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mercredi 2 avril 2025
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L’État algérien face à la revendication berbère et à ses outils « éditions, médias… » (première partie)

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Ce texte provient de la communication présentée au colloque « la question berbère après la colonisation. Amnésie, renaissance, soulèvements » qui s’est tenu les 19 et 20 mai 2015 à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Il diffère sur certains points de la présentation orale qui en a été faite, ainsi que de la version écrite, plus courte, destinée à la publication dans les Actes du colloque.

Ramdane Achab éditeur, enseignant

 

Introduction

De nos jours, la langue berbère est attestée sous forme d’un nombre relativement important de variétés régionales réparties sur une dizaine de pays, le Maroc et l’Algérie étant les plus importants sur les plans de la démographie et de la revendication identitaire. Aux communautés linguistiques des pays d’origine s’ajoutent celles des pays d’adoption. Sans être unique, la langue reste le marqueur le plus immédiat, le plus manifeste, le plus emblématique, mais aussi le plus fragile, le maillon faible de l’identité berbère, celui sur lequel pèsent et convergent toutes les menaces, de la plus anodine à la plus ultime.

La langue berbère s’est trouvée très tôt confrontée à la présence de grandes langues de civilisation et de pouvoir (punique, latin, grec, arabe, turc, français) qui ont exercé leur domination, voire leur monopole, dans les domaines « nobles » et les échanges formels de façon générale. L’impact le plus fort et le plus durable dans les domaines de la langue, de la culture, de la civilisation, de l’identité en général, est très certainement celui de la conquête arabo-musulmane, surtout à partir du 11ème siècle. Les avancées de la langue arabe lui ont permis de ravir la première place à la langue berbère, jusque dans les échanges informels. Le recul de la langue berbère est un phénomène historique qui se poursuit de nos jours.

Recul en termes de perte de territoires, de baisse de la démographie relative, de statut social, entermes d’une accentuation de la variation et de la fragmentation linguistiques, en termes de démantèlement des sociétés traditionnelles dans ce qu’elles avaient de plus essentiel, comme ce fut le cas, pendant la colonisation française (1830-1962), de la Kabylie dans le dernier tiers du 19ème siècle et du monde touareg au début du 20ème, à titre d’exemples, compromettant ainsi, sérieusement, les possibilités de régénération et de redéploiement, surtout que les Etats postindépendance, au lieu de s’atteler à la résorption des violences et des traumatismes hérités de l’histoire, se sont au contraire inscrits dans leur prolongement par la négation, la marginalisation, la répression, la réduction et la destruction de la dimension et des espaces berbères, langue, culture, histoire, civilisation et identité.

 

  1. L’État algérien

Bien avant le déclenchement en 1954 de la guerre d’indépendance, le mouvement national algérien était dominé par l’idéologie de l’arabo-islamisme qui n’envisageait et n’admettait pour l’Algérie future que la seule identité arabe et musulmane, à l’exclusion de la dimension identitaire berbère. L’identité de l’Algérie était déjà scellée pour l’essentiel bien avant le début de la guerre, ce qui ne signifie pas qu’il y eût unanimité ou consensus à son sujet, puisque la berbérité et la revendication de la berbérité étaient bien présentes dans la société bien sûr, mais aussi, quoique de façon minoritaire, dans les structures du mouvement national, au sein de l’Etoile Nord-Africaine dans les années 1920, au sein du PPA-MTLD vers la fin des années 1940, et pendant la guerre de 1954 à 1962.

L’Etat algérien est né dans la violence, la violence de la guerre bien sûr (1954-1962), mais aussi la violence des luttes claniques de pouvoir qui ont commencé plusieurs années avant l’indépendance : liquidation physique de concurrents potentiels, liquidation de « berbéristes » avant et pendant les années de guerre, liquidations en nombre de maquisards lors de purges internes, crise de l’été 1962 qui a culminé avec des affrontements meurtriers entre « l’armée des frontières » et les combattants de l’intérieur, installation d’un pouvoir autoritaire, répression violente de la révolte du FFS en 1963, coup d’Etat militaire en 1965, parti unique, omniprésence et omnipotence de la police politique, arrestations, emprisonnements, liquidations d’opposants politiques à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, etc. En un mot, tous les attributs d’un régime de dictature, avec l’arabo- islamisme comme idéologie, l’adoption de l’Islam comme religion d’État (1976) et comme projet de société. Utilisant tous les leviers de l’État et portée par des forces politiques ascendantes, cette idéologie tentaculaire s’est très vite imposée dans des secteurs-clefs comme l’éducation, la justice, l’administration, l’armée, etc. La politique d’arabisation de l’enseignement par exemple, menée tambour-battant avec des moyens illimités, n’a pas consisté en une simple opération de substitution linguistique, le remplacement du français par l’arabe, elle a été l’occasion d’une redéfinition et d’une réorientation politique et idéologique des contenus : formatage politique et idéologique des élèves (et à travers eux, de la société), mise sous le boisseau de tout esprit critique et des matières « Subversives » (sciences humaines), etc. Un jeune élève algérien par exemple connaît « tout » du Prophète de l’Islam et de ses compagnons, mais il ignore tout de l’histoire de son village ou de sa ville, il est même loin de se douter que son village ou sa ville ont une histoire.

 

  1. La revendication identitaire berbère

De notre point de vue, la revendication identitaire berbère n’est pas réductible à des événements, des dates, des lieux, des personnes, une chronologie, un folklore, etc. Elle n’est pas réductible à une lecture de type racial ou ethnique (telle « race », telle « ethnie » contre telle autre), elle n’est pas réductible à une lecture de type essentialiste (les Berbères ont toujours été ceci ou cela), elle n’est pas non plus réductible à une lecture de type unanimiste (tous les Berbères sont ceci ou cela). Ces quelques définitions par la négative permettent de se prémunir contre un certain nombre de dérives dans l’analyse et l’interprétation des faits.

Nous entendons par revendication identitaire berbère le mouvement historique par lequel et dans lequel se sont exprimées, individuellement ou collectivement, à l’extérieur ou à l’intérieur de structures quelles qu’elles soient, l’une et/ou l’autre de ces attitudes :

  • l’attachement à l’identité berbère, déclinée sous un ou plusieurs de ses aspects : langue, culture, société, histoire, civilisation, etc. ;
  • la défense et la promotion de cette identité.

Ce cadre définitoire nous semble correspondre aux principales données du terrain. De notre point de vue, il exclut toute considération d’ordre « ethnique ». Il inclut au contraire la diversité des régions, des nations et des origines, la diversité des idéologies et des croyances.

Ce mouvement historique n’est uniforme ni dans le temps ni dans l’espace. Sur le plan politique et idéologique par exemple, toutes les tendances sont présentes et actives en son sein. Il a connu des périodes de continuité et de croissance, d’apogée même, mais aussi des périodes de doute, d’attente, de rupture, de régression et de déclin. C’est un mouvement multiforme et multipolaire qui est soumis aux lois de l’histoire, et non pas à de prétendues « lois du sang », de la génétique ou de la psychologie des peuples.

 

  1. L’État algérien face à la revendication berbère

La revendication identitaire berbère heurte de façon frontale et remet en cause de façon radicale les fondements mêmes de l’État algérien dans ce que celui-ci a de plus essentiel : son idéologie arabo-islamique, son monolithisme politique, culturel, linguistique, son autoritarisme, sa conception centralisée de l’État, etc. Elle avance les valeurs et les principes politiques de pluralisme linguistique, de démocratie, de libertés individuelles et collectives, de justice sociale, de décentralisation, etc.

Du côté de l’État algérien, deux attitudes assez nettement différenciées, correspondant à deux périodes distinctes, caractérisent son face-à-face avec la revendication identitaire berbère :

  • La négation et la répression jusqu’à la fin des années 1980 ;
  • Et, à partir des années 1990, une nouvelle stratégie qui, sans exclure ni la violence (2001) ni quelques concessions concrètes ou purement symboliques, s’attèle à un travail systématique de démantèlement qui touche non seulement le mouvement de revendication identitaire, mais la société dans son ensemble et particulièrement des bastions importants comme la Kabylie. Cette nouvelle stratégie est, nous semble-t-il, caractérisée par les trois principaux niveaux d’action suivants :
    1. Un niveau « macro » qui agit sur les grands paramètres de la société (les facteurs économiques par exemple) ;
    2. Un niveau « micro » de suivi et de traque sur le terrain avec comme objectif de réduire les différents obstacles et les différentes poches de résistance ;
    3. Un troisième niveau qui consiste :
  • à dévoyer la revendication identitaire par l’introduction en son sein d’un véritable cheval de Troie : le paradigme « ethnique » comme paradigme d’analyse et de perception des problèmes, identitaires ou autres. Les questions quelles qu’elles soient se résolvent alors, miraculeusement, dans ce paradigme, qu’elles relèvent de l’histoire, de la sociolinguistique, de la politique, de l’anthropologie, etc. « Nous les Kabyles, on est ceci ou cela, on est comme ceci ou comme cela… », c’est le sésame qu’on trouve en amont ou à la conclusion de bien des discours, de bien des explications, et qui se décline sous toutes les coutures, prose, poésie, chanson, etc., avec les imparables évidences et assurances du sens
  • à manipuler la même revendication identitaire, notamment en favorisant l’émergence d’acteurs et d’organisations capables d’assurer la promotion politique du même paradigme. Une manipulation qui peut rejoindre des aspirations de type nationaliste et qui peut rencontrer en écho le désespoir et l’impatience d’une partie de la

Ainsi dévoyée et manipulée, la revendication identitaire est détournée de ses objectifs ; elle devient disponible pour toutes sortes d’aventures et de marchandages, à l’échelle du pays pour servir au besoin de détonateur à une confrontation violente de type « interethnique », ou bien, à l’échelle de l’Afrique du Nord, pour défaire le tissu de solidarités avec les autres régions berbérophones afin d’affaiblir, sinon de neutraliser le mouvement dans son ensemble.

Il n’est pas inutile de rappeler ici que ce dévoiement et cette manipulation de la revendication identitaire se sont faits à l’occasion et à la faveur des événements de 2001 et l’assassinat resté impuni de près de 130 citoyens par les gendarmes en Kabylie. Après la phase ascendante du Mouvement citoyen qui a culminé avec l’imposante marche du 14 juin, le cours de ces événements a été détourné pour ne plus servir qu’à disqualifier la politique et le politique en général. Faire table rase du passé, neutraliser les acteurs politiques, les forces de médiation, nettoyer la Kabylie politique au kärcher, faire émerger de nouvelles forces, de nouveaux acteurs, de nouveaux « porte-paroles », de nouveaux « guides », de nouveaux « héros », installer la violence, l’émeute, la jacquerie, le vandalisme, les barricades et la fumée des pneus brûlés comme nouveaux codes du militantisme et nouveau mode de gouvernance : telle fut la mission historique, tel fut l’héritage des Arouchs, force aux relents fascisants fabriquée et gérée dans les cabinets secrets chargés d’élaborer et d’implanter des stratégies d’éradication des racines mêmes de la revendication et de la fronde.

Les événements de 2001 ne sont pas une réplique du printemps berbère de 1980, ils en sont non seulement la caricature mais la négation la plus absolue, tant au niveau des principes et des valeurs que dans celui du fonctionnement et des objectifs. Ils illustrent les capacités illimitées du régime en matière de manipulation de la société, la capacité de retourner la société contre elle- même. C’est dans le sillage de ces événements et dans une volonté de reconfiguration au forceps du paysage politique régional, que se sont profilées les premières expressions autonomistes (et aujourd’hui indépendantistes) et que sont apparus les tuteurs politiques autoproclamés de la région, chargés de tenir leur rôle dans la polarisation de la vie politique, et de travailler de l’intérieur à la réduction, à l’implosion et à l’effondrement de la revendication identitaire et de la contestation en général.

Dévoiement et manipulation n’excluent pas, cependant, l’existence intrinsèque et relativement ancienne, de positions berbéro-nationalistes, entrevues en termes d’autonomie, d’autodétermination, de régionalisation, de fédéralisme, etc., à l’échelle d’un pays comme l’Algérie ou à celle de l’Afrique du Nord toute entière. La première formation politique à s’être engagée formellement sur ce terrain est le FFS clandestin qui, vers la fin des années 1970, a avancé le concept de « démocratie décentralisatrice » ainsi que le triptyque « autonomie individuelle, autonomie locale et autonomie régionale ». Mais ces concepts ont été proposés par le FFS clandestin pour l’Algérie toute entière, alors que des formations plus récentes voguent sur le paradigme « ethnique » et se focalisent sur la seule Kabylie.

Dans la mise en application de cette stratégie de dévoiement-manipulation, à partir des années 1990, plusieurs leviers sont actionnés :

  • dégradation de la situation sociale, avec, notamment, un taux de chômage significativement élevé par rapport aux taux des autres régions du pays ;
  • politique de découragement des investisseurs : rejets arbitraires des dossiers, insécurité voulue et entretenue, enlèvements d’entrepreneurs et de membres de leurs familles, etc. ;
  • apparition rapide de maux sociaux à grande échelle : lieux de débauche, drogue, prostitution, avec la complicité des autorités ;
  • militarisation de toute la région, sous prétexte d’une insécurité volontairement entretenue ;
  • destruction ou neutralisation de tous les espaces où peut s’exprimer, s’organiser et se développer le lien social : structures traditionnelles, partis politiques, réseaux sociaux, etc. ;
  • offensive islamisante destinée, avec la complicité des autorités, à encadrer idéologiquement la population, à la dresser à l’obéissance et à la soumission, à la traumatiser par la remise en cause des rituels d’enterrement par exemple, tout en servant de véhicule et de force d’appoint à l’arabisation ;
  • stratégie de pollution et de brouillage des repères et des valeurs, de nivellement par le bas,
  • etc.
  • Ramdane Achab

    Deuxième partie

 

Amir.dz : La page Facebook qui dérange le pouvoir algérien et ses larbins est censurée 

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La page du cyberactiviste Amir DZ dont la page Facebook connaît un succès sans pareil dans le monde arabe en dénonçant les malversations de responsables algériens et leur rejetons a été supprimé momentanément hier par l’administration de Facebook suite à une plainte du patron d’Ennahar tv, Mokkedem Mohamed, alias Anis Rahmani.

« J’ai reçu très tôt ce matin des messages de Facebook confirmant la suppression de la page Amir DZ. Oui pour la liberté d’expression, mais dépasser les limites avec des hommes est interdit », écrit-il sur Tweeter.
am

La page Facebook Amir.dz comptait pas moins de 2 millions d’abonnés. Par ses publications, qui chatouillent une fibre sensible chez les Algériens, en n’épargnant aucune personne qui graviterait autour de système pollué des responsables corrompus et leur progéniture qui bradent les ressources du pays.

Le jeune, Amir Boukhors, originaire de Tiaret, et établi actuellement en France, recevrait même, de la part de personnes haut placées dans les institutions sécuritaires, ce qu’on pourrait appeler sans hésiter, des informations classées confidentielles, et même des messages de soutien, ce qui montre à quel point le pouvoir se sent fragilisé et perdre le contrôle sur ses éléments.

Par ailleurs, une autre page de secours du même nom et qui compte plus de 200 000 abonnés, a démenti l’implication d’Anis Rahmani dans la désactivation de la page et accuse une campagne de signal de la part de millions de facebookeurs engagés par les nababs du système contre lui.

En gros, le système, avec tous ses moyens, est en train de s’affoler, face à un seul jeune « harrag », muni que de sa page Facebook et de sa détermination.

Source : Le Matin d’Algérie

Les inscriptions aux examens, BAC, BEM et 5ème

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ALGER – Les inscriptions pour les examens scolaires nationaux pour l’exercice 2018/2019 sont fixées du 15 octobre au 15 novembre, et se feront sur le site de l’Office national des examens et concours (ONEC), a annoncé mardi le ministère de l’Éducation nationale.

Pour le baccalauréat, les futurs candidats pourront s’inscrire sur l’adresse bac.onec.dz, pour le Brevet de l’enseignement moyen (BEM) sur bem.onec.dz, tandis que pour l’examen de fin de cycle primaire l’adresse est cinq.onec.dz, précise la même source.

L’examen du baccalauréat aura lieu du 16 au 20 juin, celui du Brevet d’enseignement moyen (BEM) du 9 au 11 juin, tandis que l’examen de la 5ème année primaire est fixé au 29 mai.

APS

Le Baron perché, roman d’Italo Calvino

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Je viens de terminer ce chef-d’œuvre d’intelligence et d’humour, où défile, en filigrane tout le siècle des Lumières ! Cette «période de transition» comme le dit le narrateur…

On y rencontre pêle-mêle :

Les mœurs, les costumes, les décors, les nourritures nouvelles venues des contrées lointaines. La pauvreté du peuple, les errants, les parias au fond des bois, les brigands des grands chemins.

Le bouillonnement religieux, l’Inquisition, la sorcellerie et les superstitions, la rigueur janséniste, les Jésuites, puis le déisme voltairien.

Les philosophes : Montesquieu, Voltaire, Rousseau… L’exil des penseurs auprès de monarques «éclairés», comme Catherine II.

La glorification du savoir et de l’inventivité humaine (l’encyclopédie Diderot-D ’Alembert, Robinson Crusoë qui réussit sa survie en solitaire… L’exploration de la nature (les ruches, la culture de la vigne, les herbiers de Linné…) et les tours du monde (Cook, Bougainville…). L’essor des sciences, de l’hydraulique des jardins de Versailles à la montgolfière…

La vogue d’exotisme (le turban de Monsieur Jourdain, les Lettres persanes, Zadig, Paul et Virginie, le magnolia d’Amérique… juste au-delà du mur, au-delà donc des limites, ce dernier peut être aussi allusion à cette révolution américaine qui a précédé la nôtre). Les pirates barbaresques. L’aventurisme à la Beaumarchais. Le bon sauvage, l’ingénu, vendredi…

L’éclatement du carcan moral, fruit de nouvelles interrogations, le libertinage (Casanova, Don Juan, le marquis de Sade, le succulent «Supplément au voyage de Bougainville» de Diderot…)

Les productions littéraires phares de l’Europe de l’époque : des romans picaresques aux romans d’initiation, des œuvrettes populaires colportées par la bibliothèque bleue aux libelles incendiaires et aux gazettes. On se promène aussi au jardin préromantique de la nouvelle Éloïse ou de Werther.

L’éducation sclérosée des nobles et des grands bourgeois. Mais aussi les voyages de formation de la jeunesse (comme celui que fit Goethe à Rome). La nouvelle curiosité intellectuelle des femmes, qui, au sortir des salons littéraires, allait bientôt donner Olympe de Gouges ou Mme de Staël… La rouerie de celles qui s’émancipent… Le badinage mondain à la Marivaux.

On y voit s’éveiller la conscience sociale de certains nobles instruits, comme le héros, ce qui va mener à la Révolution. La franc-maçonnerie transparaît avec ce Papageno de la Flûte Enchantée de Mozart, perché dans ses arbres. On assiste bientôt au recueil des Cahiers de doléances, aux États généraux… et à la Révolution.

L’espoir soulevé par Bonaparte sera suivi de la déception et de la crainte face à l’impérialisme napoléonien, de l’avortement de la Révolution, et de la remise en place d’un ordre ancien, peut-être plus impitoyable encore avec le triomphe de la bourgeoisie industrielle et commerciale.

On voit néanmoins à la fin se profiler les prémisses d’une libération des nations par les peuples (Risorgimento italien, avec des allusions claires aux carbonari, à Mazzini et à Garibaldi). Le réveil du peuple bientôt avec Proudhon et Marx…

Ce roman, c’est… de la haute voltige !

À relire, deux, voire trois fois sans en épuiser la richesse…

 

Mireille Liatard

La genèse de la haine envers Tamazight

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« Au commencement était l’émotion. Le verbe est venu ensuite remplacer l’émotion, comme le trot a remplacé le galop. Alors que la loi naturelle du cheval est le galop, on lui fait avoir le trot. » Écrivait Céline.

J’adapte donc Céline et j’écris qu’au commencement, était Tamazight. L’Arabe est venu ensuite remplacer Tamazight. Alors que la langue naturelle de l’Afrique du Nord était Tamazight, on lui fait apprendre l’arabe.

À Jijel, des parents s’indignent et refusent que leurs enfants suivent des cours de Tamazight.

 » On n’est pas obligé », s’exclamait une dame devant le micro de la chaîne de Chourouk News.

La chaîne info est dépêchée sur place, devant le portail de l’école pour recueillir les avis des quidams, leurs incartades, leur irrévérence et leur déconsidération à autrui. Leurs allégations dénotent un racisme enraciné, cultivé, transmis en héritage.

Devant le micro de Chourouk News, tout le monde le sait, on vend sa dignité au rabais. On met toute son énergie à haïr et à vomir son venin. C’est dans ce pays sans foi ni loi que des parents d’élèves sans conscience ni remords essayent de briser Tamazight et tout ce qu’elle véhicule comme culture civilisation. Pour eux, le parfait programme, c’est l’arabe, l’islamisme, la haine et le refus de leur identité sans qu’ils le sachent.

« Ils vont faire quoi avec ?  » s’offusque une autre dame. On sent, dans ces paroles, le mépris et l’arrogance. On devine aussi que l’option  » matière facultative » est mise par les décideurs exprès pour permettre à qui veut le rejet de Tamazight, naturellement, volontairement, librement.

Tamazight, cette langue qui obsède le pouvoir. Il l’enferme et la séquestre dans un îlot de singularités entouré de barbelés, refusant son utilisation dans les hautes sphères, consolidant par tous les moyens la suprématie de l’Arabe.

On annonce une infinité de mesures pour sa réhabilitation, mais on continue de cultiver les réticences, de nourrir une détestation générale, d’entretenir savamment l’idée de son inutilité.

Tout est bon contre Tamazight. On la renie, on l’interdit, on emprisonne ceux qui l’écrivent. Puis, on lui accorde des moments éphémères de bonheur, des miettes de reconnaissance pour mieux lui tordre le cou sur l’autel de la réconciliation du pouvoir islamisme.

Mon Dieu, combien me répugnent ces personnes qui par hypocrisie font semblant de s’efforcer à prononcer quelques mots en cette langue, puis lâchent :  » Je voudrais bien, tu vois, mais je n’y arrive pas ».

Vous partagez sans aucun doute, ma révolte et mon indignation à l’encontre de ces ennemis du progrès, de la tolérance, de l’ouverture sur l’autre. Ces gens qui font toujours obstacle aux luttes des causes justes et qui ont un jugement négatif sur un legs linguistique naturel.

Le hidjab ? Oui.

L’épanouissement ? Non

L’arabisation ? Oui.

Tamazight ? Non

Le djihad ? Oui.

La paix ? Non.

Et si les tsunamis et les ouragans pouvaient dévaster rien que les intolérants, les sectaires et les étroits d’esprits ?

Katia Bouaziz

Le premier roman de Muḥand Nait Abdellah vient de paraître

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TARGIT, YIWWAS, AD TEFFEƔ, [le rêve se réalisera, un jour…], tel est le titre du premier roman de Muḥand Nait Abdellah qui vient juste de paraître aux éditions « Graine fertile » (sises Tizi-Ouzou).

Enfin, d’une autre manière, un rêve s’est réalisé ! Car Muḥand a publié son « premier » roman ! J’insiste sur premier, car d’autres soupirs attendent encore une délivrance sur la feuille blanche…

Muḥand Nait Abdellah est, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, est né en 1956 à Tifilkut, (commune d’Ililten). Il est fonctionnaire à l’Université, M. Mammeri de Tizi-Ouzou.

Lors du Printemps berbère de 1980, il a connu les geôles de Berroughia : il était des célèbres 24 détenus. Il était et demeure toujours militant de la cause amazighe.

Il a déjà à son actifs deux recueils de poésie : « Aḍref » [le sillon], 2013, et « Awal d wawal » [le verbe et le dire], 2015.

 

INDEXATION

Nait Abdellah, Muhand

Targit, yiwwas, ad teffeɣ / Muhand Nait Abdellah. – 1re éd.-

Tizi-Ouzou, Algérie, éditions Graine fertile, 2018.

152 p. ; 16,2 x 11,3 cm.

ISBN    978-9931-9319-7-3

  1. Roman algérien. 2. Littérature algérienne
  2. Titre

Première édition, 2018.

© Éditions Graine fertile.

© Muhand Nait Abdellah.

Tizi-Ouzou, Algérie.

Téléphone : + (213) 26 18 83 82.

Mail : grainefertile@gmail.com .

 

 Par Said Chemakh .

 

APN : Bouteflika, l’arbitre qui ne dit plus rien

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La résistance du président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Saïd Bouhadja, face au processus de destitution engagé contre sa personne, par les groupes parlementaires de la majorité, notamment celui du Front de libération nationale (FLN), a, visiblement, de quoi mettre le pouvoir dans une position inconfortable. Voire embarrassante.
D’ordinaire, les commis du système remettent le tablier sans faire de vagues, lorsque cela est exigé d’eux. Et Saïd Bouhadja, pour avoir depuis toujours fréquenté le pouvoir, ne peut pas méconnaître les procédés de révocation, ni d’ailleurs qui peut les inspirer, une fois le processus de déchéance décidé et sérieusement entamé. Qu’est-ce qui fait donc que le président de l’APN, qui n’a pas la réputation d’être un batailleur, refuse de céder à la demande ferme et express de la majorité parlementaire ? La réponse est certainement contenue dans les propos de Saïd Bouhadja, qui ne semble pas être très “convaincu” de l’origine de cette injonction. Et il le dit sans détour dans une déclaration faite au journal électronique TSA : “Il faut d’abord que je sache s’il s’agit d’une démission ou d’un limogeage. Il faut qu’on me l’explique, je demande à être convaincu. La démission est un acte volontaire. Je m’accorde deux à trois jours de réflexion.” Autrement dit, et Saïd Bouhadja a eu déjà à le souligner, il n’est pas “pressé de partir” tant que la “partie” qui l’a désigné à ce poste ne lui passe pas un coup de fil. Le président de l’APN parle certainement de la présidence de la République.
C’est du moins ce qu’il laisse entendre dans son entourage. À la presse, aussi. Mais voilà que du côté de la première institution du pays, aucun signe n’est donné. Pas le moindre, à vrai dire.
Il y a, cependant, le groupe parlementaire du FLN, le chef du parti Ould Abbes, aussi, qui évoquent des décisions verbales provenant du chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika. Vraiment ? De toute manière, le troisième personnage de l’État ne semble pas trop y croire. Lorsque ceux-là lui avaient demandé de rétablir le secrétaire général de l’APN dans ses fonctions, au nom d’une missive verbale du président de la république, Saïd Bouhadja avait refusé d’abdiquer. Aujourd’hui encore, il refuse de partir. Il veut s’accorder du temps, et surtout, “comprendre”.
Comprendre, décidément, qui veut sceller son sort et s’il en a la prérogative. En un mot, Saïd Bouhadja veut savoir si c’est réellement Abdelaziz Bouteflika qui veut le “démissionner”. Et les doutes du président de l’APN, aujourd’hui formulés publiquement, ne sont pas pour arranger les affaires du système. Bien au contraire, les suspicions de Saïd Bouhadja ont de quoi conforter la thèse de l’opposition, comme quoi “ce sont des centres d’intérêts occultes qui dirigent actuellement le pays, en lieu et place d’un Président malade et pas très au fait de ce qui s’entreprend en son nom”. Aussi, les doutes du groupe des 19, pour la plupart des personnalités qui avaient fréquenté le chef de l’État et qui demandaient à le rencontrer au lendemain de sa reconduction pour un quatrième mandat, pour vérifier si certaines décisions qui “ne lui ressembleraient pas” étaient réellement prises par lui. L’épisode Bouhadja apporte également de l’eau au moulin de l’ancien chef de la DGSE, Bernard Bajolet, qui soutenait récemment qu’“Abdelaziz Bouteflika est maintenu en vie artificiellement” et que “cette momification du pouvoir algérien sert certains groupes qui, ainsi, se maintiennent au sommet et espèrent continuer à se maintenir et à s’enrichir”. C’est dire que le bras de fer en cours au sein de l’APN aura achevé de démontrer que la question de la vacance du pouvoir en Algérie n’est pas une simple vue de l’esprit… de l’opposition.
Dans un système politique tel que celui de l’Algérie, lorsqu’il y a un chef à bord, une institution parlementaire ne peut pas connaître une situation de blocage, moins d’une année après son élection.

 

Mehdi Mehenni

Source: liberte-algerie.com

Chokri Belaid et Mohamed Brahmi : Assassinats politiques

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Plusieurs accusations, preuves à l’appui selon le comité de défense des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, ont été formulées à l’encontre d’Ennahdha, notamment au sujet de ses liens avec certaines personnes qui seraient impliquées dans l’assassinat des deux martyrs le 6 février et le 25 juillet 2013.
Ridha Radaoui, membre du comité de défense, s’est longuement interrogé sur le rôle d’un certain Mustapha Khedher, qualifié de chef de la présumée organisation spéciale du parti islamiste qui aurait été à l’oeuvre pour la liquidation des personnalités politiques citées. Au sujet de l’assassinat de Chokri Belaid, Ridha Radaoui a affirmé que l’auteur, le terroriste Kamel Gadhgadhi, a touché une prime de 2000 TND pour commettre le crime.

Les liaisons dangereuses entre Ennahdha et Mustapha Khedher
L’homme, selon Ridha Radaoui, entretient des liens historiques avec Ennahdha, remontant à 1992 lorsqu’il avait comparu devant le Tribunal Militaire. « Certaines autres personnes en lien avec Ennahdha ont même fait partie du groupuscule du Salut National de novembre 1987 », a précisé le membre du comité de défense.
Toutes ces personnes, poursuit-il, entretiennent des liens avec des dirigeants d’Ennahdha à l’instar d’Ali Laaryadh, Rafik Bouchleka, Noureddine Bhiri, Rached Ghannouchi, ou encore Habib Ellouze.
Cette organisation spéciale, souligne encore Ridha Radaoui, possède des informations sur les affaires de l’assassinat, qui ne figurent pourtant pas sur le dossier officiel de l’affaire.
D’autre part, Mustapha Khedher, selon le comité de défense, possède une multitude d’informations sur l’affaire. Un hommage lui a été rendu par l’ancien président provisoire de la République, Moncef Marzouki.

Il travaillait étroitement avec Ali Laarayadh
L’homme, d’après le comité de défense, serait même en possession de listes nominatives de délinquants dans le Grand Tunis. Il était même l’auteur d’opérations d’espionnage ayant visé l’ambassade des Etats-Unis en Tunisie et l’armée algérienne. « Mustapha Khedher était aussi chargé de répondre aux mails personnels d’Ali Laaryadh lorsque ce dernier était ministre de l’Intérieur. Il entretenait des liens avec les Frères Musulmans », a précisé Ridha Radaoui. Toujours selon le membre du comité de Défense des deux martyrs, le parti islamiste aurait même organisé des sessions de formation portant sur les écoutes, supervisées par l’un des cadres sécuritaires du ministère de l’Intérieur ayant travaillé sous le régime de l’ancien président de la République, Zine Abidine Ben Ali. « Il figure parmi les plus grandes compétences en la matière », a-t-il ajouté.

Côté Ennahdha, on nie en bloc
Des figures de la Gauche tunisienne, soulignons-le, étaient présentes lors de la conférence de presse du mardi 2 octobre 2018, à l’instar de Hamma Hammami, porte-parole du Front Populaire, de Zouhair Hamdi, secrétaire général du Courant Populaire, et de Zied Lakhdhar, secrétaire général d’Al Watad Unifié. Tous ont mis l’accent sur l’implication d’Ennahdha qui, selon eux, vise surtout à éradiquer le Front Populaire.
Le ministre de l’Intérieur a lui aussi été pointé du doigt par les dirigeants, qui ont souligné qu’il a refusé de les rencontrer avant la tenue de la conférence de presse de ce mardi.
En réaction à ces graves accusations, certaines figures du parti islamistes sont sorties de leur silence. Noureddine Bhiri, chef du bloc parlementaire du parti à l’ARP qui a été cité par le comité de défense des martyrs, a remis en question la crédibilité du Front Populaire. « Accuser Ennahdha lors des conférences de presse successives risque d’affecter la crédibilité du Front Populaire. Les accusations formulées à l’encontre du parti ne font rien d’autres que du bruit », a-t-il déclaré sur Shems FM.
Walid Bennani, autre nahdhaoui, s’est exprimé sur les ondes de la même radio, niant en bloc toute implication de son parti avec les assassinats de Chokri Belaid et de Mohamed Brahmi. « La véritable question qui se pose devrait plutôt porter sur l’existence d’une aile parallèle au sein du ministère de l’Intérieur fournissant au Front Populaire certaines informations », a-t-il lâché.
Ennahdha n’est sans doute pas le seul à devoir s’expliquer au sujet des accusations formulées mardi 2 octobre 2018, même si les propos des deux dirigeants nahdhaouis sont loin d’être convaincants. Le ministère de l’Intérieur aura lui aussi un éclairage à fournir à propos des documents volés et, surtout, de la Chambre Noire.

Source : realites.com

Maroc : Amnesty International demande une enquête sur la mort de Hayat

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Après Human Rights Watch (HRW), c’est au tour de l’organisation Amnesty International de demander au Maroc de mener une enquête sur les circonstances de la mort de Hayat sur un bateau intercepté par la marine royale marocaine.

« Amnesty International appelle les autorités marocaines à mener une enquête complète et indépendante autour des circonstances de la mort de #Hayat sur un bateau intercepté par la marine royale marocaine », a écrit l’organisation lundi sur son compte Twitter, demandant également de faire la lumière sur les trois autres Marocains blessés par les tirs sur le Go-fast.

Dans une note envoyée à la presse, la Marine Royale affirme que seul le pilote, de nationalité espagnole, était visible par l’armée et avait une « attitude hostile » alors que les migrants (une vingtaine selon certaines sources) étaient cachés sous une bâche de « la même couleur que l’eau ».

Cette enquête est également réclamée par de nombreux Marocains sur les réseaux sociaux, principalement sur Twitter sous le hashtag #Quiadonnélordre.

Agée de 20 ans, Hayat Belkacem était étudiante à la faculté de droit à Tétouan. Elle a été tuée par des tirs de la Marine royale.

Source : bladi.net

Bouteflika, son cinquième mandat et ses courtisans

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ALGÉRIE

 Une quinzaine de micro-partis appellent Abdelaziz Boutelika à briguer un cinquième mandat en 2019. Enquête sur ces partisans de la dernière heure.

Sur la photo de famille prise ce 15 août à Alger, ils sont quinze. Quinze responsables de parti politique à l’audience très limitée réunis pour défendre une cause commune : la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat. « Le pays a besoin [de lui] pour relever les défis liés à l’approfondissement des réformes sur les plans politique, économique, social, sécuritaire et de politique extérieure », affirme en conférence de presse Belkacem Sahli, secrétaire général de l’obscure Alliance nationale républicaine (ANR).

Sur ces quinze responsables, ceux qui ont croisé Bouteflika une fois dans leur carrière se comptent sur les doigts d’une main. Parmi eux, nul ou presque n’est en mesure de détailler le programme de celui dont ils souhaitent le maintien à la tête de l’État, en dépit d’un âge avancé et d’une santé fragile. « Aujourd’hui, chacun s’empresse non pas de soutenir son programme, mais de prêter allégeance à sa personne », assure un vieil ami. Et plus le raïs garde le silence sur ses intentions, plus ses soutiens rivalisent de zèle pour le prier de briguer un nouveau mandat. L’essentiel n’est-il pas de suivre le mouvement de celles et ceux qui l’appellent à « poursuivre sa mission au nom de la continuité et de la stabilité » ?

Au sein du personnel politique qui gravite ou a gravité autour de Bouteflika, tout le monde ne peut prétendre à la même proximité avec le chef. Certains se prévalent de son amitié et de son compagnonnage. D’autres, plus nombreux qu’ils ne le sont en réalité,  affirment avoir son oreille. Mais rares sont ceux qui partagent encore un thé avec lui. Depuis son accession au pouvoir, en 1999, le président algérien a constitué autour de lui, volontairement ou à son corps défendant, une légion de serviteurs, fidèles, courtisans, obligés, laudateurs et même un fou du roi…

Les commensaux

L’appétence de Bouteflika pour les monarchies et émirats de la péninsule Arabique, où il a passé quelques années au cours de sa « traversée du désert », dans les années 1980, ou encore son inclination pour les régimes marqués par une présidence à vie, comme ceux de Mouammar Kadhafi, Saddam Hussein ou Hafez al-Assad, ont sans doute forgé l’idée de l’existence d’une cour autour de lui. « Ceux qui gravitent autour du pouvoir l’ont compris et assimilé, explique l’une de ses connaissances. On est dans le culte de la personnalité… Ce qui n’est pas pour lui déplaire. » Un de ses anciens ministres abonde dans le même sens : « Bouteflika n’a pas d’amis, il a des affidés. Quand il n’en a plus besoin, il s’en débarrasse. » Un peu tels les commensaux au Moyen-Âge, invités à la table du roi tant qu’ils étaient utiles. Les Premiers ministres successifs du président algérien en seraient les équivalents contemporains.

En vingt ans, Bouteflika a usé sept chefs de l’exécutif : Ahmed Benbitour, Ali Benflis, Ahmed Ouyahia, Abdelaziz Belkhadem, Abdelmalek Sellal et Abdelmadjid Tebboune. Si le poste confère une proximité avec le chef, il ne permet pas pour autant de faire partie du cercle des intimes. Surtout, il ne met pas à l’abri des revers de fortune, de la disgrâce ou du bannissement. Chef du gouvernement entre décembre 1999 et août 2000, Ahmed Benbitour n’a plus jamais recroisé la route de Bouteflika. Son successeur, Ali Benflis, a été frappé d’excommunication pour avoir osé prétendre à la magistrature suprême. Depuis leur divorce, en mai 2003, les deux hommes, qui furent pourtant proches, ne se sont plus adressé la parole. Si Benbitour et Benflis n’ont jamais fait partie de la cour de Bouteflika, il en est autrement de leurs successeurs.

Abdelaziz Belkhadem, l’un des rares à avoir connu le président avant même son retour aux affaires, chef du gouvernement entre 2006 et 2008, a été congédié du jour au lendemain, sans explications. Secrétaire général du FLN jusqu’en 2013, il a, lui aussi, été banni pour avoir osé s’afficher avec les adversaires du chef de l’État. Quant à Abdelmadjid Tebboune, qui faisait également partie de ceux qui ont intimement fréquenté Bouteflika lors de ses années difficiles, il a été débarqué de la tête du gouvernement en août 2017 après 80 jours d’exercice. Sans fleurs, ni couronnes.

Le fou du roi et les cardinaux

Fidèle serviteur pendant plus de quatre ans, Abdelmalek Sellal a été évincé en mai 2017 sans un mot de remerciement de la part du président… dont il avait pourtant dirigé les campagnes victorieuses de 2004, 2009 et 2014. En coulisse, certains le soupçonnaient de rêver à terme de prendre la place du calife.

Fin connaisseur du sérail et vieux briscard de la politique, l’actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sait ce qu’il en coûte d’afficher un soupçon de déloyauté au vieux raïs. Lui qui rêve secrètement du palais d’El-Mouradia ne manque pas une occasion de renouveler son engagement à Bouteflika. Un cinquième mandat ? Il signe des deux mains. Tout autant que Djamel Ould Abbes, secrétaire général du vieux parti, qui clame urbi et orbi connaître l’agenda du président sans l’avoir rencontré une seule fois depuis sa nomination, en octobre 2016.

Bien qu’il n’ait jamais été un intime du président, le chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, est l’une des rares personnes qui lui vouent respect et fidélité. Soutien indéfectible depuis sa nomination à la tête de l’armée en 2004, sa loyauté n’a jamais été prise en défaut. Même en privé, l’imposant chef d’état-major se garde de critiquer le chef de l’État. « Je lui dois tout », a-t-il confié un jour à l’un de ses amis. Le vice-ministre de la Défense loue souvent le passé révolutionnaire de Bouteflika. Sorte de « cardinal de la République », il se dresse comme un rempart face à ceux qui souhaiteraient l’application de l’article 102 de la Constitution, qui prévoit la destitution du président si, « pour cause de maladie grave et durable, [il] se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions ». Bouteflika candidat, Gaïd Salah le soutiendrait sans ciller. Il demeure un allié précieux, dont le poids politique s’est renforcé avec le remaniement qui a affecté les chefs des régions militaires, d’autres structures de l’armée, la direction de la police et celle de la gendarmerie.

La régence

Privilégiée, la famille est le seul et unique noyau auquel Bouteflika accorde une confiance absolue. C’est d’autant plus vrai que cet homme qui cultive une méfiance avérée et une certaine forme de dédain envers la classe politique vit retranché dans la résidence de Zeralda, sur le littoral ouest d’Alger, qui lui sert de lieu de vie et de travail depuis son AVC, en 2013. Le cercle intime est formé des deux frères, Saïd et Nacer, et de la sœur, Zhor. Ils sont les seuls à avoir un accès direct, constant et sans limites au raïs. Ancienne sage-femme, la sœur fait office de gouvernante et de confidente, et s’assure du bien-être de l’aîné, au point de le veiller lors des déplacements médicaux à l’étranger. Contrairement à ses deux frères, elle ne voit pas d’un bon œil l’idée d’un cinquième mandat. « Elle n’était déjà pas favorable à sa candidature en 2014, confie une amie. Elle souhaite qu’il quitte la scène avec les honneurs pour se reposer et se soigner. »

Conseiller spécial à la présidence, Saïd Bouteflika, à qui l’on prête la volonté de prolonger le règne de son frère ad vitam aeternam, reste la véritable interface entre le chef de l’État et les institutions. Lui seul a son oreille. Et son influence croissante et inédite en fait, de facto, le régent. Il transmet les instructions de Bouteflika au Premier ministre, aux membres du gouvernement ou aux interlocuteurs étrangers. Car la maladie handicapante du président ainsi que sa réclusion ultrasécurisée à Zeralda ont considérablement réduit son agenda de travail. Contrairement aux années précédentes, il ne reçoit plus son Premier ministre en tête à tête. Et ses entretiens avec Ahmed Gaïd Salah se sont espacés au fil du temps. Quant aux audiences avec les hôtes étrangers.

Mais pourquoi tout ce beau monde court-il derrière un cinquième mandat, au point de braver les moqueries et le mépris de l’opinion publique ? Ceux qui occupent déjà des postes à responsabilité rêvent de se maintenir. Les autres espèrent obtenir un strapontin dans un ministère, à l’Assemblée nationale, au Sénat ou ailleurs. Rester dans la cour ou y entrer. Dans les deux cas, se réchauffer à l’ombre d’un « roi-soleil ». Mais ceux qui exhortent Bouteflika à se maintenir au pouvoir seront-ils toujours à ses côtés s’il vient à y renoncer demain ? À l’un de ses proches qui lui conseillait, à l’automne 2008, de ne pas renoncer à un troisième mandat, Bouteflika répondit ceci : « Si j’annonce que je ne suis pas candidat, ils sont capables de ne plus me ramener les journaux le matin… » La république peut se montrer régicide.

Farid Alilat

Source : Jeune Afrique