Synthèse de la conférence présentée par monsieur abdelkader kacher, professeur des universités en droit public et relations internationales, sous le thème « de l’agora idée a l’agora institutionnelle, une voie a prospecter pour rompre avec le système », dans le cadre du forum citoyen, organise par le café littéraire et philosophique de larbaa-nath-irathen, le 27 avril 2019 a la bibliothèque communale de LNI.
De prime abord, le Pr Kacher, a expliqué le concept de l’Agora, qui est au fait celui du peuple souverain, réuni et uni pour dire basta au régime tyrannique et totalitaire, qui a humilié le peuple Algérien des décennies durant.
« A travers la révolution du sourire, le peuple, exige une véritable rupture avec le système totalitaire. Il est plus que jamais déterminé à prendre son destin en main » a déclaré d’emblée l’invité du forum citoyen, et d’enchainer, « la constitution est triturée, violée à plusieurs reprises, pour qu’elle soit faite sur mesure à un mégalomane, qui voulait rester au pouvoir toute sa vie ». D’ailleurs, l’orateur n’a pas hésité à la qualifier d’un cahier brouillon. Il en veut pour preuve, la rédaction de la toute première constitution rédigée dans la salle du cinéma « Le Majistic ».
C’est pour cette raison, que notre invité plaide pour une solution de la crise en dehors de la constitution. L’option politique est la plus indiquée pour mettre fin à cette crise sans précédent.
Le peuple fait son référendum chaque vendredi à ciel ouvert, pour dire sa détermination du changement en exigeant le départ inconditionnel de tout le système érigé en fonds de commerce pour formation à la corruption.
L’autre fait marquant pour le conférencier, est l’absence quasi-totale de référence à la Plate-forme de la Soummam, qui a mis les jalons d’un État démocratique.
Selon lui « la constitution cadre, est la meilleure option qui fera le consensus. La constituante prend beaucoup de temps, comme on le constate d’ailleurs, chez nos voisins Tunisiens »
Sur un autre registre, et pas des moindres, l’invité du forum citoyen, a souligné « Un véritable État de droit se mesure à l’indépendance de sa justice. La séparation des pouvoirs doit être une réalité. Il faut que le conseil de la magistrature soit élu par ses pairs ».
Il a par ailleurs insisté pour expliquer à l’assistance que l’État n’est pas le pouvoir. C’est pour cela que les institutions Étatiques (mise à part le chef d’État auto-installé, le gouvernement en place désigné par des forces extra constitutionnelles, le Parlement élu frauduleusement et les Partis-État FLN et RND, responsables du fiasco, qui doivent disparaître), le reste doit continuer à fonctionner, conformément au principe de la continuité de l’État.
Par ailleurs « l’éminent juriste, désapprouve le modus vivendi des opérations mains propres de mise en accusation publiques et arrestations successives livrées à la vindicte de la rue ces derniers temps, sans observer le principe universellement admis de la présomption d’innocence. Pour lui, « il s’agit, à certains égards de ce qui s’apparente à des règlements de comptes, afin de faire la diversion. Ce n’est pas le moment d’actionner l’appareil judiciaire pour juger toutes ces affaires ». En homme de droit avisé, il ne croit pas à une justice qui refera sa virginité en un quart de temps. Pour Abderlkader Kacher, « ce n’est pas le moment propice de s’attaquer aux dossiers de la corruption. Il viendra le temps pour tout assainir lorsque la justice sera véritablement indépendante et obéira uniquement à la loi.
Concernant l’armée, l’invité du forum, a déclaré, sans détours, que sa véritable mission est la défense du territoire et la sécurité du pays. Et à ce propos elle ne doit à aucun cas se mêler de la politique. Sa place est dans les casernes et aux frontières.
Le Pr Kacher, a sévèrement critiqué le système de centralisation prôné par le pouvoir en place depuis1962. Ce mode de gestion a montré ses limites. Il est copié du jacobinisme Français. Il a insisté sur la nécessité de supprimer, pour exemple, les fonctions des chefs de Daira, qui est un véritable frein pour la bonne gouvernance participative des collectivités locales.
En conclusion le professeur Kacher à mis en exergue la nécessité d’intensifier les rencontres débats dans chaque recoin du pays pour donner la parole aux algériennes et algériens pour s’exprimer librement et faire émerger des idées qui seront l’émanation du peuple. Il a exhorté les jeunes à se réapproprier l’espace politique.
Après le brillant exposé, la parole fut donnée à l’assistance. Un riche débat s’en est suivi dans la sérénité.
Par Amirouche Malek