Votre Excellence,
Aujourd’hui encore une simple citoyenne Madame Dalila Touati vient d’être condamnée à dix-huit mois de prison et une amende de 300.000 DA pour le seul crime d’avoir dénoncé une dictature qui ne cesse d’opprimer le peuple algérien.
Son nom vient s’ajouter à une longue liste de condamnés pour des motifs aussi saugrenus que futiles et en violation des propres lois nationales et de la constitution.
Cette même constitution qui vient de faire l’objet d’une énième révision est aussitôt violée allègrement par une justice surnommée « justice du téléphone « puisqu’elle instruit à partir d’officines occultes du pouvoir les magistrats à prononcer des peines au gré de leurs humeurs. Cela procède tout simplement d’une tentative de bâillonner toute voix qui oserait défier la dictature militaire en place.
Des dizaines de citoyens en détention provisoire illégale attendent dans les prisons de la junte d’être jugés sans que leurs droits consacrés par la constitution ne soient garantis et qui malgré le dévouement d’avocats engagés bénévolement pour leur défense voient l’instruction de leur dossier d’accusation bâclée et en violation flagrant des lois en vigueur et aux conventions et traités internationaux que l’Algérie a pourtant signés.
Tout ceci se déroule au vu et au su de la communauté internationale et plus particulièrement les instances internationales et les Organisations non Gouvernementales attachées au respect des droits humains.
S’ il est vrai que votre institution s’est prononcée sur quelques cas d’atteintes aux droits humains et a exigé des éclaircissements au pouvoir en place, voire a suggéré des mesures de compensation qui apparemment sont restées sans lendemain, il n’en demeure pas moins que votre propre intervention ainsi que celle de son Excellence le Secrétaire Général de l’ONU serait d’un apport précieux pour rappeler aux autorités algériennes leur responsabilité pleine et entière dans la dégradation de la situation sécuritaire et les glissements vers un autoritarisme ouvertement assumé.
C’est pourquoi nous en appelons à votre sagesse et votre engagement pour les droits humains pour interpeller le pouvoir algérien. En effet Votre Excellence que faudrait-il faire pour que l’on entende notre peuple qui souffre Faudrait-il vous offrir quelques morts de plus pour que vous daigniez jeter un coup d’œil sur les événements dramatiques qui secouent l’Algérie. Quel sens a votre mission si des atteintes flagrantes aux droits humains deviennent quotidiennes, si une chape de plomb s’abat sur tout un peuple.
Que faut-il de plus poignant Mme Bachelet, vous qui avez subi les violences du régime Pinochet, et qui a vu récemment votre propre peuple se soulever pour parachever sa volonté d’émancipation. Que vous faudrait-il pour que vous daigniez ne serait-ce que vous renseigner sur ce qui secoue notre pays depuis bientôt 23 longs mois à travers des marches ou des dizaines de millions de manifestants ont battu le pavé pendant 13 mois sans discontinuer. Ces marches sont suspendues volontairement par les citoyens de façon responsable au vu de la crise sanitaire qui secoue l’Algérie tout autant que le monde entier. Ceci et malgré votre appel ainsi que celui de son Excellence le Secrétaire Général de l’ONU à observer une pause dans les emprisonnements, n’a pas empêché le pouvoir d’accentuer la pression et à multiplier les arrestations et ce en dépit du risque élevé de contamination au COVID.
Que vous faudrait-il Votre Excellence pour réagir quand ces mêmes dizaines de millions de citoyens s’époumonent sans cesse en criant « pouvoir civil et non militaire » « libérez les détenus politiques devenus otages d’un régime honni » « pouvoir assassin » « Algérie libre et démocratique ».
Que vous faudrait-il pour écouter les voix de ces millions d’Algériens qui ne veulent que la liberté et la démocratie dont vous-même êtes une égérie.
Que vous faudrait-il pour nous écouter… Nous sommes désolés de vous dire que dans le cas contraire il s’agirait d’une non-assistance à un peuple en danger et qui ne saurait passer cela sous silence.
Il y a parmi nos membres un haut fonctionnaire des Nations unies en retraite et qui a exercé pendant des dizaines d’années et qui aujourd’hui encore continue à servir comme expert bénévole. Il a toujours eu confiance en vos institutions. Ne le décevez pas….
Pour le bureau Fédéral, Ali Ait Djoudi