Dans un communiqué rendu public ce vendredi 13 septembre, le RCD a estimé que « le rejet populaire massif et historique du scrutin présidentiel du 07 septembre dernier » a révélé que « la mandature de Abdelmadjid Teboune a accentué l’isolement du régime vis-à-vis de toutes les couches sociales du pays, la jeunesse, les classes défavorisées et les agents économiques non clientélisés ». Le parti de Atmane Mazouz s’est, par ailleurs, exprimé sur la chasse aux sorcières et les règlements de comptes qui régissent les relations aux plus hauts sommets de l’Etat, sous couvert de « lutte contre la corruption ». Selon le parti, le peuple a dit son mot : « passez la main pour préserver le pays de l’abime ».
Les cinq ans qui devaient servir à répondre aux aspirations légitimes du Hirak ont été utilisés par le régime pour réprimer, en mode « tout sécuritaire » avec une justice « privatisée ». « L’un se charge de semer la peur et la terreur au sein des populations à tous les niveaux de l’échelle sociale et l’autre à exécuter les désidératas des décideurs », précise ledit communiqué.
Le RCD n’a pas manqué de rappeler le climat de terreur imposé par le pouvoir, notamment à la veille des élections. « Des familles, voire, des régions entières, ont vécu dans l’angoisse devant les descentes musclées, y compris la veille de l’élection, des services de sécurité pour arrêter à tour de bras des citoyens dont le seul tort est d’avoir exprimé la volonté et le désir de vivre dans leur pays, libres, dans la paix et la sécurité. Tout au long de cette période, l’espoir des victimes d’un retour à la raison est battu en brèche, chaque jour, par les règlements de comptes interminables dans la hiérarchie des gardiens du système politique, faisant même craindre le pire sur la pérennité de l’Etat national », lit-on sur le même communiqué.
S’exprimant sur le désespoir suscité par le système politico-militaire, le RCD estime que « l’affolement des statistiques de la Harga, de plus en plus visible dans les quartiers et les villages, est un indicateur qui ne trompe pas ».
Le RCD blâme le FFS et le MSP
Pour le RCD, il est inadmissible de cautionner et/ou d’être complice de ce scrutin liberticide. Il est également insuffisant de boycotter l’événement, car cela pour être interpréter comme une simple démission civique et politique. La solution serait donc, la dénonciation de ce rendez-vous, ces résultats et tout ce qui s’en suit.
Le parti fondé par Said Saadi n’a pas manqué de blamer les deux lièvres ayant servi à cautionner la victoire de Tebboune, à savoir le FFS et le RCD à travers leurs présidents respectives Youcef Aouchiche et Abdelali Hasani Cherif. Le communiqué est revenu sur la création de l’ANIE par l’ex-chef d’état-major, Ahmed Gaid Salah, dans le but d’effectuer un coup de force contre la volonté populaire à travers des élections massivement rejetées le 12 décembre 2019.
Le parti met en garde sur la possibilité que des « puissances intéressées peuvent trouver profit dans cette fragilité institutionnelle dans une conjoncture de bouleversements internationaux et d’implication de forces militaires étrangères à nos frontières » et appelle ceux qui sont en charge des décisions politiques à régler l’absence de légitimité flagrante de la haute instance de direction constitutionnelle, par un processus pensé et mis en œuvre par les forces patriotiques, à travers un débat national libre.
Se montrant fédérateur, le RCD appelle à l’union de toutes les forces vives de la nation. « Conscient de la gravité du moment, le RCD estime que l’issue positive relève de la mobilisation des forces patriotiques quelles que soient leurs bords politiques dans l’opposition, les syndicats, la société civile en général et à l’intérieur du pouvoir », appelle le RCD.
« Les premières mesures à prendre dans cette voie sont la libération des prisonniers politiques et d’opinion, l’ouverture du champ politique et médiatique et l’abrogation des lois liberticides », conclut le communiqué du RCD, avant d’annoncer la tenue de l’université d’été du parti, ainsi que d’une conférence de presse à la mi-octobre.