Chronique printanière sur un Maghreb qui se regarde en chiens de faïence. Parfois, la géopolitique maghrébine ressemble à une vieille pièce de théâtre où les acteurs refusent de changer de costume, mais renouvellent sans cesse les accessoires.

D’un côté, un roi qui soigne son image, multiplie les partenariats, les accolades diplomatiques, les deals de drones et les sommets feutrés. De l’autre, un président qui tient haut la bannière de la souveraineté, dénonce l’ingérence, toise les voisins, et célèbre chaque contrat gazier signé avec la Russie ou la Chine comme une gifle à l’Occident.

Entre Rabat et Alger, les gestes sont nouveaux, mais la rivalité est vieille comme les palmiers.

Le roi du Maroc, stratège feutré, a troqué le burnous pour le veston d’affaires. Il serre des mains à Tel-Aviv, reçoit des F-16, sourit à Macron quand il le veut bien, et surtout, fait mine de ne pas voir l’Algérie.

Il vend un modèle de stabilité à géométrie variable, en s’alignant là où ça paie : États-Unis, Israël, Émirats… Peu importe la cohérence, pourvu que la carte du Sahara soit dans les bonnes poches.

En face, le président algérien rejoue le non-alignement sauce 2025. Un cocktail de défiance vis-à-vis de l’Occident, d’hommages à la lutte anti-impérialiste, et d’accords bien huilés avec Pékin et Moscou. Il ne normalise pas, il moralise. Il ne pactise pas, il patiente. Tout le monde est suspect, sauf ceux qui ne demandent rien — surtout pas des comptes.

Les deux capitales tissent leur toile, mais pas la même soie.

Rabat regarde vers Tel-Aviv, Washington et Abou Dhabi. Alger vers Moscou, Pékin, et parfois Téhéran — à distance prudente.

Le Sahara occidental est la ligne de fracture, l’obsession mutuelle, le chiffon rouge dans un Maghreb qui refuse de se parler autrement qu’à travers des communiqués acides.

Et pendant ce temps ?

Le Maghreb économique reste une utopie. Les frontières terrestres sont fermées. L’Union du Maghreb arabe est un souvenir sur Wikipédia. Et l’Afrique, qu’on se dispute dans les discours, avance sans eux, entre projets chinois, startups nigérianes et diplomatie rwandaise.

Le roi est seul, car trop aligné. Le président est seul, car trop rigide. Le premier a des partenaires, mais pas toujours des amis. Le second a des convictions, mais souvent peu d’alliés solides.

Le roi a les honneurs d’un Occident qui aime les régimes « stables », mais regarde ailleurs dès que la démocratie éternue.

Le président a le respect des principes, mais pas toujours les moyens de ses ambitions. Tous deux sont souverains, certes, mais la souveraineté est devenue une monnaie : il faut savoir l’échanger sans se vendre.

Et le peuple, dans tout ça ? Il regarde. Il attend. Il rêve d’emploi, d’ouverture, de circulation. Mais il hérite d’une diplomatie fossilisée, d’une guerre froide régionale servie avec des hashtags.

Les jeunes Marocains partent à Dubaï ou en Europe. Les jeunes Algériens à Montréal ou dans des bateaux. Le Maghreb de 2025 est moderne à l’extérieur, rouillé à l’intérieur.

Un roi, un président… et mille alliances pour une même solitude. Pas de paix, pas de guerre. Juste ce grand entre-deux maghrébin, nourri de rancunes et de gestes politiques sans vision commune.

Et pendant que les puissances s’installent, investissent, influencent, le rêve maghrébin — lui — reste en transit quelque part entre Tanger et Tamanrasset.

Plusieurs pistes de recherche peuvent être explorées. L’analyse est brillante mais elle sous-estime le poids de l’histoire coloniale et des blessures non cicatrisées. La rivalité maroco-algérienne est aussi une guerre de mémoire. Elle ne se résoudra pas avec des accords ou des drones, mais par un véritable travail de réconciliation des récits. »

Le roi et le président ont chacun leurs raisons, leurs contraintes. La complexité du Maghreb ne peut se résumer à un duel d’egos. La chronique oublie que des mécanismes de coopération existent, en coulisses, souvent invisibles, mais bien réels. »

La piste nationaliste algérienne : encore un article qui confond souveraineté et isolement. L’Algérie ne s’aligne pas parce qu’elle a une colonne vertébrale. Mieux vaut être seul que sous influence israélienne ou atlantiste. »

la piste royaliste marocaine : le Maroc avance, investit, rayonne. Si le président est jaloux, qu’il ouvre ses frontières. Le roi, lui, agit. Les critiques sur les alliances sont absurdes dans un monde interconnecté. »

La piste jeune génération /ironique : un roi, un président… et nous, les jeunes, on swipe à gauche sur les deux. Qu’ils règlent leurs comptes, on a TikTok, l’exil ou les start-ups pour vivre ailleurs. »

La piste  réaliste / fataliste : le Maghreb n’a jamais vraiment fonctionné ensemble. Ce n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c’est que désormais tout le monde fait semblant d’y croire… sauf les populations. »

La piste des média étranger / observateur extérieur : à l’heure où le monde se régionalise, le Maghreb se fragmente. Vu d’Europe ou d’Afrique, c’est une aberration stratégique. Deux puissances moyennes qui sabotent leur avenir commun pour des raisons internes. »

Conclusion

Le Maghreb, en ce printemps 2025, n’est ni en guerre ni en paix. Il est en suspens. Deux États, deux modèles, deux orgueils qui s’observent sans se comprendre. L’un multiplie les poignées de main à l’international, l’autre les postures de défi. Et entre ces deux solitudes souveraines, aucun pont, juste des lignes rouges et des postures de parade.

Peut-être qu’au fond, la véritable tragédie n’est pas qu’ils se détestent, mais qu’ils ne se manquent même plus.

Moralité

« Quand deux puissances régionales refusent de se parler, ce ne sont pas leurs peuples qui s’éloignent, ce sont leurs ambitions qui se ratatinent.

Quand deux frères se battent, ce sont les étrangers qui héritent du patrimoine. »

Dr A. Boumezrag

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