la Turquie. Cela implique notamment de respecter et de garantir les droits culturels et démocratiques des Kurdes de Turquie », a ajouté le ministère dans un communiqué.

Cet appel est une « lueur d’espoir » pour la paix, a salué jeudi le secrétaire général de l’ONU, cité par son porte-parole. Antonio Guterres « salue cet important développement. Cela représente une lueur d’espoir qui pourrait mener à la résolution d’un conflit de longue durée », a déclaré Stéphane Dujarric à la presse.

Abdullah Öcalan, icône kurde par-delà les barreaux

Ennemi public numéro 1 et terroriste pour Ankara, héros de la résistance et figure incontestée de la cause kurde – cette minorité trans-étatique opprimée au Moyen-Orient – Abdullah Öcalan, continue à presque 76 ans et malgré son isolement sur l’île prison d’Imrali d’incarner les espoirs d’émancipation des Kurdes.

Issu d’une famille paysanne, originaire d’un village à la frontière syrienne, Öcalan s’engage à l’extrême gauche pendant ses études en sciences politiques à Ankara, ce qui lui vaut dès 1972 un 1er séjour en prison.

À 29 ans, il fonde le PKK, un parti marxiste-léniniste. Dans les années 80, fuyant la répression brutale qui suit le coup d’État militaire, il se réfugie en Syrie puis opte pour la lutte armée. Durant 4 décennies, l’insurrection coûtera la vie à plus de 40 000 personnes, civils et militaires confondus. En fuite et traqué en Europe, Öcalan est finalement capturé par les services secrets turcs à Nairobi au Kenya.

26 ans après son emprisonnement à vie, dépeint par la Turquie comme le cerveau d’une menace existentielle contre l’unité nationale, Abdullah Öcalan a renoncé au fil des ans à un État kurde indépendant pour prôner une autonomie politique au sein de la Turquie.

Avec RFI

Libye : que va faire Khalifa Haftar à Paris ?

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Macron Haftar

Le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est de la Libye, était hier, 26 février, à l’Élysée. La présidence française n’a pas fait de commentaires sur cette visite. C’est le commandement général de l’Armée nationale libyenne qui l’a annoncée, évoquant une visite officielle.  

Cette rencontre marque la fin d’une période de refroidissement entre Paris et Benghazi. Elle intervient juste après le retour du président français des États-Unis et sa rencontre avec Donald Trump.  

Selon certaines sources, la présence russe en Libye a été au cœur des discussions, ainsi que les récents accords militaires entre l’Est libyen et la Biélorussie. Cette présence militaire russe s’est renforcée depuis les changements stratégiques opérés en Syrie en décembre dernier.  

Le communiqué publié depuis Benghazi précise que les échanges ont porté sur « les pistes de coopération qui servent les intérêts communs ». Côté libyen, on rapporte que le président Emmanuel Macron a souligné le « rôle clé » du maréchal Haftar « dans le processus politique », saluant les efforts des forces armées pour maintenir la sécurité et la stabilité en Libye.

Le pays s’apprête à désigner un gouvernement unifié pour sortir du chaos et ouvrir la voie aux élections générales tant attendues.  

La France demande la libération d’un opposant nigérien  

La question de l’opposant nigérien Mahmoud Sallah, arrêté dimanche 23 février par les forces de Haftar dans le sud libyen, a également été abordée.  

Selon le média libyen Fawasel, qui cite une source militaire proche de Khalifa Haftar, la France aurait demandé sa libération et s’opposerait à son extradition vers la junte militaire au pouvoir au Niger.  

Les discussions ont également porté sur des questions stratégiques, notamment la possibilité d’une présence française sur la base militaire de Louig, située à l’extrême sud de la Libye, à la frontière avec le Niger, une option souhaitée par Paris.

RFI

Karim Tabbou met le ministre de la Justice devant ses responsabilités

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Karim Tabbou

Karim Tabbou, porte-parole de l’Union démocratique et sociale (UDS, non reconnu par le pouvoir), a rendu public un communiqué sur les réseaux sociaux dans lequel il s’adresse au ministre de la Justice et lui rappelle ses responsabilités et ses déclarations.

J’ai accompli hier le lundi 24 février 2025 l’obligation de signature sur le registre de mon contrôle judiciaire au niveau de la caserne relevant de la sécurité intérieure.

Ce contrôle judiciaire, outre son caractère injuste et injustifié, sert de moyen de pression contre les militants pour tenter de les faire renoncer à leur combat.

Un chantage judiciaire qui apporte la preuve que la justice a cessé de servir le Droit, reléguée à un simple instrument de manipulations politiciennes.

Les propos cyniques du ministre de la Justice devant les députés, menaçant d’utiliser son épée qu’il a décrite comme étant tranchante contre les citoyens et les militants politiques achèvent d’apporter la preuve de cette instrumentalisation.

La question se pose : contre qui cette épée sera-t-elle utilisée et sur qui sera-t-elle si tranchante ?

Contre des citoyens qui expriment leurs opinions sur les réseaux sociaux !

En tant que citoyen algérien, vivement préoccupé par la situation politique de mon pays et inquiet de l’avenir de ses enfants, je m’élève contre ces propos et regrette le caractère excessif et surtout accusateur du discours du ministre de la Justice.

Monsieur le ministre,

Vos propos sont allés au-delà de vos attributions légales. Ils confondent entre les plaidoiries d’un procureur lors des sessions criminelles et le discours d’un ministre devant une assemblée nationale censée, pourtant, être l’instance représentative du peuple !

Dans les pays démocratiques, lorsqu’un ministre est invité à répondre aux questions des députés – représentants du peuple –, il doit impérativement respecter la loi, se limiter à ses seules attributions légales et à faire preuve de retenue !

Votre discours ne fait que confirmer la justesse de notre combat en faveur d’un État de droit et d’une justice indépendante.

Il est plus qu’impératif que la justice se soustrait à cette conception erronée du droit et que cessent ces allures de potentat et cette paranoïa confondant le « moi » avec l’Etat et faisant de l’abus une preuve d’une prétendue fermeté et de l’élévation de la voix une attestation de courage !

La science juridique est si complexe et l’univers du droit si vaste qu’il a fallu des siècles aux penseurs pour théoriser les nobles valeurs humaines et les transformer en codes et lois capables d’assurer la justice et le bonheur de l’humanité !

La science juridique est loin d’être une simple conversation de comptoir. C’est un concentré de sciences : sociologie, histoire, philosophie, anthropologie, politique, etc.

Concernant ces propos du ministre de la Justice

  • 𝗣𝗿𝗲𝗺𝗶𝗲̀𝗿𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, Monsieur le ministre doit savoir que fondamentalement la loi n’est pas une arme ; elle est l’expression de la volonté du peuple, l’outil essentiel qui permet d’organiser au mieux la vie publique et d’assure la protection des droits des citoyens. Elle ne peut en aucun cas être un instrument de répression utilisé pour faire taire les voix et restreindre les libertés.
  • 𝗗𝗲𝘂𝘅𝗶𝗲̀𝗺𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, Monsieur le ministre doit comprendre que lorsqu’un pouvoir menace d’utiliser la « loi » comme une arme contre la libre expression politique des citoyens, il reconnaît implicitement son échec ainsi que son incapacité à trouver des solutions aux souffrances et aux préoccupations de ces derniers.
  • 𝗧𝗿𝗼𝗶𝘀𝗶𝗲̀𝗺𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, Monsieur le ministre doit comprendre que le fait même de convoquer l’usage des lois, exclusivement dédiées, dans leur essence et leur esprit, à la justice, pour en faire un outil d’intimidation et de menace ne fera qu’altérer davantage la confiance des citoyens envers l’État et ses institutions.

Lorsqu’une loi devient une source de peur au lieu d’être un symbole de sécurité et d’équité, c’est que des tyrans sont aux commandes !

  • 𝗤𝘂𝗮𝘁𝗿𝗶𝗲̀𝗺𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, Monsieur le ministre doit savoir que si la fonction de la loi est d’assurer la protection de la société et donc des citoyens contre les discours de haine, le chaos et la violence, cela n’autorise pas pour autant la remise en cause de l’expression libre des opinions et le droit à la critique.

La liberté d’expression est un droit constitutionnel garanti par les conventions et traités internationaux ratifiés par l’Algérie.

Confondre délibérément le discours politique critique de la gouvernance et du mode gestion de la cité avec un délit de diffamation, c’est faire preuve d’un manque d’éthique et du refus de la divergence des opinions.

  • 𝗖𝗶𝗻𝗾𝘂𝗶𝗲̀𝗺𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, Monsieur le ministre doit faire un effort intellectuel pour être dans l’ère du temps et comprendre que les réseaux sociaux sont des plateformes d’expression. Plutôt que de lancer des accusations et des menaces contre leur utilisateurs, l’État aurait été mieux inspiré d’ y prêter une attention particulière, puisqu’ils servent de moyens d’alerte, mais également d’outils de transmission de l’information. Encore plus aujourd’hui avec la mort de la presse.
  • 𝗦𝗶𝘅𝗶𝗲̀𝗺𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, nier l’existence de détenus d’opinion en Algérie, alors qu’ils sont des centaines de citoyens et de militants politiques arrêtés puis emprisonnés pour avoir exprimé leurs opinions critiques envers le pouvoir, à travers les réseaux sociaux, relève du mensonge d’État.

Monsieur le ministre,
Dans votre discours devant l’Assemblée, vous avez sciemment confondu l’insulte et la diffamation avec la libre expression afin de tenter de tromper l’opinion publique, d’une part, et de vous accorder le droit de suspendre les libertés et d’interdire la parole, d’autre part.

Existe-t-il plus grande violation de la loi, un piétinement flagrant des droits du citoyen, lorsque celui qui est censé représenter la loi et veiller à son application foule aux pieds le fondamental du droit et proclame des sentences accusatrices contre des citoyens en se basant sur le contenu de leurs téléphones ?

N’est-ce pas une grave atteinte à leurs droits ?

N’est-ce pas là une atteinte caractérisée à la vie privée des personnes et une atteinte à leur honneur ?

Lorsqu’un responsable, de surcroit occupant un poste régalien, déclare publiquement traquer des citoyens en se basant sur les données trouvées sur leurs téléphones personnels et non sur leurs publications, il viole la loi et porte gravement atteinte à la Constitution. (La Constitution interdit à quiconque de consulter les correspondances personnelles et protège la vie privée des citoyens.)

S’il est bien connu que sous les régimes de dictature, les constitutions et les lois ne servent que de couverture légale aux dirigeants pour palier leur illégitimité et leur inefficacité politiques, l’histoire nous apprend, en revanche, que les régimes fondés sur la répression et qui s’appuient sur des lois liberticides portent en eux-mêmes les germes de leur propre destruction !

Monsieur le Ministre doit méditer le sort de ses prédécesseurs et en tirer les leçons qui s’imposent.

Où sont aujourd’hui Tayeb Louh, Mohamed Cheurfi, Ahmed Ouyahia ?…

En guise de conclusion, je m’adresse personnellement au ministre de la Justice en lui lançant un défi !

Monsieur le Ministre,
Vous avez bien insisté sur le fait que vous allez utiliser votre « épée tranchante », notamment dans les affaires de diffamation, d’insultes et d’atteintes à l’honneur des personnes.

Alors, je vous expose mon cas et je vous mets devant vos responsabilités.

Vous n’êtes pas sans ignorer que j’ai déposé une réclamation auprès du procureur général de la Cour de Blida concernant des faits graves dont je suis victime. En effet, lors d’un procès tenu au tribunal de Boufarik, le procureur de la République avait proféré des insultes, des accusations graves, gratuites et infondées contre ma personne lors d’une audience publique, en me qualifiant de « terroriste classé ».

Une accusation qu’il a répétée à deux reprises devant un panel de plus de quinze avocats et des citoyens venus assister à ce procès.

Ces propos ont porté atteinte non seulement à mon honneur personnel, mais ont aussi attenté à mon image, à ma famille, à mes enfants et à mon parcours de militant enraciné dans les valeurs démocratiques et de respect.

Je vous mets au défi d’agir, de prendre des sanctions, de faire respecter la loi et surtout de prendre toutes les dispositions légales pour me réhabiliter et réparer le grave préjudice qui m’a été causé.

Monsieur le Ministre, je vous invite à lire Bulwer-Lytton et à méditer ses paroles : « La loi doit être une épée brandie pour protéger les faibles, et non une épée menaçant les innocents ».

« La loi doit être une épée forgée par le peuple et non par le gouvernement », soutient Tom Paine, tandis que Spinoza décrète que : « Les lois qui bâillonnent les bouches et brisent les plumes se détruisent elles-mêmes ».

Monsieur le Ministre de la Justice, le jugement de l’histoire est imparable : elle ne pardonnera jamais à ceux qui utilisent le pouvoir de la loi pour réprimer les citoyens et les emprisonner.

Quelque fussent les obstacles et les difficultés, le peuple ne cessera jamais de chercher la liberté et la justice.

Rien, ni personne ne pourra arrêter sa quête de ses droits.

Gloire à nos martyrs
Mon soutien total aux détenus d’opinion.

Karim Tabbou

Alger, le 26 février 2025

Des « restrictions d’accès » en France contre des « dignitaires » algériens 

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Visa

Des « mesures de restriction de circulation et d’accès au territoire national pour certains dignitaires algériens ont été prises », a annoncé ce mardi Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères. Une décision qui va aggraver les relations algéro-françaises.

Décidément à Paris, on est toujours dans la guerre de mesure contre l’Algérie en vue de la faire plier. Après les déclarations comminatoires du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau et une large frange de l’extrême droite c’est le ministre des Affaires étrangères qui met les pieds dans le plats.

Des « mesures de restriction de circulation et d’accès au territoire national pour certains dignitaires algériens ont été prises » par la France, a révélé mardi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur BFMTV.

Le chef de la diplomatie française, qui n’a pas précisé depuis quand ces mesures sont en vigueur ni combien de personnes sont visées, s’est également dit « prêt à en prendre davantage » si la coopération franco-algérienne dans ce domaine « n’est pas reprise ».

La France est manifestement toujours dans la posture, pas dans la diplomatie. Ce qui risque de ne pas régler la crise algéro-française.

La rédaction

France : trop de mots. Algérie : trop de maux ! Normal ?

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Macron Tebboune
Tebboune et Macron.

Il est fascinant d’observer les contrastes entre la France et l’Algérie. D’un côté, une société où chacun a le droit de tout dire, tout le temps, partout. Débats télévisés qui s’étirent en longueur, polémiques éphémères qui en chassent d’autres, experts autoproclamés qui dissèquent le vide à longueur d’antenne. La parole est libre, débordante, envahissante… mais a-t-elle encore du poids ?

En face, l’Algérie. Un pays où les mots pèsent lourds, trop lourds. Où parler peut coûter cher. Où le silence est souvent la seule stratégie de survie. Les problèmes s’y accumulent comme les dossiers sur un bureau ministériel : économie en panne, jeunesse désabusée, corruption endémique. Mais chut ! Dire les choses, c’est risquer de déranger une machine bien huilée qui ne tolère pas les grains de sable.

En France, on disserte sur tout, mais on agit peu. Les idées fusent, les discours s’enchaînent, les promesses politiques s’accumulent, mais le résultat concret est souvent insignifiant. On préfère le grand spectacle de la controverse aux réformes tangibles. Les « grandes idées » s’entrechoquent dans les salons télévisés, mais sur le terrain, la stagnation demeure.

En Algérie, on agit en silence, mais rarement dans le bon sens. Le système fonctionne en vase clos, insensible aux cris du peuple. L’opposition se réduit à des murmures, vite réprimés. Pendant ce temps, la jeunesse rêve d’exil, fuyant un avenir verrouillé. L’économie repose sur une rente pétrolifère fragile, et les réformes n’existent que sur le papier.

Dans un cas, un trop-plein de mots qui masquent une impuissance chronique. Dans l’autre, un trop-plein de maux qui s’aggravent dans le mutisme. Deux extrêmes, deux façons opposées de traiter la parole et le pouvoir.

Alors, normal ? Peut-être. Ou peut-être que l’anormalité est devenue la norme. Une norme où la parole se dévalue et où le silence devient complice. Une norme où la contestation en France se perd dans le bruit et où, en Algérie, elle s’étouffe avant même d’être formulée.

Et si le véritable enjeu était de redonner un sens aux mots en France et de rendre la parole possible en Algérie ?

« La liberté d’expression en France est un spectacle ; en Algérie, un risque. Mais dans les deux cas, elle ne change pas grand-chose. »

 Dr A. Boumezrag

La Mauritanie et le Maroc annoncent un nouveau poste frontière terrestre au Sahara occidental

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M6 et le président mauritanien
M6 et le président mauritanien

Une circulaire du ministère de l’Intérieur mauritanien a officialisé l’événement. Le Maroc et la Mauritanie vont ouvrir un nouveau poste frontière terrestre au grand dam du Front Polisario. Cette déclaration est un véritable affront pour l’Algérie et le Front Polisario.

Pour les indépendantistes sahraouis, cela équivaut à une forme de reconnaissance par la Mauritanie de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Pas seulement, cette annonce va certainement conduire l’Algérie à reconsidérer ses relations avec la Mauritanie, un an après la visite de Tebboune dans ce pays.

Le Maroc de son côté s’est assuré le soutien des pays du Sahel, qui bénéficieront d’un accès vers l’Atlantique avec cette nouvelle route. La diplomatie marocaine s’est déployé auprès des trois juntes militaire du Mali, Niger et Burkina Faso pour leur assurer le soutien de Rabat.

Le Maroc et Mauritanie vont donc ouvrir un nouveau poste frontière terrestre. Depuis trente ans et la fermeture des frontières avec l’Algérie — en 1994 -, le Maroc n’avait plus de frontière terrestre ouverte vers l’Est.

L’objectif est d’ouvrir un accès à l’Atlantique aux États du Sahel. Il s’agit d’un projet voulu par le roi Mohammed VI qui s’appelle « Initiative Atlantique ». Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad ont donné leur assentiment.

Côté marocain, les 93 km de route supplémentaires pour relier Smara au nouveau poste frontière sont quasi achevés. Et côté Mauritanien, la RN1 devrait aussi se rallonger de quelques kilomètres à Bir Moghrein. Bir Moghrein — ex-Fort Trinquet – se situe à quelques centaines de kilomètres au sud de la frontière algérienne et des camps de Tindouf.

Tindouf, d’où d’ailleurs le Front Polisario a menacé la Mauritanie d’entrer en guerre si cette frontière venait à ouvrir. En 2020, les combattants du Polisario avaient attaqué la zone tampon du principal poste frontière maroco-mauritanien à Guerguerat, s’en étaient ensuivi des combats qui ont fait de nombreuses victimes parmi les rangs de séparatistes sahraouis.

Depuis 1994, alors que le terrorisme faisait rage en Algérie le Maroc avait décidé de fermer ses frontières Est. Depuis, Rabat a fait des mains et des pieds pour tenter de convaincre Alger de les rouvrir. Mais depuis 2021, la crise a franchi un nouveau palier avec rupture totale des relations diplomatiques. Ce nouveau poste frontière en plein Sahara occidental va conduire certainement à une réaction algérienne.

La rédaction/Rfi