Affluence record jeudi 1er novembre au 4e jour du 23e Salon international du livre d’Alger (SILA), au Palais des expositions des Pins maritimes, à l’est d’Alger.
Des familles se sont déplacées en masse, dès l’ouverture des portes vers 10h, aux trois pavillons où sont présentes les 1.000 maisons d’édition participant au salon avec 300.000 ouvrages.
Les rames du tramway étaient bondées dès la matinée alors que l’entrée dans les parkings du Palais des expositions et du centre commercial Ardis se faisait lentement en raison du nombre important des véhicules venant d’Alger et d’autres wilayas.
À la mi-journée, les parkings étaient déjà saturés. « On s’est habitué à cette arrivée massive des visiteurs chaque Premier novembre qui est un jour férié. Et puis, n’oubliez pas que les parents accompagnent leurs enfants, en vacances actuellement », a expliqué un responsable du comité d’organisation.
Le 1er novembre, le nombre de visiteurs a enregistré un pic à plus de 300.000 visiteurs. Le décompte pour l’édition de cette année ne sera connu qu’à la fin du Salon. Un premier bilan sera communiqué par les collaborateurs de Hamidou Messaoudi, commissaire du Salon, à la fin de l’événement.
Une enquête est menée actuellement, à l’initiative des organisateurs, auprès des visiteurs du salon pour étudier les tendances de lectures des Algériens. Un travail que l’université aurait dû faire compte tenu de la fréquentation importante du SILA.
Au pavillon central, à côté des éditions Casbah, une file indienne s’est constituée en attendant l’arrivée de Yasmina Khadra pour la signature de son nouveau roman « Khalil » et de la nouvelle édition de son autre roman « Ce que le jour doit à la nuit », paru en 2008 et adapté au grand écran par Alexandre Arcady.
Femmes, jeunes, moins jeunes se sont agglutinées devant le stand pour se faire dédicacer un roman à travers lequel Yasmina Khadra s’interroge sur la violence et la radicalisation en racontant l’histoire d’un jeune belge d’origine marocaine, Khalil, embrigadé par une cellule terroriste pour commettre un attentat-suicide à Paris un certain 13 novembre 2015.
Pendant plus trois heures, le romancier a signé des livres, distribuant sourires et mots gentils aux présents. Traduit en 46 langues dans une cinquantaine de pays, Yasmina Khadra, 63 ans, est une star pour les lecteurs algériens de la littérature. À chaque passage au SILA, il déplace la foule. Qui a dit que les Algériens ne lisaient pas ?
Une nuit au musée
Autre star de la littérature algérienne, Kamel Daoud. Ses fans se sont également déplacés en masse au stand des éditions Barzakh pour la vente-dédicace de son dernier essai « Le peintre dévorant la femme », une heure avant le début de la séance de signature.
L’écrivain a été invité à passer une nuit au musée Picasso à Paris. Il est sorti avec des idées plein la tête sur l’image, la représentation artistique, le corps, le nu et l’érotisme.
« Pour comprendre Picasso, il faut être un enfant du vers, pas du verset. Venir de cette culture-là, sous la pierre de ce palais du sel, dans ce musée, pas d’une autre. Pourtant la nuit fut pleine de révélations : sur le meurtre qui peut être au cœur de l’amour… », écrit Kamel Daoud.
L’auteur est revenu notamment sur l’exposition Picasso 1932 (l’année érotique) qui a eu lieu entre octobre 2017 et février 2018 au musée parisien. Les lecteurs de Kamel Daoud, jeunes pour la plupart, n’ont pas résisté à la tentation de prendre des selfies avec l’écrivain et des photos de groupes, au grand bonheur de Selma Hellal, directrice des éditions Barzakh.
Kamel Daoud était assis aux côtés de la jeune chercheuse franco-algérienne Saphia Arezki, quelque peu intimidée par la foule. Saphia Arezki était là pour signer une intéressante étude sur l’armée : « L’ALN à l’ANP, la construction de l’armée algérienne entre 1954 et 1991 ».
En dépit des critiques émises à propos de leurs écrits ou de leurs positions, Yasmina Khadra et Kamel Daoud restent des auteurs algériens populaires dans leur pays.
Il en est de même pour des romanciers tels que Waciny Laredj, Ahlem Mosteghanemi et Amin Zaoui qui déplacent les foules au salon du livre. Le SILA reste un baromètre fiable. En attendant d’avoir d’autres paramètres qui ne peuvent être efficaces qu’avec un réel travail de promotion des œuvres et de leurs auteurs. Un travail qui revient au premier lieu aux éditeurs eux-mêmes, et parfois aux médias.
Fayçal Métaoui
Source : TSA