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mardi 14 mai 2024
DébatsDe la démagogie a la pédagogie quel sens donné aux extrêmes

De la démagogie a la pédagogie quel sens donné aux extrêmes

Le démagogue conduit le peuple. Mais quel sens donner à ce verbe conduire ? La tâche est d’autant plus rude que depuis que nous avons vécu la décennie noire avec le totalitarisme et l’intégrisme, nous assimilons volontiers la conduite à la fascination et à l’endoctrinement, voire à la foi aveugle

Aidons-nous du terme pédagogue qui possède la même racine latine et qui signifie « conducteur d’enfants » (du grec paidagôgos). Un pédagogue est « un éducateur qui se donne pour fin l’émancipation des personnes qui lui sont confiées, la formation progressive de leur capacité à décider elles-mêmes de leur propre histoire, et qui prétend y parvenir par la médiation d’apprentissages déterminés » (Philippe Mérieux in « Le choix d’éduquer »). Le terme « conduire » s’apparente alors à «éduquer», « élever ». Le démagogue guide donc le peuple. Il propose une direction à la société toute entière. La notion de démagogie peut alors glisser vers le despotisme éclairé.

Ainsi, il reviendrait aux dirigeants de transformer le peuple. Ils disposent pour cela de l’art de convaincre. Ce n’est pas l’art de persuader, c’est-à-dire de flatter les passions vulgaires, mais l’art d’élever le peuple à la conscience rationnelle des intérêts supérieurs de la société, voire de l’humanité.

Le véritable dirigeant politique devrait donc être un éducateur du peuple ; c’est même par cette éducation que la multitude des individus peut devenir un peuple de citoyens unis. Par comparaison, peut-on concevoir une école où les enfants décideraient de l’enseignement et de l’éducation qu’ils désireraient recevoir et Mme Benghebrit la ministre de l’éducation vient de subir la foudre des conservateurs ? La foule soit-elle spontanément ce qui est de l’ordre de l’intérêt général, ce qui est juste et ce qui est injuste ? Pas plus, si elle n’est pas formée par les dirigeants, que les enfants ne savent résoudre un problème de physique lorsque celle-ci ne leur a pas été enseignée.

Cependant, le pouvoir démocratique confie aux citoyens le soin de décider des affaires communes. En démocratie, c’est donc le peuple qui est « aux commandes », au plus haut niveau stratégique, il donne la direction et le sens politique. Le paradoxe se situe à la croisée de ces chemins : le démagogue guide le peuple, mais le peuple doit être maître de son destin. Soulignons seulement cette contradiction qu’il faudrait approfondir. N’oublions pas que la démocratie n’est jamais achevée et que l’idéal démocratique s’entretient et enseignée.

 

Slimane ALEM

 

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