Les appareils et la mise en place d’une stratégie de dévalorisation des ressources militantes
Les dirigeants des partis politiques peuvent dévaloriser les ressources militantes au profit des élus et des expériences gestionnaires. Sur le terrain, les militants voient leur rôle se réduire, et l’activité électorale devient prioritaire. Les nouveaux adhérents ne restent pas longtemps de simples militants, mais sont rapidement sollicités pour se présenter aux élections locales ou législatives, avec pour conséquence un affaiblissement récurrent du militantisme local d’autant que les élus, cumulant les mandats, délaissent rapidement les réunions du parti. Aux sièges des fédérations, la présence militante s’efface, les réunions se tiennent avant peu, et les militants « bénévoles » laissent la place à des professionnels (permanents, collaborateurs des groupes d’élus, etc.) absents le weekend.
Or les élus ont leurs propres préoccupations. Pour préparer la prochaine campagne électorale, ils mettent en place un véritable réseau clientéliste et d’affairiste pour s’assurer une fois encore les faveurs de cette fonction qui commence à perdre sa noblesse. Ils peuvent délaisser les relais militants ou associatifs au profit de professionnels, qui leur ressemblent socialement. Résultat : l’univers social des élus se détache de celui de leurs administrés, et les catégories populaires jouent un rôle plus effacé dans la vie politique locale.
Cet éloignement des responsables à l’égard des groupes sociaux qui ont vocation à défendre affecte les pratiques militantes. Pendant longtemps, certains partis comme le FFS et le RCD avaient impulsé une sociabilité politique étoffée dans les territoires où ils étaient bien implantés (Tels que les communes rurales). Au cours des années 2000 et 2012, à mesure que la base militante se réduit et que les responsables se focalisent sur les enjeux électoraux, le militantisme local se limite de plus en plus à des actions de type associatif. L’essentiel des activités de masse est alors consacré à l’organisation de rassemblements sociaux-culturels.
Slimane Alem