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lundi 14 octobre 2024
ActualitéL'Académie amazigh : elle vient de naître et un de ses membres la quitte déjà !

L’Académie amazigh : elle vient de naître et un de ses membres la quitte déjà !

– Elle Vient de Naitre , et un de ses membres la Quitte Déjà !!
– Qui est le Professeur Abderrezak Dourari ?
A peine installée, l’académie algérienne de la langue amazighe voit un de ses membres claquer sa porte. Il s’agit de Abderrazak Dourari, professeur en sciences du langage et directeur du Centre National Pédagogique et Linguistique pour l’Enseignement de tamazight (CNPLET) affilié au ministère de l’Éducation nationale. Est-il mécontent du fait qu’il n’a pas été désigné comme président de cette académie?
Dans son communiqué, Pr. Abderrazak Dourari explique que le choix du président obéit à une logique politique qui relève légalement de la responsabilité du gouvernement conformément à la loi organique portant création de l’académie et devait donc être en adéquation avec une certaine cohérence d’ensemble.
Si je comprends bien Pr. Abderrazak Dourari n’est pas d’accord avec la composante l’académie. Il se trouve que 6 mois auparavant et devant les responsables de l’État, il a déclaré qu’il ne s’inscrivait pas du tout dans cette cohérence projetée.  Deux questions s’imposent :
1. Pourquoi donc ces responsables ont mis son nom dans cette liste de 40 membres sans avoir eu son aval au préalable?
2. Ces responsables de l’État ont-ils eu son aval sous condition qu’il présiderait cette académie et à la dernière minute ils l’ont changé en prenant Pr. Djellaoui Mohamed à la place?
En tous les cas voici une occasion qui m’est offerte pour livrer ce que je pense de Pr. Abderrazak Dourari. Je voulais le faire bien longtemps avant, mais le temps a fait défaut.
La première fois que j’ai pris connaissance de l’existence d’un professeur de linguistique du nom de Abderrazak Dourari, un kabyle d’Alger, c’était en septembre 2003. Dans la foulée du mouvement kabyle des Archs, et afin de calmer les esprits kabyles qui bouillonnaient encore, le conseil des ministres de Bouteflika a approuvé le projet de décret exécutif portant création d’un Centre National Pédagogique et Linguistique pour l’Enseignement de Tamazight (CNPLET).
La création du CNPLET rappelle une nature propre au régime algérien : le bricolage. En effet, à chaque fois qu’il est confronté à une crise identitaire (en jouant au cache-cache avec les kabyles), il accouche d’un commissariat, d’un centre, d’une académie, d’une TV, d’un jour férié pour Yennayer, d’un statut de langue nationale et ensuite officielle pour tamazight. Voici à titre de rappel quelques évènements:
– Commissariat à l’amazighité et enseignement de tamazight est le fruit de la Crise du Cartable 1994 qui a donné naissance au HCA (1995).
– Statut de langue nationale pour Tamazight est le fuit du Printemps noir de 2001 (petite réforme de la constitution en 2002).
– Centre pour l’Enseignement de Tamazight est le fruit du mouvement kabyle des Archs qui persistait encore dans ses revendications (2003).
– Télévision amazighe TV4 est la conséquence du boycott des partis kabyles suite au forcing de l’inconstitutionnel 3ème mandat de Bouteflika (2009).
– Statut de langue officielle pour Tamazight suite à la peur de la dynamique MAK qui devient de plus en plus populaire en Kabylie (2016).
– Yennayer jour férié, fruit des manifestations des élèves kabyles pour la promotion de Tamazight en réponse aux provocations de la député Naima Salhi (Déc. 2017).
– Académie de Tamazight suite, entre autres, aux manifestations des élèves kabyles qui boycottent la langue Arabe (Oct. 2018).
Pour revenir au Pr. Abderrazak Dourari, c’est lui qui a été désigné en décembre 2003 par Bouteflika pour diriger le Centre National Pédagogique et Linguistique pour l’Enseignement de Tamazight (CNPLET). La mission qui lui a été octroyée est celle de réaliser toute la recherche ou les études nécessaires sur Tamazight et ses variétés linguistiques en tenant compte de la didactique, la linguistique et la pédagogie. Le but est d’assurer son intégration dans les écoles, la promouvoir et la généraliser.
Seize (16) ans plus tard, rien n’a été fait par Pr. Abderrazak Dourari. Je dirais même qu’il s’est rendu complice de non-assistance aux enfants kabyles en danger (De même pour les autres enfants chawis, mozabites,…) . Car il sait mieux que quiconque, de par ses recherches, que le background linguistique de l’enfant kabyle (amazigh) n’est pas pris en compte dans la scolarité au sein du système éducatif algérien ou toutes les matières lui sont dispensées en langue étrangère, l’arabe, qui n’est pas sa langue maternelle.
Pour illustrer mieux un tel DANGER accepté volontairement ou involontairement par l’élite kabyle, prenant l’exemple d’un petit enfant kabyle du nom d’Aksel. Jusqu’à 6 ans, Aksel a de tout temps parlé en langue kabyle avec sa voisine Nana-s Wiza, institutrice à l’école du village. Arrivé à l’âge de scolarité au primaire, Aksel se trouve dans une classe avec comme enseignante Nana-s Wiza qui lui parle en Arabe pour lui enseigner les rudiments de l’ÉCRITURE (Lkitaba), la LECTURE (Lqiraa) et le CALCUL (Lḥisab). Imaginons le choc, le traumatisme et la torture psychologique que subit Aksel chaque jour en voyant sa tante lui parler en Arabe alors qu’à la maison c’est en Kabyle. A contrario, la joie de vivre et d’apprendre aurait été perceptible chez Aksel si les rudiments de l’ÉCRITURE (Tira), la LECTURE (Taɣuri) et le CALCUL (Asiḍen) seraient livrés en langue kabyle. Chose très faisable au passage.
Dans ses recommandations Pr. Abderrazak Dourari propose «l’INTRODUCTION PROGRESSIVE» de l’enfant algérien à la langue de l’école algérienne (l’arabe de l’orient), par le biais de «sa langue maternelle» qui est l’arabe algérien ou les variétés de tamazight selon les régions.
Mais c’est de l’inconscience scientifique ou pire encore de la complicité avec le régime algérien alors qu’il sait que, pour reprendre ses écrits, les sciences comme la Neurologie, la PNL (Programmation Neuro-Linguistique), la Psychologie Cognitive, la Pédagogie Constructiviste et plusieurs approches didactiques (cognitive et communicative) insistent sur la capitalisation des savoirs acquis en LANGUE MATERNELLE afin de mieux fonder les savoirs acquis à l’école.
Pourtant Pr. Abderrazak Dourari a rappelé que le rapport de l’UNESCO sur l’éducation plurilingue insiste sur la nécessité et les vertus de l’enseignement en LANGUE MATERNELLE. Cet enseignement, quand dispensé en langue kabyle par exemple, permet une CONTINUITÉ dans l’apprentissage du monde par l’enfant kabyle. Par exemple la continuité du rythme de vie en kabyle entre Aksel en Nana-s Wiza de la maison à l’école et vice-versa. Ceci a aussi l’avantage de réduire les coûts d’apprentissage en augmentant les chances de succès objectifs et subjectifs.
Pr. Abderrazak Dourari, 16 ans qu’il dirige le Centre National Pédagogique et Linguistique pour l’Enseignement de Tamazight, il n’a sifflé aucune recommandation, pour ne pas dire CONTRAINDRE sa ministre de l’Éducation, Mme Benghebrit, à ce qu’au moins en Kabylie les matières scolaires soient dispensés en langue kabyle en recrutant le personnel enseignant nécessaire. Les milliers de chômeurs qui sortiraient chaque année des universités en Kabylie (licenciés en Tamazight, mathématiques, physique, électronique, informatique, …) seraient de potentiels employés dans le milieu éducatif pour assurer une telle tâche. Seize (16) années auraient été largement suffisantes pour former le personnel enseignant pour la Kabylie.
Depuis plus de 10 ans que je ne cessais d’alerter sur ce DANGER qui dure en Kabylie. Je touche le mot dans chaque café littéraire que j’ai donné à Ighil Ali, Iberbachen, At Yahia Moussa, Bouzeguene, Aweqas, Tizi Ouzou, Tifrit, Tigzirt, Bordj BouArreridj (université), Bouira (Université), Bejaia (Université), … Certaines conférences m’ont été interdites par des chefs de daïras ou des walis dont celle de Ti3winin en décembre 2015, le premier café littéraire interdit, parce que je touchais le vrai BOUBOU, à savoir la nécessité pour la Kabylie de se doter de son propre système éducatif (et audiovisuel) pour sauvegarder notre héritage linguistique et nos valeurs.
Qui mieux que Pr. Abderrazak Dourari pour souligner ce DANGER en tant que scientifique spécialiste du domaine et ainsi pour contraindre son ministère à dispenser d’un enseignement exclusivement en langue maternelle. Ne serait-ce qu’en Kabylie pour commencer puisque plus prête à prendre le défi comme toujours.
Certains diront qu’en étant bien rémunéré et au risque de perdre son poste de directeur du Centre National Pédagogique et Linguistique pour l’Enseignement de Tamazight, Pr. Abderrazak Dourari ne pourrait pas le faire. Il est donc à l’image de ces députés kabyles qui sont allés en décembre passé pour plaider auprès de la patronne du Pr. Abderrazak Dourari, Mme Benghebrit, sur la nécessité et l’urgence d’affecter de nouvelles enveloppes financières pour la réhabilitation de certains établissements du secteur de l’éducation en Kabylie. Alors que la vraie URGENCE est celle de délivrer un enseignement en LANGUE MATERNELLE, le kabyle.
Ceci pour dire que si les scientifiques comme Pr. Abderrazak Dourari ont peur de perdre des privilèges, les politiciens comme les députés kabyles ont aussi peur de soulever les vrais problèmes qui concernent les kabyles, et si l’élite kabyle est inapte à faire bouger les pions, que reste-il à faire donc en Algérie sinon assister à la mort certaine de notre âme. C’est là ou l’indépendance de la Kabylie prend tout son sens pour la sauver.
Racid At Ali uQasi

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