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vendredi 26 juillet 2024
FranceCe que l'on sait de l'attentat à Strasbourg

Ce que l’on sait de l’attentat à Strasbourg

À minuit, l’assaillant Chérif C. est toujours en fuite après avoir ouvert le feu près du marché de Noël, faisant 2 morts, une personne en état de mort cérébrale et 12 blessés.

La traque se poursuit. Au total, plus de 700 membres des forces de sécurité sont aux trousses de l’assaillant. La Suisse, située à 130 kilomètres au sud de Strasbourg, a également renforcé son dispositif à la frontière. Le gouvernement a placé la France en « urgence attentat ». Près de 420 policiers sont mobilisés – sécurité publique, CRS, PJ, Raid, Raid Bièvres, BRI, Sdat et police scientifique. Un appel à témoins a été lancé par les forces de l’ordre. Mais, à minuit mercredi soir, il n’avait toujours pas été retrouvé.

Les autorités ont pensé un moment qu’il pouvait avoir passé la frontière et s’être réfugié à Kehl, juste de l’autre côté du Rhin : « La coopération excellente avec les autorités allemandes nous a permis d’agir. Le site où nous pensions qu’il avait pu se loger a été immédiatement quadrillé par les forces de l’ordre allemandes et il n’était, hélas, pas sur ce site-là », a relevé Christophe Castaner.

« À 19 h 47, il est apparu au 10, rue des Orfèvres, en plein cœur de Strasbourg et du marché de Noël », a expliqué le ministre de l’Intérieur devant l’Assemblée nationale. L’assaillant ouvre alors le feu sur des passants avec un pistolet automatique dans cette artère commerçante située à quelques dizaines de mètres de la cathédrale de Strasbourg et près du traditionnel marché de Noël. Le suspect est rapidement identifié, il s’agit de Chérif C., un homme de 29 ans né à Strasbourg, bien connu de la police. Il a « semé la terreur […] sur trois points de la ville », selon les mots de Christophe Castaner.

Il évolue ensuite rapidement dans ce quartier piéton de l’hypercentre, empruntant successivement plusieurs rues et ruelles. « Pendant ce périple, trois personnes, des citoyens, ont tenté de l’interpeller. L’une d’elles a été blessée à coups de couteau », a raconté le ministre, parlant de « héros ». De nombreuses personnes fuient le centre-ville à la hâte, tandis que des témoins entendent l’assaillant crier « Allah Akbar ».

Sur son chemin, il croise quatre militaires de l’opération Sentinelle, alertés par les tirs. L’homme fait feu dans leur direction, la patrouille riposte et le blesse à un bras, mais il parvient à s’échapper. « Les militaires de la force Sentinelle ont fait usage de leurs armes pour tenter d’intercepter l’assaillant. Entre 20 h 20 et 21 heures, il s’est confronté par deux fois à nos forces de sécurité avec systématiquement des échanges de tirs », a-t-il développé.

Dans sa course meurtrière, l’homme tue trois personnes et en blesse treize autres, dont huit gravement. « Certains ont eu une balle dans la tête », a également indiqué Roland Ries, sur BFM TV. Selon le maire de la capitale alsacienne, les victimes sont principalement des hommes, dont un touriste d’origine thaïlandaise. Chérif C. s’engouffre dans un taxi et quitte la « Grande-Île » (le centre historique) peu après 20 heures. Le chauffeur de taxi, indemne, dira aux policiers que le suspect est blessé. L’état-major des armées a par ailleurs indiqué qu’un soldat Sentinelle avait été blessé légèrement à la main par le ricochet d’un tir de l’assaillant. Les victimes ont « entre 20 et 65 ans », ce sont « des personnes en bonne santé, qui se promenaient », a noté le professeur Pascal Bilbault, responsable du Samu et des urgences à Strasbourg.

Très fréquenté, le site du marché de Noël est sous étroite surveillance dans le contexte de menace djihadiste élevée, d’autant que le site avait fait l’objet d’un projet d’attentat en décembre 2000. « On a entendu plusieurs coups de feu, trois peut-être, et on a vu plusieurs personnes courir. L’une d’elles est tombée, je ne sais pas si c’est parce qu’elle a trébuché ou parce qu’elle a été touchée. Les gens du bar ont crié ferme, ferme, et le bar a été fermé », a raconté un témoin joint par l’Agence France-Presse et confiné dans son appartement.

Selon le récit d’une source proche du dossier, Chérif C. a été déposé en taxi dans le quartier du Neudorf, au sud de la ville. Entendu comme témoin, le chauffeur de taxi a indiqué que l’homme lui avait demandé de le conduire dans ce quartier, sans donner d’adresse précise. L’individu, pour justifier ses blessures, a évoqué son passage à l’acte auprès du chauffeur. Aux alentours de 20 h 20, il est aperçu marchant dans la rue de Saint-Dié, toujours dans le quartier de Neudorf. Il y rencontre des policiers qui lui intiment l’ordre de s’arrêter. Chérif C. tire dans leur direction et prend de nouveau la fuite. Mais des policiers retrouvent sa trace et les échanges de tirs reprennent. Encore une fois, il réussit à échapper aux forces de l’ordre et s’évanouit dans la nature.

Un lourd passé judiciaire

C’est « un homme très défavorablement connu pour des faits de droit commun pour lesquels il a fait l’objet de condamnations en France et en Allemagne et pour lesquels il a purgé ses peines », a indiqué Christophe Castaner. Selon une source proche de l’enquête, le fuyard a été fiché S en 2016, l’abréviation pour « Sûreté de l’État », par les services antiterroristes. Il avait été signalé par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) lors d’un passage en prison, où il s’était fait remarquer pour des violences et pour son prosélytisme religieux, d’après la même source. « Il a fait plusieurs séjours en prison et c’est à l’occasion de ces séjours en prison qu’a été détectée une radicalisation, mais, dans la pratique religieuse, jamais de signe de passage à l’acte », a précisé le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez.

Avant l’attaque du mardi 11 décembre, le fuyard était déjà recherché, mais dans une affaire distincte, un vol à main armée, selon une source proche du dossier, tandis qu’une autre source a évoqué une enquête pour une tentative d’homicide. Le matin même, une opération des gendarmes a eu lieu à son domicile qui a été perquisitionné, mais les enquêteurs n’ont pas retrouvé la trace de cet homme, alors introuvable.

Se sachant recherché, le suspect a-t-il basculé dans un périple meurtrier et pourquoi ? Si ses motivations précises restent à établir, le parquet antiterroriste a estimé les indices suffisants pour ouvrir une enquête pour « assassinats et tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste ». Le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, qui a succédé mi-novembre à François Molins, devait s’exprimer ce mercredi 12 décembre, a indiqué Christophe Castaner.

La police nationale a diffusé un appel à témoins pour retrouver l’auteur présumé de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, Chérif Chekatt, activement recherché. « Individu dangereux, surtout n’intervenez pas vous-même », met en garde la police nationale sur son compte Twitter, décrivant un individu de 1,80 m, de « corpulence normale », et appelant toute personne en possession « d’informations permettant de le localiser » à composer le 197.

Une traque et d’importants moyens

D’importants moyens sont déployés pour la traque du tireur en fuite. Sur le terrain, « 350 personnes » sont mobilisées, dont une centaine de membres du personnel de la police judiciaire appuyés par deux hélicoptères, les brigades de recherches et d’intervention (BRI) de la PJ parisienne et le Raid, mais aussi des soldats de Sentinelle, a détaillé le ministre. Des moyens supplémentaires doivent être dépêchés sur Strasbourg qui fera l’objet d’un « quadrillage renforcé ». Le ministre a annoncé par ailleurs un « contrôle renforcé aux frontières » dans le cadre de l’élévation du plan Vigipirate désormais porté au niveau « urgence attentat ».

Cette mesure comprend « la mise en place de contrôles renforcés aux frontières, et des contrôles renforcés sur l’ensemble des marchés de Noël en France pour éviter le risque de mimétisme », a-t-il poursuivi. « Il y aura aussi en complément une mobilisation plus forte encore du dispositif sentinelle sur l’ensemble du territoire. » Dans la soirée, le chef de l’État a exprimé sur Twitter la solidarité de la « nation tout entière » après avoir présidé à Beauvau une réunion de crise interministérielle en présence du Premier ministre Édouard Philippe.

« On a eu la boule au ventre en partant (travailler ce matin à Strasbourg) parce qu’on fait le centre-ville. On ne sait pas comment ça va se passer », s’inquiétait Cathia, livreuse habitant à Erstein, au sud de Strasbourg, présente dans une des rues ensanglantées la veille. À quelques pas de là, place Kléber, au pied de l’emblématique sapin de Noël resté illuminé toute la nuit, les employés municipaux salaient le sol gelé tandis que quelques policiers armés étaient présents dans le centre de la ville ainsi que plusieurs équipes de télévision. Étudiant en médecine, Antoine, 20 ans, avait « du mal à croire que c’est arrivé ici ». « On n’arrive pas à coller l’idée d’une telle violence à côté de lieux qu’on fréquente tous les jours. On a du mal à imaginer l’après, car on n’a jamais vécu ça. C’est une première fois à Strasbourg, une ville assez paisible. »

Le marché de Noël restera fermé mercredi et jeudi, les drapeaux mis en berne et les spectacles annulés. Les écoles, collèges et lycées seront ouverts pour les élèves ne pouvant pas être gardés par leurs parents. Le traditionnel marché de Noël de Strasbourg avait fait l’objet d’un projet d’attentat en décembre 2000. Il est protégé en permanence par un important dispositif de surveillance. Environ 260 policiers nationaux sont notamment mobilisés. En décembre 2016, le marché de Noël de Berlin avait été visé par un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe État islamique, qui avait fait douze morts.

Source : Le Point.fr

 

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