15.9 C
Alger
vendredi 22 novembre 2024
Accueil Blog Page 234

Paris : Dernier hommage à Djamel ALLAM

0

Ce lundi 17 septembre après-midi, levée de corps du défunt Djamel Allam à Paris. Une foule nombreuse est venue lui rendre un dernier hommage … Kamel Hamadi , Idir , Ben Mohamed , Akli D , Malika Domrane , Rachid Arhab…et plusieurs autres artistes connus et moins connus étaient présents …Arrivée du corps à l’aéroport de Béjaia demain à 09h30 …

Par la Rédaction

Rassemblement du mouvement algérien « Mouwatana » à Paris

0

Mouwatana, est-ce le début d’un éveil national ?

Une foule importante de ressortissants algériens a répondu à l’appel de « Mouwatana Paris » pour un rassemblement qui a eu lieu hier le samedi 15 septembre dans l’après-midi à la place « République » dans la capitale de l’hexagone.

Mouwatana est un mouvement populaire algérien qui milite pour empêcher le 5e mandat du président Bouteflika qui est soutenu par le pouvoir en place, par son oligarchie et ses relais qui ont d’ores et déjà entamé sa préparation.

Le même jour en Algérie, la police a empêché le déroulement d’un même rassemblement à Bejaia par la répression des manifestants et l’arrestation des responsables de ce mouvement en l’occurrence Sofiane Djilali et Zoubida Assoul.

       Prise de parole par Ali Benouari

À Paris, dans son intervention Ali Benouari qui est l’un des responsables de ce mouvement considère que la diaspora algérienne qui représente 20% de la population algérienne est l’avenir et le salut de cette patrie. Ce rassemblement qui est précédé par d’autres, similaires à Alger et à Constantine, c’est le début d’un éveil national, précise-t-il. Les Algériens commencent à connaître ce qui se passe dans leur pays et veulent le départ de ce régime qui a ruiné le pays. Il a aussi pointu du doigt les forces étrangères et particulièrement la France qui marchande son soutien au régime algérien qui est prêt à tout offrir pour se maintenir au sommet de l’État.

Une lettre de Zoubida Assoul, présidente du mouvement a été lue par une représentante du mouvement Mouwatana. Dans sa lettre Madame Assoul a insisté sur la « nécessité d’un changement pacifique et la construction d’une alternative pour sortir l’Algérie des différentes crises multidimensionnelles qui la paralysent et hypothèquent son avenir. La solution ne peut venir que de ses enfants compétents qui s’y trouvent en l’Algérie ou qui vivent à l’étranger, assure-t-elle.

La feuille de route de cette alternative sera présentée à la conférence nationale de Mouwatana qui aura lieu à Zeralda le 13 octobre prochain.

Mamart Arezki

 

La création de l’académie algérienne de la langue amazigh : loi promulguée et publiée

0

Enfin ! La loi organique relative à la création de l’Académie algérienne de la langue amazighe est promulguée et publiée dans le journal officiel n°:54 du 5 septembre 2018.

C’est une décision à saluer et à applaudir après tant de sacrifices et après le sang des jeunes à la fleur de l’âge qui a coulé pour cette identité et cette langue millénaire, mais en dépit de cela, les régions amazighophones en général et la Kabylie en particulier n’ont pas sauté de joie.

C’est un acquit tant attendu et tant souhaité, mais le pouvoir algérien a habitué les militants de cette juste cause à la manipulation et à reprendre de la main gauche, ce qu’il donne de la main droite. Pour cette raison la population reste méfiante et attend la suite réservée à cette académie, les membres qui vont la constituer, la liberté qui lui sera octroyée, les moyens qui lui seront attribués … pour pouvoir accomplir sa tâche dans les meilleures conditions ou juste une institution de façade qui ne sera que poudre aux yeux.

Espérons que le régime ne restera pas éternellement mauvais élève après tant d’expériences et tant d’échecs. Il est temps qu’il comprenne que la volonté du peuple finit toujours par triompher même si souvent dans la douleur, les larmes et le sang. Le poète Tunisien Abou El Kassim Chabi l’a éternisée par ce vers : « Si le peuple décide de vivre, même le destin se pliera devant sa volonté ».

 

 

La rédaction

 

 

 

 

 

 

Maurice Audin. Déclaration de Sadek Hadjerès

0

Xavier North, délégué général à la langue française et aux langues de France: Le berbère est la deuxième langue parlée en France

0

Entretien avec Xavier North, délégué général à la langue française et aux langues de France .

Le berbère est la deuxième langue parlée en France, c’est le résultat d’une enquête famille du recensement de 1999 effectuée par le « Comité consultatif pour la promotion des langues régionales et de la pluralité linguistique interne ». Indique que parmi les langues non territoriales parlées en France, les plus pratiquées sont les langues berbères (kabyle, chleuh, rifain, chaoui) avec un total de 1,5 à 2 millions en France. Vient ensuite l’arabe dialectal (270.000), l’arménien occidental (180.000), le romani, langue des Roms (200.000), le yiddish (100.000) ou le judéo-espagnol (quelques milliers).

Berbère télévision

Venezuela – Maurice Lemoine, journaliste : « Je suis en colère contre ma profession »

0

Maurice Lemoine, journaliste spécialiste de l’Amérique latine, porte un regard très critique sur sa profession . « Un jeune journaliste qui va aujourd’hui au Venezuela et qui revient avec un discours différent en disant l’opposition vénézuélienne n’est pas démocratique, qui va le publier, il va se faire jeter partout. »

MEDIA PART

Mouvement Mouwatana : Appel à un rassemblement samedi à Paris

0

Le mouvement Mouwatana poursuit ses actions sur le terrain afin de fédérer un maximum de citoyens contre le cinquième mandat. La prochaine étape est prévue samedi à la place de la République, à Paris. Ce rassemblement est soutenu par des organisations politiques et associatives de la communauté algérienne à l’étranger. La majorité d’entre elles est affiliée aux partis des personnalités nationales qui ont créé l’Instance de coordination du mouvement d’opposition Mouwatana, à l’instar de l’antenne de Nida El-Watan en France, formation politique de l’ancien ministre délégué au Trésor public Ali Benouari, de l’Union pour le changement et le progrès présidée par Zoubida Assoul, le bureau à Paris du parti Jil Djadjid de Djilali Soufiane, le Front des forces vives et le Forum démocratique. Les initiateurs de Mouwatana et leurs représentations à l’étranger annoncent ainsi la naissance d’un collectif de la communauté algérienne pour dénoncer, lit-on dans un communiqué rendu public hier, “la volonté du régime d’imposer sa reconduction par un cinquième mandat et sensibiliser l’opinion publique internationale et les dirigeants étrangers à la nécessité d’accompagner les mouvements de démocratisation et non de couvrir et d’appuyer des régimes despotiques dont la gouvernance et la prédation finiront par provoquer une déflagration en Algérie qui ne manquera pas d’avoir de graves conséquences sur les pays de la rive européenne de la Méditerranée”. Ce collectif estime que le pays vit “une crise politique majeure démultipliée par une situation économique, sociale et désormais sanitaire chaotique”. Et d’ajouter : “Ce régime, fondé sur la force, la corruption, le népotisme, le régionalisme et la spoliation des moyens de la nation, est devenu une menace pour la pérennité de l’État et la stabilité l’Algérie.”
Les signataires de ce communiqué appellent à “l’urgence du départ du régime, de manière pacifique mais résolue pour l’instauration d’un état de droit en Algérie”.
Le rassemblement de Paris est le troisième initié par Mouwatana après celui d’Alger et de Constantine, tous deux empêchés par les forces de l’ordre. Samedi, le mouvement prévoit aussi d’effectuer une sortie de proximité au centre-ville de Béjaïa. Le mouvement se fixe comme objectif de parvenir à une transition politique pacifique, estimant que le départ réclamé de l’actuel président de la République “ne signifie pas à lui seul un changement de système de gouvernance”. C’est pourquoi, insistent ses leaders, il est crucial de mener des réformes politique et institutionnelles de grande ampleur dont l’élaboration d’un projet de Constitution modèle et un plan de sortie de crise avec un échéancier. Le mouvement Mouwatana affirme que l’empêchement des manifestations en Algérie démontre “encore une fois la nature répressive et attentatoire aux libertés constitutionnelles du régime”.

Nissa H.

Selon le journal Liberté

La ville de l’ex Michelet en danger

0

La ville de l’ex Michelet en danger

Aïn El Hammam ex Michelet est menacé par un glissement de terrain qui travaille en profondeur le site allant de la place (le seul lieu portant le nom pompeux de place est qui n’est en réalité qu’une placette correspondant à un carrefour longeant le café des (IDHEBBALEN ) jusqu’à ASQIF NETTMANA (lieu où repose le poète Si Mohand Ou mehand) et peut-être même un peu plus loin.

Ce phénomène constaté depuis une vingtaine d’années, étudié déjà par les géologues du temps de la colonisation qui avaient déclaré non efficandi (inconstructible). ce vaste espace, ne cesse de s’accentuer sous le regard placide et indifférent des autorités locales irresponsables qui n’en ont cure et d’une population décidément amorphe et ne prenant pas la mesure d’un cataclysme très prochain, assistant indifférente et sidérée face à une catastrophe en gestation qui engloutira des centaines de personnes du côté du marché particulièrement par suite d’un effondrement presque certain de ces bâtiments fissurés et lézardés de toutes parts. Le niveau des trottoirs sans cesse rabibochés ne cesse de monter par rapport à celui de la route en glissement constant (constater le glissement récent du côté du commerce Boukhoulaf et du côté CNEP).

Des études confiées (il y a une dizaine d’années de cela) à un bureau d’études international ont déclaré pourtant, dans des conclusions restées ultrasecrètes et jamais portées à la connaissance du citoyen et confinées dans les bureaux de la wilaya, zone rouge.Ce versant auquel s’agrippent encore ces immenses cohortes de gens fréquentant le marché hebdomadaire ou ces quelques habitants refusant obstinément de quitter leurs commerces et leurs appartements menacés d’effondrement.

La thèse d’un doctorat d’État menée par Lynda Djerbal (disponible sur internet) sur ce versant aboutit à des conclusions sans appel : tout ouvrage consistant à conforter le site serait complètement illusoire. le seul acte salutaire à accomplir d’ores et déjà (la thèse date de quelques années) est l’évacuation des habitants et la surveillance du site par un système de capteurs donnant l’alarme pour avertir un tant soit peu à l’avance de l’imminence de ce qui est appelé en mécanique des sols « le seuil de rupture ».

Nous assisterons alors à la tragédie du siècle. Il est à se demander pourquoi l’État, instruit par les élus et les autorités locales (députés, maires, chef de Daïra, wali) ne déclare pas une situation de catastrophe naturelle pour AIN EL HAMMAM, ville à laquelle la SAA refuse de délivrer, dans la zone en question, une assurance quelle qu’elle soit.

Ouyahia en 2009 déclara, suite à l’intercession d’un député du RND de Aïn El Hammam, que cette bourgade fait partie de la nation et qu’à ce titre elle ne serait pas délaissée. On a bien octroyé à la commune de Michelet un budget exceptionnel de 70 milliards de centimes quelques années plus tard qui seront dépensés dans des travaux de prestige tels que celui ayant consisté à ravaler la façade de la mairie et son intérieur par des aménagements dignes d’un ministère. Mais la ville demeure sinistrée et offre au visiteur un spectacle désolant et triste dont l’épilogue sera, à coup sûr, une hécatombe dont tout le monde ne pourra pas dire : « je ne savais pas ».

Si la nécessité d’une association doit se faire sentir, elle doit se manifester avant tout en vue de parer à cette tragédie latente. Qu’elle (l’association) fasse appel à nos intellectuels où qu’ils se trouvent, à nos élus, à nos citoyens influents au sein du pouvoir, aux journalistes natifs de la région, à tous les hommes de bonne volonté pour tirer la sonnette d’alarme. Bien entendu à AEH EL HAMMAM, par manque de courage et pour des considérations mesquines d’Intérêt personnel, on persiste (élus et autorités locales) dans la demi-mesure et la fuite en avant consistant à ne pas saisir l’ampleur de la gravité d’un événement majeur que celui d’une menace terrible menaçant plusieurs centaines de vies humaines. Ainsi vont la non-gouvernance et son corollaire : l’irresponsabilité. Pour une initiative du genre, je me porte volontaire et attends d’éventuelles manifestations de réponses.

PS J’ajoute seulement que quatre grands bâtiments ont été déjà démolis, que d’autres s’apprêtent à l’être et que la seule mesure prise au niveau gouvernemental est cette initiative d’une étude confiée à ce bureau d’études international dont on ignore jusqu’à aujourd’hui les recommandations.

Cherif Ben Mamar

Pour les Amazighs, le combat continue toujours

0

Les Amazighs (Imazighen) font partie des peuples anciens. Mais ils forment l’un des peuples anciens les plus méconnus, pour plusieurs raisons. Un Amazigh est un homme libre ; c’est certainement, entre autres, pour cela qu’il a été longtemps le plus grand marginalisé de l’Histoire. Ici une plongée dans cette longue Histoire, riche et tumultueuse.

Lorsque le régime du dictateur libyen, Mouammar Kadhafi, vacille et finit par tomber, le drapeau amazigh flotte à Tripoli, c’est une énorme surprise pour beaucoup d’observateurs internationaux qui ignoraient superbement l’existence des Amazighs libyens, massacrés durant des années. Ce drapeau avait déjà flotté, des années auparavant, en Algérie, au Maroc, aux îles Canaries ou encore dans les vastes territoires que peuplent les Touaregs, ces hommes bleus qui n’ont jamais oublié qu’ils sont des Imazighen, des hommes libres. Oui, les Berbères se désignent plutôt par ce nom venu des âges les plus reculés, Imazighen. Le présent article se veut un survol de l’identité berbère ; ce survol s’appuie sur le vécu d’une région de Tamazgha, la Kabylie, qui a beaucoup lutté pour la reconnaissance de cette identité.

Il y a trois mille ans avant Jésus, les Imazighen côtoyaient les royaumes égyptiens. Ainsi après sa victoire sur le pharaon Psousennis II, vers l’an 959 avant J.C, le Berbère Sheshnaq épouse la fille du roi vaincu et s’installe sur le trône d’Égypte en fondant la XXIIème dynastie des Pharaons. Le Pharaon berbère poursuit son avancée vers le Moyen-Orient ; il arrive jusqu’à Jérusalem qu’il pille. Cet événement est mentionné dans l’Ancien Testament (1).

Plus tard, un autre roi berbère Massinissa, va marquer l’Histoire. Il réussit à réunir toute la Numidie et parvient à un état de civilisation important. Massensen, son nom en langue amazighe, arrive à mettre en valeur un territoire immense et exporter du blé et des céréales en direction de Rome et de la Grèce. Le roi amazigh s’approprie également les attributs modernes de la souveraineté comme la frappe de la monnaie et le développement de la circulation monétaire ; toujours sous son règne, les échanges entre les villes et les campagnes connaissent un essor remarquable. La célèbre phrase : « l’Afrique aux Africains » a d’abord été prononcée par le roi Massinissa. Les Berbères utilisent le mot « Taferka » pour signifier la terre, « Aferkiw » étant celui qui est propriétaire de cette terre. Lorsque la phrase de Massinissa a été traduite en latin, elle a donné le mot « Africa » pour désigner la terre du côté du versant sud de la Méditerranée (2). C’est bien plus tard, que les Européens vont utiliser le mot « Afrique » pour parler de tout le continent africain. Régnant de l’an 203 à 148 avant J.C, Massinissa est resté dans la mémoire collective. D’autres rois berbères vont lui succéder. Le règne des dynasties numides s’achève avec le roi Ptolémée de Maurétanie, fils de Juba II, qui est assassiné par l’empereur Caligula en l’an 40. Le pays des Berbères sera alors, en partie, occupé, tour à tour, par les Romains, les vandales, les Byzantins, les Arabes, les Turcs et enfin les Français. Auparavant, les Berbères fondèrent de nombreuses dynasties berbères sous l’égide de l’Islam. C’est le cas, entre autres, de la dynastie des Fatimides, des Almoravides ou encore des Almohades.

Amorcée par les Kabyles Kotamas qui s’imposent en Afrique du Nord centrale dès 922 avant de fonder le Caire en 969, la dynastie fatimide dure près de deux siècles. En Égypte, les Fatimides construisent la célèbre mosquée d’El Azhar et étendent leurs conquêtes jusqu’à la Syrie ; ils s’établissent même à Malte et en Sicile. Contrairement aux autres dynasties musulmanes, les Fatimides se basèrent pour recruter les éléments de leur administration sur des critères principalement de compétence, faisant fi ainsi de l’appartenance tribale ou ethnique ou parfois même religieuse dans la mesure où de hautes fonctions furent occupées par des Juifs ou des chrétiens. (3)

Les dynasties berbères musulmanes s’effondrent à la fin du XVème siècle et au début du XVIème siècle. À cette époque, une grande partie de la Kabylie fonctionne pendant un moment en confédérations autonomes. Les villages se rassemblent ici et là, les tribus établissent des règles qu’elles respectent ; tout le monde participe à la gestion de la cité, nul dirigeant ni roi n’est là pour imposer sa loi. Cependant deux royaumes vont s’y constituer : le royaume des At Abbas et le royaume de Koukou. Le royaume des At Abbas s’est formé à la suite de la prise de Vgayet (Bougie) par les Espagnols en 1510. À la chute du royaume berbère hafside, les Kabyles prennent une nouvelle capitale, à l’intérieur du pays, la qalâa des At Abbas. Cette cité est une ancienne place fortifiée de l’époque des At Hammad. Le royaume de Koukou se forme en haute Kabylie, dans la région de Ain El Hammam. Ahmed At Lqadi, le fondateur du royaume de Koukou a été roi d’Alger de 1520 à 1527. Le règne des Français en Algérie commence au début du mois de juillet 1830. Le nom d’Algérie est donné le 14 octobre 1839 aux possessions françaises dans le nord de l’Afrique. « Algérie » vient du mot « dzair », le nom de la ville d’Alger en arabe algérien, qui est lui-même issu de « dziri » lequel dérive du fondateur de la ville, le Berbère Bologhine At Ziri. (4)

Le 1er février 1844, la France crée les bureaux arabes pour établir des contacts avec les indigènes. Le 11 décembre 1848, la Constitution de 1848 proclame l’Algérie partie intégrante du territoire français : Bône, Oran et Alger deviennent les préfectures de trois départements français. Lorsque l’émir Abdelkader se soumet à la France en 1847, une grande partie de la Kabylie résiste encore aux Français.

En 1865, Napoléon III fait part de son intention de traiter l’Algérie en « royaume arabe ». La démarche de Napoléon III va laisser des traces dans les esprits. La France colonialiste va ainsi tenter d’arabiser les Berbères, de les diluer dans un vaste royaume chimérique. Cette idée de royaume arabe générera, bien des dizaines d’années plus tard, le fameux « monde arabe » qui n’est, dans la vie réelle, qu’une invention politicienne.

Cependant l’Algérie de la colonisation est traversée, au même moment, par plusieurs courants de pensée, les uns et les autres, cherchant, au mieux, à « domestiquer » la société autochtone. À côté de l’arabe classique, de l’arabe algérien, on s’intéresse aussi, fait nouveau, à la langue kabyle. C’est en 1891 que le Brevet de langue kabyle est créé à Alger. Un lettré kabyle d’importance, Saïd Boulifa, a suivi ce cours ; c’est lui qui a pu sauvegarder des pans entiers de la mémoire berbère. Contemporain du plus grand poète d’Afrique du Nord, Si Mohand Ou Mhand, (mort le 28 décembre 1905), Saïd Boulifa arrive à collecter une partie des mots forts et souvent désespérés de l’aède kabyle. Si Mohand Ou Mhand a vécu cette période tumultueuse liée à l’arrivée violente des Français en Kabylie. Sa vie, son œuvre, son destin ont été complètement chamboulés par l’intrusion de cette terrible guerre. Si Mohand naît vers 1840 à Icheraiwen, un village de Haute-Kabylie, situé près de l’emplacement actuel de la ville de Larba Nat Iraten (Fort National). Il assiste à l’arrivée du général Randon en Kabylie et à la destruction de son village. Après l’insurrection de 1871 à laquelle sa famille participe, les At Hamadouche, parents de Si Mhand sont ruinés. Son père, Mohand Ameziane est exécuté, son oncle Arezki est déporté en Nouvelle-Calédonie, son frère Said s’enfuit en Tunisie tandis que les autres membres de la famille se réfugient dans les autres villages de la région de Tizi Rached. Complètement déraciné, Si Mohand commence une interminable errance. À pied, il sillonne une grande partie de l’Afrique du Nord et déclame ses poèmes. Dans l’un de ses plus émouvants poèmes, il affirme : « l’exil m’est prédestiné. » Il devient ainsi comme l’écrit Hamza Zirem (5), « le chantre désespéré des valeurs bousculées par l’ordre colonial. » Si Mohand Ou Mhand boit, aime, se drogue, erre d’un coin à un autre, sans oublier certainement cette image de son père fusillé devant ses yeux par l’armée française.

Plus tard les poèmes de Si Mohand sont publiés, sous différents recueils, par Si Amar Ou Said Boulifa en 1904, Mouloud Feraoun en 1960 ou encore Mouloud Mammeri en 1969.

Lorsqu’il rend visite au Cheikh Mohand Oulhocine (1836-1901), un sage et un homme du verbe, le poète reste muet. Par respect pour le Cheikh, Si Mohand avait laissé sa pipe dehors. L’entourage du Cheikh finit par lui ramener sa pipe qu’il n’hésite pas à remplir de kif. Si Mohand récite alors un poème. Le Cheikh lui dit de le répéter. « Je ne répète jamais mes vers », répond le poète. Ce qui énerve un peu le Cheikh qui lui souhaite de mourir loin de sa terre natale. « Si Dieu veut, mais ce sera à Asseqif N Tmana », affirme Si Mohand Ou Mhand. Effectivement Si Mohand Ou Mhand est enterré à Asseqif N Tmana, loin de son village, mais toujours dans cette Kabylie qu’il avait dans le sang. L’œuvre poétique de Si Mohand marque profondément la Kabylie ; elle influence et continue à inspirer de nombreux autres poètes aux quatre coins de Tamurt, le pays, la terre natale et la patrie.

À vrai dire, l’âme kabyle à se réfugie souvent dans la poésie pour sauvegarder sa combativité et sa résistance face à toutes les injustices du monde. On peut même affirmer que la poésie est indissociable de la vie berbère. « Il était pareil à une feuille que le vent emporte et qui ne pourrait se fixer nulle part ailleurs que sur la branche d’où elle a été détachée », disait de lui l’écrivain kabyle Mouloud Feraoun.

De son côté, Cheikh Mohand Oulhocine a joué un rôle important dans l’affirmation de la pensée kabyle de son époque ; il avait surtout insisté sur la primauté des valeurs traditionnelles sur le dogme religieux.

A suivre : Seconde partie

Youcef Zirem

La vulnérabilité des élites politiques : les associés rivaux.

0

Les hommes politiques sont vulnérables parce qu’ils sont au-devants de la rampe.

Leur vulnérabilité vient en grande partie du fait qu’ils n’ont pas seulement des ennemis, mais aussi des rivaux et des concurrents, qui sont souvent également des associés, des alliés, voire des complices.

En politique les associés peuvent devenir d’un jour à l’autre des rivaux davantage que des associés. L’histoire politique de chaque pays est la plupart du temps une histoire de rivalité entre acteurs politiques. Comme le remarque François Baurricaud qui a concocté la notion des “associés rivaux”, dans les régimes démocratiques quand le nombre d’acteurs politiques est réduit, comme c’est le cas au sommet du pouvoir et aux échelons supérieurs de la hiérarchie politique, personne n’est à mesure d’imposer sa volonté durablement à des rivaux plus ou moins égaux, surtout quand l’issue des compétitions politiques est incertaine.

Pour devenir chef d’un parti, le prétendant doit vaincre ses rivaux. Pour devenir ministre, il faut écarter plusieurs amis rivaux qui aspirent au même poste. Les intrigues peuvent alors fleurir

Slimane Alem