La société civile vole la vedette à la classe politique et s’impose comme un acteur, avec une plate-forme.
Deux initiatives qui connaissent des niveaux de «maturité» différentes animent la scène politique nationale. Il y a d’un côté la société civile qui est parvenue à un consensus et compte le présenter le 15 juin prochain de l’autre côté, la classe politique propose une conférence vers la fin du mois en cours, mais sans rien y mettre de concret. Cela ressemble à une attitude mimétique de la part des formations politiques, apparemment «jalouses» de voir des associations et des syndicats leur voler la vedette. Ainsi au moment où Abdellah Djaballah n’a pas réussi à faire le plein lors de la réunion de mardi dernier, la société civile a montré un visage autrement plus unitaire.
Les partis qui marquent un virage important de l’Histoire du pays n’arrivent par à répondre à la question suivante : comment être en synergie avec le mouvement populaire et transcender les clivages, divergences et calculs politiciens ? Eh bien, la société civile vient d’y répondre. Elle en donne un exemple parfait à travers un accord arraché, hier, entre les trois dynamiques la constituant (la Confédération des syndicats autonomes CSA, le Collectif El Amel, qui regroupe les associations religieuses, le Collectif de l’Association des oulémas algériens et le Forum civil pour le changement conduit par le réseau Nada). Ces acteurs de la société civile sont, en fin de compte, parvenus à un accord sur la feuille de route consensuelle, qui sera dévoilée lors de la conférence nationale de la société civile, maintenue pour le 15 juin prochain.
Le consensus s’est dégagé à l’issue de la rencontre marathonienne tenue avant-hier au siège de l’Unpef, à Alger. L’ouverture d’une période de transition, le départ des « 2 B » restants et la mise sur pied d’une instance indépendante de la gestion et de la supervision des élections, constituent les points de convergence, d’après Sadek Ziri, président de l’Unpef. En attendant la réponse de la Drag de la wilaya d’Alger à leur demande d’octroi d’une salle pour abriter la rencontre qui devrait se tenir au niveau de la Safex, les animateurs de la conférence du 15 juin, ont opté pour le siège national du Cnapest. Cela dit, une réponse positive du Drag serait déjà un signe probant d’un intérêt qu’accorderaient les autorités à l’offre de dialogue émanant de la société civile. Mais on n’en est pas encore là. Ce qu’il faut retenir pour l’heure, c’est la mise en place d’une commission qui s’occupera des volets technique, organisationnel et de communications. Lors de la réunion de samedi dernier les participants divergeaient sur la feuille de route à présenter à la conférence nationale. Deux tendances s’étaient dégagées : la première préconisait une transition démocratique avec l’élection d’une Assemblée constituante, l’autre prônait l’organisation d’une élection présidentielle dans les plus brefs délais.
Si du côté de la société civile, on a pu rapprocher les visions des différentes tendances. Du côté des partis politiques, en revanche, on n’est visiblement pas près de rééditer l’exploit de Mazafran où, faut-il le rappeler, la conférence a regroupé, en juin 2014, l’ensemble de l’opposition toutes tendances et sensibilités confondues et avait réussi à asseoir côte à côte les démocrates, islamistes et conservateurs. D’ores et déjà, ceux qui veulent une solution rapide ou l’élection présidentielle, quitte à faire des compromis, accusent ceux qui plaident pour une période de transition de craindre la compétition électorale. Au vide politique sidéral s’ajoute l’incapacité de l’opposition à s’unir dans une perspective d’imposer le changement démocratique.
Actuellement, il sera difficile d’arriver à un accord entre ceux qui veulent une transition constituante et ceux qui plaident pour la tenue de la présidentielle rapidement.
Alors que le FFS mène depuis quelque temps des rencontres de consultations dans la perspective d’organiser une conférence nationale de dialogue et de concertation, le groupe des Forces du changement pour le soutien du choix du peuple, regroupant plusieurs personnalités et partis, prépare une rencontre de l’opposition élargie, prévue le 29 juin prochain. D’autres partis et des personnalités nationales connues comme Ahmed Taleb Ibrahimi, Mouloud Hamrouche, Rachid Benyellès, Ali Yahia Abdennour et d’autres y seront invités.
Par Mohamed BOUFATAH
Source L’Expression