Enfin, une initiative heureuse sans complexe, sans apriori, par la dénomination de ce nouveau journal électronique Afrique du nord News, à qui nous souhaitons une très longue vie et beaucoup de succès, ce dont je ne doute pas au vu de la qualité et compétence de ses promoteurs.
Qu’ils en soient remerciés ne serait-ce que pour le titre de ce journal, ce qui va nous permettre un tant soit peu de reprendre par nos écrits notre identité d’origine, d’amazigh, de nord-africains, l’unique, la vraie, celle de notre position géographique dans l’univers, historique s’il le faut, de naissance et surtout celle-là même que nous avaient légué ces aïeux, qui en ce moment doivent certainement nous anathématiser et avoir honte de nous, pour notre reniement à tous ce qu’ils avaient été.
Oui, pour complaire à certains hégémonistes nous avions presque renié notre africanité, amazighité pour ne devenir qu’un point cardinal par rapport à l’Arabie et ce, contre toute logique ou vérité historique ou géographique.
N’être plus que ce caricatural ‘’Maghreb arabe ‘’ ; alors que nous n’avions jusqu’à preuve du contraire rien vendu, ni offert aux arabes pour que cette terre, la notre, devienne leur et de n’être désignée que par sa situation géographique par rapport à cette minuscule péninsule arabe, ou plus hypocritement vers la Kaaba.
Dédaigneusement, outre cuidancement l’ouest arabe, le Maghreb arabe, supprimer d’un trait tout une identité, des cultures, des pays voire même presqu’un continent !
Ne nous y trompons surtout pas, cette outrecuidance, ce cynisme répond à une logique politicienne qui consiste à annihiler toute cette culture démocratique, citoyenne amazigh, particulièrement celle de la Kabylie, qui malgré les hostilités de tous ces indu-occupants avait néanmoins réussi non seulement à survivre, mais à être encore présente et même d’actualité dans la gestion et gouvernance de nos villages.
La France pour ne citer qu’elle, initiée et conseillée par ses prédécesseurs les turcs, et pour cause, malgré leurs qualités de musulmans ils n’avaient jamais réussi à dominer la région, supprimer cette organisation ancestrale kabyle car efficace par son homogénéité et surtout mobilisatrice avait donc été après avoir arabisé la gouvernance locale par nomination des caïds, cadis et autres, fonctions qui n’existaient avant sa conquête, du moins en haute Kabylie, a été jusqu’à vouloir lui substituer la sienne par une création de sa mouture ‘’Thajmath n’thnach’’ (assemblée des douze), mais qui fut d’une durée éphémère car illégitime, cette structure organe suprême du village ne pouvait être que le résultat d’une élection, d’ailleurs ceux-là mêmes qui furent arbitrairement désignés pour y siéger ne l’avaient jamais fait.
Et la duplicité des autorités françaises ne s’arrêtent pas la, pendant l’occupation le mot maghrébin n’existait pas dans leur vocabulaire, nous étions des nord africains, marocains, tunisiens, ou des FSNA (français de souche nord africaine) après cette pseudo tentative d’assimilation, par cette ascendance que nous serions sensés avoir et qui serait gauloise, c’était du moins ce qu’ils nous apprenaient à l’école.
Quoique dans les faits ils nous considéraient comme seulement des avortons d’enfants naturels, tout comme leurs successeurs d’ailleurs.
Vous êtes ce que nous avons décidé et non ce que vous croyez êtres !
Et perfidement, notre ex-mère ou marâtre la France pour ne pas à avoir en face d’elle des amazighs qu’elle connait pour êtres intègres et surtout incorruptibles s’agissant des intérêts du pays, a fait un virage à cent quatre vingt degrés quant à nos origines, désormais, puisque nous n’avons pas voulu de cette ascendance gauloise, nous serons désormais tous des maghrébins arabes.
– Amazigh, berbères, les nord-afs, tout ça n’est que littérature, vous le fûtes peut-être, mais vous ne l’êtes plus, et puis avec vos valeurs archaïques que sont la démocratie, la laïcité et l’intégrité pour des sous-développés, c’est un luxe que nous ne pouvons pas encore vous tolérer au risque de vous émanciper une fois de plus de notre tutelle.
– Non mais ! Il ne manquerait plus que ça, un exemple dangereux d’émancipation au détriment de nos intérêts économiques vitaux, et plus grave un exemple pour les autres pays que nous pensons même sur-sous-développés si la situation géopolitique l’exige.
Ça nous apprendra à vouloir êtres indépendants, à nous émanciper de ce bienfaiteur colonialisme !
Présentement et pour ne pas changer, quiconque ose protester et de dire qu’il est quand même ce nord africain, cet amazigh quelques seraient ses défauts et tares, est immanquablement qualifié de raciste.
Et le racisme ne peut-être qu’amazigh !
Comment peut-il nier son appartenance à la nation arabe, ne sommes nous pas tous des musulmans ?
Et la réponse est en général systématique et invariable :
« La cause de cet entêtement est due à l’enseignement de ces ‘’koufars’’ de pères blancs, et nous savons que les kabyles en particuliers sont téléguidés de l’étranger, particulièrement par la France, car nier son arabité est une hérésie ! ».
-Et pourtant elle tourne- !
Racistes, nous ne l’avons jamais été, nous ne le sommes pas et nous ne le serons jamais, car cette culture ancestrale qui est la notre est basée sur des valeurs humainement nobles telles que l’égalité, l’hospitalité, le partage comme le démontrent tous nos actes, mais aussi à travers la protection de l’hôte, particulièrement s’il est un pauvre hère, mais aussi et surtout par la répartition des biens et des taches.
L’homme en ces hautes montagnes s’agissant des devoirs n’est qu’un citoyen quelque seraient ses origines, biens ou connaissances.
Qu’on ne s’y méprenne surtout pas sur cette contribution, je suis certes choqué par l’incompréhension de mes compatriotes pour leur manque de discernement, solidarité et particulièrement pour cette hégémonie sacerdotale.
Par ailleurs, si nous berbères n’étions pas aussi naïvement accueillants et disponibles pour les étrangers jusqu’à nuire à notre propre culture, nous n’aurions pas aujourd’hui à revendiquer l’officialisation de l’authentique langue nationale des pays nord-africains.
En effet, pour mettre à l’aise nos interlocuteurs étrangers nous nous étions mis par politesse et bienséance à nous adresser à lui dans sa langue, au lieu que lui le fasse dans celle du pays qui l’avait accueilli, et le comble dans cette situation c’est qu’ils ne cesseront jamais de rire sur notre maitrise de leurs langues et de nos accents.
Et pourtant ne sommes nous pas issus de cette prestigieuse civilisation méditerranéenne, mère et promotrice de l’universelle.
Comme tous nos voisins, nous avions aussi été prestigieusement présents dans l’histoire par nos hommes illustres du savoir, ces bâtisseurs, ces empereurs romains et autres pharaons, sans oublier nos hommes de lettres, nos philosophes et hommes de foi.
Mais nous avons un grave défaut celui de la modestie, de ne jamais faire valoir nos vertus et intelligences, pour l’exemple nous appelons le mendiant ‘’inevgi rebi’’ l’hôte de dieu et il est sous protection dés qu’il entre dans un village et qui systématiquement lui assure aussi gite et couvert, plus grave comme dit plus haut, pour le mettre à l’aise nous nous adressons à lui dans sa langue, ce qui d’ailleurs le place sur un certain piédestal, car nous ne la maitrisons pas toujours bien.
Naïfs, nous crûmes que ces hôtes qui continuellement défilaient chez nous, étaient comme nous, bons accueillants et fraternels comme ils n’ont jamais d’ailleurs cessé de nous le rabâcher, benoitement nous leur avions donc fait confiance.
Et ce n’est que bien plus tard que nous avons désenchanté, nos façons de faire sont incompréhensibles, ce que nous croyons être de la bonté n’est que de la jobarderie et nous nous sommes rendus bien très tard à l’évidence que nous ne partageons pas les mêmes valeurs, et que notre philosophie de la vie et des relations humaines sont aux antipodes des leurs.
Alors mon cher compatriote, puisque tu m’appelles aussi frère, tu ne vas pas te vexer si je te dis que je suis amazigh, nord africain.
Et comme tu l’as toujours su, moi je ne me suis jamais vexé quand tu affirmes et réaffirmes ton arabité, ton appartenance à cette noble société arabe, à cette fabuleuse nation, bien au contraire je serais même heureux pour toi, et mieux je te félicite, car tels devraient être les sentiments fraternels.
Cher frère, je voudrais que nous évacuons toutes nos divergences et faire en sorte que nos cultures soient complémentaires et non antagonistes, et que nos regards se tournent vers l’avenir pour bâtir dans le progrès harmonieusement, ensemble sans apriori, ni hégémonie ou autre prépotence Tamazgha, l’Afrique du nord cette terre qui nous est commune, et ce, avec toutes ses composantes linguistiques, culturelles, cultuelles.
Par Mohammed AOULI