Il est des spectacles qu’on ne choisit pas de regarder, mais qu’on subit, inlassablement. Celui de la diplomatie franco-algérienne en fait partie. Une représentation à la fois absurde et prévisible, qui se joue depuis plus de soixante ans sans entracte ni renouveau. Toujours les mêmes rôles, les mêmes répliques, et surtout, les mêmes silences pesants.

Acte I : Tango grinçant, postures figées

Ce 15 avril 2025, Paris expulse douze diplomates algériens. Réplique à une mesure similaire prise par Alger la veille, après l’arrestation en France d’un agent consulaire, soupçonné d’avoir trempé dans une sale affaire d’enlèvement. Scandale ? Pas vraiment. C’est une scène de plus dans le long-métrage des crispations protocolaires.

On fait mine de s’indigner, on convoque les grands mots — “atteinte à la souveraineté”, “acte inamical”, “provocation néocoloniale”. La partition est bien connue, et chacun la joue avec l’enthousiasme mou d’un figurant lassé. La vérité ? Il n’y a plus de musique, mais le bal continue.

Acte II : La valse des illusions

Ambassadeurs rappelés, diplomates expulsés, poignées de main filmées à contre-cœur… La diplomatie entre Alger et Paris n’est plus une affaire d’État, mais une chorégraphie de symboles, où les gestes comptent plus que le sens. Et pendant que les chancelleries s’agitent dans le vide, les peuples, eux, baillent.

Les jeunesses franco-algériennes, elles, ne dansent plus. Elles attendent des visas, rédigent des lettres de motivation, ou fuient une binationalité parfois plus encombrante qu’émancipatrice. Le réel, lui, n’est pas invité au bal.

Acte III : La mémoire en playback

Il reste, comme toujours, cette mémoire instrumentalisée. On brandit le passé comme un miroir brisé : chacun y voit ce qui l’arrange. À Paris, on célèbre une “réconciliation mémorielle”. À Alger, on dénonce “l’oubli organisé”. On commémore à moitié, on s’excuse à voix basse, et on cultive la rancune comme un patrimoine diplomatique commun.

Le pire dans tout cela ? C’est que tout le monde sait. Tout le monde sait que cette danse n’a pas d’issue. Mais personne n’ose quitter la piste.

Épilogue : Une piste qui craque

La relation franco-algérienne n’est plus une affaire de diplomatie. C’est une succession de gestes creux, un théâtre d’ombres, un mauvais vaudeville où le rideau ne tombe jamais. Et tant qu’aucun des deux partenaires ne cessera de faire semblant, le bal grotesque pourra continuer.

Mais attention : la piste, elle, menace de céder. Et ce ne seront ni les ministres ni les ambassadeurs qui tomberont les premiers — ce seront celles et ceux qui, chaque jour, subissent le poids de cette hypocrisie entretenue.

Alors que reste-t-il ? Une question. Simple, brutale, presque naïve :

À quand la fin de la comédie ?

Dr A Boumezrag

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