Le verdict très attendu dans le procès de l’assassinat de Chokri Belaïd, figure emblématique du Parti des patriotes démocrates, a été prononcé le 27 mars 2024 au tribunal de première instance de Tunis.
Dans une audience retransmise en direct à la télévision nationale, à la demande du comité de défense des martyrs, les peines les plus lourdes ont été infligées : quatre condamnations à la peine capitale par pendaison, deux peines à la perpétuité, une peine de 120 ans de prison ferme et une autre de 30 ans. Vingt-trois accusés ont été reconnus coupables tandis que cinq ont bénéficié d’un non-lieu, ayant déjà été jugés pour les mêmes faits.
Moins de deux mois auront suffi à la chambre criminelle spécialisée pour trancher, en première instance, sur cette affaire sensible qui aura connu moult rebondissements et polémiques pendant onze années. Le comité de défense avait antérieurement dénoncé les entraves et la dissimulation présumée de pièces à conviction, visant à protéger certains mis en cause liés au parti Ennahdha.
Ce dernier a promptement réagi, réfutant toute implication et dénonçant un « agenda suspect » du comité, visant selon eux à le diffamer. Le mouvement islamiste a appelé à tourner la page et à œuvrer pour la réconciliation nationale, estimant que les « manœuvres » liées à cette affaire nuisaient aux intérêts supérieurs du pays.
Cependant, le Parti des patriotes démocrates et d’autres formations persistent à réclamer la manifestion totale de la vérité. Une commission spéciale vient ainsi d’être créée par le ministère de la Justice afin de procéder à un audit judiciaire et administratif sur les dossiers, recenser les preuves et établir les éventuelles responsabilités dans l’entrave à la justice.
Pour les avocats du comité de défense, cette initiative permettra de faire la lumière sur les liens éventuels entre les commanditaires et les exécutants de cet assassinat politique tragique. Il semble donc que tous les tenants et aboutissants de cette sombre affaire ne soient pas encore totalement élucidés.
Haythem M.