Le choix entre l’instruction et l’éducation à l’école est un débat difficile et complexe.
Pour les tenants de l’instruction, dont je fais partie, l’école doit transmettre les savoirs universels. Condorcet pour les pédagogues est le premier à avoir pensé l’école de la République à travers ses cinq mémoires sur l’instruction publique.
À l’époque, on parlait bien d’instruction et non d’éducation, cette dernière revenant aux familles. Certes, l’école transmettait aussi des valeurs, mais celles-ci passaient par l’histoire, la littérature, les textes. Et c’est en cela qu’elles étaient émancipatrices puisqu’elles étaient le fruit d’un savoir.
Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, cet équilibre a été bouleversé. Les savoirs ont peu à peu été abandonnés au profit de ce que nous appelons le «savoir-être». Dans le socle commun de connaissances et de compétences définies par l’Éducation nationale, les grands textes officiels du savoir sont mis sur le même plan que certaines «compétences» qui relèvent de l’éducation des familles, tels que «le savoir-vivre ensemble» ou «le savoir respecter autrui». La polémique autour de la théorie du genre, bien qu’elle ait été instrumentalisée par certains extrémistes, illustre la propension de l’école à vouloir concurrencer la vision du monde transmise aux enfants par leurs parents.
Il me paraît plus urgent d’apprendre aux élèves à lire, écrire et compter et s’ouvrir sur les langues du savoir. Il faut miser beaucoup plus sur l’intelligence pour élever les esprits. C’est par là que passe le combat pour l’émancipation et non par la politique obscurantiste. Ce combat pour s’émanciper de la tutelle des traditions, de l’obscurantisme est de mené de manière originale parfois ou par tâtonnements tout en essayant d’échanger et de tirer profit des expériences pédagogiques à travers le diagnostic sectoriel de son système éducatif, avec pour objectif principal d’identifier et de relever les défis majeurs qui se posaient au système. Les résultats de ce diagnostic doivent être utilisés pour définir un certain nombre de réformes dans le secteur, ayant comme objectif d’engager le système éducatif du pays sur la voie d’un développement harmonieux et équitable, favorisant l’accès à une éducation inclusive et de qualité pour tous les enfants, et une croissance économique soutenable et profitable à tous.
La décennie noire a cependant engendré des dégâts considérables, un retard important dans le processus de mise en œuvre des différentes réformes alors définies. Depuis le retour à la stabilité, le pays à travers la nouvelle ministre Mme Benghebrit, s’est de nouveau engagé dans d’ambitieuses réformes éducatives, ayant de fortes implications stratégiques et financières. Dans ce contexte, la conduite d’un nouveau diagnostic sectoriel de l’éducation nationale est particulièrement opportune, et indispensable pour disposer d’une analyse fine de l’état d’avancement des réformes engagées sur la base du diagnostic précédent, et identifier les besoins émergents.
Slimane Alem