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mercredi 16 octobre 2024
Mémoire17 octobre 1961 : octobre de tous les sacrifices

17 octobre 1961 : octobre de tous les sacrifices

17 Octobre 1961

octobre de tous les sacrifices

Le 17 octobre 1961, sous la pluie automnale, des dizaines de milliers d’Algériens émigrés (hommes, femmes et enfants) ont bravé le « couvre-feu » imposé quelques jours auparavant par le préfet de police de sinistre nom, Maurice PAPON (Note de service 149/61 du 5 octobre 1961).

Ils défièrent ces dispositions répressives qui interdisaient toute libre circulation des Algériens en France dès 19h30,en déferlant massivement et dans la discipline, en cette nuit glaciale dans les artères parisiennes fermées jusque-là aux indigènes émigrés… Ainsi les Places de l’Opéra, de la Concorde, de l’Étoile, et de la Porte de Neuilly, et d’autres encore furent le théâtre d’une extraordinaire mobilisation citoyenne pacifique qui entonna des cris stridents pour la liberté et l’indépendance de l’Algérie.

En dépit de la mobilisation massive des « Forces de l’Ordre » pour faire échec à la manifestation, ce jour-là, les émigrés jaloux de leur algérianité, dans le silence et la dignité, ont montré une volonté réelle de se libérer.
Ils démontrèrent ainsi au colonisateur français et au monde entier leur engagement au côté de la Fédération de France du FLN pour l’indépendance de l’Algérie, en appliquant la circulaire envoyée à toute la communauté algérienne par le comité fédéral installé en Allemagne et réuni à Cologne le 9 octobre 1961,pour contrecarrer le couvre-feu imposé, et dénoncer les exécutions sommaires et les transferts vers l’Algérie des Algériens émigrés….
Cet événement historique a surpris la majorité des Français (gouvernement, médias et citoyens), qui ne croyaient pas ce qui se passait devant leurs yeux, et qui n’ont jamais pensé que la « sale guerre d’Algérie » allait s’installer à Paris même !

Appréhendant avec crainte ce « Sursaut populaire « de l’émigration, le gouvernement français lâcha sur la foule ses forces de répression composées de policiers, de gendarmes, de harkis qui se sont acharnés aveuglément contre les manifestants sans défense ! Une riposte massive, démesurée et sanglante ! Un véritable carnage !
Qu’on en juge ! Des centaines de morts jetés dans la Seine et (des centaines de disparus) transformée en fleuve de sang, plus d’un millier de blessés, des milliers d’arrestations (certains parlent de plus de 12.000). Même si le bilan exact de la répression est mal connu à ce jour, il n’en demeure pas moins que la répression féroce des services de Papon a fait prendre conscience à la majorité des Algériens de la justesse du combat pour l’indépendance, et aux Français de la nécessité d’en finir au plus vite avec la « question algérienne » de peur d’une contagion possible de la « guerre » sur l’ensemble du territoire français.

Durant cette tragédie, les femmes algériennes n’étaient pas en reste. Elles ont battu le pavé de l’ensemble des villes françaises où l’émigration était présente, devant les préfectures et les prisons où étaient détenus les prisonniers algériens .Elles ont été, comme leurs frères, arrêtées, bastonnées, battues, et enfermées dans les fourgons de police et les commissariats, avec pour seul tort de scander et de revendiquer l’indépendance.
Il est vrai que la mobilisation qui a continué des jours durant après la répression du 17 octobre 196, dans beaucoup d’autres villes françaises comme Lyon, Grenoble, Dijon, Lille, Rouen, Metz… a constitué un « second front » en plein territoire français (Résolution du CCE du 25 août 1958) qui a soulagé un tant soit peu les combattants de l’intérieur qui subissaient une terrible répression. C’était le début de la fin de la guerre d’Algérie.

Le rappel de cette date est un devoir de mémoire, pour se souvenir des Algériennes et Algériens qui ont donné leurs vies pour que vive la patrie. Ce n’est pas une commémoration ou un rituel de pure forme.

Aujourd’hui, nous avons recouvré notre indépendance territoriale, mais pas celle de la liberté, la vraie indépendance dont ont rêvé nos martyrs nous a été confisquée. L’Algérie aujourd’hui est prise en otage par une poignée de décideurs, sans foi ni loi, sans âme ni conscience. Peut-on parler d’indépendance à la veille de la commémoration du 1er novembre 54, alors que le peuple algérien dans sa majorité vit au seuil de la pauvreté (14 millions ?!) ? L’on nous demande même de serrer la ceinture ?!

Qui doit faire des concessions, sinon ceux qui sur le dos du peuple se sont enrichis (10% de la population qui profite de 80% des richesses nationales) !
L’on nous demande de serrer la ceinture, alors qu’on donne des millions à des parlementaires semblables à ceux qui ornaient de leurs beaux Burnous les salons du Palais CARNOT (actuel siège du Sénat).
L’on nous demande de serrer la ceinture alors que les richesses des Algériens sont transférées en France et partout dans le monde en toute impunité. Qui sont ceux qui achètent des biens immobiliers sur les Eaux de la Seine (à jamais tachée du sang des Algériens ya si Saadani patron de l’actuel FLN), chez nos ennemis d’hier devenus comme par enchantement nos meilleurs amis aujourd’hui ?
Ben m’hidi, Benboulaid, Amirouche, Abane, Zirout, Didouche, Zabana, et tous ceux qui ont payé de leurs vies ont été trahis !

Peut-on parler d’indépendance aujourd’hui, alors que les populations du Sahara sont toujours menacées (après les bombes atomiques des années 60 !) par l’exploitation du Gaz de Schiste…

Oui, nous célébrons dans la douleur le 64ème anniversaire du déclenchement de la révolution.
Oui, nous nous recueillerons à la mémoire de tous ceux qui depuis 1830 ont donné leurs vies pour que l’Algérie vive libre et indépendante, une Algérie dont ont rêvé nos martyrs, cette Algérie où tous les Algériens, sans distinction aucune, vivraient égaux en droits et en devoirs.
Hélas, hélas, hélas !! Nous vivons dans un monde convulsé où l’argent domine les Hommes, où le plus fort écrase le plus faible.

« Dormez en paix, vous qui avez sacrifié vos vies pour que vive l’Algérie indépendante ».

 

Dr Amokrane Lakhdar

 

PS : Un grand MERCI à deux Moudjahidines encore en vie pour leur aide précieuse à travers leurs témoignages. Il s’agit de Mr KRIBI Abdelkader militant de la première heure de la cause nationale et de la zone autonome à la Casbah d’Alger, et de Mr ARRAD Ahmed Moudjahid de l’ex-Fédération FLN de France. Que Dieu leur prête longue vie pour qu’ils puissent partager ces souvenirs avec les nouvelles et futures générations, et continuer à confier leurs précieux témoignages et soustraire à l’oubli l’histoire de la lutte pour l’indépendance.

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