MOBILISATION – Après plus de 48h de manifestation devant l’annexe du ministère de la Famille, de la Solidarité, de l’Égalité et du Développement social, à Rabat, des heurts ont opposé pour la première fois les diplômés chômeurs malvoyants et non-voyants aux forces de l’ordre, ce 13 mars au soir.
Depuis près de deux jours, la paisible avenue Al Abtal, à Rabat, vit au rythme d’une manifestation des chômeurs malvoyants et non-voyants. Ces derniers ont fait irruption mardi 12 mars dans l’annexe du ministère de la Famille, de la Solidarité, de l’Égalité et du Développement social, munis de bouteilles de gaz, de bidons d’essence et de cordes. Seize personnes, dont une femme, sont parvenues à rejoindre le quatrième étage après des affrontements avec les agents de sécurité, alors que d’autres manifestants sont restés en bas de l’immeuble. Le 26 février ces mêmes chômeurs malvoyants et non-voyants avaient fait une annonce glaçante par voie de leur coordination nationale, dans laquelle ils annonçaient un suicide collectif à venir si leur revendications ne sont pas prises en compte.
Ce mercredi soir, assis sur le rebord des fenêtres, jambes suspendues dans le vide, les manifestants qui se sont enfermés au quatrième étage du département de Bassima Hakkaoui ont faim. Ils n’ont ni mangé, ni bu depuis deux jours, l’accès à l’immeuble étant refusé à leurs camarades, tandis que l’arrivée d’eau a été condamnée par les forces de l’ordre, indique au HuffPost Maroc l’une des manifestantes. Tentant de leur faire parvenir de la nourriture et de l’eau, les manifestants dans la rue ont été empêchés de rejoindre l’immeuble, les forces de l’ordre leur ayant entravé l’accès, avant de leur confisquer les repas.
Furieux, l’un des manifestants s’est aspergé d’un liquide inflammable, tentant de se brûler vif, rapportent au HuffPost Maroc des manifestants et des témoins de la scène. Les forces de l’ordre sont alors intervenues pour l’en empêcher, non sans provoquer de violents heurts. N’arrivant pas à contenir la colère de la foule rassemblée devant l’annexe, ils ont fait usage de matraques, blessant ainsi plusieurs manifestants, mais aussi des personnes de passage violemment frappées et dépourvues de leurs téléphone pour avoir voulu filmer la scène. Parmi elles, dévoilant leur jambes enflées et couvertes d’ecchymoses, des femmes réclament qu’on leur restitue leurs biens et hurlent au scandale.
Suite à ces affrontements, quatre manifestants dont une femme ont été arrêtés, avant d’être libérés vers 4h du matin. Selon les dires des membres de la coordination nationale des chômeurs malvoyants et non voyants, l’arrestation des quatre manifestants est un chantage que fait le ministère pour mettre fin à ce feuilleton. “On a vécu le même scénario, lors de notre manifestation en octobre dernier. On nous avait interdit de faire parvenir de la nourriture aux manifestants en haut. C’est d’ailleurs ainsi que nous avons perdu Saber El Haloui. Il n’avait pas mangé depuis plusieurs jours, et il a eu un vertige lorsqu’il était sur le toit. Ce sont eux, la cause de sa chute mortelle”, nous confie Hafsa Darkaoui, membre de la coordination nationale des chômeurs malvoyants et non-voyants. “Ce qu’ils ne savent pas, c’est que quoi qu’ils fassent, nous sommes déterminés à passer à l’acte cette fois-ci, ce n’est pas une simple menace”, prévient-elle.
Ces diplômés chômeurs revendiquent “un emploi par la voie d’un recrutement direct” et la mise en oeuvre du quota de 7% en faveur de cette catégorie lui permettant d’intégrer la fonction publique. Depuis 2012, aucun de ces diplômés n’en avait bénéficié, selon leur coordination nationale.
Source journal Huffpostmaghreb
Par Hanane El Arjoun