Par Dr Lakhdar Amokrane, Premier Secrétaire JIL JADID
70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme ;
En Algérie, les libertés encore et toujours sous scellés.
Le 10 décembre 2018, le monde entier célèbre le 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Une déclaration, devenue de nos jours la pierre angulaire du droit international. Depuis des années, les discours relatifs aux Droits de l’Homme ont connu une inflation vertigineuse dans les sociétés occidentales, mais aussi, et avec un cynisme indécent dans les contrées dictatoriales, autoritaires, comme l’Algérie ! Une sorte de consensus paradoxal en matière des droits de l’homme entre les démocraties et les dictatures !
En Algérie, depuis l’indépendance confisquée en 1962, le pouvoir de fait n’a jamais accepté que son peuple puisse prétendre appartenir à l’Humanité, car il considérait le peuple algérien comme faisant partie d’une sous Humanité juste bonne à la domination. La même démarche a été reproduite par le pouvoir Bouteflika en bafouant et confisquant les droits et libertés du peuple algérien. À l’ère Bouteflika, les années se suivent et s’empirent en la matière, faisant du pays une grande prison à ciel ouvert. Dans la réalité de tous les jours, le système n’admet pas qu’il y ait des droits inhérents à la dignité de la personne humaine, et que ces droits fondamentaux ne peuvent en aucun cas être déniés aux Algériennes et Algériens pour quelque prétexte que ce soit.
Bien entendu, l’occident fait mine de ne rien voir de tout ça. Le prétexte invoqué à chaque fois était la non-ingérence et le respect des indépendances des états ! Quel cynisme ! Et le régime algérien n’a pas tardé à appliquer à la lettre ce raisonnement qu’on pourrait qualifier de schizophrénique.
Ainsi, et sous prétexte de contrôler les associations religieuses, il promulgue la loi 12-06 liberticide pour mieux museler les associations autonomes et favoriser celles qui font allégeance.
Au nom de la stabilité, le pouvoir utilise chaque jour ses « forces de répression » elles-mêmes surexploitées et continue de réprimer toutes les contestations citoyennes, en emprisonnant les journalistes indépendants, les blogueurs, les artistes et autres militants associatifs, après avoir tenté pernicieusement de contrôler les réseaux sociaux subversifs, d’étouffer les journaux récalcitrants ou carrément en fermant les médias gênants …
Le système méprisant toujours son peuple lui distille des molécules de liberté à des doses homéopathiques et tente le grand écart entre l’universalité et l’introversion, la modernité et l’archaïsme, la démocratie et l’autoritarisme, le progrès et l’inertie ! Chaque attentat dans une contrée donnée (Paris, Londres ou autres capitales du monde), chaque incursion terroriste déjouée par les services de sécurité ou l’ANP, sont l’occasion propice offerte au clan présidentiel, pour se permettre, avec son habileté manipulatrice de continuer à mettre en place le processus d’étouffement des sujets algériens.
Aujourd’hui, le système Bouteflika, s’acharne à souiller et à empêcher l’idée des Droits de l’Homme de s’enraciner dans la société en faisant imploser toute association indépendante, parti opposant ou autres contradicteurs, libres dans la réflexion et la décision qui refusent le diktat ou qui apparaissent comme un grain de sable capable de gripper la machine répressive du clan présidentiel et supplétif.
En ce jour anniversaire, les Algériens, savent que le combat pour le respect de leur histoire, de leur civilisation, de leur identité et leur culture ne peut aboutir que s’il est mené en synergie par des citoyens libres et éclairés et des dirigeants convaincus de la primauté des valeurs humaines admises universellement. Les Algériens savent aussi qu’aujourd’hui plus que jamais est venu le temps du changement dans le cadre d’une transition politique apaisée, pour amorcer la promotion et le respect des droits fondamentaux de la personne humaine.
Les citoyens ne croient surtout pas à l’ère de la globalisation que les Droits de l’Homme triompheront en Algérie sous le régime Bouteflika finissant. Ils ne se réjouissent pas non plus de la mondialisation, tel qu’elle est conçue et vécue, car convaincus qu’elle ne fera que creuser les inégalités entre le nord et le sud et au profit des plus nantis. Regardons et analysons bien ce qui se passe actuellement en France berceau des Droits de l’Homme et ailleurs en Europe !
Le peuple algérien sait pertinemment qu’il se doit de lutter pour conquérir ses droits : le droit à une vie décente, l’accès à la liberté d’expression et de conscience, l’accès à l’éducation, à la santé…ceci ne peut se réaliser qu’avec l’avènement d’un nouveau système démocratique qui amorcerait le redressement matériel et le progrès moral par le progrès humain et le développement économique.
C’est cette problématique des Droits de l’Homme et de la Démocratie qui est l’enjeu politique fondamental, mais aussi le principal objet de la manipulation dans la recomposition du champ politique en cours de préparation dans les laboratoires du régime, pour préparer la succession souhaitée. C’est la bataille de l’heure dont l’issue est encore incertaine, et l’Algérie ne pourrait être une « exception culturelle ».
Les questions de l’universalité de la sauvegarde des libertés et des droits fondamentaux, inscrites dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, les 2 pactes internationaux des D.H, la convention de Genève que l’Algérie a ratifié doivent être rappelées aux autorités algériennes, avec fermeté et détermination chaque jour et tous les jours. La société toute entière ne doit plus céder devant les intimidations, les chantages, les faits accomplis et les diktats du régime et ses lobbies, et doit prendre le taureau par les cornes pour s’opposer pacifiquement à l’embargo mis en place contre les libertés.
Dr Lakhdar AMOKRANE
Premier Secrétaire JIL JADID