Trois ans après le début du mouvement populaire prodémocratie du Hirak, un rapport accablant publié par l’ONG Riposte internationale met en lumière la dégradation alarmante des droits fondamentaux en Algérie orchestrée par le régime en place.
Selon Riposte internationale, « la liberté d’expression est particulièrement menacée dans le pays ». L’Algérie ne cesse de dégringoler dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières (RSF), pointant désormais à la peu glorieuse 134ème place sur 180.
Les médias indépendants subissent une répression de plus en plus féroce. Plusieurs d’entre eux, dont Berbère TV et Radio M, ont été arbitrairement fermés ou censurés pour avoir simplement couvert les manifestations pacifiques du Hirak. D’autres sites d’information réputés et critiques comme Maghreb Émergent ou Interlignes ont également été bloqués.
Parallèlement, les journalistes et militants de l’opposition sont la cible d’un « harcèlement policier et judiciaire constant ». Des figures emblématiques du Hirak comme Karim Tabbou, leader de l’UDS, ou Mohcine Bellabas, président du RCD, font l’objet de procès politiques récurrents visant à les intimider et réduire au silence.
Pire, la nouvelle loi sur l’information en préparation ne ferait qu’accentuer le contrôle étatique sur le travail des journalistes algériens déjà soumis à une forte autocensure. Surtout, l’agence publique ANEP utilise son monopole sur la publicité d’État pour « punir financièrement les médias critiques et récompenser la presse docile ».
Répression violente des libertés et torture endémique
Outre la liberté d’expression, le rapport documente également de graves atteintes aux libertés publiques et des actes de torture endémiques. Au moins 6000 personnes se voient arbitrairement interdites de quitter le territoire algérien par le régime, en violation de leur droit fondamental à la libre circulation.
Des manifestants pacifiques et prisonniers politiques ont également dénoncé des violences policières, mauvais traitements et actes de torture pendant leur détention. Walid Nekkiche, étudiant emprisonné 14 mois pour avoir participé à une marche estudiantine, a notamment rapporté des sévices caractérisés. D’autres témoignages troublants ont émergé, évoquant même des viols et violences sexuelles particulièrement traumatisantes perpétrés en détention.
Impératif de pression internationale
Face à ces graves reculs des droits humains orchestrés par le régime algérien, l’ONG Riposte internationale appelle à une mobilisation urgente de la communauté internationale. Seule une pression extérieure ferme et concertée sur les autorités algériennes permettrait de mettre un terme à la répression généralisée à l’œuvre dans le pays et de garantir le respect des libertés et droits fondamentaux garantis par les conventions internationales ratifiées par l’Algérie.
Près de trois ans après le début des marches pacifiques du Hirak, la démocratie et l’État de droit restent plus que jamais en péril face à la dérive répressive du régime. Il est temps que cesse l’indifférence coupable de la communauté internationale avant qu’il ne soit trop tard, estime l’ONG.
La Rédaction