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jeudi 21 novembre 2024
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Le « Hirak » du Maroc à l’Assemblée nationale française

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Selon Atlasinfo , La députée de « La France insoumise », Mathilde Panot, et son suppléant franco-algérien, Mourad Tagzout, vont recevoir, le 14 septembre, à l’Assemblée nationale, une délégation du Hirak, un mouvement marocain de contestation sociale.

Parmi les membres de la délégation, la mère de Nasser Zefzafi, leader du Hirak, qui a été condamné en juin 2018 avec trois autres meneurs, Nabil Ahmjiq, Ouassim Boustati et Samir Ighid, à une peine de 20 ans de prison pour « complot visant à porter atteinte à la sécurité de l’État », un chef d’accusation passible selon les textes de la peine de mort.

Cette décision de la députée française du Val-de-Marne et de son suppléant franco-algérien est une « initiative personnelle », a appris mercredi Atlasinfo de sources proches du parti de Jean-Luc Mélenchon.

Née en 1989, Mathilde Panot est membre de la Commission du développement et d’aménagement du territoire à l’Assemblée nationale française.

Son suppléant, Mourad Tagzout, est un conseiller municipal (FI) d’Ivry, une ville proche de Paris .

La rédaction

Le mouvement du sud réagit aux propos du PDG de la Sonatrach

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Le comité national pour la défense des droits des chômeurs et le comité populaire hostile au gaz de schiste déclarent que les propos tenus par le directeur général du groupe Sonatrach n’apportent rien de nouveau autre que le mépris, l’insulte, la Hogra et une nouvelle provocation aux populations du sud comme ça était toujours le langage des représentants de l’État envers cette partie du peuple algérien.

La déclaration de ce directeur général est une réponse à la position des jeunes qui ont rejeté sa proposition qui a invité leurs représentants à se déplacer en Amérique, au Mexique et au Canada pour évaluer les dangers du projet de l’exploitation du gaz de schiste.

Suite à une réunion avec les proches du Dr Chakib Khelil dans l’une des willayas de l’Est algérien, durant laquelle on voulait corrompre ces jeunes par de divers avantages pour les impliquer dans un conflit politico-économique qui oppose le groupe qui soutient la France et le groupe qui soutient les USA pour la réalisation de ce projet au détriment de la santé de la population et de toute la région par le risque de polluer les réserves des eaux souterraines.

La politique de l’exclusion des habitants du sud n’est pas nouvelle, c’est la monnaie quotidienne des sociétés et des entreprises pétrolières installées dans cette partie du pays.

Le recrutement sélectif et raciste est une pratique quotidienne.

Est-ce que tous les jeunes de la région sont-ils incompétents pour décrocher un poste dans ces entreprises ?

Selon ce directeur général, pour intégrer ce monde de travail si compliqué et si pointu, il faut avoir un bagage de connaissances et de savoir inestimable, sinon le jeune ne peut être qu’un danger pour ce secteur.

Nous réitérons ici notre position inébranlable sur notre refus catégorique sur la pollution de la nappe souterraine par l’absurde argument qui est le sauvetage de l’économie nationale.

 

                                                         Belabes Tahar et Hamim Mohamed
                                                     représentants des deux comités 

Mauritanie: Commémoration de la 33ème journée du comité permanent international de lutte contre la sécheresse dans le Sahel

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Le comité permanent international de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) a commémoré, mercredi, sa 33ème journée, placée cette année sous le thème : « L’importance des produits forestiers non-ligneux dans le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et des moyen d’existence des ménages vulnérables au Sahel et en Afrique de l’Ouest ».
Dans un discours qu’il a prononcé à cette occasion, le Président du Comité permanent de lutte contre les effets de la sécheresse au Sahel (SILSS), SEM Roch Marc Christian Kaboré, Président du Burkina Faso, s’est adressé aux peuples du Sahel en général et à ceux des États membres de l’Organisation en particulier, pour insister sur l’importance de l’alimentation et des moyens de subsistance des familles vulnérables au Sahel et en Afrique de l’Ouest.

AMI

Par Maghreb Émergent

Maurice Audin: Le crime d’État, enfin reconnu !

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Emmanuel Macron se rend aujourd’hui chez Josette Audin et publie une déclaration pour reconnaître le crime d’État commis sur son mari. En 1957, en pleine bataille d’Alger, l’armée française avait torturé et assassiné ce jeune mathématicien communiste anticolonialiste. Justice lui est enfin rendue. Après un demi-siècle de déni, avec ce geste historique, la France regarde en face l’une des pages les plus sombres de la colonisation. 

61 ans, 3 mois et 2 jours… C’est le temps qu’il aura fallu à l’État français pour reconnaître que Maurice Audin a bien été torturé et assassiné par l’armée. La déclaration d’Emmanuel Macron et sa visite, cet après-midi, à Josette Audin, représentent une formidable victoire. Un bonheur inestimable pour sa famille, d’abord. Car Josette Audin, qui a aujourd’hui 87 ans, s’est battue sans relâche pendant plus de soixante ans pour que la vérité soit faite sur l’assassinat de son mari. Elle l’a fait pour lui, mais aussi pour tous les Algériens, victimes de cette sale guerre que les autorités françaises refusaient jusqu’à présent de regarder en face. Ce geste historique du Président de la République marque la fin d’un demi-siècle de déni. Il va permettre à la société française d’affronter plus sereinement les pages les plus sombres de son histoire coloniale. Car le sort d’un homme révéla tout un système : celui de la pratique généralisée de la torture pendant la guerre d’Algérie. C’est aussi une précieuse victoire pour tous les progressistes qui n’ont jamais abandonné Maurice Audin, devenu un symbole de l’anticolonialisme et de la lutte contre la torture. Et le combat fut long ! Des lois d’amnistie à l’omerta de la Grande Muette, tout a été fait pour que l’« affaire » tombe dans l’oubli. Mais plusieurs générations d’historien(ne)s, de militant(e)s communistes, de mathématicien(ne)s et de journalistes ont continué à se passer le témoin, jusqu’à cet heureux dénouement. L’Humanité n’a jamais renoncé, depuis l’arrestation de Maurice Audin en juin 1957, jusqu’à l’appel publié le 29 mai dernier dans nos colonnes, auquel s’était associé Cédric Villani, à faire vivre ce combat pour la vérité et la justice (lire « Un long combat d’Humanité »). Sa rédaction n’a jamais oublié le visage de Maurice Audin, éternel jeune homme de 25 ans, le regard tourné vers l’avenir. Un grand journaliste,  Henri Alleg, disparu en 2013, qui fut lui aussi victime de la torture, n’a cessé d’y veiller : « N’oubliez jamais Maurice. »
Une déclaration de grande portée historique et politique
« C’est historique », se réjouit le mathématicien et député Cédric Villani, qui a beaucoup porté ce combat auprès d’Emmanuel Macron. Pour lui, « cette reconnaissance est l’aboutissement d’une question posée il y a soixante et un ans par le mathématicien Laurent Schwartz. Ce qui est important, c’est le combat individuel autour de Maurice Audin, mais aussi le symbole beaucoup plus large de ceux qui ont subi l’arbitraire, qui ont disparu, dans tous les camps, dans une guerre qui à l’époque ne disait pas son nom. Le plus important, c’est la souffrance familiale à laquelle il a été répondu. Cette déclaration se place du côté des droits fondamentaux des êtres humains. »
Cette victoire est en effet d’autant plus importante que la déclaration d’Emmanuel Macron, qui sera rendu publique intégralement cet après-midi, est à la hauteur des attentes. Le président de la République y engage la responsabilité de l’État en soulignant que la mort de Maurice Audin « a été rendue possible par un système légalement institué : le système « arrestation-détention », mis en place à la faveur des pouvoirs spéciaux qui avaient été confiés par voie légale aux forces armées à cette période ». C’est la première fois que la République reconnaît que les exactions et la torture ont été commises avec l’aval des autorités politiques de l’époque, parmi lesquelles François Mitterrand qui joua un rôle déterminant en tant que ministre de la Justice de Guy Mollet, jusqu’au 12 juin 1957. « C’est une très belle nouvelle, de grande portée historique, estime Pierre Laurent. L’occultation de la responsabilité de l’État, le mensonge sur la torture étaient une tache au fronton de la République. Cette déclaration va permettre d’ouvrir une nouvelle page. C’est une victoire pour tous ceux qui ont mené ce combat sans relâche pendant plus de soixante ans, rappelle le secrétaire national du PCF, une preuve que la détermination était juste et nécessaire. » « C’est un pas en avant considérable, se félicite également l’historien Benjamin Stora (voir entretien). C’était d’ailleurs la revendication depuis le début, notamment de Pierre Vidal-Naquet, qui avait toujours insisté pour que cet assassinat soit bien interprété comme représentatif du système colonial. » En 2014, François Hollande avait fait un premier pas en reconnaissant publiquement le caractère mensonger de la thèse de l’évasion, défendue par l’armée pour camoufler son crime. Mais il n’avait pas eu le courage de s’attaquer à la responsabilité de l’État. Un rendez-vous manqué qui permet aujourd’hui à Emmanuel Macron d’accomplir ce geste politique qui fera date. Comme celui qu’avait réalisé Jacques Chirac en 1995 concernant la rafle du Vél’d’Hiv, reconnaissant la responsabilité de la France dans la déportation et l’extermination de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. « Cette déclaration s’inscrira dans le combat contre la torture comme outil de répression et de terreur partout où elle est pratiquée dans le monde », se félicitent Josette Audin et ses enfants, Michèle et Pierre, « sensibles » à la visite du président de la République venant leur remettre cette déclaration.
Cette déclaration aidera-t-elle à mettre un point final à l’affaire Audin ?
Emmanuel Macron devrait appeler également les derniers témoins à parler. En effet, si la reconnaissance est essentielle, Josette Audin ne connaît toujours pas les circonstances précises de la mort de son mari, ni la confirmation du nom de ses meurtriers. Décès sous la torture, d’un étranglement par le lieutenant Charbonnier ou d’une exécution par un commando de l’équipe d’Aussaresses… plusieurs hypothèses continuent de coexister, faute de preuves écrites. La vérité achoppe encore sur le silence ou le mensonge de témoins clés, qui ont toujours fait obstruction à l’enquête. Mais la famille Audin espère que « l’ouverture des archives et l’appel à témoignage du président de la République sera entendu par tous les témoins survivants et tous ceux qui détiennent des archives privées susceptibles de permettre de connaître les circonstances exactes de la mort de Maurice Audin et de tous ceux qui ont subi le même sort ». Ils attendent également que le corps de leur père et mari soit recherché, et « puisse enfin recevoir une sépulture ». Jusqu’à présent, les autorités algériennes n’ont jamais donné suite aux requêtes de la famille Audin d’engager des fouilles dans les lieux désignés par des témoins, où pourrait se trouver le corps. « Comme dans toutes les disparitions, l’absence de corps de la victime empêche d’y mettre un point final et rend impossible la cicatrisation des plaies de ceux que la disparition a fait souffrir », rappelle l’historienne Sylvie Thénault, qui a beaucoup œuvré, par ses travaux scientifiques, à cette reconnaissance. Cette déclaration aidera-t-elle à mettre un point final à l’affaire Audin ? Des archives viendront-elles confirmer le nom de ses assassins ? Nul ne le sait. Mais le geste accompli aujourd’hui ouvre une nouvelle page. Et commence à panser les mémoires blessées de la guerre d’Algérie.

Madjid Bencheikh chez Youcef Zirem au café littéraire parisien

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Pour les amoureux du livre, des belles-lettres et du savoir, un rendez-vous important vous donnera l’opportunité à nourrir vos neurones et à savourer le verbe de la rationalité et de la vérité dans une ambiance amicale d’où vous ne sortirez qu’avec d’importantes informations et de riches connaissances.

C’est au café littéraire parisien, cette tribune du savoir, animée par l’écrivain Youcef Zirem que Docteur Madjid Benchikh, auteur du livre « Algérie – Un système politique militarisé » et ancien doyen de la Faculté de droit d’Alger, est professeur émérite de l’Université de Cergy-Pontoise (Paris-Val d’Oise) où il a été directeur de l’École doctorale de droit et sciences humaines, tiendra une conférence-débat

le dimanche 16 septembre 2018 à 16 h au 320, rue des Pyrénées Paris 20.  Métro : ligne 11, Pyrénées.

La rédaction

Emeutes du pain du 3 janvier 1984: L’IVD dépose des dossiers devant la justice

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Selon HuffPost  , Ben Sedrine a indiqué que les 13 dossiers déposés aujourd’hui concernent 7 morts et 6 blessés atteints par balle lors de ces évènements.

Une délégation de l’Instance Vérité et Dignité (IVD) a déposé mercredi devant la juridiction spécialisée compétente en matière de justice transitionnelle près du tribunal de première instance de Sfax 1, les premiers dossiers portant sur les émeutes du pain du 3 janvier 1984.Les familles des victimes et membres du bureau régional de l’IVD à Sfax étaient présents lors du dépôt des dossiers.Les émeutes du pain survenues entre fin décembre 1983 et début janvier 1984 se sont déclenchées dans la plupart des régions en réaction à l’augmentation des produits céréales et leurs dérivés.Dans une déclaration à la presse, la présidente de l’IVD, Sihem Ben Sedrine a indiqué que les 13 dossiers déposés aujourd’hui concernent 7 morts et 6 blessés atteints par balle lors de ces évènements.

Au moins 14 personnes sont impliquées dans ces dossiers, a précisé Ben Sedrine. Parmi ceux qui sont accusés d’homicide prémédité et de tentative de meurtre, trois d’entre eux ont tiré des balles à bout portant, a-t-elle expliqué.

Cette affaire implique aussi un ministre et un chef d’Etat (pour ceux qui sont encore vivants) pour avoir donné l’ordre (de tirer).Les dossiers ont été construits après des investigations et des séances d’audition à huis clos menées par une équipe de travail du bureau régional de l’IVD à Sfax, a indiqué le président du bureau régional de l’IVD, le colonel major de l’armée nationale à la retraire, Hédi Kolsi au correspondant de l’agence TAP dans la région.Maher Zouari, 53 ans, blessé par balle lors des émeutes du pain au niveau de la main et du pied a exprimé le souhait d’obtenir réparation pour les préjudices qu’il a subis lui causant un dommage physique estimé à 60%.Samir Hriz, frère du martyr Hmaied Hriz tué par balle à Place Bab El Kasbah s’est dit satisfait du dépôt du dossier de son frère auprès de la juridiction compétente de Sfax, souhaitant la réhabilitation de son frère et de la famille de façon générale.Selon Sihem Ben Sedrine, l’IVD doit déposer d’autres dossiers devant la juridiction de Sfax portant sur la période 1955/2013.Les dossiers concernent des violations contre des syndicalistes en 1978 à Sfax et les évènements du 14 janvier 2011.

Décès de Moulay Seddik Slimane protecteur et promoteur du patrimoine des ZENATA

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Nous venons d’apprendre le Décès du protecteur, promoteur et défenseur du patrimoine immatériel et matériel des ZENATA l’un des compagnons de Mouloud MAMMERI et son guide dans le GOURARA à TIMIMOUNE  dans le grand sud Algérien, Moulay SEDDIK Slimane dit Moulay Timi. Un homme humble, modeste, très disponible, toujours au service de la communauté universitaire qui séjourne dans le Gourara et le Touat ainsi que du mouvement associatif et fidèle ami de la région des At Yanni.
Repose en paix Si Moulay .

Mort du chanteur Rachid Taha, légende du métissage musical

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L’ex-leadeur du mythique Carte de séjour mêlait les influences de son Algérie natale avec le rock, le punk et l’électro. Il est mort dans son sommeil à 59 ans.

Le chanteur Rachid Taha est mort dans la nuit du mardi 11 au mercredi 12 septembre d’une crise cardiaque dans son sommeil, à son domicile de la région parisienne, a fait savoir sa famille dans un communiqué. Il avait 59 ans.

« Son fils Lyes, sa famille, ses proches, tous ses amis et son label Naïve, ont le regret et l’immense tristesse d’annoncer le décès de l’artiste Rachid Taha, survenu cette nuit suite à un arrêt cardiaque à son domicile des Lilas », précise le communiqué.

L’ancien chanteur du groupe Carte de séjour mêlait dans sa musique les influences de son Algérie natale avec des sons plus rocks.

Lui qui était né à Oran, avant d’arriver en Alsace à l’âge de 10 ans, aimait construire des ponts entre les cultures. En 1986, il reprenait avec son groupe la chanson Douce France, de Charles Trenet, pour se payer la tête de l’intégration, peu après la marche des Beurs et la création de SOS Racisme.

« Ya Rayah », tube intergénérationnel

Se produisant en solo à partir du début des années 1990, il sort en 1998 un tube transgénérationnel, avec une reprise de Ya Rayah, hymne des immigrés algériens composé par l’idole du chaâbi, Dahmane El-Harrachi (1925-1980). Un genre musical qu’il affectionnait : « J’ai découvert le chaâbi à la radio, puis par les scopitones dans un bar à côté d’où l’on habitait, en Alsace, avec mes parentsracontait Rachid Taha en 2017C’est un peu notre Jack Kerouac à nous, de manière plus orientale ou désorientée. »

Cette année de fierté black-blanc-beur est aussi celle du succès de 1, 2, 3, Soleils, réunissant Rachid Taha, Khaled et Faudel.

Depuis, Rachid Taha n’a jamais cessé la musique. Pour la sortie de son dernier album, « Zoom », en 2013, le chanteur électrise le Trianon à coups de sons traditionnels et électroniques, de métissages punk, jamaïcains et électro. Quatre ans plus tard, il rend hommage au chaâbi le temps d’un concert à l’Institut du monde arabe. Il s’apprêtait à sortir un nouvel album chez Believe, dont le premier single devait s’intituler « Je suis africain ».

https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/09/12/le-chanteur-rachid-taha-est-mort_5354006_3382.html

Interview avec Mohamed Arkoun

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Mohammed Arkoun :
« Ce ne sont pas les bombes et les bateaux qui vont résoudre toute cette histoire »
Cet entretien est paru au journal Le Monde le samedi 6 octobre 2001…quelques jours seulement après les attentats du 11 septembre…Bonne lecture…
– la violence est-elle consubstantielle à l’islam ?
Poser ainsi la question est choquant. C’est isoler l’islam de toute la problématique anthropologique de la violence. Bien avant l’intervention de ce qu’on nomme l’islam, il y avait dans toutes les sociétés primitives des rites sacrificiels, des actes de violence guerrière. Et cela continue dans nos sociétés dites modernes. Or comment expliquer que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les affrontements soient presque tous mis d’abord en relation avec le djihad islamique, ce qui a construit l’idée tenace que la guerre sainte est consubstantielle à l’islam ? Comme on parlait de banque islamique, de commerce islamique, d’architecture islamique. A-t-on jamais observé ce phénomène avec le christianisme ou le judaïsme ?
« J’admets que la responsabilité de cet usage non critique incombe aux musulmans eux-mêmes, qui lient effectivement l’islam aux combats en cours, soit dans les sociétés dites aussi islamiques, soit avec des adversaires désignés par le terme fortement idéologisé d' »Occident ». Si des acteurs sociaux dans les pays dits musulmans font des usages doctrinalement infondés de « leur »religion, il appartient à l’analyste et aux observateurs critiques de déconstruire le discours social adressé à l’imaginaire collectif pour le mobiliser dans des luttes dont les enjeux sont exclusivement politiques et sociaux.
« Les racines du mal relèvent d’une anthropologie plus profonde, dans ce que René Girard a analysé comme une rivalité mimétique autour d’un même capital symbolique. Une rivalité mimétique qui remonte à l’âge de Mahomet et opposait déjà chrétiens, juifs et musulmans naissants autour de trois piliers : le monothéisme, la fonction prophétique, la Révélation. Ce capital symbolique avait déjà été monopolisé pendant des siècles par la Bible hébraïque et par le message de Jésus de Nazareth. Or voilà qu’un troisième acteur surgit et dit que ce qui a été transmis par les précédents prophètes n’est pas complet, que leur message a été altéré. La rivalité mimétique commence par la différenciation : une autre expression du divin surgit, qui concurrence celles qui existent. Sans cette différenciation, il n’y a pas d’islam. Mais cette rivalité engendre de la violence entre les peuples du Livre dès les premiers temps de l’islam.
« On est en face d’un « triangle »composé des trois forces mobilisatrices que sont la violence, le sacré et la Vérité. René Girard n’a étudié que les rapports entre violence et sacré. Moi, j’ajoute la Vérité. C’est la sourate 9 du Coran qui m’a ouvert les yeux. C’est elle qui justifie le djihad par l’idée de Vérité. C’est au nom d’une Vérité religieuse que j’accepte d’aller au combat et de me sacrifier, que je peux avoir à tuer d’autres hommes. Mais ce triangle anthropologique de la sacralisation de la violence n’est pas propre à l’islam ni à toute vérité religieuse. Elle peut être la Vérité de la patrie à défendre, comme c’était le cas pour les soldats de la guerre de 1914. Le pouvoir sacralisateur de la réalité religieuse ou de la patrie charnelle, c’est la même chose.
– Comment expliquer que l’exégèse plutôt tolérante et humaniste de l’islam au Moyen Age soit restée bloquée en cours de route ?
J’ai passé ma thèse de doctorat à la Sorbonne sur « L’Humanisme arabe » au Xe siècle. Oui, il y a eu une pensée humaniste arabe dans tout le Moyen Age, fondée sur la philosophie, la morale et la religion. Que s’est-il passé pour que nous ne puissions plus en parler au présent ? Qu’est devenu cet humanisme tolérant ? Ce n’est pas la faute au Coran puisqu’il n’a pas empêché le mouvement humaniste de s’exercer, de Cordoue à Téhéran. Ce qui est en jeu cette fois, c’est l’histoire économique et militaire dans l’espace méditerranéen telle qu’elle s’est déroulée à partir des XIIe et XIIIe siècles, c’est-à-dire de cette époque où l’Europe prend son essor intellectuel, scientifique, technique et devient dominante. De mimétique, la rivalité devient militaire et tourne principalement autour des routes du commerce.
« Les centres politiques de l’islam disparaissent peu à peu au profit de confréries religieuses. L’Etat central, qui était porteur de cet humanisme arabe, s’affaiblit. Quand les Français arrivent en Algérie, ils trouvent des confréries, pas des Etats. C’est ce qui va permettre une colonisation facile. Une colonisation qui apporte des fragments d’une modernité vivante, dynamique, émancipatrice, mais des fragments seulement, et que des élites arabes, très étroites, vont accueillir avec reconnaissance.
« Le basculement qui va intervenir dans le dernier quart du siècle, disons entre 1960 et 2000, achève cette période, et il est effroyable. Toute cette violence est imputée à l’islam, mais c’est une violence liée plutôt à la dialectique des forces politiques et économiques qui s’exercent depuis le XIIIe siècle, amplifiée par la colonisation et les guerres de libération. On retrouve aujourd’hui le même affrontement entre des imaginaires sociaux nourris par l’histoire ou la culture et, pour ce qui nous concerne, par ce que j’oserais appeler l’occultation officielle de l’histoire de la souveraineté française sur l’Algérie. Avec le débat sur la torture, une petite porte a été entrouverte, mais je crois que si on avait ouvert plus franchement et plus tôt cette page d’histoire, on serait mieux armé aujourd’hui pour traiter de cette question de la violence dans l’islam et pour supporter le drame que nous vivons.
– Le « martyre », le suicide que choisissent les terroristes, en Israël ou dans les réseaux afghans, a-t-il une quelconque validité dans l’islam ?
Je récuse le mot de « martyre »utilisé dans les cas que vous citez. Bien sûr que le mot chahidexiste dans le Coran, mais il est ici complètement décontextualisé, comme le font toutes les exégèses à caractère idéologique et politique, surtout lorsque l’acte terroriste entraîne la mort de tant d’innocents absolus.
« Dans le Coran, le martyr, le héros est toujours celui qui meurt pour la face de Dieu. Mais de quelle grande cause s’agit-il ici ? S’agit-il de défendre une oummablessée par une force matérialiste, athée, par un Occident qui aurait décrété la mort de Dieu ? C’est le discours nationaliste qu’ils entendent dans leurs écoles. On répète comme une litanie que l’Occident est impérialiste et colonial, que l’islam fut puissant avant d’être détruit par l’Occident. On leur dit que l’islam avait donné un modèle de construction politique de la Cité autrement plus efficace que les prétendues démocraties européennes ou américaines. On leur demande de couper toute relation avec cet Occident qui leur a fait tant de mal. Voilà les « mots » qui construisent des mythes sans rapport avec une réalité historique et c’est tout ce travail de déconstruction des mythes qu’il faut entreprendre.
« Ces Palestiniens, Afghans, Algériens, qui ont grandi dans un climat nationaliste farouche et religieux – dans le sens d’une religion confisquée par l’Etat – sont habités par une vision aussi imaginaire que celle de l’Occident sur l’islam. L’islam est théologiquement protestant et politiquement catholique. C’est-à-dire que le musulman est théologiquement habilité au libre examen des Ecritures sacrées, qu’un Luther, dans le christianisme, ne va réclamer qu’au XVIe siècle. Mais tous les Etats post-coloniaux ont fait un coup de force théologique en détournant à leur profit la liberté spirituelle des musulmans d’avoir accès au libre débat sur les lectures du texte coranique.
– Dans cette construction des mythes et ce travail de déconstruction à opérer, quelle est la part de la fascination pour des Lieux saints ?
Ne prenons qu’un exemple, mais il est le plus révélateur : Jérusalem. Comme Médine, divisée au début de l’hégire entre les polythéistes, les juifs, les chrétiens et les premiers musulmans, Jérusalem est devenue l’espace favori de cette rivalité mimétique entre peuples du Livre. A la prise de Jérusalem par les Arabes, la construction du dôme du Rocher avait été un acte politique, mais surtout un acte de prise de possession du capital symbolique de cette ville hors du commun. Ainsi Jérusalem est-elle devenue cet espace, unique au monde, où se sont retrouvés les signes les plus sacrés des trois religions monothéistes.
« Mais pour que ces trois expériences spirituelles du divin puissent s’exprimer pacifiquement, il aurait fallu créer à Jérusalem une culture du religieux capable d’accueillir les différences. Au lieu de cela, une rivalité mimétique est née, qui a détruit cette expérience humaine incomparable, capitalisée à partir de ces trois textes fondateurs que sont la Bible, l’Evangile et le Coran, et devenue une référence essentielle pour l’esprit humain. La responsabilité en revient en partie à la pensée européenne qui, du fait des excès des Lumières, n’a pas su créer les conditions de cette culture du religieux, pourtant propre à toute expérience humaine.
« Si cette culture moderne, humaniste du religieux a une place magnifique pour s’exprimer, c’est à Jérusalem. Si le travail de déconstruction des mythes que j’appelle de mes vœux est opéré, c’est à Jérusalem que devront converger les aspirations de tous ceux qui ont soif de spiritualité, de morale et qui, las du dieu dollar ou du primat économique ou marchand, veulent restituer à l’homme sa juste place et son âme.
– L’islam est-il capable de se réformer en se tournant vers l’avenir, ou seulement en se retournant vers ses origines ?
Le réformisme a été l’un des piliers de l’histoire de l’islam. Pendant la période classique, jusqu’au XIIIe siècle, il y a eu des réformistes comme Ghazali ou les Andalous Shatibi et Ibn Hazou. Les classiques étaient inventifs. Ils proposaient des alternatives herméneutiques. La pensée était pluraliste et aucune école ne pouvait faire prévaloir sa solution sans débat.
« Le décor a changé complètement quand les Etats post-coloniaux ont pris le pouvoir. On a assisté à une étatisation de la religion, dans laquelle le ministre des affaires religieuses prenait les décisions sous le contrôle du parti unique. On ne peut plus parler de réformisme. Les oulémas sont la voix de leur maître, qui les paie. Après 1945, le discours nationaliste va monopoliser tous les pouvoirs. Il n’y a plus d’alternative à l’expression idéologisée et à la transcription fondamentaliste de la religion.
« C’est pourquoi il est urgent de créer cette alternative, seule réponse possible en Europe à la violence fondamentaliste. Ce ne sont pas les bombes et les bateaux qui vont résoudre toute cette histoire.
– A quoi attribuez-vous l’incompréhension du monde occidental envers l’islam ?
Fernand Braudel a lancé la première grande aventure historique sur le monde méditerranéen. Il est le premier à avoir ouvert les archives turques, comme européennes, pour regarder le jeu des puissances et leurs rivalités de l’époque. La Méditerranée a connu des ruptures successives. D’abord en 1492 avec l’expulsion d’Espagne des juifs et des musulmans, une date que nous devrions apprendre à nos enfants. L’Europe s’est tournée vers l’Atlantique tout en prenant possession de la Méditerranée. Or l’histoire de l’espace méditerranéen qui continue d’être enseignée dans nos écoles ignore la rupture idéologique qui s’est effectuée, sur la base de la rupture religieuse de 1492 et qui s’est accentuée avec la colonisation : on enseigne encore la séparation totale entre les deux rives de la Méditerranée. La ligne de Braudel, selon laquelle il faut regarder tous les protagonistes qui ont façonné le visage des peuples de la Méditerranée, n’est pas reprise par les Français eux-mêmes.
« Au contraire on assiste à une polarisation, à une fantasmisation du regard européen sur l’islam. Les acteurs sociaux musulmans ont fait un usage tellement envahissant et idéologique de l’islam que les observateurs extérieurs sont presque obligés de faire la même chose. Que des gens pressés reprennent ce discours, soit. Mais je n’accepte pas que les « historiens patentés de l’islam » dans les grandes universités occidentales adoptent cette même approche idéologisée, c’est-à-dire non analysée.
– En vous écoutant, on comprend l’importance que vous accordez à l’éducation pour améliorer les relations entre les mondes musulman et européen, comme pour moderniser l’islam et l’ouvrir sur le reste du monde.
Un grand nombre d’Algériens comme moi ont grandi avec la connaissance lucide de la pensée française critique, que nous aimons et qui nous fait ce que nous sommes. Mais nous sommes en même temps extrêmement sévères et exigeants à l’égard d’un imaginaire français et occidental nourri par une double démission : l’occultation officielle de la page coloniale de l’histoire française, comme l’ont montré les réactions officielles à propos de la torture en Algérie, et l’occultation au niveau de l’enseignement de l’histoire réelle des peuples méditerranéens. Les manuels d’histoire gomment des pages entières de l’histoire de France, comme celles qui touchent à la présence de la France au Maghreb. Les relations entre la France et le Maghreb ne seraient pas ce qu’elles sont si Maghrébins et Français avaient entendu de la bouche de leurs professeurs des exposés tels que la grande tradition historique française est capable d’en faire.
« L’islam doit être enseigné dans un espace intellectuel et scientifique qui dépasse ses expressions cultuelles. Les professeurs devraient être formés et un enseignement organisé dans les lycées, collèges et institutions de recherche scientifique. Or très peu de mes collègues chercheurs en France, en Amérique ou en Europe, sont convaincus de la nécessité d’une islamologie appliquée faisant appel à l’érudition, utilisant toutes les ressources des sciences sociales et qui soit appliquée au terrain. Or ce terrain est occupé par les fondamentalistes qui se livrent à un lavage de cerveau des jeunes sans défense. Et je devrais, moi l’érudit, rester absent de ce combat ? »

Il y a 20 ans, Liamine Zeroual démissionna et ouvrit la voie au règne d’Abdelaziz Bouteflika

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Le 11 septembre est entré dans l’histoire de l’humanité après les attentats de New-York et Washington en 2001. Avant cette attaque spectaculaire, cette date correspondait à celle du putsch contre le président Salvador Allendé et son assassinat au Chili par les forces du général Pinochet. Pour l’Algérie, cette date est historique car elle marque l’anniversaire de la décision historique du président Liamine Zeroual de démissionner.

Démarche inédite en Algérie, vingt ans plus tard, dans un paysage politique algérien totalement bloqué par les difficultés de santé de Abdelaziz Bouteflika et sa difficulté à diriger on ne mesure que plus l’importance et le courage de Zeroual.

Vingt ans plus tard les motivations de Liamine Zeroual n’ont jamais été complètements révélées, l’histoire de cette période critique pour la survie de l’Algérie a été totalement écrasée par le règne sans partage et l’accaparement de l’espace infligé par Bouteflika à l’Algérie.

En 2016, le journaliste Farid Alilat levait le voile sur cet épisode historique dans les colonnes de Jeune Afrique. Pour Alilat la décision prise par Zeroual avait été prise le 3 septembre à Windhoek, capitale de la Namibie, après une logue nuit passée debout à cogiter, le président Zeroual décide de jeter l’éponge. Le lendemain, dans l’avion du GLAM sur le chemin du retour il réunira se collaborateurs dans le petit salon de l’appareil Il est serein mais grave. « Vous savez que je voulais partir il y a un an, leur dit-il. À l’époque, les décideurs n’étaient pas d’accord, arguant qu’il n’était pas opportun de quitter le pouvoir. Eh bien ce moment est venu. Il faut laisser la place à d’autres. Je pars. Je vais le faire savoir dès mon retour à Alger. » écrit Farid Alilat.  Vendredi 11 septembre, huit jours après cette confidence faite à 10 000 m d’altitude, Liamine Zéroual annonce la tenue d’une élection présidentielle anticipée.

Nommé à la tête du Haut Comité d’Etat (HCA) en 1994 après avoir été ministre de la Défense nationale, Zeroual avait détonné par sa manière de diriger. Faisant montre d’une probité extrême, il avait une parfait désintérêt pour le pouvoir et ses privilèges. En 1995 il accédera au rang de Président de la République après avoir obtenu 61% des voix lors des élections du 16 novembre.

Ni éradicateur ni réconciliateur il aura une approche implacable face au pic d’attaques terroristes de 1997, tout en ouvrant des canaux de communications avec les anciens dirigeants du FIS, à qui il rendra de nombreuses visites et avec les terroristes voulant déposer les armes.

Il donnera son accord pour une “paix des braves” avec l’Armée Islamique du Salut qui ouvrira la voie au processus de réconciliation nationale dont bénéficiera son successeur Abdelaziz Bouteflika.

Pour beaucoup deux images subsisteront du président Zeroual: Le 30 janvier 1995 les caméras le montrent au chevet des victimes de l’attentat à la bombe du boulevard Amirouche, prostré après la supplique d’une femme blessée lui enjoignant de “faire quelque chose”. Et celle du refus de rencontrer et de serrer la main du président français Jacques Chirac dans les coulisses de l’assemblée générale de l’ONU en octobre 1995.

Restera aussi sur son court règne l’ombre de son adjoint et mauvais génie Mohamed Bétchine, une sorte de Raspoutine qui subira l’été 1998, une énorme campagne médiatique, qui finira par convaincre Zeroual de démissionner.

Malgré son retrait total de la vie publique et son retour dans sa ville d’origine Batna, Liamine Zeroual force toujours le respect des citoyens par sa simplicité et son accessibilité. Ne refusant jamais les selfies et les photos avec les gens du peuple, il occupe toujours et ceci malgré-lui les réseaux sociaux.

Selon Maghreb Émergent